Note de l'auteur : Voici le septième et dernier chapitre de cette fic. Comme vous allez peut-être vous en rendre compte, je passe très vite les trois années qui séparent le chapitre précédent de la fic qui suit, pour la bonne et simple raison que des flashs backs et d'autres explications seront donnés dans la fiction suivante. Cela sert donc simplement d'aperçu pour vous montrer comment les personnages ont évolué pendant ce laps de temps ainsi que certains indices sur la tournure de plusieurs événements essentiels...

En ce qui concerne la seconde fic, le premier chapitre devrait être publié ce soir, ou peut-être demain car il est déjà en cours d'écriture. Enjoy it!

Chapitre 7 : Inéluctable Destinée


- GRYFFONDOR !!!

Le verdict du choipeau magique fut accueilli par un tonnerre d'applaudissements de la part des rouge et or tandis que Leander Potter, Celui-Qui-A-Survécu, rejoignait leur table. De rares individus se contentèrent d'applaudir plus modérément, comme ce fut justement le cas d'un garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus.

Les quelques semaines passées en compagnie d'Antarès mais aussi de Fleur et Gabrielle avaient changé Neville. Il n'aurait pas su dire exactement quoi mais il savait qu'il n'était plus le même qu'au début des vacances. Le jeune Londubat regrettait néanmoins d'être séparé de ses amis, Fleur étant demeurée en France pour poursuivre son éducation à Beauxbâtons alors qu'Antarès se rendait à Durmstrang…

Mais surtout, c'était la joie et la fierté qu'il avait lu dans les yeux de sa grand-mère qui avaient affermi les nouvelles convictions du jeune Gryffondor. Il était prêt maintenant, prêt à se montrer à la hauteur de la mémoire de ses parents… et aussi, prêt à devenir plus fort pour mériter sa place aux côtés de celui qui était devenu son premier et meilleur ami.

Du sang vélane coulait dans les veines de la jeune Fleur Delacour, raison pour laquelle les garçons étaient attirés par elle comme un ours par un pot de miel. Néanmoins, elle s'était rendue compte qu'elle appréciait beaucoup moins leur attention qu'elle le faisait auparavant.

Antarès avait été son premier ami masculin à ne pas être sensible à ses charmes de vélane. C'était peut-être pour ça que son avis, aussi bien positif que négatif, en était venu à compter autant pour elle…

… mais d'un autre côté, elle avait conscience que ce n'était pas l'unique raison. Le jeune Black n'était âgé que de onze ans lorsqu'ils s'étaient quittés mais même à l'époque, elle avait toujours ressenti une affection particulière à son égard. Au départ, elle avait pris cela pour de l'amour fraternel, comme ce qu'elle ressentait pour Gabrielle mais avec le temps…

D'ailleurs, Gabrielle aussi semblait se languir de lui. Elle n'avait eu de cesse de demander à sa sœur de lui apprendre à écrire pour pouvoir correspondre avec Antarès. En fait, une grande majorité de ses camarades de classe avaient demandé de ses nouvelles, demandant ce qu'était advenu le « mignon », « adorable », « coquin » petit Antarès Black. Fleur n'était pas sûre si elle devait s'amuser ou s'irriter devant ce genre de comportement qu'au fond, elle comprenait…

Après tout, Antarès avait été l'un des rares garçons à intégrer Beauxbâtons. La plupart des vieilles familles préféraient envoyer leurs garçons à Durmstrang voire même en Amérique plutôt qu'à l'Ecole de Sorcellerie française. Serait-il resté deux ou trois ans de plus, il est probable que le jeune Black aurait brisé bien des cœurs… une pensée à laquelle elle ne préférait pas songer.

Jusqu'ici, le garçon avait maintenu une correspondance soutenue avec elle, lui envoyant environ une lettre par semaine. Il lui avait raconté son arrivée dans un pays particulièrement froid puis sa rencontre avec un certain Viktor Krum… un garçon en quatrième année et ayant donc trois ans de plus que lui.

D'après ses lettres, Krum s'était tout d'abord montré assez distant mais leur passion commune du Quidditch et du duel les avait rapprochés. Il parlait aussi d'une fille, une dénommée Alicia, d'un an son aînée avec laquelle il s'était lié d'amitié…

… et très franchement, la jeune Delacour espérait que cela ne reste que cela.


L'adolescent de douze ans enchaîna un nouveau looping, sous les exclamations stupéfaites des spectateurs et redressa juste à temps tandis que l'attrapeur adverse percutait violemment le sol. Remontant en chandelle, le garçon aux cheveux noirs repartit à toute vitesse vers l'autre partie du terrain, juste à temps pour attraper la petite balle dorée qui volait à quelques mètres de lui.

Une véritable ovation déchaîna le stade, tandis que le garçon redescendait vers le sol, le vif d'or fermement serré dans son poing. Sur place l'attendaient ses équipiers mais aussi deux autres personnes.

Le garçon portait lui aussi l'uniforme rouge et noir de l'équipe de Quidditch de Durmstrang mais il semblait sensiblement plus âgé. Il avait des cheveux et des yeux noirs, bien qu'en partie cachés sous d'épais sourcils. Grand et svelte, l'élève de cinquième année avait un bras en écharpe tandis qu'il s'approchait du garçon, un grand sourire aux lèvres.

- Antarrrès ! Tu ne cesserrras jamais de m'étonner ! Je pensais êtrrre le seul à savoirrr réussirrr aussi bien une feinte de Wrrronski!

- Viktor ! Je n'ai pas passé toute une année à t'aider à améliorer ton anglais pour t'entendre massacrer ma langue alors s'il te plait, fais un effort. Répondit Antarès d'un ton exaspéré.

- Comme tu voudras. Reprit-il, avec un accent nettement moins prononcé. Il n'empêche que tu es sans doute le meilleur attrapeur du pays, après moi bien sûr.

- Nous n'avons toujours pas déterminé qui était le meilleur. Rétorqua le garçon aux yeux verts d'une voix malicieuse.

- Vous n'avez pas bientôt fini, tous les deux ?!

Celle qui venait de prendre la parole était une adolescente d'environ treize ans, dont les longs cheveux châtains étaient attachés dans son dos par un ruban. Enveloppant Antarès dans une chaleureuse étreinte, qui fit légèrement rougir le jeune Black, elle déposa ensuite un baiser sur sa joue avant de lui faire un clin d'œil.

- Voici le prix promis au vainqueur. S'exclama-t-elle d'une voix malicieuse.

- Alicia… tu n'as rien de mieux à faire que de vouloir pervertir les garçons innocents ? Rétorqua-t-il, d'un ton amusé…

… qu'il regretta amèrement lorsqu'elle commença à déchaîner sur lui le maléfice cuisant dont elle avait le secret.


Ses robes en partie trempées en raison du lieu humide qu'il venait de visiter, l'adolescent laissa échapper un soupir de soulagement tandis que l'oiseau au plumage écarlate le reposait sur le sol, en compagnie de deux autres adolescents, tous deux inconscients, en plein milieu des toilettes du deuxième étage.

Le premier n'était autre que le célèbre Leander Potter, qui ne présentait que quelques égratignures sans gravité et semblait dormir paisiblement. Quant à l'autre, il s'agissait d'une fille aux longs cheveux roux, cadette des enfants Weasley et censée être l'hôte involontaire du journal de Lord Voldemort.

S'autorisant un instant de répit, il sortit de sa poche un petit miroir à double sens, qui révéla l'image d'un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux d'un noir d'encre et aux yeux tout aussi sombres qui arborait un air préoccupé.

- Tu n'as pas eu trop de difficultés, Neville ?

- Bah, plus que je ne l'aurais cru… mais bon, Severus m'a aidé à maintenir l'illusion donc ça a été. Leander n'y a vu que du feu, quant à Ginny… les faux souvenirs ont tous été implantés.

- Où est Severus d'ailleurs ?

- Il a préféré partir en premier pour pouvoir « découvrir la scène » avec les autres professeurs.

- Et l'épée de Gryffondor ?

- Elle est sortie du choipeau comme tu l'avais prévu… et je l'ai remplacée par la copie après que Leander ait perdu connaissance.

- Parfait. Le journal est-il dans l'état escompté ?

- Hm… je pense qu'il correspond bien à l'idée de « troué de part en part ». Rétorqua l'adolescent d'un ton cynique en brandissant le journal en question.

- Excellent. Tu peux prendre un peu de repos maintenant. Je te remercie infiniment pour ton aide, Neville.

- Ce n'est rien. Je sais qu'il est important de préserver les apparences… Bonne nuit, oncle Tom.

Et sur ce, le Gryffondor se glissa sous sa cape d'invisibilité et quitta la pièce sans un bruit, tandis que seulement quelques instants plus tard, les professeurs y faisaient irruption…


- Stupefix ! Impedimenta ! Diffindo !!

L'adolescent sauta, roulait et se jetait de tous côtés pour esquiver les rayons lumineux qui fonçaient dans sa direction et tout en réussissant à jeter ses propres sortilèges au passage. Agé de tout juste treize ans, le jeune Antarès faisait preuve d'une agilité impressionnante tandis qu'il parvenait à éviter les sortilèges de Bella mais sa précision était elle aussi pour le moins satisfaisante, manquant à chaque fois la mangemort de très peu…

Cela faisait près de trois heures que leur petit « duel d'entraînement » avait débuté mais aucun des deux ne voulait abandonner. Ils se réfrénaient d'utiliser des sortilèges trop dangereux l'un contre l'autre mais même les simples maléfices qu'ils lançaient parvenaient souvent à faire exploser une pierre ou créer un petit cratère au lieu de l'explosion.

Haletant, l'adolescent finit par prendre appui sur ses jambes avant de se projeter en l'air, amplifiant sa poussée avec un sort d'ascension. Se plaçant ainsi entre sa mère et le soleil, il commença à redescendre en fonçant sur elle, s'appuyant sur une variante d'un sortilège de lévitation avant de finalement braquer sa baguette à deux mains dans sa direction.

- EXPELLIARMUS !! Pensa-t-il de toutes ses forces.

Le sortilège de désarmement frappa la jeune femme de plein fouet, la faisant reculer alors que sa baguette volait jusqu'à la main du jeune Black. Ce dernier l'attrapa au vol mais n'eut pas la force de bien maîtriser sa chute, raison pour laquelle il s'effondra sur le sol comme un pantin désarticulé.

Respirant bruyamment, il mit quelques instants avant de pouvoir se redresser sur un coude et contempla sa main assise juste à côté de lui, un sourire flottant sur ses lèvres tandis que ses yeux noirs brillaient de fierté.

- Tu t'es vraiment amélioré, Antarès.

- Je suis d'accord. Je pense que tu es prêt à tester la magie noire en combat réel… avec moi bien sûr. S'exclama une nouvelle voix.

L'adolescent tourna la tête vers son père, qui se tenait appuyé contre le mur, un léger sourire éclairant son visage. Tom Jedusor avait longuement hésité avant d'accepter cette idée. Après tout, son fils était déjà un excellent duelliste et connaissait bien des sorts de magie noire… mais il s'était résigné à l'idée qu'il lui faudrait plus que ses talents naturels pour les utiliser efficacement en combat.

- Je te laisse le reste de la journée pour te reposer. Nous commencerons demain, à l'aube alors tâche d'être en forme. Lui déclara-t-il d'une voix solennelle, que démentissait la lueur malicieuse dans ses yeux.

Puis, ébouriffant une dernière fois les cheveux de son fils, Lord Voldemort s'en retourna vers son déchiffrage des prophéties, demeuré infructueux ces deux dernières années…


La rentrée venait de commencer et Fleur n'en revenait toujours pas de la vitesse à laquelle étaient passées les vacances d'été. Comme à chaque fois, Antarès semblait avoir grandi et ses connaissances paraissaient s'étendre de manière tout aussi exponentielle si elle en croyait la poupée en bois que le garçon avait créé pour Gabrielle à l'aide uniquement de runes.

Le garçon n'avait que treize ans mais il était déjà en sixième années d'études à Durmstrang, c'est-à-dire le même niveau qu'elle à Beauxbâtons mais avec sensiblement plus de matières. L'intérêt académique du jeune Black n'avait pas changé pendant toutes ces années et elle commençait presque à croire qu'il finirait par en savoir autant que l'oncle Tom en deux fois moins de temps…

Et étrangement, cela avait donné envie à la jeune Delacour de travailler encore plus dur que d'habitudes, demandant même à Mme Maxime de lui donner des leçons supplémentaires. Elle n'oublierait jamais le rire tonitruant de celle-ci lorsqu'elle lui avait fait sa requête ou plutôt lorsqu'elle lui avait expliqué les raisons de la dite requête, ses joues empourprées.

La directrice adjointe avait néanmoins accepté et Fleur avait commencé à s'entraîner à un rythme infernal. Négligeant les divertissements quelque peu… « futiles » auxquels elle s'adonnait habituellement, elle était ainsi devenue bien meilleure en duel et en métamorphose, tout en raffermissant sa maîtrise des sortilèges et de l'arithmancie.

Tout cela n'était bien sûr pas innocent. Elle avait une idée très précise de ce qu'elle voudrait faire l'été suivante, lorsqu'Antarès aurait fêté son quatorzième anniversaire… et cette fois-ci, elle comptait bien conquérir ce qui lui avait pour l'instant échappé.


- Neville ?! Souffla une voix féminine d'un ton effaré.

Une Hermione décontenancée observait le Gryffondor aux cheveux bruns s'atteler à détacher Buck dès l'instant même où le Ministre et le Directeur étaient entrés dans la cabane d'Hagrid. Neville avait toujours été discret et un peu maladroit, bien que ses notes se soient toujours avérées bien meilleures que celles de Ron et Leander, et pas si éloignées des siennes d'ailleurs.

Le jeune Londubat n'avait néanmoins jamais fait preuve d'un courage exceptionnel… et bien qu'il soit ami avec Hagrid, elle ne l'imaginait pas capable de risquer une expulsion voire un procès pour sauver un hippogriffe. Néanmoins, elle devait manifestement se tromper car l'adolescent venait effectivement de détacher la créature magique et l'emmenait avec lui dans la forêt.

Ayant laissé à Leander la tâche de trouver Pettigrow, elle suivit quant à elle Buck et Neville dans la forêt, où ils finirent par s'arrêter quelques minutes plus tard, au milieu d'une petite clairière. L'adolescent caressait doucement la robe grise de l'hypogriffe et lui murmurait à l'oreille. Puis il s'écarta de quelques pas et sortit sa baguette magique.

- Désolé l'ami mais je ne vois pas d'autre solution.

Et d'un geste de sa baguette, il fit changer la couleur du pelage de Buck, qui passa de gris clair à brun, strié de zébrures plus claires. Hermione avait déjà vu ce genre de couleur dans ses livres, caractéristique des hippogriffes natifs du Pays de Galles.

- Maintenant, tu es libre l'ami mais fais attention à toi quand même. S'exclama l'adolescent en inclinant respectueusement la tête.

Buck répondit à son salut et laissa échapper un petit cri avant de prendre son envol, laissant Neville seul au milieu de la clairière. Rangeant sa baguette, il se renfonça dans la forêt en direction du château tandis qu'Hermione se décidait à rejoindre Leander, tout en demeurant troublée par ce qu'elle venait de voir…


Une petite fille d'environ sept ans était assise près d'une cheminée, tenant entre ses mains un cadre photo qui semblait dater d'un autre âge. Ses cheveux d'un roux sombre, virant vers l'auburn étaient attachés en deux nattes qui retombaient respectivement sur chacune de ses épaules. Ses yeux d'un vert émeraude semblaient remplis de tristesse et de regrets tandis qu'elle fixait la photo.

- Oncle Siri ?

- Oui, ma puce ?

Sirius Black venait d'émerger de l'autre pièce. Vêtu d'un pantalon anthracite et d'une chemise blanche, le Maraudeur arborait une expression douce sur son visage mais ses traits semblaient avoir été creusés par le chagrin. Ses cheveux bruns et ondulés retombaient sur ses yeux avec une sorte d'élégance désinvolte, caractéristique des Black.

S'asseyant en tailleur près de sa filleule, il prit le temps de contempler la photo de ses yeux gris. On pouvait y voir deux nourrissons âgés d'environ un an. Celui de gauche était sans aucun doute possible Leander, ses courts cheveux noirs et ses yeux noisette étant identiques à ceux de son père.

En revanche, l'autre était différent. S'il possédait lui aussi la chevelure ébène de James, ses yeux étaient verts, d'un vert émeraude qu'il pouvait contempler dans les iris tristes de Rose.

- Tu crois qu'il aurait joué avec moi ? Leander ne veut jamais jouer avec moi…

- Oui, je le pense. C'était un bébé très calme… on ne l'entendait jamais pleurer…

Il était sur le point de poursuivre sa phrase lorsque les flammes de la cheminée devinrent vertes. Dans un réflexe, il plaça la petite fille derrière lui et dégaina sa baguette, prêt à en découdre avec quiconque aurait l'impudence de vouloir passer.

Même si l'accès de sa cheminée était restreinte à seulement quelques personnes, une liste qu'il avait encore raccourcie en excluant Dumbledore du lot, Patmol en était venu à ne plus faire confiance à personne depuis qu'il avait découvert la vérité sur Harry et le sort d'amnésie duquel il était l'objet… enfin, personne à part son vieil ami Remus, en qui il avait une confiance sans limites.

Les flammes révélèrent bientôt la silhouette mince d'une femme d'une trentaine d'années, dont les longs cheveux d'un roux sombre et les yeux émeraude paraissaient identiques à ceux de Rose. Néanmoins, Sirius ne baissa pas immédiatement sa baguette lorsqu'il reconnut le visage de Lily Potter, celle-ci faisant partie de ces personnes qu'il n'avait vraiment plus envie de voir.

- Qu'est-ce qui t'amène ici, Lily ? L'interrogea le Maraudeur d'une voix neutre.

La jeune femme remarqua que si le Maraudeur avait fini par abaisser sa baguette, il la conservait fermement serré dans sa main, une main qui paraissait tremblante tant l'envie de lui jeter un sort le démangeait.

- Rose, est-ce que tu veux bien aller jouer à l'étage, s'il te plaît ? Demanda Lily d'une voix douce.

- Oui, maman…

La petite fit un petit geste de la main à son parrain avant de disparaître dans l'escalier. Une fois qu'elle fut en haut, Lily se retourna vers Sirius, un air attristé peint sur son visage.

- Tu ne m'as toujours pas pardonné, n'est-ce pas ?

- Tu ne m'as toujours pas rendu mon filleul, n'est-ce pas ?

La réplique cinglante de Black la toucha en plein cœur, l'obligeant à détourner les yeux du regard flamboyant de Patmol. Ce dernier s'assit sur un fauteuil, sa baguette toujours dans sa main alors qu'il reprenait la parole d'une voix sèche.

- Qu'es-tu venue faire ici, Lily ? N'avais-tu pas un cours à donner ?

A la demande du Directeur trois ans plus tôt, la jeune femme avait accepté de prendre le poste de professeur d'Etude des Runes, laissé vaquant par le professeur Babling. Cela lui permettait de veiller sur Leander mais ne lui laissait plus le temps de s'occuper de Rose. Voilà pourquoi Sirius s'était proposé - ou plutôt avait obligé – la jeune mère à lui laisser la garde de l'enfant…

… une enfant qui paraissait très heureuse de la compagnie de son oncle Siri, de même qu'elle appréciait beaucoup son oncle Mumus. Les deux Maraudeurs se montraient très attentionnés et protecteurs à son égard… même par rapport à ses propres parents, qui commençaient à apparaître comme des étrangers dans ce tableau si parfait.

La naissance de Rose n'avait pas été préméditée mais Lily devait reconnaître qu'en s'apercevant de la ressemblance flagrante, autant physique que mentale, entre Leander et James, elle avait espéré avoir un second enfant, un enfant qui lui ressemblait plus à elle. C'est ainsi que Rose avait vu le jour et de la même manière que Leander était une copie conforme de James, la petite était identique à sa mère en bien des points.

- Je… je n'en peux plus de cette situation ! Lâcha-t-elle finalement. Je voudrais que tout redevienne comment avant ! Je savais que James et moi avons commis une erreur, une terrible erreur mais… est-ce là une raison pour nous punir aussi durement ?!

- Tu n'as toujours rien compris… Toi et James n'êtes plus les mêmes que Remus et moi avons connu. Cornedrue… Cornedrue a toujours été un peu fier et vantard mais là… il expose et brandit son fils comme une bête de foire ! Et toi… toi qui n'as jamais été du genre à te soumettre, tu acquiesces en silence au moindre de ces caprices !

La voix de Sirius était vibrante d'émotion et eut-il été seul, peut-être aurait-il autorisé les larmes à s'écouler le long de ses joues. Mais à l'heure actuelle, c'était cette rage qui bouillait dans son ventre depuis des années qui demandait à pouvoir sortir, pour dire ses quatre vérités à Lily Potter, née Evans.

- Tout ce qu'il nous reste de nos amis, ce sont leurs enfants… et tandis que vous en avez gâté un jusqu'à le pourrir, vous avez renié l'autre pour ensuite le laisser mourir… je ne veux pas que ça arrive à ma filleule, il faudra me tuer avant que ça arrive !

- Et me passer également sur le corps, car tant que je serai vivant, je ne l'autoriserai pas non plus. Prononça une nouvelle voix, d'un ton clair et tranchant comme une lame de rasoir.

Celui qui venait d'entrer dans la pièce n'était autre que Remus Lupin. Lunard avait l'air fatigué, comme c'était souvent le cas, mais ses yeux d'ambre brillaient de détermination. Lily avait conscience que les deux hommes qui lui faisaient face étaient sérieux et n'auraient probablement pas hésité un seul instant s'ils avaient dû choisir entre la petite Rose et leurs anciens amis.

- Je… je ne suis pas… Balbutia Lily, sans arriver à terminer sa phrase.

Et c'est alors qu'elle tourna la tête, tombant nez à nez avec une femme aux cheveux d'un roux sombre, impeccablement coiffés et parée de boucles d'oreilles de petite taille mais certainement hors de prix. Son visage aux traits fins était certes beau mais c'était une beauté froide, aussi superficielle que son maquillage…

Quant à ses yeux verts, ils étaient d'un vert terne, presque éteint…

… et c'est avec horreur qu'elle réalisa que la personne qui lui faisait face n'était que son propre reflet dans un miroir.

Comment était-elle passée de la jeune femme naturelle, vive et dotée d'un caractère bien trempé à cette… cette… étrangère ?

Incapable de supporter plus longtemps cette scène, elle attrapa une poignée de poudre de cheminette et disparût dans l'âtre de la cheminée en criant le nom de l'école, laissant derrière elle deux Maraudeurs pour le moins surpris et dubitatifs mais néanmoins soulagés.

Sirius fut le premier à laisser échapper un soupir de soulagement avant de ranger sa baguette magique dans son holster.

- J'ai cru qu'elle ne partirait jamais… S'exclama-t-il d'un ton las.

- Moi aussi. Je ne saurais plus dire comment raisonne cette femme, elle m'a l'air si différente de la Lily que nous avons connu… Répondit Remus en prenant place dans le fauteuil faisant face à celui de Patmol.

- Oui, mais au moins elle ignore qu'Harry a survécu… j'ai franchement hâte de revoir mon filleul, tu sais… et de pouvoir révéler son existence à Rose. Elle a l'air si triste en regardant sa photo…

- Je sais, Sirius mais nous devons d'abord être totalement sûrs avant de le lui dire… et Severus nous a assuré que le moment était proche.

- Ah ce fichu Rogue ! S'il n'y avait qu'une seule chance pour qu'il craque, je l'aurais bien soumis à tous les sortilèges de chatouillis que je connais mais…

-… il ne serait pas du genre à rire même si James se mettait à danser en plein milieu de la Grande Salle avec une écharpe de Serpentard pour tout vêtement…

Et tous deux éclatèrent de rire en imaginant la scène, ignorant la présence d'une personne qui venait d'entendre toute la conversation, cachée dans les escaliers…


C'était une journée magnifique pour Antarès. L'année scolaire touchait presque à sa fin et il se sentait plus heureux que jamais. Après tout, il avait réussi à avouer ses sentiments à Alicia une semaine auparavant et… elle y avait répondu par le baiser le plus passionné qu'il lui eut été donné de recevoir… qui s'avérait aussi être le premier qu'il ait jamais reçu d'ailleurs.

Ils n'avaient hélas pas eu le temps de se voir beaucoup ces derniers jours à cause des examens mais maintenant que ceux-ci étaient terminés, il allait pouvoir passer les prochains jours ensemble sans que plus rien ne puisse les séparer.

Néanmoins, impatient comme il l'était, le garçon ne put se résigner à l'attendre à l'entrée de son dortoir. L'adolescente lui avait dit qu'elle devait parler de quelque chose avec le Directeur et qu'elle serait donc un peu en retard.

Partant à sa rencontre en passant par les jardins, enneigés même à cette époque de l'année dans les hauteurs où ils se trouvaient, il s'arrêta en entendant ce qu'il perçut comme un cri. Puis se mettant à courir en direction des éclats de voix, il s'arrêta net en apercevant une scène des plus horribles.

Alicia s'effondra dans la neige, à seulement quelques mètres d'Igor Karkaroff, dont la baguette était toujours pointée en direction de l'adolescente.

- Alicia… Murmura-t-il, ses yeux s'écarquillant. ALICIA !!!


Il avait fallu plus de trois ans à Tom Jedusor mais il avait enfin trouvé la prophétie qu'il recherchait, ou tout du moins était-ce une des prédictions les plus vraisemblables pour le cas qui le concernait. Néanmoins, au fur et à mesure qu'il déchiffrait le paragraphe, ses yeux s'ouvraient un peu plus de stupeur.

Attrapant son miroir à double-sens, il aboya plus qu'il ne prononça le prénom :

- ANTARES !!

Malheureusement pour lui, personne ne lui répondit. Délaissant le miroir, il se précipita jusqu'à la cheminée, dans laquelle il jeta de la poudre avant de prendre la parole d'une voix forte.

- Institut Durmstrang !! Je voudrais parler à mon fils !

Une tête aux cheveux blonds apparût dans les flammes, celle de la sous-directrice de l'Institut, Anya von Einzbern.

- Que puis-je faire pour vous ?

- Je voudrais parler à mon fils, Antarès Black ! Ou au Directeur !

- Je crains de ne pouvoir accéder à votre requête… le Directeur est actuellement occupé.

Le cœur du mage noir rata un battement et celui-ci n'hésita plus avant d'attraper le portoloin d'urgence qu'il avait préparé, il y a de cela plus de deux ans, en prévision d'un cas de ce genre. C'était bien évidemment un portoloin illégal, fait pour traverser sur de très longues distances… et aussi pour trouver une personne vivante plutôt qu'un point fixe.

C'est ainsi que quelques instants plus tard, il se retrouva dans une sorte de parc enneigé, où seules trois silhouettes étaient visibles…

… mais les choses ne semblaient pas s'être déroulées comme prévu.

Antarès était bien là, agenouillé auprès d'une silhouette aux longs cheveux châtains qui ne semblait pas se mouvoir. Non, la différence venait de Karkaroff…

Dans la vision d'Antarès, voilà de cela plus de trois ans, il avait vu ce traître de Karkaroff mourir d'une crise cardiaque engendrée par sa propre peur, et n'ayant ainsi comme seule blessure corporelle un bras tordu par le Brachium Torqueo utilisé par son fils…

… mais ce qu'il voyait n'avait pas pu être engendré par ce simple maléfice.

Une large mare pourpre s'étendait tout autour du corps de l'ancien mangemort, qui était tout simplement méconnaissable. Ses membres étaient tordus dans des angles bizarres tandis que son corps était parcouru de profondes marques de lacérations. Le visage du traître, figé dans une expression de terreur indescriptible, avait été transpercé par ce qui devait être une dague, au niveau du front.

Soupirant devant ce spectacle qui, s'il ne le peinait ni le choquait, le navrait néanmoins, Tom ne tarda pas à se détourner du cadavre pour s'approcher de son fils, qui berçait doucement le corps sans vie qu'il tenait dans ses bras.

- Antarès ?

Le garçon cessa de bouger et tourna lentement la tête vers son père, sa baguette fermement serrée dans sa main tandis que l'autre tenait une dague en argent. Toutefois, l'élément le plus choquant de sa physionomie résidait dans ses yeux…

Les yeux d'un vert sombre, presque gris, étaient désormais bicolores. L'iris était formé de deux cercles concentriques, le plus petit étant d'un rouge magenta tandis que le plus grand était d'un bleu vif, électrique. Ces yeux n'étaient pas normaux…

Et ses yeux pourront alors voir la mort de toute chose…

La prédiction de Tirésias lui revint en mémoire avec la force d'un boomerang. Serait-ce le véritable pouvoir d'Antarès ? La vision n'avait-elle servi que de catalyseur pour provoquer le réveil de ces yeux ?

- Papa ?

Reportant son regard sur son fils, il s'aperçut que les iris de ce dernier avaient repris leur teinte normale… et brouillaient sous les larmes. Oubliant ses interrogations pour le moment, il prit son fils dans ses bras tandis que ce dernier éclatait en sanglots. Murmurant des paroles réconfortantes, le mage noir ne put s'empêcher de poser un regard triste sur la silhouette de cette jeune fille assassinée par Karkaroff. Quel gâchis…