Colocataires

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La dernière ponte, après trois ans sans écrire… Merci Frozensheep de m'avoir lancé ce défi (écrire un slash cet été), ça m'a donné une justification crédible pour replonger béatement dans l'écriture... Et je me sens même pas coupable de vous imposer ça… Mesdames et messieurs, le premier Drago/Charlie francophone… J'entends déjà un silence ému, surpris, j'espère que vous ne serez pas déçus… (Les anglophones, adeptes de tous les couples les plus improbables, m'ont déjà devancée. Une petite dizaine de fic traîne, mais je n'en ai lu aucune). Je vous préviens, ça schlachouille subtilement mais rien de bien méchant.

Donc, rien de m'appartient, tout est à JKR, on s'incline, on s'incline, sauf l'extrême improbabilité de ce qui va suivre. Je ne tiens PAS COMPTE DE L'EPILOGUE, parce qu'il faut pas déconner non plus.

Donc, je dédis cette fic à Froz qui m'a relancée sur mes rails, et à son crétin de chat Tardis qui m'a bien inspirée…

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CHAPITRE UN

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Charlie regarda autour de lui, perplexe et mal à l'aise. Le Terrier, cocon de son enfance, lui renvoyait une image à la fois familière et totalement étrangère. Les odeurs n'étaient plus les même, tel meuble avait disparu, ce portrait avait changé de place, et surtout il régnait un terrible silence. C'est surtout ce silence qui le bouleversait. Cette maison avait toujours résonné de bruits, de rires, de pleurs et de cris. Le contraire serait surprenant avec sept enfants, dont six garçons !

Cinq, se morigéna-t-il. Plus que cinq. La mort de Fred avait détruit ce foyer plus sûrement qu'une bombe. Depuis, sa mère avait perdu son énergie et passait la plupart de son temps à rôder dans la chambre des jumeaux. Fini, les senteurs de cuisine à toute heure du jour ou de la nuit, le linge propre posé en tas sur la table de la cuisine et les étreintes maternelles dès qu'il passait dans un rayon de cinq mètres. Les enfants Weasley avaient déserté le nid familial, ils étaient pris par leur travail, leur vie de famille, leurs amis... Seule Ginny persistait courageusement à s'occuper de leurs parents. Charlie savait combien il lui en avait coûté de rester dans cette grande et morne maison, alors que tout l'appelait auprès de Harry, partit on ne sait où pour une mission.

Il cacha son malaise derrière un sourire qu'il espérait chaleureux lorsque sa jeune sœur pénétra dans la pièce.

-Ah, tu es rentré !, s'exclama-t-elle en l'étreignant avec force. Il ne l'avait pas revue depuis l'enterrement de Fred et fut bouleversé de la voir amaigrie, le front barré de plis qui lui donnait l'air bien plus âgée que ses vingt ans.

-Salut toi, répliqua-t-il avec une joie non feinte. Tu m'as bigrement manqué sœurette.

Elle se décolla de lui, l'œil flamboyant.

-Il ne tenait qu'à toi de revenir plus tôt ! J'ai encore dû me débrouiller seule…" Sous le ton de colère affectueuse, il distingua un reproche à peine déguisé et une amertume jusque là pleinement étrangère à Ginny. Quelques justifications toutes plus lâches les unes que les autres lui vinrent à l'esprit, mais sa sœur ressemblait tellement à sa mère qu'il savait déjà tous ses efforts inutiles.

- Excuse-moi, j'ai dû retourner en Roumanie régler quelques problèmes, et j'ai eu d'autres trucs qui me sont tombés dessus, et…

- Epargne-moi tes prétextes, Charlie, coupa Ginny d'une voix lasse. Ça fait quatre ans. Quatre ans ! Et vous m'avez tous laissée me débrouiller seule ! Papa est toujours fourré au ministère, je dois m'occuper seule de maman, j'avais d'autres projets moi aussi !

-Excuse-moi, répéta Charlie, plus mortifié que jamais. Je suis revenu dès que j'ai reçu ta lettre. Je suis revenu pour de bon, maintenant.

Une vague de mélancolie le submergea à l'idée de tout ce qu'il avait laissé en Roumanie. Sa passion pour les dragons, son travail, et Amy… Mais sa sœur n'avait pas vraiment besoin d'être davantage accablée. Elle arrêta de lutter et se pelotonna dans ses bras. Il l'étreignit avec tendresse, en continuant de parler.

-Je vais me trouver un bon boulot. Papa m'a dit qu'il me pistonnera pour le service de régulation des créatures magiques, ça devrait pas poser de problèmes vu qu'il est dans les petits papiers du ministre. Comme ça je le verrai souvent et je passerai tous les jours ici. Il ne me reste que la question du logement, je me suis renseigné sur les locations spéciales sorcier dans les quartiers moldus autour du ministère. Normalement j'aurai un appartement pour moi tout seul et…

-Tu restes pas ici ?, le coupa brusquement Ginny en repoussant ses bras.

-Tu sais bien que je ne peux pas, murmura Charlie.

Il avait bien essayé, quatre ans auparavant, de rester quelques semaines. Mais cette maison, qui l'avait vu grandir et qu'il n'aurait jamais pensé un jour ne plus aimer, cette maison était désormais le vivant écrin du désespoir familial. Chaque chose renvoyait à la famille, désormais si cruellement amputée. Et c'était encore plus flagrant aujourd'hui, leur mère ayant renoncé à lutter. Ginny ne pouvait pas tout gérer seule, s'occuper de Molly empiétait déjà bien trop sur ses études de médicomage. Ginny soupira, ses traits s'affaissant encore.

-Vient la voir au moins, ça lui fera plaisir.

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Charlie quitta le Terrier avec l'impression d'avoir un sac de brique sur chaque épaule. La tête ailleurs, il transplana bien trop loin du bureau de location et préféra marcher pendant plus d'une heure que de risquer le désartibulement. Le gérant l'accueillit avec un grand sourire.

-Monsieur Weasley ! Je vous attendais. Je vous ai trouvé une location à dix minutes de marche du Ministère. C'est un quartier très convoité par les sorciers, en fait tout l'immeuble ou presque est occupé par des fonctionnaires, vous pourrez faire de la magie sans risque.

-Ah, très bien, répondit Charlie, en s'efforçant d'avoir l'air enthousiaste. Je peux emménager quand ?

-Dès demain, il vous suffit juste d'aller rencontrer avant votre colocataire et…

-Pardon ?! cria-t-il en sortant brutalement de sa rêverie. Je vous avais bien spécifié que je voulais être seul !

La mine du gérant, si accueillante jusque là, se ferma aussitôt, et il répliqua froidement :

-Vous n'êtes pas le seul à vouloir un logement en ce moment, Monsieur Weasley, et comme je vous l'ai dit, le quartier du Ministère est extrêmement convoité. J'ai eu beaucoup de mal à vous trouver une place, et c'est tout ce qu'il y a en ce moment. Si ça ne vous plaît pas, je peux vous trouver dix remplaçants dans la minute, et vous devrez trouver par vous-même un autre hébergement.

Charlie mesura rapidement ce qui lui causerait le plus d'ennuis : cohabiter avec un inconnu pendant une durée indéterminée, ou subir continuellement le regard vide de sa mère et le désespoir de son père. Le choix fut vite fait. Avec un soupir de résignation, il se força à sourire au gérant.

-C'est à quelle adresse ?

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L'immeuble était tout ce qu'il y a de plus ordinaire, à la limite du décrépit. L'absence totale de boîte aux lettres reflétait clairement la proportion de sorciers dans ces petits appartements serrés sur trois étages. Un petit immeuble semblable à tous ceux qui le jouxtait, de part et d'autre, tout le long de la rue. Une rue grise, des murs gris, un ciel gris.

« Fabuleux, pensa Charlie. C'est fabuleux. » Il essaya de trouver en lui une infime trace d'optimisme. Tout ce qui lui vint était le soulagement d'être ici plutôt qu'au Terrier. Cela lui insuffla l'énergie nécessaire pour aller ouvrir la porte et monter au deuxième étage, puis sonner à la l'étroite porte crasseuse à gauche du palier.

Il attendit quelques secondes avant qu'une voix masculine peu avenante s'exclame :

-Foutez-moi la paix ! J'en ai rien à foutre des malades de Ste Mangouste, je vais pas en plus vous arroser de gallions ! Du vent !

« Génial, un caractériel. Fabuleux. » Il s'efforça de prendre une voix amicale :

-Je suis pas de Ste Mangouste, je suis le nouveau colocataire !

Un silence, puis le bruit des pieds nus sur du carrelage, le cliquetis d'une clé dans la serrure et la porte s'ouvrit en grand.

Cela faisait quatre ans, mais Charlie aurait reconnu au premier coup d'œil n'importe quel Malfoy. Sans doute grâce aux yeux gris plus glaciaux qu'un hiver en Alaska, et à ce blond presque blanc. Pour l'heure, ces cheveux se dressaient en mèches hirsutes, à cent lieues de l'habituelle coiffure impeccable, et les vêtements sobres et coûteux avaient cédé la place à un jean informe et à une chemise froissée boutonnée à l'encontre du bon sens.

Drago Malfoy, apparemment de très mauvaise humeur, se tenait dans l'encadrement de cette porte miteuse qui allait devenir celle de son chez-lui. Une sombre lueur d'étonnement réchauffa fugitivement son regard, et sa bouche s'étira en un sourire sinueux et crispé.

-Et entre toutes les personnes dans un besoin urgent de logement, il a fallut que se soit un Weasley qui frappe à la porte. Le destin a vraiment un humour à chier. Allez, entre.

Et sans laisser à Charlie le temps de se remettre, il lui tourna le dos et disparu de l'entrée.

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Le Weasley se tint comme foudroyé sur le palier, ne sachant ce qui le surprenait le plus. L'incroyable coïncidence qui le remettait en de telles circonstances face à un Malfoy, qui allait à l'encontre de toute logique. Un Malfoy vit dans un manoir, avec des elfes de maison, pas dans un immeuble miteux dans un quartier moldu. L'aspect changé de l'héritier, habituellement si pointilleux sur son apparence, et l'absence de haine ou même de rancune dans son accueil avaient achevé de lui transformer le cerveau en un vaste espace vide. Le Drago Malfoy de ses souvenirs l'aurait envoyé paître d'une réplique méprisante, et n'aurait d'ailleurs même pas condescendu à lui ouvrir la porte.

Il revint à la conscience lorsqu'une voix agacée jaillit des profondeurs de l'appartement.

-C'est quand tu veux, Weasley ! Mais si tu veux rester sur le palier, ça me va aussi bien.

Presque automatiquement, il entra et referma la porte derrière lui.

L'entrée, minuscule, donnait sur un espace bien éclairé qui servait manifestement à la fois de salon, de salle à manger et de paradis pour plantes vertes. Un vaste canapé, qui compensait par un air moelleux l'aspect particulièrement défraîchit de son revêtement, occupait le centre. Devant, une petite table basse encombrée de livres, de CD, de restes de nourriture et de quelques bouteilles de Bièraubeurre. Tout un angle de la pièce était occupé par des plantes, grandes et petites, feuillue, fleuries ou bardées de piquants, mais manifestement toutes dépourvues de propriétés magiques. Deux portes sur le mur de droite, l'une largement ouverte révélant une cuisine très petite et très encombrée, l'autre fermée, mais sur laquelle un panneau « tu rentres, tu crèves » semblait annoncer la chambre de Drago. A la gauche de l'entrée, une autre porte fermée, et sur le mur de gauche, une dernière porte ouvrant sur la pénombre. Charlie termina son examen des lieux en reportant son regard sur la cuisine. Drago se tenait négligemment appuyé sur l'encadrement, ses traits reflétant une indifférence presque courtoise. Dans cet environnement légèrement chaotique et à la propreté suspecte, il semblait à Charlie encore plus incohérent de retrouver ici l'héritier de la dynastie Malfoy.

-L'examen est fini ?, et sans attendre de réponse ce dernier traversa la pièce sans le regarder et alla ouvrir largement la porte sur le mur de gauche.

-Ta chambre, précisa-t-il avec un geste flou qui englobait l'intérieur de la pièce. La salle de bain, continua-t-il en désignant la porte fermée à côté de l'entrée. Et ma chambre, fit-il en pointant la porte. L'écriteau, c'était pour mon dernier colocataire. Mais jusqu'à nouvel ordre ça vaut aussi pour toi.

Tout cela débité sans la moindre animosité, juste avec cette vague indifférence qui englobait chacune de ces paroles, et une nonchalance, qui semblait trop naturelle pour ne pas être artificielle, dans chacun de ses gestes. Charlie allait répondre lorsqu'un grand chat maigre tout blanc sortit en trombe de « sa » chambre pour venir se frotter affectueusement contre ses mollets en miaulant. Drago précisa :

-Et ça c'est Œdipe. C'est pas moi qui lui aie filé un nom aussi moche, il était à une vieille moldue givrée très versée dans la psychanalyse. Il perd ses poils et bouffe mes plantes. Si tu le surprends, fous-lui une taloche.

Il y eu un silence, seulement brisé par les miaulements du chat. Drago dévisageant sans rien dire Charlie, et Charlie le contre-envisageant sans rien trouver à répondre. Ce fut à nouveau Drago qui reprit la parole :

-Si la Providence avait vraiment voulu m'emmerder, j'aurai trouvé Ron sur mon palier. Mais vous êtes tellement nombreux dans votre famille que j'ai pas la moindre idée de quel Weasley tu es.

Charlie retrouva sa langue :

-Si c'est un moyen détourné de me demander comment je m'appelle, répliqua-t-il d'un ton un plus sec qu'il ne l'aurait souhaité, je suis le numéro 2, Charlie.

Drago ne sembla nullement s'émouvoir de son ton, et retourna à la cuisine.

-Alors assieds-toi, Charlie Weasley, et dégage de la place sur la table.

La situation n'aurait pu être plus surréaliste, se dit Charlie en s'asseyant sur le canapé, qui était aussi moelleux qu'il en avait l'air. Surréaliste, mais elle aurait pu être bien pire. « Tu va cohabiter avec un Malfoy, comment ça peut être pire ? » protesta la petite voix pessimiste au fond de son cerveau. Un sourire, le premier vrai de la journée, lui échappa alors qu'il posait les bouteilles vides par terre et faisait une pile à peu près stable des revues éparpillées sur toute la surface de la table. On commençait à apercevoir son placage en faux marbre quand Drago revint avec deux bouteilles de Bièraubeurre pleines et les posa dans l'espace libéré. Il s'avachit mollement dans le canapé à côté de Charlie, et Œdipe vint aussitôt se loger sur ses cuisses en éparpillant consciencieusement des poils blancs sur son jean. Agacé d'être aussi intimidé qu'un garçonnet le jour de sa rentrée à Poudlard, Charlie tenta d'amorcer la conversation. Il désigna le chat :

-Et comment un Malfoy connaissait une vieille moldue versée dans la psychanalyse ?

Drago gratouilla d'un air absent le chat derrière les oreilles :

-C'était une de mes clientes.

-Une de tes… répéta Charlie, en ayant peur d'avoir mal entendu, et en maudissant son esprit mal tourné.

Drago le laissa mariner en prenant un temps interminable pour s'approprier une bouteille, l'ouvrir et descendre une première gorgée. Ses yeux n'avaient pas quitté le visage de Charlie qui se sentit prendre une teinte cramoisie, et il maudit sa double ascendance cutanée de roux et de Weasley. Le blond s'amusait manifestement beaucoup, même si son visage gardait une inexpressivité étudiée.

-Oui, une de mes clientes, Weasley. Et avant que tu t'imagines des trucs sur mes moyens de gagner ma vie, puisque tu semble t'inquiéter pour ma vertu (Il se sentit rougir davantage), sache que je suis conseiller-client dans une jardinerie moldue, à deux pâtés de maison d'ici.

Il se pencha pour prendre la deuxième bouteille, la lui fourra dans les mains et le gratifia d'un sourire glacial.

-Boit un coup, tu vas hyper ventiler, et j'ai pas envie de te ranimer.

Charlie s'exécuta machinalement, et la Bièraubeurre eût l'effet apaisant qu'il escomptait.

-Excuses-moi, mais voir l'héritier de la famille Malfoy à un échelon social encore inférieur au mien, y'a de quoi être surpris.

Encore une fois, le ton était plus agressif qu'il ne l'avait voulu. Drago haussa un sourcil, but une lampée et laissa à nouveau un sourire sinueux étirer ses lèvres.

-Toujours rancunier, hein ? On fait pas amis-amis avec un fils de Mangemort, petit-fils de Mangemort, neveu de Mangemort, et ex-futur Mangemort quand on est un Weasley, c'est ça ? Pour ton information Weasley, je ne me considère plus comme un Malfoy depuis un bout de temps, et mes parents ne me considèrent plus non plus comme leur fils. J'ai été déshérité et renié.

La révélation laissa Charlie béant et muet, et il ressentit une culpabilité irrépressible à se faire donner des leçons de tolérance par Drago Malfoy.

-Pourquoi ?

Pour la première fois qu'il était entré, un sourire franchement amusé fendit le visage de Drago.

-Ça, tu le découvriras bien assez tôt.

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Le lendemain, Charlie revint à l'appartement avec son sac à dos. Ce sac contenait toutes ses affaires, réduites par un sortilège très pratique, dont l'équivalent de deux bibliothèques de livres, sa collection de fossiles de dragons, l'ensemble de sa maigre garde robe et surtout quelques précieuses photos. Il utilisa pour la première fois les clés de l'appartement, non sans avoir préalablement gratté à la porte pour signaler sa présence. Précaution inutile, Drago était absent.

Il emménagea dans sa chambre, qui était petite mais comportant suffisamment de meubles pour ses besoins. Son précédent occupant était manifestement un grand fan de Quidditch, les murs conservant des traces de posters arrachés et le plafond s'ornant d'un large « Les Falmouth Falcons champions » tracé au marker, du plus bel effet. Il sortit ses affaires une à une, leur rendant leur forme d'origine et leur trouvant une place. Œdipe vint assister à cette appropriation. Il y avait quelque chose d'excitant à prendre ainsi possession d'un espace vide, d'attribuer à chaque chose sa place. Tout cela lui procurait une sorte d'apaisement enrobé d'optimisme qu'il n'avait pas connu depuis des années.

Enfin, ultime touche au décor, il posa sur la table de chevet un petit cadre. Figée dans une photo moldue, une jeune sorcière lui souriait. Métisse, avec d'incroyables yeux verts qui éclairait son visage, elle avait une cicatrice qui lui zébrait la pommette jusqu'au menton. Un vestige de cette dragonne si irascible. Il se trouva un instant stupide de mettre bien en évidence dans sa nouvelle vie cette photo de son passé, cette sorcière qu'il avait aimé, qu'il aimait encore mais qu'il ne reverrait sans doute jamais. Une vague de honte revint lui tordre le ventre au souvenir de son départ précipité, à ses adieux bâclés, à l'incompréhension qu'il avait vu sur son visage. La reverrait-il un jour, sa Amy ?

Pas tant que sa famille aurait besoin de lui.

Il referma son sac, le jeta dans un coin, et jeta un coup d'œil circulaire sur son nouveau chez-lui. Assez satisfait, mais ne parvenant pas à retrouver son état d'optimisme, il s'apprêtait à aller voir sa mère lorsqu'il entendit le bruit de la clé dans la serrure. Drago arriva dans le salon, toujours vêtu d'un jean informe, à présent maculé de terre sur les cuisses. Il n'avait plus sa chemise, mais un T-Shirt bleu sombre avec écrit en jaune « Jardiworld » et un badge qui annonçait « Je suis Drago ! Une question ? Je suis là pour vous répondre ! ». Charlie retint à grand peine un sourire.

-Vas-y, marre-toi, lança Drago en guise de bonjour. Tu t'es installé ?

Puis sans attendre la réponse, il vint s'avachir dans le canapé, un geste qui allait devenir familier à Charlie.

-Viens, faut que je parle des règles de notre cohabitation.

Le rouquin vint s'asseoir, après avoir poussé Œdipe qui prenait ses aises sur l'espace disponible. Drago venait manifestement d'avoir une journée épuisante, il semblait sur le point de s'endormir et puait la transpiration.

-Règle numéro un : On fait chacun les courses une semaine sur deux, y'a une liste sur le frigo. Ce que tu achètes pour toi, tu banques, les produits communs on divise l'addition par deux.

Sans lui laisser en placer une, il continua sur le même ton morne :

-Règle numéro deux, si tu es un maniaque de la propreté, tu te calme. Le ménage quand c'est vraiment dégueulasse, et on le fait en alternance. T'es pas obligé de ranger. Règle numéro trois, tu rentres pas dans ma chambre. Règle numéro quatre, interdiction de se donner des surnoms débiles. Règle numéro cinq, ce que tu fais dans ta chambre ne me regarde pas, du moment que tu fais pas de bruit quand je suis là. Tu peux ramener qui tu veux, fille ou mec, moldu ou sorcier, je m'en fous, tout sauf les animaux et les Aurors.

-Je ne…, commença à protester Charlie

-Règle numéro six, le coupa Drago d'un air imperturbable, on ne parle jamais du passé.

Et il eût brusquement un regard glaçant, toute fatigue ayant quitté ses traits qui se durcirent. Son expression était si terrifiante, si Malfoy, que le Weasley n'eût plus aucune envie de répondre.

Drago laissa l'ambiance s'alourdir de façon insupportable, puis ses traits se détendirent brusquement et il lui tendit la main, au dessus du chat roulé en boule entre eux.

-Bienvenue chez toi, colloc'.

Charlie, sans trop savoir dans quoi il s'embarquait, lui attrapa la main et la serra.

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