Et voilà, nous y sommes... dernier chapitre. Merci d'avoir suivi avec fidélité les aventures de David, Cat, Hutch, Jacques, tous les autres... et Neko :-)


Chapitre 22


"Bonsoir, David."

"Bonsoir Cat... Catherine. ... Entre."

Elle se comportait comme si elle venait en visite pour la première fois. Starsky l'aida à ôter son manteau qu'il accrocha près de la porte d'entrée.

"Je suis... heureux que tu sois venue." murmura-t-il d'une voix tremblante.

"David..." La voix de Cat était hésitante, mais elle préféra parler d'un bloc avant de perdre ses moyens. "Je suis désolée. Je voulais être seule, mais c'est encore pire chez moi. J'ai bien réfléchi et je crois que le meilleur moyen de guérir, c'est d'être avec ceux que je connaissais... que je connais." corrigea-t-elle en regardant David, un léger sourire aux lèvres et les yeux rivés dans les siens.

"On a tout le temps, à présent. Ce soir. Ou demain." dit-il d'une voix douce. "C'est bien que tu aies décidé de revenir." Il fit une petite pause. "Tu veux boire ou grignoter quelque chose?... On vient justement de m'apporter un excellent bourgogne et un plateau de fruits de mer." dit-il en reculant pour avoir Hutch dans sa ligne de mire. "N'est-ce pas une étrange coïncidence?" lança-t-il d'un ton un peu moqueur.

"C'est... C'est moi qui ai demandé à Hutch d'organiser cette soirée." avoua Catherine. "Je... je voulais te voir... et..."

"Et?"

Hutch s'occupait dans la cuisine. Il ne voulait surtout pas interrompre ce tête-à-tête.

Catherine était à présent debout devant la bibliothèque, elle laissa son regard errer sur les livres, les disques, la plante.

Lorsqu'elle se tourna vers David, il souriait. Elle marcha lentement vers lui. Il tendit les bras et l'accueillit contre lui, avec toute la tendresse qu'il avait accumulée depuis si longtemps, depuis qu'elle avait disparu, depuis qu'il était convaincu qu'elle était tout pour lui, que c'était avec elle qu'il voulait passer le reste de sa vie. L'avoir perdue avait été la pire des tortures; la retrouver était un miracle.

Ils se serrèrent l'un contre l'autre en silence et restèrent enlacés un long moment, sans parler, juste pour partager la chaleur de leur corps, sentir leur cœur battre l'un contre l'autre.

"Tu m'as manqué, mon coeur."

"Je sais."

Elle aurait voulu répondre: "moi aussi" et était malheureuse de n'avoir aucun souvenir de cet homme contre qui elle se sentait enfin en sécurité.

Hutch s'était fait discret et attendit de longues minutes, à les regarder tous les deux, ne formant plus qu'un. Il n'eut dans le fond de son coeur que de la reconnaissance. Pour l'ami que représentait Starsky à ses yeux. Pour la confiance que celui-ci lui témoignait chaque jour, quoi qu'il arrive. Pour le bonheur immense qui venait d'être accordé à cet ami. Pour cette femme qui venait de traverser l'océan et la vie elle-même, dans les deux sens. Et parce qu'il faisait partie de ce schéma, lui, qui avait souvent l'impression de passer à côté de l'essentiel. Cette fois, l'essentiel était sous ses yeux. Tout simplement. La vie. L'amour. L'amitié.

Au bout d'un long moment, il les interpella avec douceur.

"Heu, je voudrais pas interrompre les retrouvailles les plus émouvantes qu'on ait vues à Bay City, mais le vin commence à réchauffer et pour les fruits de mer, c'est maintenant, sinon dans quelques heures, il faudra les rattraper au lasso."

Starsky regarda Catherine dans les yeux et lui offrit son éternel sourire éclatant, radieux, les yeux brillants.

"Viens."

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*-*-*-*-*-*-*

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Ils dégustèrent la collation que Hutch avait apportée. Starsky reconnut qu'il était prêt à renouveler ce genre de repas improvisé. Hutch attribua au retour de Catherine ce revirement dans son régime habituellement composé d'un cycle hamburger-pizza-barre chocolatée.

A mi-chemin de la deuxième bouteille de Bourgogne, ils décidèrent sur un coup de tête de se lancer dans une partie de Monopoly. Ils repoussèrent la table basse du salon et s'installèrent à même le sol.

Neko vint sur le plateau et poussa distraitement de la patte les billets, les dés, les cartes. Puis, lassé de ne pouvoir être le centre d'intérêt des joueurs, il repartit à la recherche d'un coin tranquille pour dormir.

Catherine se détendit. Les deux hommes n'avaient pas vu chez elle un tel relâchement depuis son retour. Starsky sentait une immense paix au fond de lui. Si Hutch n'avait pas été présent, il aurait prouvé à la jeune femme combien elle avait fait de lui l'homme le plus heureux, une fois de plus. Il allait encore perdre au au Monopoly, mais cette fois, sa malchance légendaire n'y était pour rien, il était tout bonnement incapable de se concentrer.

Vers onze heures, ils étaient en train de rire aux éclats d'une boutade que Starsky venait de raconter lorsque Catherine les fit soudain taire d'un geste de la main.

"Chut. Vous avez entendu?"

"Quoi?"

"Le chat. Vous l'entendez?"

Ils tendirent l'oreille. On entendait en effet un faible miaulement.

"Il a dû sortir et veut rentrer se blottir au chaud." dit Starsky.

"Mais personne ne lui a ouvert. Il est toujours à l'intérieur." répondit Cat, l'air à présent inquiet.

Le miaulement était très faible. Catherine se leva et commença à appeler le petit félin. Les deux détectives se levèrent également.

Starsky chercha dans la cuisine, Hutch dans le salon, tandis que Catherine se dirigea vers la chambre. L'appel semblait venir de la penderie. La porte en était entrouverte; elle l'ouvrit complètement et chercha l'animal. Le son venait du fond et elle se mit à genoux. Elle déplaça avec difficulté une caisse en carton assez lourde et trouva le chat tapi confortablement sur une pile de draps propres. Il s'étira, bailla ostensiblement et sortit à son aise, comme si on l'avait dérangé au beau milieu d'un rêve.

Catherine voulut remettre le carton en place, mais ce faisant, le couvercle glissa, laissant entrevoir le contenu.

Au sommet de la pile de vêtements, elle vit un blouson brun. Elle le prit dans ses mains, le déplia. Elle eut soudain du mal à respirer en voyant les impacts de balles. Elle ferma les yeux, prit le blouson contre elle et le serra très fort. Elle commença trembla de tout son être. Sa respiration devint saccadée. Son ventre lui faisait mal. Sa tête semblait sur le point d'exploser. Les images depuis longtemps perdues défilaient soudain en accéléré et elle se sentit comme éjectée d'un avion, fonçant à toute vitesse vers le sol. Ses mains étaient glacées. Les larmes coulaient le long de ses joues et sur le blouson. Elle poussa un cri déchirant.

"Non ...Nooon!"

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*-*-*-*-*-*-*

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David accourut en entendant Catherine crier et se figea en la découvrant effondrée sur le sol, son blouson dans les mains. Hutch s'arrêta net derrière lui.

Starsky s'approcha doucement, s'agenouilla près de Catherine qui, à présent, le souffle de plus en plus court, balançait son corps d'avant en arrière, le blouson dans les bras, comme si elle berçait un enfant. Les yeux fermés, elle cherchait désespérément à reprendre son souffle.

Starsky posa avec douceur une main sur son épaule. D'abord, elle ne réagit pas. Puis, lentement, elle ouvrit les yeux et tourna son visage inondé de chagrin vers Starsky. Il lut dans ses yeux qu'elle savait. Sur le moment, il ne sut comment réagir. Il avait attendu cet instant depuis si longtemps et avec tant de ferveur; à présent il avait peur que le choc ne soit trop violent.

"Cat..." murmura-t-il.

Elle serra le blouson plus fort contre elle, comme si ce qu'il représentait pouvait la protéger de la folie dans laquelle elle avait l'impression de sombrer. Elle revoyait le corps de David, inanimé, parcouru de tuyaux, le sang, la ligne verte du moniteur qui surveillait son coeur, ce coeur qui avait lâché plusieurs fois et qui avait si souvent fait battre la chamade au sien. Elle revoyait ses yeux bleus, la première fois qu'il avait repris connaissance. Elle sentait sur sa peau la douceur de la peau de David, cette peau qui l'avait fait frémir. Elle sentait sous ses doigts ceux de David qu'elle avait tenus durant des heures, tandis qu'elle veillait sur lui à l'hôpital. Elle revoyait ce blouson et les impacts, le soir de l'attentat, tout ce sang. L'horreur. L'attente d'un mircale.

Et le miracle avait eu lieu. Il avait survécu.

Puis c'est elle qui était morte, durant quelques semaines; elle s'était perdue dans le néant, elle avait perdu David. Voir ce blouson était soudain comme apercevoir la lueur salvatrice d'un phare depuis l'océan, la nuit, alors qu'elle avait erré durant une éternité, tentant de retrouver son port d'attache.

Très lentement, Starsky tendit la main, la posa sur le blouson. Cat lâcha le vêtement, ferma les yeux plus fort et posa les mains sur ses tempes, comme si un son assourdissant lui vrillait les tempes. Son corps tremblait. Elle avait envie de vomir.

"Nooon!"

"Cat..."

"David... Je me souviens... Tout me revient!... Angeli... L'hôpital... Maman... L'accident... Oh mon Dieu, David." Elle tremblait si fort que David eut peur. "J'étais si loin... J'ai... j'ai l'impression que mon crâne va exploser. J'ai peur... Je... "

Elle leva les yeux vers lui. Il la prit dans ses bras et la berça, la serrant si fort qu'il aurait pu l'étouffer. Il la sentait tout entière vibrer conte lui.

Le temps s'arrêta, en un instant parfait, où rien n'existait plus que leurs battements de coeur l'un contre l'autre.

Hutch avait fait quelques pas en arrière. Ému, heureux, il les regardait en silence, au bord des larmes lui aussi.

Il entendit Catherine murmurer tout contre la poitrine de David:

"Je suis revenue... Oh David... Pardonne-moi."

"Je t'aime." fut la seule réponse de David avant qu'il ne prit ses lèvres avec douceur.

Hutch s'éclipsa discrètement, laissant les amants savourer la magie des instants qui allaient suivre.

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*-*-*-*-*-*-*

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Leur première nuit de retrouvailles avait été comme leur toute première nuit. Il s'était montré patient, délicat, il avait pris le temps de redécouvrir le corps de Catherine, lentement, tendrement, caressant cette peau si douce qui l'avait affolé dès leur premier soir. Il s'était perdu dans le parfum du corps de cette femme qui l'avait envouté, il y a une éternité et à jamais.

Catherine, elle, s'était sentie enveloppée d'une chaleur protectrice, rassurante. Pour la première fois depuis que la mémoire lui était revenue, elle avait découvert les cicatrices sur son torse, passant doucement la pulpe de ses doigts sur chacune d'elle, comme si elle voulait les effacer d'une caresse. Mais elles faisaient partie de lui, à présent. Elle avait attiré contre elle corps musclé, ce torse où ses doigts se perdaient dans une toison bouclée, elle avait dessiné inlassablement son corps contre le sien. Elle l'avait embrassé, partout, explorait minutieusement chaque zone de ce corps retrouvé, redécouvert. Starsky frissonnait, dans l'attente sensuelle des sensations délicieuses qu'elle provoquait en lui. Elle partait à l'aventure de chaque centimètre de sa peau jusqu'à ce qu'il la couvre à son tour de baisers.

Ils avaient fait l'amour cette nuit-là. Plusieurs fois. Passionnément. Jusqu'à ce que leurs corps épuisés ne fassent plus qu'un et qu'un dernier cri d'extase les laisse sans souffle. Ils s'étaient endormis, réunis dans une communion si totale que rien ne semblait devoir les séparer, jamais.

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EPILOGUE

Quelques semaines plus tard...

Starsky organisa un pique-nique sur la plage, près de l'appartement de Hutch, qui habitait plus près de l'océan. Ils s'installèrent sur la grande couverture rouge.

Starsky s'assit en appui sur son sac à dos, les jambes allongées. Catherine s'allongea aussi et avait posé la tête sur les jambes de David. Il lui caressait les cheveux et à intervalles réguliers, se penchait vers elle pour l'embrasser passionnément.

Hutch semblait heureux de les voir réunis. Il avait oublié tous les moments de stress, de solitude, de peur qui l'avaient assaillis ces derniers mois.

En fin d'après-midi, Starsky proposa une promenade sur la plage. Hutch préféra rester sur place, prétextant une petite sieste.

Starsky se leva, prit tendrement la main de Catherine et partit avec elle. Ils marchèrent pieds nus dans les vagues, main dans la main, les doigts enlacés.

Au bout d'une centaine de mètres, Starsky s'arrêta et prit Catherine dans ses bras. Il posa doucement ses lèvres sur les siennes. Elle répondit à son étreinte et leur baiser fut plus passionné. Leurs lèvres se cherchaient avec gourmandise, s'exploraient, tandis que les mains de David glissaient sous le t-shirt de Catherine et caressait son dos. Elle caressait ses cheveux bouclés d'une main tandis que l'autre descendait le long du dos musclé de David et passait ses doigts dans la ceinture de son short. David resserra son étreinte. Catherine sentit monter le plaisir.

Conscients qu'ils étaient sur une plage publique, ils avaient pourtant peine à séparer leurs corps.

Starsky réussit à prendre un peu de recul. Il ne lâcha pas Catherine du regard, plongea la main dans sa poche et en sortit quelque chose qu'il tenait dans son poing fermé. Sa voix fut à cet instant hésitante, presque timide.

"Je voulais te le donner avant...avant mon accident... Et puis, je n'ai plus osé quand tu es revenue de France. Je ne veux pas laisser passer ma chance une deuxième fois. Si tu veux l'accepter aujourd'hui... je serais... le plus heureux des hommes."

Il ouvrit la main. Sur sa paume brillait un anneau en or.

Catherine regarda l'anneau, puis David et à nouveau l'anneau et, tout en se mordant la lèvre inférieure, prit plusieurs inspirations, le prit et le donna à Starsky. Elle tendit la main et le laissa passer l'anneau à son doigt.

"Oui." murmura-t-elle simplement.

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Lorsque Hutch les vit revenir, il vit une lueur différente dans leurs yeux.

Starsky et Catherine se mirent à genoux sur la couverture.

Le brun regarda Hutch.

"Il va te falloir faire un tour chez un tailleur, Blondinet. Tu vas en avoir bientôt besoin."

"Ah oui?" répondit Hutch d'un air faussement innocent. Il connaissait si bien Starsky. Il paraissait évident que cette fois, Casanova avait enfin trouvé son équilibre.

"Oui!" poursuivit Starsky "J'aimerais bien que mon témoin soit sur son trente et un le jour de mon mariage."

Hutch regarda Starsky. Puis Catherine.

Et il se remémora leurs premiers instants au Pits.

Les moments qu'ils avaient passés ensemble tous les trois.

Les drames qu'il avait traversés avec Starsky.

Les moments de complicité qu'il avait partagés seul avec cette femme qu'il aimait aujourd'hui comme une sœur.

Et il fut convaincu que cet amour si particulier qu'il éprouvait pour son partenaire de longue date comptait désormais une personne de plus.

Il dit seulement:

"Désormais, il faudra changer de devise. Ce sera: toi, moi, ... et toi" termina-t-il en regardant Catherine.

Désormais...

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The End.


Merci à chacun et chacune d'entre vous d'avoir tenu jusqu'au bout, et aussi à tous les membres du FORUM SH, vous êtes trop SUPER!!

Et j'en profite pour dire: BON ANNIVERSAIRE, CALLAMITTY :-) !

Un MERCI spécial à Tany pour sa patience, ses suggestions, ses rires au téléphone, ses remarques désopilantes tout au long de la relecture, ça m'a fait un bien fou et m'a convaincue d'en écrire d'autres en français...

Merci aussi à Emma, qui me lit si régulièrement depuis l'autre côté du Channel... Merci de ta fidélité :-)

Un grand merci à toutes celles et ceux qui ont laissé des commentaires, suggestions, corrections, enfin tout ce qui a fait de cette fic quelque chose de sympa à publier :))... Vous savez comme j'ai besoin d'être rassurée... alors, merci et bisou à tous!