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J'ai manqué d'en avoir une attaque en comprenant que j'avais bel et bien accouché d'un chapitre sans caser quatre à huit mois d'attente entre le présent et le précédent.
Donc entre deux épreuves, j'ai pris quand même quelques heures de pause pour faire ce chapitre ci, ce qui l'air de rien me fait bien plaisir =D
Après il n'y en aura sans doute pas avant deux semaines en revanche : il me reste un oral lundi et j'enchaîne directement sur la Japan Expo pendant quatre jours, suivit d'une journée de coma pour récupérer un peu.
Si par hasard certains s'y rendent (après tout le monde de la Japan est au final assez petit), je serai occupée à faire le contremaître au stand Silva, en z.252, de jeudi à dimanche \O/
Bonne lecture en attendant, et toujours merci pour recevoir autant de review ;3; Je peux même m'accorder le luxe de faire une petite séance de réponse aux reviews, ce qui n'a pas dut m'arriver depuis, euh... je dirais les derniers chapitres de ma vieille fiction SDA.
Houbli : Gnuh, merci, c'est toujours le meilleur compliment qu'on puisse faire, de dire à un auteur qu'il écrit bien, au moins ça montre que la lecture est assez fluide et agréable pour être appréciée /
MamYum : En fait je dois aussi avouer que c'est moi qui finit par caler quand j'enchaîne un trop grand nombre de page, j'ai du mal à trouver la motivation de rebondir sur l'évènement à suivre, et une coupure permet de me ménager un créneau de réflexion supplémentaire que j'apprécie beaucoup aussi... et ça laisse libre court à beaucoup de connerie aussi avant que je me décide sur ce que je vais garder =)
Tsukiyo2894 : Brouh, j'espère que tu trouveras celui-ci chouette aussi, ma hantise c'est bien de perdre de la qualité au fur et à mesure... Altaïr et Azrayen n'ont pas finit de se mettre sur la gueule en tout cas, Azrayen a tendance à ne pas en rater une. En tout cas je suis toujours contente d'avoir une de tes reviews :3
Miss Yem : Pas d'amitié en vue avant un moment en tout cas ! XD Ils ont la fâcheuse tendance à chercher à s'en mettre sur la tronche à tout bout de champs, entre Altaïr qui poursuit son rentre-dedans sauvage, Azrayen qui en profite et Arkania qui tâche de faire tampon entre les deux... Qui te dis par ailleurs que Arkania n'est pas déjà avec quelqu'un ? ;=)
Marine : Déjà merci de ta longue review, elle m'a vraiment autant surprise que fait très plaisir ;0; J'ai également un mal de chien à me mettre dans quelque chose de nouveau et il est difficile de m'accrocher, plus encore quand c'est du travail d'amateur ou du travail de fan, alors je sais ce que c'est... tout comme j'ai également tendance à lâcher mes fics en cours de route. Mais ayant pris un rythme de croisière à présent, c'est plus facile pour moi de poursuivre celle ci. (Surtout avec Brotherhood qui va sortir =D) Pour le passage que tu as relevé, c'est exactement ça en effet, j'essaye toujours de m'approcher le plus possible des portes à cheval et du coup je passe ma vie à slalommer entre les passants en ayant la trouille de me faire griller par un garde si j'en renverse un, j'alterne beaucoup pas et trot, ça m'a directement fait penser à ça quand j'ai écrit ce passage là =)
Sur ce, bonne lecture !
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Le rugissement soudain d'Altaïr n'eut pas l'air de beaucoup émouvoir Arkania, qui bien au contraire, tira à nouveau brutalement sur la bande de tissus grossier, les traits figés dans une expression glaciale.
"Cessez de pigner comme une femme.
- Vous espérez m'arracher la peau ? Raclez avec votre lame, ça sera plus efficace et moins exaspérant ! Persiffla-t-il en réponse, la mâchoire contractée alors qu'elle tirait encore plus pour serrer les bandes autour de son torse.
- On ne souille pas une lame secrète du sang d'imbéciles, grogna la jeune femme avec un mépris marqué.
- Soutenez moi que vous n'avez jamais assassinée de templiers avec et je risque de ne pas être capable de retenir un ricannement.
- Ils sont moins affligeants que vous. Au moins leur bêtise tient-elle à du fanatisme et pas de la fierté de butor aveugle. Azrayen n'avait pas tort en vous demandant si vous feigniez la stupidité ou non."
Au prix d'un coûteux effort de volonté, Altaïr parvint à ravaler sa langue, mais il devait convenir qu'il ferrait aussi bien d'éviter d'attirer de nouveau les foudres de la jeune femme ou d'Azrayen pour un temps. En l'état actuel des choses, il ignorait encore à vrai dire s'il était satisfait ou non de sa réaction face au fameux Al Ahtan.
En arrivant au fond de la salle où l'avait mené ses geôlliers, il s'était avéré que c'était à leur maître qu'ils l'avait conduit. Siégeant sur un imposant trône de bois noir casé sur une vieille estrade usée, qui surrélevait à la fois le siège et la table calée devant celui-ci, le maître de Darshan les avait observé approcher sans faire d'autres signes qu'un bref salut à ses deux assassins en levant pouce, index et majeur accollés. Altaïr en avait profité, son examen de la pièce achevé, pour détailler alors à loisir l'homme qui avait accepté de conserver une femme au sein de sa fraternité. Il ne put à l'occasion s'empêcher de faire un parallèle avec Al Mualim. A vu d'oeil, il put constater que son maître devait être quelque peu plus âgé que Al Ahtan, et que ce dernier avait une attitude étrangement... décontractée. Al Mualim prônait la pondération et la retenue, valeurs que l'on retrouvait aisément dans son comportement, sans qu'il n'en devienne nonchalant ou excessivement détendu. Le seigneur de Darshan était en revanche passablement affalé sur son siège, dans une attitude qu'il supposait être une confiance sans doute trop poussée à ses yeux en ses compagnons, et il n'était pas loin d'avoir une jambe tranquillement jetée en travers de l'accoudoir. Cela aurait put suffire pour qu'il s'attire le mépris d'Altaïr s'il n'avait pas eu, en contraste, une expression si froide et scruptatrice qu'il se sentit se raidir instinctivement, méfiant comme un vieux chat. De la même façon qu'Arkania l'avait dérouté avec ses manières douces suivit de ses aboiements secs, le maître assassin le dérangeait dans sa façon d'être. Il n'était pas certain d'être capable de le cerner pour trouver une éventuelle faille à exploiter au détour d'une phrase plus maladroite, et il se sentait pour le coup irrité de sentir la situation lui glisser à nouveau entre les doigts. Il cumulait les coups de retards et à ce stade, il commençait sérieusement à s'en alarmer. Une fois au pied de l'estrade, il avait relevé la tête pour dévisager franchement le maître des lieux, sans se soucier de bafouer outrancièrement les règles élémentaires de déférance et de respect envers un assassin mieux gradé, plus encore qu'il s'agissait d'un chef de fraternité.
La tête enroulée dans un turban bleu sombre et blanc qui lui ensserrait également le cou, ses traits demeuraient dégagés sans rien pour masquer une épaisse cicatrice blanchâtre qui lui tirait la peau de la joue jusqu'à l'oreille, du côté gauche de son visage. Des mèches grisées et noires s'échappaient en désordre des plis et replis du tissus, sur son front et ses joues, jusque sur le col de l'épaisse djelabah bleu et blanche marquée du sceau des Hassassins. Profondément marqués par l'âge, le soleil et les années d'efforts éprouvants, ses traits trahissaient peu de chose de ses émotions et contrastait plus encore avec ses attitudes nonchalante.
Si je dois passer pour un misérable marmot à peine sortis des jupes de son maître, c'est bien face à ce genre d'hommes, songea amèrement Altaïr, conscient de se retrouver face à un adversaire trop coriace pour risquer une attaque. A part se casser les dents et recevoir une nouvelle volée de la part d'Azrayen sinon d'Arkania, il ne gagnerait que peu de chose à vouloir s'imposer par la force ou se montrer insolent.
"Lequel d'entre vous nous as ramassé ce jeune assassin de Masyaf ?"
Sa voix, profonde et froide, réduisit aussitôt au silence les quelques murmures qui subsitaient dans la salle. Arkania lâcha le bras d'Altaïr et s'avança pour déposer un genou à terre, le front frôlant sa cuisse. "C'est moi maître. Il a été repéré à Téhéran et allait mourir."
Un petit rappel de mon échec, quoi de mieux pour défendre mon affaire ? Il se demanda distraitement si Arkania allait faire durer longtemps encore la discussion en courbette ou si Al Ahtan allait l'expédier séance tenante visiter les tours dont il avait ironiquement fait allusion à Azrayen.
"Il est de Masyaf, constata le maître de Darshan. Pourquoi t'être donnée la peine de le sauver ? Cela n'aurait fait qu'une menace de moins pour tes frères et une épine de plus dans le talon d'Al Mualim. Cet homme est trop jeune pour être dans l'entourage proche de son maître et que nous puissions en tirer des informations digne d'intérêt. En somme, pourquoi devrais-je alors t'autoriser à le loger, le nourrir, le soigner dans l'enceinte de notre fraternité ?" Le ton n'était pas accusateur, mais constatait. La jeune femme ne répondit pas tout de suite et le sourire d'Azrayen s'élargissait à mesure que s'assombrissait l'humeur d'Altaïr. Il se crut condamné, voué à être abbatu comme un chien, quand enfin elle répondit.
"Nous manquons d'hommes depuis le désastre de Jérusalem, quand Al Mualim continue de former les siens et de prélever les garçons dans les villages alentours. Refuser de faire de même provoque notre faiblesse à la moindre perte. Nous ne pouvons nous permettre le luxe de laisser mourir un homme qui a déjà achevé sa formation et est désormais lié à nous.
- Il s'est laissé surprendre. Que devrais-je faire d'un raté ?"
Il se prit un coup de pied d'Azrayen à l'instant même où il se redressait soudain, piqué au vif, et Altaïr ravala derechef sa langue. Arkania redressa le visage, poursuivant paisiblement son plaidoyer :
"Vous ais-je jamais déçu en ramenant quelqu'un dans nos rangs ?
- Azrayen a beau être dans les meilleurs, ta seule parole me semble un argument un peu léger, Arkania."
Tiens, c'est donc elle qui leur a fournit son infernal blond, et elle n'était pas encore assassin ? Le détail l'intéressa, mais plus encore le passionnait le sort qu'on lui réservait.
"Y aurait-il quelque chose qui serait propice à vous convaincre, maître ?"
Sa réponse se noya soudain dans les rugissements de colère qui s'élevèrent brusquement, en même temps que retentissait le chuintement assourdissant de dizaine de lames que l'on dégainait. Indifférent à l'agitation qu'il avait déclenché, Altaïr avait bondit de sa place pour fracasser la tempe de l'un des gardes et s'était emparé de son arme. Se mettant en garde, il en profita pour assomer violemment du plat de sa lame le second garde et leva son arme pour clouer au siège Al Ahtan, qui l'observait sans bouger, le regard glacial. Ils se jaugèrent du regard un instant quand il fut brusquement catapulté au sol et roula sur lui-même, percuté au flanc par un autre garde. Il parvint à garder sa prise sur le manche du sabre, mais dut se débattre pour éviter de recevoir un coup de lame secrète dans le visage. Il sentit du sang se mettre à dégouliner de la blessure de son dos et sillonner le long de sa colonne vertébral, mais sans s'en soucier, il fracassa le nez de son adversaire d'un puissant coup de tête, des caillots de sang giclant sur son visage en geyser immonde. Il le dégagea d'un coup de pied alors que l'assassin se tenait le visage à deux mains en beuglant de douleur, et Altaïr para de justesse une autre attaque avant de flanquer un coup de pied dans le ventre d'un autre. En quelques instants il fut pris dans une mêlée inextricable, les mouvements et les actions autour de lui lui apparaissant comme nimbé d'un voile flou et grossier, la tête lourde, les bras douloureux à force de frapper furieusement après tant de jours d'alitement. Mais l'adrénaline lui brûlait les veines, et il se sentait délicieusement vif et vivant. Si bien que lorsqu'il fut enfin maîtrisé, le visage écrasé contre la pierre froide du sol face à l'estrade, il aurait bien été incapable de dire comment et qui l'avait désarmé. Ses vêtements étaient raide de sang, signe que ses précédentes plaies s'étaient rouverte, particulièrement celle de son flanc, mais il continua de se débattre furieusement en grognant comme un animal en colère, jusqu'à ce que le seigneur de Darshan s'avance alors vers lui et pose sa botte sur sa nuque, appuyant jusqu'à ce qu'il soit contraint de rester tranquille sous peine de s'écraser lui-même la trachée contre la pierre.
"C'est un fauve, que tu nous as ramené, Arkania."
Tuez moi, à présent, songea Altaïr, le goût metallique du sang dans la bouche. Donnez moi une mort digne d'un assassin et que Al Mualim fasse rechercher mon cadavre et vous retrouve.
"Un fauve dangereux, mais à l'instar des étalons rétif, même les lions finissent par comprendre qu'il est dans leur intérêt de plier. Tu ne verras pas d'inconvénient à te charger de le briser, n'est-ce pas ?"
Quoi ?
"Maître !" La voix d'Arkania affichait un désappointement et une surprise qui le laissèrent perplexe. "Bon sang, vous savez aussi bien que moi que...
- ... que c'est toi qui nous l'a ramené et que c'est toi qui va t'en charger. Tu n'as jamais assuré toi-même des séances d'entraînements ou de torture, mais il va être temps de t'y mettre, femme. Perdre un tel élément serait un terrible gâchis. Montre nous que ta seule parole vaut autant que je le pense."
Et il se retrouvait à présent dans l'infirmerie de la forteresse, avec un assassin folle de rage et son compagnon tout aussi irrité qu'elle.
"Mais qui serait assez idiot pour se lancer l'arme au poing dans un pugilat au sein même d'une salle remplis jusqu'au nez d'assassins en armes ?
- Vous entendre jacasser à tort et à travers est presque aussi irritant que votre délicatesse de muletière."
Il rugit soudain de nouveau quand elle lui écrasa la main de son pied botté, le ricannement d'Azrayen accompagnant l'initiative. Elle se pencha dans son dos pour lui souffler d'un ton suave à l'oreille :
"Je suis confuse, ma délicatesse de muletière éprouve quelques menues difficultés à prendre soin de votre personne..."
Elle retira ensuite son pied et il regretta amèrement qu'elle fut si souple. Le blond lui balança ensuite ses affaires, qu'il eut la présence d'esprit de rattraper au vol. Altaïr se rhabillait sans rien dire, le nez froncé de dégoût avec l'odeur de sang qui imbibait ses vêtements, quand Arkania quitta soudainement la pièce et claqua rudement la grosse porte de bois derrière elle. Resté seul avec Azrayen, l'assassin se raidit de nouveau, ce que ne manqua pas de relever l'autre, qui s'esclaffa de nouveau.
"Votre vertue ne craint rien avec moi, assassin, inutile de présenter des manières de pucelles effarouchées. Et ça ne sera pas Arkania qui cherchera à abuser de vous."
Irrité de nouveau, Altaïr parvint à s'abstenir de tout commentaire. Il se contenta d'enfiler sa seconde manche, Azrayen quittant sa position affalé contre le mur pour se mettre à déambuler dans la pièce, mains nouées derrière le dos.
"Je vais vous faire faire le tour de la forteresse, puis je vous mènerai aux bains, vous puez comme un chien mort. Arkania nous rejoindra là bas.
- Une femme dans des bains d'hommes ? C'est un gynécée ou bien ?
- D'un accord tacite, Arkania ne se baigne qu'après les hommes, ou alors avant avec les servantes et les épouses d'Al Ahtan."
L'éclat moqueur dans l'oeil d'Azrayen l'informa aisément du jugement qu'on avait de lui.
"Le fait qu'on me laisse me baigner avec vous deux est-il une simple prudence ou..."
Le rire tonitruant du blond le coupa en pleine phrase, avant qu'il ne réponde :
"Détrompez vous, dans l'état où vous seriez, élimé comme une vieille couverture et de surcroit à poil dans les bains, vous ne représentez pas une grande menace ! Non, on aimerait surtout éviter que vous finissiez passé à tabac, et pour l'instant on vous considère comme une femme.
- Insulte qui s'applique aussi à votre délicate amie, persiffla-t-il sans réfléchir, piqué au vif.
- Ce n'est pas pour sa condition qu'elle est à part, mais son sexe.
- N'est-ce pas la même chose ?
- Elle n'est pas dénigrée, c'est une mesure de précaution pour ne pas avoir à gérer des conflits internes pour ses faveurs. Car même si vous souhaitiez vous offrir une récréation avec elle, dans l'éventualité seule qu'elle épargne votre service trois pièce, Al Ahtan refuserait que vous la fréquentiez. Il tient à sa pouliche. Lui coller un lardon dans le tiroir ne serait pas à son goût."
Altaïr se dispensa de lui signaler qu'une gueuse attiffée comme un homme représentait un potentiel de séduction plutôt léger. Son dos se remettait encore mal du dernier égarement de l'assassin. Il se contenta de tirer sa capuche sur ses courts cheveux bruns et de rajuster ses gantelets de cuirs, près à suivre son geôllier.
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L'atmosphère lourde et humide des bains le fit brutalement éternuer lorsqu'il pénétra dans les vestiaires, Azrayen roulant les yeux en l'entendant. Les bains de la forteresse avaient été creusés au rez-de-chaussée, et donnait sur les jardins intérieurs parcourus de bassin au bord desquels poussaient palmier, arbres fruitiers et gros bosquets dispensant de l'ombre lorsque le soleil tapait trop pour que l'on supporte de rester sous ses rayons. On passait ainsi de la moiteur extérieure à l'humidité des bassins, puis de la fraîcheur des murs de pierre à la chaleur de l'eau. Autant d'écart de température qui allait finir par lui coller la goutte au nez. Azrayen se dispensa cependant de lui décocher de nouveau un commentaire acerbe, et il entreprit de se défaire un à un des éléments de son armure, pour les entreposer soigneusement sur un mannequin bourré de paille installé le long du mur. De mauvaise humeur, Altaïr s'activa à faire de même, se renfrognant un peu plus quand il vit que les bandes étaient déjà raide de sang séché, et un petit silence s'installa pendant qu'ils étaient mutuellement occupés à se deshabiller. Quand Azrayen ôta sa tunique de tissus grossier, Altaïr nota alors avec étonnement qu'un tatouage couvrait le dos de l'assassin, et masquait de façon plus ou moins heureuse des cicatrices parfois boursouflées, souvent aux bords barbelés et noirs, mal soignés.
Deux grandes ailes d'aigles avaient été apposées à l'encre noir dans son dos, et se prolongeaient sur l'arrière de ses bras, jusque sur ses mains. Les cicatrices cassaient ça et là l'harmonie des plumes stylisées, qui se poursuivaient jusque dans la chute de rein de l'assassin, et offrait un rendu plutôt spectaculaire à l'ensemble. Cette coquetterie intrigua Altaïr, qui finit par céder à la curiosité.
"Ne vous retournez pas tout de suite, mais je crois que vous avez quelque chose dans le dos", fit-il remarquer en tirant d'un coup sec sur sa botte pour se déchausser.
L'assassin se retourna, un sourcil arqué, les mains toujours occupés à remballer ses armes.
"Vous pourriez le dire autrement, si vous voulez savoir ce que c'est.
- Je m'étonne surtout de découvrir ce genre d'élégance sur un homme, plus encore sur un assassin, et que cela ne soit pas le signe de notre ordre." Il hausse les épaules avec un air qu'il espérait dégagé. "Ca vous regarde, après tout.
- Mais vous avez envie de savoir ce que c'est. Vous n'êtes pas très subtil, vous savez."
Il accusa le coup sans rien dire, se renfrognant un peu plus. Azrayen se détourna de lui quelques temps, ne laissant à sa vue que sa longue crinière blonde qui lui tombait dans le haut du dos et le tatouage noir, et dépité, Altaïr se renfonça dans son mutisme irrité. Il n'en sortit qu'en voyant son acollyte blond jeter une ample pièce de tissus autour de ses reins, geste qui l'intrigua.
"C'est vous maintenant qui avez peur pour votre intégrité ?
- Vous n'êtes pas mon genre, le railla Azrayen pendant qu'il nouait le tissu. C'est uniquement par égard pour Arkania.
- Quoi, vous avez peur qu'elle s'effraye de votre exubérante virilité ?
- Pour s'être vu d'innombrables fois nus, je doute que cela ne l'émeuve plus que de raison."
Voilà qui explique au moins mon retentissant échec en voulant la troubler...
"Alors quoi ?
- Simple signal pour vous indiquer de faire de même, bouquetin stupide. Et activez vous un peu."
Bas de plafond et embué de vapeur, les cuves étaient éclairées par la lumière qui entrait d'une ouverture béante faites dans l'un des murs. On passait ainsi de l'eau bouillante des bains aux bassins frais des jardins aisément, concept qui dérouta encore Altaïr, mais il apprécia la douce pénombre qui nimbait les lieux. Il laissa Azrayen passer devant lui et se glisser dans l'eau, puis par pur esprit de provocation, il rejeta sur le côté la serviette qu'il avait noué autour de ses reins et prit à son tour les escaliers s'enfonçant sous l'eau. Il renâcla un peu quand l'eau atteignit le bandage sale de son flanc, mais la chaleur de l'eau apaisa un peu la douleur et il put s'asseoir sur l'un des bancs de pierre creusé sous le niveau de l'eau sans risquer de hurler au moindre mouvement. Azrayen le fixait, les traits froissés de contrariété. "C'est l'idée que vous vous faites d'une bonne plaisanterie ?"
Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre à quoi il faisait allusion. Il se contenta de sourire de toute ses dents, nouant nonchalament ses mains derrière sa nuque, vaguement conscient de risquer de recevoir une nouvelle trempe. Il crut sérieusement que Azrayen allait céder et lui coller de nouveau son poing dans le flanc, à défaut de sa lame secrète, mais le soudain cliquetis de botte sur la pierre les firent tourner la tête à l'unisson.
"Epargne ta salive Azrayen, notre éphèbe doit aimer s'exhiber."
Le ton sec d'Arkania claqua comme un fouet alors qu'elle s'approchait du bord et y demeurait, les bras croisés et la mâchoire crispée, les toisant tout les deux. Une nouvelle fois, Altaïr se fustigea violemment en comprenant qu'il venait encore de perdre l'occasion de prendre une foulée d'avance. Il avait espéré pouvoir jouer de la situation et éventuellement marquer des points contre la jeune femme, mais elle n'avait visiblement pas omis cette possibilité elle non plus.
La seule différence notable demeurait en un vague changement de coiffure. Sale, crasseuse et emmêlée, sa tignasse brune était empilée à l'arrière de son crâne en un gros chignon entortillé à l'aide de lacet de cuir fatigués. Elle avait retirée également son armure, et si le tissus grossier de sa tunique lui collait en partie à la peau avec l'humidité, il était également bien assez épais pour empêcher la moindre transparence. Ses jambes étaient également masquées par la coupe longue de la tunique qui s'affaissait jusqu'à ses genoux, le reste étant planqué dans les grosses bottes d'hommes qu'elle portait. L'ensemble l'empêchait de se faire même l'ombre d'une idée sur sa réelle physionomie : elle pouvait être aussi bien trapue qu'efflanquée comme une branche morte, sous cette coupe informe, et l'absence total de renflement sur son buste posait même jusqu'à la question de la présence d'une éventuelle paire de sein. La seule information qu'il pouvait saisir était qu'au moins, elle avait les épaules moins larges que les siennes.
Elle s'installa au bord du bassin, ses bras noués autour de ses genoux repliés et secoua la tête, exaspérée.
"Qu'est-ce que vous espériez, Malik ? N'appartenant à aucun homme, sans famille ni père à qui rendre des comptes, je n'ai strictement aucune valeur et je peux bien me farcir tout ce qui bouge si la fantaisie m'en prend. Je ne risquais pas de débarquer avec le risque de me faire tripoter comme un cheval. Mieux vaut vous fourrez dans le noyau de datte qui vous tiens lieux de cervelle qu'en revanche, vous avoir entre les pattes m'excite très modérément."
A peu près autant que moi par ailleurs... Il se contenta d'un grognement informe, de nouveau piqué au vif de faire montre de tant de stupidité. Il fut au moins épargné par le barissement d'Azrayen, le blond se limitant à lui adresser un sourire exhibant le ratelier le plus droit et le plus immaculé qu'il lui avait jamais été permis de voir dans sa vie. Par réflexe il se passa la lanque sur les dents, puis referma brutalement la bouche quand il prit conscience de son geste, énervé.
Il enchaînait les erreurs et commençait sérieusement à désespérer d'être capable de rattraper le retard qu'il semblait s'acharner à accumuler.
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Sweet boy, come in
I'm the dark side of you
Die for my syns
Like the One once did
Entre, doux garçon
Je suis ton côté sombre
Meurs pour mes péchés
Comme Il le fit jadis
Love lying, enticing
(Bare grace misery)
Crowning the moment
(Bare grace misery)
This is what I am
Bare grace for the end of days
L'amour ment, il est séduisant
(Misère sans grâce)
Couronne l'instant présent
(Misère sans grâce)
Voilà ce que je suis
Dénué de grâce jusqu'à la fin des temps
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Review ? :3
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