Auteur : Shirenai
Titre : Son côté blanc
Personnages/Pairing : Seishirô/Subaru
Rating : T
Disclaimer : J'ai beau adorer torturer Subaru, il n'empêche qu'il n'est pas à moi. Tant mieux pour lui.
Bonne lecture.
Son côté blanc
Subaru savait. Il savait qu'il existait des différences parfois énormes entre Seishirô et lui. Leurs âges respectifs les éloignaient déjà considérablement ; si Seishirô était déjà vétérinaire, le jeune exorciste n'était encore qu'au lycée. Cette différence de neuf ans se ressentait dans le côté irréfléchi de Subaru, qui fonçait parfois au devant des dangers, quitte à mettre sa vie en jeu. Le Sakurazukamori avait d'ailleurs peine à ne pas le laisser se faire tuer. Le rôle de l'ange gardien était des plus inappropriés à un assassin comme lui et, chose particulièrement agaçante, il devait en plus protéger sa future victime.
Car Seishirô avait vu à travers les gants enchantés par la grand-mère du jeune Sumeragi. Les pentacles inversés qu'il avait lui-même apposés sur les mains de sa proie, il ne pouvait pas les oublier, et il les avait reconnus au premier regard – Hokuto avait beau être maligne, elle n'avait pas compris l'allusion lorsqu'il avait dit qu'il était tombé amoureux de Subaru au premier coup d'œil, ce qui signifiait qu'elle n'était probablement pas au courant et il avait trouvé cela très drôle.
Au cours de l'année qu'ils avaient passée à se fréquenter, le plus âgé avait bien tenter de s'attacher au chef du clan Sumeragi ainsi qu'il l'avait promis sept ans plus tôt mais non, rien ne venait, pas le moindre sentiment. Il avait au début pensé qu'avec la difficulté que représentait l'accès au cœur – il n'entendait pas par là le simple fait de prendre une place dans le cœur de Subaru, ce qui était à la portée du premier venu, mais bien de devenir l'être à part, le seul ; celui pour lequel ce jeune homme ferait tout, même mourir – du garçon, il aurait fini par y ressentir un quelconque intérêt et, avec un peu de chance pour sa proie, de l'attachement, mais non.
L'image du cadavre ensanglanté et disloqué de Subaru ne lui causait pas de pincement au cœur. Cela ne le surprenait à vrai dire pas le moins du monde ; Subaru et lui étaient radicalement différents : l'un était tout en émotions, vivait pour, par et à travers les êtres vivants qui l'entouraient, l'autre au contraire ne vivait que pour lui et les cadavres de ses victimes. Là où Subaru ramenait l'espoir et la paix, il ravivait les flammes des conflits, déversant la souffrance sur ceux qui croisaient sa route. Si le garçon se souciait du bien-être des gens et veillaient à ne pas les blesser, Seishirô se fichait complètement des vies humaines. Elles n'étaient pour lui que de simples objets dont il disposait comme il l'entendait.
Décidément… c'était à croire que lui et Subaru étaient aussi incompatibles que cet horoscope truqué. Ils avaient bien des pouvoirs similaires mais même là, les utilisations qu'ils en faisaient étaient aux antipodes. La seule chose qui au final semblait les rapprocher était que lorsque leurs chemins s'étaient entremêlés, Subaru avait eu le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment. Et bien sûr Seishirô n'avait nullement eu l'intention de déroger à la règle disant que quiconque voyait le Sakurazukamori commettre un meurtre devait mourir.
Ce garçon et lui étaient comme les deux pôles d'un aimant. Il l'avait senti dès leur première rencontre. Le pureté du cœur de Subaru contre la noirceur du sien, l'énergie spirituelle qui émanait de l'enfant et la sienne… deux opposés radicaux, qui se repoussaient de par leur nature mais qui, irrémédiablement, s'attiraient, s'appelaient l'un à l'autre. Leurs routes en chassé-croisé les amenaient à se rapprocher, se faire et se défaire, sans cesse, sans qu'ils ne puissent y changer quoi que ce soit. Leurs destins s'étaient étroitement liés par un infortuné concours de circonstances et il leur fallait faire avec. Plus pour longtemps cependant, pensa Seishirô.
Il sentit la présence de Subaru, qui venait d'arriver dans son rêve. C'était ténu et incertain mais le tueur regrettait au fond de lui de n'avoir pu s'attacher vraiment à cet adolescent. Il lui arrivait d'avoir une pointe de mélancolie quant à cette vie et ce personnage qu'il allait devoir quitter tout à coup. Cette amertume était néanmoins complètement effacée et surpassée par ce désir irrépressible d'en finir avec ce pari passé sept ans plus tôt. Il allait offrir à son adversaire une mort lente, douloureuse, sublimée par sa peau claire constellée, piquetée de rouge. Il allait prendre son temps et apprécier de sentir les os se briser sous ses coups. Après tout, depuis le temps qu'il attendait, il avait bien mérité ça…
Il sourit. Le voilà. Son côté blanc, sa moitié… sa proie.
Fin