Chapitre 43 Deuxième partie d'une prophétie

Le jour du 25 décembre, alors que noël était enfin arrivé, Morgan eut enfin l'autorisation de rentrer à Poudlard. Par sécurité, les infirmiers de St Mangouste l'avaient gardé en surveillance, mais ils ne descellèrent aucune autre anomalie physique ou mentale. C'est donc avec une impatience maladive que Tom Jedusor attendait, cet après midi là, le retour de son frère adoptif. Pendant les jours qui avaient précédés l'entretien de Dumbledore, le jeune garçon avait évité tout contact avec le professeur de Métamorphose, préférant ne pas envenimer les choses et se faire oublier jusqu'au 31 décembre, date de la Possession Bestiale. Le matin même, il avait reçu, de la part de leur petite bande, une petite série de cadeau, Morgan n'avait pas été oublié cependant, notamment par Walburga Travers.

Alors qu'il s'occupait à la lecture d'un livre, il vit enfin, de la fenêtre de la bibliothèque, la silhouette reconnaissable de Morgan. Il rejeta le grimoire brusquement et rejoignit le voyageur du futur aussi vite que possible.

- Bienvenue à la maison, Morgan ! le salua t'il en l'étreignant.

- Merci Tom, dit il en lui rendant son étreinte. C'est bon de revenir enfin.

- Poudlard est trop vide sans toi et ta constante maladresse.

- C'est un compliment ? demanda Morgan, soupçonneux.

- A ton avis, ricana l'Héritier de Serpentard.

Un sourire chaleureux apparu sur les lèvres de Morgan, décidemment son frère ne changeait pas, mais il n'aurait voulu le contraire pour rien au monde.

- Morgan, vous revoilà enfin s'exclama soulagé une voix derrière eux.

- Bonjour, professeur Dumbledore salua Morgan.

- Professeur, répondit froidement Tom à son tour, qui n'avait toujours pas digéré les réprimandes de la dernière fois.

- J'ai prévenu les Elfes de Maison qu'ils vous préparent de quoi manger, vous devez être affamé.

- Euh oui, merci beaucoup Monsieur.

Satisfait, celui-ci retourna au château, laissant les deux frères se retrouver. Perplexe devant le regard haineux que lançait Tom au plus vieux Sorcier, Morgan demanda :

- Qu'est ce qui s'est passé avec Mêle Tout Dumbledore ?

- Comme d'habitude, il fourre son nez là il ne faut pas cracha t'il. Il n'a pas aimé que je demande de l'aide à Travers pour faire condamner Beery, alors il m'a ordonné de ne pas recommencer.

- Comme si on pouvait t'empêcher de faire ce que tu veux soupira Morgan.

- Exactement renifla le garçon d'un air supérieur. S'il croit que je vais lui obéir, il se trompe.

- A part ça, comment va Shad ? Tu as pensé à lui donner ses croquettes pendant mon absence ?

Tom se mit à pâlir, il avait complètement oublié le chat noir de son ami.

- Euh… oui. Mais je crois qu'il s'est surtout régalé avec les souries du château.

- Tu l'as oublié ? protesta Morgan.

- Non !... enfin si. Mais il est vivant… je crois.

- Tom ! Espèce d'ami indigne !

Il ponctua ses derniers mots en façonnant une boule de neige et l'envoya sur son frère de toutes ses forces. Celui l'évita de justesse et se pencha à son tour pour contre attaqué. Ainsi, sous l'œil amusé du professeur Dumbledore qui observé les deux enfants depuis sa fenêtre, on put les voir s'affronter et entendre leurs rires et protestations, heureux d'être enfin réuni. Ensemble.


Assis dans une cellule glacée dans le grand bâtiment réservé aux Aurors, Herbert Beery attendait, mal à l'aise, désespéré, son interrogatoire en compagnie des membres du Magenmagot. Il ne savait pas comment il allait s'en sortir mais il savait déjà qu'il était condamné. Tandis qu'il se rongeait les ongles d'angoisse, un homme de taille moyenne s'approcha de lui, l'air désolé.

- Bonjour Mr Beery, vous me reconnaissez ?

- Vous êtes… Stanislas Aymeroc, un de mes anciens élèves dit le professeur.

- Oui, c'est Albus Dumbledore qui m'a chargé de vous aider.

- Vraiment ? Vous… vous allez me sortir d'ici ? demanda t'il plein d'espoir.

- Malheureusement non. Tout ce que je peux faire, c'est alléger quelque peu votre peine.

- Ce n'est déjà pas mal murmura le prisonnier faiblement.

- Je suis chargé de votre défense, vous allez devoir tout me raconter, dans les moindres détails. Plus j'en saurai et plus je pourrai plaidoyer en votre faveur.

- Je comprends.

- Allez y, décrivez moi toute l'histoire et n'hésitez pas sur les détails.

Sentant qu'un peu de chance se tournait vers lui, l'ancien professeur de botanique s'exécuta de bonne grâce. Il savait qu'il ne serait plus isolé, son collègue de Métamorphose était derrière lui. Il pouvait lui faire confiance.


- C'est une plaisanterie !

- Hélas non, Seigneur Grindelwald. Aymeroc vient d'être chargé de la défense de Beery.

- Qui l'a décidé ? gronda le mage noir, de fort mauvaise humeur.

- Dumbledore.

- Evidemment, encore et toujours lui. J'aurais dû m'en douter.

- Que dois-je faire, maitre ?

- Débrouilles-toi pour que Beery tombe, Ambrius. Je me moque de la façon dont tu t'y prendras, mais je veux voir mon fils vengé.

- Il en sera fait selon vos ordres.

Sur ces mots, le père de Walburga transplana hors du manoir Allemand où était réfugié Gellert Grindelwald. Le sorcier aux cheveux blond bouclés, confortablement installé sur un fauteuil de cuir noir, regardait les flammes danser dans une haute cheminée de marbre, en proie à de vive réflexion. Son ancien amant était décidemment l'homme le plus fouineur qu'il lui était donné de voir, il comprenait mieux pourquoi Morgan et Jedusor prenaient un malin plaisir à le surnommer Mêle Tout. Ne pouvait il donc pas se contenter de rester dans son coin sans lui gâcher le moindre de ses plans ?

- Ne m'obliges pas à sévir, Albus cracha l'homme à voix haute. Si tu tentes quoi que se soit, je n'aurai cette fois plus aucune pitié.

- Père, à qui parlez vous ? demanda une petite voix d'enfant intimidé.

- A personne, Fenrir. Retournes t'amuser dehors, je n'ai pas de temps à te consacrer.

Sentant la colère de son père, Fenrir quitta la pièce sans attendre, peu enclin à se faire punir. Depuis quelques temps, l'homme semblait déçu de lui, il le voyait dans ses yeux, dans ses gestes, dans sa façon de parler. La crainte qu'il l'abandonne comme l'avait fait sa meute lui faisait peur, vers qui se tournerait-il ? Qui voudrait de lui ? Il ne savait même pas comment se faire des amis. Il était seul.

- S'il vous plait, supplia-t-il en regardant les nuages. Aidez-moi.


Les jours suivant noël et le nouvel an passèrent à une vitesse affolante. Morgan et Tom avaient passé leur temps à se concentrer sur une tache essentiel : découvrir leurs animagus grâce à la Possession Bestial. Chaque jour, ils étaient de plus en plus déterminés, malgré Dumbledore qui les surveillait, malgré les risques de ne jamais redevenir complètement humain. Ils voulaient savoir, avide de curiosité, réfutant la prudence et la mise en garde de Grindelwald. Ils étaient confiant… trop peut être.

Le soir du 31 décembre, les deux élèves s'étaient rendus à la Grande Salle pour festoyer en l'honneur de la nouvelle année à venir. Seulement, l'ambiance était loin d'être gaie : l'arrestation de Beery et le risque de voir Poudlard fermé définitivement avaient ruiné la bonne humeur d'habitude si présente dans l'immense château écossais. Morgan avait mangé sans vraiment d'appétit et Tom était pressé de quitter la pièce qui lui rappelait trop la froideur de son orphelinat. Ils partirent donc sans finir leur plat principal, sous l'œil désolé des enseignants qui comprenaient leurs erreurs mais qui ne parvenaient malheureusement pas à sourire. Au moins, les deux jeunes sorciers avaient un prétexte pour s'éloigner sans attirer les soupçons.

Vers 22h30, ils enfilèrent leurs plus chauds vêtements, n'oubliant pas les potions utiles à la transformation, puis se rendirent le plus discrètement possible à l'entrée de la Forêt Interdite. Tom ne voulait pas utiliser la Possession au château, c'était un moyen trop rapide de se faire remarquer ou attaquer, voila pourquoi les bois sinistres et inquiétants entourant l'école étaient plus adaptés à leur dangereuse escapade. D'un regard peu rassuré, Morgan examinait l'orée des perpétuels taillis, se demandant s'il n'était pas en train de commettre la pire des bêtises.

- Tu veux renoncer ? demanda Tom, posté à côté de lui.

- … non, j'ai décidé de le faire et je ne reculerais pas.

D'un mouvement de tête approbateur, le descendant de Serpentard lui tendit une fiole contenant un liquide couleur grisâtre, promesse d'une délicieuse folie à venir.

- Nous allons nous séparer, déclara Tom. Nous irons chacun de notre coté, le plus loin possible de l'autre. Quand nous boirons la potion, nous n'aurons plus aucun souvenir de notre humanité, nous ne serons que des bêtes dépourvu d'intelligence mais doté d'instinct différent. J'ignore ce qui se passera, mais quoi qu'il arrive, notre secret ne devra jamais être dévoilé.

- Jamais, confirma Morgan.

Ils se regardèrent pendant quelques minutes, yeux dans les yeux, le même sourire complice sur les lèvres, confiant l'un envers l'autre.

- Je viendrai te chercher si tu ne reviens pas de cette aventure, promis Tom. Je ne te laisserai pas rester un animal.

- Je t'attendrai, rassura Morgan.

- Prends ça dit il en sortant de sa poche le collier d'opale. Même transformé nous ne pourrons pas l'enlever, je te reconnaitrai donc à coup sûr.

- Compris.

Ils se regardèrent une dernière fois, puis se dispersèrent le plus loin possible, s'isolant au plus profond des arbres lugubres. Quand Morgan se jugea suffisamment éloigné, il attendit que la cloche de Poudlard résonnent 23h avant de boire la répugnante mixture. Pendant quelques secondes, il hésita, regardant le flacon de verre avec une légère angoisse, puis il retira le bouchon de liège et avala son contenu d'un seul coup. Le gout était si infect qu'il dut se retenir de vomir, toussant avec force, les yeux imbibaient de larmes face au dégout. Au début, rien ne se passa, comme si l'écœurant mélange n'avait d'autre effet que de rendre malade quiconque l'ingurgité, mais ensuite le jeune sorcier ressentit de fort picotement sur tout le corps. Les frissons s'intensifièrent d'avantage, augmentant son inquiétude, et la suite ne fut plus qu'un long moment de douleur. Morgan poussa des gémissements plaintifs, priant pour que le mal cesse au plus vite… cependant sa raison disparut rapidement et ses sensations, si propres aux êtres humains, le quittèrent pour faire place à des râles animal et sauvage. Morgan venait de disparaitre, faisant place à une créature qui ne ressentait plus qu'une chose : la survie.

De son côté, Tom Jedusor n'était pas mieux. Son intelligence si redoutable n'était plus qu'un lointain souvenir, il goutait aux sens nouveaux que son animagus lui donné, se fiant à son intuition, ses pulsions. Un désir le poussait à s'éloigner, à laisser derrière lui son humanité, un attrait trop puissant pour y résister… celui de la faim.

La forêt interdite accueillait en son sein, cette nuit du 31 décembre, deux animaux qui n'y avaient pas leur place, deux bêtes meurtrières qui se distinguaient par deux colliers d'opale. Deux animagus dont l'assurance de redevenir humain n'était plus certaine.

Deux vies prisent entre les mains perfides du destin.


Stanislas Aymeroc, toujours installé derrière son bureau de travail malgré la fête familiale qui l'attendait depuis plusieurs heures, relisait pour la centième fois le témoignage complet de Beery qu'il avait obtenu au quartier des Aurors. Il cherchait des arguments, des preuves pouvant amoindrir sa faute, mais son crime était lourd : mise en danger de la vie d'autrui, blessures grave sur un sorcier de moins de 17 ans, et abus de confiance. Rien qu'un seul de ses éléments le condamnait déjà à plusieurs années d'Azkaban, sans compter la pression de la Gazette du Sorcier qui s'adonnait à cœur joie pour démontrer son incompétence. Le Magenmagot voulait que cette affaire soit bouclée au plus vite, le jugeant déjà coupable bien avant que le procès n'est eu lieu. Ce n'était pas juste et morale, mais la guerre avec Grindelwald n'arrangeait rien. Il fallait un responsable, un homme sur qui on pourrait déverser la rancœur et la colère. Beery était tout désigné, il était la marionnette parfaite.

Fatigué par ces relectures incessantes, il décida de faire une pose et sortit prendre l'air. Marchant dans les couloirs déserts du Ministère de la Magie, ses pas résonnaient de façon angoissante contre les murs, ignorant le sentiment de solitude dans ce trop grand dédale de passages incessants. Arrivé devant l'ascenseur qui le remontrait brutalement à la surface, il attendit patiemment que la cage élévatrice vienne à lui… et quand celle-ci arriva enfin, elle s'ouvrit sur un homme à la baguette déjà tendu. Avant que Stanislas comprenne ce qui se passe, un Avada Kedavra le faucha, et son corps, sans vie, tomba sur le sol froid. L'homme de loi emportait dans sa tombe le visage de son assassin, ainsi que la dernière défense d'un professeur victime de la vengeance d'un enfant nommé Tom Jedusor.

Quinze minutes plus tard, sous le vent glacial d'hiver Londonien, Ambrius Travers rentrait chez lui, le bras gauche portant le dossier d'Herbert Beery.


La nuit s'avançait tranquillement et bientôt l'année allait s'éteindre afin de faire place à la suivante c'était un cycle sans fin qui existait depuis des siècles, invention de l'homme pour dompter quelque peu le fil du temps et des saisons. Loin de se préoccuper de tous ces détails devenu insignifiant pour lui, Morgan Eliacin, toujours prisonnier dans sa nouvelle peau, tentait maladroitement de répondre à ses besoins instinctifs. Il cherchait un abri pour se reposer mais ressentait avant tout le gout de la traque. La faim lui tiraillait l'estomac, il lui fallait une proie, peu importe laquelle. Il savait ce qu'il devait faire, c'était inné, seul manquait sa victime. Il ne se pressait pas, il s'accordait avec la nature qui se trouvait devant lui afin qu'elle tourne à son avantage. Et peu après, elle fini par lui faire don de ses envies : sous l'œil avide de la bête, une licorne s'approchait d'une source, sans ressentir le danger qui la guettait. Le plus silencieusement possible, se faufilant entre les arbres, Morgan s'approchait de la magnifique créature innocente, épiant le bon moment pour la tuer et s'en repaître.

Il voulait l'abattre maintenant, déchirer sa gorge, sentir l'excitation, qui ne cessait de grandir, s'apaiser enfin, mais ses sens lui imposait la patience. Il s'approcha encore, toujours plus silencieusement. Tandis qu'elle s'abreuvait, l'équidé blanc, symbole de pureté, releva sa tête et sentit l'odeur de la mort. Elle comprit et se sauva. Morgan la prit en chasse, faisant fit de la discrétion, la suivant sans pitié. Ils s'enfonçaient tous deux un peu plus dans les noirceurs, trop énervaient pour ressentir les dangers. Sa constitution l'ayant dotée d'une plus grande rapidité, Morgan fini par rattraper et acculer sa proie. La licorne se mit à hennir sous la blessure que venait de lui infliger le prédateur, apeurée par l'odeur de son sang et des désirs affamés de son bourreau. Pourtant, quand l'hémoglobine s'infiltra dans les crocs du sorcier, la magie qui s'y trouvait le fit souffrir et reculer. Morgan venait de ressentir l'interdit, sa victime ne devait pas être tué, son instinct le lui interdisait. Il s'enfuit, laissant la licorne blessé loin de ses pulsions sauvage. Quand il eut suffisamment couru, il enfuit sa gueule dans la neige afin d'enlever le sang qui le révulsait, laissant sa faim protester. Une fois propre, l'animal se calma et n'eut pas d'autre choix que de se trouver une nouvelle prise s'il voulait calmer son estomac.

La cloche de Poudlard était en train de sonner 23h30.


Tom cherchait de la chaleur. Le froid, si désagréable, l'empêchait de chasser correctement. Il n'était pas dans son élément. Il ne souhaitait pas non plus n'importe quelle proie : il en voulait une à la hauteur de son appétit, qu'il pourrait déguster tout à son aise. Il avait déjà avalé des rongeurs et d'autres animaux tout aussi minuscules mais il ne fut pas rassasié pour autant. Il s'était donc confortablement installé, camouflé, prêt à se jeter sur son futur repas. Il patientait tranquillement, l'œil aux aguets. Il attendait sans pitié.

La lourde cloche afficha 23h40.


Morgan s'était remis en route, il était fatigué à cause de sa précédente course, mais refusa tout net d'abandonner. Il s'était insinué toujours plus profondément jusqu'à arriver sur un chemin glacé. En humant un peu le vent, il ressentit l'odeur du sang ainsi que celui de la chair fraichement découpé. Attiré, poussé par ce doux parfum qui lui titillait les narines, il s'engouffra dans le renfoncement de bois humide. De peur qu'un ennemi n'y soit déjà, il y allait avec la plus grande précaution. Sans reculer, toujours séduit, il ne se rendit pas compte, qu'à l'instant même, le piège venait de se refermer sur lui.

Les rôles venaient de s'inverser, il n'était plus le traqueur.


Tom l'avait senti venir, les vibrations de la terre l'avaient averti, son diner venait d'arriver. Il le vit venir, se régalant déjà du combat qui s'en découlerait inévitablement. Cette pitance serait bien suffisante pour les jours à venir et pourrait ensuite se réfugier dans un endroit plus chaud.


Parvenu à l'endroit où émanée la senteur si douce et amer à la fois, Morgan découvrit des restes de cadavres de petits animaux, dont la chair encore chaude et sanglante souillait la terre blanche. Sans réfléchir, il passa sa langue dessus et commença à mastiquer, dans un répugnant bruit de craquement osseux, sa petite découverte. Trop concentré sur sa tache, il ne remarqua pas la dangereuse avancée de la créature, et ce n'est qu'à la dernière minute qu'il y posa son regard d'émeraude… beaucoup trop tard. Son corps était maintenant ligoté par une puissante masse de muscle qui semblait vouloir l'étouffer.

Paniqué, il se débâtit furieusement, rassemblant toute ses forces afin de se dégager, il mordit, griffa la chose visqueuse et froide dans un cri aigu. Son ennemi, tout aussi violent, sifflait de rage et de douleur, resserrant un peu plus, à chaque coup de griffe, son étau mortel.

Et devant cet impitoyable combat, un esprit revenu de l'au-delà les regardait tranquillement, ricanant dans un souffle glacial :

- Lorsque l'année mourra et renaitra, le serpent t'étouffera. Je te l'avais dit, je t'avais prévenu.

A l'instant, minuit venait de résonner et la deuxième partie de la prophétie venait de se réaliser.


Albus Dumbledore buvait, devant sa cheminée, un petit verre d'alcool moldu que sa collègue venait de lui offrir, sans se douter des événements graves qui se déroulaient prés du château, ignorant encore le meurtre du magistrat à qui il avait expressément demandé de l'aide. En cette nouvelle année, il priait silencieusement la fin de ses conflits perpétuels, sachant pertinemment qu'il ne serait malgré tout pas exaucé. Il pensait à tous ces morts, tous ces sacrifices qui endeuillaient le monde sorcier.

Comment pouvait-on faire la fête pendant la guerre ? Il ne se sentait pas le cœur à rire ou s'amuser. Trop de responsabilités, trop de poids l'empêchaient de vivre paisiblement. L'avenir s'annonçait sombre.

Et les deux enfants, Tom et Morgan, quels destins se préparaient ils à construire ? Un monde de lumière ou un autre de Ténèbres ?

Tout à ses pensées, il se laissa bercer par le bruit du feu, et s'endormit, essayant de faire abstraction à toutes ses horreurs qui n'étaient, pourtant, pas encore terminé.


Quand Morgan se réveilla des profondes noirceurs qui l'avaient retenu prisonnier pendant quelques temps, la première chose qu'il ressentit fut l'assommante douleur qui lui martelait les muscles. Comme si une voiture lui avait passé dessus, il avait l'impression de ne plus avoir un seul os encore actif. Il respirait avec difficulté et n'arrivait pas à se relever correctement, les membres complètement engourdis. Parvenant cependant à s'asseoir, il remarqua enfin, complètement abasourdi, qu'il était entièrement nu et qu'il tremblait interminablement. Promenant ses yeux sur le sol afin de trouver de quoi se couvrir, il vit un superbe serpent de 8 à 10 mètres, à la couleur brun clair parsemait de losange ocre jaune et dont la tête, si petite, étalait trois fine bandes noires. Un reptile magnifique que Morgan reconnu facilement : un Python Réticulé. C'était un chasseur qui pouvait consommer de grande proie et dont la robe majestueuse faisait égale à celle de son célèbre cousin, le Python Royal. En le regardant de plus prés, Morgan comprit qu'il dormait. Alors qu'il tenta de s'en approcher, le vertébré se métamorphosa brutalement en être humain, aussi dénudé que ne l'était le jeune sorcier.

- Tom ? s'exclama Morgan. C'est toi ?

Ainsi, son ami d'enfance avait pour animagus un python... cela ne le surpris pas tellement, vu qu'il était le descendant de Salazar Serpentard, mais pourquoi était il couvert de griffes et de morsures multiples ? Inquiet, il examina les blessures et en découvrit une particulièrement profonde au niveau de l'abdomen.

Heureusement, le concerné ne tarda pas, lui aussi, à se réveiller et se sentit aussi mal que son frère.

- Qu'est ce qui s'est passé ? demanda t'il en claquant des dents.

- On a utilisé la Possession Bestial, tu t'en souviens ?

- Oui… pour notre animagus. Merlin ! Je n'en suis pas sûr mais… je… je crois que je t'ai attaqué.

- Pardon ? questionna Morgan, ébahi.

- J'avais cette sensation de faim, j'attendais pour me nourrir… et il y avait cette bête, comme une espèce de chat mais en plus gros… oui, c'est ça, c'est bien ça, je me suis jeté dessus, je l'ai serré aussi fort que possible et … plus rien.

- Alors… c'est moi qui t'es fait toute ces entailles ? Je suis un chat ?

- Non, pas un chat ordinaire. Tu étais bien un félin mais je ne parviens pas à mettre un nom dessus.

- On verra ça plus tard, il faut te soigner pour l'instant ! Tu as une griffure très profonde, il faut vite la guérir !

- Ca va aller, mais regardes toi aussi : je ne t'ai pas épargné, tu as des marques partout.

- Oui, tu as tenté de m'étouffer, mais je vais bien.

- Je suis…

- Un serpent, oui. Un Python Réticulé pour être plus précis.

- Oh, s'exclama Tom, l'air déçu. Je pensais être un Basilic.

- Heuresement pour moi que non, sinon tu m'aurais tué à coup sûr !

- Va plutôt retrouver mes vêtements, ils ne doivent pas être bien loin. Moi, je n'arrive pas à bouger.

- Je vais essayer.

Vacillant, il entreprit tant bien que mal de les récupérer, farfouillant entre les mottes de neige qui semblaient le congeler sur place et ne facilitaient pas sa prospection. Miraculeusement, il les vit enfin derrière un arbre, ainsi que la baguette magique de Tom en bois d'if. En soulevant la robe de sorcier, il sentit différentes autres potions et en reconnu une de guérison. Bénissant l'intelligence de Tom, il se précipita vers lui et la lui donna. Elle fit effet très vite et, bientôt, on put voir les blessures cicatriser.

D'un Accio, ils invoquèrent les affaires de Morgan, leur permettant enfin de se protéger du froid, puis se dépêchèrent de quitter les lieux. Se soutenant l'un l'autre, ils repensèrent à cette étrange aventure, se demandant s'ils devaient continuer à se transformer alors qu'ils avaient failli s'entretuer. En apercevant les tours de Poudlard, Morgan fut soulagé et c'est à ce moment que l'Héritier de Serpentard s'écria :

- Ca y est ! Je m'en rappelle maintenant ! Je sais quel est ton animagus.

- Pas un lion, rassures moi.

- Presque. Tu es un lion des montagnes, un Puma.

- Pourquoi faut-il toujours que je sois constamment comparé à un chat ? grommela Morgan qui en était fier néanmoins.

- Je te l'ai toujours dit, ricana Tom. Au moins, je ne me suis pas trompé.

Pour toute réponse, le voyageur du futur arbora un visage faussement boudeur, ce qui fit bien rire son ami. Pour eux, cette nouvelle année était signe d'opportunité.

- Encore une partie de la prophétie qui s'est exécuté, soupira finalement Morgan. Je me demande si je parviendrais à survivre jusqu'au bout.

- Que dit la troisième partie ?

- « Alors que le soleil réchauffera la terre, le loup te disséquera »

- Cette fois, je t'en fais la promesse, je ne la laisserai plus s'accomplir.

Mais au fond de lui, Tom se demanda s'il était vraiment possible de contrer ce genre de prédiction, aspirant à ce qu'aucune ne vienne un jour troubler son ascension.

(à suivre...)


Et voila enfin la suite ^^ je remercie tous les Revieweurs qui m'on laissaient des messages d'encouragement. J'espere que cela continuera a vous plaire.