Un gémissement de douleur s'échappa de mes lèvres lorsque j'ouvris les yeux. La pièce dans laquelle j'étais, baignait dans une quasi pénombre, seule une ampoule grésillante diffusait un carré de lumière contre le mur opposé.

Mes sens se mirent en alerte lorsque j'entendis des bruits de pas résonner dans ce qui semblait être un long couloir. Le grincement d'une porte sur la gauche me fit tourner le visage vers la provenance du bruit mais je n'y vis rien et commençai à paniquer. Mes yeux cherchaient vainement le signe d'une présence dans la pénombre mais seul me parvint le froissement de vêtements en mouvement. Mon cœur battait à tout rompre et mon souffle se bloqua dans ma gorge lorsque je senti son haleine chaude et régulière glisser sur ma peau.

Peu importe ce qu'il risquait de m'arriver aujourd'hui, une seule chose était certaine: ma venue à Forks n'aura pas été vaine. J'ai rencontré des personnes formidables et malgré nos débuts chaotiques, ils sont devenus pour moi synonyme d'amis, de confidents, de frère et sœurs, d'amants ou de famille.
Carlisle, Esmée, Emmett, Rose, Ben, Angela, Alice, Jasper et enfin Edward.

Un sourire mélancolique s'étira sur mes lèvres. Ils me manqueront, assurément.
L'homme me poussa un peu plus dans la pénombre du coin. Ses mains glissèrent de mes poignets à mes épaules puis vinrent crocheter mon cou. Je bloquai ma respiration alors que son pouce traçait de lents arabesques sur ma peau.

- Ton heure n'est pas encore venue mon ange, mais bientôt ce sera ton tour je te le promet…

Sa voix grave et profonde me fit frissonner et à la maigre lumière diffusée dans la pièce ses iris noirs semblèrent me transpercer alors qu'un sourire étirait ses lèvres. Les miennes s'entrouvrirent mais je ne pus prononcer un mot puisque la porte s'ouvrit à nouveau. Au bruit qu'ils faisaient ils étaient plusieurs, peut-être trois ou quatre.

- Mets le contre le mur, exigea une voix dure.
- Apprécies, me souffla l'homme avec un sourire dans la voix.

Ses doigts enserrèrent un peu plus mon cou, me forçant à ne pas quitter la scène des yeux.

Le corps d'un homme s'abattit lourdement sur le sol. L'un des autres hommes le bouscula du bout des pieds et lorsque je reconnu son visage et ce malgré les tuméfactions qu'il portait, sa maigreur et ses cheveux grisonnants, mes yeux s'écarquillèrent d'horreur. Je ne voulais pas voir ça!

Je hochai la tête de gauche à droite, mes larmes s'écoulèrent, mes sanglots s'étouffèrent dans ma gorge et lorsque je vis une arme briller à la lumière, j'eus envie d'hurler. Un couinement s'échappa de ma gorge et ses doigts la serrèrent à nouveau.

- Restes calme, chuchota-t-il.
Le silence de la pièce fût brisé par le retrait du cran de sécurité. Mes yeux croisèrent ceux de cet homme qui s'apprêtait à donner vainement sa vie, sa peine était la mienne tout comme sa douleur… Et lorsqu'il sût que ces quelques secondes allaient être ces dernières, un sourire étira ses lèvres alors que ses paupières se refermaient.

Mon souffle trop longtemps retenu se libéra lorsque le coup partit, mon cri se répercutant dans la pièce alors que son corps resta étendu au sol, inerte.
Après une dizaine de minutes en pleurs et perdue à le contempler, ils l'attrapèrent par les bras et le tirèrent lentement vers la sortie ; au rythme de leurs poussées, je le vis disparaître. Seul vestige de son passage, le souvenir de cet acte à jamais gravé dans ma mémoire et une traînée de sang rouge vive…