Bonjour, bonsoir ^^!

Je suis désolée de vous avoir fait autant attendre pour ce chapitre. En fait, si cette fic était un bébé, je dirais que la conception a été longue et pleine de plaisir, la grossesse chaotique et l'accouchement douloureux (ouais, le rating T tolère les métaphores douteuses). Et puis, ce serait un bébé qui a subi de nombreuses interventions de chirurgie esthétique parce que sa tête ne revenait pas à sa mère ni à sa marraine (MmeRoronoa ^^). Enfin, bref, tout ça pour dire que je n'ai aucune idée de ce que vaut ce dernier texte à force de le lire et relire...

Merci à Lal, No name, Anaïs et Echizen D Luffy pour leur review! Bonne lecture ^^!


Dans la chambre de Tsuna se tenait une réunion stratégique de la plus haute importance. A trois, Gokudera, Yamamoto et la jeune fille avaient pu établir avec une presque certitude que les deux messages avaient la même écriture. Et ladite écriture correspondait bien à l'idée que l'on pouvait se faire de l'écriture d'Hibari. Soigneusement tracés avec soin, les mots semblaient presque protocolaires et auraient pu illustrer un livre de lecture pour enfant. Et, de plus, la missive semblait bien bavarde pour un garçon qui faisait rarement des phrases de plus de dix mots -sauf pour réciter le règlement.

-Donc, il semblerait que ce soit bien cet enfoiré qui vous a envoyé ça, Juudaime! Et l'oiseau jaune qui chante l'hymne du collège en est la preuve. Il n'y a que cet imbécile règlementaire pour aimer cet air stupide.

-Mais, Hibari-san m'invitant à un rendez-vous amoureux est... soupira Tsuna en rougissant avant de reprendre : c'est comme si la terre venait de changer de sens.

-Haha! Mais il n'est peut-pas aussi froid qu'il en a l'air, s'exclama le baseballer, optimiste. Peut-être que la bagarre n'est qu'un moyen d'attirer ton attention.

-Mais une fleur, venant d'Hibari-san... contesta Sawada d'un air perplexe. Et puis, sur le toit, alors qu'il n'y avait personne, il dit qu'il voulait me mordre à mort, et il avait l'air sincère.

-Juudaime! Il n'a peut-être pas eu le courage de vous avouer ce qu'il pensait! brailla tout à coup le fumeur en tapant du point sur la table.

-Hé?

-C'est évident! Quand vous êtes allé le voir, Juudaime, il vous a parlé de notre bataille, n'est-ce pas? C'était un test pour savoir ce que vous pensiez, Juudaime! Et comme vous lui avez dit que vous n'étiez pas intéressée, il n'a pas eu le courage d'avouer que c'était vrai! Et pour se venger, il vous a menacée!

Tsuna se dit que, contre toutes apparences, Bianchi devait avoir une influence déplorable sur son petit frère en matière d'amour.

-C'est ça! s'emporta Gokudera. Il vous provoque tout le temps, il vous prête son manteau, et maintenant, il vous envoie des fleurs et des invitations!

Il fit une pause devant ses amis ébahis avant de grommeler entre ses dents, rougissant :

-Mais si ça se trouve ce sale pervers s'intéresse à vous depuis qu'il a vu vos charmes de plus près.

-Go... Gokudera-kun! protesta Sawada en sentant ses joues chauffer au rappel de l'épisode des sous-vêtements.

-Et bien, Hibari est un peu particulier, non? intervint Yamamoto. Il a l'air de s'intéresser à ceux qui savent se défendre et Tsuna-chan aurait pu gagner contre lui. Hahaha, elle manque juste un peu d'entraînement!

-Il... Il m'appelle toujours herbivore, souffla la brunette en devenant de nouveau pivoine.

-Il appelle tout le monde herbivore, grogna le fumeur compulsif. Sauf sa petite personne mégalo.

-Et, que ce soit vrai ou faux, je ne sais pas si c'est prudent de se rendre toute seule au collège, murmura la Vongola en tremblant à l'avance du noir régnant et des voyous qui devaient roder dans les environs. Je vais demander son avis à Reborn.

-Je ne pourrais pas être là, annonça ce dernier après avoir écouté en silence la jeune fille.

-Héé?

Pourquoi l'arcobaleno n'était-il jamais là au moment où on avait besoin de lui?

-Dino m'a appelé. On a besoin de moi en Italie pour enquêter sur une étrange évasion d'un hôpital psychiatrique de haute-sécurité mafieux.

Tsuna déglutit difficilement. La dernière fois qu'on lui avait annoncé une évasion, les ennuis s'étaient mis à pleuvoir.

-Normalement tu n'es pas concernée, Tsuna. Mais en attendant de revenir, je te confie à Bianchi.

-Hé? brailla la jeune fille, mi-étonnée mi-horrifiée et un peu anxieuse à l'idée d'une éventuelle tentative de meurtre pendant l'absence de son professeur particulier.

-Si c'est question d'amour, ça me convient, susurra cette dernière en enlaçant l'arcobaleno. Raconte moi tes peines de cœur, Tsuna.

La brunette échangea un regard avec ses amis. Après tout, l'avis d'une personne plus expérimentée pourrait leur être utile, vu qu'il y connaissait autant en amour qu'en musique traditionnelle Thaïlandaise.

Vingt minutes plus tard, après avoir entendu l'exposé fait par Tsuna et les autres (Gokudera se tenant le ventre dans un coin de la chambre), Bianchi exposa son point de vue :

-Tu dois y aller!

-Hé? Pourquoi?

-Parce que tu ne peux pas laisser un amour dans l'attente. Tu penses peut-être que tu vas tomber sur le glacial chef du comité de discipline, mais tu négliges la force de l'amour qui transforme tous ceux qu'il touche! L'amour peut tout faire! Hibari Kyoya se languit sans doute de toi, l'âme en peine, murmurant ton nom dans la fraîcheur du soir, et imaginant ton sourire à lui seul destiné. Il t'a offert une fleur, Tsuna, et pour un homme si froid, si réservé, c'est presque se donner en spectacle! Tu ne peux pas le laisser dans l'attente, alors qu'il te réserve peut-être en secret le meilleur de lui même. Tsuna! Tu ne connais de lui que ce qu'il laisse voir aux autres! A toi de négliger les épines pour voir quelle rose elles protègent! Un garçon si déterminé ne peut que cacher un amoureux passionné prêt à se tuer pour toi! Telle est la force de l'amour!

-Mais... protesta faiblement la jeune fille, n'arrivant pas trop à imaginer le chef du comité de discipline lui offrant des fleurs en souriant.

Bianchi se leva brusquement, plaquant ses deux mains sur la table.

-Si ce garçon est capable de se battre par colère alors qu'il est à ses limites physiques, ne penses-tu pas qu'il est capable de franchir les trois cent mètres qui séparent le collège de ta maison alors qu'il est en pleine forme et porté par la force de l'amour?

-HIIIIIIIIII! hurla Tsuna, terrifiée par l'hypothèse d'un Hibari allant la chercher chez elle.

Gokudera se réveilla en sursaut.

-Bon, prépare toi, maintenant! ordonna Bianchi en voyant que la brunette ne disait plus rien. Je veux que tu sois parfaite! Je t'accompagnerais ce soir jusqu'au collège.

Sans vraiment écouter les protestations de sa victime, la tueuse saisit le poignet de la jeune fille et l'entraîna dans la salle de bain, plantant là Yamamoto et Hayato. Les deux garçons échangèrent un regard affolé, tandis qu'à travers la porte de la salle de bain leur parvenait les conseils de la jeune femme sur la meilleure manière de croiser et décroiser les jambes pour attirer l'œil d'un homme.

oOOo

Il était sept heures et demi, et Tsuna se dit qu'elle n'aurait jamais imaginé son premier rendez-vous amoureux comme ça. En uniforme du collège (impeccable, comme le voulait l'autre), elle allait rejoindre le terrifiant et glacial Hibari Kyoya en croisant les doigts pour que comme le pensait Bianchi, il avait muté du parfait sadique en amoureux transi et romantique. Même s'il était plus probable qu'il était resté aussi protocolaire qu'à l'ordinaire.

-Je te laisse là, Tsuna, annonça enfin la tueuse scorpione en arrivant devant la porte du lycée. Bonne chance!

-M... merci!

La brunette s'avança dans la cours sombre. Elle était un peu en avance, et elle jeta un regard autour d'elle. Personne. Elle lissa sa jupe du revers de la main, stressée, et se demanda si elle devait essayer d'entrer dans le bâtiment. Peut-être Hibari était-il resté dans son bureau.

-Tu es en avance, commença une voix froide venant de l'ombre avant d'être coupée.

-SAWADA! VIENS T'ENTRAÎNER À L'EXTRÊME AVEC MOI!

-Onii-san? s'étonna la brunette en se retournant.

Le boxeur était là, en survêtement. Il eut un sourire satisfait avant de crier :

-ALLEZ, EXTRÊME SPRINT POUR COMMENCER!

-Hé? Hééééééé! couina la jeune fille en sentant le frère de Kyoko l'attraper par le bras et l'entraîner derrière lui façon drapeau.

Hibari resta figé sur place, interloqué. Bien que cette herbivore soit venue en jupe pour se battre (pas le plus pratique ni le plus décent), tout se passait bien jusqu'à ce que cet herbivore bruyant arrive et lui pique son combat sous le nez. Ça ne se passerait pas comme ça.

-Onii-san! Arrête! cria Tsuna sans parvenir à échapper à la prise du boxeur.

-TROIS FOIS LE TOUR DU COLLÈGE EXTRÊMEMENT VITE!

Elle jeta un regard angoissé derrière elle. Le chef du comité de discipline les poursuivait et il avait l'air furieux. Qui ne le serait pas en voyant la jeune fille avec qui on a rendez-vous être enlevé sous votre nez avec autant d'indélicatesse?

-Onii-san, s'il te plaît, arrête toi! supplia Tsuna. Hibari-san est là!

-Cet enfoiré n'a rien à nous dire, on n'est pas dans le collège! répliqua fort justement Ryohei. Ce serait extrêmement injuste!

-Mais, onii-san! J'avais rendez-vous avec...

Sans l'écouter, le boxeur se mit à accélérer, leur faisant faire le premier tour du lycée. Ce fut une minute très longue pour Sawada.

-Arrête toi, imbécile de boxeur! hurla une voix bien connue.

-Gokudera-kun! s'exclama la brunette avec un soulagement mêlé de crainte.

Hibari ne risquait-il pas de prendre ombrage de la présence de l'italien? Une explosion poussa Ryohei à s'arrêter.

-Imbécile! Tu ne vois pas que tu importunes la Juudaime qui a un rendez-vous? gronda le fumeur en agitant d'un air menaçant une dynamite sous sa cigarette.

-Je ne pouvais extrêmement pas savoir! se défendit le sportif en lâchant sa victime.

-Si tu l'écoutais, tu l'aurais su!

Le chef du comité de discipline arriva à ce moment là, mécontent de l'exercice qu'il venait de faire.

-Herbivore décérébré, je vais te mordre à mort, annonça-t-il, au boxeur, furieux.

-Hi... Hibari-san! couina la jeune fille pour empêcher le frère de sa meilleure amie de se faire blesser. Ce n'est pas grave, je suis toujours là, je...

Elle aurait sans doute continué sa phrase et tenté de persuader son « futur-ex-amoureux » (ou « ex-futur-amoureux ») que sa présence était amplement suffisante et que les autres allaient partir, si un caniche n'était pas arrivé à ce moment là. Un caniche de quarante centimètres de haut, tout frisotté, avec la démarche nerveuse et bondissante de tout chien débordant d'énergie. Vous savez, un de ces caniche avec l'air pervers des petits chiens qui adorent aboyer et grogner sur tout le monde, particulièrement les filles peureuses. Un caniche qui venait de trouver la cible idéale.

-HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII! hurla Tsuna en se retournant pour courir et entrer dans le collège, le chien aboyant et grognant sur ses talons.

Kyoya leva un sourcil méprisant. Ryohei parut étonné. Gokudera sursauta.

-Juudaime! cria-t-il en se précipitant pour protéger sa boss des outrages d'un chien qui pouvait avoir n'importe quelle maladie.

-Sawada a extrêmement peur des chiens, commenta le boxeur, avant de se rendre compte qu'Hibari le regardait toujours. Je vais continuer mon entraînement. A plus!

Et il repartit dans un extrême sprint, laissant planté là le maniaque du règlement. Ce dernier choisit de faire demi-tour et d'aller voir ce que faisaient les deux herbivores dans le collège.

Tsuna avait fui, le chien toujours sur ses talons. Elle fit en vain un tour de la cour, cherchant un endroit en hauteur où se mettre à l'abri du monstre frisotté qui en voulait à ses chaussures.

Et puis, elle trouva. Et si elle se mettait à l'abri dans les bâtiments? La brunette fit un brusque virage et franchit la porte heureusement ouverte du bloc central qui abritait la majorité des cours de Namimori High. Malheureusement, le temps qu'elle passe la porte, le caniche avait réussi à la suivre. Commença donc une poursuite dans les couloirs du collèges.

-Je suis vraiment maudite, pensa la jeune fille.

Parce que tout est une question de point de vue. Du sien et pour beaucoup de camarades de classe, elle était Tsuna-la-bonne-à-rien. Pas-belle-Tsuna. Pour Gokudera, elle était, espérait-elle, une amie, et surtout, elle le savait, une étoile merveilleuse qu'il appelait « Juudaime ». En fait, selon les points de vue, la situation serait résumée comme telle :

Selon Bianchi : ayant fait fondre le cœur d'un dangereux glaçon qui était prêt à tout pour elle, Tsuna s'était rendue au rendez-vous secret de celui-ci, avant d'être prise à parti par un malotru qui l'avait emmenée de force devant son soupirant pour partager un peu de bon temps avec elle. Hibari s'était précipité à son secours et réglait maintenant son compte à un rival (et peut être à ce gêneur de Gokudera) avant de revenir la sauver et de, sans doute, l'inviter dans son bureau ou la salle de réception pour un moment tendre mais gêné.

Selon le caniche, une idiote avait eu l'imprudence de se promener devant lui (ou elle, mais ça Tsuna n'avait pas vérifié) et voulait apparemment se faire poursuivre et mordre.

Selon Gokudera, son idole avait un rendez-vous amoureux avec un dangereux sadique qu'il serait imprudent d'envoyer promener, ce dernier étant tombé sous le charme de la future mafieuse, ou tout simplement était attiré par la transparence de ses sous-vêtements -un tel sadique pouvait tout aussi bien être pervers. Un stupide boxeur avait retardé et mis en danger la Juudaime (encore un rival?), et maintenant un chien peut-être enragé la poursuivait. Il devait la sauver, et ce, avant l'autre glaçon qui voulait le cœur d'une jeune femme trop bien pour lui.

Pour Tsuna, cette journée était aussi pourrie que les autres, mais un petit peu plus que d'habitude. D'habitude, le soir, elle n'avait pas un rendez-vous amoureux avec un fana de jeux morbido-sadiques, et n'était pas poursuivie (oh, honte suprême) par un petit caniche un peu agressif. Elle avait peur des caniches. Et elle se demandait ce que pensait Hibari-san, et surtout, ce qui allait ce passer après.

Gokudera entra dans la cours et vit Tsuna se précipiter à l'intérieur du collège, le chien sur ses talons.

-Juudaime!

-Hayato, laisse cet Hibari la protéger! Tu ne devais pas intervenir dans ce rendez-vous amoureux, reprocha une voix féminine et mécontente.

L'interpellé se tourna pour regarder.

-Grande sœur! Arrrg! s'exclama-t-il en tombant, se tenant le ventre, en proie à des douleurs.

-Tu n'es encore qu'un gamin, soupira Bianchi en le prenant sur ses épaules.

En croisant le chef du comité de discipline qui rentrait dans l'enceinte, elle le salua d'un signe de tête et franchit le portail, agacée.

Hibari entra dans la cour de son école au pas de course. Il n'avait pas autorisé cette herbivore à entrer dans le collège en dehors des heures de cours. Et il était impatient de ce combat. Après cinq minutes de recherches à l'aide de son radar à élèves fautifs (encore appelé instinct du carnivore à trouver sa proie), il trouva la jeune fille.

Arc-boutée contre l'une des portes d'une classe vide du deuxième étage, elle sursauta lorsque le chef du comité de discipline entra par l'autre entrée.

-Il... Il est parti? demanda-t-elle un peu stupidement.

-Si tu parles de ce tout petit chien, oui. Mais les animaux ne sont pas tolérés dans l'enceinte de l'établissement.

Tsuna se demanda à quel point elle avait baissé dans son estime de carnivore. Et d'ailleurs, il avait l'air bien froid. Était-ce vraiment la même personne qui l'avait invité à un rendez-vous amoureux?

- Les élèves ne sont pas autorisés à entrer dans le collège en dehors des heures d'ouverture, lâcha Kyoya, glacial.

-Hibari-san, je suis désolée, commença-t-elle avant d'être une nouvelle fois interrompue, cette fois-ci non pas par un chien mais par un tour de clé dans la serrure de la porte près d'elle.

Le chef du comité de discipline, comprenant qu'il se passait quelque chose, bondit vers la porte par laquelle il était entré, juste à temps pour pouvoir heurter le battant et sentir la clé verrouiller l'unique sortie restante.

-Je vous laisse en amoureux, fit Bianchi derrière la porte.

On entendit des pas s'éloigner.

-Attends! Bianchi-san! Ne plaisante pas! Ouvre-nous! s'affola Tsuna.

La perspective d'être enfermée dans une salle de classe avec un Hibari amoureux ou plus probable, mécontent, n'était pas réjouissante. Les yeux du brun se mirent à briller de colère. Tsuna envisagea sérieusement pendant deux secondes de sauter par la fenêtre pour lui échapper.

-Sawada Tsunayoshi, tu as trente secondes pour me donner une explication, la prévint Hibari.

Lorsque ce dernier détachait ses syllabes comme ça, c'était un assez mauvais présage.

-Mais... Mais, je n'y suis pour rien, Hi... Hibari-san!

-Vingt-cinq secondes.

-Je suis venue à ton... rendez-vous, je ne sais pas ce que font les autres ici!

-Vingt secondes.

-Si tu veux tenir ça secret il n'y aura pas de soucis! Ils veulent juste me protéger, Hibari-san!

-...

-Seulement ils ont vu le message de ton oiseau en même temps que moi!

-Quel message?

-Et bien... Le message que tu m'as envoyé avec ton oiseau jaune, celui qui chante l'hymne du lycée, précisa Tsuna, comme s'il y en avait un autre. Et ce... celui dans le casier, avec la fleur.

-Quelle fleur, de quoi parles-tu, herbivore?

Hibari ne comprenait plus rien à ce qu'il se passait. Son oiseau avait-il vraiment l'air d'un pigeon voyageur? Sawada avait-elle vraiment besoin de lunettes -et d'un cerveau en état de marche?

-Celle que tu as mis dans mon casier, avec un message, compléta la jeune fille prise d'un doute terrible.

Ce n'était pas Hibari-san qui l'avait invitée ici... Elle sortit le premier message de sa poche et le tendit à l'autre.

-Ce n'est pas mon écriture, conclut le brun après un bref examen.

Tsuna pâlit pour de bon. Un piège, c'était un piège. Coincée avec Hibari-san furieux. Qui pouvait lui en vouloir à ce point? Les évadés psychiatriques dont avait fait mention Reborn étaient-ils derrière tout ça?

-Euh... J'é... j'étais venue pour ça, d... dans le doute je n'ai pas voulu refuser, bredouilla la jeune fille en essayant de ne pas paraître complètement idiote.

Elle le savait : un Hibari-san amoureux était un Hibari-san venant d'une autre dimension.

-... , répondit l'autre en lui jetant un regard froid où perçait tout son mépris.

Ainsi la petite herbivore s'était imaginée que lui, le chef du comité de discipline, l'avait invitée à Namimori pour un rendez-vous amoureux? L'herbivore explosif devait vraiment être contagieux. Il aurait pourtant juré que la connerie était une maladie de naissance qui ne se transmettait pas trop. Soupirant, Kyoya plongea la main dans sa poche. Il avait toujours avec lui un double des clés de son collège.

-Qu'y-a-t-il, Hibari-san? interrogea timidement Tsuna en voyant les yeux de son camarade s'écarquiller de surprise.

La bouche de la terreur du collège se plia en une grimace de colère et de mécontentement profond.

-Cette femme nous a enfermé avec mes propres clés, lui apprit-il finalement, la fusillant du regard.

Tsuna se demanda si elle réussirait à s'en sortir vivante. Hibari détestait que l'on se moque de lui, à peu près autant qu'il se fichait de l'innocence de ses victimes. Et elle était la seule à pouvoir subir...

Le brun ouvrit la fenêtre.

-Après toi, herbivore. Ta présence dans le bâtiment n'est pas tolérée par le règlement.

-M... mais, Hibari-san, nous sommes au deuxième étage. C'est... c'est trop haut! réagit Tsuna à cette galante proposition.

En plus elle avait le vertige. Et Reborn qui n'était jamais là quand il le fallait...

-Plutôt que de te mordre à mort, je me contenterais de voir ton corps s'exploser sur le béton, lança Kyoya, glacé. Et pense à retenir ta jupe. Tu sautes ou je te pousse?

-Hi... Hibari-san, s'il te plaît, c'est beaucoup trop haut!

-J'en conclus que tu préfère que ça soit moi qui te jette, répondit-il en levant ses tonfas.

-Hibari-san! Hibari-san! Non! YAAAAAAH! hurla la jeune fille, fermant les yeux dans l'attente d'un violent coup de tonfa dans le ventre. Le chef du comité de discipline fit un pas en avant et exerça une légère poussée du bout des doigts. Déséquilibrée (a-t-on aussi idée de s'adosser à une fenêtre ouverte?), elle bascula. Et testa toute la puissance de ses cordes vocales.

Ouvrant brusquement les yeux en sentant le vide, elle vit le petit sourire sadique du brun qui la regardait tomber, attendant la seconde où elle s'éclaterait lamentablement par terre et arrêterait de lui agresser les tympans avec ses cris. Puis ce sourire s'effaça d'un seul coup et Sawada sentit des bras la rattraper, amortissant le choc.

-Tsuna-chan!

-Yamamoto! s'étouffa la brunette en reconnaissant son sauveur.

-Tu es blessée?

-Non, pas vraiment. Merci beaucoup!

Puis ils levèrent les yeux vers la fenêtre par laquelle Tsuna venait de faire une sortie mémorable. Hibari s'apprêtait à enjamber le rebord pour sauter à son tour. Échangeant un regard, les deux amis firent demi-tour et partirent en courant d'un commun accord. Courageux, oui, masochistes, non.

Ils allaient franchir la grille du collège, le chef du comité de discipline sur leurs talons, lorsque quelqu'un s'interposa.

-Kufufu, pas plus loin, annonça le jeune homme en levant son trident, leur bloquant le passage.

-HIIIIIIIIIII! Mu... Mukuro! cria la jeune fille, effrayée.

Pourquoi était-il ici? Pourquoi sa vie était-elle aussi pourrie? Pourquoi Reborn n'était-il une fois de plus pas là au moment où il fallait?

-Euh, qu'est-ce que tu fais ici? demanda Yamamoto en riant d'un air gêné.

-Et bien, je n'aurais pas dû intervenir, mais mon plan ne devait pas se dérouler comme ça, leur apprit le sadique aux yeux vairons.

-Ton... ton plan? s'affola Tsuna, avant de se retourner, entendant un bruit derrière elle. HIIIIIIII!

Elle était entre Mukuro et Hibari. Et vu la tête du chef du comité de discipline, ils allaient se battre.

L'illusionniste ricana une nouvelle fois.

-A l'origine, je devais me débarrasser de ton encombrant tuteur et de tes pots de colle d'amis, puis t'enfermer avec Hibari-chan et le laisser s'occuper de toi. Je n'avais plus qu'à attendre qu'il parte pour enfoncer mon trident dans ton corps disloqué...

Le chef du comité de discipline serra les dents, énervé. Il avait horreur d'être manipulé comme un pion.

-Mais visiblement, mon chef du comité de discipline préféré a choisi de courir après ses proies plutôt que de les mordre à mort sur place...

Il soupira, affligé.

-Et dire que j'ai fait tant d'efforts pour rendre crédible cette évasion et cette demande de rendez-vous... Et je dois encore payer de ma personne...

-C'est toi qui était derrière tout ça? s'affola Sawada.

Les lettres, la fleur, le rendez-vous, l'évasion des psychopathes, et même le caniche! C'était lui? Oh mon Dieu, que devait-elle faire? Elle avait le choix entre se faire mordre à mort et affronter une nouvelle fois Mukuro!

-Kufufu, oui, répliqua l'illusionniste en agitant de sa main libre des clés qui s'avérèrent être celles de Kyoya. Et puisque ce cher Hibari-chan n'a pas voulu te blesser, je vais devoir faire ça moi-même...

-HIIII! Mukuro, tu ne vas pas...? couina Tsuna avant de s'interrompre brusquement. Les trois garçons la fixèrent, surpris.

Elle sentit un liquide couler entre ses jambes, puis glisser lentement le long de sa cuisse, luisant dans la pénombre. Il y eut un soudain silence gêné. La brunette pouvait maintenant ajouter à sa liste des choses qu'elle aimerait oublier définitivement : « j'ai eu mes premières règles dans le collège, devant 3 garçons ».

Yamamoto était tout rouge et regardait ailleurs. Les joues légèrement colorées, Hibari faisait de même en fixant Mukuro. L'illusionniste observait le sang d'un air fasciné, envisageant sérieusement d'arracher la culotte de la Vongola et de se barrer sur le champ. Mais il avait comme idée que Kyoya ne le laisserait pas partir comme ça...

-Kufufu... Il semblerait que je n'ai même pas à te blesser, Sawada Tsunayoshi. Kuhahaha! Faiblesse féminine! s'esclaffa-t-il, un grand sourire s'étalant sur ses lèvres.

La honte de la jeune fille compensait largement toutes celles qu'il avait eu en faisant son excursion dans la maison Sawada. Puis le chef du comité de discipline décida d'ignorer l'herbivore qui vivait un moment difficile et chargea sa Némésis qui ricanait.

Rokudo bloqua le coup.

-Tu me gênes, Hibari-chan.

-Je vais te mordre à mort.

-Si impulsif... se moqua le porteur de trident en faisant apparaître des fleurs de lotus qui s'enroulèrent autour de son ennemi, l'immobilisant.

-Et bien, puisqu'Hibari-chan semble occupé, ça va être à nous, Vongola Decima...

-HIII! hurla la brunette.

Yamamoto sortit sa batte transformable, l'air sérieux, mais pas rassuré.

-Kufufu...

-On n'a pas fini, herbivore... gronda la voix d'Hibari dans son dos.

Mukuro eut tout juste le temps de parer le brun qui venait de se libérer. Il grimaça, mécontent. S'il se battait maintenant, la future chef mafieuse allait pouvoir fuir. Enfin, ce n'était pas comme si elle allait prendre le prochain avion pour le bout du monde, n'est-ce pas? Elle irait juste se planquer dans son lit avec des mouchoirs et des tampons, tout au plus.

-Kufufu... Je te préfère quand tu es plus tendre, Hibari-chan...

-...

-Quand tu me caresses derrière les oreilles, ou le cou.

-Pardon?

-Ou encore quand tu me masses le dos en me grattouillant derrière les oreilles, c'est le meilleur, kufufu, conclut Mukuro.

-Sale pervers, commenta le brun en chargeant.

Cet enfoiré d'illusionniste fantasmait sur lui? Ses rêves étaient peuplés de chef du comité de discipline lui grattant derrière l'oreille? Il devait assez mal vivre son emprisonnement...

-Pas du tout, se défendit l'autre d'un ton blessé, bloquant l'attaque. Après tout, je parle de choses vécues avec toi...

Les yeux d'Hibari s'agrandirent un bref instant avant de se rétrécir de nouveau. Un mensonge, bien sûr. Ce n'était pas comme s'il câlinait les herbivores illusionnistes. Il avait même tendance à les bouffer au petit déjeuner.

-C'était très agréable, tu sais. D'autant que tu n'as pas résisté à mon charme bien longtemps, kufufu, le taquina Mukuro en lui faisant un clin d'œil moqueur.

-De quoi parles-tu? interrogea le japonais, agacé.

Une faiblesse pour cet enfoiré de première? Lui? Et pour ce qu'il en savait, Kyoya ne se rappelait pas avoir dragué aucune fille dernièrement.

-Tu me vexes, soupira Rokudo, faussement triste. Regarde, je vais te rafraichir la mémoire...

Une sorte d'écran de télévision vaporeux apparut, montrant Hibari chez Tsuna, retirant un ruban à un chaton, avant de le caresser en souriant, amusé. Hibari séchant un chaton faussement mouillé et tremblant. Hibari empêchant Gokudera de lancer des bombes sur le même chaton. Hibari allongé, sa main sur la même petite chose mignonne, jouant avec ses oreilles.

-Miaou? susurra l'illusionniste d'un ton sarcastique, l'air désappointé du manque de tendresse de son interlocuteur. Tu étais vraiment mignon à craquer quand tu étais comme ça, Hibari-chan...

Les jointures des mains de Kyoya avaient blanchies, et la simple vue de son visage suffit pour donner des cauchemars à Tsuna un mois entier.

-Connard... Je vais te mordre à mort, siffla-t-il, hors de lui.

-On craque pour les choses mignonnes? railla Mukuro. A moins que ce soit pour moi? suggéra-t-il en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille d'un geste qui aurait fait soupirer pas mal de filles.

Il eut juste le temps de parer le coup violent de son adversaire.

-Oya! Il n'y a pas à être gêné. Tout le monde a une petite faiblesse, kufufu...

La tonfa passa à quelques millimètres de son visage. Les coups s'échangèrent, brutaux.

-Si je gagne, tu me masses le dos, dis?

-Va crever. Je vais te mordre à mort.

-Oya, quel langage, reprocha l'illusionniste, choisissant de faire apparaître dans la cour une tripotée de petits chatons tous plus mignons les uns que les autres, faisant entendre un concert de miaulements.

Hibari serra les dents à s'en faire mal. Il allait le mordre à mort! Tsuna et Yamamoto se regardèrent et partirent une fois de plus en courant, contournant les deux combattants.

-Où aller? Que faire? Si Mukuro gagne, il va se précipiter chez moi! se plaignit intérieurement Tsuna.

Mais, devant le manque d'options, les deux amis se précipitèrent vers la maison où les attendaient Nana, Lambo, Ipin, et sans doute quelques cookies encore tièdes.

oOOo

Hibari vacilla sous l'assaut des petits chatons en manque de câlin qui s'agrippaient à lui. Il agita l'épaule pour essayer de déloger celui qui se frottait contre son cou et glissait son museau à l'intérieur de son col, le chatouillant de ses moustaches.

-Kufufu, c'est tellement mignon, se moqua Mukuro alors que le félin chatouilleur réussissait à glisser sa tête dans le haut du japonais. Tu vas te faire câliner à mort.

Le trident passa à quelques millimètres de la tête de Kyoya. Le chaton explorateur tomba dans le pull du brun en poussant un miaulement strident. Essayant d'ignorer les illusions (et particulièrement celle qui faisait ses griffes dans son pull), le chef du comité de discipline chargea et porta un coup.

-Ourg! grogna Rokudo alors que l'une des tonfas effleurait douloureusement une de ses côtes.

Les chatons disparurent un instant, puis le combat reprit, violent.

oOOo

Les deux fuyards s'arrêtèrent essoufflés devant chez Sawada.

-Ouf, ils ne nous ont pas suivi, constata la brunette avec soulagement.

-Que s'est-il passé, Tsuna-chan? s'enquit le baseballer. Je n'ai pas tout compris.

-Ce n'était pas un message d'Hibari. C'était un piège,de Mukuro, murmura la jeune fille.

-Oh, commenta Takeshi, sérieux.

-Merci beaucoup, Yamamoto, j'aurais pu me blesser sérieusement. Mais, euh... Qu'est-ce que tu faisais là-bas? réalisa brutalement Tsuna.

-Euh, et bien, comment dire? Je ne sentais pas ce rendez-vous avec Hibari, tu vois? Alors, comme Gokudera, je suis allé voir si tout se passait bien.

Le sportif se mit à rire et passa sa main dans ses cheveux.

-Merci beaucoup, Yamamoto! dit-elle en sentant une vague de plaisir l'envahir à l'idée que ses amis étaient là pour l'aider.

-De rien!

-Maintenant... commença Sawada avant de s'interrompre.

Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire? Elle avait les cuisses couvertes de sang, Mukuro allait sans doute revenir pour les poursuivre et...

-Oh mon Dieu, gémit-elle, inquiète. Qu'est-ce que je vais faire?

Elle prit une inspiration.

-Yamamoto-kun. Il faut que tu rentres chez toi! Ce n'est pas à toi qu'ils en veulent. Je ne veux pas te mettre en danger.

-Mais non, Tsuna-chan, je ne vais pas te laisser seule.

Après cinq minutes de discussion, Yamomoto accompagna Tsuna à l'intérieur.

-Meuhahaha! Tsuna est blessée à la moule! brailla Lambo en voyant arriver sa tutrice officieuse.

Le visage de la brunette passa rouge écrevisse, tout comme celui du sportif.

-Lambo-chan, ce n'est pas un langage! reprocha Nana avant de prendre un air gêné et de sourire à sa fille.

-Viens, Tsuna je vais arranger ton problème.

Et la brunette fut partie pour dix minutes de nettoyage et de grandes mises au point sur la féminité. Dix minutes qu'elle essaya de raccourcir au maximum, étant peu emballée par la perspective de voir arriver Mukuro alors qu'elle était armée en tout et pour tout de deux serviettes et d'un tampon.

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Mukuro finit par délaisser Hibari, l'abandonnant après une ultime illusion de chaton mignon à croquer. Il se précipita chez sa cible, un sourire ravi s'étalant sur ses lèvres, avant de s'arrêter brusquement. Le tuteur de cette charmante et maladroite Vongola, l'arcobaleno Reborn, était de retour...

-Merde!s'énerva l'illusionniste.

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Tsuna eut droit au sourire le plus condescend du bébé. Mais elle put dormir tranquille, malgré les insinuations de son tuteur que Mukuro pourrait très bien s'introduire dans sa chambre pour la tuer. Non, elle était sûre que les volets étaient bien fermés.

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-Assis! Oui, bien! Fais le beau, maintenant! Bravo, Gokudera-kun, voilà un sucre! s'exclamait Tsuna avec joie, envoyant une balle que le fumeur s'empressa de ramener entre les dent, l'air très content de lui.

-Je fais des rêves bizarres en ce moment, songeait Mukuro dans sa cuve.

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Tsuna eut la peur de sa vie en ouvrant les toilettes et en y découvrant un certain illusionniste à quatre pattes dedans en train de fouiller la poubelle.

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Gokudera était soulagé que sa précieuse Juudaime n'ait rien. Il fallut l'empêcher de s'ouvrir les veines pour ne pas avoir été là quand il fallait, mais il était content. Maintenant, il n'y avait plus qu'à le convaincre qu'il était inutile de monter la garde devant chez la brunette pour la défendre contre les deux pervers qu'étaient Hibari et Mukuro...

-Quoi? Tu as passé la nuit chez la Juudaime? s'étrangla-t-il en discutant avec Yamamoto.

-Haha, ne le prend pas comme ça, j'ai dormi dans la chambre d'amis!

-Je vais te... gronda l'italien en sortant des explosifs.

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-Je te défendrais en tant que poubelle de la Juudaime! s'égosilla Gokudera dans les toilettes de la maison Sawada.

Mukuro faillit s'étouffer de rire dans son sommeil. Le besoin de vacances se faisait sentir.


J'espère que ça vous a plu ^^! Je ne sais pas s'il y aura un prochain chapitre, mais je ne pense pas. Je remercie aussi toutes les personnes qui m'ont donné des idées pour ce chapitre ^^.