Chapitre 3:
Tout est blanc. Suis-je vraiment dans un univers sans couleurs ? Ma tête est lourde, mes oreilles bourdonnent faiblement mais de manière continue. Mon corps cotonneux tangue doucement. Je ne sens plus rien et je sens tout. Une osmose irréelle entre lui et moi. Lui, le tout. L'ensemble nature-vie. Moi, le rien, ou plutôt l'infime particule invisible qui participe à la création du tout. Ce bourdonnement titille quelque chose, là, dans mon cerveau. Quelque chose dont j'aurais oublié l'existence, quelque chose d'inaccessible. Je vogue ou je flotte dans le temps. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. (1) Tout est blanc.
C'est cette douleur, là, qui me tire de ma léthargie. Cette sensation de résonance dans le creux de mon estomac. Ces grondements et cette faim qui me déchirent les entrailles. Je sens une force qui s'impose, bestiale et brutale elle recouvre mon esprit. Je ne me bats pas, à quoi bon ? Pourquoi chercher la souffrance alors que je peux simplement me laisser couler dans la douce crème de l'oubli.
Où est maître ? J'ai faim ! J'aboie, bien que seul un piaillement sort de ma bouche à mon plus grand malheur et à ma plus grande honte ! Je m'entraîne, il est hors de question que je continue comme cela ! Je grogne, je sens quelque chose qui remue en moi, qui veut sortir, je force pour le libérer.
-Harry ? Demanda la jeune fille inquiète, voyant de la sueur perler au front de son jeune ami. Harry est-ce que tout va bien ?
Elle sentit la tension monter dans la pièce, l'air devint oppressant. Elle recula, comme brûlée.
-Que se passe-t-il ?
Une chaleur étouffante régnait à présent dans la salle, la jeune fille suffoqua et sortit, toussant. Elle courut à la recherche de quelqu'un, s'écorchant la gorge, crachant son sang. Elle tenait son cou entre ses mains ensanglantées dans un geste de protection aussi instinctif qu'inutile. Sa vue commençait à se brouiller sous la douleur sourde qui pulsait sous ses doigts au rythme de son cœur affolé. Cette cadence effrénée résonnait dans ses oreilles telle la dernière symphonie de sa vie. Ses muscles se crispaient sous l'effort. Un pas, un autre et encore un autre. Combien de temps erra-t-elle dans les couloirs ? L'angoisse maîtresse de son âme, le corps sanguinolent, les yeux révulsés. Elle l'attendait, cette gentille torpeur qui l'emmènerait loin de la douleur. Après avoir ouvert une dernière porte elle s'effondra sur le sol, sa mission accomplie. Évanouie, enfin.
-Potter !
La réunion interrompue, une joyeuse cacophonie s'imposait dans la pièce, engluant les esprits dans la fange de la panique. Une voix trancha l'air et perça le mur d'épouvante qui séparait les consciences des sorciers.
-Severus, Alastor, Minerva et Arthur, venez avec moi, nous allons voir si Harry va bien. Les autres occupez-vous de Miss Granger, amenez-la à l'infirmerie, il doit rester des potions de guérison.
Sans regarder si ses consignes étaient respectées, le directeur franchit la porte et allongea le pas dans une marche rapide pour arriver au plus vite près du survivant.
Dix longues minutes passèrent, dix minutes d'angoisse, dix minutes de précipitation, dix minutes d'indifférence…
-Bien, il me semble que Potter a trouvé un nouveau moyen de faire son intéressant, résuma une voix traînante quand les membres de l'ordre du Phénix se retrouvèrent tétanisés à l'entré de la pièce qui accueillait à peine une demi-heure plus tôt l'espoir de la société sorcière.
-Une idée Albus ?
-Je…, le vieil homme prit une grande inspiration pour sortir de sa torpeur angoissée, il y a encore présentes dans cette pièce des résidus de magie. Donc Harry a utilisé ses pouvoirs récemment. Cependant, il n'aurait jamais attaqué sa jeune amie et …
-Avant Albus.
-Pardon ? s'étonna le directeur suite à l'interruption intempestive de son maître de potion.
-Il n'aurait jamais attaqué Miss Granger avant. Vu les sévices graves qu'il semble avoir subi, je doute qu'il faille se baser sur son ancien caractère.
-Expliquez-vous clairement Severus. Exigea la directrice de Gryffondor, sa voix vacillant sur la dernière syllabe.
Après un regard sombre qui ne sembla pas impressionner son ancienne professeur, le maître des potions lâcha d'une voix sans intonations.
-Potter est brisé, ses réactions seront à présent beaucoup plus violentes, incontrôlées et surtout, pour la plupart, inconscientes. Nous n'avons pas encore pu voir l'étendue des dégâts qui seront à réparer si vous voulez que votre « héros » accomplisse un jour sa tâche.
-N'en parlez pas comme d'un objet ! s'indigna Arthur.
-C'est sûr que ça doit l'arranger, lui, que Potter soit hors circuit, son maître sera très satisfait quand il apprendra la nouvelle.
-Alastor ! prévint Dumbledore d'une voix ferme.
-Effectivement, répondit néanmoins Rogue d'une voix suintante de mépris, Il le serait s'Il était au courant de quoi que ce soit !
-Bien, termina le vieux mage, peut-être pourrions-nous revenir à nos préoccupations immédiates à savoir où est Harry ? Il faut absolument le retrouver au plus vite et fermer la grille pour l'empêcher de partir, de grands dangers l'attendent en dehors de l'école.
La lueur de panique qui traversa fugitivement les yeux de son supérieur n'échappa pas au sombre maître des cachots. Effectivement, pensa-t-il avec amertume, sans son précieux Potter, tous ses plans visant à l'anéantissement du Seigneur des Ténèbres s'effondrent, il a besoin de sa pièce maîtresse pour gagner la partie.
-Peut-être devrions-nous interroger Miss Granger avant de se mettre à fouiller de fond en comble une école millénaire comportant des centaines de pièces et autant de passages secrets. Sans parler des nombreuses salles encore inexplorées à ce jour. Proposa d'une voix mielleuse l'espion de Dumbledore.
-Cela me parait effectivement une bonne idée, renchérit la directrice-adjointe avant de se diriger à grands pas vers l'infirmerie, suivit de ses collègues.
__
-Miss Granger il est primordial que vous nous communiquiez le plus rapidement possible toutes les informations concernant l'épisode que vous venez de vivre.
-Severus ! Je te signale que cette jeune fille a perdu la voix et qu'elle vient de risquer sa vie pour nous prévenir de la disparition d'Harry ! Tu pourrai la laisser se reposer ! s'emporta la mère de famille sure de ses convictions et de ses choix pour la progéniture d'une autre personne.
-Puis-je vous demandez Mme Weasley où étaient vos enfants ? Ils étaient censés rester en compagnie de Miss Granger à surveiller leur congénère il me semble? Tout ceci ne serait probablement pas arrivé s'ils n'avaient pas quitté leurs postes.
-Ils…ils étaient allés se promener un peu dans le parc, voir leur ami comme ça les a beaucoup secoués, et ce n'est pas une raison pour brusquer Hermione !
-Sachez que son…hum courage, jeta-t-il d'une voix méprisante, n'aura servi à rien si on ne retrouve pas Potter avant qu'il ne fasse encore quelque chose de trop énorme pour ses maigres capacités qui ont encore plus diminué dernièrement, et qu'il finisse par se tuer tout seul. Ce qui risquerait d'être potentiellement problématique pour les plans du directeur.
Des mines atterrées et choquées répondirent à sa tirade ce qui fit naître un air suffisant sur son visage sans grâce. Les membres de l'ordre, estomaqués, mirent quelques secondes à se ressaisir et à se récrier comme les gentilles personnes qu'elles voulaient paraître être. Un regard ennuyé du sombre professeur ne fit que renforcer leurs vaines protestations. Qui croient-ils convaincre ? songeait le maître des potions, ils savent pertinemment que le directeur se sert de ce gamin. Je suis juste le seul à avoir la franchise de l'admettre à voix haute. Un soupir s'échappa de ses lèvres, tout cela n'était qu'une perte de temps.
-Bien, maintenant que vous avez tous fait part de votre indignation, peut-être pourrions-nous nous mettre à la recherche de cet insupportable mioche ?
Le directeur qui avait pris soin de garder le silence jusqu'à présent, proposa des groupes de recherche qui se répartirent dans le château.
__
Après une journée de fouilles infructueuses, Severus Rogue se dirigea vers ses appartements, bien décidé à prendre une douche chaude afin de soulager la raideur présente dans son dos. Sa dernière entrevue avec son maître se faisait encore sentir et les heures passées à vagabonder dans Poudlard à la recherche de ce stupide morveux n'avaient pas arrangé les choses. Arrivé dans le couloir où se trouvait le portrait gardant l'entrée de sa demeure, le sombre professeur sortit sa baguette, sur le qui-vive, ses excellents réflexes d'espion prirent le dessus. Une respiration sifflante indiquait qu'il était attendu. C'est d'un pas souple et lent, collé au mur, caché par l'ombre dispensée par la lumière des torches, qu'il avança jusqu'au bout du couloir, prêt à réagir aux moindres bruits ou mouvements suspects. Sa vue aiguisée discernait une forme couchée au pied du tableau. Une forme endormie constata-t-il en s'approchant plus près. Un chien endormi plus précisément. Un chien endormi qu'il connaissait bien trop à son goût.
-Black ?
.
.
.
Note de l'auteur:
Bonne année, bonne santé, meilleurs vœux !!
Je suis vraiment désolée pour le retard, de nombreuses raisons le justifient, plus ou moins bonnes j'en conviens.
Nouvelles années, nouvelles résolutions , notamment celle d'être plus régulière, Je pense pouvoir poster un chapitre toutes les deux ou trois semaines, au maximum un moi. Il n'y aura plus de longue pause.
J'avoue qu'au départ, cette fiction était plus destiné à peaufiner mon style, je n'avais donc pas vraiment travaillé sa structure, chose à laquelle je suis en train de remédier. =)
Bisous tout le monde, dites moi ce que vous en pensez (notamment des expressions, de la manière dont c'est écrit. J'aimerais beaucoup m'améliorer sur cet aspect et des critiques sont vraiment utiles.)