Chapitre 11

"Son nom est partout"


Le soleil se levait doucement sur le petit village de Ceppaloni. Ses rayons encore timides doraient les paysages de la campagne italienne, sublimant chaque arbres d'un champ d'olivier, éclairant les pierres brunâtres des petites maisons de campagnes. L'été approchait à grands pas mais la fraîcheur matinale était encore présente, cependant, le ciel sans nuages promettait une longue et belle journée ensoleillée.

Lynn se réveilla avec les gazouillements des oiseaux. Percevant les rayons du soleil à travers les paupières, elle grommela et tira ses couvertures par-dessus sa tête avec difficulté afin de profiter encore un peu de quelques minutes de sommeil bien mérité. Car depuis bientôt quatre jours, Lynn se faisait bringuebaler toutes les nuits et était forcée de dormir la journée, ceci afin de voyager avec Alec et Félix qui lui faisait découvrir leur univers. Ces trois jours avaient été les plus courts de sa vie, d'une part parce qu'elle dormait, et d'autre part parce que ses compagnons lui montraient des choses qu'elle jugeait fantastiques et extraordinaires. Entre les démonstrations « pratiques » de leurs pouvoirs comme la vitesse, la force (Félix avait absolument tenu à montrer cette partie, soulevant toute la nuit des rochers immenses, des troncs d'arbres, tout ce qui lui passait sous la main quoi… Au moment de rentrer, quand Lynn avait grimpé dans ses bras, le vampire s'était écroulé au sol prétextant ne pas avoir assez de force pour un tel poids, la demoiselle n'avait guère apprécié la plaisanterie…)

Elle avait aussi pu constater la dureté de leur peau, Félix avait défié l'anglaise d'aller pincer Alec qui n'avait pas sourit une seule fois depuis leur départ, au début elle avait refusé mais elle ne pouvait pas résister à un défi du style « t'es pas cap Lynn », et Félix le savait, elle avait donc laissé passer la nuit et au lever du soleil, elle s'était penchée sur son bras et s'était tordue les doigts. Dans l'instant, Lynn avait oublié avec la fureur que Félix courrait excessivement plus vite qu'elle…

Sous ses draps, la jeune femme souri à ces souvenirs, elle était reconnaissante quelque part à Félix de lui présenter ce monde de cette façon. Il la connaissait bien mieux qu'elle le croyait et il savait comment présenter la chose pour ne pas qu'elle panique. Il n'avait pas abordé la question des meurtres humains et de la nourriture des vampires, Lynn avait bien tenté d'aborder le sujet mais Alec avait jugé qu'elle ne pouvait pas encore entendre parler de ces faits. Il avait très certainement perçu l'hésitation dans sa voix mais il savait que cela n'allait pas tarder car elle avait quand même demandé et cela n'était pas par obligation mais l'objet d'une réelle curiosité.

Lynn se souvint de Félix lui demandant de retenir sa respiration alors qu'il ferait pareil. Elle avait sentit le piège mais avait quand même obéit. Au final, voyant que Félix tenait bon, elle s'était décidée avec amertume d'abandonner, demandant en revanche des explications de suite.

Puis vint le temps des démonstrations que Lynn avait qualifié de « cours théoriques sur la vie d'un suceur d'hémoglobine ». Mais cela se passa moins bien… Au fond d'elle, l'anglaise savait pertinemment ce qu'on voulait d'elle… Alors quand Alec lui expliqua que leur cœur ne battait plus… Qu'ils étaient morts… Elle s'était souvenue d'un détail qui remontait à l'arrivée de Démétri en Angleterre… A l'époque, elle avait découvert à sa façon de parler qu'il n'était pas tout jeune. Elle leur avait donc demandé leur âge… Et les deux vampires, après une courte hésitation, estimèrent qu'ils n'avaient pas le choix et révélèrent qu'ils étaient immortels. Quelques secondes passèrent et Lynn s'était levée pour aller se coucher, sans un mot de plus pour ses compagnons. Elle ne se sentait pas prête à vivre jusqu'à l'éternité…

Le lendemain, elle s'était levée, n'avait pas parlé de la veille et avait demandé à en savoir plus quant au peuple d'immortel qui vivait sur cette Terre. Ainsi, elle avait apprit le mode de vie de la majorité vampirique, les nomades. Elle en sut plus également sur l'origine des Volturi, leur rôle dans les lois mais jamais elle ne sut lesquelles c'étaient.

Maintenant, le voyage du trio touchait à sa fin. La veille, Alec avait déclaré qu'il fallait retourner à Volterra, que plus rien ne servait à rester là. Lynn avait donc pu dormir pendant la nuit car il n'était plus utile de cacher les deux vampires à la lumière du jour. Et c'est à la en fin de matinée que Lynn se réveilla.

Planquée sous sa couverture, elle ne voulait pas bouger, elle décida de ne faire aucun bruit, comme si de rien n'était pour rester le plus longtemps possible à somnoler. Mais c'était sans compter l'arrivée fracassante de Félix dans la chambre qui clama :

« - Bonjour petite humaine, rien ne sert de faire semblant de dormir, je sais que tu es réveillée nous avons entendue ta respiration changer ! »

« -Mmmmh… ! Fiche-moi la paix Godzilla ! Tu ne m'as jamais parlé de cette histoire d'ouïe ! »

« -Non, nous allions le faire aujourd'hui petite ! C'est comme notre fabuleuse acuité visuelle ! T'ai-je complimenté sur ta petite tenue du matin ? »

Etouffant un cri d'indignation, Lynn s'empara d'une de ses chaussures au pied de son lit et, ses yeux toujours protégés de la lumière du jour, elle la lança à l'aveuglette.

« - Je suis sûre que tu ne peux pas voir à travers mes draps. » Couina-t-elle.

« -Non c'est vrai. » Il rigola et déposa la chaussure qu'il avait attrapée par terre. « - Par contre si tu ne te lèves pas, il va faire très lumineux d'un coup… ! »

« - Je t'interdis de te mettre au soleil Volturi. »

« - Oh ! J'ai atteint l'insulte extrême ! Je croyais qu'il n'y avait que Démétri qui a droit à ce petit surnom… ! » Il ouvrit les rideaux et se positionna devant la fenêtre, brillant soudainement de milles éclats.

Mais la réaction qu'il attendait ne vint pas. En effet, à la place de la plainte tant attendue, Félix dû faire face à une Lynn mécontente qui se leva d'un seul coup et qui le recouvrit de son drap, stoppant ainsi cet excès de luminosité.

« - Pourquoi tu n'as pas esquivé ? » demanda-t-elle.

« - Pour t'attraper plus facilement. » rétorqua le vampire qui replia soudainement le drap sur son amie. Il l'enveloppa entièrement et souleva son bagage aussi facilement qu'un oreiller. Lynn remua pour se libérer mais il tenait bon, alors elle attendit, sentant que Félix se déplaçait. Elle se promit intérieurement qu'un jour elle lui rendrait la pareille… Puis elle atterrit sur un sol dur et froid, elle savait que l'heure de la délivrance approchait, elle inspira profondément pour disputer son kidnappeur… Et perdit toute contenance quand elle aperçut Alec qui la débarrassait du drap, accroupit près d'elle.

« - Bonjour. » Dit-il simplement en dégageant son épaule.

« - Salut Alec. » répondit-elle en souriant. « Bien dormi ? »

Quand il haussa un sourcil, elle se reprit, rougissante.

« - Ah. J'ai oublié. Euh… Tu t'es bien occupé cette nuit ? »

« - Si l'on veut. Je l'ai passé à empêcher Félix de te réveiller. »

Il se redressa et attrapa la jeune femme par la main, l'aidant à se relever. Celle-ci marmonna un merci sincère. Puis Alec s'en alla en fermant la porte derrière lui. Lynn regarda où elle était, la salle de bain, message reçu.

Plusieurs minutes plus tard, elle réapparut dans la cuisine où Félix l'attendait tout sourire, pendant qu'Alec saisissait son long manteau gris. Avisant de la nourriture sur la table, elle s'y assit et s'empara d'une tranche de pain. « Godzilla » s'approcha de l'humaine et dit mielleusement :

« - Je t'ai prit des oranges, ma tendre amie. »

Elle avisa les trois oranges aux superbes couleurs et lâcha, provocante :

« - Bof, je préfèrerais du café... »

Félix prit un air faussement choqué, la bouche grande ouverte, les mains sur les joues, les yeux grands ouverts alors qu'Alec sourit, tapis dans l'ombre d'un coin de la cuisine. Le comportement du dernier fit plaisir à Lynn qui s'attaqua à l'un des fruits gorgés du soleil italien.

« - Dites… Pourquoi n'attendons-nous pas la nuit pour repartir ? Cela serait plus simple pour vous, non ? »

« - Tu nous sous-estimes Lynn va ! » articula Félix. « - Nous n'aurons aucun souci à nous déplacer sans nous faire voir tu sais, des siècles d'expérience ! »

Puis il s'approcha de la jeune femme et lui glissa à l'oreille :

« - Sa sœur manque à Alec. Alors il veut vite la rejoindre ! »

Lynn aperçut le concerné qui roula des yeux, exaspéré.


Volterra, deux jours plus tard.

Depuis son retour dans les souterrains du Palais, la vie avait repris son cours pour Lynn. De nouveau elle restait dans sa chambre sans pouvoir bouger. Et de nouveau, la morosité menaçait de l'emporter. Il n'y avait rien à faire, rester seule, malgré les visites de Félix et Alec (des fois même accompagné de sa sœur !), faisait repenser à Lynn l'étrangeté de la situation et elle sentait une angoisse lui étreindre le cœur alors qu'elle savait qu'il n'y avait pas lieu d'être étant donné qu'elle avait très bien pris les récentes révélations quelques jours auparavant. Elle sentait qu'il lui manquait quelque chose…Et elle savait parfaitement quoi.

Voilà où en était ses pensées quand Félix ouvrit la porte de sa pièce. Il la trouva comme à son habitude sur le lit, assise, les jambes repliés et les bras les entourant.

Quand elle l'entendit, elle leva la tête et se mit debout. Lynn enfila ses chaussures et embarqua un gilet qu'elle mit en s'approchant de son ami.

« - Je veux les voir tout de suite Félix. »

« - Tu ne peux pas pour l'instant Lynn. » Dit-il. « - Je vais leur demander pour que tu puisses les voir demain. »

Il poussa doucement la jeune femme par l'épaule, celle-ci baissa les yeux et reparti sur son lit en reprenant sa position. Il soupira :

« - Je suis sincèrement désolé mais même moi je ne peux pas les voir et tu ne peux pas sortir seule, c'est bien trop risqué pour toi… »

Lynn posa sa tête contre le mur et dit :

« - A demain Félix alors… »

Celui-ci la regarda, peiné et comprenant qu'elle ne désirait pas sa présence, il s'en alla, non s'en jeter un dernier coup d'œil à son amie qui s'installa dans son lit. Elle ne bougera pas.

La porte se ferma et Lynn la guetta du coin de l'œil, écoutant pour savoir de quel côté Félix s'en allait. Puis elle patienta, hésitant sur l'attitude à prendre avant de brusquement se décider. Elle se tourna et programma son réveil pour qu'il sonne une heure plus tard. Ainsi, si on l'espionnait, le vampire n'entendrait qu'une humaine dormir. Elle enleva ses chaussures et s'endormit par-dessus les draps.

Quand la sonnerie retentit, Lynn s'empressa de la couper, rechaussa ses pieds et dans la minute, elle était dans le couloir. Tout d'abord, elle hésita quant à la direction à prendre puis elle se décida. Elle fonça sans s'arrêter. On lui avait demandé de ne jamais sortir sans être accompagné, pour sa propre sécurité. Et bien elle obéissait. Mais pas aujourd'hui. Pour l'instant, elle était la plus déterminée des personnes de ce monde et se fichait des conséquences. Elle aurait ce qu'elle voulait.

Cependant elle aurait peut être dû écouter car elle croisa plusieurs immortels qui la fixèrent avec intérêt. Les yeux noirs cerclés d'une fine couronne rouge lui indiquèrent que ces vampires n'étaient pas là pour décorer. Grâce aux quelques jours qu'elle avait passés en compagnie d'Alec, elle reconnut dans leurs yeux la lueur de la soif. Elle aurait dû avoir peur… Mais la jeune anglaise eut une réaction tout à fait remarquable. Elle leva la tête et leur jeta un regard hautain, supérieur, Félix lui avait indiqué comment reconnaître la garde personnelle des Volturi de la garde générale. Et ceux-ci n'étaient que des vampires « inférieurs » en quelque sorte.

Lynn savait que si les Volturi s'intéressait autant à elle, ce n'était pas pour rejoindre la garde générale…Elle conserva son allure et lâcha à leur encontre :

« - Je serais vous je ne m'approcherais pas. »

Les vampires à la veste gris clair eurent un regard surpris, surpris qu'une humaine leur parlent d'un ton aussi audacieux. Pendant ce temps, la jeune femme continuait sa route, foulant le sol d'un pas vif. Elle refusait d'écouter son instinct qui n'avait de cesse de l'encourager à courir. Elle en croisa d'autres qui l'avaient très certainement entendu. Eux-aussi affichait des yeux assoiffés. Elle les fusilla du regard et continua.

Tout ce manège n'échappa cependant pas à l'un des vampires de la garde personnelle d'Aro, Caius et Marcus. Et ce comportement lui plaisait beaucoup… Elle sentait qu'elle allait bien s'entendre avec elle une fois transformée…

Jane Volturi, tapie dans l'ombre d'un couloir désert, suivait la progression de la petite humaine dans le dédale des couloirs du Palais.

Lynn Winson, quant à elle, voulait rejoindre le plus rapidement possible la grande salle de l'autre jour.

C'est alors qu'elle se retrouva dans un cul de sac. Agacée, elle fit volte face quand elle entendit des ricanements. Les cinq vampires qu'elle avait croisés lui barraient le chemin. Le cœur de Lynn fit un saut dans sa poitrine puis elle reprit contenance.

« - Allez-vous-en. »

Les cinq ne l'écoutèrent pas, ils avançaient sans se soucier de qui pouvait être cette humaine qui se baladait dans les couloirs de la demeure des Seigneurs Volturi. Lynn répéta plus fort :

« - Allez-vous-en ! »

L'un hocha la tête négativement sans s'arrêter. Prise au piège, la jeune femme refusa cependant de reculer. Une voix de petite fille résonna alors dans l'allée, glaciale, sadique. Lynn put voir les visages de ses cinq vampires se décomposer par la peur. Simultanément, tous s'écroulèrent par terre en hurlant de douleur. Lynn écarquilla les yeux et chercha l'origine de ce phénomène. Elle vit Jane s'approcher, un sourire peint sur les lèvres. Elle avançait calmement et enjamba les hommes qui se tordaient toujours par terre.

Lynn ne savait que faire : la remercier, craindre aussi pour sa vie ou rager d'avoir été découverte. Mais Jane s'adressa à elle :

« - Tu m'as impressionnée je dois dire. D'autres auraient fuis bien avant devant telle menace. »

Lynn acquiesça, troublée par la fille vampire aux allures d'ange.

« - Oh silence ! » haussa Jane aux cinq vampires qui se turent l'instant d'après, libérés du sort de la Volturi. « - Que veux-tu pour t'aventurer ainsi dans les couloirs malgré ce qu'on t'a dit ? »

« - Je veux parler à vos Maîtres. » fit-elle de nouveau décidé.

« - On ne voit pas les maîtres comme cela humaine. »

« - C'est maintenant ou je rentre en Angleterre. » Osa Lynn

Tant d'audace laissa Jane muette quelques secondes, elle voulut répliquer mais fut interrompu :

« - Laisse petite sœur, ils sont d'accord pour lui parler. » s'approcha Alec.

Jane ne dit rien et s'écarta pour laisser passer son frère jumeau qui s'approcha de Lynn avant de la tenir par la taille. Rebelle, elle le repoussa :

« - Arrête. » souffla-t-elle, vexée. « - Je ne souffre plus. »

« - Tu ne tromperas personne ici Lynn. Tout le monde sent le sang battre dans ta jambe à cause de l'effort que tu as fourni. Tu n'aurais pas dû sortir. » Trancha-t-il en la maintenant contre lui.

Ils avancèrent tous les trois lorsque Lynn reconnut les fameuses portes qu'elle avait franchies voilà plusieurs semaines. Elle freina brusquement :

« - Pas de mauvaises surprises cette fois-ci ? » demanda-t-elle en faisant allusion au festin quotidien des Volturi auxquels elle avait participé malgré elle.

« - Il fallait y penser avant. » rétorqua Jane en poussant les lourds battants qui grincèrent.

Une fois de plus, la vaste salle de marbre vert se déployait devant les yeux impressionnés de Lynn. Ses yeux firent un rapide tour de la pièce, contemplant les sculptures, le sol, les colonnes, les phrases en latin… Elle aperçut un vampire en manteau gris clair terminer de frotter un bout du sol avec une serpillère. Elle le vit la tremper dans un seau à l'eau écarlate et repartir. Lynn laissa échapper un :

« - Ah. »

Elle sentit Alec serrer sa prise dans son dos, comme pour la rassurer. L'anglaise tourna la tête vers lui, il ne la regardait pas, les yeux obstinément fixés sur sa droite.

« - C'est bon. » lui murmura t-elle. « -Je gère. »

Elle sentit la pression se relâcher alors dans son dos, elle fixait toujours Alec qui tourna la tête pour regarder face à lui. Elle tourna donc les yeux dans la même direction que lui et vit Aro et Marcus qui approchait avant de s'asseoir sur leurs sièges respectifs, l'un au centre, l'autre sur sa droite.

« - Lynn ! » s'exclama Aro, ravi. « - Quel plaisir de te voir ! Pardonne-nous de ne pas t'accorder autant de temps que nous le souhaiterions mais nous avons des soucis avec quelques-uns des nôtres dans le Nord de la Chine. Et cela requiert toute notre attention. Mais je t'en prie ! Tu voulais nous voir pour nous demander quelque chose ? »

Elle se dégagea de la prise d'Alec et s'avança de quelques pas. C'est alors qu'elle remarqua qu'ils n'étaient pas seuls, Félix et Heidi les avait rejoints. Le premier fronça les sourcils, mécontent et la seconde lui offrit un grand sourire éclatant qui lui fit chaud au cœur.

Elle inspira profondément :

« -Un jour, je me suis dit qu'un homme de ma connaissance était une sorte de pont rassurant entre nos deux mondes… Et depuis il n'est plus là. Heureusement qu'Alec et Félix sont ici pour moi… Qu'aurais-je fait sans eux Maître Aro ? »

Elle détourna les yeux pour regarder les deux vampires concernés, Félix lui offrit un sourire timide et Alec se contenta de la fixer dans les yeux. Chacun des êtres présents dans cette salle retint son souffle. L'humaine avait appelé le seigneur des lieux « Maître ». Elle reconnaissait l'autorité des Volturi, un grand moment pour le clan. Un large sourire se dessina sur les lèvres d'Aro, dévoilant une dentition d'une blancheur irréprochable. Puis Lynn retourna la tête et s'avança vers les trois Seigneurs.

« - J'ai bien compris ce qu'il y avait à apprendre Maître mais pour le moment, si je ne peux pas voir Démétri, j'aimerais retourner en Angleterre. »

Son cœur battait à toute allure, elle attendait avec anxiété la réponse du maître des lieux. Comme tous d'ailleurs. C'est alors qu'un événement peu commun se produit : Marcus tendit la main à Aro, tous furent surpris, Aro y compris même s'il n'en a rien laissé paraître. Ce dernier attrapa la main du plus calme des Volturi et se laissa transporter par ce que Marcus voulait lui partager. Tous ici à part Lynn comprenaient ce curieux manège : les deux Volturi possédaient en fait un don. Aro pouvait lire les moindres pensées qu'a une personne aussi loin que remonte ses souvenirs et Marcus ressentait fortement les liens qui attachaient des êtres vivants comme l'amour, l'amitié, la haine… La dernière fois que le vampire s'était manifesté, c'était pour montrer à Aro le lien qui unissait Edward Cullen à Bella Swan. Un lien fort. Puissant. En fait, Marcus ne daignait exposer son don à son compère que lorsque cela l'étonnait. Autant dire qu'il n'était pas souvent étonné…

Alors que là… C'était la deuxième fois en une décennie ! Le proverbe « et les poules auront des dents » va-t-il devenir vrai ?

Aro relâcha la main de son compagnon, il était songeur. Lynn manifestait le besoin et l'envie de retourner parmi les humains… Mais également celui de revoir Démétri avant tout. Autrement dit, la jeune femme acceptait de rester à Volterra si Démétri était là… Il sourit.

« - Ma chère Lynn, malheureusement, et je suis sincère, Démétri ne peut pas rentrer pour l'instant. Cela ne devrait tarder par contre. Il est toujours en mission. Si tout se passe bien, il devrait rentrer dans les jours qui viennent. Cependant, je suis d'accord avec toi. Tu es restée bien assez longtemps ici et tu serais rentrée plus tôt si tu n'avais pas eu ce malheureux incident… Comment va ta blessure au fait ? »

« - Bien, merci. Je… »

« - Merveilleux ! » s'exclama la seigneur Volturi et tapant dans ses mains tel un enfant ravi. « - Où en étais-je ? Ah ! L'Angleterre. Oui. Donc. Comme tu as été coupée du monde pendant ces dernières semaines, nous nous sommes permis d'envoyer un mail à ton patron pour lui annoncer que tu restais plus longtemps suite à une blessure, il n'a rien dit rassure toi. »

« - Oh ? Et bien je vous remercie… »

« - Mais de rien ! Nous ne pouvions décemment pas lui dire les véritables raisons de ton petit séjour parmi nous… ! » Fit le vampire joyeusement.

« - Petit ? Il a quand même duré près de 4 semaines… »

« - Ah oui ! Mais pour des immortels tu sais, un mois passe comme une seconde ! »

Lynn hocha la tête, muette, on ne pouvait plus arrêter Aro dans son discours.

« - Donc. » Reprit-il. « - Tu es libre de retourner dans ton pays ma chère enfant, j'espère juste qu'un jour tu viendras nous rendre visite… Je serais très déçu de ne pas te revoir. Il te reste tant de choses à découvrir de notre espèce ! »

Il s'arrêta, guettant sans doute une réponse de la jeune femme qui se mura dans son silence. La tête baissée, on pouvait clairement distinguer qu'elle voulait dire quelque chose qui la démangeait. Elle frotta sa jambe douloureuse et releva la tête.

« - J'aimerais vous demander… » Elle hésita et chercha du regard Félix comme pour se donner du courage. Elle s'avança vers les trônes. « -Pourquoi moi ? Comment m'avez-vous trouvé ? Qu'attendez-vous de moi mes Seigneurs ? Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous vous intéressez à une pauvre humaine comme moi alors que vous avez tant de… Gens comme vous, prêts à vous servir. Moi je ne suis rien… »

Aro changea d'expression, elle devint plus grave, sérieuse. Il se leva et franchit les quelques pas qui le séparait de l'humaine, s'arrêtant juste devant elle, il lui saisit les deux mains et les porta à son visage, comme pour les embrasser. Lynn frissonna au contact des mains du vampire millénaire et l'observa. Il leva les mains à la hauteur de son nez et se mit à les humer profondément.

« - Vois-tu Lynn… Certains des nôtres ont un don, des sortes de pouvoirs spéciaux en réalité. C'est une spécificité qu'ils avaient étant humain et qui s'est retrouvé amplifié avec leur transformation. Chaque membre de la garde personnel en a un… J'y tiens. Cela nous aide dans notre rôle. L'exemple le plus évident reste le cas des jumeaux. »

Lynn tourna la tête vers Alec, étonnée. Aro ne disait plus rien, il attendait très certainement à ce que lui ou sa sœur répondent à la question muette de la jeune femme. Un temps passa. Finalement, ce fut Jane, plus bavarde que son frère, qui parla :

« - J'ai le don de créer une douleur intense. Mais cela reste une douleur artificielle, rien n'est vrai. »

« - Et Dieu sait que ça secoue, ma chère Jane ! » l'interrompit Aro, guilleret. « - Alec, raconte-lui donc de quoi tu es capable ! » dit-il en tapant dans ses mains, tout excité.

Le concerné obéit docilement à son maître bien que cela se voyait que ça l'ennuyait de parler.

« - Jane fait souffrir, moi je coupe toutes les sensations qu'un être peut ressentir. » Dit-il simplement.

« -N'est-ce pas fabuleux Lynn ? »

Aro, évidemment.

« - Donc comme tu as pu constater, certains de nous ont un don. Moi-même j'ai la chance d'en posséder un. Or, il arrive des fois que nous sentons chez un humain qu'il sera spécial s'il venait à se transformer. Mais cela est très rare car les fabuleux dons comme ceux de Jane ou Alec ne courent pas les rues. Tu en fais très certainement partie Lynn… »

La jeune anglaise avait retenu son souffle tout le temps du discours d'Aro. Cela expliquait beaucoup de choses… Mais elle ne comprenait pas pourquoi ils avaient repérés quelque chose de spécial en elle… Pour elle, elle était simplement Lynn Winson, une anglaise de 26 ans ! Cela dû se voir car Aro ajouta à son encontre :

« - Nous avons un ami, Eléazar, il a fait parti de notre clan une bonne pair d'années avant de se trouver une compagne. Il avait la spécificité de repérer les dons des immortels et nous dire de quoi il s'agissait. Cependant, avec des humains, il ne ressentait rien, forcément vu qu'ils ne possèdent pas les caractéristiques des nôtres. Mais il peut ressentir quand même chez certains humains une force, quelque chose qui lui dit que cette personne aura un don exceptionnel. S'il repère cette force pendant que la personne est humaine alors c'est plus que probable qu'en étant un être immortel… »

Tout cela laissa Lynn pantoise, elle avait vraiment du mal à y croire. C'est alors qu'Alec intervint à la surprise générale.

« - Lynn, ma sœur et moi-même n'étions que des humains très ordinaires. Mais Eléazar a ressenti cette chose qu'il ressent chez toi aussi… Vois ce que nous sommes aujourd'hui. »

La jeune femme obtempéra et se remit alors à parler :

« -Une dernière question si vous me le permettez Maître. »

« - Je t'en prie »

« - Quel sera mon don. »

« - Ah ! » s'exclama Aro, faisant tressauter Lynn. « - Là est tout le mystère ! Il n'y a que l'avenir qui nous le dira ! Si toutefois tu désires nous rejoindre… »


Le lendemain matin, Lynn terminait de boucler sa valise, songeuse. Aro lui avait donné matière à réfléchir. Elle prendrait l'avion en début d'après-midi, toute seule, Félix lui avait expliqué qu'effectivement les Volturi avaient du travail actuellement avec les soucis d'ordre vampirique en Chine. Une histoire de territoire et de nouveau-né… Rien de très original lui avait expliqué son ami. Elle était en train de batailler avec sa valise qui refusait de se fermer, elle s'assit dessus, grimpa dessus, appuya de toute ses forces, rien à faire.

Quelqu'un toqua à la porte, elle lui pria d'entrer, à moitié allongée sur son bagage, le bras tendu vers l'un des crochets de fermeture, prête à l'enclencher au moindre signe de faiblesse de la valise.

Alec entra et constata avec surprise la scène qui s'offrait à lui. Un rictus se dessina sur ses lèvres et il alla s'asseoir sur l'une des chaises de la pièce. Lynn abandonna sa manœuvre et s'assit sur le bagage pour mieux lui parler.

« - Comment vas-tu ? » elle commença.

« - Rien de spécial, mais je pourrais te retourner la question en revanche… »

Lynn baissa la tête, en effet il pouvait se poser la question… Mais Lynn ne savait pas elle-même.

« - Je vais bien physiquement mais sinon… Je ne sais pas trop comment je vais… »

Alec haussa un sourcil interrogatif auquel Lynn s'empressa de répondre :

« - Je ne sais pas sur quel pied danser Alec… Je ne sais pas comment je dois prendre tout cela tu sais… C'est tellement énorme à digérer… Un jour tout le monde est normal et le lendemain mon collègue boit du sang humain, fait parti du clan de v… du clan le plus important. Il a des copains comme lui, des maîtres comme lui et on attend de moi de devenir comme vous pour vous aider à régler les problèmes des gens comme vous ! »

« -Tu ne te sens pas concerné car ce ne sont pas encore les tiens ? » demanda-t-il.

« - Je ne sais pas… Je me sens vraiment bien avec vous, je pourrais même imaginer être comme vous mais derrière cela il y a tellement de monde… Votre univers ne concerne pas seulement la garde personnelle des Volturi ! Et je ne sais pas si je saurais gérer ça… C'est pour ça que je dois rentrer Alec, pour savoir où j'en suis… »

« - … Je comprends tu sais. J'imagine ce que tu veux dire. »

« - Mais je ne sais même pas si j'ai envie de rentrer Alec… J'ai peur de trouver mon monde fade à côté du vôtre… »

« - Alors pourquoi tu ne resterais pas ? » quémanda le vampire.

Lynn fixa Alec mais ses yeux se perdirent dans le vague. Effectivement, pourquoi ne resterait-elle pas ? Elle réfléchit un long moment, sans faire de bruits et Alec attendit patiemment qu'elle se décide à lui répondre, il n'était pas pressé.

Finalement la jeune femme releva les yeux et contempla son ami, le vampire soutint son regard, mi-curieux mi-inquiet. Lynn voyait parfaitement ou voulait en venir Alec, alors elle se leva de sa valise toujours ouverte et se dirigea vers lui. Arrivée à sa hauteur, elle s'arrêta et se mordilla la lèvre, hésitante. Finalement, elle se pencha vers l'homme assis et l'enlaça de ses bras.

Alec écarquilla les yeux, plus qu'étonné, quel cran elle avait ! Ce n'était pas dans ses habitudes ce genre de comportement, en effet, les seuls et rares moments de tendresse qu'il partageait depuis qu'il était vampire étaient ceux avec sa sœur Jane même si les deux s'arrangeaient bien pour que personne ne le sache. Il ne savait pas comment réagir, de plus, le parfum sucré du sang de la jeune anglaise lui enivrait l'esprit. Alors il décida de bloquer sa respiration et, maladroit, il passa ses bras autour de Lynn et lui tapota le dos, ne sachant vraiment que faire.

« - De quoi as-tu peur Alec ? » dit Lynn en se détachant de lui.

Il ignora sa question. Elle posa une main sur son cou et le fixa, on aurait dit qu'elle hésitait à prononcer quelque chose. Alec haussa les sourcils quand tout à coup elle articula avec détermination :

« - Je reviendrais mon ami. Je te le promets. »

Cette fois-ci, ce fut le vampire qui attira la jeune femme dans ses bras, et il la serra. Lynn le savait soulagé, elle le connaissait peu mais ils avaient tous les deux une relation assez particulière… Ils se comprenaient sans même se parler. Alors elle s'accrocha à lui et sourit, il allait lui manquer sur le temps qu'elle serait en Angleterre. A peine quelques secondes plus tard, il la repoussa et prit le chemin de la porte.

« - Félix boude encore au point de ne pas vouloir me dire au-revoir ? »

Alec s'arrêta et sans se retourner, prononça :

« - Derrière toi. »

Lynn sentit alors une énorme masse gelée s'effondrer sur elle en larmoyant faussement tandis que son ami s'éclipsait discrètement.


London Airport

Eh bien ! Radical le retour au pays ! A peine passé en dessous des nuages, Lynn avait déjà pu contempler le paysage gris et humide d'Angleterre. Et une fois sortie de l'avion, elle en avait ressenti le froid ! Mais ce retour à ses racines lui faisaient immensément plaisir, le soleil c'est pas mal mais… Pas aussi longtemps.

Actuellement, elle attendait que le tapis roulant daigne enfin s'allumer pour lui remettre son bagage alors elle pianotait distraitement son portable en se demandant où pouvait bien être Démétri Volturi. Elle se demandait quelle chose était si importante pour qu'il ne lui donne absolument aucune nouvelle…

Elle envoya un sms à Félix pour lui annoncer qu'elle était bien arrivée :

*Bien arrivée, l'avion a pris feu, nous avons été forcés d'amerrir puis comme l'engin a explosé j'ai fait les kilomètres restant à la nage. Bises.*

Tiens, le tapis venait de se mettre en marche, Lynn rangea son mobile dans sa poche et guetta sa valise. Une fois récupérée, elle le ressortit et consulta la réponse de Félix :

*Tes misères sont terminées, quelqu'un est venu te chercher. Tu vas pouvoir lui faire porter tes bagages ! Parce que oui, elle est plus lourde qu'à ton départ. En fait j'ai changé un peu le contenu… Si tu veux récupérer certaines de tes affaires, va falloir revenir mon voir !*

« - QUOI ? »

La jeune femme se retint de ne pas ouvrir son bagage en plein milieu de l'aéroport pour en vérifier le contenu. Elle décida de se libérer de sa frustration en envoyant une réponse remplie de menaces. Cela lui passa pourtant bien vite… Quelqu'un était venu la chercher ?

La première personne à laquelle pensa l'anglaise était bien évidemment… Démétri.

De nouveau motivée, elle traversa l'aéroport en deux temps trois mouvements et se posta sur le dépose-minute, guettant la silhouette de son vampire préféré qui lui avait tant manqué. C'est alors qu'elle se posé une question… Comment était-elle censée réagir ? Depuis la dernière fois que tous les deux s'étaient vus, bien des choses avaient changées…

« - Lynn ! Par ici ! »

De deux choses l'une : cette voix n'était pas celle d'un vampire diablement sexy et de plus, il n'aurait pas crié à travers tout le parking pour attirer son attention. Il se serait plutôt contenté d'apparaître juste derrière elle en silence pour la faire hurler de peur.

Daniel.

Lynn tenta tant bien que mal d'effacer la déception qui naissait sur son visage. Daniel était son ami après tout. Le trajet se passa en silence. Enfin presque, l'anglais se faisait un devoir de raconter à la jeune femme TOUT ce qu'elle aurait pu manquer au bureau. Y compris l'achat d'un bocal de poissons exotiques pour l'anniversaire du patron. Elle regardait la grisaille londonienne par la fenêtre de la voiture, c'est alors qu'elle reçut un autre message…

Le cœur de Lynn fit un bond en voyant le nom de l'expéditeur.

Elle ouvrit le sms de Démétri et resta sceptique une seconde à sa lecture :

*Je suis toujours en vie.*

Hein ? Ravie de le savoir mais quelques précisions quant à où il est, ce qu'il fait ne seraient pas du luxe…

A plusieurs centaines de kilomètres de là, le fameux Démétri fulminait de rage. Il tenait par la gorge une Sue qui en confondait en excuses, regrettant déjà son geste car elle pensait mettre son amie humaine en danger.


J'ai une petite réclame à faire, je vois pas mal de personnes qui suivent mon histoire dans leur favoris. Le truc, c'est que je n'ai jamais eu un petit commentaire de vous. Je me doute que si vous suivez "Il le savaité c'est parce que ça vous plait mais...

QU'EST-CE QUI VOUS PLAIT ?

Et cette question s'adresse à tout le monde ;)

Donc quelques nouvelles seraient les bienvenues. Surtout qu'actuellement, l'histoire progresse énormément et ça, si vous écrivez, vous savez que ça fait peur à l'auteur !

Des bisous et RDV soon !