Chapitre 06

Asami s'habillait lentement alors que deux yeux fatigués observaient le moindre de ses gestes.

Mettant sa cravate en dernier, l'aîné se dirigea vers la porte, mais il se retourna avant d'en tourner la poignée. Akihito continuait de le regarder, passif.

- Tu n'essaie pas de m'emmener de force avec toi ? demanda-t-il soudainement.

- Je n'ai pas besoin de t'emmener et encore moins de te forcer, tu me reviendras tout seul. Mais ne t'attarde pas, tu sais bien que je ne suis pas du genre très patient …et rappelle-toi que personne ne peut m'échapper, Akihito…

A ces mots, le yakuza ouvrit la porte puis le referma sur lui, laissant derrière lui un Akihito étendu sur le lit, incapable de bouger : en partie à cause de la récente activité qu'ils avaient eu mais aussi à cause de la grande confusion qu'il ressentait en ce moment.

Même ainsi, il l'aimait… Il aimait encore ce maudit bâtard… Comment était-ce possible ?

Jamais il ne pourrait se l'expliquer… Le pire était qu'il ne pensait qu'à cette envie, ce besoin d'entendre le yakuza lui dire qu'il ressentait la même chose que lui. Pour quelles raisons se comportait-il comme une adolescente amoureuse alors qu'il était sacrément en rogne contre son « petit ami » ?

Il savait qu'Asami n'avouerait jamais une chose pareille alors pourquoi essayer de le rendre jaloux en sachant que ça ne marcherait pas ?

Tout était si confus, sa vie semblait n'avoir aucun sens en ce moment et, se sentir perdu était quelque chose que Takaba ne pouvait supporter… Où se trouvait sa vie ? Où était passée sa passion de vivre ?

Au prix de grands efforts, il réussit à s'extirper des draps humides et se dirigea vers la salle de bain, s'appuyant sur le mur pour ne pas chuter. Il se regarda dans le miroir et remarqua qu'il lui renvoyait l'image de quelqu'un de plutôt maigre. Ce n'était pas la même personne…

Comment espérait-il que Asami lui dise « je t'aime » alors qu'il ressemblait à la personne reflétée dans ce fichu miroir ?

On aurait dit qu'une énorme gifle avait frappé sa joue, il resta paralysé quelques instants et soudain, avec une agilité qu'il ne se connaissait plus depuis longtemps, il se mit sous la douche.

Quelques minutes plus tard, en sortant de la salle de bain, il prit les vêtements qui venaient d'être livrés par la blanchisserie et, prenant son appareil photo, sortit de l'appartement.

La vérité est qu'il n'avait aucun but, pas de lieu fixe où aller mais il avait besoin de prendre l'air et de redevenir lui-même en ayant ce dont il avait toujours eut besoin : un appareil photo et un espace ouvert pour pouvoir courir librement.

A mesure que la lentille de sa caméra capturait les images des parcs, des gares, des rues et des magasins, Akihito commençait à se rappeler ce qu'il voulait réellement et ce qu'il devait faire ; il savait qu'il ne pouvait pas continuer à se cacher, ce n'était pas vivre. Il s'était lui-même enfermé dans une prison et il n'avait pas l'intention d'y rester plus longtemps. Prenant son appareil photo fermement en main, il retourna à l'appartement, qui avait, à un moment donné, trouvé la signification de « foyer ». Il prit son sac et y fourra toutes ses affaires. Il semblait y avoir une sensation de déjà-vu dans cette scène mais il ne se sentait pas oppressé comme la première fois. Il écrivit une petite note à l'attention de celui qui pensait être son amant et se tourna vers la porte. Il disparut derrière elle sans hésiter.

Ça semblait lâche de ne pas faire face à Hiroki mais, bien qu'il se sentait soulagé et plus sûr, il n'aurait pas eu la force nécessaire de rejeter celui qui lui avait donné un asile et de l'amour.

L'appartement était encore chaud.

« Il semble même qu'il y ait encore quelqu'un » pensa Uchiyama lorsqu'il entra et qu'il trouva la note qui lui était adressée.

Il se dit un moment que cette note avait été écrite par le cruel yakuza pour se moquer de lui mais il remarqua tristement que cet écrit était véridique… Akihito lui demandait pardon et le remerciait pour tout seulement il ne pouvait continuer à fuir, il devait faire face à ses peurs et il savait qu'il en sortirait vainqueur…

Hiroki ravala les larmes qui menaçaient de couler. Jamais il ne l'oublierait parce que, d'une certaine manière, il savait qu'Akihito ne reviendrait jamais.


- Asami-sama… Nous avons la confirmation que Takaba-san a quitté l'appartement d'Uchiyama-san.

- C'était à prévoir… Où se trouve-t-il maintenant ? demanda une voix, derrière un grand fauteuil.

- Hm… Nous…nous avons perdu sa trace monsieur, il y a trois jours…

Le yakuza se retourna lentement sans pouvoir croire ce qu'il venait d'entendre… Il l'avait de nouveau perdu ???

La rage et le désespoir s'emparèrent de lui mais il n'eut pas l'occasion de laisser apparaître une de ses deux émotions que la porte s'ouvrit soudainement et, levant les yeux, il resta surprit de voir la personne qui venait d'en franchir le seuil.

Takaba le regardait alors que les hommes du yakuza le suivaient et essayaient de le maîtriser :

- Lâchez-le ! cria brusquement Asami.

Les hommes, effrayés, obéirent immédiatement à l'ordre et quittèrent les lieux, laissant le photographe et leur patron seul à seul.

Tous deux se regardaient intensément et Asami ne voulut pas le toucher de peur que la vision qui lui faisait face ne fût qu'un rêve. Akihito fut le premier à s'approcher de l'aîné, restant devant lui alors qu'il avait sur son visage un sourire peint et qu'il ne faisait rien pour le dissimuler.

- Je savais que tu reviendrais… essaya de dire froidement le yakuza.

- Probablement, mais même ainsi tu sembles surpris Asami.

Le sourire du jeune homme s'élargit.

- Et dis-moi… qu'est-ce qui t'as fait changé d'avis ?

- Je n'ai pas changé d'avis, j'ai toujours pensé et sentit la même chose… Je suis seulement passé par des moments de confusion.

- Ah oui ? Je suis heureux que tu saches clairement comment sont les choses.

Asami leva la main vers le visage lui faisant face en essayant de le toucher mais Akihito arrêta sa main avant qu'elle n'ait pu atteindre son objectif.

- Tout n'est pas aussi facile Asami… Je ne me cacherais plus…

- Qu'est-ce qu'est censé signifier tout cela ?

Le yakuza retira complètement sa main de celle du photographe, la colère sur ses traits, mais il ne recula pas.

- Je ne repasserais plus par ce que tu m'as fais subir Asami, expliqua Akihito, Je ne me sentirais plus jamais comme un jouet dans les mains d'un mafieux pervers ou comme ta propriété…

- Je te l'ai déjà expliqué Akihito, tu ne peux pas…

- Assez ! l'interrompit le jeune. Ça suffit ! Je parle sérieusement Asami… Je dois avoir… J'ai besoin de savoir…

- Savoir quoi ?

- Ce que tu ressens pour moi… Ce que je représente pour toi… Avant, ça n'avait pas vraiment d'importance enfin c'est ce que je croyais. Seulement là, je n'en peux plus, je ne peux résister plus à l'inconnu… Je…Je t'aime.

Il y eut un long moment de silence entre les deux hommes et le sourire d'Akihito avait disparu de son visage. Maintenant, il se montrait effrayé à la réponse que son aîné pourrait lui donner mais le yakuza semblait ne pas vouloir céder au caprice de Takaba. Ou peut-être avait-il peur de rester à découvert ?

- Quel est l'intérêt de savoir une telle chose ? Tu es avec moi maintenant, point. Et tu sais que si tu t'enfuis à nouveau, je te retrouverais et…

- Pourquoi tu ne le comprends pas ? Je voulais être retrouvé ! Je voulais que TU me retrouves parce que je ne pouvais t'oublier ! Et si tu ne changes pas d'avis et continues encore avec ton stupide ego surdimensionné qui a peur de dévoiler ses émotions, je partirais et je te jure que cette fois, tu ne pourras pas me retrouver, tu m'entends ??

Asami ne dit rien. Il resta là, à regarder le photographe sans savoir quoi dire ou faire.

Takaba le fixa pendant de longues minutes et, croyant deviner la réponde su yakuza, se retourna avec l'intention de partir. Une main sur la porte l'empêcha de l'ouvrir et, se retournant, il vit Asami avec une expression qu'il ne lui avait jamais vu : le désespoir assorti à la colère mais ce qui le troubla le plus fut sa peur.

- Tu crois que je vais te laisser partir comme ça, sans plus ? Tu crois que j'ai dépensé mes ressources et mon temps pour ça ? Je ne t'ai pas prévenu que même si tu continuais à m'échapper, je te suivrais, te poursuivrait ? Est-ce que tu ne comprends pas ce que ça signifie ? Es-tu si stupide ou naïf pour ne pas arriver à déduire de que je ressens ? Et tu me dis à moi, que je suis un stupide égocentrique ?

Akihito le regarda, étonné. Il lui semblait avoir entendu Asami lui confesser son amour et il avait du mal à le croire. Mais comme pour confirmer ses dires, des lèvres brutales se posèrent sur les siennes et toutes deux se fondirent en un passionnant et désespéré baiser. On aurait dit que c'était le premier baiser qu'ils partageaient depuis longtemps et aucun des deux ne voulait que ça se termine. Quand ils se séparèrent à bout de souffle, ils avaient tous les deux les joues colorées et ils se sentaient entièrement complets.

- Ne t'attend pas à une déclaration de ma part Akihito, tu sais que ce n'est pas mon genre

- Ce n'est pas ce que tu viens de faire ? demanda malicieusement Takaba.

- Toujours aussi imaginatif Akihito.

- Je crois qu'il nous manque encore une bonne communication Asami mais je crois que nous pourrons améliorer ça avec le temps, n'est-ce pas ?

Le jeune homme le regarda, la taquinerie brillant dans ses yeux.

- Nous pourrions peut-être commencer maintenant, je ne voudrais pas rater la pratique…

Takaba souriait alors qu'un sourire similaire l'embrassait. Les deux silhouettes ne semblaient former plus qu'une alors que le soleil déclinait derrière elles. Dans la fin de journée, il semblait qu'une nouvelle étape ait été franchie…

The end

Jspr ke sa vs a plu et encore bonne année 2010