- LES REFORMATEURS -
Bonjour à tout le monde. Nous voilà repartis pour une nouvelle histoire, et ça me fait bien plaisir.
J'ai passé les quatre derniers mois à écrire cette suite. Fenice, Steamboat Willie, Xenon et Monsieur Alixe ont fait un travail formidable pour m'accompagner une nouvelle fois. La moitié des chapitres sont en place et le trois-quart du texte est écrit.
Merci infiniment pour tous les commentaires et les encouragements que j'ai reçus durant cet intervalle. C'était bien de continuer à être en contact avec vous. Normalement, j'ai répondu à tout le monde, soit par retour de review, soit sur le forum : forum. fanfiction topic/55667/11772449/1/ (retirer les blancs)
Pour ceux que cela intéresse, j'ai écrit sur mon liveJournal (lien sur mon profil) une série d'articles sur la fanfiction et le droit.
Vous y trouverez aussi tous mes personnages avec une note explicative (voir le lien direct sur mon profil)
ooOoof
Comme vous le savez tous, mon histoire exploite la série Harry Potter de J.K. Rowling, ainsi que tous les à-côtés officiels (notamment les interviews accordées après la sortie du tome 7).
A mes côtés, j'ai une super équipe de correcteurs qui font un travail formidable. J'ai nommé : Monsieur Alixe, Fenice, Steamboat Willie et Xenon.
I : Les frères de Ginny
Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
Septembre 1999 : Harry entre chez les Aurors
31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
Période couverte par le chapitre : 28 aout au 1er septembre 2005
— Peux-tu me passer le sel s'il te plaît, Harry ?
— Bien sûr, Percy.
Harry se pencha en avant pour cueillir la salière entre la salade de tomates et le ravier rempli d'œufs durs. Quand un hurlement s'éleva, la petite boîte chut prématurément dans l'assiette sur laquelle étaient présentées les tranches de bacon :
— Je suis un monstre ! rugissait George qui poursuivait son fils.
Harry tourna la tête et repéra Freddy — âgé de deux ans maintenant — qui fonçait vers la nappe étendue sur l'herbe.
— Ne marche pas sur la nappe ! lança Molly à l'enfant. Tu vas mettre de la terre partout.
— George, empêche-le de tout piétiner, renchérit Angelina.
Son mari rattrapa leur fils et le saisit par la taille pour lui faire survoler l'aire de pique-nique en enjambant lui-même les plats.
— George ! s'indignèrent Molly et Angelina.
— Quoi ? Freddy n'a pas marché sur la nappe !
— Donne-le-moi, grogna Angelina.
— Il a beaucoup aimé, se défendit George en lui tendant le petit garçon hilare.
— Locomotor Mortis ! fit Ginny en dirigeant sa baguette vers son frère qui s'étala de tout son long, terrassé par le Bloque-jambe.
Angelina compléta la punition en se penchant pour récupérer la baguette de son mari puis elle s'éloigna en ignorant ses protestations.
— C'est fini, les Chauve-Furies ? s'étonna Charlie en mordant dans sa cuisse de poulet froid.
— Leurs ailes ont tendance à soulever trop de poussière, expliqua Ginny en rajustant James qui était au sein.
— Ne jamais déranger une sorcière en train de nourrir son enfant, professa Bill qui composait un sandwich pour sa fille Dominique, laquelle suivait l'opération avec intérêt.
— C'est comme les dragonnes, fit remarquer Charlie. Elles sont terribles quand elles ont leurs œufs à proximité.
— J'aimerais que tu t'intéresses un peu moins aux dragonnes et davantage aux femmes, lui dit sa mère.
— Mais je m'intéresse beaucoup aux femmes, assura Charlie.
— Je parle d'une épouse, précisa Molly.
— Je m'intéresse énormément aux épouses aussi, se vanta l'éleveur de dragon.
— Laisse tomber, maman, conseilla Ginny. On aura plus vite fait de prétendre qu'il n'a jamais fait partie de la famille.
Il était notoire que la matriarche réprouvait le mode de vie de son second fils. Charlie semblait d'ailleurs prendre un malin plaisir à lui rappeler régulièrement son instabilité sentimentale. Un jour, Harry s'était demandé tout haut pourquoi il provoquait ainsi sa mère, et son épouse le lui avait expliqué :
— S'il ne le faisait pas, elle lui ferait rencontrer toutes les célibataires de sa connaissance. Là, elle craint tellement qu'il séduise puis abandonne une jeune fille qu'elle lui a présentée, qu'elle s'arrange presque pour lui faire éviter les filles de ses amies, de peur de se retrouver complice d'une pareille ignominie.
Harry n'avait pu s'empêcher de rire en imaginant sa belle-mère s'excuser de la conduite de son fils auprès des parents d'une malheureuse — mais consentante — victime.
— Tu crois qu'il se mariera un jour ? avait-il demandé à son épouse.
— Aucune idée. Il va peut-être un jour rencontrer celle qui le convertira au mariage. Mais il est aussi possible qu'il ait besoin d'être libre pour être heureux. Cela ne m'étonnerait pas qu'il accepte un poste en Terre de Feu ou qu'il retourne en Roumanie, avait-elle ajouté. Il est revenu en Angleterre pour nous aider pendant la guerre, puis il est resté pour ne pas nous abandonner après la disparition de Fred, mais il aime bouger et ne supporte pas la routine.
Une voix sépulcrale les fit tous sursauter :
— Pitiéééé, hulula George qui était parvenu à se traîner auprès de sa sœur malgré ses jambes qui lui refusaient tout service.
— On se connaît ? demanda Ginny.
— Si tu continues à renier tes frères, tu vas finir fille unique, lui fit remarquer Harry.
— Oh non, il y aura toujours Percy qui a le sens des convenances, lui !
— Merci, Ginny, lui retourna l'intéressé.
— Eh, je n'ai rien fait ! protesta Ron la bouche pleine.
— Maintenant, si ! se plaignit Hermione en époussetant les miettes de nourriture que son mari avait projetées sur elle.
— J'ai le droit de tenir compagnie à Percy ? demanda Bill après avoir soigneusement avalé sa bouchée.
— Pour le moment, convint Ginny impériale.
— C'est bon, Harry ? Elle ne t'a pas encore répudié ? ironisa Charlie.
— Je mange très proprement et je me lave les dents avant de me coucher, expliqua l'interpellé en lançant un regard taquin vers son épouse. Ma douce, intercéda-t-il, tu pourrais délivrer George avant qu'il ne traverse la nappe à plat ventre, s'il te plaît ?
Pendant que Ginny s'exécutait, Molly s'époumona en direction de Victoire et Teddy qui jouaient plus loin :
— Les enfants, venez manger !
Seuls les rires lui répondirent.
— Ils reviendront quand ils auront faim, Molly, intervint Andromeda.
— Tu as fini ? demanda Ginny à James. Si tu allais cracher sur papa, maintenant ?
Le bébé sourit à sa mère, ce qu'elle interpréta comme une acceptation.
— Je finis mon sandwich, indiqua Harry à sa femme.
Elle acquiesça d'un signe de tête et garda James contre son épaule en attendant que son mari soit prêt à prendre le relais. Quand Harry eut terminé, il saisit son enfant pour permettre à Ginny de se restaurer à son tour. James eut un hoquet et Harry l'éloigna précipitamment tout lui faisant basculer la tête vers le bas. Un jet de lait jaillit de sa bouche pour atterrir dans l'herbe.
— Joli réflexe, le félicita Bill.
— Ça sert de temps en temps, l'entraînement des Aurors, plastronna Harry en ramenant son fils vers lui.
— C'est surtout très masculin de secouer le bébé plutôt que de lancer un sort de Nettoyage, commenta Ginny d'un ton désabusé.
— C'est très vrai, appuya Fleur tandis que toutes les mères de l'assistance hochaient la tête d'un air entendu.
— Bill, tu viens de perdre ta qualité de frère de Ginny, si tu veux mon avis, évalua Charlie.
— Mais Percy se maintient, nota Angelina d'une voix exagérément admirative.
— C'est trop facile, protesta Bill. On en reparlera quand il aura des gosses !
— Ils seront sans doute trop bien élevés pour avoir l'idée de cracher sur leur père, persifla George.
— Un petit sort d'Imperméabilité sur l'épaule devrait régler le problème, rétorqua paisiblement Percy.
Les parents présents s'entre-regardèrent pour vérifier qu'ils n'étaient pas les seuls à ne jamais y avoir pensé.
— Tu sais que je t'adore, Percy ? fit Ginny d'une voix enthousiaste.
— Merci, Ginny, j'apprécie, répondit son frère d'un ton posé.
Harry se demanda si Percy aurait un jour l'occasion d'utiliser l'astuce qu'il venait de leur suggérer. Lui aussi faisait le désespoir de sa marieuse de mère, mais pour des raisons totalement opposées à celles de son frère : on ne lui connaissait aucune petite amie, et ce depuis des années.
— Je me demande ce que cela cache, s'était un jour inquiétée Ginny à voix haute.
Harry s'était rappelé ce que Pritchard lui avait un jour révélé : tous les hommes qui ne semblent pas avoir de vie sentimentale étaient un jour soupçonnés d'avoir des goûts particuliers. Ne sachant si c'était à cette singularité que son épouse songeait, il avait avancé :
— Il ne s'est peut-être jamais remis de la fin de sa relation avec Penelope Deauclair.
— Dix ans après leur rupture ? avait-elle répondu d'une voix incrédule.
— Il travaille beaucoup, avait fait valoir Harry.
— Tu trouves normal qu'il n'ait aucune vie sentimentale ? avait insisté Ginny.
— Peut-être que lui non plus n'est pas fait pour le mariage, avait proposé Harry.
— Charlie a l'air heureux de son sort. Percy ne sourit presque jamais, s'était désolé Ginny.
— Il n'a jamais tellement souri, avait relativisé Harry.
Il se souvint de la scène qui s'était déroulée quelques années auparavant, durant laquelle Percy lui avait avoué ses remords pour sa conduite pendant les années de lutte. Il semblait à Harry que Percy était moins réservé dans ses rapports avec sa famille qu'à cette époque, mais il se départait cependant très rarement de son air sérieux.
— On a faim ! fit une voix essoufflée interrompant les pensées de Harry.
Teddy et Victoire se tenaient près de Fleur, encore haletants de leur course.
— Assieds-toi pour manger, Victoire, exigea sa mère. Mets ta serviette et tends-moi tes mains pour que je les nettoie.
La petite fille, qui avait désormais cinq ans, grimaça à ces injonctions mais obéit, sachant sans doute qu'il était inutile de protester. Teddy se laissa tomber à ses côtés après avoir raflé un morceau de pain et du fromage.
Malgré les deux ans qui les séparaient, les deux enfants étaient très complices et adoraient jouer ensemble. Dès qu'ils se retrouvaient aux réunions de famille, ils s'élançaient l'un vers l'autre, lançaient des propositions et couraient les mettre à exécution. Ce lien engendrait également disputes, fâcheries et promesse de ne plus jamais de la vie se parler, mais tout était oublié au bout d'un quart d'heure, et ils repartaient vers un nouveau jeu, un défi à surmonter ou une bêtise à faire.
Harry s'attendrissait de les voir si complémentaires : pour suivre son aîné, Victoire dépassait ses limites et s'arrangeait pour rester à son niveau quand il grimpait aux arbres ou s'entraînait à lancer le souaffle. Teddy, de son côté, avait été initié au jeu que Fleur avait ramené de France pour sa fille, les Petits chevaux et apprenait avec elle les bases des échecs.
Dominique se montrait souvent jalouse d'une telle complicité mais son jeune âge — elle n'avait que deux ans — lui interdisait de les suivre partout. Elle se vengeait en se mettant dans leur chemin et en dérangeant leurs jeux. Les adultes espéraient qu'elle et Freddy formeraient leur propre équipe quand ils auraient un peu grandi. Pour le moment, ils étaient assez indifférents l'un à l'autre et s'amusaient rarement ensemble.
Harry se leva pour faire quelques pas avec son fils contre lui. C'était le meilleur moyen pour l'endormir, et il pourrait ensuite le déposer dans le couffin qu'ils avaient apporté. Il regarda en souriant la famille qui prenait ses aises dans la clairière qu'ils avaient investie. Ils mangeaient, discutaient, riaient, s'occupaient des petits au milieu de la cacophonie propre à ce genre de rassemblement. Il y avait des disputes, bien entendu, des petites piques, des pleurs d'enfant, mais cela sonnait plus agréablement à ses oreilles que l'harmonie apparente des Dursley, profondément enracinée dans le mépris et la défiance qu'ils professaient envers tous ceux qui n'étaient pas conformes à leurs valeurs étriquées.
Il respira à pleins poumons l'odeur de bébé qui s'élevait du corps chaud reposant contre lui. Une fois de plus, il se demanda comment une si petite créature pouvait changer leur vie à ce point. Après avoir activement participé à l'enfance de Teddy puis ayant suivi de près l'arrivée de Victoire, Dominique et Freddy, il pensait se faire une idée assez réaliste de la vie des jeunes parents. Il avait rapidement compris son erreur.
S'occuper de son filleul durant le week-end ou se retrouver régulièrement avec un enfant sur les bras pour permettre à une mère débordée de récupérer l'usage des siens un dimanche après-midi n'avait rien à voir avec l'attention constante que requérait l'arrivée d'un nouveau-né dans sa maison. Hermione affirmait qu'il avait tout simplement oublié les moments épuisants que Teddy lui avait fait vivre, mais il savait qu'il n'avait jamais été autant sollicité.
Il n'avait jamais passé des journées exclusivement rythmées par les tétées, les siestes et les couches à nettoyer. Il n'avait pas le souvenir de s'être réveillé la nuit avec l'impression d'avoir entendu un cri d'enfant et de ne pouvoir se rendormir avant d'être allé vérifier si le bébé dormait bien profondément dans sa chambre. Il ne souvenait pas d'un nourrisson se détournant du sein pour se révéler affamé à peine un quart d'heure après qu'on l'ait enfin reposé dans son berceau.
Harry avait demandé une semaine de vacances à la naissance de James. Les premiers jours, il s'était félicité de ne pas avoir à se rendre au ministère après les nuits hachées qu'il venait de vivre. Mais reprendre le travail avait été un soulagement : il pouvait enfin se reposer en enquêtant sur les trafics louches et récupérer son sommeil en retard en surveillant les sorciers suspectés de magie noire.
Ginny, par contre, avait l'air de plus en plus hagard. Elle était toujours à bercer, nourrir, baigner, surveiller leur progéniture. Et lorsqu'elle reposait enfin l'enfant dans son berceau, elle s'effondrait sur son lit – seule de préférence. James avait tout juste trois semaines quand elle s'était plainte un soir à Harry :
— Si les elfes n'étaient pas là, je crois que je n'aurais même pas le temps de manger. Je me demande comment ma mère faisait. Promets-moi que nous n'aurons pas sept enfants.
— Deux ou trois me suffiront, lui avait-il assuré. Enfin, si cela te convient, avait-il ajouté, conscient qu'il s'avançait peut-être un peu trop.
— Je ne veux pas qu'il reste tout seul, avait-elle reconnu. Mais je ne sais pas si je survivrais à plus de trois.
Elle avait vu l'air inquiet de Harry et avait ajouté :
— Ne t'en fais pas, je suis seulement fatiguée. Je ne regrette rien, j'ai juste l'impression que je ne m'en tire pas très bien. Ça ira mieux demain.
Il l'avait embrassé et avait suggéré :
— Cette nuit, c'est moi qui me lève, d'accord ?
— Mais tu travailles…
— Toi aussi tu auras de quoi faire. Dis-moi, pourquoi tu ne confies pas James à ta mère de temps en temps ? lui avait proposé Harry. Tu pourrais aussi demander à Miffy de lui donner son bain ou de le surveiller un peu.
— Nous sommes ses parents, c'est à nous de nous en occuper ! avait protesté Ginny.
Harry ne pensait pas que se décharger sur une grand-mère aimante ou une elfe dévouée ferait d'eux de mauvais parents. Le lendemain matin, il avait donc appelé Molly à la rescousse :
— J'aimerais bien aider Ginny, lui avait-elle répondu, mais elle n'écoute pas mes conseils. Je lui ai assuré que moi ou les elfes pouvions de temps en temps prendre le relais mais elle veut tout faire elle-même. Ne t'en fais pas, au troisième ou quatrième enfant, on fait la part des choses et on se laisse moins submerger.
Curieusement, cela n'avait pas réconforté Harry. Molly avait dû le lire sur son visage car elle avait promis :
— Je vais passer aujourd'hui et tenter de lui faire entendre raison.
Elle avait dû trouver les mots qu'il fallait car, quand Harry était rentré c'est une Ginny bien coiffée et bien habillée qui l'avait accueilli dans le hall d'entrée.
— Bonsoir, mon chéri. On dîne ensemble ce soir, avait-elle annoncé avec un grand sourire.
— J'ai oublié un anniversaire ? s'était étonné Harry en comptant fébrilement dans sa tête pour conclure que la date de naissance de sa femme était bien quatre jours plus tard.
— On n'a qu'à dire qu'on fête aujourd'hui les trois semaines de James, avait suggéré Ginny. Je viens de le nourrir, on a trois heures avant la prochaine tétée. Viens…
Elle l'avait entraîné dans le salon qui avait été réaménagé. Une table trônait au milieu de la pièce, somptueusement dressée : nappe blanche damassée, couverts en argent, verres en cristal, bougies, fleurs, rien ne manquait pour donner l'impression de se trouver dans un grand restaurant. Il y avait même une mélodie discrète qui contribuait à créer une atmosphère spéciale.
— Miffy prend soin du petit, mais j'ai préféré que nous ne sortions pas, avait expliqué Ginny. Mais on peut faire comme si.
— C'est une excellente idée, s'était réjoui Harry. Ça nous fera du bien à tous les deux.
Il l'avait attirée contre lui et ils s'étaient tendrement embrassés avant de se séparer pour s'asseoir face à face. Comme s'il avait attendu à la porte, Kreattur, vêtu d'un torchon neuf, était entré et avait cérémonieusement empli leur verre à apéritif.
— Tu bois de l'alcool ? s'était étonné Harry qui savait que ce n'était pas compatible avec l'allaitement.
— Non, c'est du jus de pomme, mais Kreattur l'a enchanté pour qu'il ressemble à ton cocktail, avait révélé Ginny les yeux malicieux.
Elle s'était manifestement bien amusée à tout organiser et Harry s'en était réjoui. Sous la surveillance de Kreattur qui jouait les maîtres d'hôtel, Trotty avait ensuite fait le service, leur apportant tour à tour les meilleures spécialités du vieil elfe.
Ginny avait raconté à son mari les derniers potins sorciers qu'elle tenait de sa mère et Harry lui avait exposé les points non confidentiels de ses enquêtes en cours et les diverses anecdotes que ses collègues lui avaient rapportées les jours précédents. À plusieurs reprises, la jeune mère avait levé les yeux vers le plafond, comme si elle n'arrivait pas complètement à se sentir rassurée sur le sort de son enfant se trouvant à l'étage, mais nul pleur n'était venu troubler leur repas.
— Il fait beau, on peut aller faire un petit tour sur la place devant la maison, avait ensuite proposé Ginny.
Harry avait haussé un sourcil d'incrédulité et son épouse avait avoué :
— Si James se réveille, Miffy me fera des signaux lumineux par la fenêtre.
Malgré les fréquents regards que Ginny avait jetés à la façade étroite de leur demeure, rien n'était venu troubler leur promenade. Au fil des minutes, Harry avait senti le pas de son épouse devenir plus vif et elle avait admis :
— Ça me fait drôle de sortir sans lui. J'ai l'impression d'être toute légère.
Ils étaient ensuite revenus enlacés vers leur demeure. Après un baiser langoureux, ils étaient allés retrouver leur rôle de parents. Harry avait pris contre lui son fils qui s'éveillait et était resté près de Ginny pendant qu'elle le nourrissait. Elle était allée se préparer pour la nuit tandis que Harry berçait l'enfant pour l'endormir. Sa mission accomplie, il était allé rejoindre son épouse qui l'attendait dans la chambre conjugale.
Par la suite, Ginny avait davantage accepté d'être assistée par les elfes ou sa mère et s'était remise à ressortir, parfois même sans son fils dont les heures de repas s'espaçaient. Les nuits s'étaient peu à peu calmées, et les nouveaux parents avaient senti leur fatigue s'alléger et leur intimité reprendre ses droits.
James avait deux mois quand ils avaient tenté une sortie familiale sur le Chemin de Traverse pour se rendre à la boutique de Ron et George. Un Survivant et une Harpie accompagnés de leur héritier s'étaient révélés de trop pour la communauté magique. Perdant toute mesure, de nombreux mages et sorcières s'étaient agglutinés autour de la famille, tenant à présenter leurs vœux de bonheurs aux heureux parents et leur rejeton.
Partagé entre embarras et agacement, Harry avait sérieusement envisagé une fuite par transplanage – même si son fils était un peu petit pour être déplacé ainsi. Heureusement, ils avaient croisé le chemin d'Hagrid, venu faire ses emplettes, et leur grand ami les avait accompagnés vers leur destination, leur faisant un rempart de son corps contre les importuns sans même s'en rendre compte.
Une fois sur place, ils avaient filé dans l'arrière-boutique, pendant que les frères de Ginny et Éloïse s'empressaient de canaliser l'enthousiasme de leurs visiteurs impromptus vers les joies des farces et attrapes. Par la suite, les Potter avaient évité de se retrouver dans cette situation. D'ailleurs, Harry préférait de beaucoup se reposer à l'écart de ses concitoyens et ce pique-nique dans la campagne anglaise le comblait.
Contre lui, son fils s'était endormi rapidement. Cela n'étonna pas Harry car la matinée du bébé avait été chargée : il était passé dans de nombreux bras, avait reçu et rendu beaucoup de sourire et avait même tenté de concurrencer la volubilité de sa grand-mère en tenant de longs discours inarticulés.
De retour auprès du reste de la famille, Harry déposa son précieux trésor dans son couffin et regarda avec intérêt la partie de Souaffle au prisonnier qui avait réuni la plupart des adultes et les aînés de la jeune génération.
Il s'assit aux côtés de Molly et Andromeda qui suivaient le match de leur place. Les deux femmes enceintes — Fleur qui commençait son huitième mois de grossesse et Hermione qui finissait le quatrième — surveillaient les plus jeunes enfants, à savoir le petit Freddy et Dominique.
— Eh bien, Mesdames, tout va-t-il comme vous le souhaitez ? demanda Harry.
— Tout se passe pour le mieux, mon gendre, merci. Tu n'es pas tenté de jouer ?
— Je me repose, répondit Harry. Ça fait du bien.
— C'est vrai qu'on te fait travailler même le samedi matin, compatit Andromeda. Janice m'a dit que tes cours avaient beaucoup de succès.
— C'est en grande partie grâce à elle, assura Harry.
Quand il était revenu après la naissance de James, les entraînements avaient recommencé. Maintenant que les aspirants qu'il avait personnellement formés avaient brillamment réussi leur examen de passage, Harry s'était enhardi à superviser lui-même les exercices des seniors. Il avait été étonné de voir que certains s'étaient rouillés durant les dernières années et il en avait désarmé plus d'un. Il avait d'abord craint de les avoir vexés, mais ils avaient plutôt bien réagi en retravaillant leur défense et, en trois séances, ils avaient retrouvé un niveau honorable.
Au début du second cours, Janice leur avait indiqué les erreurs de tactique dont elle avait été témoin durant le printemps précédent, quand leur chasse aux trafiquants battait son plein.
— La plupart de nos blessés auraient pu être évités, avait-elle affirmé. Je ne parle pas du jour du Feudeymon où, au contraire, le groupe mené par Potter a réussi à s'organiser et se coordonner de manière très efficace. Je pense aux diverses manœuvres des semaines suivantes qui nous ont coûté cher.
Elle avait fait avancer Angelina et son partenaire Richard Wellbeloved et les avait disposés de la façon dont ils étaient placés quand Angelina avait pris un sort qui l'avait envoyée, heureusement très brièvement, à Ste-Mangouste. Elle avait expliqué pourquoi la jeune femme s'était trouvée sans protection face à leurs ennemis. Elle avait ensuite démontré que si Wellbeloved s'était décalé d'un mètre sur la droite, il aurait pu couvrir plus efficacement sa coéquipière.
— Nous connaissons des sorts puissants, avait-elle conclu. Nous tirons vite et bien, mais nous avons trop pris l'habitude de nous entraîner de façon individuelle ou à deux. De ce fait, nous ne savons pas très bien mener des actions de groupe. De la même façon, nous comptons trop sur nos sorts de protection et la plupart d'entre vous ne savent pas utiliser efficacement le terrain pour se protéger et surprendre l'adversaire.
Après ces préliminaires, elle avait proposé de véritables parcours du combattant pour les plus aguerris, ainsi que des jeux de rôles proches des situations qu'ils pouvaient rencontrer lors de leurs missions.
D'abord dubitatifs devant les méthodes de l'ancienne championne de duel, ils s'étaient vite pris au jeu et avaient adoré l'exercice. Les jours qui suivirent, des petits groupes étaient venus discuter avec Harry ou Janice d'une tactique qui aurait pu être utilisée le samedi précédent. Le programme de la séance d'après avait rapidement pris forme. Désormais, la plupart des Aurors participaient activement aux entraînements en faisant des propositions ou en mettant en œuvre des initiatives inédites.
Le commandant Faucett avait discrètement marqué sa satisfaction en fournissant un planning qui déchargeait Harry et Janice de leur tour de garde du samedi matin. Harry avait cependant bien compris qu'il devait renoncer à faire la grasse matinée ce jour-là.
Il ne s'en plaignait pas car lui aussi appréciait les exercices élaborés en groupe et l'expérience dont lui faisaient bénéficier les plus anciens. Il avait ainsi appris un certain nombre d'astuces qui n'étaient pas au programme, qu'il se promettait d'enseigner à son tour aux aspirants quand ils atteindraient le niveau requis.
Revenant à l'instant présent, Harry suivit Ginny des yeux. Active dans le jeu, elle avait visiblement retrouvé sa vitalité. Elle prenait un plaisir manifeste à éliminer ses frères en les touchant avec la balle. Ceux qui avaient échappé à ses tirs se liguèrent pour la sortir à son tour mais elle avait gardé sa souplesse et sa rapidité de joueuse de haut niveau et elle resta longtemps intouchée. Finalement, Ron parvint à détourner son attention d'une invective particulièrement choisie et Victoire, qui était dans l'équipe de son oncle, réussit à l'atteindre. Ginny prit son échec de bon cœur et félicita la petite fille avant de rejoindre les autres prisonniers de son équipe.
Par la suite, Ron organisa un match de football. Depuis qu'il avait découvert ce sport moldu, quelques années auparavant, son intérêt pour cette activité n'avait pas faibli. Il allait régulièrement voir des rencontres avec son voisin, Eddie Carmichæl, et avait converti sa famille à cette pratique. Teddy appréciait particulièrement ce jeu et, à sa demande, Ron l'entraînait souvent dans le jardin du Terrier. Harry et Andromeda se réjouissaient de voir l'enfant établir des relations spécifiques avec les différents membres de la famille.
Enfin, on rangea la nappe de pique-nique, on rassembla les enfants, on s'embrassa pour se dire au revoir et on rentra chez soi.
— Ils ne sont pas si mal que ça, tes frères, fit remarquer Harry à son épouse pour la taquiner quand ils arrivèrent chez eux.
— Ça aurait pu être pire, convint-elle en riant. Je crois que je vais les garder encore un peu. On ne sait jamais, ils pourraient finir par bien tourner.
Quelques jours plus tard, le premier septembre, Faucett alla chercher un nouvel aspirant Auror dans l'atrium. Quand il revint avec lui, ceux qui se trouvaient au QG les dévisagèrent avec curiosité. Harry lui trouva une figure familière. Il était déjà depuis plusieurs minutes dans le bureau du commandant à faire connaissance avec son mentor lorsque Harry se souvint enfin :
— Dolohov ! s'exclama-t-il.
— Quoi ? sursauta Owen en se retournant dans la direction du regard de Harry tout en dégainant sa baguette.
— Le nouvel aspirant s'appelle Augustin Dolohov, éclaircit Harry. Il est entré à Gryffondor quand j'y étais en septième année.
— Ah oui, ça me rappelle quelque chose, convint Owen en rangeant son arme. Un Dolohov chez les Aurors ? On aura tout vu ! conclut-il d'une voix désapprobatrice.
— Ça ne va pas être facile pour lui, jugea Harry
— Oui, c'est gonflé de se présenter ici, décréta Owen.
— Le courage de Gryffondor, répartit Harry ce qui fit hausser les épaules de son partenaire.
Dolohov avait été mis sous la responsabilité de Janice Davenport. Quand la nouvelle équipe ressortit du bureau du commandant, impulsivement, Harry s'avança :
— Dol… Augustin, l'interpella-t-il, évitant à la dernière seconde de prononcer son patronyme qui rappelait trop de mauvais souvenirs.
L'aspirant s'arrêta et ses yeux s'agrandirent en reconnaissant Harry qui put lire une certaine appréhension dans ce regard.
— Je voulais juste te souhaiter la bienvenue parmi nous, fit l'Auror en lui tendant la main.
— Merci… Monsieur Potter, balbutia Augustin en levant la sienne avec un temps de retard.
— Potter tout court, le corrigea Harry en souriant. Nous sommes collègues, à présent.
— Potter, répéta docilement le jeune homme d'un ton incertain avant de rejoindre précipitamment Janice qui suivait l'échange avec intérêt, comme tous les Aurors présents.
Owen jeta un regard perçant à Harry et persifla :
— Solidarité entre Gryffondors ?
Harry hocha la tête, tout en se demandant comment Sirius aurait été accueilli s'il avait présenté sa candidature chez les Aurors en sortant de Poudlard.
— C'est moi qui vieillis ou on les recrute de plus en plus jeunes, questionna Michael Corner qui s'était rapproché.
— T'es devenu un vieux croûton, trancha Owen.
— Pas seulement, soutint Seamus qui se trouvait derrière lui. J'ai retrouvé une photo qu'on a faite de ma promotion quelques semaines après notre arrivée. On avait l'air bien moins gamins que ceux qu'on nous envoie maintenant.
— Ils n'ont pas vécu la guerre, avança Angelina comme explication. Vous vous rendez compte que le nouveau n'était même pas à Poudlard quand on a vaincu Vous-Savez-Qui ?
— Là, je me sens vraiment vieux, commenta Harry.
— Dans dix ans, on aura des recrues qui n'étaient pas nées à l'époque de la guerre, insista Michael.
— Merci, on avait compris, grogna Owen.
— Enfin, ne faites pas comme si ça vous tombait dessus, protesta Angelina. Pour la plupart d'entre nous, on est mariés et on a des gosses. C'est normal qu'on se sente d'une autre génération que ceux qui sortent de l'école.
— Si ça peut vous rassurer, nous aussi on avait l'impression que vous étiez des gamins trop jeunes pour tenir une baguette quand vous êtes arrivés, renchérit Wellbeloved, le partenaire d'Angelina.
Cette dernière, qui avait beaucoup de complicité avec lui, le toisa et susurra :
— Rassurer, n'est pas le mot…
— Insolente ! s'exclama-t-il d'un ton faussement outragé. Tu verras un jour, tu auras une bleusaille que tu as formée qui se moquera de tes cheveux blancs.
Ils plaisantèrent encore un peu sur le sujet avant de rejoindre leurs tables de travail.
— Au fait, Owen, se souvint Harry, vous avez fixé une date de mariage, avec Éloïse ?
— Je ne t'ai pas dit ? La cérémonie aura lieu le premier octobre.
Owen hésita et ajouta :
— Si vous n'avez rien de prévu pour ce jour-là, nous serions très heureux d'avoir ta présence et celle de Ginny.
Il savait que Harry n'aimait pas se rendre aux réceptions où il n'était pas certain d'y connaître tout le monde. Le printemps précédent, Padma et Lee s'étaient mariés, mais une partie des convives étant des journalistes, Harry avait décliné l'invitation et Ginny s'y était présentée sans lui. Elle en avait déjà fait autant pour le mariage de Katie Bell, six mois auparavant, ainsi que pour l'union de Vicky Frobisher qui était une de ses anciennes camarades de classe, bien que la jeune femme soit également une collègue de Harry.
Owen avait pris soin de formuler son invitation d'un ton détaché, mais Harry savait qu'il lui ferait très plaisir en acceptant. Il est vrai qu'ils étaient davantage que simples collègues ou condisciples de Poudlard.
— Il y aura beaucoup de monde ? demanda Harry.
— Oh non, s'empressa de répondre son partenaire. Tu comprends, la famille d'Éloïse est moldue, du coup on ne peut faire venir que son père, sa mère et son frère, ce qui fait que, de mon côté, il n'y aura que mes parents et ma sœur. Par contre, Éloïse voudrait aussi inviter Ron et George.
Vu comme ça, Harry n'avait pas vraiment de raison de refuser.
— Vous n'avez pas d'anciens amis d'école ? demanda-t-il cependant.
— Tu sais qu'Éloïse n'a pas pu étudier à Poudlard pendant la guerre et elle n'a renoué avec personne quand elle est revenue dans le monde magique. Cela lui rappelait trop de mauvais souvenirs.
Harry se souvint que son petit ami de l'époque, Don Stebbins, avait été tué par les Rafleurs. Elle avait été traumatisée par cette perte, ce qui expliquait qu'elle n'ait voulu revoir personne de ses fréquentations quand Don était encore vivant.
— Mais toi, tu avais des copains, non ?
— Bof, je les ai perdus de vue après les ASPIC.
Depuis la discussion qu'ils avaient eue quand ils étaient devenus partenaires, Harry avait réalisé l'ambition dont faisait preuve le Serpentard. Cela n'avait pas entaché leur amitié — Harry ne doutait pas de la sincérité de son affection — mais il analysait ses actes avec des yeux plus avertis. Il soupçonnait que la volonté d'Owen de mener carrière chez les Aurors n'était pas étrangère à sa rupture avec ses anciens camarades d'école. De ce fait, Harry ne risquait pas de faire de mauvaises rencontres au mariage de son partenaire. Owen ne ferait rien pouvant le faire soupçonner d'avoir gardé des fréquentations équivoques.
— Qui sera ton témoin ? s'enquit Harry.
— Je demanderai à ma sœur, si tu ne viens pas, répondit finement Owen.
— Bien entendu, tu n'essaies pas de me forcer la main en faisant du chantage affectif, commenta Harry sans pouvoir s'empêcher de sourire.
— Bien sûr que non, quelle idée ! protesta Owen avec l'air satisfait de celui qui sait qu'il a gagné la partie.
— Je ne suis pas certain de venir finalement, répondit Harry pour le faire enrager. Je vais voir ce que va en dire Ginny.
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Une année dans la vie de J.K. Rowling, 30 décembre 2007
o Charlie n'a pas eu d'enfants, il ne s'est jamais marié. […]Mais je ne crois pas que Charlie soit gay.
02/01/2010 : Voilà pour cette fois. On se retrouve samedi prochain pour un chapitre intitulé La fierté d'être sorcier.
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A ce propos, je vous ai parlé il y a quelque temps de mon adhésion à un forum sur fanfiction. net qui pousse ses adhérents à s'engager à commenter toutes les histoires qu'ils lisent pour promouvoir les reviews, notamment pour les auteurs talentueux qui ne sont pas récompensé à la hauteur de la qualité de leurs histoires.
Les membres de ce forum ont décidé d'aller plus loin et de diffuser un texte en vue de faire prendre conscience qu'un auteur sans commentaires arrête un jour de partager ses histoires :
Ceci est un message pour la promotion des fanfictons :
De nombreux auteurs constatent qu'ils ont des lecteurs mais très peu de commentaires (reviews). Ils sont venus sur ce site pour partager leurs histoires avec vous mais ils ont l'impression d'écrire dans le vide. Certains vont abandonner l'écriture. D'autres vont continuer à écrire mais arrêter de publier.
Ecrire une bonne fic c'est du temps, de l'investissement et du travail. Si vous voulez des histoires de qualité, encouragez les auteurs !
Un seul mot d'ordre : Si vous aimez, commentez !
Vous pouvez aussi rejoindre le FIC, le Front d'Incitation aux Commentaires sur le forum suivant (forum. fanfiction forum/APAGCPMDEO/56737/) et diffuser cet appel auprès de vos lecteurs ou des auteurs que vous commentez.
Maintenant, à vous de jouer pour diffuser cet appel et le mettre en pratique ! [PAS CHEZ MOI, JE SUIS DEJA GATEE, CHEZ LES AUTRES !]