Comment ça, y'a plus de disclaimer ? Mais c'est bon, y'a 20 chapitres avec le disclaimer, bordel.

NA : attention, ceci contient du citron. Si vous n'aimez pas, allez lire le dernier paragraphe du chapitre (mais franchement, vous ratez quelque chose), sinon, enjoy.

QUARANTE JOURS ET UNE RECHUTE !


Epilogue


Je suis à mon bien aimé et mon bien aimé est à moi.

Ct, VI, 3


Byakuya tenta de récupérer un bout du drap entre ses doigts pour se couvrir un peu plus, sans vraiment de succès. Il faut dire que le corps massif de son compagnon lui interdisait pas mal de mouvements. Du bout des pieds, il tenta de faire remonter le drap sur ses jambes. Si au moins ils pouvaient ne pas être totalement découvert, ça lui suffirait, mais même cela lui était refusé. Mais ses efforts n'eurent pour seul résultat qu'un grognement mécontent de son amant endormi à côté de lui. Plus sur lui qu'à côté d'ailleurs. Il renonça, reposant la tête sur le futon et profitant de la sensation moelleuse sous son crâne.

Depuis tout ce temps, il avait appris à renoncer à pas mal de choses. Renoncer à râler contre les cheveux envahissant de son amant, renoncer à se rhabiller après leurs étreintes, renoncer à laisser ses mitaines et ses kenseikan hors de leurs jeux amoureux. Mais l'un dans l'autre, Renji aussi avait dû renoncer à beaucoup. Les beuveries, les orgies, et puis il avait dû s'habituer au monde froid et corseté de la noblesse du Seireitei.

Il étouffa un bâillement. Ça aussi, il avait dû y renoncer, les nuits de plus de cinq heures étaient devenues un luxe. Ce qui n'était pas forcément à cause de la vitalité débordante de son amant, simplement discuter, partager un dernier thé tard le soir, écouter les anecdotes de Renji. Tout cela faisait qu'il ne pouvait plus se payer le luxe de s'endormir d'ennui à vingt-deux heures.

Il sentit un léger ronflement contre lui, vibrant contre sa peau. La tête de Renji était nichée dans le creux de son épaule et, bien que cette position lui coupe la circulation sanguine dans tout le bras, il ne pouvait s'empêcher de l'apprécier. Les longs cheveux rouge ondoyaient sur sa peau, sur les draps, dans un brutal contraste par rapport aux tons doux des draps. Comme bien souvent quand il se laissait aller à contempler cette masse de cheveux rouge, il finit par y passer la main en peigne, soulevant des mèches sur toute leur longueur avant de les relâcher doucement en pluie. Et comme bien souvent, ce simple geste avait le pouvoir de tirer Renji du plus profond des sommeils. Il le regarda émerger en souriant, l'inévitable petit filet de base qui reliait les lèvres de son amant à son épaule prenait la lumière comme un fil de soi. Difficile de se l'avouer, mais il trouvait ça touchant.

« Mmh ? Fit Renji, émergeant avec toute la peine du monde.

- Rendors-toi, » murmura Byakuya, tout en sachant combien il perdait son temps à lui dire cela.

Effectivement, Renji n'était pas disposé à laisser son ex-capitaine préféré veiller seul. Glissant à nouveau sa tête dans le creux de l'épaule de Byakuya, il entreprit d'embrasser son cou avec gourmandise en guise de bonjour. Byakuya retint un sourire et répondit à sa manière, en glissant ses doigts de la chevelure à la base de la nuque, puis aux épaules de son amant, chatouillant doucement la peau.

« Grmm... Protesta la victime de ce traitement.

- C'est toi qui a commencé, riposta Byakuya, toujours très mature.

- Nan en plus c'est toi.

Le capitaine de la sixième se pencha et attrapa son amant par le menton, histoire de le détourner de son cou pour le faire s'intéresser à ses lèvres. Ce qu'il fit. Et sans se faire trop prier.

- Bonjour, murmura Renji.

- Bonjour, souffla Byakuya en retour.

- Bien dormi ? Tenta Renji, mais il se fit arrêter par la bouche de son amant à nouveau sur la sienne.

Un sourire bête se dessina sur ses lèvres. Si Byakuya était globalement resté le même extérieurement, Renji savourait les petits détails qui avaient changé. Byakuya s'abstint de lui donner une réponse. Il ne savait pas encore vraiment comment traiter cela. Il ne pouvait pas décemment annoncer à son amant qu'il ne sentait plus grand chose de la moitié basse de son corps. L'un dans l'autre, il ne dormait pas spécialement bien : il se couchait trop tard, trop épuisé, trop sale, trop emmêlé à son amant... trop pour bien dormir. D'un autre côté, il ne voulait pas passer pour une petite nature. Ceci dit, la sensation gênante à chaque fois qu'il s'asseyait dans son lit le matin, il ignorait encore s'il était possible de s'y habituer un jour. Il réprima une grimace.

Il faut dire aussi qu'ils n'y étaient pas allés de main morte la veille au soir.


Comme bien souvent, c'était Renji qui avait insisté avec une incroyable maturité pour venir chercher son ex-capitaine au bureau et ce dernier avait quasiment recouru à la force (quasiment, parce que Senbonzakura, c'est pas que de la force, c'est surtout de la grâce) pour l'en dissuader. Mais finalement, Renji se retrouva tout de même à la capitainerie de la sixième division à la tombée de la nuit, happé par ses multiples fans (ex-collègues, c'est comme ça que ça s'appelle il paraît). Et puis il s'était engouffré dans le bureau du capitaine, bureau qu'il ne visitait jamais sans un petit pincement au cœur.

« Bon, on y va ?

Byakuya hocha la tête sans rien dire, faisant une petite pile de papiers sur le côté de son bureau.

- C'est moi où il est moins encombré ton bureau maintenant ?

L'aîné des deux capitaines lança un regard atterré à son ancien lieutenant.

- Musokuri est un vice-capitaine efficace, glissa-t-il, pour toute réponse.

- Hein ? Et moi j'étais pas efficace ?

Byakuya inspira profondément. De toute façon, à part d'être complètement déconnecté de la réalité, Renji devait bien en être un peu conscient.

- Pas pour le travail administratif.

- Nan !

- Renji !

- Ouais, bon ça va. N'empêche que pour le reste, j'ai assuré.

Byakuya s'abstint de poser la question. En quoi Renji avait-il bien pu assurer en tant que vice-capitaine ?

- Nan, mais je me suis bien battu quand il le fallait, j'ai eu les tripes de désobéir à tout le monde quand y'avait pas d'autres choix, et puis...

Il fila un coup de coude un peu trop familier pour être honnête à Byakuya qui écarquilla les yeux de quatre millimètres et demi sous le choc.

- Et puis tu peux pas dire que j'ai pas assuré au lit !

Alors qu'ils arrivaient tranquillement à la demeure Kuchiki, Byakuya se retourna et lui asséna froidement que :

- J'ai failli te tuer à cause de ta désobéissance, ce qui n'aurait été que justice. Et puis lier des relations charnelles avec son capitaine ne fait pas partie des attributions d'un vice-capitaine digne de ce nom.

Pas vexé pour un sou, Renji eut un large sourire.

- Heureusement, faut s'imaginer ce qui se passerait à la première division alors !

- Non, il ne faut pas s'imaginer cela. Protesta Byakuya si bas qu'il n'était pas sûr que son amant l'ait entendu.

Et tout en devisant ainsi, ils se retrouvèrent à partager un léger repas vespéral.

Et puis ce fut lorsqu'ils sirotaient leur thé du soir sur l'engawa, nul ne sait à qui l'idée vint en premier, ni quel fut celui qui regarda le plateau de jeu en premier, et encore moins lequel eut le premier soupir de nostalgie en se remémorant ce que ce jeu représentait pour eux. Il faut dire aussi qu'ils n'avaient pas rejoué ensemble depuis cette nuit.. et quelle nuit !

Byakuya hocha la tête doucement, l'air impénétrable. Mais intérieurement, il bouillonnait d'une joie farouche.

Renji se releva, attrapa l'antique goban et vint le poser entre eux deux. Au passage, il sentit ses mains trembler. Ce truc devait être aussi vieux que la famille Kuchiki, tout en bois de cerisier, le quadrillage finement laqué, les pierres étaient polies et creusées d'avoir été tant utilisées.

Ils s'installèrent l'un en face de l'autre, chacun attrapant une boite de pierres. Au tirage, Renji avait hérité des blancs. Et il ouvrit au coin supérieur droit. Riposte immédiate, brutale, ouverture au centre. Les pierres se mirent à valser sur le plateau dans une danse mystérieuse et sensuelle, une danse où chacun tente de cerner l'autre, qui se dérobe à chaque avancée. Une danse guerrière, où l'on cherche à dominer, encercler, tuer.

Rapidement, ils ne virent plus rien d'autre que le plateau entre eux, l'enchevêtrement des cases, les mouvements de va et viens des pierres les une entre les autres. C'était la guerre. La vraie. Le champ de bataille sur un plateau de trois cent soixante et une cases, une guerre à l'échelle lilliputienne mais une guerre sans pitié où l'on ne doit pas laisser la moindre chance à son adversaire et où l'on arrête que lorsque tous les soldats sont morts.

Et les deux hommes savouraient ce moment de lutte sans pitié. Ainsi étaient-ils fait que le combat est leur destin, et que chaque coup porté à l'adversaire prend part à leur gloire personnelle de guerrier dans cette marche inexorable vers la victoire où seul compte de défaire l'adversaire, quel qu'il soit.

Sauf... peut-être... quand les mains de l'adversaire passent un peu trop près. Un peu trop de frôlement. Un peu trop d'effleurement.

Et Renji, écarlate, releva la tête vers Byakuya. Ce dernier fit mine de se concentrer sur le jeu et de n'avoir rien senti. Bien sûr ils étaient en couple. Bien sûr, mais pas depuis assez longtemps pour se permettre de regarder leurs premiers émois l'un pour l'autre avec détachement.

« Tu y repenses ? Murmura Renji, la gorge sèche.

C'était moins une question qu'une affirmation, mais une affirmation troublée, inquiète aussi. Et Byakuya savait ce qui inquiétait Renji, l'idée qu'un jour il puisse réaliser qu'il avait fait le mauvais choix avec lui. Leurs mains étaient maintenant engourdies, guidées uniquement par les vieux réflexes des joueurs.

- J'y repense ... souvent.

Il avait voulu dire « parfois » ou « de temps en temps », mais il ne voulait pas lui mentir. Il y repensait très souvent, presque à chaque mot, à chaque sourire, à chaque baiser, à chaque geste tendre, il se demandait si tout avait été suspendu à cette partie de go, des mois auparavant. Si tout n'avait été qu'une question de chance et de hasard.

Byakuya réalisa qu'il ne posait plus les pierres selon une tactique mûrement réfléchie, mais bien seulement par la force de son bras.

Le regard perdu de Renji l'empêcha de reprendre le cours normal du jeu. Il alla simplement poser une pierre le plus près possible des mains de Renji pour pouvoir le toucher.

- J'y pense. Je ne doute pas, murmura-t-il à son tour. »

Et brusquement, ils revinrent au jeu, à la guerre. Une pierre noire, un mouvement d'attaque conventionnel, digne, sérieux. Une pierre noire, une riposte un peu brouillonne, mais passionnée. Une pierre noire qui se glisse en avant, qui marque des points, qui tente d'aller toujours plus loin, mais sans risque, sans sortir d'un sentier balisé. Une pierre blanche, folle, insensée, qui attaque l'adversaire sur son territoire.

Des mains qui se croisent, qui se frôlent, qui esquissent un enchevêtrement noir et blanc, un mélange à l'équilibre subtil et délicat.

Une pierre noire qui se laisse prendre, qui laisse sa garder baissée, ouverte pour l'adversaire. Sans jeu, sans coup fourré. Une pierre blanche qui se rue dans la brèche, qui prend tout, emporte tout, dévaste tout. Une pierre blanche qui ravage, qui se rend maître des lieux, qui possède, brûlante de l'envie de vaincre, dévorée de l'ardeur du combat.

Le territoire noir avait cédé, brutalement, brusquement. Il payait son manque de combativité et d'agressivité, et inexorablement le territoire blanc prit possession du léger quadrillage, à l'intérieure du cercle de pierres noires. Petit à petit, celles-ci se refermèrent sur l'avancée blanche, gagnant ce qui pouvait encore être gagné. Dans un ultime sursaut, les noirs arrachèrent une poignée de pierre blanche, résistant avec peine à la violence de l'attaque.

Pénétrer en territoire noir n'était que le début. Les blancs s'installèrent, prenant pierre par pierre, encerclant, entourant, mettant à terre toute résistance. Le territoire noir se disloquait, laissait le blanc l'entourer et l'enlever, il ne luttait plus, ne se défendait plus, acceptait la défaite, savourant la douceur de l'étreinte du vainqueur.

La dernière phase de jeu avait duré plus d'une heure et pourtant, ils se dévisagèrent, quittant le goban des yeux, comme s'ils s'étaient quittés du regard une minute auparavant. Une minute s'était écoulée, une minute où Renji avait hurlé « je te veux » avec une poignée de pierres blanches, ce à quoi Byakuya avait rétorqué « viens me prendre », sans autres mots que ses pierres noires qui reflétaient maintenait l'éclat argenté de la lune.

Le cri de pierres raisonna encore de longues seconde le long de l'engawa et dans la chambre attenante. Essoufflés, désorientés et étrangement concentrés l'un sur l'autre, les deux adversaires quittèrent le monde impitoyable du jeu de guerre pour se jeter à corps perdu dans un autre jeu, aussi sanglant, meurtrier et cruel. L'amertume de la défaite, l'exultation dans la victoire... voilà d'étranges sentiments qui ne survivent pas au corps à corps. Car le corps à corps ne laisse pas de répit.

Plaqué contre le sol, Byakuya sentit le contact souple du tatamis sous lui, et puis l'air frais de la nuit qui s'engouffra lorsque Renji détacha sa veste de kimono puis son hakama. Les lèvres contre les siennes se précipitèrent, brûlantes, décidées et conquérantes. Les mains dans ses cheveux, arrachèrent sans douceur les kenseikan, qui roulèrent sur le sol pour s'immobiliser à un mètre du mur. Et il se sentit emprisonné par le corps puissant arqué au-dessus de lui.

Il n'eut pas besoin de dire un mot, ils avaient dialogué pendant près de trois heures, un dialogue muet à travers trois-cent soixante et une cases, un dialogue en noir et blanc, minéral et violent. Les mots étaient passés et Renji prit de lui-même le chemin le plus court, planquant son corps contre celui de son amant. La plus court chemin, le plus rapide, le seul moyen d'apaiser sa soif infinie de l'autre. Tout son corps brûlait, son sang bouillonnait. Il se sentait devenir la chaleur, irradier cette chaleur qui lui dévorait la peau et les entrailles. Ce feu gémissant au fond de lui, qu'il ne voulait plus connaître, qu'il avait connu une fois de trop, dans une petite chambre d'hôpital. Déjà trop tard pour éteindre l'incendie en lui. Il croisa le regard de son amant, alors que leurs jambes s'emmêlaient étroitement, et il y vit le même feu, un reflet de son propre désir, la même ardeur, et dans les mains de Renji, il reconnut la même morsure, l'envie profonde et douloureuse de se perdre dans cet immense incendie.

Bientôt tout son corps ne connut que cette brûlure intense, là où ils se touchaient, là où il caressait la peau tatouée, là où les mains calleuses l'effleuraient. Il sentit le feu se propager. À ses lèvres déjà réduites à l'état de brasier, succédèrent ses joues, ravagées par la bouche avide de Renji, son cou traversé par la même langue, son torse, malmené par les mains habiles de l'incendiaire. Sa poitrine s'était soulevée, ses tétons durcis dressés vers le ciel, ses reins creusés. Et puis la chaleur avait repris, au creux de son ventre, suçotant amoureusement sa chair pâle et ferme, luisante de sueur.

Et puis, s'insinuant profondément en lui, les doigts de Renji ouvrirent le chemin, explorèrent, préparèrent le terrain pour le prendre encore plus profondément, pour se perdre en lui et ne connaître que la chaleur d'être en lui.

L'attaque avait commencé sournoisement, sans douleur, sans choc, sans arme. La réponse fut aussi rusée, car Byakuya leva lentement le buste et attrapa la nuque de Renji, le tira vers lui, s'en prit à ses lèvres sans prévenir et saisit une poignée de cheveux dans sa main. Maintenant qu'il avait le visage écarlate de son amant en otage, le capitaine se permit une faible jubilation de victoire.

La contre-attaque n'en fut que plus farouche, et Byakuya se cambra à nouveau en sentant les doigts de Renji se lancer à l'assaut de son sexe turgescent. Il lui jeta un regard assassin. Alors comme ça, mettre le feu aux positions ennemies n'avaient été qu'une manœuvre de diversion ? Certainement, vu le triomphe qui scintillait au fond des yeux de l'autre capitaine.

Et à partir de ce moment, la bataille se mena sur les deux fronts simultanément, malmenant les troupes de chaque côté. Les baiser enflammées ôtaient au commandement des forces d'invasion toute possibilité d'élaborer une nouvelle ruse, et les assauts répétés forçaient lentement et sûrement la forteresse assiégée qui se trouvait sur le point de céder.

Jusqu'au moment où Renji se trouva réduit à utiliser l'ultime arme de son arsenal, pas celle dont il était le moins fier. Ses lèvres se libérèrent du piège ennemi et se glissèrent au creux de son oreille, livrant en même temps que quelques gouttes de sueur lourdes et salées, quelques mots plutôt sucrés.

En représailles, l'adversaire se retourna en une traîtresse manœuvre, décimant les forces déployées par Renji, une main de Byakuya courant sur son torse, puis son ventre, traçant un nouvel itinéraire entre leur peau collante, jusqu'à les rassembler, deux membres dans la même mains, serrés à tel poins qu'on ne pouvait mener l'un à se rendre, sans atteindre l'autre également.

Un grognement de mécontentement lui échappa et Renji réalisa que son ex-capitaine n'avait effectué qu'un dernier sursaut, le geste de la dernière chance. Le regard meurtrier dont il écopa lui confirma cette intuition. Un regard humide et absent, outré. Il y a des règles, même à la guerre... et violer ces règles, c'est déloyal. Pour toute réponse, le capitaine Abarai se redressa et pénétra l'un seul mouvement le territoire tant convoité. Oui il y a des règles à la guerre, mais quand on veut gagner, on ne respecte pas les règles. On les viole consciencieusement une à une.

Dans un gémissement plus langoureux que les autres, Byakuya signa une reddition définitive et s'abandonna aux conditions de son adversaire, prêt à subir les négociations longues et acharnées. Négociations qui s'appelaient bras et jambes, coups de boutoir en lui, mains serrées sur ses hanches. Des négociations qui exigeaient tout de lui, son corps, son cœur, sa raison, son âme, jusqu'à la moindre particule de la force qui l'habitait. Des négociations qui le faisaient gémir, crier, et murmurer des choses incohérentes. Le genre de pourparlers de paix où le vainqueur dictait sa loi, posait ses mains où il le voulait, s'emparait des territoires les plus riches et les plus précieux, mettait les villes à sac, et exigeait en tribut une débauche de plaisir que le vaincu ne pouvait que céder sans résister. Et là, Renji avait décidé de tout prendre, c'était un conquérant sans état d'âme, sans pitié pour le corps abandonné à sa volonté. Il prit son visage, constellé de perles de sueur, entre ses mains pour mieux apposer sa marque sur chaque parcelle de peau à sa disposition. Il prit ses cheveux, rivière d'ébène coulant de ses mains sur le sol. Il prit les épaules et les bras, les obligeant à l'enlacer étroitement, il prit son torse, sa poitrine et son ventre, victime du rythme infatigable de l'avancée de Renji en lui, secoués par chaque coup de rein comme un pays déchirée par une tremblement de terre. Il prit sa taille, ses hanches, ses fesses, forcées de suivre la cadence enfiévrée des spasmes amoureux, des va et viens en lui. Et enfin, il prit son sexe, otage malmené par des attentions passionnées. Entre les lèvres dures, la langue sans pitié, et les dents affamées, rien de son être ne fut épargné. Pas plus la peau blanche de son cou que les deux points sombres que dessinaient ses tétons sur sa poitrine, pas plus la délicate chair de son sexe que la masse de ses cheveux, mouillée de sueur.

Et enfin, d'un commun accord, ce fut le traité de paix. L'acceptation ultime d'une entente, mutuellement, volontairement, dans un même élan l'un vers l'autre, dans une même explosion de plaisir, ils se retrouvèrent étroitement enlacés, maculés de la même trace de leur combat. Dévastés, épuisés, comme deux terres ravagées par les combats, comme deux corps décimés par la guerre, ils s'effondrèrent, victime de la même sensation de paix et de calme. L'abandon de toutes les hostilité, chaque belligérant retrouvant son intégrité, quand Renji posa doucement la tête sur le torse de Byakuya, essoufflés, le souffle court et le cœur en feu.

Il était plus que temps de compter les morts et soigner les blessés, rebâtir, panser les plaies, apaiser le souvenir douloureux de la guerre. Byakuya se redressa, repoussa doucement Renji et se leva. Les pierres furent remises dans leurs précieux écrins de bois laqué, le goban retrouva sa place dans le coin d'un placard, sous sa housse de velours rouge. Même Renji fut rangé proprement dans le lit qu'ils partageaient maintenant neuf nuits sur dix. Le souffle calme de l'homme endormi émut Byakuya jusqu'aux larmes sans qu'il en réalise la raison. Ce n'était pas la première qu'ils se jetaient l'un sur l'autre n'importe comment, au hasard d'une discussion, au détour d'une promenade ou à la fin d'un repas. Mais là, cela lui arrachait des larmes d'une joie amère les mots murmurés par son amant, qui avaient détruit toutes ses défenses, abattant le fragile rempart de fierté qui le séparait parfois de l'homme qu'il aimait, ces mots s'étaient gravés en lui. « Aime-moi », une supplique, une requête désespérée. Tout en se lovant contre Renji, le capitaine songea avec irritation qu'il pensait avoir dépassé ce stade et que Renji ne pouvait plus douter de l'égale dévotion qu'ils se vouaient l'un à l'autre. Apparemment, ce n'était pas encore tout à fait réglé.

Ses bras se refermèrent dans une étreinte protectrice et il se laissa emporter par le flot de ses pensées, occupées presque exclusivement par l'étrange engagement qu'il prenait un peu plus chaque jour avec cet homme. Sans chercher le sommeil, il se sentit rapidement somnoler, sans pouvoir toutefois tomber dans la chaleur bienfaisante d'un véritable repos, hanté par l'incertitude que semblait encore éprouver Renji à son égard.


L'obscurité était alors totale et plus aucun bruit ne troublait le repos de la nuit, même pas les rares chants d'oiseaux nocturnes, quand Renji ouvrit les yeux. Son premier regard tomba sur celui de son amant, et se fit mal dans la chute. Oui, très mal, parce qu'un tel regard fait mal. Un regard si terriblement possessif, et malgré tout timide, hésitant, le genre de regard qui va avec des yeux remplis de larmes normalement. Mais sans larmes c'est aussi douloureux, presque plus.

« Hé... murmura-t-il, incapable de trouver les mots pour ce regard-là.

Byakuya remarqua seulement à cet instant que Renji ne dormait plus et le fixait avec un air perdu.

- Mmh ? Fit-il, inconscient du trouble qu'il causait chez son amant.

Renji se tendit un peu, leur relation ne l'avait pas habitué à ce genre de situation. Et de manière généralement, il était bien plus habitué à réconforter des jeunes shinigamis ou ses collègues les plus impressionnables que Byakuya Kuchiki.

- Ça va ? Fit-il simplement, incertain de ce qui convenait de dire.

Byakuya esquissa une pâle ébauche de sourire. Voilà qui ne cessait de l'émouvoir, la manière dont Renji se montrait aussi délicat lorsqu'il ressentait la moindre faiblesse en lui. Il faut dire aussi qu'il n'avait jamais habitué qui que ce soit à percevoir une trace de faiblesse en Byakuya Kuchiki. À la limite Ichigo, lors de leur premier combat, mais il n'était pas sûr que le jeune humain ait perçu toute la portée de son attitude à ce moment-là.

- Oui, murmura-t-il en se redressant en appui sur son coude. Maintenant, ça va.

Et il se pencha pour embrasser tendrement son amant.

Renji se redressa à son tour et passa simplement sa main sur la joue de son compagnon pour le retenir contre lui, contre ses lèvres.

- J'en ai trop fait non ? Murmura-t-il encore, le ton bas et sombre.

Le plus gentiment du monde, Byakuya ôta la main de sa joue et reposa ses lèvres sur celles de Renji, avant de susurrer à son tour.

- Non, certainement pas, non.

Timidement, Renji releva la tête, croisant à nouveau le regard qui criait de souffrance.

- Alors pourquoi tu ne dors pas ? Il fait nuit noire. »

Byakuya sentit son malaise s'accentuer. Et il perçut vaguement que rien de ce qu'il pourrait dire ne l'apaiserait. Pour vaincre cette désagréable sensation, il devait montrer, faire, agir.

Il tendit les bras pour prendre la tête de Renji et la serrer contre lui, tendrement, doucement. D'abord pris au dépourvu, son amant déploya à son tour ses bras et entoura fermement sa taille. Byakuya sourit intérieurement en sentant le souffle régulier de son amant sur sa poitrine, et son sourire passa progressivement de son cœur à ses lèvres lorsqu'il commença à passez ses doigts en peigne dans la chevelure rouge. Dieu.. cela le rendait fou, ces flammes qui jouaient dans ses mains.

Ses lèvres bougèrent seules.

« Je ne dors pas, je te regarde dormir.

- Dors avec moi, répondit simplement Renji, son souffle chaud faisant frissonner la peau blanche contre sa bouche.

Byakuya hocha la tête, ému par la simple idée de partager cela. Partager le sommeil, partager le lit, suivre un être dans ce moment le plus intime de son existence, le moment où l'on devrait être seul avec ses rêves les plus secrets.

- Ne me laisse pas seul à dormir, continua Renji, sans trop savoir pourquoi il disait cela.

Byakuya, lui comprit, c'était tout ce à quoi il aspirait. Partager cette intimité. Être l'invité dans cet endroit où l'on va seul normalement, dans le monde du sommeil.

- Chuut. »

Et comme souvent, cette sensation le submergea. Cette sensation d'être aimé, d'avoir quelqu'un à côté de soi qui se donne volontiers, qui donne sa vie, ses petites habitudes, son confort, et sa confiance. Un être qui vous accepte totalement, malgré toutes vos failles. Quelqu'un avec qui on peut tout partager, quelqu'un qui vous prend au plus profond de son existence, quelqu'un qu'on peut accepter dans l'intimité la plus reculée de son être. Plus qu'un amant, un compagnon, un alter ego.

Et il enlaça Renji avec fougue, lui enserrant la tête de ses bras, planquant son front contre le sien, heurtant son nez, frôlant ses lèvres.

« Il est encore tôt.

Renji inspira profondément. Cette voix, rauque, suave, cette voix profonde, presque caverneuse, cette voix résonnait en lui totalement, des pieds à la tête, et jusqu'au dernier recoin de ses tripes, cette voix le prenait et l'emportait.

- Mais... articula-t-il faiblement.

- Ce qui nous laisse... beaucoup de temps, » termina Byakuya dans un souffle, repoussant son amant sur le flanc et passant une jambe entre les siennes sans libérer son visage, plaqué contre le sien.

Et Renji ne put qu'acquiescer silencieusement tant leurs lèvres étaient trop proches pour pouvoir bouger les siennes sans heurter celles de son amant. Lui aussi se rappelait les mots qu'il avait dû lâcher pour faire céder son amant, et il s'en voulait. Il savait pertinemment que Byakuya Kuchiki l'aimait, parce que dans le cas contraire, il ne serait pas dans ce lit à cet instant même, ni dans ces bras. Et malgré lui, pourtant, cette espèce de faiblesse, d'incertitude, la même qui lui faisait parfois se demander comment le capitaine Kuchiki avait pu le choisir lui, entre tous. Parfois, en de rares instants, il se disait qu'il aurait toujours à forcer le destin et à s'imposer à son amant, à abattre violemment les barrières entre eux deux.

Parce que les hommes sont des être faibles et fiers, les deux shinigamis partageaient la même aspiration à combler l'autre, à remplir sa vie, à ne pas le laisser échapper. Parce que les hommes ont besoin de la chair et du sang, et qu'ils ne font pas exception à la règle, parce qu'ils sont ainsi faits. Ils ressentaient l'un comme l'autre ce besoin de se fondre l'un en l'autre, de n'être qu'un, qui ne soit ni l'un ni l'autre, mais un être nouveau, un être renouvelé par la communion des corps et des âmes.

Ce fut brusque, sans préliminaires, sans mots, sans jeu. Brusquement l'étreinte. Brusquement le contact chaud et sec des doigts de Renji sur lui.

En pleine nuit, nulle lumière ne découpait des fines lignes des persiennes, aucune lueur douce ne filtrait à travers les fenêtres en papier de riz. Seules les ténèbres saluaient l'élan effréné qui les poussait l'un vers l'autre. Aveugles, ils n'avaient que leur peau pour ressentir chaque mouvement, que le bruit du drap crissant contre la peau pour se repérer, l'odeur entêtante des corps fatigués pour sentir la présence de l'autre.

Byakuya se mit à moitié assis, sur les genoux, et releva Renji devant lui, face à lui. Ce dernier attrapa comme il le put le mur devant lui, les bras tendus au maximum. Il ne cherchait même plus à tenir en équilibre sur ses jambes, emmêlé qu'il était avec son amant. À nouveau son visage fut prit entre les mains puissantes du capitaine et amené à lui, sans possibilité de se dérober. C'était ainsi, ils en étaient là, désespérés, c'était ce genre d'étreinte, désespérée, profondément pessimiste, hors de toute foi en leur existence et en leur réalité. C'est le genre d'étreinte qui hurle « regarde-moi, dis-moi que j'existe, fais-moi exister ». Le moment de doute et de peur au creux de la nuit de velours, le moment où un vent glacial s'installe au plus profond des cœurs, que seule la douceur d'une étreinte peut éteindre.

Renji le sentit aussi, ce besoin de se donner entièrement. L'angoisse sourde qu'il taisait tout le jour profitait de l'obscurité pour jaillir en lui. Si Byakuya le suppliait de lui prouver son existence, sa sincérité, Renji, lui, implorait pour un peu d'amour. Ils avaient besoin de se prouver qu'ils existaient. Encore et encore. Ils avaient besoin de se heurter pour exister. Comme la lame se briser sur le récif, il se brisa contre le roc qui le maintenait fermement contre lui. Lui la vague, qui submerge la falaise de sa fougue, se fit déchirer par le récif inébranlable.

Il le fit reculer un peu, pour qu'ils puissent s'appuyer tous deux contre le mur derrière eux et Renji se mit sur ses genoux, surplombant son amant, le dominant d'une tête. L'aîné des deux hommes s'ingénia à retarder aussi longtemps le moment de prendre son cadet, redoublant de baisers, posant son front contre la poitrine tatouée, enlaçant la taille, les fesses, les cuisses devant lui. Et puis, avec la même brusquerie, il saisit Renji par les hanches et le poussa sur lui, jusqu'à qu'il soit assis sur ses cuisses, empalé sur le sexe de son amant.

Renji poussa une plainte douloureuse. Oui la douleur au creux des reins, la douleur qui irradiait dans tous ses muscles, la douleur naissant au creux de son intimité, une sensation de déchirure et de brûlure. La morsure d'un fauve enragé qui laissait sa marque sur une proie. Cette douleur, il y était préparé mais pas immunisé.

Il grogna à nouveau, il gémit, et progressivement, la plainte prit la forme d'un cri, d'une supplication, d'un nom.

« Byakuya... »

Ce fut un souffle, un râle de mourant.

« Byakuya... »

Puis une incantation sauvage, primitive, qui puisant sa force dans ce rituel sexuel immémorial. Je te prends. Tu es à moi. Tu prouves que je suis. Tu me fais exister. Les mains fermement calées sur ses hanches le poussaient d'avant en arrière, et par moment, le soulevaient pour le laisser retomber brutalement. À chaque fois Renji retenait un cri, jusqu'au moment où il entendit une voix de basse partir dans une note suraiguë, et qu'il ne put que constater que c'était sa propre voix. Sa gorge le brûlait, asséchée par l'effort. Sa bouche lui semblait déformée par le cris qu'il poussait.

« Renji... »

En écho, son propre prénom raisonnait. Un écho asséché, une voix déformée par la tension et par l'effort.

« Renji... »

Autant de fois qu'il criait le nom de son amant, ce dernier répondait patiemment. À chaque appel, il répondait, à chaque doute, il voulait apporter une certitude. À chaque incertitude, il voulait apporter sa sincérité. À chaque signe de faiblesse, il voulait apporter la force toute puissante de son amour.

Et la solution lui apparut alors que le frottement forcené de leur corps l'un contre l'autre l'amenait au seuil de la jouissance. Il saisit Renji par les épaules, le força à cesser de bouger et colla son visage au sien. Au moins s'il ne pouvait pas le voir, il pouvait sentir la chaleur des lèvres contre sa joue. Et sa voix lui échappa, étrangère, rauque, sèche, étrangère.

« Je t'aime, Renji. »

Un silence expactatif s'installa et sembla durer des heures, jusqu'à ce que Renji ne bouge enfin, mû par l'instinct, ou un réflexe conditionné, laissant son cerveau complètement amorphe. Ses deux mains se posèrent sur les joues brûlantes de Byakuya. Et le capitaine posa les siennes par dessus encore. Leur visage se heurtèrent. La peau rêche de deux faces fatigués, les mains anguleuses et osseuses de Renji, celles, froides comme la mort, de Byakuya. Les cheveux trempés de sueur, sales d'avoir été trop caressés, la poussière sur la peau et la peau grasse de tant d'effort. Mais ces regards, ces deux regards passionnés, aimants, des regards qui s'appelaient, s'attiraient inexorablement. Et le jeune capitaine passa d'abord sa langue sèche sur les lèvres de son aîné, puis se glissa entre elles, quémandant l'entrée avec insistance, sans recevoir la moindre résistance. Et puis il fondit sur la bouche entrouverte et prit possession des lieux avec avidité.

Presque au même instant, il sentit une nouvelle vague de plaisir le traverser depuis le bas ventre jusqu'au creux des reins, sous les soins habiles prodigués par son amant.

Lorsqu'il retira sa langue de sa bouche, Renji relâcha un Byakuya épuisé, le moindre muscle de son visage engourdi par la fougue de leurs baisers, étourdi par la jouissance qui l'avait saisi au milieu du baiser, entraîné par cette de son compagnon.

Il n'aurait su dire combien de temps ils restèrent ainsi, l'un contre l'autre, appuyés au mur, calés l'un contre l'autre, avec pour seul souci de ne pas laisser une parcelle de leur corps loin du contact réconfortant de celui de l'autre.


Byakuya tenta de se souvenir de la manière dont ils avaient pu se retrouver sous les draps, il ne se souvenait plus que du mur dans son dos et de Renji sur ses cuisses. Il sentit à nouveau les lèvres de Renji se poser sur les siennes, répondre, batailler et puis doucement s'éloigner, en laissant un goût un peu épicé derrière elles.

« J'ai bien dormi, annonça simplement Byakuya, en se remémorant la question. Et toi ?

- Trop. C'est intolérable de passer la nuit avec toi et de ne faire que dormir. »

Byakuya eut du mal à réprimer une exclamation d'indignation. Un rapport sexuel par nuit était déjà largement suffisant selon ses standard en la matière et la nuit qu'ils venaient de passer était tout bonnement scandaleuse à ses yeux. Mais comme il était fier et fort, il supportait sans rien dire le scandale de la chambre à coucher. Et puis faut bien avouer aussi que ça lui plaisait pas mal. Mais certainement pas autant que Renji qui aurait volontiers abandonné tout sommeil pour passer ses nuits à câliner son homme.

Il reposa sa tête sur son futon, contemplant sa chambre avec un pincement au cœur. Il n'avait jamais partagé cela avec Hisana, ils faisaient chambre à part à cause de sa santé fragile. Aussi n'avait-il jamais connu ce moment si délicat où l'on paresse avant le matin, profitant des dernières minutes de nuit en serrant un corps chaud et aimant contre soi. Il avait eu beaucoup de mal à assimiler la notion de « traîner au lit avec Renji », alors que son amant avait eu autant de mal à comprendre pourquoi il importait d'être levé avec le soleil quand on était capitaine. Au début ça avait été dur de faire de Renji un capitaine digne de ce nom, mais rapidement il y avait mis du sien. Rien qu'à voir le regard stupéfait, incrédule et illuminé d'une joie inattendue de Hinamori lorsqu'elle arriva un matin à la capitainerie et en voyant son capitaine déjà au travail, Renji sut qu'il devait se donner entièrement à sa tâche. Ce qu'il fit. Ce qu'il faisait encore.

Byakuya se souvint de l'investiture de Renji comme capitaine, et du regard un peu gêné qu'il avait lancé à sa jeune vice-capitaine. D'ailleurs la première chose qu'il lui avait dite c'était « désolé Momo », ce à quoi elle avait rétorqua par un petit haussement des épaules et un regard sévère qui fit pouffer Izuru Kira. Byakuya avait même entendu un murmure comme quoi Hinamori ne risquait pas de tomber amoureuse de son capitaine cette fois-ci et que c'était au moins ça de gagné.

Enfin, les premiers moments avaient été rude pour cette étrange équipe de commandement où le vice-capitaine avait plus pieds sur terre que le capitaine, mais Renji avait rapidement comblé son retard en usant de son charme légendaire (non, svp, pas de rires dans la salle) pour se mettre tous ses hommes dans la poche, sans aucun sous-entendus sexuel s'il-vous-plaît ! Si c'est pas de l'exploit ça ! Ce qui fait qu'il était en bonne passe de détrôner Ukitake au titre de Capitaine le plus apprécié de sa division. Un vague sourire en coin fleuri sur ses lèvres et il resserra son bras sur la taille de Renji. Ce dernier répondit doucement au geste en se lovant contre lui, adoptant les reliefs de son corps.

Les jambes étroitement emmêlées, caressés par la lueur de l'aube naissante, les deux corps serrés l'un contre l'autre dans la pâleur d'un matin d'été, allumaient au monde un brasier ardent, plus vif qu'un feu de paille, plus lumineux qu'une seule flamme dans la nuit. L'aîné des deux hommes repoussa son compagnon sur le côté pour lui faire face, allongé l'un contre l'autre. Et puis doucement, ses mains se frayèrent un chemin sur le torse tatoué, arrachant un long frémissement muet à son amant. Laissant ses mains se débrouiller toutes seules, Byakuya releva la tête, et Renji décrocha son regard de l'épaule ivoirée pour le regarder en face.

Le regard qu'ils échangèrent aurait mis le feu à un bois de sapin.

Les deux corps se rencontrèrent, sensuellement, s'enlacèrent, voluptueusement, s'attachèrent tendrement et se consumèrent dans une extase mutuelle. Perdu dans une kyrielle de baiser lascifs, Byakuya trouva tout de même assez de présence d'esprit pour continuer d'explorer le territoire qui s'étendait sous ses mains. Le ventre tatoué, et par habitude Byakuya croyait même sentir un léger relief à l'endroit du tatouage, le bas ventre et la toison aussi rouge que les cheveux de Renji, le contact des poils drus lui arrachait toujours le même rougissement et la sensation de chaleur dans ses doigts et ses mains. Il ne s'attarda même pas sur le sexe dressé, pas besoin de l'exciter plus qu'il ne l'état déjà. Au lieu de ça, lorsqu'il sentit les muscles de Renji se tendre, se main se glissa entre les jambes du jeune capitaine, effleurant les fins testicules avant de pouvoir masser tendrement le délicat anneau de chair affleurant entre les fesses fermes aussi tendues par l'excitation que le reste du corps de Renji. Byakuya inspira doucement, surpris par une telle tension, il dut s'y prendre à trois reprises pour glisser le bout d'un doigt en Renji, le tout au prix d'un grognement de douleur auquel il n'était pas non plus habitué.

« Détends-toi », susurra-t-il au creux de son oreille, en lui arrachant un nouveau tremblement, profond et languissant.

Pour toute réponse, il sentit la tension diminuer, et put préparer son amant sans le blesser, soulagé de percevoir autant de douleur que de plaisir dans les gémissements qu'il poussait. Au bout de quelques poignées de secondes, il attrapa la jambe de Renji repliée contre lui et l'amena au niveau de sa taille. Ses doigts de refermèrent sur la chair de la cuisse, dure comme le bois, s'enfonçant dans le relief des muscles bandés. Renji posa à son tour une main sur ses fesses pour les écarter histoire de rendre leur mouvement plus aisé. Il réprima un geignement lorsqu'il sentit le sexe de Byakuya chaud et palpitant entre ses fesses, et la friction douloureuse qui tirait sur ses poils, lui arrachant deux petites larmes au coin des yeux. Byakuya ignora autant que possible l'impatience de Renji et se plaça à son entrée, avec la sensation exacerbée de son sexe raidi par l'excitation qui tâtait la chair brûlante. Et puis il le pénétra, lentement, doucement, faisant glisser son membre toujours plus en avant, enserré par un organe palpitant, bouillonnant. L'étroitesse de Renji le força à s'immobiliser un moment, laissant le temps à leur de s'habituer à ce contact si intime, de souffler et puis de reprendre, enlacés plus étroitement que jamais.

Gêné par leur position allongée, Byakuya s'efforçait de bouger doucement, en de longues poussées plus profondes qu'énergiques. Ce à quoi Renji répondait de vigoureux mouvements de hanches, allant et venant sur le sexe de son amant en poussant des plaintes éthérées, perdue dans son extase. Serrés comme ils l'étaient, leurs lèvres ne se quittaient pas, leurs souffles se mêlaient, réchauffant encore un peu plus leur visage. Sur le matelas, leurs cheveux s'emmêlaient aussi, formant un écheveau rouge et noir. Et entre leur ventre, le membre de Renji se trouvait frotté par leur peau, l'amenant progressivement jusqu'à la jouissante. Lorsqu'il se lâcha dans un grognement rauque, les lèvres sèches et avides de Byakuya se précipitèrent pour le faire taire jusqu'à ce que lui aussi vienne, quelques poignées de seconde plus tard.

Toujours fermement embrassés, ils reprirent leur souffle à la bouche l'une de l'autre, en se désaltérant au goût ferreux et âcre du baiser. Jusqu'à ce que le premier rayon de soleil traverse les persiennes et vienne se poser sur le lit, traçant une ligne éclatante sur leur visage.

Renji cligna des yeux et bougea sa tête pour échapper à l'éblouissement. Byakuya pencha la tête, la posa contre le haut du torse de son amant. Le plus jeune des deux hommes se pencha un peu, fermant à nouveau les yeux face au soleil.

« Je croyais que c'était interdit de bon matin ?

La réponse fusa, ironique et hautaine.

- C'est interdit jusqu'à ce que je l'autorise.

- Hé ! Moi aussi je suis capitaine maintenant ! Protesta Renji en rigolant.

- Ça n'a rien à voir avec le grade, c'est une question d'autorité naturelle.

- Tu sais où tu peux te la foutre ton autorité naturelle ?

Cette fois-ci, Byakuya en fut réellement scandalisé, et foudroya son amant du regard qui secoua la tête, contrit.

- D'accord, c'était pas très élégant, je retire.

- Pas élégant ?

Renji eut un sourire parfaitement innocent.

- T'aurais dit comment, toi ?

- Je ne supporte pas la vulgarité, Renji. De ta part, c'est navrant.

Luttant contre une furieuse envie de rire, Renji reprit.

- D'accord, on va dire que c'est vulgaire, que je retire et que l'autorité naturelle, c'est très surfait et que la prochaine fois que j'en ai envie, on fera l'amour de bon matin. Ça marche ?

Pour toute réponse, il se fit plaquer contre le matelas, une main dans la nuque, une autre dans ses cheveux et la bouche affamée de Byakuya sur la sienne.

- Arrête de parler, tu ne dis que des idioties. »

Et tandis qu'ils se perdaient à nouveau dans une débauche d'affection, Renji se dit que le faire taire de cette manière ne l'inciterait certainement à arrêter de dire des conneries.

Ils se sortirent finalement du lit lorsqu'ils n'eurent plus d'autre choix sous peine d'arriver en retard à leur poste, et partagèrent une collation frugale (suffisante pour Byakuya, frugale selon les critères de Renji, comme quoi, tout est relatif).

Puis Renji s'engouffra dans la salle de bain, un peu déçu de ne pas réussir à y traîner son compagnon. Ça viendrait en temps voulu, se disait-il pour se consoler. Mais Byakuya était hostile à l'utilisation pour leurs ébats de lieux tels que la salle de bain, la cuisine, la salle de réception, les placards, les jardins publics, les toilettes... bref, tous les lieux sauf la chambre.

Il attrapa son haori sur une chaise et le passa avant de sortir de la pièce, non sans s'être jeté un regard langoureux dans le miroir au passage.

« Renji.

La voix derrière lui lui imposa un demi-tour instantané.

- Oui ?

Byakuya le regardait avec un sourire qu'on aurait pu qualifier de taquin s'il avait été un peu plus naturel. Et sans un mot, Byakuya ôta le haori de son amant, et lui en tendit un autre.

- Il n'est pas question de re-faire un échange de haori. La première fois m'a suffit.

Renji sourit jusqu'aux oreilles en songeant à cette mémorable journée où chacun portait le haori de l'autre, avec l'insigne de la division correspondant. Le silence de mort qui régnait autour d'eux, la gêne de tous ceux qui passaient derrière, les quelques sourires en coin.

Byakuya interpréta parfaitement bien ce sourire.

- Tu as peut-être apprécié, mais moi je m'en serai volontiers passé.

- Je n'ai pas aimé du tout, je ne savais plus où me mettre. Mais quand je repense à leur tête à tous...

Machinalement, il remit droit un des kenseikan de Byakuya et haussa les épaules.

- On s'en fout non ?

Un regard noir passa, et il reprit.

- Non ?

- Non. »

~FIN~

Et voilà c'est la vraie fin de fin de vrai (ça veut rien dire, on fume toute la journée voilà tout).

Pour les malheureux pécheurs, les inconscients, les méchants, les vilains pas beaux, c'est la dernière chance de reviewer !

Et pour tous, guettez notre compte, dès le mois prochain, nouvelle fic avec nos deux tourtereaux ! (cette fois-ci ce sera publication le premier du mois), avec encore plus de délire, de mamours, de citrons et d'action !

En tous cas MERCI BEAUCOUP à vous tous qui avez suivi, aimé et reviewé cette fic ! On a vraiment beaucoup appris de vos remarques. MERCI d'avoir fait semblant de ne pas voir qu'on est toujours à la bourre pour les chapitres ! MERCI de vous être accroché deux ans durant (pour les plus anciens) à cette fic ! Pour nous écrire est une belle aventure, et les lecteurs en font partie !


Avec bien sûr, les réponses aux reviews sans compte, mais pas anonymes, loin s'en faut, on finit par vous connaître !

Hidakatsuki-X : bravo pour le 300° commentaire ! fallait le faire (Jimi imagine Hidakatsuki-X en train de zieuter sur le compteur dans l'attente du jour béni ^^). Bien sûr nous n'utilisons que 10% de notre potentiel de conneries, sinon les fics seraient illisibles. Mais on projette sérieusement de se faire un blog pour publier ce qui est trop hard pour figurer sur FFnet. A bon entendeur !
On espère que l'épilogue t'a plu. Y'a pas vraiment d'histoire, c'est juste du lemon pour le plaisir des yeux (et d'autre chose !). Merci encore de tes reviews et à bientôt !

Emeline : voilà votre épilogue, madame, nous espérons qu'il est à votre goût ! (de toute façon, c'est trop tard, on ne peut plus rien changer). Il fallut attendre un mois, certes, mais le résultat n'est-il pas digne du prix de l'attente ? Amuse-toi bien en le lisant, et prend patience pour la séquelle XD
Merci encore pour avoir suivi cette fic, et pour tes encouragements !

Pour la douce et charmante Pioush (nan, c'est pas de la drague de bas étage, bien sûr que non ^^) : merci encore et toujours. Merci d'avoir aimé tous ces chapitres, et de nous avoir nourri patiemment de tes reviews si bonnes. C'est fini pour "40 jours", mais il y aura une séquelle et nous préparons une autre fic ByaRen pour le mois prochain. Sinon, si tu es vraiment en manque, nous en avons déjà publié pas mal et tu y trouveras peut-être ton bonheur ^^
Et voilà, on est contents que tu aies aimé notre vision de Bleach, même si Byakuya est surprotecteur et Rukia inconsciente de la chance qu'elle a. Bonne lecture pour la suite, bonne continuation pour toi !

Spongebob : ô toi créature des profondeurs (de Bikini bottom plus précisément), nous avons pris note de ta commande et tenterons de l'honorer avant le mois prochain (avant fin juin quoi), car il nous faut d'abord relire tous les épisode de Fairy Tail pour s'assurer que nulle incohérence ou pire, nul OOC ne nous guette. Mais ta fic sera faite, croix de bois, crois de fer, si on ment, on boit six bières. Pour en revenir à la fic, oui, nous sommes des sadiques, nous aimons maltraiter les perso (surtout Ichigo, Renji et Byakuya, mais surtout Ichigo en fait), c'est notre défouloir. Mais c'est tellement plus intéressant comme ça !
Et oui, il y aura une séquelle, reste encore à l'écrire. Il va te falloir de la patience et de la ténacité, mais c'est à ça qu'on reconnait les vrais guerriers... heu.. lecteurs... Bref. On a encore du ByaRen en stock dont une nouvelle fic dont le prochain chapitre sort le 1er juin (le jour des drogués XD). Encore merci et à bientôt.