Disclaimer : NCIS est une propriété de ses créateurs, aka Donald P. Bellisario, Don McGill et CBS. Je ne possède rien et ne touche rien en contrepartie de l'écriture et de la torture psychologique et physique exercée sur les personnages. Dommage.

Avertissement : Mort, troubles psychologiques.

Résumé : Anthony Dinozzo est un agent banal du NCIS. Bon, mais dissipé, parfois trop. C'est du moins ce que les apparences portent à croire. Que se passe-t-il quand Abby se met en tête de découvrir ses secrets, quand Gibbs et son équipe sont confrontés à une affaire de meurtres en série dans laquelle le clan Dinozzo semble impliqué ?

Genre : Angst, crime, drama, family, hurt/comfort, romance, thriller.

Spoilers : Rien de particulier.

Pairings : Gibbs/Tony en relation père/fils, Tony/Abby, frère/soeur, du Gibbs/Abby et Gibbs/Ziva, père/filles. Le seul couple viendra en fait de McGee/Abby.

Et, voilà la fin. Je ne m'étais même pas aperçue que cette fic était publiée depuis bien plus d'un an, et je m'excuse pour son délai de diffusion, mais rien n'était écrit à l'avance et la vie à fait que je me suis éloignée, un temps, du monde des fics et de l'écriture en général. J'espère que cette fin plaira à tous, une fin tout aussi noire et sombre que le reste, qui vous laissera peut être sur votre faim, mais, c'est ainsi que je la voyais se clore, loin des spéculations possibles, afin de vous surprendre ;D.

Merci à tous ceux qui m'ont suivis tout au long de cette fic, qui l'ont lu, qui l'ont aimée et commentée. Je compte bien continuer à écrire quelques petites choses sur l'univers NCIS, et surtout sur le personnage si complexe et si intéressant, à mon point de vue, de Tony Dinozzo. Pourtant, n'hésitez pas à lire mes autres fics, surtout si vous aimez le sombre, le glauque et les troubles psychologiques latents de personnages qui ne demandaient rien, en premier lieu XD. Encore merci, et bonne continuation à vous tous, fidèles et chers lecteurs !

A bientôt pour de nouvelles (més)aventures !


Trois heures pour parvenir à éteindre définitivement l'incendie.

Cinq rescapés, deux hommes, un grièvement blessé, trois femmes, deux en état critique.

Plus rien du Manoir sauf des pierres fumantes, des dossiers préservés par les coffres surprotégés du patriarche, des liasses de billets, des objets divers et confus.

Au milieu de cela, une photographie représentant une famille réunie et souriante, papier noirci, mais éternel.


ACTE I

bisogna sperare poiché bisogne vivere.

( il faut espérer puisqu'il faut vivre. )


SCENE PREMIERE

Les pneus crissèrent sur le bitume déjà bien attaqué par les cendres et les pas rapides des services d'urgence et de police passés par là, un peu plus tôt. En sortit, les yeux rouges et écarquillés d'horreur, un Vitali Dinozzo au bord de l'apoplexie.

La maison familiale ne ressemblait plus, dès lors, qu'à une ruine fumante et broyée, aux alentours et belles pelouses gorgées à la fois de cendres et de sang, gris et rouge tourbillonnant devant ses yeux comme deux preuves du désastre tant redouté.

Il s'avança d'un pas rapide, mais tremblant, attrapant un agent de police par le col et le plaquant contre sa voiture de patrouille.

La surprise empêcha l'agent de se débattre et la détresse pure qui s'échappait des yeux de l'homme face à lui lui intima de l'écouter. On lui demanda si Anthony était vivant. D'un geste apaisant, il parvint à se redresser et s'éloigner de quelques pas du jeune homme lui faisant face, somme toute bouleversé et mort d'inquiétude.

- Anthony Dinozzo, vous voulez dire ?

Simple approbation.

- Vous devez être son frère, Vitali, n'est ce pas ?

- Qu'est ce que ça peut vous foutre ? Je veux savoir si Anthony est vivant ! Vous comprenez ? Alors, ne tournez pas autour du pot.

Bordel de merde.

Vitali Dinozzo, inculpé de meurtre, torture, kidnapping, association de malfaiteurs et vol. Recherché dans plus de trois états. Le FBI au cul et la police de Chicago comme ennemie numéro un.

Ce mec devait être suicidaire pour venir jusqu'ici sans aucune arrière pensée, pour plonger la tête la première dans le regroupement le plus dense de flics du nord du pays. Il devait être complètement fou.

Un peu comme le cadet, quoi.

Sans même qu'il en conçoive l'approche, Vitali fut jeté contre la voiture de police, trois flics sur le dos, les bras immédiatement tordus dans des menottes inviolables. On lui dit ses droits, qu'il n'écouta pas, trop occupé à proférer injures et demandes insistantes pour voir son frère.

- Ton bâtard de frangin est mort, connard ! Il s'est tiré une balle dans le crâne, après avoir tué tous ceux qui avaient pu croiser son chemin, sale chien de merde ! Alors, ferme ta gueule ou tu vas subir le même traitement !

Il se tut. C'était comme un poignard enfoncé droit dans le coeur, comme une décharge électrique dans l'intégralité du corps, mortel chargement lui bousillant lentement le cerveau.

L'un des policiers le fit asseoir sur le trottoir calciné, et demanda à ce qu'on le surveille de près. Comme si, les mains entravées, les jambes flageolantes et les yeux remplis des images imaginaires du cadavre sanguinolent de son petit frère, il aurait pu s'échapper et passer outre les barrages de police disposés ça et là.

Alors, voilà. Antonn était mort. Il s'était suicidé, balle dans le crâne, mort théâtrale, comme il l'avait toujours imaginé. Il l'avait toujours dit: s'il devait mourir, se serait de sa propre main, pas de celle d'un autre, et l'arme de service entrée jusqu'au fin fond de la gorge, histoire de ne pas se rater.

Chose qu'il n'avait pas fait aujourd'hui, ce qui, malgré les larmes picotant ses yeux, malgré le désespoir qui meurtrissait sa poitrine, attira soudainement toute son attention.

Dans un sursaut hallucinatoire, il donna un bref coup de genou dans le mollet de l'agent posté à ses côtés, arrachant à celui-ci une plainte et sa plus totale attention.

- Est-ce que ... Est-ce qu'il y a eut des survivants ?

Le jeune agent, certainement récente recrue de la police de Chicago, le regarda de manière craintive, avant de chercher un supérieur des yeux. Puis, devant l'insistance de l'autre, et le fait qu'aucun n'était en vue à plus de vingt mètres, dans ce brouhaha de voix et d'horreur, il lui répondit, hésitant.

- Euh ... Oui, deux hommes et trois femmes.

- L'un des deux hommes, est-ce qu'il était ... défiguré, ou, est-ce qu'il présentait les caractéristiques de quelqu'un qui aurait pu recevoir une balle en pleine tête ?

-Eh bien ... Y en a bien un qui ... 'Fin, vous savez, c'était plein de sang, j'ai pas vu grand-chose ... Mais, l'un des deux types, celui qui a été emmené par hélicoptère au Northwestern Memorial Hospital de Chicago, je crois qu'il était blessé à la tête, tout son sang se vidait du côté de sa tempe, mais y avait pas de balle, enfin je pense pas, juste une énorme égratignure ou un truc comme ça.

- Ils ont retrouvés le corps d'Anthony Dinozzo ?

- Ben, disons que le temps que les premières patrouilles arrivent, le bâtiment était déjà à moitié cramé. Un pompier a réussit à grimper au dernier étage et a identifié deux cadavres dans le bureau d'Ismaele Dinozzo, dont celui du grand patron lui-même, donc comme on savait que c'était son fils le tueur, on en a conclut que le deuxième cadavre était le sien. Surtout que lui, il avait une balle dans le crâne, tiré de l'arme dans sa main, l'arme de service de Dinozzo. Mais, son visage était complètement ... arraché, comme si quelqu'un avait tenté de le piétiner ou de le planter à coups de couteau, c'était assez étrange ... Mais, au fait, pourquoi est-ce que vous me demandez tout ça ?


SCENE DEUXIEME

Ismaele Dinozzo était à la tête de la mafia locale, un petit groupe extrêmement virulent qui tuait, kidnappait, volait et violait, et tout cela pour la bonne marche de l'entreprise familiale. Des millions de dollars et d'euros sur des comptes aux Caraïbes et en Suisse. La moitié pour les rapports de Police, le reste dispersé aux héritiers nommés. Enfin, pas tous.

Levi était en prison pour association de malfaiteurs et détournements de fonds. Vingt-cinq ans derrière les barreaux du pénitencier d'état de Washington. Sa part rendue à la famille.

Et l'avant dernier des Dinozzo. Mort. Part donnée à ses coéquipiers, selon les vœux des Dinozzo restants.

Vitali, grâce à l'intervention du NCIS et du FBI, par l'intermédiaire de Fornell, avait été relâché et blanchit de tous soupçons. Certes, il avait dû refiler un quart de son tout nouvel héritage au Tribunal et à l'État, mais au moins, maintenant, pouvait-il se complaire dans la plus totale des libertés.

Et, ce temps de liberté, il le passait au chevet de l'inconnu retrouvé sur les lieux du massacre, inconnu quasi défiguré et plongé dans le coma, mais qui, pourtant, correspondait parfaitement à la description de son frère.

Même si, vraiment, personne ne voulait le croire.

Ses frères et sa sœur s'étaient de nouveau dispersés. Nathalie en Allemagne, Sebastian partit pour Naples, Carmine disparu sans aucune trace, sûrement déjà loin sur une plage de sable blanc et fin. Et puis, Gibbs et son équipe s'étaient envolés pour Washington, où d'innombrables enquêtes les attendaient.

Lorsqu'il les avaient quittés, Ziva et Ducky étaient restés silencieux, froids. Abby semblait épuisée, les traits tirés et les yeux rouges, reposant presque sur la frêle mais amoureuse silhouette de McGee, qui ne cessait de tenter de la faire sourire, en vain. Et puis, Gibbs. Gibbs n'avait pas pipé mot, l'avait juste regardé d'une manière qui l'avait fait frissonner, comme si, soudain, il avait vu une once de folie, de désespoir, passer dans les prunelles bleutées de l'agent.

L'agent lui avait demandé, presque avec humour, s'il ne souhaitait pas se recycler dans la loi et entrer à son tour dans cette agence fédérale qu'Anthony avait tant aimé, mais il avait décliné l'offre.

Il avait été élevé comme un criminel, ce n'était donc pas aujourd'hui qu'il changerait de bord et trahirait sa nature.

Cela faisait donc une semaine. Une semaine passée près du patient de la chambre 380, passée entre observation, repas à la cafétéria et bref repos dans un hôtel pas très loin de là.

Personne ne connaissait l'identité de cet homme, personne n'était venu le chercher, personne n'avait signalé sa disparition. Vitali connaissait tous les domestiques de son père et, cet homme là, il n'en avait jamais fait partit. De même qu'il connaissait tous les associés, tous les clients, tous les hommes de main. Si l'un d'entre eux était dans un si grave état, sa famille serait déjà venue aux nouvelles, aussi riches et craints pouvaient-ils être.

C'était Antonn. Pour de vrai.

Une semaine. Puis, deux. Trois. Quatre. Cinq. Six.

L'homme était dans un coma profond, dont on disait qu'il ne ressortirait peut-être jamais.

Vitali lui parlait sans relâche, de tout et de rien, des souvenirs et du futur, de ce qu'ils feraient maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, maintenant qu'ils avaient la possibilité de vivre ensemble, loin de leur père et de sa tyrannie.

Il en devenait cinglé.

A surveiller le moindre geste, à faire des suppositions sur l'avenir qui lui bouffait tout espoir, à parler sans relâche, sans plus dormir, car les infirmières, trop lasses de l'avoir mille fois priés de sortir, le soir, le laissait désormais dormir dans cette chambre insipide, silencieuse et froide.

Ses yeux étaient rouges, sa barbe naissante lui mangeait la moitié du visage, ses cheveux étaient longs, décoiffés, son costume était froissé et tâché.

Mais, il ne pouvait pas laisser son petit frère, n'est-ce pas ? Non, plus maintenant.

Non, jamais plus il ne le laisserait.

Jamais plus.


ACTE II

beltà e follia, van spesso in compagnia.

( beauté et folie, marchent souvent de compagnie. )


SCENE PREMIERE

Le matin, la ration de café avait doublée.

L'après-midi, la ration de claques avait triplée.

Le soir, les horaires s'étaient vraisemblablement allongés.

La vie au NCIS était devenue mécanique depuis que Anthony Dinozzo avait disparu.

Abby passait ses journées au bureau de l'agent, mais bien évidemment lorsqu'aucune affaire ne devait la ramener impérativement dans son laboratoire truffé de photos et de souvenirs évoquant celui qu'elle avait considéré comme son meilleur ami, voir comme son frère.

Ziva et McGee restaient froids, professionnels, et aucun n'avait plus abordés le sujet, ni même évoqués leur ancien collègue, ce qu'Abby leur reprochait, parfois, elle qui ne cessait de ressasser un passé qui, finalement, n'était pas si lointain.

Gibbs, lui, était resté le même. Du moins, à première vue. Ducky ne cessait de lui jeter des regards en coin, inquiets, comme s'il s'attendait d'une minute à une autre à ce qu'il s'effondre, craque, se mette à hurler. A l'extérieur, son masque était bien en place mais, à l'intérieur, c'était son cœur qui tombait en lambeaux, petit à petit, qui souffrait d'un manque qui jamais plus, il le savait, ne serait comblé.

Il n'avait pas perdu qu'un agent. Il avait également perdu un fils d'adoption.

Mais, pourtant, tout était redevenu comme avant. N'importe quel autre enquêteur, témoins, suspects, voir directeur du NCIS ou d'autres agences fédérales n'auraient pu en douter.

Les gestes étaient ... mécaniques.

Tels des automates, ils évoluaient dans des rôles qu'ils avaient si longtemps peaufinés, s'empêchant tous les écarts possibles, toutes les marques et notions de faiblesse imaginables, la moindre chose qui aurait pu, à nouveau, les faire sombrer dans le désespoir d'une perte trop proche d'eux.

Et, sans même le savoir, sans véritablement en avoir conscience, ils endossaient, peu à peu, le rituel d'un de leur ex collègue et ami : ils n'étaient plus que des pantins, des pantins trop longtemps embourbés derrière leur masque, s'y perdant, s'y confondant même.

Au bout d'un an, Gibbs se demanda si Dinozzo avait véritablement existé. Si, finalement, tout ça, il ne l'avait pas rêvé. Après tout, on n'en parlait plus. McGee et Abby vivaient leur vie, parlaient mariage et enfants derrière de grands sourires et des exclamations ravies, ne mentionnaient jamais l'agent disparu. Ziva était redevenu froide et muette, avait gagnée la nationalité américaine et une place d'enquêtrice, et non plus d'agent de liaison, au sein du groupe, mais était essentiellement tournée vers le professionnalisme de sa tâche. Et, les autres ... Leur point de vue était tout aussi brouillé.

Gibbs était resté en contact avec Vitali, mais leurs conversations se faisaient plus courtes et moins riches au fil du temps.

Longtemps l'agent avait espéré que l'homme que surveillait sans cesse le jeune Dinozzo n'était autre que Anthony, défiguré par l'incendie et la tentative de suicide. Idée folle, mais séduisante. Une idée qui s'envola six mois après son éclosion, quand Vitali lui exposa brièvement et froidement au téléphone que, non, l'homme en question n'était pas son frère. Sa sœur, française, l'avait identifiée à la morgue, après que les médecins l'ait débranché, faute de réactions vitales et cérébrales. François Sambourg. Vitali avait rapidement décrit un lointain cousin de la famille qui devait certainement être en visite de courtoisie, à l'heure du drame.

Depuis, il n'espérait plus. Il n'y pensait même plus.

S'il y avait bien une chose atroce et horrible dans tout cela, c'était bien le fait que tous, sans exception, préféraient désormais oublier leur ancien ami plutôt que de vivre avec sa mort sur leurs consciences. Pour eux, Anthony était mort par leur faute, leur manque de vigilance et d'écoute, d'observation et de réaction. En tant qu'enquêteurs, il était plus simple de considérer cela comme une affaire de plus.

Tellement plus simple d'oublier.

Un an et demi passèrent, sans plus de nouvelles, sans plus de changements. Deux agents pour un chef d'équipe : on avait jamais eut le coeur, ni l'envie, de remplacer l'agent senior manquant, et son bureau avait, d'ailleurs, finit par être enlevé de l'espace, faute d'utilité. Cela avait choqué nombre de gens. Mais, pas eux.

Les habitudes et les gestes étaient mécaniques, les liens étaient devenus plus forts et plus étroits, le groupe s'était renfermé sur lui-même, mais la qualité de leur travail n'avait en rien changé. Parfois, l'un faisait une bourde, parlait à un homme qui n'existait plus. Parfois, Gibbs demandait à un Dinozzo imaginaire de croquer la scène de crime ou de prendre quelques photos. Parfois, on attendait les blagues ou les références de films d'un ami qui ne reviendrait pas, pour détendre une atmosphère trop lourde. S'ensuivait, dès lors, un silence gênant, qui ne durait pas mais qui laissait, en eux, une douleur lancinante et cinglante.

Ils n'étaient plus que des épaves, ravagés par trop de pertes et trop de souffrance, déversant leur humanité dans le temps, robots sans pensées et sans espoir.

Ils n'en seraient jamais plus.


SCENE DEUXIEME

Le changement était venu du journal télévisé italien de 20h. En tant qu'agence gouvernemental, il existait, au sein du NCIS, une branche dédiée à la prise d'information internationale, quel que soit le pays.

On annonçait la mort du plus jeune héritier du clan Dinozzo, fort célèbre en Italie pour son pouvoir, sa richesse, ses liaisons avec la Mafia et ses pots-de-vins annuels à l'État. Vitali Dinozzo était mort dans un accident de la route, sa voiture de sport filant à une allure fort peu raisonnable ayant rencontrée, sur une route sinueuse de la campagne italienne, où il séjournait depuis quelques jours, un poids-lourd qui avait à peine cillé lors du carambolage.

Le routier s'en était sortit avec la clavicule cassée, dû à la ceinture de sécurité qui l'avait efficacement maintenu. Vitali, lui, était mort sur le coup.

Si l'information avait chamboulée toute l'équipe du NCIS, la suite l'avait tout proprement bouleversée.

Une fouille du lieu de villégiature de Vitali avait révélée de nombreuses choses, et surtout une découverte incroyable : si, tout d'abord, les inspecteurs de police avaient pensés à une mort mise en scène de toute pièce, ils avaient bien vite changés d'avis car, l'homme qui séjournait dans l'appartement n'était pas Vitali, mais, comme l'attestait le passeport qu'il transportait sur lui, Anthony Dinozzo.

Il était plus mince, semblait plus fatigué. Ses cheveux étaient un peu plus longs et les cernes sous ses yeux étaient violacés. Mais, en toute part, c'était lui. C'était bien lui. Gibbs, Ziva, McGee et les autres en furent ébahis et choqués, serrés les uns contre les autres, devant l'écran de télévision.

Anthony était vivant.

Vitali l'avait retrouvé et l'avait protégé, pendant tout ce temps, de l'extérieur et des médias. Peut être même de lui-même, qui sait, parce qu'il ne portait plus les signes de piqûres si caractéristiques sur ses bras, preuve qu'il n'était plus sous héroïne, et peut être même sevré de toute drogue. Vitali s'était battu pour son frère et était mort tragiquement, le laissant seul contre le monde.

Ils avaient pris un avion dans l'heure qui suivait, plaquant les obligations et l'affaire en cours. Vance l'avait permis, compréhensif.

Ils l'avaient retrouvé, appuyé contre la baie vitrée du bureau du chef de la police de Naples, discutant dans sa langue maternelle avec ce dernier et ce qui semblait être son frère, Sebastian, désormais nouveau chef du clan Dinozzo.

Abby s'était immédiatement précipitée vers lui et, avec une esquisse de sourire, il l'avait accueillit dans ses bras. Ziva s'était lentement avancée, peu après, et l'avait serrée brièvement dans ses bras, avant de l'embrasser sur la joue. McGee lui avait chaleureusement serré la main et, cédant au bonheur, l'avait également étreint. Gibbs, lui, n'avait pas bougé, n'en croyant pas ses yeux.

Anthony n'était pas mort. Anthony était là, vivant, devant lui, en chair et en os.

S'il aurait souhaité le retenir, leur étreinte provoqua, pourtant, un sanglot étranglé dans la gorge du chef d'équipe, ne pouvant croire à son bonheur.

Le reste était un rapide et intense mélange de couleurs et de rires.

Anthony embarqua à leurs côtés vers les États-Unis, n'adressant qu'un vague sourire triste à son grand frère, Sebastian, en le quittant, qui le lui rendit de la même façon, sans pourtant inquiéter outre mesure les agents du NCIS, trop heureux de ce miracle. Après une longue discussion avec les autorités, il fut blanchit de toutes les accusations qui pesaient contre lui et, à son retour au NCIS, il fut incorporé à son ancienne équipe.

Voilà.

Le monde tournait à nouveau.

Les rires et les plaisanteries résonnaient à nouveau et les sourires étaient si beau, si grandioses à voir ...

Deux semaines après son arrivée, il se retrouva seul dans cet espace bureaucratique, où les bruits des imprimantes rivalisaient avec ceux des touches des claviers d'ordinateurs. Les lumières éteintes, seule l'aveuglante lumière artificielle de son ordinateur éclairait son visage et l'endroit qui l'entourait. Le fond d'écran, palmier et plage de sable fin, lui donnait la nausée à chaque fois qu'il posait les yeux dessus.

Putain, comment est-ce qu'il avait réussit à subir tout ça pendant aussi longtemps ? Deux semaines et il était sur le point de devenir fou à lier.

Il plissa les yeux, trouva difficilement la touche adéquate, le bouton d'arrêt, et souffla de soulagement lorsque l'ordinateur s'éteignit. Il s'étira, se leva, prit ses affaires et sifflotant, s'avança vers la sortie.

La baie vitrée refléta son image, celle d'un Anthony Dinozzo revenu d'entre les morts, celle d'un homme confiant, plein de vie. Son sourire était éclatant, ses vêtements étaient riches et une lourde montre ornait son poignet gauche. Mais, ses gestes étaient mécaniques, comme si la vie n'atteignait pas ses membres, comme si ses mouvements étaient calculés, prévus à l'avance.

L'illusion parfaite, personne n'avait rien eut à y redire, malgré les questions qui devaient parfois se bousculer dans l'esprit trop fouineur de Gibbs.

Il adressa un sourire malsain et plein de rancœur à son image, ne s'y attardant pas. Dans ses yeux verts, délavés, vides, reposaient un néant sans fin, un néant teinté de folie pure.

Il fallait forcément un peu de folie pour usurper l'identité d'un autre, et s'y complaire, au point de se fondre totalement en lui.

La folie infinie, la folie d'un masque.

C'était terminé.