***IMPRESSION - PART 1- PROLOGUE***

par Subaru-D

Hokuto Sumeragi n'en a peut-être pas l'air de prime abord, mais elle a toujours eu une âme romantique. Sans mièvrerie mais avec passion, elle a toujours voulu croire que quoi qu'il puisse arriver d'affreux autour d'elle, le meilleur ne pouvait être évité.

Pourtant, elle doute à propos de son frère, et cela lui fait mal au coeur de se dire qu'elle n'arrive pas à croire en son bonheur. Quand elle le regarde, qu'elle fixe ses yeux liquides - les même que les siens, avec quelque chose d'infini, quelque chose d'intense à l'intérieur - sa bouche de petit garçon -qui fait sourire les filles, elles qui doivent s'enduire les lèvres de maquillage pour obtenir le même résultat- sa tête qui s'incline avec curiosité et candeur sur ce que le monde recèle de plus noir, elle sait que son frère va sans doute continuer à souffrir. Que cela sera de pire en pire, par ce qu'il ne réussira pas sa vie - pas celle qu'il voudrait du moins. Celle dans laquelle il est comme tout le monde, où il a des gens à qui parler, où ceux qui l'entourent l'aiment juste pour ce qu'il est : un garçon gentil.

Elle voit bien qu'il est seul, mais qu'y peut-elle ? Hokuto a un pied dans la réalité, elle aime la mode, la musique, elle adore rire sans raison, elle adore rendre les gens heureux autour d'elle. Les gens la trouvent jolie, gaie, tellement spontanée, quand Subaru est effacé, timide, bute sur chaque mot. Il sait prononcer de longues invocations en sanskrit qui durent des heures, mais parler à l'autre, ça il ne sait pas le faire. Il y a chez lui une tendresse et une chaleur incroyable, qu'il n'ose pas montrer, même pas à elle. Subaru est prisonnier, dans sa tête, dans son coeur, et il refuse de lui donner la clé...

Alors à qui ?

"Tu ne manges pas ta glace, nee-san ?"

Elle sort enfin de ses pensées pour fixer son jumeau : aujourd'hui, il y a quelque chose de spécial...ce n'est pas que l'air qui est très doux pour la saison, pas que la ville qui semble apaisée, il y a quelque chose...avec Subaru. C'est lui qui a demandé à sortir, une première, et il a même commandé quelque chose au café où ils se sont installés, à Harajuku. Mieux : il sourit. Pas cette expression douce empreinte de mélancolie, non, Subaru sourit et à la tête ailleurs. Elle le voit bien à son regard, il rêvasse.

"Alors que fêtons-nous ?" Finit-elle par demander avec une mimique amusée. Son frère est tellement beau quand il sourit. Presque aussi beau qu'elle, ce qui n'est pas des moins vexants pour une demoiselle, comme elle aime le répéter en plaisantant.

"Heu...rien."

"Tu ne sais toujours pas mentir. Tu devrais prendre exemple sur moi."

"Nee-san !"

"Je dis ça pour t'embêter, tu sais...mais on dirait que tu es bien, aujourd'hui. Et je suis étonnée que tu ai voulu venir."

Les yeux verts se détournent quelques secondes, signe de malaise. Ils arrivent au nœud du problème.

"En fait, j'ai rendez-vous avec quelqu'un."

Et l'instant s'écroule, comme un château de cartes : bien sûr qu'il a rendez-vous. Il a TOUJOURS quelqu'un à voir pour son travail, de ces illustres inconnus pour qui il va se battre, qui l'oublieront alors que lui les ajoutera à ses blessures, alors que lui sera un peu plus démoli à la fin. Parfois Hokuto hait cette ville, elle hait ce qu'elle fait lentement mais sûrement à son jumeau.

"Je vais être de trop, alors." Soupire-t-elle.

"Ho non !!! Il...m'a dit que ça lui ferait plaisir que tu sois là."

"Il ???"

La jeune fille cligne des yeux et elle perçoit - très fugace - le rosissement des pommettes de Subaru.

Ho...ho...

Est-ce que Subaru est en train de trépigner sur son siège, comme une collégienne prise en faute ? Hokuto aimerait pouvoir en rire, mais elle est trop concentrée sur ce qu'il dit. Avalant une bouchée de son parfait chocolat -il y a des priorités qui ne souffrent aucun report- elle ne le quitte plus des yeux.

"Il ? Et on peut savoir qui est ce "Il" ?"

"Hé bien tu sais, quand je suis rentré tard, l'autre soir...de la gare..."

Le jeune onmyôji n'a pas terminé sa phrase qu'une ombre se projette sur la table du café, masquant en partie son visage alors qu'il relève la tête.

Il s'est passé quelque chose à cet instant: pendant une seconde, Subaru n'a plus fait attention à elle, elle l'a compris avec le recul. Mais sur le moment, elle l'imite pour regarder à quoi ressemble ce "il" qui semble le bouleverser.

Bouleversant, l'homme qui vient d'arriver l'est, à sa manière : quelque chose dans le regard qui vous noue l'estomac, vous procure des frissons le long de la colonne, vous fiche en quelques secondes une boule dans la gorge. Il a le visage racé et élégant, mais sans orgueil ou suffisance. Il sait qu'il est beau, sait que prétendre le contraire passerait pour de l'hypocrisie. Et son sourire pour Subaru...

C'est plus fort qu'elle, Hokuto vient de ressentir une bouffée de jalousie aussi brutale qu'irraisonnée. Ne vient-elle pas de déplorer que personne ne s'intéressait à son jumeau, lui qui a tellement besoin de quelqu'un ?

Lorsque le visiteur s'incline pour les saluer, une légère odeur de tabac et de parfum mêlé parvient à la jeune fille, épicé de quelque chose qui la fait froncer les lui, n'a sûrement rien remarqué, c'est léger, infime…

J'ai du rêver...

"Je suis enchanté, Hokuto-san."

Même sa voix sonne juste : ni mielleuse ni obséquieuse, douce exactement ce qu'il faut, chaleureuse et teintée de cette sensualité très spéciale qui se dégage de lui.

Et si Subaru n'a pas compris qu'elle lui était tout particulièrement destinée, il y est clairement sensible, à voir comme son regard s'éclaire, comme sa nuque frisonne très légèrement. Lui qui est tellement candide, Hokuto n'aurait jamais le voir en proie à des sentiments aussi troubles, presque gênants. Elle sourit.

Son frère est amoureux.

Son petit frère, seul, silencieux, timide et si mal fichu pour ce monde plein de noirceur, aime quelqu'un d'autre. Mieux, il le désire. Elle n'a pas fini de le taquiner...

"Hokuto-chan, je voudrais te présenter Seishirô Sakurazuka. Il est vétérinaire à Shinjuku."

Et il te veut, petit frère...

La jeune fille se lève et tend la main vers l'homme, qui la prend délicatement et la baise, sans cesser de sourire.

"Je crois que c'est à vous que je dois m'adresser."

"Pour ?"

"La dot de Subaru-kun, bien sûr !"

Subaru-kun ?

Lorsque Hokuto se met à rire en voyant l'effarement et le blush de son frère, elle a l'impression qu'elle ne va plus pouvoir s'arrêter.

A SUIVRE...

Les prochains chapitres seront postés en avant-première sur mon blog "Dancin'in the babylon" (blogspot). Bonne lecture à tous et à toutes^^

Subaru-D