Disclaimer: Ethen est n'a moi, Daniel et Nathanaël aussi, même si on ne les voit pas, et tout le reste n'est absolument pas ma propriété.
Auteure: Tyanilisha, dîte Tynicyn, dîte moi-même aussi …
Couple: Mais oui, on voit bien un espèce de semblant de machin de soupçon de Duo x Heero.
Résumé: Le soldat ne parle pas. Hilde rend visite au soldat, et Hilde parle, elle. Elle dit beaucoup de choses, et ça ne plait pas toujours à l'enfant.
Note: Désolée, pardon, milles excuses, je suis horriblement en retard … mais entre les travaux, mes problèmes personnels et mon ordi qui a lâché, son remplaçant qui n'arrivait pas … Donc toutes mes excuses pour cet énorme retard.

Pas programmé pour ça
Partie 3: Hilde, la jalousie et la douleur

Une porte s'ouvre et se referme, dans le lointain. Un lointain qui semble cotonneux, et à des années lumières, mais qui est beaucoup plus proche que cela. Heero tente de reprendre pied sans vraiment y parvenir. Toutes ses sensations sont brouillées, vraiment. Il est adossé contre quelque chose de dur, et il n'arrivait pas à ouvrir les yeux en entier.
Le soleil. Le soleil entre à flots dans la chambre, c'est vrai, il a ouvert les volets en grand, puis l'enfant, non, pas l'enfant, Ethen, oui, c'est tout à fait cela, Ethen dort, la tête sur sa cuisse, contre son flanc, plus au contact des os que vraiment de la chair, ça n'a pas l'air de le gêner. Ethen lui avait apporté de l'eau.
Ethen ne le considérait plus comme une menace, ni même comme une donnée à prendre en compte. Il lui faisait confiance, et dormait contre lui.
Il avait réussi. Des larmes coulèrent sur ses joues, et l'espace d'un instant, un moment réflexe, il se maudit d'être faible au point de pleurer.
Il y avait eu un bruit de porte, Duo venait de rentrer, probablement.
Sa main remonte de l'épaule de l'enfant jusqu'à sa nuque, la caressant l'espace d'un instant, sans le réveiller. Le japonais se sent vraiment heureux qu'Ethen l'apprécie, après tout c'est un peu comme s'il arrivait lui-même à s'apprécier, à dix ans d'écart. Alors peut-être qu'il va réussir à expliquer à Duo ce qui se passe. Il faut savoir que Duo ne se moque jamais. Il rit, il rit même quelquefois pour de faux, mais il ne se moque jamais.
Cependant, ce n'est pas une natte caramel et son propriétaire qui entre, mais une jeune femme aux cheveux noirs tombant sur les épaules, en pantalon et débardeur.
Le japonais trouvait la jeune femme efficace sur le champ de bataille, bien que bruyante. Elle utilisait une technique entre la technique imprévisible de Duo, et les technique banales que tout soldat apprend. Plus efficace que la moyenne, mais juste assez pour rester en vie. Il lève les yeux vers elle.

Elle est furieuse. Comment a-t'il osé ? Elle avait presque réussi à faire oublier Heero. Presque. Mais non, il fallait qu'un petit blond fouineur s'inquiète, et fasse appel à son meilleur ami. Et Duo, comme toujours quand il s'agissait de ses coéquipiers, avait cédé.
Sentant ses cheveux caresser ses épaules, la jeune femme soupire de colère. Elle a essayé, de toutes ses forces. Elle l'aime si fort. Si fort. Mais c'est Heero qui se repose dans son appartement.
Pas elle.
C'est tellement injuste, elle aurait sacrifié une Colonie, Sank, n'importe quoi si il lui avait demandé. Si Duo lui avait demandé. Juste pour un sourire, ou un baiser. Juste pour un sourire. Juste. Elle refuse d'échouer. C'est hors de question. Hilde se souvient du rire de Duo, non, elle ne peut pas renoncer à ça.
Face à Heero Yuy, elle se demande pourquoi lui. C'est injuste, alors ça ne sera pas comme ça. Elle rit. Elle en est certaine, il l'a fait exprès. Exprès pour que Duo s'intéresse à lui et pas à elle. C'est un rire acide, très. Ça fait si mal d'aimer sans retour.
-"Yuy ? Regarde-toi, tu es pitoyable."
Elle enfonce un premier coup de couteau, une lame de mots qui vibre et se plante droit dans l'âme de l'ancien pilote qui la regarde avec ses yeux bleus cobalts qui paraissent immense dans le visage blême et amaigri. Malgré tout, elle ne trouve rien à lire dans ses yeux-là. Pas de douleur, pas d'abandon, pas de vide. Ils lui sont totalement indéchiffrables. Ça la rend folle de rage.
Il la défie ?
-"Franchement, tu es bon pour la casse. Heureusement que Duo et moi sommes là pour empêcher cela."
Deuxième coup de mots. Enfoncer dans la tête de son rival qu'il n'est vraiment qu'un soldat, une arme. Et une arme cassée est inutilisable, elle est obligatoirement abandonnée ou détruite. Un soldat dont on a pitié, n'est plus rien. Rien du tout, que du vent, et un vague souvenir. Ce n'est pas comme si Heero est réellement humain. Avec tout ce qu'il a subi, tout ce qu'on lui a modifié, tout son entraînement, il est à peine plus qu'un androïde. Et s'il en doute, Hilde va lui réaffirmer. En espérant se convaincre, le convaincre, convaincre Duo, et les autres pilotes. Il ne fera que blesser l'américain, alors que elle, elle est douée de sentiments, elle peut lui donner de l'amour, de la tendresse.
-"Ethen ? Il est temps de retourner avec les autres, dépêche toi, debout mon poussin. "

Il fait doux, et il est en sécurité. Alors pourquoi doit-il se réveiller ? Ethen fronce les sourcils, plisse le front, sans ouvrir les yeux. Sa tête rencontre le sol, pas vraiment brutalement, mais c'est désagréable, malgré l'épaisse moquette toute douce. Une main se glisse autour de sa taille et le ramène contre un corps tiède, assez dur. Heero.
Le petit garçon ouvre les yeux précipitamment, inquiet.
-"Lâche-le, il doit retourner avec les autres enfants, il sera sans doute mieux qu'à s'ennuyer ici, tu ne crois pas ?"
La voix mi-caressante mi-dure, c'est celle d'Hilde. Elle a sa tête des mauvais jours. Mais Ethen ne comprend pas. Pourquoi est-elle presque en colère ? Il n'a rien fait de mal, il a juste obéi à Duo. Il la regarde. Il a l'habitude. Tout se monnaie. Hilde est en colère sans raison. Alors peut être qu'il va devoir payer les pots cassés. Le bras autour de sa taille le tient fermement, pourtant le gamin sait qu'il pourrait le repousser sans problème. C'est un geste réflexe. Un geste de protection. Heero ne réclame rien, il se débrouille, il demande, il n'exige pas. Contrairement à Hilde. Il n'ordonne pas. Voilà la vraie différence, il n'ordonne pas. Les adultes se croient tout puissant face à un enfant, et ils donnent leurs directives, ils décident de diriger, sans demander d'avis. Ethen a vécu plusieurs années dans la rue. Il sait ce dont il a besoin, ce qui est bien, ce qui est dangereux, et dans quelle mesure. Et il sait pourquoi.
Le garçon pose une main sur le bras protecteur. Il est content qu'il soit là. Car malgré tout, Ethen n'a que huit ans. Juste huit petites années, dont cinq dans la rue. Pour la première fois depuis son arrivée à l'orphelinat, il accepte de l'aide. Il en est même heureux. C'est Heero. Pas un adulte qui ne comprend rien et ne pense que dans une direction, pas un autre gosse tout aussi paumé, non, c'est Heero. Et Heero, il est comme lui. Heero n'aime pas Hilde, comme lui. Parce qu'Hilde n'envisage jamais les choses que sous son angle de vision.
Hilde, elle est comme les autres adultes. Elle est gentille si on lui obéit. Donnant, donnant, tout a un prix. Et ses sourires, ses caresses sur le front, ne sont qu'une monnaie. Ce sont des mensonges. Celui qui a les yeux violets, Duo, ne ment pas. Il ne ment jamais. Il est différent. C'est étrange. Duo n'est pas un autre adlte. Duo n'est pas comme Heero ou lui. Duo est juste Duo, unique et souriant.
-"Duo revient bientôt. Tu veux bien venir me voir, Ethen ?" demande gentiment la jeune femme
Elle s'est accroupie, et a tendu un bras vers Ethen, en souriant à demi. C'est vrai qu'elle est jolie. Mais elle est une menteuse. L'enfant aux yeux glaciers le sait. Duo compte sur lui pour veiller sur Heero. Et Heero ne doit pas être tout seul.
Ça n'a pas marché, et ça ne marchera jamais. Hilde ne le trompera pas avec un sourire. Non. Ethen ne la croira jamais. Elle est plus gentille, surement, mais elle est comme les autres, elle tente de la manipuler parce qu'il est jeune, parce qu'il est un gosse et elle une adulte. Et elle a fait du mal à Heero.
Le petit garçon connaît le pouvoir des mots, et ça l'a toujours fasciné, de voir comme simplement avec des mots, on pouvait faire si mal. Ça l'a fasciné, ça le dégoûte. Et on ne sait jamais ... Les mots sont parfois des mensonges, parfois la vérité, souvent un peu des deux, sans qu'on sache jamais si c'est l'un ou l'autre. C'est pour cela. Il ne veut plus en utiliser. Plutôt, il ne voulait plus en utiliser. Ne plus prononcer un mot. Les mots s'enchaînent pour former des mensonges, à tout instant ils peuvent trahir, s'échapper, dire leurs contraires, faire du mal.
Les mots font mal. Ils blessent, s'accrochent dans la tête, revenant encore et encore, brûlant et insupportables. Les mots torturent. Et là, les mots d'Hilde torturent Heero, dont tout le corps s'est raidi, dont les yeux sont flous, brouillés par la douleur.

-"Vous savez, tous les deux, commence l'ancienne soldate, Duo s'inquiète énormément pour vous, d'ailleurs il s'épuise complètement"
Elle rit presqu'affectueusement, alors qu'Heero reconnait les rouages de la comédie. Comme Quatre lorsqu'il avait décidé de convaincre quelqu'un. Elle a raison, Duo est fatigué. Mais pas à ce point, n'est-ce pas ? Lui-même donnerait beaucoup pour pouvoir fermer les yeux, et se rendormir. Mais il est hors de question de s'endormir avec Hilde dans la pièce. Il lui faisait confiance en tant que soldat, moins qu'à ses propres coéquipiers, mais un minimum confiance tout de même. Mais elle n'est absolument pas son amie.
Elle a surement raison, il n'a sans doute plus aucune utilité, et à part essayer de s'aider lui-même, il n'y a rien qu'il ne puisse faire pour le moment. Si, le poids sur son bras lui rappelle qu'il y a ça aussi, il a réussi à comprendre Ethen, et à devenir un ... Un ami ? Une connaissance ? Un allié plutôt.
Le petit garçon n'essaye pas de se dégager, parce qu'il n'a aucune envie de rejoindre les autres. Les autres ne comprennent rien, les autres sont des bébés.
-"Non, je ne crois pas. murmura Heero"
Au début, Hilde ne reconnait pas la voix. Mais ça ne peut qu'être celle du soldat parfait. Ethen ne parle pas.
-"Tu ne crois pas quoi ?
- Qu'Ethen soit mieux avec les autres enfants.
- Tu as suivi une formation de pédiatre ? Allons, les enfants ne font que s'ennuyer avec les adultes. Laisse-le aller jouer."
Heero et Ethen ont exactement la même pensée en entendant cette réponse. D'abord, c'est quoi "jouer", d'après ses critères ?
Le front du brun se plisse, et ses yeux se réduisent à deux fentes. Attention, terrain glissant. Il n'est pas éducateur, Hilde si ...
-"Je ne l'empêche pas d'y aller."
Et c'est vrai, parfaitement vrai, puisqu'Heero n'attend rien d'Ethen.
-"Oui, mais il y a des choses dont j'aurai voulu te parler, en privé.
- Ethen ne me dérange pas, personnellement."
L'adverbe dérange Hilde. Depuis quand la machine de guerre deJ a t'elle un avis personnel ? C'est absurde ! Heero n'est pas humain, il ne l'est plus depuis des années, depuis l'entraînement de J, ou même depuis sa vie avec son précédent tuteur. On n'est pas humains, quand on est élevés pour être une arme et rien d'autre, juste un soldat, une machine. Il aurait du être détruit après la guerre. Définitivement. Heero est dangereux, obligatoirement, car sinon, il ne serait pas le soldat parfait. Merde, il a réagi comme une arme, attendant sagement de nouvelles instructions dans son placard, dans sa base. Il ne peut pas être humain.
Il a blessé Duo et continue de le faire, il refuse de s'expliquer. C'est bien la preuve, non ?
Hilde ne se trompe pas, n'est-ce pas ? Parce que s'il est humain, s'il ressent, il n'aurait pas ... Il ne serait pas resté dans cette base. Mais il ya la petite voix, au fond, dans l'esprit de la brune, qui se demande pourquoi il n'a pas suivi Réléna alors ... Après tout, elle est devenue sa supérieure. Mais la petite voix a tort, la petite voix doit se taire, Hilde a raison, pas la petite voix qui hésite et tergiverse sans fin.
-"Heero, pourquoi n'es-tu pas avec Réléna ?"
Pourquoi ? Parce qu'il voulait voir Duo partir, et qu'elle, elle n'est pas venue le chercher. Qu'attends Hilde de lui ? Qu'il parte ? Qu'il ne soit jamais venu ? Mais c'est Duo qui l'a amené ... Duo qui est venu, Duo qui accepte de lui laisser du temps pour prendre du recul. Il pourrait aller avec Réléna. Ce serait un non-sens, mais il pourrait. Réléna n'a pas besoin de lui, et il n'a pas besoin de Réléna. Elle ne peut pas apporter ce dont il a besoin pour comprendre ce qu'on attend de lui, maintenant qu'il n'y a plus de guerre. Duo, lui, peut. Parce que c'est Duo.
Voilà.
Il n'est pas avec Réléna parce que Réléna n'est pas Duo.
Hilde ne peut pas accepter cela, surement, Hilde ne comprend pas. Ni Ethen, ni lui, elle ne comprend pas comment ils fonctionnent. Parce qu'ils ne savent pas ce qu'on attend d'eux, et Hilde comme Réléna, comme tant d'autres, comme Daniel, ne font que répéter encore et encore "Vas-tu le faire ? Fais-le.". Et Heero ne comprend pas ce qu'il doit faire. Il ne sait pas ce qu'il doit faire. Heero sait juste faire la guerre, vous comprenez ?
Quant à Ethen...
L'enfant ne comprend pas pourquoi il ne doit pas toujours payer pour la moindre chose. Personne ne lui a expliqué. Personne ne lui a prouvé qu'on puisse avoir quelque chose sans rien donner en échange, sans rien payer. Ethen sait juste survivre et traiter avec les adultes, vous savez. Juste ça.
Puisque personne n'a jamais pris le temps de voir ce qu'ils ne savaient pas, personne n'a réalisé qu'en fait, ils ne savaient pas simplement vivre.
-"Heero, aurais-tu l'obligeance de me répondre, s'il te plaît ? demande l'ancienne soldate, d'un ton plus neutre qu'affectif.

- Dire que cela lui aurait fait tellement plaisir, de pouvoir s'occuper de toi, mais non, il a fallu que ce soit Duo ..."
Pourquoi me prends-tu celui que j'aime, Soldat parfait ?
L'allemande a envie de pleurer. Elle sait, mais elle savait depuis que Duo est parti le chercher juste après l'appel de Quatre. Elle le réalise pleinement, car il est juste en face d'elle, et c'est une évidence, qui la prend à la gorge et qui lui brûle les yeux. Elle n'aura jamais Duo. Jamais. Même si Heero Yuy venait à disparaître à nouveau, même s'il allait vivre avec la souveraine de Sank, même s'il rejetait Duo, même s'il haïssait l'américain. Il sera toujours, toujours, pour toujours, et encore plus, il sera toujours au centre de la vie de Duo, consciemment, inconsciemment, peu importe; jamais personne ne pourra prendre la moitié de la place du japonais dans la vie de Duo. Et ça, c'est horrible. Elle peut essayer de toutes ses forces, l'aimer de tout son cœur, ça ne suffira jamais. Ça ne servira à rien.
Et ça, ça fait mal. Vraiment mal. Tellement mal. Si terriblement mal, qu'elle a besoin que ça sorte, tout de suite, besoin que ça parte, que son cœur ait moins mal, moins de douleur.
-" Mais regarde-toi, Heero, tu es un vrai fardeau, et en plus tu te permets de donner ton avis sur la manière de gérer les enfants de notre orphelinat ? Que cherches-tu à prouver ? Le soldat parfait ? Laisse-moi rire. Parfait ? Tu t'es regardé ? Juste un boulet qui lie les mains de Duo. Mais dis-moi, tu le sais bien, non ? Tu sais pertinemment que tu es là car Quatre a demandé à Duo de s'occuper de toi, non ? Duo est vraiment trop généreux. "
Hilde sourit. Hilde sourit, elle est belle, mais c'est laid … Un grand sourire, qui envahit son visage, vaguement malsain. Ethen a déjà vu des adultes comme ça. Ce sont les plus dangereux. Ils ne respectent jamais ce qu'ils disent. Ils sont dangereux. Hilde va faire du mal. Parce qu'elle a cette expression que l'enfant déteste, qu'il fuit d'habitude.
Et Duo qui ne revient pas.
-" Duo fait ce qu'il veut, chuchota le japonais.
- Foutaises ! Duo fait toujours tout pour les autres, il ne pense jamais à lui, et toi tu ne fais que le blesser et le gêner. D'ailleurs, Heero, tu ne sers plus à rien. Personne ne t'a dit que la guerre est finie ? Tu n'es plus rien. Tu ne sais même pas rester à ta place !
- Tais-toi ! Je … Je te déteste ! "
Hilde tourne son regard vers Ethen, abasourdie d'entendre le petit garçon qui n'a jamais prononcé un mot en sa présence … Ou en la présence de quiconque, de ce qu'elle en sait. Son sourire est figé, quand elle voit le gosse se dégager de l'étreinte d'Heero et se mettre entre lui et elle, comme un bouclier, une protection d'environ huit ans, avec des yeux bleus glaciers. Des yeux de tueurs, pense t'elle. Mais c'est tellement injuste … Et Ethen ne semble pas intégrer le fait qu'Heero n'est rien d'autre qu'une machine camouflée dans un corps d'humain, un espèce d'androïde en mauvais état. Comment Heero a-t'il pu l'acheter ? Ce gamin est vraiment ingrat. Elle a été gentille, lui a passé quelques incartades, et pourtant c'est du côté d'Heero qu'il se place, c'est le brun qu'il défend, avec son regard insoutenable.
La main d'Heero attrape le bras de l'enfant, pour qu'il s'écarte. Un enfant de huit ne devrait pas avoir à protéger un adulte de dix huit. Ethen se dégage rapidement, le japonais est à bout. Il n'est pas en état de soutenir une discussion aussi envenimée avec l'allemande, bien que celle-ci s'en fiche éperdument. Cependant, il n'abandonne pas la bataille. Il n'a jamais abandonné une bataille. Il a fui, il a reporté, mais il n'a jamais abandonné, sauf cette bataille pour vivre. Encore une fois, il n'abandonnera pas, et pour ça, encore une fois, il doit observer l'adversaire et le comprendre … Un peu comme il a dû comprendre Ethen. Non. Pas du tout comme avec Ethen. La lumière dehors se fait plus vive, un nuage devait passer devant le soleil. Elle vient éclairer un tableau, derrière Hilde, une aquarelle plutôt abstraite mais apaisante, qui mélange plusieurs bleus.

Pas du tout comme avec Ethen. Ethen est comme lui, il n'a fait que se rappeler comment on aurait dû agir pour le rassurer lui, Heero Yuy, quand il avait sept ou huit ans.
Brusquement, il a envie de prendre Ethen dans ses bras, de lui dire que ce n'est pas à lui de mener cette bataille. Cette bataille de mots. Il existe trois sortes de mots : les ordres, les mots qui ne servent à rien, et ceux qui font ressentir ; ceux-là, ils sont ressentis. Rien d'autre. Et Ethen qui déteste les mots n'est pas armé. Pourtant, il n'hésite, bien droit dans ses vêtements usés mais propres. Heero sourit, et ça illumine son visage. Hilde sursaute, et les yeux d'Ethen se réduisent à deux fentes.
-" Je te déteste ! Pourquoi tu lui fais du mal ? C'est l'ami de Duo !
- Ethen, commence le soldat parfait, avant de racler la gorge pour réussir à récupérer un peu de voix, je ne suis pas l'ami de Duo. Hilde a raison dans un sens …
– Mais je m'en fiche, moi ! Duo a dit que tu es son ami et Duo ne ment jamais ! Hilde ment souvent, et elle est comme les autres. "
Sa détermination manque de surprendre Heero qui sursaute et se tait, en attente. La main d'Hilde fend l'espace qui la sépare de l'enfant et du soldat parfait et percute la joue d'Ethen qui ne bronche pas, et le bruit de la gifle s'entend nettement, le silence après se fait pesant. Insupportable. La jeune femme respire rapidement, et ses joues se colorent de rouge. Heero qui est là, qui accapare à nouveau Duo et le gamin qui la traite de menteuse. Mais elle ne ment pas. Vraiment elle rendrait Duo plus heureux qu'Heero. Et vraiment, vraiment, elle aime Duo, plus qu'un soldat parfait ne pourra jamais, puisqu'Heero ne sait pas aimer, il ne peut pas aimer, il n'a pas été formé pour ça, alors il ne sait pas. Heero est juste un robot. Un robot qui lui a volé Duo. Son Duo, qui ne sera jamais sien.
Les yeux bleus sombres et bleu glacier la dévisageaient. Heero sert les dents. Hilde n'a pas à frapper un enfant, personne ne devrait frapper un enfant, surtout qu'Ethen n'a rien fait, il a juste dit des choses qui voulaient sortir depuis longtemps. Et dans le fond peu importe qu'Hilde soit une menteuse ou non. Ce qui compte, c'est que l'enfant a l'impression qu'elle lui a menti. Et ça, c'est important. Mais … mais Heero se demande dans quelle mesure il n'aurait pas dû mourir pour de bon dans cette base. Peut-être que ça aurait été mieux. Sans doute, même. Parce que personne n'a besoin de lui et personne n'aura jamais besoin de lui. Il sent ses yeux le brûler. Un gosse de huit ans s'est fait frappé sous yeux, devant lui, en le protégeant. Ce n'est pas normal.
Mais rien n'est normal. Déjà, la guerre est finie, et il est toujours vivant. Ça non plus, ça n'était pas prévu. Pas avec toutes ces missions suicides qui se suivaient et s'enchaînaient inlassablement. Et les paroles de la jeune allemande trouvent une résonnance. Elle a raison. Comment pourrait-il être d'une quelconque utilité pour Duo ? Surtout dans cet état.
Définitivement, il aurait mieux fait d'y rester. Respirer semble dur, brusquement. L'impression qu'il ne devrait pas être là, qu'il ne devrait plus être envahit progressivement Heero qui ne comprend pas finalement pourquoi il est toujours là.
Ethen est furieux. Oui, il n'a que huit ans, mais il connaît les adultes, et la façon dont les épaules de l'ami de Duo, d'Heero, se tassent tout doucement, parce qu'il a mal à l'intérieur, il connaît, il sait ce que ça veut dire. Hilde a encore blessé Heero. Il faut vite que Duo revienne, parce que lui il n'arrive pas à aider Heero, et Hilde elle est en train de briser Heero. Ça, ça lui fait peur, peur que le brun ne revienne pas.
- " Moi je suis content de connaître Heero. Si tu n'es pas contente, tu peux partir, non ? Heero il ne peut pas le faire parce que … Parce que Duo a dit qu'il ne pouvait pas, mais toi tu peux. Alors pourquoi tu restes si tu détestes Heero ? "
Que peut-elle répondre à ça ? Hilde réfléchit à une réplique qui renverserait à nouveau la situation en sa faveur, mais ne trouve rien, avant de se souvenir qu'Ethen n'est qu'un gosse. Un sale gosse qui a refusé de lui parler depuis un mois qu'il est ici. Et qui ne cesse de désobéir, et de répondre et la contredire maintenant, alors qu'il n'est qu'un gosse de huit ans, rien de plus. Donc elle n'a rien à justifier. Elle se lève, fière et droite, toisant Heero et son petit protecteur.
Quand Ethen sent la main d'Hilde se refermer sur son bras, il se raidit, prêt à s'arc-bouter pour qu'elle ne parvienne pas à l'emmener. La main se resserre, encore et encore, et ça fait mal, vraiment mal. Il aura des marques bleues après, sûr. Hilde commence à tirer et l'enfant se raccroche à la manche du haut du soldat parfait. Ses yeux bleus glaciers jettent des éclairs et la température de la pièce descend en flèche.
- " Ça suffit les caprices. Ethen, arrête ça tout de suite ! Tu vas m'obéir ! Quant à toi Heero, tu es chez Duo donc je ne peux rien faire, mais un conseil: dégage avant de gâcher totalement la vie de Duo. Rejoins Réléna, elle n'attend que ça ! "
Trois de catégories : ceux qui font ressentir, ceux qui ne servent à rien, et les ordres, comme maintenant. Rien d'autre, il n'existe rien d'autre.
Heero est épuisé, il voudrait fermer les yeux, sombrer dans le néant, juste un peu. Mais le tissu de son vêtement noir et informe se tend. Il cligne des yeux pour chasser les points noirs et le flou qui s'installent. Ethen.
Duo a demandé à Ethen de veiller sur lui, Ethen a obéi parce qu'il reconnaît Duo, mais Hilde essaie de l'emmener contre son gré. De forcer un enfant à obéir à son caprice.
Les yeux bleu profond d'Heero retrouvent un peu de leur éclat et de leur mordant. Il attrape le poignet d'Ethen, pour l'aider à rester. Après tout il n'a pas totalement tort, si ? Si Hilde ne satisfait pas de la situation, qu'elle s'en aille. Duo a décidé de faire ainsi, et s'il y a bien une chose qu'Heero ne niera jamais à Duo, c'est sa capacité à prendre ses décisions, et à les assumer. Ça et la faculté de toujours réussir à refiler les corvées aux autres (la vaisselle par exemple … Ou la protection de dirigeants aussi …). Donc Duo a choisi de l'aider; duo est grand, majeur et vacciné. Et parfaitement capable de faire des choix et de les respecter. S'il n'avait pas voulu Heero, il l'aurait déposé chez Réléna, ou chez Quatre, c'est tout.
Quand Duo revient dans son appartement, il se dirige aussitôt bers la chambre d'ami, pour voir si tout s'est bien passé entre Ethen et Heero. Une voix qu'il ne connaît pas résonne.
- " Je te déteste !!! "
La voix d'un petit garçon, rauque, mais obstinée. Ethen. Duo se précipite, jetant sa veste dans la cuisine au passage. Jamais le couloir ne lui a semblé si long. Pourtant quelques secondes plus tard il contemple avec stupeur Hilde qui lève une main, tenant de l'autre Ethen qui s'accroche à Heero, qui est adossé au mur et non dans le lit, comme il l'avait laissé.
Heero en voyant la main sur le point de s'abattre tire Ethen vers lui comme il peut, en y mettant toute sa volonté de soldat parfait qui n'échoue jamais car il n'en a pas le droit, et il ne veut pas échouer.
Sous les yeux de Duo l'enfant s'effondre sur Heero, brutalement lâché par Hilde qui a vu le natté. Un éclair de douleur traverse le visage du brun qui lutte pour retrouver un visage impassible.
L'ancien pilote du Deathscythe se jette entre les deux.
- " Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Hilde, que fais-tu là ? C'est Ethen qui est venu te chercher ?
- Oui, lance Hilde, ravie de s'en sortir sans baisser dans l'estime de Duo.
- Non ! contredit aussitôt l'enfant
- Ethen, je suis ravie que tu acceptes de nous parler, mais il ne faut pas mentir. "
Transpercé par le regard bleu glacé, Hilde sourit gentiment. Ethen ne sait pas comment expliquer à Duo que c'est elle qui ment, elle essaie encore de faire du mal à Heero, et Heero partira, car les gens qui ont trop mal partent. Ils partent, et on ne les revoit jamais. Et parfois, assez souvent en fait, ils meurent. Et Ethen s'accroche à Heero, se blottissant sur ses jambes décharnées, la tête sous son menton. Il ne veut pas qu'Heero parte. Heero le comprend, Heero ne lui fait rien payer, Heero ne le blessera pas. Heero est comme lui. Ils détestent Hilde. Et ils aiment bien Duo, avec ses grands yeux violacés, et son sourire aux milles nuances.
- "Heero, pourquoi tu n'es plus allongé sur le lit ?
- Envie de soleil et de lumière …
- Logique, répond Duo, un peu ironique, et tes yeux ont appréciés ? Enfin, je suppose que c'est aussi bien comme ça. Maintenant, Hilde, j'aimerais savoir pourquoi tu as failli frappé Ethen ?
- Parce que c'est une menteuse ! s'exclame l'enfant, avant que l'allemande n'ait pu donner sa version des faits.
- Ethen, tais-toi !
- Okay, on se calme. On reprend calmement. Déjà, Hilde, que fais-tu chez moi si Ethen n'est pas venu te chercher ? Tu venais voir Heero ? Alors que je t'ai demandé de ne pas le faire ?
- Pas du tout, Ethen avait des problèmes avec Heero, je te l'ai déjà dit Duo, c'est ridicule, tu ne vas pas croire un gosse de huit ans qui jusqu'à ce matin n'avait pas décroché un mot ? "
Duo haussa les épaules avant de s'approcher de son ancien coéquipier et du garçon. Il tend les bras vers Ethen, mais celui-ci se rencogne contre le soldat parfait, serrant plus fort le tissu.
- " Ethen ?
- Je ne veux pas. Parce que Heero a mal, et que si je le lâche et que je m'en vais-je le reverrais pas, et ça je ne veux pas. Je ferais ce que tu veux mais t'as pas le droit de me prendre Heero. »
Surpris, Duo fronce les sourcils et s'accroupit, dos à Hilde qu'il ignore royalement pour le moment. Sur la joue de l'enfant, une trace rouge bien nette se détache. Donc Hilde l'a giflé. Heero est incapable de faire du mal à un enfant de huit ans et surtout il trop faible. Et Ethen ne s'accrocherait pas à lui comme ça. Le natté soupire puis sourit.
- " Pourquoi tu me dis qu'Heero a mal ?
- Elle a dit que …
- Ethen, murmure Heero
- Si ! Elle a dit que Heero n'est qu'un truc inutile et que tu t'occupes de lui par pitié et … "
L'enfant se tait car l'espace d'un instant Duo ne sourit plus du tout. Mais son sourire revient, plus large et légèrement effrayant. Ses yeux brillent et Ethen ne sait pas bien si ce sont des larmes dans ses yeux ou autre chose de terrible.
- "Elle a dit que
- Ethen, ta gueule !
- Hilde sors de chez moi !
- Tu ne vas pas le croire ?
- Hilde, moi je vois un gosse avec une belle marque de main, qui s'accroche à Heero. A ton avis ? Franchement Hilde, je pensais que tu avais dépassé ta jalousie … Je ne serais jamais à toi, tu peux comprendre ? Je te l'ai déjà dit, si tu ne peux pas empêcher tes sentiments d'interférer, arrête d'essayer de te mêler de ma vie ! Sors d'ici ! "
Le natté se relève d'un bond et pour escorter lui-même la jeune femme hors de son appartement. Quand il revient dans la pièce, Heero s'est endormi, Ethen est toujours sur ses genoux.

-" Heero ? Tu es réveillé ? "
La seule réponse fut un regard jeté à la dérobée. Maintenant, il faut parler, à Duo. Il faut lui expliquer, et lui dire, qu'il ne sait pas comment dire, comment communiquer, comment expliquer, lui dire qu'il ne comprend pas ce qu'on attend de lui. Maintenant, il faut parler à Duo, car c'est le seul, le seul à qui Heero peut parler, le seul capable de comprendre, le seul qui pourra l'aider, l'ancien soldat en est persuadé. Le regard améthyste le dévisage, Duo attend, un léger sourire aux lèvres, comme toujours.
Heero sent une petite main serrer la sienne, Ethen et ses yeux glaciers sont là aussi.
Tout ira bien.

Fin

Tyanilisha: CHAMPAGNEEEEEEEEEEEEEEEE ! Tout s'est ligué contre moi, mais ça y est , j'ai vaincu !
Tyani: Et ça y est, elle est repartie …
Tyanilisha: Et alors ? Elle est pas belle ma troisième partie ?
Tyani: Voyons voir … Psychologie merdique, fin désastreuse, cliché et cliché, objectif perdu de vue en cours de route … Non, je ne crois pas.
Tyanilisha: Rabat-joie …

Tyanilisha