Chapitre 14 : Mes amis, mes amours, mes emmerdes

Emmitouflée dans son peignoir, et parcourant la pièce de long en large, Victoria jeta un énième regard à sa montre, avant de froncer les sourcils, contrariée.

« Vicky, arrête ! Scanda Sarra d'un ton réprobateur. Je te rappelle que nous sommes censées lui faire la tête, donc ce n'est pas en montrant à ce point que tu t'inquiètes pour elle que tu réussiras à la convaincre qu'on lui en veut réellement pour sa trahison !

- Il est près de minuit trente ! Et elle n'est toujours pas rentrée ! Où peut-elle bien être passée ?

- Il ne t'est pas venu à l'esprit qu'elle n'avait, peut-être, simplement aucune envie de nous revoir ?

- Minuit trente et un ! Mais qu'est ce qu'elle fait encore ?

- J'espère sincèrement que tu n'auras jamais d'enfants, soupira Sarra, désespérée. Tu risquerais de les rendre complètement fous ! Victoria, une fois de plus, je te rappelle qu'on est censées être fâchées avec elle, toutes les deux, et que de ce fait c'est tout à fait normal qu'elle n'ait pas spécialement envie de partager notre dortoir.

- Oh Sarra, pitié ! Calypso ? questionna Vicky, presque moqueuse.

- Vu comme ça, c'est vrai que j'ai plus de facilité à l'imaginer torturer un chaton ou empoisonner Lupin que de vider le dortoir afin de nous éviter le moindre désagrément.

- Tu vois bien ! Asséna Vicky, une fois que son amie eu terminé de parler. A ton avis, elle est où ? Avec qui ? Et que peut-elle donc bien faire ?

- Oh, j'aurais tellement aimé avoir une carte magique ! Répondit Sarra sarcastique. Tu sais, un bout de parchemin, en apparence vierge, mais qui nous permettrait de savoir – à n'importe quel moment, où se trouve Calypso.

- Oh oui, renchérit Victoria, cela serait tellement pratique et… Attends, tu te moque de moi ? Et est ce que c'était du sarcasme ?

- Devine, sourit la brune.

- Allez ! bouda son amie. Tu sais bien que je ne décèle jamais le sarcasme !

- Ni l'ironie.

- Ni l'ironie, reprit Vicky. Bref, si tu veux parler de la carte des Maraudeurs, j'ai l'immense plaisir de t'annoncer que Calypso a pris soin de l'emporter avec elle avant de disparaître. »

Sarra soupira avant de reprendre :

« Depuis que je connais cette fille, j'ai la curieuse impression d'être constamment manipulée.

- Ah, et la manipulation non plus, laissa échapper Victoria, songeuse.

- Pardon ?

- Je ne décèle pas la manipulation.

- Qu'est ce que tu fais à serpentard ? Calypso aurait bien pu te poignarder plus tôt que tu te serais tout de même inquiétée pour elle ce soir.

- C'est vrai que le choixpeau hésitait… C'est peut-être parce que je suis prête à tout pour obtenir ce que je veux.

- Par « ce que je veux », tu désigne un garçon ? demanda Sarra, avant de reprendre, s'étant rappelée d'une anecdote :

- Tu te souviens du jour où tu avais ensorcelé le chaudron de Justin pour qu'il lui explose à la figure, afin que tu puisses l'accompagner à l'infirmerie ?

- Justin ?

- Le blond aux yeux verts avec une tache de naissance sur la joue.

- Aaaaah ! Oui bien sûr que je m'en rappelle, je me rappelle même exactement de l'expression qu'avait eu Pomfresh lorsqu'elle m'avait retrouvée sur lui, dans son lit. »

Sarra éclata de rire avant de reprendre :

« Bon je suppose que tu n'envisages pas de dormir avant qu'elle ne soit rentrée ?

- Prends les livres, je prends la bouffe. »


Adam rebroussa chemin. Ce satané concierge avait bien failli le coincer. Heureusement qu'il avait réussi à faire croire à ce dernier que oui, il avait toujours été préfet, et qu'il n'arrivait pas à croire qu'après deux ans de bons et loyaux services au près de l'école, il se voyait ainsi rabaissé (au rang de parvenu). La myopie du concierge et l'insigne flamboyant étrangement accrochés à l'uniforme du garçon aidant, Picott accepta son excuse et rebroussa chemin, persuadé pourtant que quelque chose clochait.

Et effectivement, quelque chose clochait. Il y avait autant de chance qu'Adam soit préfet que de trouver un serpentard travaillant bénévolement à la soupière magique. Comprenez donc qu'Adam n'avait absolument rien d'un représentant de l'ordre poudlardien. Mais il devait un service à Ernie, le véritable préfet des serdaigles et ce dernier avait prévu quelque chose ce même soir. Le voilà donc condamné à le remplacer pour un service qui pourtant, ne lui avait valu que des ennuis.

Quelques semaines plus tôt, à l'époque où il était encore un stupide serdaigle amoureux, il avait décidé de faire une petite surprise à l'heureuse élue, une poufsouffle, la veille de son anniversaire. Ainsi, avec l'aide d'Ernie, il avait réussi à s'introduire dans la salle commune des poufsouffles, pour retrouver sa petite copine derrière un sofa, et les cuisses écartées afin de mieux accueillir l'un de ses camarades de classe. Et dire qu'elle prétendait n'être pas encore prête ! La seule consolation qu'il retirait de cette histoire et que, d'après la rumeur, le dévoué poufsouffle aurait attrapé une infection génitale quelques jours seulement après cette fameuse soirée, il n'est ainsi pas très difficile de deviner l'origine de l'infection.

Même si Adam avait du mal à se l'avouer, il se délectait assez de ce poste éphémère qui le plaçait dans une confortable position, lui conférant un certain pouvoir dont il n'avait, bien entendu, aucun scrupule à abuser. Ainsi, sa nuit ne faisait que commencer, même si elle avait failli être tragiquement mutilée par l'intervention inattendue de l'autre abruti de concierge.

« Maudit soit il, lui et toutes les générations de concierges imbus d'eux même et inutilement aigris qu'avait accueilli l'école depuis sa création ». Rouspéter l'occupait, et faisait passer le temps plus vite, puisque plus aucune âme vivante ou morte ne semblait disposée à se manifester dans ce couloir poussiéreux.

Mais alors qu'il commençait profondément à désespérer (à quoi bon jouer les préfets s'il se voit dans l'incapacité de coincer des élèves désobéissants) un bruit étrange attira son attention. Une succession de reniflements saccadés provenaient d'une salle de classe. Curieux, il s'en approcha. Peut-être qu'il allait enfin pouvoir abuser du pouvoir que lui conférait le badge quiscintillait sur son uniforme pour la soirée (quoiqu'il avait déjà bien abusé de ce pouvoir quelques heures plus tôt en enlevant une cinquantaine de points au poufsouffle cité précédemment, sans la moindre raison valable). Il n'hésita qu'une fraction de secondes avant d'ouvrir la porte de la salle d'où provenait l'étrange bruit.

Il fut étonné de ne rien apercevoir aux premiers abords. Surtout que le bruit avait brutalement disparu avec le grincement de la porte. Intrigué, il pénétra dans la salle à la recherche de l'origine des sons qui l'avaient attiré en ces lieux. Calypso Chrysler recroquevillée dans un coin de la salle, les cheveux en pétard et les yeux bouffis n'était pas exactement le spectacle qu'il s'attendait à voir.

Immobile, il ne le resta qu'un court instant, puisque quelques secondes plus tard, il referma la porte de la salle derrière lui avant de s'avancer jusqu'à arriver à sa hauteur. Ils s'observèrent durant une fraction de secondes avant qu'Adam ne se laisse tomber à ses côtés. Tant pis pour la ronde qu'il avait promis d'effectuer. Il était hors de question qu'il la laisse dans cet état. Sa mère aurait grandement désapprouvée, elle qui faisait grand cas de lui inculquer la chevaleresque galanterie dont, selon elle, devait faire preuve tous sorcier digne de ce nom. Et puis, il appréciait Chrysler. Il appréciait le temps qu'ils passaient ensembles en cours de potion, on peut dire qu'avec cette fille au moins, on ne s'ennuyait pas.

Assis auprès d'elle, il fixait le mur silencieusement, attendant qu'elle se calme. Peut-être avait-elle envie d'être seule ? Quoiqu'il en soit, quelques minutes et larmes séchées plus tard, il demanda :

« Est-ce que tu te sentirais mieux si je cassais la gueule à celui qui t'a fait ça ? »

Calypso esquissa un faible sourire. La force lui manquait pour fournir quelque chose de plus satisfaisant que cette grimace censée montrer au garçon qu'elle appréciait ses efforts, qu'elle appréciait le fait qu'il n'ait pas détalé comme un lapin en la voyant dans cet état. Adam se tut, il savait qu'il ne devait pas la brusquer. Elle avait l'air bien assez éprouvée comme ça, il préférait lui laisser le temps de se reprendre.

Quelques instants plus tard, la voix encore un peu faible, Calypso dit :

« Alors comme ça tu es préfet ?

- Absolument pas, répondit Adam.

Cette fois ci, la jeune fille sourit franchement avant de rajouter :

- J'attends.

- C'est une longue histoire, répondit-il, hésitant.

- Ca m'apaise de t'entendre parler, reprit Calypso presque suppliante et le regardant intensément.

- C'est vrai ? Demanda Adam.

- Non.

Elle sourit, amusée. Néanmoins, elle ne s'était nullement attendue au brutal frisson qui la parcourut des pieds à la tête. Elle n'avait pas remarqué qu'il faisait aussi froid. Mais quelques minutes plus tard, et sans même avoir compris comment, elle se retrouva emmitouflée dans la veste du serdaigle. Elle remarqua également que la distance les séparant s'était étonnamment réduite.

« A ce rythme, pensa t elle, je vais bientôt me retrouver sur lui. »

Elle haussa les épaules suite à sa réflexion intérieure, lui sourit, et se blottit contre lui alors qu'il lui racontait, à force de métaphores imagées et de gestes particulièrement explicites, comment il avait réussit à éviter McGonagall et à faire croire au concierge qu'il était bel et bien préfet. Il lui détailla également, avec un enthousiasme débordant, la manière avec laquelle il avait puni trois gryffondors de deuxième année qui essayaient, croyait-il, de dérober une armure. Il parvint même à lui arracher deux ou trois éclats de rire. Contre lui, elle était bien. Elle ne pensait ni à un certain mage noir, ni à Dumbledore, ni à sa dispute avec les filles, et encore moins à Lucius et Lupin. Oui, elle était bien. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de poser une question qui la démangeait depuis quelques minutes maintenant.

« Pourquoi es tu resté ? demanda t elle alors, en se redressant, la voix incertaine.

- Pardon ? questionna Adam, intrigué.

- Pourquoi est ce que tu es resté avec moi ? On ne se connaît même pas ! La moitié des serpent ards auraient continué leur chemin sans même me regarder.

- Et l'autre moitié ?

- Seraient venus me consoler…

- Ben tu vois !

- … de peur que je me venge. Attends, rassure moi, tu n'as pas peur de moi n'est ce pas ?

Il éclata de rire.

- Ca veut dire non je présume, rajouta Calypso. Bon alors, pourquoi es tu resté ?

- Euh… pour que tu tombes folle amoureuse de moi juste après que ton cerveau embrumé ait assimilé ma venue à celle héroïque du prince charmant venant au secours de la demoiselle en détresse ? la taquina le jeune homme.

- Sérieusement, le réprimanda t elle, en souriant néanmoins.

- Parce que je t'aime bien. Tu es… rafraichissante. Et puis, ma mère m'a toujours appris à ne jamais abandonner une jolie demoiselle en détresse, termina t il en souriant.

- Jolie ? Moi ? Avec mes joues striées de larmes, mon mascara qui a coulé, mes cheveux en bataille, et un sweat-shirt dix fois trop grand sur les épaules ?

- Euh… j'avoue que maintenant que tu en parles » se moqua Adam.

Elle le fusilla du regard avant de lui administrer un coup de poing bien sentit dans l'épaule.

« Aïe ! Grogna le concerné en étouffant un juron, je déteste les femmes. Ma chérie, tu es radieuse, comme toujours. Et quoique tu fasses, à mes yeux, tu es parfaite.

- C'est mieux, sourit Calypso.

- Je te raccompagnes à ton dortoir, proposa Adam en la voyant bâillé à s'en décrocher la mâchoire.

- Bonne idée. »

Calypso ne s'attendait pas à trouver quelqu'un dans la salle commune. Et encore moins à y trouver Sarra et Victoria. Les deux filles occupaient un coin de la salle. Sarra était plongée dans un bouquin tandis que Vicky, affalée sur la table, dormait à poing fermé, laissant échapper un mince filet de salive à intervalles réguliers. Calypso hésita. Que pouvaient-elles bien faire, à cette heure de la nuit, encore là… se pourrait-il qu'elles l'aient attendue ? Quoique pourquoi l'attendre alors qu'elles s'étaient disputées quelques instants auparavant. Elle détestait ce genre de situation. Qu'était-elle censée faire ? Passer son chemin et provoquer une nouvelle dispute si ses suppositions se révélaient justifiées ou au contraire, aller les voir et se ridiculiser si les filles n'avaient pas eu la moindre pensée pour elle ?

« Tu compte passer la nuit plantée devant la porte ? Ce n'est pas pour te brusquer ni quoique ce soit, mais ce livre est vraiment ennuyant… à mourir. Et, contrairement à Vicky, je suis tout bonnement incapable de m'endormir sans être allongée d'abord sur un matelas.

- Vous m'avez vraiment attendue ?

- Faut croire que oui. Victoria est une vraie mère poule quand elle s'y met. J'ai eu beau lui répéter que lorsque deux personnes se disputent elles ne sont justement plus censées se parler, mais elle n'a rien voulu entendre. Elle n'a pas admis non plus que ce n'est pas en étant au petit soin avec toi que tu vas finir par comprendre que ta putain d'irresponsabilité va très certainement foutre ta vie, et la nôtre par la même occasion, en l'air !

- Je suis désolée.

- Je sais, le problème c'est que ça ne suffit pas.

- Alors, tu vas juste arrêter de me parler ?

- Non, grogna Sarra à contre cœur. Tes remarques perfides m'ont manquée... toi aussi d'ailleurs.

- Tu réalises que ça ne fait même pas vingt quatre heures n'est ce pas ?

- Idiote, viens me faire un câlin avant que je ne changes d'avis.

Calypso éclata de rire avant de sauter, littéralement, sur la brune.

« Je ne me suis pas endormie, s'exclama Victoria en se redressant brusquement.

- Non bien sûr que non, la railla Calypso.

- Tiens Caly, qu'est ce que tu fais là ?

Les deux filles éclatèrent de rire suite à la remarque de leur amie.

- Bon je crois qu'on devrait aller se coucher, proposa Sarra en refermant sa robe de chambre.

- Bonne idée, reprit Calypso en se frottant les yeux. Vicky, DEBOUT !

La concernée qui c'était à nouveau assoupie sursauta brutalement :

- Je ne me suis pas endormie.

- Non, bien sûr que non, allez on monte », lui répondit Calypso, amusée.

Elles se relevèrent et ramassèrent parchemins et livres encombrant la table avant de se diriger vers les escaliers menant à leur dortoir.

« Au fait Caly, reprit la blonde après un court moment de silence.

- Oui ? demanda l'intéressée.

- Le truc avec Skeeter était génial ! Par contre je préfère les fesses de …

Les filles venaient de pénétrer dans leur chambre et Vicky tituba jusqu'à atteindre son lit, avant de s'y effondrer, elle ajouta :

« D'ailleurs on a failli s'embrasser l'autre fois.

- QUOI ? hurla Sarra. Réveille-la, réveille-la !

- Réveille la toi, grogna Calypso, tu sais très bien ce qui arrive quand on la réveille plus de deux fois dans la même soirée.

- Bon alors fais semblant de n'avoir rien entendu », soupira Sarra avant de s'allonger en fermant les yeux.


« Incroyable ! s'exclama Peter en fixant la table des serdaigles. Je n'imaginais pas un jour voir un serpent s'asseoir à cette table, rajouta t il en fixant Chrysler, qui, une assiette vide à la main, s'était frayée un passage jusqu'à la place que lui avait gardé Adam.

- Tu ne trouves pas ça étrange qu'elle fasse autant d'efforts pour lui et aucun pour toi ?

- Je ne m'en étais pas rendu compte, merci, répliqua Remus, sèchement. Bref, quand vous aurez fini de les dévisager, on pourra peut-être reconsidérer notre véritable problème.

- Qui est ? demanda Sirius tout en tendant la nuque pour mieux les apercevoir.

- Ma transformation, chuchota t il, de plus en plus agacé.

- Oui, et ? intervint James. On fait comme d'habitude non ? Où est le problème ?

- Le problème c'est qu'elle est au courant pour moi, pas pour vous… Et qu'à moins de récupérer cette fichue carte…je ne lui laisse pas longtemps pour deviner la raison de vos absences, ni votre secret.

Une grimace déforma le beau visage de Sirius Black tandis que James, plus agacé que jamais, se laissa retomber mollement sur le dossier de sa chaise. Cette dernière semaine, ils avaient tout essayé : polynectar, payer une serpentarde pour qu'elle s'introduise dans la chambre des garces (la pauvre petite était revenue en larmes, la tête rasée), supplié Chrysler à genoux, séduire McAdams, offrandes, chantage, rien n'avait fonctionné. Pire, leurs actions avaient été compliquées et entravées par le fait que Remus refusait tout contact avec les serpentardes, répétant qu'il avait simplement besoin de se vider l'esprit de « toutes ses conneries ». Il n'avait plus adressé la parole à Calypso depuis leur fameuse discussion devant la salle commune des serpentards. Et il ne s'attendait très certainement pas à ce qu'elle le laisse en paix après les paroles qu'ils avaient échangé. Il n'osait pas se l'avouer mais le manque flagrant d'attention qu'elle manifestait à son égard le perturbait de plus en plus. Et puis, il comprenait encore moins ce qu'elle pouvait bien trouver à cet Adam.

Dès le lendemain de leur dernière conversation, ces deux là ne s'étaient plus quittés, littéralement. Il l'attendait à chaque fin de cours, ils révisaient ensemble à la bibliothèque et ils avaient même trouvé le moyen d'être en retenue ensemble. Mais surtout, c'était la première fois que Remus voyait Calypso aussi amicale avec un garçon. Au bout d'une journée seulement, il avait droit à ses plus beaux sourires alors que lui, après trois mois, il n'avait droit qu'à des sourires crispés et des regards froids et calculateurs. Il détestait cette fille. Mais il détestait encore plus le fait d'être ignoré par cette même fille.


Calypso s'était réfugiée dans la bibliothèque tout de suite après avoir déjeuné avec Adam, soit dit en passant, elle détestait les serdaigles - cette bande d'abrutis pédants qui n'avaient cessé de la dévisager hostilement, pour terminer son devoir de métamorphose qu'elle devait rendre quelques heures plus tard. Elle avait choisie l'une des tables la plus reculée de la bibliothèque. Mais même ainsi, elle ne parvenait pas à se concentrer. De là où elle était, elle apercevait sans peine Sarra, accompagnée de la petite blonde qu'elle était censée « éduquer ». Cette dernière titubait sous le poids des nombreux livres qu'elle supportait avec peine. Elle sourit. Pour Sarra, la classe reposait entièrement sur l'esprit. Une femme devait savoir parler aussi bien politique, musique, quidditch ou cuisine. Quelques étagères plus loin, un groupe de serdaigles, comprenant Adam, étudiait studieusement. Adam, l'ayant aperçu, lui adressa un clin d'œil avant de replonger dans son grimoire. Elle sourit, elle adorait ce garçon. Le reste de la bibliothèque semblait désert. Elle remarqua néanmoins rapidement s'être trompée lorsque des chuchotements, semblant provenir de l'une des étagères derrière elle, lui parvinrent. Les personnes concernées n'avaient surement pas du la remarquer car quoi de plus stupide que de mener ce qui semblait être une discussion confidentielle près d'elle. Elle était sûrement la pire chose qui pourrait leur arriver si elle interceptait cette discussion. Amusée, et le plus discrètement possible, elle quitta sa chaise, cherchant à se rapprocher de la source de sa curiosité. Derrière une étagère, elle eut tout le loisir d'observer la crinière rousse de Lily Evans, devant elle se trouvait la personne que Calypso s'attendait sûrement le moins à voir en compagnie de la gryffondor. Les cheveux gras de Severus Rogue correspondaient parfaitement au contexte.

« C'est bien beau d'être jolie et coquette mais tu vois, ça ne suffit pas. Tu compte faire quoi après Poudlard ? Et pitié ne me réponds pas : me marier, arrêter les études et fonder une famille.

- J'aurais aimé devenir médicomage.

- Aurais aimé ?

- Oui. Mais tu sais bien qu'avec la guerre, ma famille et le Maître verront ça comme une trahison.

- J'avoue que si ton but est d'être dans les bonnes grâces du Seigneur des Ténèbres, soigner l'ennemi n'est pas l'idéal. Et puis s'il prend le dessus et qu'il a un soupçon de jugeote, la première chose censée que feront sûrement ses disciples sera de tuer les médicomages qui ne sont pas à son service. et détruire . Du moins c'est ce que j'aurais fait dans pareille situation. »

Elle parlait d'un ton badin, comme les gens normaux évoquent la pluie et le beau temps. Néanmoins, elle reprit plus sérieusement et en collant un livre de plus dans les bras de la jeune blonde qui titubait maintenant sous le poids des ouvrages auxquels elle s'agrippait fermement. Sûrement morte de peur de risquer de contrarier la septième année en laissant malencontreusement tomber l'un de ces livres :

« Il est simplement hors de question que tu renonce à ton rêve sous prétexte que papa ne sera pas content. Alors prend ce livre aussi, tu feras tes études de médicomagie de grés ou de force, crois moi. Et puis, une fois ton diplôme en poche, tu pourras prendre ta décision finale.

- Tu crois sincèrement que j'ai besoin de lire tout ça pour vendredi prochain ?

- Non, bien sûr que non, prends une table, je vais t'expliquer.

Elles s'installèrent.

- Bon alors, ce petit guide, c'est pour tes examens de la semaine prochaine. Ce bouquin est une petite merveille qui va t'aider et à organiser tes révisions, de dernière minute je présume, et à ne pas perdre ton sang froid durant cette période.

- Très bien, je prends.

- Ensuite, « Médicomages, ces sorciers à qui l'on doit tout » c'est pour te mettre dans le bain et peut-être concrétiser tes ambitions. Et prends également un livre moldu, j'avoue que notre bibliothèque ne présente pas excessivement de choix en littérature moldue mais j'ai tout de même pu dénicher quelques petites merveilles. Qu'est ce que tu préfères lire ? L'histoire d'un salop arriviste et très séduisant qui va manipuler les femmes pour arriver au pouvoir, ou la déchéance d'une femme qui va tout sacrifier pour sauver l'homme qu'elle aime. Il y a également l'histoire d'une prostituée, enfin plutôt d'une courtisane.

- Le salaud arriviste.

- Pourquoi est ce que ça ne m'étonne pas ?

- Peut-être parce que tu es également à Serpentard ?

- Sûrement. Ah, je t'ai également trouvé un livre pour ton contrôle de métamorphose. Et comme tu aimes les mauvais garçons, prend aussi « Les Liaisons Dangereuses » de Laclos, un de mes livres préférés, tu vas te régaler. A croire que tous les auteurs classiques sont passés par Serpentard. »


« Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus te voir, qu'est ce qui te prend ?

- Lily j'ai besoin de ton aide.

- Oh tiens, maintenant que tu as besoin de moi, je deviens Lily et plus la sang-de-bourbe.

- Je t'ai déjà dit que j'étais désolé. J'étais jeune et immature, les mots m'ont échappé. Tu sais très bien que je ne le pensais pas.

- Les mots t'ont échappé ? Ils t'ont échappé ? Cinq fois de suite ? Je croyais qu'on était amis !

- Amis ? Cracha Severus, c'est pour cela que tu n'as pas hésité une seule seconde à te jeter dans les bras de Potter.

Et même si Calypso ne comprenait pas réellement la logique de Rogue, elle n'avait aucun mal à comprendre sa répugnance vis-à-vis de Potter. Ce qu'elle ne saisissait pas, par contre, c'est ce que Rogue et Evans faisaient ensembles. Depuis quand étaient-ils amis ? Et depuis quand ne l'étaient-ils plus. Et pourquoi au nom de Merlin, Rogue observait Lily de manière si… si… mièvre ?

- Je ne vois pas quel est le rapport avec James, répondit froidement Evans.

- James, marmonna Rogue, comme pour lui-même, bien sûr maintenant il se fait appeler par son prénom. Il n'est pas pour toi Lily.

- Ca ne te regarde pas.

Oh pitié, « James » ? Depuis quand est ce qu'Evans appelait Potter « James ». Et ses yeux à elle aussi… immondes. Ecœurée, Calypso retourna à sa table. Alors comme ça, Rogue aimait Evans, qui elle aimait Potter qui lui aimait Evans mais détestait Rogue, qui le détestait tout autant bien évidemment. Cela lui rappelait étrangement une série mexicaine que la vieille Dorota adorait.

Elle n'arrivait pas à croire la chance qu'elle avait eu de tomber sur cette conversation. Non seulement, elle allait pouvoir montrer à Dumbledore qu'elle n'avait pas oublié sa mission, et l'obliger par la même occasion à leur accorder une sortie supplémentaire à Pré-au-Lard. Mais elle pourrait également se servir de ce qu'elle aurait « récolté » pour appâter Potter. Le rendre reconnaissant pour se servir de lui par la suite. Merlin qu'elle adorait ce genre de situation.


« Miss Chrysler, échanger les plaquettes ne vous servira à rien. Vous remarquerez que les noms s'effacent et donc que vous n'êtes pas plus avancée qu'il y a de cela cinq minutes, ricana Mr. Artz tandis que Calypso Chrysler se laissait tomber sur sa chaise en soupirant bruyamment, l'air boudeuse.

L'ensemble des tables occupant la salle de cours de l'arrogant professeur étaient maintenant pourvues de plaquettes indiquant le nom des élèves. Formant ainsi un binôme par table. Et quel binôme ! Des groupes mixtes, aussi bien au niveau des sexes que des maisons avaient étéprévus. Ainsi, pour n'en citer que quelques uns, Calypso se retrouvait avec Sirius Black, Narcissa avait hérité de Peter Pettigrow et Severus Rogue de Lily Evans. Seul un groupe avait échappé à cette règle : Lucius et Bellatrix. Ce qui était d'après Calypso le choix le plus judicieux qu'aurait pu faire leur professeur puisque caser les deux « erreurs » ensemble était le meilleur moyen d'en éviter une troisième. Calypso jeta un regard sur le reste de la classe histoire de s'informer sur le sort de ses plus proches amies qu'elle espérait moins malheureux que le sien. Quelques rangées en arrière, Sarra observait fixement Lupin qui, mal à l'aise, ne pouvait s'empêcher de gigoter en tout sens. Calypso ne put s'empêcher d'éclater de rire en découvrant ce qui se passait à la table avoisinant celle de son amie. Victoria, sous l'œil offusqué du gryffondor à ses côtés, déboutonnait très lentement le haut de sa chemise.

« Miss McLogan, intervint Artz sèchement, pouvez vous m'expliquer ce que vous êtes entrain de faire ?

- Je fais plus amplement connaissance avec l'abruti que vus m'avez assignée comme binôme monsieur, répondit Vicky, le plus naturellement du monde.

- Je ne vois pas exactement en quoi découvrir la couleur de votre soutien-gorge ou la taille de votre bonnet aidera Mr. Misler a mieux comprendre ce cours. Alors ne soyez pas vulgaire et rhabillez vous.

- Non.

- Pardon ?

- La première chose que m'a dite en s'asseyant à mes côtés, était qu'il n'avait pas de temps à perdre avec une salope stupide, excusez mon langage, de mon genre. Alors comme je suis bonne et généreuse, j'ai décidé de ne pas contredire mon nouvel ami et d'au contraire lui montrer, avec toute la bonne volonté dont je dispose, à quel point une traînée dans mon genre peut être stupide, débita Victoria, le ton ferme, et défiant le professeur du regard. Oups, rajouta t elle quelque secondes plus tard en faisant malencontreusement et assez violemment tomber une pile de livres sur les parties intimes de son voisin. Je suis sincèrement désolée, c'est fou ce que je peux être maladroite, rajouta-t-elle tout en lui cognant, accidentellement bien sûr, le visage alors qu'elle se penchait pour ramasser ses bouquins.

- Vous savez quoi, l'interrompit Artz, je m'en fiche en fait. Récupérez vos affaires, rendez vous présentable et taisez vous en attendant de trouver un meilleur moyen de montrer à votre voisin à quel point vous le trouvez stupide et insipide. Car je doute que la ruée de coups à laquelle il a eu droit jusqu'à présent ait un quelconque effet sur l'amour qu'il se porte à lui-même.

- Êtes-vous entrain de m'insulter ? le coupa Misler, guindé comme jamais. Car je vous préviens, mon père est le ministre de l'éducation et il m'a souvent assuré que d'après une loi en vigueur qu'il a lui-même mise en application, il est tout bonnement interdit pour les professeurs de manquer de respect aux élèves sous peine de…

- Vous voyez où je voulais en venir, l'interrompit Joshua en fixant Victoria. Trouvez un meilleur moyen d'arriver à vos fins, et cessez d'interrompre mon cours pour des enfantillages. Bien, reprit Artz, maintenant que tout le monde a rejoint sa place, mon cours va enfin pouvoir commencer ! »

Ainsi, les élèves sachant qu'il n'était pas souhaitable pour leur bien être physique et moral d'irriter leur professeur, le brouhaha s'estompa instantanément pour laisser place à un silence respectueux.

« Le thème que nous allons aborder aujourd'hui, et jusqu'au vacances de noël, est le travail des aurors. Deux d'entre eux ont eu l'obligeance d'accepter de m'aider à donner ce cours, ils ne vont d'ailleurs pas tarder à arriver. »

Merlin, je le veux, là, maintenant, tout de suite. C

« Black, je t'interdis de lire par-dessus mon épaule.

- C'est moi qui te fait autant d'effets, sourit il goguenard.

- Evidemment, dans une autre vie !

Il se renfrogna boudeur et ajouta :

- Remus alors ? Pitié ne me dis pas que tu parles du bellâtre qui se prétend auror ?

- Jaloux qu'il soit plus beau que toi, rétorqua-t-elle amusée.

- Même pas en rêve, renchérit-il boudeur. »

Elle fit disparaître le bout de papier qui se trouvait devant elle d'un coup de baguette magique avant de relever la tête et d'adresser un sourire éblouissant au nouvel arrivant.

Quelques minutes plus tôt, les deux aurors avaient en effet fait leur entrée. Calypso n'avait pas parfaitement retenu leur nom, occupée qu'elle était à apprécier la vue que lui offrait le plus jeune des deux. Il était évident que Mère Nature s'était montré excessivement généreuse à son égard. Ses cheveux lisses et noirs corbeaux retombaient négligemment devant ses yeux d'un bleu très pâle, presque turquoise. Une barbe naissante, un teint légèrement hâlé, des lèvres fines et un corps à damner un saint venaient compléter ce si charmant tableau. En quelques secondes, il avait déjà séduit la majorité des filles de la classe.

C du calme tu veux. J'avoue qu'il n'est pas si mal, mais ça serait franchement gênant si tu lui sautais dessus ou le draguais en classe. Pitié, ne fais rien. S

Fonce ! P.S : Je déteste Artz. V

« A ton avis, qui j'écoute ? La blonde nymphomane à l'origine de tous les problèmes que j'ai pu avoir ces sept dernières années ou l'amie fidèle, intelligente et raisonnable qui a toujours été là pour résoudre les problèmes en questions ? Lança Calypso à son voisin de table après avoir lu les mots de ses amies.

- La blonde nymphomane à l'origine de tous tes problèmes bien évidemment, soupira Sirius, presque ennuyé. Et dire que tu hésites !

- J'avoue que c'était idiot de ma part, lui concéda Calypso, le sourire aux lèvres. »

Le vieil auror interrompa leurs messes basses :

« Je suppose que beaucoup d'entre vous rêvent de devenir auror…

- Même pas en rêve, l'interrompit Lucius, crachant son venin et laissant clairement entrevoir tout le mépris qu'il ressentait pour les deux professionnels.

- Inutile de nous le préciser Malefoy, ajouta Potter. Tout le monde sait que tu veux devenir mangemort pour mieux pouvoir te traîner aux pieds de Voldemort.

- Comment oses tu parler du Maître de cette façon, hurla Bellatrix à l'encontre de James.

- Mr Artz Mr Artz, enchaîna Victoria moqueuse, quand plus tôt vous avez dit : prenez des notes, et ce que ça veut dire que je dois retranscrire cet échange ?

- Mr l'auror, est ce que votre physique vous a aidé à décrocher votre job ? Renchérit Calypso, et surtout, est ce que vous êtes célibataire ?

- Pfff ils se croient tout permis c'est serpentards, rouspéta Misler. Et voilà que l'autre vipère se met à draguer le prof.

- Moi aussi je t'emmerde mon chou, lui répondit Calypso sèchement. Et je ne le drague pas. Si je le draguais, j'aurais commencé par lui dire que la première chose qui m'est venue à l'esprit en le regardant consistait en une activité qui ne nécessite que très peu, ou même pas du tout, de vêtements. Selon les préférences de chacun.

- Et toujours selon les préférences de chacun, un ou plusieurs accessoires moldus incroyablement stimulant, renchérit Sirius.

- Mr Black, le rabroua Joshua qui arrivait à bout de patience, votre vie sexuelle n'a absolument rien à voir avec notre cours d'aujourd'hui.

- Qui a parlé de sexe ? Reprit Vicky de sa voix la plus innocente.

- C'est vrai ça, avança Calypso, vous avez l'esprit vraiment mal tourné professeur ! Je parlais de quidditch, en été. Certains le pratiquent en maillot de bain vous savez ?

- Oui, enchaîna Vicky, avec des accessoires moldus comme des boussoles ou des casquettes.

- Evidemment, vous parliez de quidditch, fulmina le professeur, mais où donc avais-je la tête.

- Ca arrive à tout le monde professeur, le rassura Sirius réprimant difficilement son fou rire, ne vous inquiétez pas.

- Qu'est je donc fais pour mériter une classe d'abrutis pareils, murmura Joshua, mais pas aussi discrètement qu'il l'aurait voulu malheureusement.

- Je vous rappelle monsieur que les offenses et insultes en tout genre à l'encontre des… commença Misler avant d'être interrompu par le sort de silence que sa voisine de table lui avait lancé, lasse qu'elle était de ses monologues interminables.

- Merci Miss McLogan, enfin une élève studieuse et responsable, dix points pour serpentards, s'écria Joshua Artz, rassuré sous les yeux effarés de l'ensemble de la classe. Le cours va ENFIN pouvoir commencer. Monsieur Larner, veuillez reprendre votre exposé s'il vous plait. Ah et j'oubliais, à la première intervention stupide, une retenue pour l'intervenant. Ai-je bien été clair ?

- Parfaitement, sourit Victoria, ça aussi je dois le prendre en notes ?

- Vous vous foutez de moi, s'étrangla Joshua sous les fous rires du reste de la classe. »