Résumé global : Après sa 5ème année et la mort de son parrain, Harry revient chez les Dursley dans un état psychologique au plus bas, et le traitement de ses relatifs n'arrange rien. Enfermé, affamé et régulièrement insulté et battu, l'Elu s'enfonce de plus en plus dans la déprime, alors qu'il na aucunes nouvelles de ses amis et du monde sorcier en général.
Le jour de son anniversaire, et après une visite de Dumbledore accompagné d'un arrêt à Gringotts où il apprend qu'il est le seul héritier de Sirius et de quelques courses au Chemin de Traverse, Harry rentre chez lui et se voit battre pratiquement à mort par son oncle.
Un objet mystérieux qu'il tient à ce moment-là s'active et il disparaît alors pour ne se réveiller que plusieurs semaines plus tard en Russie et en Janvier 1976.
Harry est recueilli par Boris, un ancien espion russe et Vladimir, son meilleur ami vampire. Intrigués et intéressés par son histoire, ils décident de l'entraîner de façon à ce qu'il ne se fasse plus manipuler/battre/attaquer aussi facilement.
Ils découvrent que l'objet tenu est une sorte de Retourneur de temps amélioré et qu'il va falloir qu'Harry aille à Poudlard pour le recharger en magie et ensuite retourner à son époque.
6 mois passent pendant lesquels le jeune sorcier apprend à se battre, se soigner et à devenir animagus.
C'est sous l'identité du neveu mort de Boris qu'Harry intègre Poudlard. Il réalise rapidement que ses parents et son parrain sont aussi au château, qui plus est dans la même année que lui. Indécis sur la façon dont il doit réagir, il intègre Serpentard en forçant plus ou moins la main au choixpeau. Sa première journée de cours passe tant bien que mal et c'est avec stupeur qu'il Lucius Malfoy à la table des professeurs.
Décidé à avoir des réponses à ses questions, il envoie un hibou à ses mentors mais à sa grande surprise, ceux-ci apparaissent à la table des professeurs, apparemment engagés en tant que nouveaux professeurs de duel. Les questionnant ensuite, Harry apprend qu'ils sont là en mission et réagit de façon étrangement calme à leurs secrets. Face à toutes les émotions et surprises qui surviennent depuis son arrivée à Poudlard, Harry se renferme dangereusement sur lui-même jusqu'à se couper de la réalité et n'agit que par automatisme, comme un robot.
Finalement confronté par Boris, il perd pied et détruit le salon des Russes tout en libérant toutes les émotions qu'il réprimait depuis maintenant de longues années. Il perd ensuite connaissance.
Après la destruction de ses barrières mentales, Harry s'enfuit littéralement des quartiers des deux Russes, puis fait officiellement connaissance avec d'autres Serpentards, dont Leïn le préfet en chef, puis vient le moment tant attendu du cours de duel, où les deux nouveaux professeurs montrent des méthodes peut conventionnelles, ce qui mécontente fortement de nombreux élèves, au grand amusement d'Harry. Afin de reconstruire le mental détruit d'Harry, il est décidé qu'il fera de la méditation dans les quartiers de ses mentors en présence d'au moins l'un d'eux. Cependant le travail s'annonce astronomique, l'esprit du jeune étant totalement sans dessus-dessous. En parallèle, Harry décide de ne plus fuir à tout prix ses parents, et se rapproche un peu de Snape dans l'espoir de rattraper son retard dans les cours, bien que celui-ci semble plonger de plus en plus dans un état catatonique.
Il a la surprise un soir de voir l'autre Serpentard quitter son lit en pleine nuit. Inquiet et curieux, il décide de la suivre jusqu'à la cabane hurlante où ils se font attaquer par un Remus transformé par la pleine lune. Ils réussissent à s'échapper et à retourner au château grâce à l'aide de James Potter sous sa forme Animagus. Ils sont retrouvés et amenés à l'infirmerie pas Vlad, qui les soigne puis à une altercation avec Harry à propos de son habitude de se mettre en danger. Des mots durs sont échangés et le vampire part, très en colère. Plus tard, Snape se réveil de son sommeil forcé et fait une importante crise d'angoisse accompagnée de magie instinctive qui forme une bulle protectrice autour de lui, celle ci ne permettant qu'à Harry d'approcher.

Il avança à pas lents puis, à moins d'un mètre de Snape, s'arrêta avec prudence.

« Hey Snape … Severus, rrrespirrre. Tu plus rrien à crraindrre, on être en sécurrité ici. Rregarrde il fait jourrr, le loup a été chassé parr le Soleil. Il peut pas êtrre méchant avec nous ici, et perrsonne ne va fairre du mal à toi. »

Tout en parlant, il continua de se rapprocher tout doucement, les mains levées en signe de paix. Il essayait de parler de la voix la plus calme et posée possible, ne voulant pas effrayer l'autre encore plus. Comme l'avait souligné Boris, il avait l'impression de faire face à un animal terrorisé, prêt à mordre et à s'enfuir au moindre son ou geste brusque.

Snape, la respiration erratique, regardait frénétiquement autour de lui, en quête d'un endroit où fuir et se mettre en sécurité. Dès qu'Harry fût à moins de 50cm de son lit, il fixa son regard affolé sur lui, attentif au moindre de ses gestes.

Le voyageur temporel jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, cherchant un peu de soutient de la part de son mentor. Ce dernier lui fit un petit signe de tête, lui signifiant de continuer et le rassurant par la même occasion. Faisant de nouveau face à un Snape toujours concentré sur lui, le jeune sorcier continua à parler doucement, cherchant à focaliser l'attention de son condisciple paniqué sur sa voix plutôt que sur son avancée prudente.

Quand il fut assez proche, il s'assit doucement au pied du lit du convalescent, tout en étant particulièrement attentif à ne pas le toucher par accident.

« Tous les gens ici sont pourr prrotéger toi, mais ils ne peuvent pas fairrre si ton magie garrrde eux loin. Il faut que tu te calme. Crrois moi, tu peux me fairre confiance, je jurre à toi. »

Pendant son avancée, les trois adultes s'étaient mis en retrait, ne voulant pas paraitre menaçants, laissant ainsi le champ libre à Harry qui continuait à dire au Serpentard des phrases rassurantes, parfois sans queue ni tête, mais toujours d'une voix qu'il essayait de moduler pour qu'elle soit la plus douce possible. Au fur et à mesure qu'il parlait, il pouvait voir que l'autre, même s'il le fixait toujours avec autant d'intensité, semblait recouvrer un semblant de calme. Sa respiration se faisait de moins en moins erratique, et la tension qui figeait son corps semblait diminuer légèrement.

Il continua donc à parler, encore et encore. Quand il eut épuisé toutes les phrases de réconforts possibles et imaginables, il commença à parler de la beauté de la toundra russe, puis des sorts étonnants qu'il avait appris lors de sa dernière lecture –qui aurait pensé que des sortilèges permettant de donner « vie » à tous les objets du quotidien avaient été inventés avant d'être pour la plupart tombés dans l'oubli quand les gens n'avaient que peu apprécié d'avoir des chaises se plaignant de leur poids ou des gazinières cuisant plus ou moins correctement aux grès de leurs humeurs-.

Harry en était à raconter quelques-uns des contes folkloriques russes, lus dans un livre emprunté à la bibliothèque personnelle de Boris quand il vit que Severus papillonnait des yeux, de toute évidence maintenant tout à fait détendu et semblant lutter contre le sommeil. Il continua donc à conter jusqu'à ce que les yeux de l'autre se ferment totalement, et que sa respiration se fasse profonde.

Au moment où il put enfin se taire, Harry prit conscience qu'il avait certainement parlé un long, très long moment. Il avait la bouche sèche et la gorge qui le tiraillait désagréablement, demandant grâce. Au même moment il vit l'infirmière arriver puis, sans un mot elle lui fit signe d'aller s'assoir sur son lit pendant qu'elle jetait quelques sorts à l'endormi afin de vérifier son état général, pour ensuite repartir vers l'armoire à potion.

Quand elle revint vers le conteur, elle lui tendit une cuillère contenant une pâte orangée et un verre d'eau avec l'instruction de s'hydrater avant de prendre le médicament qui irait directement faire une couche protectrice sur ses cordes vocales, l'empêchant ainsi de devenir aphone dans les heures qui suivraient.

Harry avala les deux avec gratitude puis fit remarquer l'absence de Lucius Malfoy et de Boris à la sorcière, lui demandant ensuite où ils étaient partis. Avec un soupir et un regard rapide vers le lit où était certainement encore couché Remus, l'infirmière lui répondit une note de tristesse dans la voix.

« Ils sont partis à la rencontre des Aurors détachés par le Ministère puis se sont rendus dans le bureau du Directeur. Lucius Malfoy s'est constitué défenseur du jeune Severus, tandis que Mr Romanov est le vôtre. Ils réclament que la lumière soit faite sur les événements qui se sont déroulés cette nuit et que des mesures soient prises »

Harry, qui n'avait pas encore eu le temps de penser aux conséquences possibles de l'incident de la veille, sentit de la crainte s'éveiller en lui. Qu'allait devenir Remus ? Il savait que les événements de la veille n'étaient pas du fait du jeune Griffon, mais la faute allait vraisemblablement retomber sur ses seules épaules si le Ministère mettait son nez dans l'affaire. Il se demanda de nouveau si la blessure qu'il lui avait infligée avait pu être soignée mais n'osa pas poser la question à l'infirmière, n'étant pas censé connaitre l'identité du loup-garou qui les avait attaqués.

« Maintenant quoi va arrriver ? » Demanda-t-il tout de même.

A la question, la sorcière haussa les épaules et secoua la tête en signe d'incertitude, ses traits toujours tirés par l'inquiétude.

« Avant toute chose, les autorités vont certainement vouloir entendre toutes les versions de l'histoire. Le jeune Severus étant pour le moment incapable de s'exprimer, vous serez sans aucun doute appelé en premier. La seule chose certaine est que l'incident de cette nuit va avoir des répercussions sur la vie de plusieurs personnes, en espérant qu'elles ne soient pas dramatiques »

Sur ces mots, elle s'éloigna puis, après avoir de nouveau vérifié la condition de Snape, s'en fut dans son bureau en remuant tristement la tête face à tant de gâchis futur.

Après son départ, Harry se senti un instant désœuvré. Il se sentait fatigué, son dernier « sommeil » n'ayant été que peu reposant, mais il savait qu'il ne pourrait pas s'endormir même s'il le souhaitait. Il avait trop de questions sans réponses liées à la nuit passée et aux évènements qui n'allaient pas manquer d'en découler.

Adossé à la tête de lit, il ferma un instant les yeux et essaya d'organiser un peu ses pensées. Il allait très certainement devoir expliquer ce qui s'était passé la veille face à Dumbledore, Mc Gonagall, voir aussi quelques aurors, et il allait devoir être le plus convainquant et le plus cohérent possible tout en passant sous silence toutes les informations dont il n'était pas censé connaitre l'existence. Le tout dans un anglais correct… La tâche s'annonçait compliquée…

Il reprit pied avec la réalité à l'entente de la voix de son professeur de potion du moment. Le gros sorcier, qui était en train de parler à l'infirmière, échangea quelques mots rapides avec cette dernière puis se dirigea vers Nikolaï, la moustache frémissante et des rides de contrariété lui barrant le front.

« Ah très cher, comment allez-vous ? » lui demanda-il. Puis sans attendre une réponse, il enchaina.

« Je suis heureux de vous voir en pleine forme. Il va falloir que vous me suiviez, vous avez été convié à vous rendre dans le bureau du directeur dès que possible. » Il jeta un coup d'œil rapide au lit du Serpentard endormis avant de battre des mains en direction du jeune russe.

« Allez jeune homme, pressons. Il y a des gens qui vous attendent. Mr Snape nous rejoindra dès qu'il en aura la possibilité. »

Obéissant à l'injonction, Harry ne put s'empêcher de laisser à son tour son regard dévier vers le lit voisin. Vu l'état mental et physique de son futur professeur, il doutait fortement que l'infirmière ne l'autorise à quitter son lit ne serait-ce que pour aller se soulager.

Il suivit donc Slughorn jusqu'au bureau du directeur où, comme il l'avait deviné, se trouvaient Dumbledore, Boris, Malfoy et deux autres personnes qui vu leur uniforme devaient certainement être des aurors. Il remarqua cependant que la sous-directrice était étonnement absente de la petite réunion.

Il allait se diriger vers l'un des fauteuils vides où le doyen de l'assemblée l'avait invité à prendre place quand son regard croisa celui de l'un des aurors. Derrière une paire de lunettes rondes, il vit deux yeux marron entourés par une masse de cheveux défiant toute gravité. En un instant, il discerna toutes les similitudes entre le visage qui lui faisait face, celui du jeune homme que deviendrai son père et celui qu'il avait vu dans le miroir les 16 premières années de sa vie.

Réalisant qu'il était très certainement en présence d'un Potter, voir peut-être même de son grand père qu'il n'avait jamais connu, il sentit tous son corps se geler. Ses jambes faiblirent et il ne dût de rester debout que grâce à la rapidité de réaction de Boris qui le retint par les épaules tout en se plaçant devant lui, lui cachant ainsi efficacement la vue perturbante de ce nouveau membre potentiel de la famille. Fixant son regard sur celui de son mentor, il sentit son esprit s'éclaircir face à ces deux lacs de sérénité, et se força à se raisonner en se disant qu'il ne pouvait pas avoir ce genre de réaction devant tous les inconnus ressemblant un tant soit peu à un Potter. Cet homme pouvait tout aussi bien n'avoir absolument aucun lien de parenté avec lui.

Ayant repris contenance, il fit un hochement de tête discret à Boris qui, après une légère pression sur ses épaules, le lâcha pour qu'il puisse s'installer dans le fauteuil l'attendant en face du bureau du vieux mage. Boris s'assis à ses côtés tout en prenant la parole.

« Il semble que ce jeune homme ne soit pas encore totalement remis des évènements de la veille, alors je vous demanderais de ne pas faire trainer cet entretien. Nous sommes tous ici présents pour que des mesures soient prises afin que ce qui est arrivé hier ne se reproduise jamais. »

Dumbledore balaya ses paroles d'un geste de la main accompagné de son habituel sourire bienveillant.

« Bien sûr, bien sûr. Il ne fait aucun doute que dès que nous aurons entendu les dires de tous les protagonistes, nous règlerons le problème comme il se doit. Ces messieurs sont là pour entendre ce que tu as à dire et à en prendre note. Il semblerait que certaines des personnes présentes ici aient jugées sage de prévenir les autorités. » dit-il avec un regard réprobateur en direction de Lucius Malfoy et de Boris, l'un et l'autre soutenant son regard sans faillir, ne se sentant absolument pas désolé d'avoir contacté les autorités compétentes. Puis se tournant vers les deux inconnus présents, le vieux sorcier repris la parole.

« Messieurs, voici Nikolaï Romanov, l'un des élèves impliqués dans le petit incident aillant eu lieu la nuit dernière. Nikolaï, voici les aurors Potter et O'Brian qui resterons présents pour la durée de l'entretien. Maintenant si tu le veux bien, nous aimerions entendre ta version des évènements. »

A ces mots, Harry regarda celui qui lui avait servi de figure d'idole pendant des années avec incrédulité. Même avec sa compréhension encore parfois bancale de la langue de Shakespeare, il interprétait parfaitement ce que sous entendait le mage. Non content d'appeler la presque mort de deux élèves par un loup-garou sur les terres de l'école un « petit » incident, la phrase impliquait clairement qu'il avait un rôle autre que celui de victime dans toute cette affaire.

Il ne fut pas le seul à percevoir le sous-entendu car la voix de Boris s'éleva aussitôt.

« Excusez-moi, il me semble malvenu de qualifier ces évènements aussi légèrement quand des conséquences dramatiques auraient pu avoir lieu sans l'inquiétude de Nikolaï pour l'un de ses camarades de dortoir, crainte qui a permis à cette école de ne déplorer aucun décès. »

L'auror Potter –peut être le père de James, son grand-père !- prit alors la parole d'un ton posé, cherchant clairement à apaiser la tension qui pesait dans la pièce.

« C'est pour démontrer les rôles et responsabilités de chacun dans cette histoire qu'il nous faut en entendre toutes les versions, de la part de tous les protagonistes. Personne ne remet en cause le fait que Monsieur Romanov ait fait face à des évènements particulièrement dangereux qui n'auraient jamais dû avoir lieu, et il nous faut faire la lumière sur cette affaire pour que d'autres élèves ne se retrouvent dans la même situation, dit-il. Puis s'adressant cette fois au jeune russe, il continua, Maintenant acceptes-tu de nous raconter par le détail ce qui s'est passé cette nuit ? »

L'élève jeta un rapide coup d'œil à son mentor avant d'acquiescer et de débuter son récit.

« De où vous voulez commencer ? » Demanda-t-il, évitant délibérément le regard de Dumbledore pour ne se concentrer que sur les aurors.

Celui qui n'avait pas encore pris la parole lui fit un sourire rassurant avant de lui demander simplement de donner son nom complet et sa date de naissance, puis de commencer par la raison pour laquelle il avait quitté son dortoir.

Il raconta alors le comportement étrange de Snape et la raison pour laquelle il avait décidé de le suivre. Sortant lui-même d'une « absence », il avait craint qu'il arrive malheur à son camarade de dortoir. Quand l'officier lui demanda pour quelle raison il aurait pu craindre pour la sécurité de l'autre Serpentard, Harry ne put s'empêcher de jeter un rapide coups d'œil à l'auror qui ressemblait tellement à James Potter, avant d'expliquer que certains élèves semblaient peu concernés par la trêve implicite s'appliquant aux jeunes en état de perdition, et que Snape était régulièrement pris à partit dans des altercations et blagues de mauvais goûts.

Attentif, il vit le visage de l'auror Potter se durcir, celui-ci aillant certainement compris de qui il était question, et quand l'autre agent lui demanda les noms de ces élèves, il n'hésita qu'un instant avant de donner les noms des quatre Maraudeurs.

Si jusque-là il s'était sentit dans l'impossibilité de dire ou de faire quoi que ce soit contre ceux qui avaient toujours été les héros de ses rêves d'enfant et qui se comportait ici comme les brutes qui l'avaient martyrisé toute son enfance, il espérait qu'en donnant leurs noms maintenant, qui plus est face à un membre de leur famille, les choses allaient changer.

L'auror O'Brian leva à peine un sourcil surpris avant de noter avec application le nom des quatre Gryffondors. Il l'enjoint ensuite à continuer son récit, et Harry reprit le cours de son histoire.

Arrivé au moment où Snape franchissait les portes du château, il se fit de nouveau interrompre, cette fois ci par Lucius Malfoy, resté étonnement silencieux jusque-là.

« Attendez un instant, vous voulez dire que deux élèves ont traversé le château en pleine nuit sans qu'aucun tableau ne donne l'alerte, et que le sort qui garde les portes hermétiquement closes au cours de la nuit n'était pas actif ? dit-il. Puis se tournant vers Dumbledore, il continua.

Donc si je comprends bien, n'importe qui ou quoi aurait pu sortir ou entrer dans le château la nuit dernière sans que personne n'en soit informé. Cela arrive t'il régulièrement que la sécurité de l'école et des élèves qui s'y trouvent soit ainsi compromise ? »

Face à l'accusation claire, le mage ne perdit pas un instant sa contenance.

« Il semblerait en effet que quelqu'un ait habilement jeté des sorts de sommeil sur les différents tableaux présents entre la salle commune des Serpentard et la Grande Porte. Nos professeurs sont en ce moment même en train d'essayer de déterminer de quelle façon et par qui se sort a été lancé. »

Profitant de l'occasion, le blond enchaina.

« Vous avouez donc que vous êtes pour le moment dans l'incapacité de protéger les élèves à 100%. »

A ces mots, l'air débonnaire habituel de Dumbledore fit place à un air sérieux et un regard dur fixé sur le jeune aristocrate.

« Je pense qu'il serait bon de déterminer les fautes et tords de chacun une fois que la lumière aura été faite sur cette histoire. Pour le moment, continuons d'écouter le récit du jeune Nikolaï » finit il en se tournant vers le jeune russe.

Pressé d'en finir, ce dernier ne se fit pas prier pour continuer. Il modifia un peu les faits à propos de la traversée du parc, ne formulant que son inquiétude en voyant son condisciple se diriger vers le sol cogneur, arbre contre lequel on l'avait mis en gare plusieurs fois depuis le début de l'année. Il continua en expliquant avoir vu l'autre Serpentard disparaitre soudainement et qu'après un long moment à essayer d'éviter de se faire décapiter par les branches déchainées, il avait atteint le tronc, imité Snape, et découvert un passage secret qu'il avait suivi dans l'espoir de rattraper l'autre Serpentard. Il raconta ensuite la scène irréelle qui l'attendait à la fin du tunnel, la découverte d'un Snape en très mauvaise posture et d'un loup-garou enragé, leur retraite vers les étages puis leur fuite vers le passage après avoir blessé la créature.

A cet instant il se fit de nouveau interroger par l'auror qui lui demanda par quel moyen il avait pu blesser suffisamment le loup-garou pour qu'il les laisse s'enfuir. Conscient que Remus avait certainement déjà été ausculté par l'infirmière, et que la brulure caractéristique résultant d'une arme en argent avait sans aucun doute été constatée, il n'hésita pas un instant avant de dire la semi-vérité qu'il avait préparée pour ne pas révéler l'existence du Trix : qu'il avait transformé un bracelet en argent qu'il portait à ce moment-là en dague.

Les personnes l'entourant semblèrent dubitatives devant cet aveu de transfiguration d'un niveau clairement supérieur à celui d'un élève de 6ème année, mais personne ne remit en question sa version des faits. Il ne risquait pas grand-chose en évoquant une transfiguration, celles-ci disparaissant après quelques temps, suivant la puissance du lanceur du sort ou l'habileté avec laquelle le sort avait été jeté. Il ne doutait pas un instant que les aurors allaient partir à la recherche de ce fameux bracelet, mais faisait pleinement confiance à Boris pour prendre soin de ce détail.

Harry finit enfin son récit par leur course contre la mort à travers le parc et l'apparition miraculeuse de ce qui avait semblé être un jeune cerf qui avait détourné l'attention de la bête assez longtemps pour qu'ils puissent atteindre les portes du château.

A l'évocation de l'animal, les expressions les plus diverses se peignirent sur les visages qui lui faisaient face. Les yeux de Dumbledore se mirent à pétiller d'intérêt, l'auror O'Brian s'arrêta un instant d'écrire, clairement incrédule face à ce nouvel élément rocambolesque, puis repris sa prise de note comme si de rien n'était. L'autre auror pâlit soudainement puis son visage tout entier se ferma, ne laissant plus filtrer aucune autre émotion qu'un regard dur qui, même s'il était dirigé vers Harry, ne semblait pas lui être destiné.

Après un instant de flottement, le voyageur temporel conclu rapidement son récit avec leur arrivée dans le Grand Hall, l'état inquiétant de l'autre Serpentard, puis l'apparition inespérée de Vladimir qui les avait aussitôt amenés à l'infirmerie. Il se tu alors, et son regard voyagea entre Dumbledore les deux aurors et Boris, dans l'expectative.

C'est Dumbledore qui le premier, prit la parole.

« Eh bien, quelle aventure. Il est bon que maintenant tout le monde soit en sécurité et je suis sûr que dorénavant, nos jeunes amis ne sortiront plus après le couvre-feu obligatoire des élèves, ni ne s'approcherons du saule cogneur, deux choses que le règlement de l'école interdit pour le bien être des occupants de cette école. J'ai conscience que vous êtes nouveau dans ce pays et cet établissement, mais les règles ont été établie pour la sécurité de tous, » dit-il avec un regard appuyé en direction du jeune russe.

Ce dernier regarda le vieux mage avec incrédulité. Était-il en train de le réprimander alors qu'il avait failli mourir ! Encore ! Certes les autres atteintes à sa vie n'avaient pas encore eu lieu ici, mais il n'en restait pas moins que Poudlard était censé être le lieu le plus sûr du monde sorcier britannique, et qu'il manquait de peu d'y perdre la vie tous les ans !

Un léger coup de coude de la part de Boris lui rappela où il était et surtout qui il était ici. Se reprenant, Harry répondit alors au vieil homme avec tout le calme et le sang-froid dont il pouvait faire preuve. Et il lui était particulièrement difficile d'essayer de réprimer la colère qu'il sentait bouillonner en lui.

« Je suis désolé pour êtrrre enfrreindrre les rrrègles. C'est vrrrai, je aurrrais dû suivrre le rrèglement, et pas aller avec Snape. Je rrregrette vrraiment. Peut êtrre quelqu'un se aurrrait demandé où est Snape le matin, mais je suis sûrrr qu'on aurrrait fini par trrouver lui. Aprrès tout, loups garous mangent pas trrrès proprrement, et un humain, même jeune, c'est beaucoup. Peut-êtrre il en serrait rresté un peu parr ci parr là… » Avec un soupir et un air contrit plus vrai que nature il continua
« Je prromettrrre que le prrrochaine fois je suivrrais rrrègles de ce pays et de cette école et dorrmirais au chaud parrrce que se inquiéter pourr les gens n'est pas dans le rrrèglement »

Pendant des années, Harry avait fermé les yeux sur les méthodes quelques peu particulières de Dumbledore quant à la gestion de la sécurité et de l'intégrité des élèves sous sa responsabilité. Il ne doutait pas que le vieux directeur aimait l'école et tenait profondément aux élèves - au futur du monde sorcier- dont il avait la garde. Mais la certitude qu'il avait quant au fait que le mage ne mettrait jamais délibérément les élèves en dangers avait été profondément ébranlée après plusieurs longues et difficiles discussions avec ses mentors.

Il avait pris conscience que toutes les choses qui lui étaient arrivés au cours de sa scolarité et qui avaient manqué de le blesser voir même le tuer, lui ainsi que d'autres élèves, n'étaient pas des évènements inhérents à toute école de sorcellerie comme il l'avait toujours pensé. Il semblerait que les autres écoles, où qu'elles soient, n'hébergeaient pas régulièrement des professeurs possédés par un mage noir, des chiens à trois têtes, des serpents géants conditionnés à tuer les élèves, des Détraqueurs, des professeurs s'en prenant aux élèves de façon diverses et variées –sort d'oubliette, transfiguration forcée, torture…- et autres joyeusetés en tout genre.

Après cette prise de conscience, le plus effarant avait été de réaliser avec quelle désinvolture tous ces problèmes avaient été pris en charge –ou pas du tout pris en charge d'ailleurs- par le Directeur et à quel point il avait bénéficié d'un traitement de faveur. Il était compliqué de se plaindre d'être favorisé, surtout après avoir grandis avec les Dursley, mais après réflexion il s'était rendu compte des flagrantes injustices dont pouvait faire preuve le mage ainsi que d'autres professeurs envers d'autres élèves, et plus particulièrement les Serpentards, ce qui l'avait mis singulièrement mal à l'aise.

Et il craignait que ce favoritisme dont le vieux mage avait fait preuve à son égard à son époque, soit aussi ici présent, mais envers un autre groupe de Gryffondors fauteurs de troubles. Dans son passé, Dumbledore devait certainement être au courant de qui était les vrais fautifs quand le jeune Snape avait failli mourir, mais vue la rancœur du professeur de potion envers les Maraudeurs, et plus particulièrement étant donné sa réaction face à la lycanthropie de Remus, Harry était à peu près certain qu'aucun Maraudeur n'avait été puni comme il se devait et que les évènements avaient soit été caché sous le tapis, soit été retombés sur le dos de quelqu'un d'autre. Et là le vieux mage avait l'audace de lui faire la morale et de l'accuser à demi-mot d'être responsable, ce qu'il trouvait un peu fort.

Sur ces mots, Boris se leva et fit signe à son protégé de faire de même.

« Il me semble que cet interrogatoire a assez duré. Je vous invite fortement à trouver rapidement une solution à la brèche de sécurité dans votre château, plutôt que de continuer à importuner un élève qui n'a pour seule faute qu'une propension à vouloir sauver les autres sans penser à requérir l'aide de sorciers plus expérimentés. »

A ce reproche clairement formulé, Harry fit la grimace et rentra la tête dans ses épaules. Il avait la certitude que ses mentors n'allaient pas lui pardonner facilement de s'être mis en danger.

Relisant ses notes, l'auror O'Brian consulta ensuite son collègue du regard puis, après un hochement de tête de ce dernier, pris la parole.

« Nous avons tous ce qu'il nous faut de la part de Mr Romanov. Nous entendrons les autres protagonistes dès que possible puis nous vous rappellerons si besoin est, dit-il au Russe. Puis se tournant vers le Directeur, il continua. Savez-vous si l'autre élève attaqué est maintenant capable de répondre à quelques questions ? En premier lieu, Il serait bon de savoir ce qui l'a amené à se rendre à cet endroit cette nuit-là en particulier. Nous aurons ainsi peut-être quelques réponses à toutes les interrogations soulevées par cette affaire.

-Eh bien nous pouvons directement poser la question à Poppy tout en raccompagnant le jeune Romanov à l'infirmerie. Notre infirmière fait preuve d'un zèle particulier quant à ses patients, et risquerait d'être particulièrement contrariée si je ne le lui ramène pas. » Répondit le vieux mage en se levant de son bureau, amorçant le départ.

Harry interrogea du regard son mentor qui, d'une pression sur l'épaule, lui fit comprendre de suivre le mouvement. C'est donc tous ensemble qu'ils se dirigèrent de nouveau vers l'infirmerie. La logique aurait voulu que l'interrogatoire ait lieu directement dans l'antre de Poppy, où tous les élèves impliqués –ou presque- étaient présents, mais Harry décida de ne pas le faire remarquer, préférant ne pas essayer de relever toutes les incohérences qui allaient sans aucun doute parsemer cette affaire.

Quand ils arrivèrent dans l'antre du dragon, l'infirmière regarda d'un œil mauvais le groupe conséquent qui venait d'entrer avant d'avancer à leur rencontre. A la question de Dumbledore sur la possibilité d'interroger l'autre Serpentard, elle refusa de but en blanc, précisant que celui-ci venait de s'endormir et qu'il était hors de question de le réveiller. Le directeur demanda alors si Remus était en état de répondre à quelques questions, ce à quoi l'infirmière paru un instant hésiter avant d'acquiescer à contre cœur.

« Pourrquoi Remus devoirr êtrre interrrogé ? » Demanda alors soudain Harry, profitant de l'occasion inespérée pour poser la question.

A ces mots, le vieux sorcier et l'infirmière se tournèrent vers l'origine de la question tandis qu'Harry faisait un pas sur le côté pour sortir de l'ombre de Boris. A l'air surpris qui s'était peint sur le visage du vieux mage, Harry en déduisit un peu désabusé que sa présence avait été totalement oublié lors de la courte traversé jusqu'à l'infirmerie.

Lucius ne laissa pas à Dumbledore le temps de répondre un mensonge vraisemblablement préparé à l'avance et sauta sur l'occasion pour divulguer le secret bien gardé.

« Eh bien, il semblerait que le directeur n'ait pas trouvé dangereux d'accepter une créature meurtrière en la personne de Remus Lupin au sein de l'école recensant l'ensemble de la nouvelle génération magique de Grande Bretagne. Il est d'ailleurs étonnant qu'il n'y ait pas eu d'accident avant.

-Merci Lucius, le coupa alors le vieux mage. Il ne me semble pas pertinent de divulguer ce genre d'informations aux élèves.

-Et c'est bien là où demeure le problème, renchérit le blond. Il serait normal que les élèves et leur famille soient au fait de ce qu'ils risquent à chaque pleine lune. »

Le regard dur, Dumbledore leva une main autoritaire puis reprit la parole d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.

« Cela suffira. Jeune homme, je vous invite à regagner votre lit, s'adressa-t-il ensuite au jeune Russe.
Nous aurons une discussion à ce propos sous peu. En attendant je tiens à ce que vous soyez conscient que tous ce que vous avez vu et entendu depuis que vous avez quitté votre lit hier soir est totalement confidentiel. »

A ces mots, Harry fit naviguer un regard plein d'espoir entre Boris et l'infirmière.

« - Ça vouloir dirre je peux partirrr maintenant dans le dorrrtoir ? »

Il n'était pas vraiment pressé de retourner dans les cachots, mais aimait autant ne pas passer plus de temps que nécessaire à l'infirmerie. Il estimait qu'en 5 ans de scolarité il avait largement dépassé son quota.

L'infirmière doucha cependant aussitôt ses espérances en secouant la tête en signe de négation.

« Il en est hors de question jeune homme. Vous resterez ici en observation jusqu'à ce que j'en décide autrement. Et vous pouvez déjà vous préparer à devoir rester ici jusqu'à ce soir.

-Mais je êtrrre bien ! s'écria le brun, espérant sans trop croire avoir gain de cause.

- Ça, je serais la seule à en juger. Maintenant retournez vous coucher. »

Le jeune sorcier leva un regard implorant vers Boris, lui demandant silencieusement de l'aider à faire changer d'avis le dragon qui lui faisait face, mais c'est avec un profond découragement qu'il vit ce dernier hausser les sourcils tout en hochant la tête en direction du lit d'hôpital. Apparemment, sa punition pour être sortit sans prévenir ses gardiens ne faisait que commencer.

C'est l'âme en peine et en trainant des pieds qu'il se glissa dans son lit attitré, non sans jeter de fréquents coups d'œil vers le groupe d'adulte se dirigeant vers les rideaux entourant le lit de Remus. Quand ceux-ci furent ouverts pour permettre le passage des sorciers, Harry put entre-apercevoir les Maraudeurs minus Sirius entourant de nouveau leur ami alité.
Il y eu un moment de flottement quand les deux groupes prirent chacun conscience de la présence de l'autre, puis le groupe d'adultes avança et laissa retomber le rideau derrière eux.

Au comble de la curiosité, Harry tendit l'oreille dans l'espoir de capter quelques brides de la conversation mais dû vite se résigner. Un sort d'intimité devait vraisemblablement avoir été jeté pour qu'une fois les rideaux fermés, aucun son ne filtre à l'extérieur.

Prenant son mal en patience –et prévoyant de demander plus tard à Boris ce qui s'était dit-, il chercha un instant autour de lui une occupation avant de se résigner à devoir faire une étude comparative entre les fissures du plafond de son époque et celle-là. Ô joie…

En temps normal, il pouvait compter sur ses amis pour venir lui rendre visite et le tenir occupé par une discussion, un jeu d'échec ou de bataille explosive, ou encore un livre –merci Hermione-. Mais ici, à part peut-être Leïn, il n'était assez proche de personne pour recevoir de la visite.
Et de toute façon il doutait fortement que qui que ce soit sache qu'il était à l'infirmerie.

Il ferma un instant les yeux, histoire de s'occuper l'esprit par quelques rêveries, avant de ne les rouvrir que bien plus tard, ses songeries ayant finies par le plonger dans un état de semi inconscience bienvenu.

Lorsqu'il revint à lui, il ne vit qu'un Snape réveillé et face à un plateau repas, ainsi que les rideaux toujours fermés autour du lit du rouge et or.
Il eut le temps d'observer un peu l'autre Serpentard en train de pousser sa nourriture du bout de sa fourchette sans vraiment manger, avant que Poppy ne refasse son apparition. D'un mouvement, elle fit venir un autre plateau de son bureau et le posa devant le jeune russe. A la vue de la nourriture, l'estomac du sorcier se fit bruyamment connaitre et Harry s'empressa alors de manger tout en interrogeant l'infirmière entre deux bouchées.

« Ils interroger Rrremus encorre ? »

A la question, il vit du coin de l'œil Snape redresser un instant la tête avant de replonger dans la contemplation de son assiette tandis qui l'infirmière lui offrait un sourire crispé.

« Non, ils ont fini il y a un moment déjà. Ils sont partis enquêter du côté de la cabane hurlante, et ne devraient pas tarder à revenir afin de terminer les interrogatoires. »

Harry ne put empêcher son regard de se fixer sur les rideaux entourant le lit du Gryffondor, et ses pensées de se diriger vers l'alité. Il savait qu'à son époque, dans son monde, Remus était libre et en « bonne santé » -ou en tout cas autant que possible compte tenu de sa "condition"-, mais qu'allait-il se passer si le passé –et donc le futur- était modifié par sa faute ?
Il souhaitait que les Maraudeurs cessent d'être les petites brutes immatures qu'ils étaient maintenant, et savait que ce changement ne se ferait que s'ils prenaient conscience de leurs actes et étaient punis pour ces derniers. Mais d'un autre côté, il avait peur que Remus soit celui qui en paye le prix fort.

De ce qu'il avait pu observer, l'élève était aussi doux et calme que son lui futur, tout en semblant bien plus heureux et en meilleure santé. Et si on pouvait lui reprocher de ne parfois rien faire pour stopper ses amis quand leurs "blagues" dépassaient les limites de l'acceptable, il n'était ici qu'une victime de plus. Il risquait cependant bien plus qu'une simple expulsion, et Harry angoissait à l'idée que ça pourrait être de sa faute.

Décidé à plaider la cause de Remus maintenant qu'il était officiellement au courant de l'identité du loup-garou, il attendit que les personnes en charge de l'enquête reviennent tout en finissant son repas.

Il n'eut pas longtemps à patienter avant que les portes de l'infirmerie ne s'ouvrent sur le groupe de sorciers dont Malfoy était absent, remplacé par Slughorn. Tous arboraient un air sérieux et le jeune homme s'inquiéta un instant des résultats de leur enquête à l'extérieur.

Croisant le regard de Boris, celui-ci lui fit un discret signe de tête tout en portant imperceptiblement la main à son poignet, faisant ainsi comprendre à son protégé qu'il avait réglé le détail du bracelet en argent qu'il avait prétendument transformé en dague pour se défendre contre la créature, et que ce dernier avait certainement bien été retrouvé dans la cabane.

Les voyant se diriger dans sa direction, l'autre Serpentard avait arrêté de massacrer sa nourriture à coups de fourchette et avait repoussé l'assiette encore pleine sur le plateau, prêt à être interrogé.

Souhaitant se faire oublier pour le moment afin de pouvoir écouter ce qui allait se dire, Harry se plongea dans la contemplation de son plateau et veilla à ne croiser le regard de personne.

Comme dans le bureau du directeur, c'est l'auror O'Brian qui prit la parole tandis que l'auror Potter restait en retrait. Après s'être présenté et avoir expliqué la raison de leur présence au château, il demanda avec tact à Snape s'il se sentait assez bien pour répondre à quelques questions.

A la place de l'acquiescement attendu, le Serpentard perça l'auror de son regard le plus dur et demanda ce qui devait certainement le ronger depuis son réveil.

« Vous les avez arrêtés ? »

A la question, l'auror ne parut pas un instant déstabilisé et, après avoir écrit quelques mots dans son calepin, reprit la parole.

« Je vais en déduire que vous avez répondu par l'affirmative à ma demande. Maintenant s'il vous plait, pouvez-vous me dire qui sont les personnes qui devraient être arrêtées et pourquoi ?

-Mais les Maraudeurs ! Ils ont essayé de me tuer ! »

L'affirmation fit grimacer le père de James Potter tandis que Slughorn fit aussitôt un pas en avant et prit la parole de son ton le plus paternaliste tout en jetant des regards nerveux en direction de l'auror Potter.

« Allons allons, ce sont là des accusations graves qui ne devraient pas être portées à cause d'une petite inimitié entre camarades de classes. »

En attendant l'intervention de professeur de potion, Harry retint sa respiration, toute son attention focalisée sur le désastre qui allait avoir lieu. Snape quant à lui fixa le gros sorcier d'un air éberlué, n'en croyant pas ses oreilles. Comment osait-il !

Il sentait la rage bouillonner en lui tandis qu'il se remémorait par flash les moments de pure terreur qu'il avait vécu au court de la nuit passée. Sans sembler remarquer l'état émotionnel particulièrement fragile de l'élève, le directeur de la maison des serpents continua.

« Ces jeunes hommes qui se font appeler les Maraudeurs ont été interrogés, et il en ressort que s'il est vrai que Mr Black a cherché à vous faire une blague –au goût certes douteux-, Mr Potter et Mr Pettigrow ont fait preuve d'un grand courage en vous secourant tous les deux. » Puis profitant du silence du jeune sorcier, il termina sa diatribe, inconscient de ce qu'il allait déclencher.
« Au lieu de les accuser à tort, vous devriez les remercier de leur présence d'esprit. »

Snape, qui était resté bouche bée tandis que sa colère et son indignation prenait de l'ampleur devant le culot de son professeur de potion –son propre directeur de maison-, sentit les micros brides de self-control qu'il avait pu réunir après son réveil s'écrouler.

« Une blague ?! Les remercier ?! Êtes-vous sénile en plus d'être stupide ? Quelle blague hilarante, vraiment ! Et les remercier de quoi ? D'avoir fait en sorte que je fasse face à un loup-garou un soir de pleine lune histoire que je sois déchiqueté ?

Ils savaient tous parfaitement ce qui allait se passer si j'allais dans le passage. Et Black a été particulièrement précis sur le jour, l'heure et le lieu où il voulait que je sois pour sa « blague ». Ce n'est rien de moins qu'une tentative de meurtre, et quelle que soit la raison qui a fait changer d'avis Potter et l'autre, ils devraient tous être envoyés à Azkaban et ce monstre devrait être exécuté ! »

Harry ne pouvait s'empêcher de fixer le Serpentard avec stupeur, sa tentative de se faire discret totalement oubliée.

Durant les cinq dernières années et en tant que cible principale du courroux de Snape, il avait plus d'une fois eu l'occasion de voir le Serpentard en colère, et jamais il ne l'avait vu perdre ainsi son sang-froid, même lorsqu'il avait été surpris à regarder dans la pensine.

Le Snape qui lui faisait face était littéralement hors de lui. Le visage rouge et congestionné par la fureur, il hurlait ses récriminations au visage de l'adulte qui avait reculé de deux pas sous la violence de la diatribe. Le professeur avait perdu son air débonnaire et paternaliste et regardait alternativement les autres sorciers présents à la recherche d'un peu de soutient.

A l'énonciation d'Azkaban, le père de James avait perdu quelques couleurs, tandis qu'imperturbable, son collègue prenait par écrit toutes les paroles du jeune sorcier. Dumbledore quant à lui, secoua doucement la tête comme on le fait devant un enfant que ne serait pas raisonnable, et avança d'un pas, au grand soulagement de Slughorn qui s'empressa alors de battre en retraite.

Le directeur allait prendre la parole quand il se fit devancer par Pomfresh qui, une fiole à la main, s'interposa entre le jeune serpent et son supérieur.

« Je vous préviens tout de suite que si vous continuez de déranger mon patient, je vais devoir vous demander de quitter mon infirmerie. Enquête ou pas ! Assena-t-elle tout en tentant d'administrer la potion à Snape qui la repoussa.

Et vous, vous allez me faire le plaisir d'avaler cette potion calmante sans faire d'histoire, sinon je vous garantis que votre séjour ici n'est pas près de s'achever. »

Prenant la menace de la petite sorcière au sérieux, Snape consentit à prendre la potion avec une grimace et un regard furieux toujours fixé sur le sorcier replet, tandis que Dumbledore essayait de marchander avec l'infirmière.

« Je suis navré Poppy, mais les choses se doivent d'être réglées sans délais. Je vous promets que ça ne prendra pas longtemps.

- Et je vous rappelle Albus que vous êtes ici dans mon infirmerie, et que bien que cet interrogatoire se déroule contre mon avis de professionnelle de la santé, si j'estime que vous portez atteinte au bien-être de mes patients, votre statut de Directeur ne m'empêchera aucunement de vous mettre à la porte, aurors et professeurs compris. Je vous demanderais donc de faire attention à vos paroles, et vous rappelle que ce jeune homme a vécu des évènements éprouvants. »

Face à la remontrance et à l'index menaçant que pointait l'infirmière sur lui, Dumbledore leva les deux mains en signe d'apaisement.

« Poppy, voyons. Il n'est pas dans notre intention de blesser ce jeune homme de quelque façon que ce soit. Des mots ont été dits de façon maladroite, mais il est cependant important que nous entendions la version de chaque protagoniste, tout comme il est important que tous aient connaissances des différents éléments pour que de fausses accusations pouvant avoir de tristes conséquences ne soient pas portées. »

A ces derniers mots, le regard de la sorcière navigua rapidement entre les rideaux toujours fermés derrière lesquels se trouvait Remus, et le jeune Serpentard qui n'avait plus l'air prêt à étriper quelqu'un grâce à la potion calmante. Après une légère hésitation, elle donna 5mn pour que l'interrogatoire se fasse, et resta prêt du lit de son patient, prête à intervenir à tout moment.

Ayant eu le feu vert, l'auror O'Brian indiqua au directeur de Poudlard qu'il allait prendre la suite, après avoir rapidement consulté son collègue.

« Comme cela a été dit un peu plus tôt, nous avons en effet eu la possibilité d'interroger les quatre jeunes hommes de Gryffondors qui semblent aussi être impliqués. Il ne nous manque donc plus que votre version de cette histoire compliquée pour que nous puissions avoir tous les éléments en main pour dresser le procès-verbal.

Pourriez-vous nous dire s'il vous plait pour quelle raison précisément vous avez décidé de sortir hier après le couvre-feu obligatoire des élèves, ainsi que l'ensemble des évènements aillant eu lieu ? »

Revenu au calme, Snape ferma un instant les yeux, à la recherche de ses souvenirs.

« Je… Tout est un peu vague, mais je me souviens de Black me disant quelque chose après une altercation avec les Maraudeurs il y a peu. Ses mots exacts m'échappent, mais je sais qu'après la seule chose que j'avais en tête était que je devais me rendre au saule Cogneur et pénétrer dans le passage cette nuit en particulier, ainsi que comment y accéder. A travers le brouillard confus qui avait élu domicile dans mes pensées depuis quelques semaines, c'est la seule idée claire que j'avais. »

Prenant notes, l'officier demanda à Snape quand l'altercation avait eu lieu. Celui-ci fronça les sourcils, essayant de se remémorer le moment exact où toute l'histoire avait commencé.

« Je crois que c'était hier après-midi, mais ça pourrait aussi bien être le jour d'avant, tout est un peu confus… » Finit-il par avouer.

L'auror hocha simplement la tête avec compréhension puis lui demanda de continuer.

Le Serpentard expliqua qu'il s'était levé dans la nuit avec l'idée fixe qu'il fallait qu'il se rendre au Saule Cogneur, que c'était d'une importance capitale. Il ne savait plus pourquoi c'était si indispensable, mais était juste conscient qu'il devait y aller. Il s'était rendu jusqu'au passage dans un état second, et à aucun moment il ne s'était inquiété d'être arrêté dans les couloirs par un professeur ou un préfet, ni n'avait remarqué le silence inhabituel des tableaux ainsi que la présence de quelqu'un qui le suivait.

Il continua avec son face à face avec la bête et sa lutte pour sa vie jusqu'à l'arrivée de l'autre Serpentard, puis leur fuite désespérée.

Son récit était confus et décousu, tout comme devait l'être ses souvenirs. La terreur ressentit pendant les évènements de la nuit passée était encore perceptible dans sa voix, et c'est avec difficulté qu'il tentait de raconter tout ce dont il se souvenait.

Quand il eut achevé son récit, encore tremblant sous le coup des émotions, l'auror O'Brian repris la parole.

« Je vous remercie pour votre aide. Maintenant que nous avons entendu toutes les personnes qui semblent être impliquées dans cette affaire, nous allons pouvoir y voir un peu plus clair et décider des prochaines mesures à prendre. Vos parents ont été contactés dans la nuit, mais si vous le souhaitez nous pouvons aussi leur faire parvenir un message de votre part.

- Vous… vous avez contacté mes parents ? Répéta le Serpentard, le visage totalement décomposé.

- Bien sûr, acquiesça l'auror, c'est la procédure habituelle lors des incidents impliquant des mineurs.

- Et…Se raclant la gorge, le jeune sorcier continua d'une voix nouée. Et vous avez reçu une réponse ?

- Pas encore mais ça ne saurait tarder, il va certainement falloir un peu de temps au hibou pour faire l'aller-retour. »

A ces mots, le visage du convalescent prit une teinte grise et un masque de pure détresse se peignit sur ses traits.

-Un hibou. Vous avez envoyé un hibou. » Répéta-t-il d'un ton incrédule.

L'auror sembla remarquer l'état émotionnel insolite de l'élève à son annonce car il fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour s'enquérir de ce qui n'allait pas quand il se fit brutalement interrompre avant d'avoir pu dire un mot.

L'infirmière avait décidé que ça en été assez et qu'il était temps de couper court à tout ça et que tout ce beau monde quitte son infirmerie. Elle les chassa donc et tout le monde quitta la pièce sans contestation, peu enclins à risquer d'attirer les foudres de la sorcière.

Sur ce, Snape décida de même plus faire semblant de continuer son repas et s'enfouit sous ses couvertures sans un mot de plus. Harry quant à lui fixait avec curiosité le dos de l'autre jeune sorcier. Au cours des dernières heures il avait assisté à beaucoup de choses et il ne savait que penser de tout ce dont il avait été témoin. Il était bien placé pour savoir que la chute des barrières mentales du Serpentard était la seule raison de toutes ses démonstrations émotionnelles inattendues, mais il ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur certaines de ses réactions.

Même s'il ne la cautionnait pas vraiment, il comprenait la haine que ressentait l'autre envers les Maraudeurs et son envie de leur faire subir les pires châtiments. Animosité mutuelle qui n'avait pas faibli avec le temps aux vues des conversations houleuses et remarques acerbes entre les deux adultes que deviendraient Sirius et Snape.

Tout comme il comprenait aussi la terreur évidente de l'autre à l'évocation du loup-garou, ce qui expliquait son comportement futur envers Remus. Il avait cependant beaucoup plus de mal à appréhender la raison de sa réaction face à l'évocation de ses parents. Un instant, il fit le parallèle avec sa propre réaction si un hibou avait été envoyé aux Dursleys, avant de se morigéner. Snape voulait certainement juste ne pas les inquiéter. Il était après tout sûr que tous les parents devaient s'inquiéter à la réception d'une lettre indiquant que son enfant avait failli se faire dévorer par un loup-garou.

D'ailleurs, en pensant aux Dursleys, il se demanda s'ils avaient déjà reçu une telle lettre à chaque fois qu'il avait lui-même failli mourir au cours de sa scolarité. Considérant le fait que s'ils avaient été au courant, il n'aurait pas manqué d'en entendre parler au cours des étés passés à Priver Drive –certainement pour lui reprocher de ne même pas réussir à se faire tuer correctement- il en déduit qu'ils n'avaient probablement jamais rien reçus en dehors de celle suivant le décès de Sirius. Peut-être les règles étaient-elles différentes pour les familles moldues.

Il essaya de se remémorer s'il avait déjà vu des parents d'élèves à Poudlard au cours de ses 5 années, mais dû se rendre à l'évidence. A part les Weasleys quand Ginny avait failli mourir en 2ème année, il n'avait jamais vu aucun parent être convoqué à Poudlard ou averti quand il y avait eu des accidents graves – et être pétrifié semblait être en bonne place sur la liste des « accidents graves et étranges arrivant à Poudlard » -. Ou peut-être que les règles avaient changé à son époque…

Il resta un instant en pleine réflexion avant que l'ennui ne fasse son apparition. Il avait fini son repas depuis maintenant un moment, avait suffisamment joué au jeu des 7 erreurs entre ce plafond et celui de son époque, et n'avait d'autres occupations que de repenser aux derniers évènements, se dont il finit aussi par se lasser.

Voyant que Snape était toujours enfouis sous ses draps, et que l'infirmière était retournée dans son bureau, il prit rapidement sa décision et attrapa rapidement la robe d'école que lui avait apporté Boris un peu plus tôt et l'enfila sur le pyjama de l'hôpital. Ne pouvant utiliser le Trix à l'infirmerie de peur qu'il soit découvert, Boris lui avait apporté quelques vêtements pour donner le change. Et le parasite, vraisemblablement vexé que son hôte ose porter d'autres vêtements, c'était vengé en réduisant d'une taille ses sous-vêtements, au grand inconfort d'Harry qui essayait vraiment très fort de ne pas se réajuster continuellement, le geste manquant un peu de classe.

Se dirigeant en catimini vers les portes, il jeta un dernier coup d'œil derrière lui pour s'assurer que personne ne s'était rendu compte de sa fuite, avant de sortir vers la liberté.


Note de l'auteur: 10 ANS ! ça fait maintenant 10 ans que cette fic a été commencée ! Je ne sais même pas s'il y a encore des lecteurs de la première génération qui continuent à lire ^^
Mais ne désespérons pas, un jour cette histoire sera finie ! Je vais essayer de me mettre un coups de pied aux fesses pour écrire régulièrement, dans l'espoir de diminuer les délais entre les chapitres, parce que je vous dois bien ça XD

Dans tous les cas, je vous remercie vous lecteurs, anciens et nouveaux, pour votre bienveillance et votre patience. Merci aussi pour votre loyauté. Je sais que l'attente est longue, mais beaucoup d'entre vous continuent de suivre les updates avec assiduité, quitte à parfois devoir relire l'histoire en entier pour s'en souvenir ^^'