CHARIS 2, le retour. Avec un nouveau chapitre en plus. La bonne nouvelle, c'est que je suis ENFIN en vacances et que je vais avoir beaucoup plus de temps pour prendre de l'avance dans l'écriture. L'autre bonne nouvelle, c'est que le plan est achevé/hyper complet/hyper développé, donc maintenant que je connais la fin exacte de ma fic, je suis presque déçue. Mais bon, ce qui fait une fic, c'est surtout la façon dont elle est écrite plus que le scénario ? Enfin, peut être.
Bref, ENJOY !
PS : merci à octo, co fondatrice de HP, write or dream, pour ses conseils dans ce chapitre.
PETIT EDIT DE CHARIS, qui tient à s'excuser par avance pour la double alerte. Je viens de créer un live journal sur lequel je vous informerez de l'avancement de mes fics, vu mon aptitude certaine à disparaitre pendant quelques semaines ou quelques mois à cause en général de mes cours.
Voici le lien auquel il faut enlever les espaces : http : / charis13 .livejournal. com/
Re edit de Charis : un lecteur vient de me faire prendre conscience que les séparations des points de vue n'étaient pas passés, et en effet, ça pose problème pour la compréhension... Je rectifie, mais sinon, si vous comprenez pas un truc parce que c'est pas passé avec l'éditeur de texte de , n'hésitez pas à me le dire.
POUR CEUX QUI DEMANDENT SI C'EST UN YAOI : ça le sera, je l'ai annoncé, bien évidemment, mais soyez raisonnables : les gamins n'ont que 12 ans pour le moment, ils ne vont pas sortir ensemble et encore moins coucher tout de suite! Je n'y crois pas un seul instant, et je ne vais pas gâcher ma fic en écrivant des trucs aussi peu crédibles. Désolée, mais ne soyons pas trop impatients. Il y aura également un yaoi entre Draco et Harry, ça aussi C'EST ANNONCE, mais on va pas les jeter dans les bras l'un de l'autre alors que jusqu'à preuve du contraire, Harry est fou et Draco est uniquement intéressé, la transition sera progressive.
Encore désolée mais parfois, Charis en a marre de se répéter.
Bon, si vous êtes pas d'accord ou que vous voulez en parler, vous avez le droit, et il existe un topic sur mon forum (lien sur mon profil) qui y est consacré. Vous y êtes les bienvenus.
Chapitre 10 : Ce que j'aurais voulu que tu fasses :
« Je te regarde, tu es là, devant moi, oui, c'est bien toi. Tu es resté le même, même après toutes ces années. Tu n'as pas changé. Alors que moi… Et tandis que je te contemple, du haut de ta folie, je me sens déchiré. Détruit.
Que suis-je censé faire ? Que se dire après tant d'années à s'adresser à peine la parole lors des réunions de famille, ou sur le quai de la gare, entre 10h50 et 11h ? J'ai envie de te frapper, de te serrer dans mes bras, de t'étreindre comme le frère que je m'imaginais avoir. J'ai toujours envié Fred et Georges d'être deux, d'avoir un alter ego, quelqu'un à qui on peut tout confier. J'ai toujours cru que tu pourrais jouer ce rôle. Mais lorsque tu as commencé à partir, je n'ai pu te suivre. Je n'ai pas pu me détruire avec toi, est-ce que ça fait de moi un traitre ?
Alors, j'ai comblé le vide laissé par la mort de Fred dans le cœur de Georges. Merlin m'aide, j'ai fait de mon mieux pour apprendre à finir ses phrases comme le faisait Fred, pour essayer d'être aussi imaginatif que lui, pour lui permettre de tester ses idées sur moi, pour l'inspirer. Pourtant, la vie ne m'a pas donné ce genre de dons. Je ne suis pas imaginatif, je ne suis pas créatif, je me fais passer pour mon frère mort, et même pas pour consoler son jumeau, mais pour me consoler, moi. Est-ce que ça fait de moi un paria ?
Hermione dit que tu es perdu, qu'il faut que l'on t'aide, mais qui m'aidera, moi ? »
Une telle douleur étreignait la poitrine de Ron tandis que ces pensées se frayaient un chemin dans son esprit. Harry. Son frère de cœur, son beau-frère, celui à qui il avait accordé sa confiance, celui qui l'avait trahie. Harry, qui avait abandonné famille et enfants pour poursuivre des chimères qu'il n'arrivait même pas à déterminer. Qu'est-ce qui était suffisamment important pour en oublier ses serments ?
Il avait juré d'aimer Ginny. De la chérir, dans la joie et dans la peine, dans la richesse et dans la pauvreté, et même dans la maladie, jusqu'à ce que la mort les sépare. Il lui avait juré, à lui, d'être son ami quoi qu'il arrive, de ne pas l'abandonner, d'être toujours là pour lui. Qu'avait-il fait ? Pourquoi ?
Un mouvement le tira de ses pensées. Hermione se lever doucement du lit, se laissant glisser lentement, sa baguette discrètement cachée dans la manche de son pyjama, comme un soigneur qui s'approche d'un animal sauvage, un tranquilisant à la main, en essayant de le convaincre qu'il n'a aucune mauvaise intention à son égard. Son mari songea qu'en cette époque révolue où ils étaient amis, tous les trois, à Poudlard, elle aurait surement sauté dans les bras de Harry, le fils prodigue, celui qui revenait enfin dans sa famille, après des semaines d'errance.
Mais ils avaient tous changé. Hermione avait appris à faire passer sa raison avant ses émotions, elle s'était posée, en quelque sorte. Ron songea que quant à lui, il avait appris à ne plus suivre aveuglément un quelconque chef, une personne qui incarne l'autorité. Après des années à obéir à Harry, il ne lui avait même pas fait payer sa trahison. Il s'était contenté de s'éloigner. Et peut être était-ce le seul acte personnel qu'il avait été capable d'accomplir dans sa vie.
- Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Harry le dévisagea, l'air un peu perdu, comme s'il avait perdu l'habitude d'avoir une conversation avec quelqu'un. Et c'était surement le cas.
- J'ai besoin d'aide, avoua-t-il, mais il aurait très bien pu se parler à lui-même que son ton n'aurait pas été différent.
L'expression de Ron se fit hésitante. Harry était-il conscient ? Comment pouvait-il en vouloir à quelqu'un qui l'implorait ?
Ce fut Hermione qui réagit en premier. Elle donna l'impression qu'elle s'était adoucie face à la vulnérabilité de l'homme, mais pour Ron qui la connaissait, cet air était feint. Hermione faisait ce qu'elle voulait des gens, elle leur faisait croire ce qui les arrangeait. Elle les manipulait avec une aisance déconcertante, digne d'un Serpentard. Et de toute évidence, cela fonctionnait avec Harry, qui reporta son attention sur elle.
- Harry. Pourquoi es-tu parti ?
Ron songea que jamais il n'aurait osé aborder les choses de façon aussi directe, ni avec autant de calme que son épouse, et se posa un instant la question de la pertinence de cette intervention. Mais il comprit qu'il s'agissait encore là d'une subtile tentative de son épouse pour responsabiliser Harry, qui eut l'air légèrement déstabilisé. Il donna tout à coup l'impression d'être davantage conscient de ce qui l'entourait, et de la situation dans laquelle il se trouvait. Il resta un moment bouche bée, une expression de douleur pure sur le visage. Puis, il prit une grande inspiration, comme s'il allait parler, mais se contenta de retenir sa respiration, avant de soupirer d'un air las.
- Harry, est-ce que ça ne se passait pas bien avec Ginny ? demanda alors Hermione.
- Mais, bien sûr que…
Hermione interrompit son mari d'un coup de coude dans les côtes, et lui adressa un regard meurtrier. Mais l'intervention de Ron ne sembla pas distraire Harry, qui sembla se renfermer de nouveau, et commença à maugréer pour lui-même.
- Emprisonné. Enfermé. Jamais je n'aurais pu changer les choses comme ça. Je n'ai rien contre elle, mais…
- Qu'est-ce que tu veux changer ?
Harry la jaugea comme si elle était folle, une lueur de désespoir dans le regard.
- Mais tu étais là, toi aussi ! Tu sais bien ! On ne va pas les laisser morts !
Les deux époux échangèrent un regard effaré. Harry ne voulait pas réellement…
- Maugrey, Lupin, Tonks, Fred ! Imagine la vie que Teddy aurait eue s'il avait eu ses parents ! C'est injuste, aucun enfant ne devrait grandir sans parents ! Et Angie !
L'atmosphère se tendit encore, si ce n'était pas déjà le cas. Le fait qu'Angelina se soit finalement mariée avec Georges après la mort de Fred avait créé une sorte de gêne dans la famille lorsque la jeune femme était présente. Même s'il était évident qu'ils s'aimaient, leur relation avait un petit côté interdit, presque incestueux.
Et en ce qui concernait Teddy, Harry semblait vouloir prendre une revanche sur sa propre enfance privée de ses parents, qui l'avait bien plus traumatisé qu'il ne saurait l'exprimer, si ce n'était en ce moment même. Hermione réprima comme un sanglot et essaya de raisonner son ancien camarade.
- Mais enfin, Harry. Ils sont morts, il y a déjà vingt ans ! C'est fini, il faut vivre pour nos enfants, et pour ce monde qu'on a créé pour eux ! C'est ce que ceux qui sont tombés ce jour-là auraient voulu !
- Qu'est-ce que tu en sais, d'abord ? J'étais l'Elu, j'étais celui qui était censé changer tout cela, celui en qui ils avaient placé leur confiance. Et j'ai tout raté ! Il faut que je revienne en arrière.
Ron se détourna avec un dégout à peine masqué. Mais seule Hermione pouvait deviner que ce n'était qu'une tentative pour cacher à quel point la situation le touchait, également. Qui n'aurait voulu revenir en arrière, et changer tout cela ? Juste pour pouvoir parler une dernière fois à un frère, un parent, un ami…
- Il est totalement fou. Je vais appeler les aurors, fit-il.
- Ne me dis pas que tu n'as jamais voulu revoir Fred ? lui lança Harry.
Un éclair de souffrance passa sur son visage. Avant de comprendre la portée de son acte, Ron pointa sa baguette vers lui. L'instant d'après, Harry se tenait la joue, brûlée par un maléfice cuisant. Hermione réprima un hurlement, et se prépara à s'interposer entre les deux hommes, comme lorsqu'ils étaient adolescents et qu'ils se querellaient. Mais aujourd'hui, les enjeux étaient bien plus graves.
- Comment oses-tu parler de Fred ? Comment oses-tu, alors que…
Harry, de son côté, sembla tout à coup perdre pied. Depuis combien de temps n'avait-il pas été agressé, dans la réalité ? Il recula, manquant tomber en arrière. L'instant d'après, il avait transplané, sans que qui que ce soit ait pu réagir.
Dans la chambre conjugale, Ron et Hermione se serrèrent l'un contre l'autre, avec l'impression que les bases même de leur vie venaient de s'effondrer, les entrainant dans leur chute.
Seule dans son bureau directorial, le professeur MacGonagall essayait de repousser l'envie subite qui l'avait prise d'abdiquer, de baisser les bras, de partir en vacances pour une durée indéterminée. Elle se voyait déjà en train de démissionner, et de laisser le poste au professeur Hagrid, pour qu'il offre des gâteaux trop durs qui rendaient malades aux élèves indisciplinés qu'on lui enverrait, au lieu de les punir. Bien fait, se dit-elle. Elle s'imagina en train de survoler les montagnes, sur un hippogriffe emprunté, quitter Poudlard pour aller vivre dans une communauté d'elfes de maison libres en Ecosse. Tout sauf ça.
Tout sauf continuer de lire ces CV vides et sans intérêt, de candidats au poste de professeur de sortilège ainsi que directeur des Serpentard. Les réductions budgétaires lui imposaient de faire d'une pierre deux coups, depuis le départ de Shepard, et elle se demandait toujours comment elle allait pouvoir s'en sortir, alors que les cours avaient déjà repris. Pour le moment, c'était elle qui assurait l'interim, même si elle s'était vite rendu compte que certains septième année étaient plus avancés qu'elle dans la matière. Comment elle-même avait-elle pu avoir ses examens, quelques décennies plus tôt ?
Elle jeta au feu sans même le regarder le CV du haut de la pile. Le candidat avait écrit « Poudlart ». Pour le moment, sur les cinquante CV parcourus, Minerva n'en avait pas retenu un seul. La plupart s'imaginaient pouvoir s'occuper des Serpentard alors qu'ils avaient été à Gryffondor, d'autres étains certains qu'une BUSE avec mention Acceptable en sortilèges suffisait pour enseigner cette matière aux nouvelles générations, parce que rien ne remplace l'expérience, dans ce domaine, n'est-ce pas ? Et elle ne parlait même pas de ceux qui lui affirmaient que si jamais elle n'acceptait pas de les rencontrer, ils lui jetteraient un mauvais sort et maudiraient toute sa descendance. Ceux-là n'avaient même pas envisagé le fait qu'elle n'en avait pas, son mari étant mort beaucoup trop tôt pour qu'ils puissent procréer, pendant la première guerre, faisant de Minerva une fervente opposante à Voldemort, qui ne lui avait jamais seulement fait l'affront de lui proposer de le rejoindre. Mais c'était il y a bien longtemps, et ce n'était pas le propos de cette tache rebutante.
Au bout de deux longues heures de lectures infructueuses, elle retint néanmoins trois dossiers qui lui semblaient convenir à peu près. Au moins, les trois candidats venaient de Serpentard, et elle se souvenait même de les avoir eus en cours. Aymeric Butler, le plus âgé du groupe, cinquante ans cette année. Son seul problème résidait dans le fait qu'à son âge, soit il possédait un talent inné pour enseigner, soit il était un peu tard pour apprendre. Il risquait fort de se faire déborder par les élèves. Elle en jugerait lorsqu'elle le rencontrerait. Patrick Keegan semblait avoir le CV le plus adapté. Il avait seulement la trentaine, une maitrise de sortilèges et il se destinait à travailler avec des enfants depuis son plus jeune âge. Mais était-ce seulement une volonté irréaliste ou bien une véritable vocation ? Enfin, le dernier candidat était une candidate. Minerva s'était juré de l'auditionner afin de respecter la parité, même si la photo plus qu'aguicheuse du curriculum vitae lui octroyait quelques doutes sur les méthodes d'enseignement d'une jeune femme qui se destinait à passer les prochaines années de sa vie à enseigner à des adolescents bourrés d'hormones. Encore une qui avait dû avoir sa maitrise du premier coup de rein, se dit sarcastiquement l'austère directrice de Poudlard.
Elle se décida à envoyer un hibou aux candidats, en leur demandant de se présenter l'après-midi même à Poudlard. Celui-ci s'avérait long.
Draco Malfoy était un homme occupé. Le matin, il devait faire l'ouverture de la maison d'édition, comme tout bon patron qui se respecte. S'il était toujours détenteur de la fortune familiale, cela ne serait pas nécessaire. Mais aujourd'hui, il n'était que le petit employeur d'une demi-douzaine d'assistants d'édition, ainsi qu'un comptable de confiance qui gérait les comptes en utilisant un matériel adapté au poste, c'est-à-dire sur lequel une panoplie de sorts avait été lancée pour éviter d'éventuelles erreurs/fraudes. Draco Malfoy avait eu la formidable idée de nommer l'un des éditeurs, le plus charismatique à défaut d'être le plus doué, son responsable d'édition. Les petits employés venaient lui rendre compte d'un livre qu'on leur avait soumis qui semblait digne d'intérêt, et le responsable jugeait s'il était oui ou non digne d'être à son tour soumis au grand patron, lequel prenait la décision officielle. Cela dans le but de garantir une qualité optimale des livres édités, ainsi que de décharger Draco, qui n'était finalement que le contrôleur des travaux finis.
Et c'est pourquoi il était toujours très occupé. Car son système avait beau fonctionner sur le papier, il n'en restait pas moins que ces incompétents n'étaient pas capables de prendre la moindre décision seuls. Si encore ils avaient bon gout…. Mais non, on en était à la quatrième biographie d'une personne aussi bien inconnue que dépourvue d'intérêt que ces idiots de l'édition osaient lui proposer, depuis le début de la semaine. Dans les deux cas, il lui avait suffit de lire les premières pages pour se rendre compte de la nullité de l'« œuvre », si tant est qu'on puisse qualifier ces torchons d'œuvres.
Bien évidemment, il n'avait pas parlé de son projet d'autobiographie du Survivant, de l'Elu, à ses employés. Ce serait prendre trop de risques. Un jour, en lisant un livre, il avait trouvé une phrase qui allait faire de lui un self-made man, une personne capable de prendre des décisions réfléchies, sans jamais prendre trop de risques, mais toujours suffisamment pour avancer. « Ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait » (1). En cela, il était passé maître. Jamais il ne vendrait la peau du dragon avant de l'avoir tué. Jamais il ne parlerait d'un projet qui allait lui faire gagner des milliers de gallions à de simples employés incompétents.
D'ailleurs, il était temps d'aller s'informer de l'avancement du projet en question. Par cheminette, il appela la chambre de Potter, celle qu'il lui avait fait aménager au manoir, en se disant qu'il avait une chance sur deux : soit le Survivant dormait encore à cette heure bien matinale, ce qu'on ne saurait lui reprocher, soit il avait encore aménagé ses horaires d'une façon que lui seul pouvait comprendre, et il se trouvait déjà dans la salle de travail de la bibliothèque, ou bien encore, s'il avait oublié d'aller se coucher hier soir. A croire que bientôt, ce serait à lui d'aller coucher l'idiot, après lui avoir rappelé de manger au moins une fois par jour.
- Potter ? Tu es réveillé ?
Pas de réponse. Un rapide coup d'œil dans la pièce lui assura qu'il n'y avait personne. Il se redressa, satisfait. Sans doute l'homme était-il en train d'écrire. Mais, pris d'un pressentiment soudain, Draco pensa à vérifier dans la salle de travail. Contre tout espoir, ce fut un elfe de maison particulièrement gêné, qui se tordait les mains, qui lui répondit. Non, Harry Potter monsieur n'était pas dans le manoir. Non, il ne l'avait pas vu partir. Oui, il s'empressait de déguerpir avant que le maître ne l'étrangle.
Les mains moites, la bouche sèche, Draco alla s'asseoir à son bureau. Mais qu'était-il passé par la tête de ce timbré ? Pourquoi lui-même n'avait-il pas fait surveiller Potter ?
- Harry, où es-tu ?
A Poudlard, un cortège de trois candidats au poste de chef des Serpents se hâtaient de monter les escaliers qui conduisaient au bureau de la directrice de l'école. Cortège que suivait bien évidemment Rusard, qui ne perdait pas une occasion de se rendre utile, même si l'âge l'avait rattrapé et que les élèves, au contraire, parvenaient à le semer de plus en plus facilement. Surtout qu'il était encore plus effrayant que quelques années plus tôt, quand certains des candidats qui se présentaient aujourd'hui au poste l'avaient connu comme concierge tortionnaire des élèves. Ivory Howlwind chuchota ainsi quelques mots à Patrick Keegan qui faillit revoir son ambition de travailler dans cette école.
- Vous vous souvenez de Miss Teigne, cette horrible chatte qu'il avait, à l'époque ? Il parait que c'est sa patte qu'il porte en collier autour du cou.
Keegan tourna si vite la tête que des tâches rouges apparurent devant ses yeux, une réaction semblable à celle qui l'avait prise lorsqu'il avait essayé de regarder au travers de la mini-jupe de la même couleur qu'arborait sa concurrente tandis qu'elle montait les escaliers.
Aymeric Butler, qui n'avait pas eu la chance de connaître le pauvre bougre rendu heureusement sourd par l'âge, sourit sardoniquement. Soit il s'agissait d'une ambitieuse tactique de Serpentard pour déstabiliser son adversaire, soit le niveau avait baissé depuis que lui-même était élève dans cette maison. En tout cas, cette jeune écervelée ne lui semblait pas une bien grande menace dans la course au poste.
- Messieurs dame, fit solennellement Minerva MacGonagall, je suis honorée de vous recevoir en ces lieux. Peut être pourrions-nous commencer par la gente féminine ? proposa-t-elle en croisant le regard de la belle blonde.
- Oh, non, répondit Ivory. J'ai toujours eu horreur de passer en premier.
Tandis que Butler étouffait un fou rire, Minerva leva si haut les sourcils que l'on eut pu penser qu'elle allait s'en fouler un.
- Ce n'est pas négociable, Miss, rétorqua-t-elle comme si Miss Howlwind était encore son élève et avait besoin d'être remise à sa place.
Ce qui était surement le cas.
L'entretien fut tout à fait à la hauteur de ses espérances. Minerva fut convaincue que la jeune femme n'était absolument pas à la hauteur du poste, et ce n'est pas seulement son attitude « je suis restée jeune et je l'affirme » qui lui faisait penser cela. Ce n'était pas non plus parce qu'elle lui avait proposé des places pour le concert des Bizzar Sisters, en lui disant que c'était plus sa génération que la sienne et que ça ne la dérangeait pas plus que ça de les lui offrir.
Non, c'était plutôt la caricature même de la sang pur de Serpentard qui croyait qu'elle pouvait tout avoir grâce à son nom qui ulcérait Minerva. Malheureusement, la gente féminine était ici très mal représentée, à croire que les femmes les plus intelligentes de Serpentard avaient des projets bien plus ambitieux que de devenir enseignantes, et que seules celles qui n'avaient rien trouvé à faire de leur vie s'étaient présentées pour le poste. Ou bien était-ce une subtile vengeance des Serpentard qui avaient élu la pire garce parmi celles qui avaient fait une maitrise de sortilèges pour revenir la tourmenter des années plus tard, à un moment où elle n'avait vraiment pas besoin de ça. Certainement. Elle raccompagna la prétendante à la porte.
- Je vous recontacterai.
- Super, j'attends avec impatience votre chouette !
Oui, parce que chouette, c'est quand même plus « chouette » que hibou, se dit Minerva en levant les yeux au ciel.
Aymeric Butler, comme elle s'y attendait, lui offrit un entretien irréprochable. On sentait l'expérience de l'homme, qui avait effectué une grande variété de missions ces trente dernières années, allant de la conjuration de mauvais sorts pour Gringotts à la recherche fondamentale pour le ministère. Pourquoi voulait-il travailler avec des enfants ? Pour transmettre un peu de son immense savoir à des générations qui ne sont souvent pas assez intéressées par la matière, pour leur transmettre ce qu'il appelait le « feu », avant de partir lui-même pour une retraite méritée. Un homme rassurant en somme.
Patrick Keegan était le stéréotype du jeune diplômé trop motivé pour son propre bien être. Son CV était tout à fait acceptable pour quelqu'un de son âge, il avait travaillé en tant qu'ingénieur créateur de sortilèges pour une marque de balai de course très connus depuis la fin de sa maitrise, avant de sauter sur l'occasion quand il avait vu dans l'offre d'emploi de Minerva un moyen d'atteindre son plus grand rêve. En effet, il avait toujours voulu enseigner, car il se sentait proche de la jeunesse, et qu'il aimait épauler de jeunes gens pour mieux les préparer à leur vie future. Il se présentait déjà à Poudlard comme un éducateur, un professionnel de l'écoute et de la résolution de problèmes. Son ardeur se calmerait avec l'âge, mais pour l'heure, il pouvait être utile.
Minerva pensa avec une certaine tendresse aux petits Albus Potter et Scorpius Malfoy, pour ne citer qu'eux, avec qui elle avait quelques problèmes de dialogue. Peut être quelqu'un de plus jeune et de plus à l'écoute pourrait s'avérer plus efficace, et réduirait les heures supplémentaires payées aux professeurs et membres de l'équipe qui s'occupait des retenues en dehors de leurs heures de travail. Sans doute ce jeune homme motivé pourrait lui permettre quelques économies budgétaires.
La décision fut néanmoins plus délicate à prendre pour départager les deux candidats. Tous deux paraissaient fort qualifiés, avec une vision optimiste de l'enseignement. Chacun dans son style, ils rempliraient bien leur devoir. Ce qui la poussa à les départager fut un rapide calcul. Albus était décédé à 150 ans. Elle-même était bien plus jeune, et continuerait à administrer cette école tant qu'un souffle habiterait sa poitrine. Et hors de question d'engager un professeur qui pensait déjà à la retraire, susceptible de tout plaquer à 60 ans, c'est-à-dire dix ans plus tard. Elle soupira. Même si cet Aymeric lui plaisait bien, mieux valait engager un jeune blanc bec qui pourrait se former avec les années et les mauvaises blagues de ses élèves plutôt que de devoir revivre l'enfer de la lecture des CV dans seulement dix ans.
Surtout que d'ici là, un professeur comme la charmante Alissa Deauclair, fraichement mariée, qui enseignait les potions, pouvait elle aussi prendre une décision saugrenue comme… Avoir un bébé.
- Mais pourquoi n'ai-je pas choisi de m'enfuir à dos d'hippogriffe ? pensa-t-elle tout haut.
- Ah ça, très chère, répondit Albus Dumbledore du haut de son portrait, c'est parce que vous savez que je ne vous l'aurez pas pardonné et que je vous aurais poursuivie au travers de tous mes tableaux dans le monde entier jusqu'à ce que vous reveniez !
- Ne me tentez pas, Albus. Un seul mot de ma part et vous finiriez en flammes.
- Vous n'oseriez pas vous en prendre à votre ancien professeur, directeur, employeur et équipier au tarot, Minnie !
- Ne me tentez pas, Albus...
Elle commença donc par écrire une lettre à Patrick Keegan pour l'informer qu'il était engagé, et qu'elle l'attendait le soir même, en ayant tout de même un petit pincement au cœur pour Aymeric Butler, à qui elle écrivit une longue lettre pour lui expliquer que malgré son profil particulièrement intéressant, elle avait besoin de quelqu'un qui puisse faire carrière dans le métier. Enfin, elle rédigea trois ou quatre mots à Miss Howlwind pour lui dire d'aller souffler son vent ailleurs, ou plutôt qu'elle ne convenait pas aux exigences requises pour ce métier.
Le premier cours de botanique des seconde année était déjà le moyen, pour le professeur Londubat, qui connaissait si bien son métier, de déterminer quel élève avait un potentiel dans la matière, quel élève se contenterait d'apprendre son cours par cœur pour réussir à décrocher un E à son examen, et surtout, lequel s'en fichait royalement et ne parviendrait jamais à comprendre la subtile communion qu'il existe entre l'homme et la plante. Il venait d'ailleurs d'écrire à ce sujet un livre malheureusement intitulé « Comment parler aux arbres ? » aux éditions Malfoy. Même si Draco et lui n'étaient pas les meilleurs amis au monde, il avait appris à ne plus craindre ce genre de petits caïds de cours d'école, avec l'âge, et surtout à force de les côtoyer à Poudlard, et avait tenté sa chance auprès du seul éditeur du monde sorcier qu'il existait dans le monde sorcier depuis la Guerre. Et son pari avait porté, car même s'il n'avait pas énormément de ventes, il savait qu'il pouvait au moins compter sur le lectorat de Sorcière Hebdo, ce qui n'était pas peu dire.
Parmi ses élèves préférés, ceux qui avaient un tant soit peu d'ouverture d'esprit pour appréhender l'étude des plantes, il y avait ceux qui les voyaient dans un intérêt purement pratique, pour la confection des potions par exemple. Ceux-là seraient surement orientés vers une thèse en potions après les ASPICs, et deviendraient riches par leur travail, reconnus dans le monde scientifique. Et puis, il y avait ceux qui resteraient discrets, qui accoleraient leur oreille au tronc d'un peuplier papoteur pour essayer de comprendre ce qu'ils dit, et qui choisiront un métier moins bien payé comme fleuriste, chaman ou tout simplement écrivain. Et Neville, alias le professeur Londubat, sentait que le petit Albus Severus Potter faisait partie de ces gens là. Et le regardait du coin de l'œil avec affection, se revoyant au même âge, le culot en moins, un peu délaissé par ses camarades, mais ayant la protection d'amis plus influents de par sa gentillesse.
Avec le recul, il se dit qu'il aurait mieux fait de le regarder des deux yeux.
Scorpius avait bien vu le drame arriver. Mais un peu blasé, il regardait la scène qui se déroulait sous ses yeux avec comme s'il regardait un diaporama particulièrement peu intéressant projeté sur le tableau par son professeur, c'est-à-dire avec les yeux à demi fermés, les bras ballant, peu tenté par le fait de porter secours à son ami. Et au fond de lui, le Serpentard lui disait que non, cette fois-ci, il ne coulerait pas avec le bateau. Et puis il faisait trop chaud, de toute façon.
Comme dans un mauvais cauchemar où il voyait le drame arriver, mais sans pouvoir bouger un muscle, tétanisé dans sa peur, le professeur Londubat qui la seconde précédente regardait Albus murmurer doucement dans ce qui était censé être les oreilles des mandragores, attendant vainement une réponse. Jusque là, pas de quoi s'inquiéter. Sauf qu'il n'eut pas le temps de réagir lorsque le garçon, un peu lassé du manque d'efficacité de son acte, fit ce que personne n'avait seulement envisagé auparavant, ou en tout cas la chose à laquelle personne n'a jamais survécu suffisamment longtemps pour en parler, à savoir arracher la mandragore de son pot d'un ample geste de la main, pour pouvoir mieux écouter sa réponse, qui fut bien entendu un hurlement strident. En enlevant son casque de protection, bien sûr…
Albus s'écrasa sur la table aux côtés de son ami, qui retira pudiquement le sécateur de sous le visage de son collègue, pas effrayé le moins du monde le professeur les avait en effet prévenus qu'il ne risquait que d'être inconscients pendant quelques heures s'ils entendaient le cri de la jeune mandragore dont ils devaient s'occuper. Neville accourut, et après avoir donné congé à la classe et verrouillé la serre, il fit léviter le petit garçon jusqu'à l'infirmerie.
Restés dans le parc, les élèves s'égaillèrent rapidement, Serdaigle d'un côté, Serpentard de l'autre. Scorpius choisit l'arbre le moins envahi de fourmis et autres insectes agaçants et inutiles pour s'appuyer contre le tronc, les bras derrière la tête, dans une position très décontractée.
- Eh, Malfoy, pourquoi t'es copain avec le barjo ?
Théodore Nott, xième du nom, dans toute sa splendeur. Malheureusement, comme le disait son père, il n'avait pas hérité de la finesse d'esprit de son géniteur. A croire qu'il était illégitime, malgré sa ressemblance frappante avec le précédent détenteur de ce nom, il y avait des sortilèges pour cela, comme le rappelait souvent Draco Malfoy en regardant son fils d'un air mauvais. Scorpius ne releva même pas. Il savait que l'autre n'oserait jamais l'agresser physiquement, référence au fait que les Nott étaient les amis naturels des Malfoy, deux familles nobles qui avaient perdu leur fortune et la regagnaient, en même temps que le respect des autres familles d'influence, au travers des décennies.
- Tu pourrais répondre, au moins !
- Le barjo, comme tu dis, il a eu ses examens de défense contre les forces du mal sans que son père n'ait besoin d'écrire à la directrice, Nott.
Ce dernier cracha à ses pieds, avant de s'en aller, vexé comme un pou, en se disant qu'il n'aurait jamais dû se vanter de cet épisode dans le Poudlard Express à la rentrée Scorpius, quant à lui, songea que décidément, si l'union faisait la force, il ne faisait pas bon être ami avec une personne extravagante, et il le découvrait malgré lui. Mais un soupçon de culpabilité lui rappela que extravagant ou pas, jamais il ne laisserait tomber Albus. Jamais.
Un matin comme les autres, comme tous ceux qui s'étaient succédés depuis le départ de Harry, ainsi que la rentrée des classes. Ginny était assise devant sa coiffeuse, brossant lentement ses cheveux, à n'en plus finir, tandis qu'ils tombaient par poignées. Cela ne l'inquiétait même pas. Ses cheveux faisaient le deuil de Ginny Potter, ses cheveux l'abandonnaient aussi. Elle n'arrivait pas à remonter la pente. A vrai dire, pour le moment, elle ne le voulait pas, se complaisant dans son mal être, attendant de voir dans quel sens allait souffler le vent. Une photo de ses enfants était coincée entre le miroir de sa coiffeuse et le cadre de plâtre peint. Une photo que lui avaient donnée ses parents, après avoir pudiquement découpé la tête de Harry qui dépassait sur le côté. La petite Lily, le petit Al, plus petit que la première malgré son âge, et James, toujours aussi sportif, qui tenait son petit frère et sa petite sœur par l'épaule, dans un geste protecteur. Un vrai petit homme celui-là.
Une impression lui parvint, comme un souvenir, mais en plus fugace, comme… Une odeur. Plus fragile que le vent, persistante dans notre âme alors que notre nez même peine à la retrouver, à la capter, à l'emprisonner. Un petit quelque chose qui faisait qu'elle savait.
Elle se releva d'un bond, et se retourna pleine d'espoir, presque convaincue de se retrouver face à face avec Harry. Avec son époux. Elle savait qu'il était là, quelque part. Peut être sous sa cape d'invisibilité ? Elle n'avait jamais su ce qu'elle était devenue après la chute de Voldemort. Ses bras brassèrent inutilement l'air devant elle, sans rien rencontrer de solide, si ce n'est son désespoir.
- Harry, où es-tu ?
Elle l'attendit, attendit qu'il se manifeste, qu'il lui réponde, qu'il se montre, qu'il lui dise qu'elle n'avait pas rêvé, qu'elle n'était pas folle, elle aussi.
Mais il ne vint pas, et elle se rassit sur sa chaise, les larmes coulant de ses grands yeux verts, traçant de longs sillons brillants sur sa peau parsemée de taches de rousseurs.
De l'autre côté de la fenêtre, sur un vieux balai emprunté dans la remise des Weasley, Harry pleurait, lui aussi. Il pleurait pour cette femme qu'il n'avait pas su aimer.
Lentement, il repartit, amorçant sa descente jusqu'à la remise des Weasley, retournant à son destin. Quelque part, il savait qu'il était allé trop loin pour revenir. Il devait d'abord finir ce qu'il avait commencé.
- Mais enfin, monsieur Malfoy, vous étiez à côté, pourquoi ne pas avoir essayé de l'en dissuader ? demanda pour la énième fois Neville au jeune Scorpius, qui semblait ne pas se préoccuper outre mesure du sort de son camarade de classe et binôme, toujours inconscient sur son lit d'infirmerie.
- Professeur, essaya de raisonner Scorpius, si vous aviez un ami qui avait une fâcheuse tendance à collectionner les capsules de bièraubeurre, quitte à en boire toute la journée, que feriez-vous ?
- Je vous demande pardon ?
- Tant que sa vie n'est pas directement menacée, tant qu'il n'a pas une maladie suite à sa consommation excessive d'alcool, est-ce que vous l'en empêcheriez ?
- Je…
- Bien sûr que non ! Parce qu'il faut accepter les gens tels qu'ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts ! Eh bien Al, c'est pareil. On sait tous qu'il va finir par faire quelque chose de dangereux, mais tant qu'il ne se met pas en danger de mort, on sait très bien que rien ne l'arrêtera. Donc, on attend et on ramasse les morceaux !
Neville dévisagea le Serpentard, tâchant de voir s'il se moquait de lui. Mais non, il avait l'air on ne peut plus sérieux. Soupirant, il tourna les talons, prenant congé de son élève qui se dirigea vers l'infirmerie pour aller y voir son ami. Le professeur Londubat devait rédiger un rapport au conseil d'administration pour leur expliquer que non, il n'avait pas autorisé son élève à enlever son casque pour parler aux mandragores et que oui, il avait bien expliqué les dangers de son cri aux élèves. Et non, il n'aurait pas eu le temps de secourir le jeune Potter avant que le désastre ne se produise. Heureusement, il connaissait bien les parents de Albus et savait qu'aucune plainte ne serait déposée.
Scorpius atteignit l'infirmerie et demanda d'une voix on ne peut plus autoritaire je-suis-le-fils-Malfoy-faites-ce-que-j'exige à voir Albus. L'infirmière l'y autorisa pour une durée courte, un coin de la bouche pincé en signe de mécontentement, car le garnement dormait encore. Oui, Scorpius avait compris qu'elle ne cautionnait pas ce genre d'expériences scientifiques risquées, même pour le bien de la science. Non, il n'y était pour rien. Ce que personne ne voulait croire. Scorpius n'était rien d'autre qu'un adolescent incompris.
Mais très vite, la vue de son ami allongé dans un lit d'hôpital lui parut moins drôle que ce à quoi il s'attendait. Il eut la vision fugace de sa mère, étendue sur un lit semblable, luttant pour reprendre sa respiration. Prétextant des devoirs à faire, il prit la fuite, sous le regard d'incompréhension de l'infirmière.
Albus se réveilla une heure plus tard, avec une impression qu'il identifierait seulement quelques années plus tard lorsqu'il serait en âge de boire de l'alcool. Celle d'avoir les cheveux qui lui poussaient à l'intérieur de la tête. Sans compter les sourcils, qui s'acharnaient dans leur lutte pour avoir eux aussi leur place dans sa boite crânienne. Il s'amusa un moment à imaginer la bataille qui pourrait s'y dérouler, avant d'arrêter, car la douleur se faisait de plus en plus forte.
Il songea que l'école avait déjà dû écrire à ses parents, et qu'il espérait que sa grand-mère Weasley trouverait la lettre avant sa maman. Car même si elle criait plus fort, il ne voulait pas en rajouter. Elle était suffisamment triste depuis que son papa était parti.
Il se demanda où il était en ce moment, et pourquoi il ne lui avait même pas écrit. Il aimerait bien pouvoir lui raconter ce qu'il faisait à l'école, ou lui lire une de ses histoires. Son papa avait toujours du temps à lui consacrer, alors que sa maman lui rappelait souvent qu'il fallait qu'il passe moins de temps dans son monde et davantage les deux pieds fermement ancrés sur terre, à communiquer avec les gens normaux. Mais il savait depuis toujours qu'il n'en faisait pas partie.
Et son papa non plus.
Il se rendormit d'un sommeil des plus agités.
- Tenez, professeur Keegan. Voici le jeune élève dont je vous ai expliqué plus tôt la situation familiale, le jeune Albus Potter. J'aimerais que vous lui parliez, que vous lui fassiez comprendre qui commande, ici. Il a tendance à se faire beaucoup trop remarquer.
Encore tout émoustillé par son nouveau titre de professeur, Keegan pénétra dans l'infirmerie, pour y trouver son nouvel élève endormi, rêvant apparemment, les deux sourcils froncés. Il se tourna vers Minerva, avec un regard d'expert.
- Je vais attendre qu'il se réveille, et je lui parlerai. Je m'en occupe, directrice.
- Très bien. Si vous avez besoin de moi, vous savez où me trouver.
Elle tourna les talons, s'apprêtant à quitter l'infirmerie pour retourner à la gestion de l'école.
- Et au fait, fit-elle sur le pas de la porte, appelez-moi Minerva.
Puis elle sortit de la pièce. Keegan, de son côté, sourit de toutes ses dents, fier d'avoir sa place parmi l'équipe enseignante, après tant d'années à l'espérer, avant de se tourner vers le jeune Potter qui s'agitait de plus en plus dans son sommeil.
- Papa ! cria tout à coup le gamin en se réveillant en sursaut.
Puis il fondit en larmes.
Encore peu au fait des façons de réconforter un élève en pleine crise, Keegan se rapprocha, sans trop savoir quoi faire.
- Bonjour Albus. Je suis ton nouveau directeur Patrick Keegan ; tu veux me parler de ton cauchemar ?
Albus fit non de la tête, avant de se tourner et d'enfouir sa tête dans son oreiller. Tandis que l'infirmière accourait, accusant déjà le jeune professeur déboussolé, Albus repassait son rêve dans sa tête. Il voyait son père lui faire un signe de la main, un petit sourire, puis disparaitre à jamais.
Il était tard déjà, et Draco en était à son septième verre de Whisky pur Feu. Le monde tournait autour de lui, mais il songeait que bientôt, il allait tout simplement s'effondrer. Il avait investi tout le capital de l'entreprise dans le projet Potter, tout le capital que son trésorier ne connaissait pas en tout cas, sur un compte en Suisse, et l'homme n'avait pas hésité à partir. Ses espoirs de reconquérir la gloire passée des Malfoy tombaient en poussière.
Il se resservit un verre. Et s'enfonça encore plus profondément dans le velours de son fauteuil.
Il était plus de minuit lorsqu'il sentit quelqu'un le secouer. Il songea un instant à simplement envoyer un avada kedavra sur l'elfe de maison qui avait eu l'audace de le déranger, mais essaya néanmoins de se réveiller auparavant. Ouvrant les yeux, la première chose qui lui arriva au cerveau fut son haleine fétide. Il n'avait jamais aimé boire à cause de cela.
La deuxième chose fut qu'il avait bu pour rien. Face à lui, se tenait Harry Potter.
La joie qui l'envahit n'avait d'égale que son soulagement, et il trouva la force de bondir sur ses pieds et de le serrer dans ses bras. Plus tard, lorsqu'il se rappellera cet épisode, il essayera de se convaincre que c'était sa fortune future qu'il étreignait, mais une petite voix lui rappellera qu'au fond de lui-même, c'était un tout autre sentiment qu'il avait ressenti.
Il n'aurait pas vécu différemment le départ de Harry si ce dernier l'avait trompé. Comme si à eux deux, ils formaient un tout, un couple maudit. L'idée lui semblait encore étrange, mais il se souvint que ce soir-là, Harry lui avait rendu son étreinte, sans hésiter une seconde.
Comme lorsqu'on étreint son oreiller quand on se réveille après un horrible cauchemar.
« J'aurais voulu que tu me parles avant. J'aurais voulu que tu n'épouses pas ma sœur. J'aurais voulu que tu sois toujours celui que tu étais à l'école le gars cool, le joueur de Quidditch, mon ami. J'aurais même voulu rester dans ton ombre, au bureau des aurors, ton coéquipier même si on t'attribuait toujours le mérite de la réussite d'une opération, et que moi, on m'oubliait.
J'ai gâché ma vie à cause de toi. J'ai toujours attendu un mot, un geste, un remerciement, une prise de conscience, peut être un peu d'empathie.
C'est ce que j'aurais voulu que tu fasses, mais évidemment, ce n'est pas ce que tu as fait, car toi, tu te fiches de ce que j'aurais voulu que tu fasses, tant que je faisais ce que toi, tu voulais. Tu m'as gâché ma vie, mais tu ne gâcheras plus celle de ma sœur, ni de tes enfants. Je m'en assurerai.
Pour moi, tu es mort. »
Seul face à la fenêtre de la chambre, Ron regardait passer les voitures en contrebas, dans le quartier moldu de Londres où Hermione avait insisté pour qu'ils s'installent, comme s'il espérait y voir passer son beau-frère. Mais tout ce qu'il voyait, c'était la fin irrévocable d'une période de sa vie.
« Adieu, Harry. »
(1) Les fans auront reconnu la citation du roi Subtil dans l'Assassin Royal, peu importe s'il s'agit ou non d'un proverbe, je le mets ici en tant que citation de Subtil, de la très brillante Robin Hobb qui malheureusement pour nous n'autorise pas les fanfictions sur son œuvre. Mais maman, je l'ai trouvé dans un livre, je peux le garder ?
Désolée pour la petite digression.
En bref, j'attends comme toujours vos réactions, et je vous promets de publier la suite très vite, vue que maintenant je vais avoir plein de temps pour écrire d'ici à septembre.
A très bientôt !