Auteur : Niacy.

Disclaimer : J'ai fait le rêve que Katsura Hoshino me donnait deux personnages de D. Gray-Man pour mon anniversaire. J'vous le donne dans le mille, c'était Kanda et Lavi. Arf... Le réveil a été dur.

Résumé : C'est plus fort qu'eux. Comment résister à la présence hypnotique de l'Autre ? Comment renoncer au fruit défendu ? Apparemment ni Lavi, ni Kanda n'ont trouvé la réponse. Et ce n'est pas moi qui m'en plaindrait. Lavyuu powaa ! héhé.

Rating : Euh... on dira T mais je vous rappelle qu'il s'agit d'un OS yaoi, deux hommes consentants ensemble. Donc ceux qui n'aiment pas, ne lisent pas. Merci.


Rha, j'ai craqué ! J'ai encore écrit sur du Lavyuu ou du Yuvi, 'suis pas très sûre de moi, là. Je suis incorrigible et en plus, méchante comme je suis, je vous l'impose.

Bha, j'espère que vous aimerez quand même ! *_*.

Bonne lecture...

Bises Niacy^^

Et un merci particulier à Louange, ZerHypno, Natoto (x2), jo et Lsine, mes revieuses anonymes pour 'Te Revoir' que je n'ai pas pu contacter directement.


.:.: DIVINE ATTRACTION :.:.

« Le désir de l'homme trouve son sens dans le désir de l'autre (...) parce que son premier objet est d'être reconnu par l'autre ». Jean Lacan. Écrits.

1ère partie : « Je te cherche... »


Un livre lourd, épais et poussiéreux sous le bras, Lavi poussa les hautes portes de bois brut qui se dressaient, majestueuses, devant lui. Le bruit des gonds qui grinçaient douloureusement sur eux-mêmes résonna à ses oreilles et fit grimacer l'archiviste qui ne comprenait pas pourquoi ces derniers n'étaient pas huilés depuis le temps. Tout à ses constatations futiles, son unique œil émeraude parcourut la pièce immense qui s'offrait à sa vue. La salle d'entraînement occupait tout le troisième étage de la Citadelle de l'Ombre et se trouvait être le lieu le plus visité du QG après la salle à manger. Un œil rapidement jeté devant lui et le futur Bookman se mit à sourire de contentement.

Pourtant, ce ne furent pas les nombreuses colonnes de pierres grises s'élevant vers les hauts plafonds, ni les fenêtres aux dimensions impressionnantes laissant filtrer la lumière du matin qui attirèrent son regard. Non. En fait, il s'agissait plutôt de l'homme qui s'entraînait dans ce lieu fui de chacun dès que celui-ci y venait. Personne n'était assez fou pour venir à cette heure de la journée, dans ce lieu sacré pour le Japonais au risque de devoir se confronter à ce 'démon' et de sortir, à défaut d'être mort, grandement blessé. Sauf Jiji, mais c'était autre chose. Lavi sourit davantage. Il en était assez fier en fait, que son 'grand-père' puisse botter les fesses de Kanda. Fesses qu'il avait fort attirantes, d'ailleurs. Mine de rien, le vieux Panda en avait en réserve malgré son âge avancé et pour s'être souvent pris des coups rédempteurs, le roux pouvait attester de la force de son aïeul.

Laissant la lourde porte se refermer sur elle-même en un bruit sourd, Lavi s'enfonça dans l'espace déserté et prit sur la droite pour se diriger vers la partie est de la pièce, là où le soleil se faisait le plus présent, là où la vue sur l'espace d'entraînement était la meilleure, là où il pouvait aussi guetter l'arrivée d'éventuels opportuns. Près de la seule fenêtre ouverte, sur un banc isolé, se trouvait une serviette en coton blanc accueillant le fourreau du katana de Kanda. Tranquillement, Lavi décida de s'installer à la place qu'il occupait à chacun de ses passages dans ce lieu de combat, à savoir près des affaires de Yuu.

Ce dernier ne l'avait pas vu ou l'ignorait. La seconde solution étant la plus plausible s'il considérait la personnalité peu avenante de cet homme froid au possible. Avec une fluidité et une concentration exquise, le brun fendait les airs avec son katana, Mugen, la lame effilée sifflant à chacun de ses mouvements. Une douce mélodie apaisante et hypnotique qui pouvait s'avérer effrayante lorsque celle-ci vous était dédiée et que Kanda s'élançait vers vous pour vous faire taire. Mais dans le cas présent, juste le plaisir d'entendre Mugen chanter et les souffles saccadés de Kanda se faisaient ressentir.

Bercé par le calme - rare - régnant dans le gymnasium de la Congrégation et caressé par les rayons chauds de l'astre diurne dans ses cheveux, Lavi entreprit sérieusement de travailler et commença à se remémorer chaque ligne et chaque information contenues dans le bouquin que Bookman lui avait demandé d'apprendre pour le soir-même.

Kanda répétait le même enchaînement, encore et encore, cherchant à atteindre la perfection : Mugen au-dessus de sa tête, son regard sombre fixant un adversaire invisible à trois mètres de lui. La respiration courte, il visualisa la scène : une petite place sombre et libérée de toutes entraves au sol ; il vit les akumas aux formes rondes et monstrueuses, aux visages d'une tristesse infinie, des larmes noires sur leurs masques figés d'un blanc éclatant, les canons pointés droit sur lui, chargés et prêts à l'anéantir. Avec précision et rapidité, il abattit la lame en diagonale de droite à gauche, puis de gauche à droite, avançant un pas après l'autre en rythme avec sa seule 'compagne', pivotant sur lui-même par moment. Une attaque venant de son côté gauche et Kanda abaissa souplement la partie supérieure de son corps, sa haute queue de cheval décrivant un cercle invisible qui se termina en giflant méchamment son visage. Un sourire de morgue aux lèvres, le brun s'était arrêté net sur son pied d'appel, en un équilibre parfait qui lui permettait de retrouver une position défensive ou offensive en une seconde. Mugen venait d'anéantir l'ennemi, l'odeur âcre et piquant de la putréfaction issue de leur extermination venant chatouiller ses narines. Un ennemi dans son dos et instantanément, le brun se retourna, la pointe de la lame se plantant dans le vide, déchirant le corps inexistant d'un sbire du Comte.

Deux raies lumineuses venues du ciel le firent plisser les yeux, l'arrachant à son illusoire combat. Son attention fixée sur les bruits alentours, sa vue partiellement gênée par la luminosité, Kanda entendit un profond soupir et le bruit caractéristique d'une page se tourner. Lavi était là. Il n'y avait que ce crétin pour venir faire travailler ses neurones dans un lieu où il fallait faire travailler ses muscles. Il était vraiment pathétique. Si seulement cela pouvait lui permettre de sortir moins de conneries ! Oubliant cet intrus dans cet espace révolu à son entraînement, il poursuivit ses enchaînements, avec plus de vitesse, plus de vigueur, plus de force.

Combien de temps restèrent-ils ainsi tous les deux, vacants à leurs occupations respectives, sans plus se soucier de la présence de l'autre ? Aucun d'eux ne pourrait y répondre. Bien que la proximité de leur 'moitié' les déconcentrât quelque peu, la neutralité des Bookman dans leurs échanges et la personnalité asociale du second faisaient qu'ils pouvaient continuer à jouer sur l'indifférence et s'oublier mutuellement pour un laps de temps indéfini. Ils se ressemblaient sur ce point : des êtres seuls malgré la foule qui les entourait.

Les pages précieuses d'un bouquin ancien tournaient rapidement dans un rythme qui ne décroissait pas, attestant de la méthode d'apprentissage sûre et travaillée de Lavi, qui enregistrait ligne après ligne chaque détail important.

Les sifflements de Mugen se poursuivaient, accompagnés du souffle court de Kanda qui continuait son ballet solitaire sur les dalles de pierre claires qui s'étalaient entre les colonnes épaisses.

Les minutes passaient. Immuables et imperturbables.

Entre ses mèches rousses, rendues couleur de sang par les rayons du soleil qui s'y faufilaient, un œil vert fixa quelques secondes le samouraï travailler avec acharnement. Les muscles de ses bras brillaient sous l'effort, se mouvaient avec grâce, frôlant les flancs et la taille mis en valeur par un haut sombre près du corps, dansaient dans les airs puis passaient devant le visage concentré mais fermé de Kanda, que sa frange et quelques mèches brunes s'ingéniaient à masquer. Il semblait en transe, comme habité. Il était inaccessible et dangereux. Il était d'une beauté saisissante.

Des orbes bleus, sombres comme une nuit sans étoiles, se posèrent sur la silhouette recroquevillée de Lavi. Ses jambes repliées devant lui masquaient une partie du visage du futur bookman, concentré sur sa tâche. Le jeune homme semblait être une autre personne : il était calme, posé, réfléchi et sérieux. Mugen passa devant lui, lui faisant cligner les yeux avant que la vision de Lavi, baigné par la lumière du soleil, ne réapparaisse à lui. Une image presque irréelle, un halo lumineux entourant cet homme aux si nombreuses facettes, ses cheveux de feu dégringolant sur son visage. Une illusion parfaite...

« Oï ! Qu'est-ce que tu fous là ? »

La voix grave et sèche de Kanda brisa le silence relatif qui entourait les deux hommes et Lavi releva la tête en direction de celui qui s'avançait vers lui.

« Salut Yuu !, lança-t-il à la cantonade, ravi que ce dernier initie la conversation.

— Combien de fois faudra que j'te dise de ne pas m'appeler comme ça, Nabot ? »

Le roux envoya un large sourire moqueur devant l'air pincé du brun qui lui avait jeté un regard si sombre qu'il glacerait l'échine de n'importe quelle autre personne. Mais pas Lavi. Non, ce dernier s'était fait un jeu de taquiner le Japonais, sachant pertinemment qu'il était l'un des seuls que Kanda ne découperait pas en tranches suite à cette familiarité mal placée, même si parfois, il en doutait.

« T'es sourd ? Pourquoi t'es là ? »

Pourquoi il était là ? Effectivement, le futur Bookman aurait pu se réfugier dans sa chambre, lieu propice pour apprendre sans être dérangé ; il aurait pu s'installer dans la bibliothèque, sur les grandes tables en chêne clair, mais cet endroit ne présentait pas que des avantages : les passages récurrents des scientifiques le distrayaient un peu trop. Alors pourquoi la salle d'entraînement avec la foule qui risquait de s'y trouver ? Pour deux raisons toutes liées à Kanda. Parce qu'il s'y entraînait tous les jours, à la même heure et que personne ne restait, ni même ne s'aventurait ici, trop effrayé à l'idée de subir son courroux ; tout cet espace se trouvait par conséquent déserté. Et parce que tout simplement le brun y était et que cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas revus. Le fait que son regard soit souvent attiré vers lui n'était pas bien important. Kanda l'ignorait. Ce n'était pas comme s'il allait lui sauter dessus dès qu'ils étaient seuls dans une pièce. C'était Kanda ! Mais cela, évidemment, Lavi se garderait bien de le lui dire.

Le regard noir qui se plantait sur lui le persuada de répondre à minima.

« Je suis venu profiter de ta légendaire hospitalité. Ce qu'il y a de bien avec toi, c'est que partout où tu passes, tu laisses un endroit toujours désert. Et puis, tu ne parles pas beaucoup, non plus. C'est parfait pour s'isoler sans se sentir seul.

— ...

— T'as fini ? »

Un hochement de tête fut la seule réponse du samouraï, ce qui confirma les propos sus-mentionnés du roux. Le silence s'immisça entre eux deux. Leurs regards s'étaient trouvés et ne se lâchaient plus. Ils étaient prisonniers malgré eux de l'attrait de leur vis-à-vis, fascinés par le mystère qui se dégageait de leur personne. Comme souvent. Comme à chaque fois.

Lavi avait refermé le vieil ouvrage qu'il parcourait, sans prendre la peine de noter la page sur laquelle il s'était arrêté, sachant pertinemment qu'il retrouverait le passage qu'il lisait d'un simple coup d'œil, et l'avait laissé sur le sol, à ses pieds. Lentement, il se redressa, le regard toujours rivé aux prunelles inexpressives de Kanda qui ne le lâchaient pas, et s'appuya de façon suggestive contre le mur qui glaçait son échine à travers son simple haut vert, échancré au col.

Réprimant un frisson, ne sachant pas trop s'il venait de la sensation désagréable de la pierre dans son dos ou de ce qui pourrait se passer entre Kanda et lui, Lavi esquissa un nouveau sourire un brin séducteur et amusé avant de perdre cette assurance désinvolte qui ne le quittait jamais. La pointe acérée et dangereuse de Mugen venait de piquer son abdomen et pas de la manière la plus agréable qui soit. Un instant, le roux douta des intentions du Japonais. Qui savait vraiment ce qu'abritait le cerveau un peu dérangé du brun ?

« Euh, tu fais quoi là ? »

Devant la mine déconfite de son amant occasionnel, satisfait, le brun étira vers le haut le coin gauche de sa bouche en ce qu'on pouvait qualifier de rictus carnassier. Entre eux, il y avait souvent ce jeu de dominant/dominé et il ne pouvait nier le plaisir qu'il prenait à s'amuser avec Lavi, bien qu'il dût s'avouer être souvent mal à l'aise face à l'assurance déconcertante de son amant, accentuant de fait son trouble quant à ses relations à autrui. Mais à cet instant précis, Kanda s'en fichait. Ce qu'il voulait, c'était voir le vrai visage du roux, pas cette espèce de masque de débile qu'il arborait si souvent.

Le bras tendu au bout duquel il faisait bouger Mugen, prolongement artificiel de son propre corps, se leva très doucement dirigeant la lame effilée vers le haut.

« C'est pas très drôle, Yuu !

— Moi, je trouve qui si. Un lapin qui danse au bout d'une pique. »

Lavi retrouva sa confiance quelque peu mise à mal. Pas de réprimande quant à l'utilisation de son prénom. Pas de surnom le rabaissant méchamment. Juste une phrase qui pouvait sembler anodine dans la bouche du Kendoka, mais qui prenait tout son sens dans le cadre de leur relation si particulière.

« Tu es donc d'humeur joueuse ? »

Un rictus mi-amusé mi-malsain se dessina plus encore sur les lèvres fines de Kanda, qui fit remonter doucement la lame le long de ses abdominaux, de son estomac. Un délicieux frisson apparut sur la peau blanche entourant le nombril de l'archiviste au fur et à mesure que le tissu qui le recouvrait se soulevait. La respiration du roux se fit plus haletante, plus profonde tandis qu'il se perdait dans le regard du brun qui s'attardait à le détailler de manière indécente et équivoque.

Satisfait a priori..., se dit Lavi intérieurement, ravi du tournant que prenait cette rencontre.

La lame s'était aventurée plus haut et après avoir effleuré son torse, elle caressait son cou lui arrachant un soupir non-réprimé de plaisir. Le contact froid de l'acier sur sa carotide, cette impression délicieuse de danger et d'être esclave du bon vouloir de Kanda étaient à la fois terrifiante et diantrement excitante.

« Je vois que oui. Tu n'as pas peur qu'on nous surprenne ?

— Je m'en fous, je suis juste en train de te menacer avec Mugen. Rien d'autre.

— D'accord », soupira-t-il difficilement.

Le sabre se mit en branle, changeant d'angle et la lame fine glissa avec délicatesse sur toute sa longueur pour finalement lui barrer le cou, le tranchant aiguisé s'enfonçant sensiblement sous sa pomme d'Adam. Kanda avait fait un pas, puis deux jusqu'à venir à lui, mais sans le toucher ou presque et c'était peut-être pire. A chaque inspiration profonde, leurs torses entraient en contact, juste un effleurement mais une sensation délicieuse qui électrisait leurs sens. A chaque inspiration profonde, la lame pénétrait la chair sans la maltraiter cependant. La maîtrise du Japonais sur ce point était impressionnante. Un millimètre plus bas, une pression plus forte et l'archiviste n'était plus.

Mis en valeur par une frange brune aux reflets bleutés, Lavi se perdait dans les deux onyx qui plongeaient en lui, qui semblaient le sonder et deviner ce qu'il était. Deux puits sombres dans lesquels il était difficile de déceler une quelconque émotion et dans lesquels pourtant, il se noyait à chaque fois. Malgré le danger, il tendit le cou pour pouvoir capturer cette bouche qui le tentait tant, mais qui était pourtant si loin. Trop loin. Et toujours le visage du Kendoka qui lui faisait face, impassible mais tellement beau, juste à portée de lèvres, juste à quelques millimètres.

Leurs souffles se mêlèrent l'un à l'autre, pénétrèrent leurs bouches et créèrent une caresse invisible qui était d'une affolante sensualité. Lavi avait l'étrange sensation d'être prisonnier et libre à la fois, captif du magnétisme du Japonais qui résolument savait comment le mettre en émoi.

Qui aurait cru que Yuu pouvait se montrer si entreprenant ? Ce n'était pas dans ses habitudes. Lui aurait-il manqué ? Lavi se réjouissait intérieurement de cette possibilité même s'il doutait que qui que ce soit puisse manquer à Kanda.

Ils ne bougèrent pas. Pas d'un pouce. Toujours l'un près de l'autre, presque l'un contre l'autre. Juste ce fichu centimètre qui les séparait, qui empêchait leur corps désireux de s'épouser, de ne faire qu'un. Une barrière invisible mais nécessaire, vitale, qui les protégeait d'eux-mêmes et des autres. Cette protection salvatrice pour ces deux hommes isolait leur cœur, leur esprit, chassait les doutes et les diverses interrogations et éloignait les émotions et les liens qui se créaient malgré eux.

Le brun résistait à la tentation de se laisser aller à son instinct en approchant son visage davantage, de se saisir de ces lèvres si douces qui apaisaient ses tourments intérieurs, de caresser cette peau brûlante qu'il savait si réactive sous ses doigts. « Ne rien laisser voir du désir qu'il ressentait pour cet insolent dont la prunelle de jade luisait de malice. » Ce leitmotiv se répétait en boucle dans sa tête pour, non pas se convaincre, mais résister, tandis qu'il avalait sa salive pour se reprendre.

Lavi était tellement près. Son souffle chaud se répandait doucement sur ses joues moites, faisant virevolter en rythme un de ses longs cheveux noirs. Sensualité, désir, envie... Toutes ses sensations vibraient en lui, le brûlant de l'intérieur. Et cet œil vert qui l'attirait encore et toujours.

Il devait rester maître de lui, coûte que coûte. Sa prise se fit alors plus sûre sur la garde de son Katana, preuve tangible qui le maintenait dans la réalité. Mugen était un parfait alibi en cas d'incursion impromptue dans la salle déserte. De quoi aurait-il l'air dans cette position équivoque ? Se frottant presque au roux ? S'enivrant de son parfum ? Bien que le Japonais se fichât royalement de ce que les autres pensaient de lui, se savoir pris en pleine perte de ses moyens ne l'enchantait pas plus que cela. Toujours garder la tête froide quelle que soit la situation.

Doucement, un sourire conquérant sur le visage, Lavi se rapprocha toujours plus et cette fois, leurs lèvres s'effleurèrent, leurs nez se caressèrent avec délice. Les deux hommes s'observaient, se demandant lequel des deux franchirait le pas en premier. Lequel ferait cesser cette torture délicieuse qui était le « avant ». Avant de se toucher, avant de s'embrasser, avant de s'abandonner dans les bras de l'autre, avant de s'oublier soi-même.

Bien qu'il ait initié le mouvement, Kanda ne bougeait plus, hypnotisé par son amant, presque tétanisé par le bouillonnement intérieur qui l'animait.

Le brun ne pouvait pas aller plus loin, se laisser aller à ses pulsions. Pas qu'il n'en avait pas le droit. Juste qu'il ne le pouvait pas. Pas de sentiments. Il n'était pas un homme à proprement parlé mais une machine à tuer. Un exorciste avec la mission de mettre fin au plan macabre du Comte Millénaire, de détruire les akumas sous toutes leurs formes, de servir la Congrégation. Un soldat. Point. Et Lavi réveillait en lui une facette que Kanda ne tenait pas particulièrement à voir réapparaître.

S'amuser, maltraiter, sous-entendre oui... Mais là, il s'agissait d'une autre catégorie de jeu et malgré la régularité de leurs échanges 'particuliers', il avait toujours beaucoup de difficulté à baisser le masque, à se laisser aller sans l'aide de celui qui avait réveillé cette partie inconnue en lui : son côté humain. Non, lui, il contrôlait l'environnement immédiat, restait aux aguets, les muscles tendus près à s'écarter au moindre doute ; alors que l'autre prenait le contrôle de la situation, initiait le début des festivités, énonçait les règles et en fixait les limites. Un équilibre fragile qui avait fait ses preuves.

Et comme prévu, la main droite de Lavi se posa sur la hanche de Kanda qui bloqua inconsciemment sa respiration pour apprécier ce contact franc et doux. Une pression plus forte et les deux corps se collèrent, leurs bassins s'épousant parfaitement. Kanda serra les mâchoires pour contenir un gémissement de plaisir au moment où leurs virilités réveillées par cette approche lente et excitante se rencontrèrent enfin, électrisant chaque fibre de son corps, sensation accentuée par le soupir lascif du roux qui s'échoua sur sa bouche.

La raison reprenant le pas sur la passion, l'épéiste se recula, non sans avoir esquissé avec dédain contre les lèvres du roux, un sourire narquois, pauvre imitation d'un homme se fichant du trouble de son vis-à-vis. Mais ce que le Grand Kendoka avait oublié, c'était qu'il n'avait pas en face de lui un homme lambda qui avait peur de son aura sombre et menaçante. Non, il avait à portée de lèvres la seule personne qui lisait en lui avec une facilité presque déconcertante.

« Non ! »

La voix de Lavi s'éleva, impérieuse, résonna en lui de par leur proximité et ce fut les yeux écarquillés par la surprise que le brun se vit tirer en avant par une poigne solide sur la serviette qui reposait sur ses épaules. Il ne put compter que sur un ultime réflexe - sa main libre se plaquant sèchement sur le mur près de la tête du roux - pour ne pas s'encastrer littéralement contre lui.

« Ça ne marche pas comme ça, Yuu, susurra une voix sensuelle à son oreille.

— Tu me lâches tout de suite ou je te découpe en rondelles, Baka-Usagi ! », gronda le brun, une lueur menaçante dans le regard que Lavi ne pouvait voir.

Une longue, très longue seconde passa, durant laquelle le souffle brûlant du futur Bookman caressa le cou encore perlant de sueur de Kanda, entraînant une timide cascade de frissons le long de son échine. Ils étaient près, très près, beaucoup trop près l'un de l'autre pour sa santé morale.

« Je n'ai pas envie de te lâcher. »

Dans des circonstances parallèles, Kanda n'aurait pas cherché plus loin et aurait joué de Mugen pour faire passer l'envie de se moquer à son vis-à-vis... pourtant, le sabre ne bougea pas d'un millimètre, dormant toujours sur la peau pâle du roux.

Puis un mouvement lent.

Lavi relâcha quelque peu l'emprise sur le tissu qui les rapprochait et se recula pour planter son visage devant le sien. Face à lui ne se trouvaient pas l'air profondément agaçant de l'exorciste au maillet magique, ni ses sourires éblouissants, ni sa prunelle rieuse. Non, l'émeraude qui l'hypnotisait était celle du Bookman, l'une des nombreuses facettes de son amant et peut-être son véritable lui. Celui qui avait su toucher son cœur de pierre, celui qui avait fait remonter à la surface cette sensation longtemps oubliée d'être un homme.

C'était quitte ou double, l'archiviste le savait. Avec Kanda, c'était toujours un peu comme jouer à la roulette russe. Rien ne garantissait que son aplomb serait gagnant, quoique avec le brun rien de mieux que de jouer sur le plan charnel pour le déstabiliser. Mais Lavi ne voulait pas s'amuser avec lui. Plus maintenant. De jeu, leur relation avait glissé sur une pente plus dangereuse, mais tellement délicieuse. Et comment oublier qu'il se sentait vivant près de Kanda ? Non, près de Yuu.

Pas qu'il se sentait mort. Être Bookman était son rêve depuis qu'il était gosse, depuis qu'il avait croisé la route du vieux Panda. Le suivre de par le monde, apprendre les secrets que nul ne connaissait, être le témoin des tournants de l'Histoire, tout cela était grisant, mais… bien qu'il l'acceptât, il se perdait. Un peu. Il ne se sentait lui-même et entier que dans les bras de Yuu, possessifs et protecteurs ; dans ses orbes sombres dans lesquels l'absence d'émotion prédominait avec de temps à autre – comme à cet instant précis – cette infime flamme de désir qui ne demandait qu'à s'embraser ; dans son corps où il aimait s'abîmer, se perdre et mourir pour mieux revenir à la vie ; sous ses caresses furieuses, ses assauts divins qui lui faisaient perdre la tête.

« Yuu… »

S'assurant une meilleure prise, le Kendoka décala sa main à plat sur le mur, son pouce se perdant dans les mèches couleur de sang de Lavi, appréciant leur douceur. Seul son orbe émeraude lui était visible tant leurs visages étaient proches. Un vert profond qui le désarçonnait à chaque fois.

La main sur sa hanche se décala subtilement pour se poser sur son fessier tandis que la jambe de Lavi se plia, s'immisça entre celles fines du Japonais pour remonter tout doucement et exercer une pression sur une partie très sensible de son anatomie. Malgré toute sa volonté, Kanda laissa échapper un grognement de contentement, son attention toujours fixée sur le visage de son tourmenteur personnel. D'un mouvement lascif de bassin, les corps électrifiés des deux exorcistes se tendirent l'un vers l'autre, pour accentuer cette sensation étourdissante de plaisir.

Les cœurs battaient à tout rompre dans leurs poitrines. Ce n'était ni le lieu, ni le moment. Le danger rôdait autour d'eux. La crainte d'être surpris, d'être découvert. Le désir ravageait leurs sens. Le goût délicieux de l'interdit.

Les bouches se frôlaient à nouveau, supplice ravageur, préquelle aux évènements qui allaient inévitablement arriver. Lavi s'amusa à caresser de la langue la lèvre inférieure de Kanda qui retenait à grand-peine son envie de s'approprier ce muscle rose si habile. Un souffle plus profond, un nouvel effleurement labial et le Japonais se mit à frémir sous l'exquise tentation qui redessinait sa bouche, s'empêchant de répondre et de définitivement perdre le contrôle.

« Yuu... »

La voix de Lavi n'était qu'un filet à peine audible, presque une supplique gémissante qui finit d'abattre les dernières volontés du brun qui s'empressa de répondre à son amant. Les lèvres fines du Japonais fondirent sur leurs jumelles.

Délivrance.

Enfin le goût de sa bouche contre la sienne. Enfin ce toucher salvateur qu'ils attendaient sans vraiment se le dire. Et des yeux qui se fermaient pour leur permettre de pleinement savourer cet instant.

Et tandis que la jambe de Lavi continuait à torturer le presque impassible Japonais, tandis que sa main droite redessinait l'arrondi d'une fesse ferme, que la gauche s'accrochait désespérément à la serviette, tandis que celle de Kanda se saisissait avide de son visage et caressait distraitement sa chevelure flamboyante, le baiser se poursuivait.

Le silence n'était plus maître des lieux, détrôné par le bruit de lèvres gourmandes qui n'en finissaient plus de se redécouvrir et par les soupirs lascifs difficilement contenus des deux hommes qui jouissaient de ressentir enfin l'autre contre lui, qui ondulaient sur un corps désiré, s'excitant davantage à chaque seconde alors que leurs virilités se rencontraient, brûlantes, engoncées dans leur protection de tissu.

La main de Kanda glissa sur la nuque du roux qui ouvrit la bouche davantage sous l'ordre implicite du brun laissant place à un baiser d'une soif dévorante. Leurs langues tout d'abord presque timides se goûtèrent, s'apprivoisèrent avec une patience toute relative pour rapidement entamer une danse enfiévrée qui enflamma leur corps.

Ils brûlaient de l'intérieur, littéralement. Déchaînés par la passion qui les submergeait tout entier. Ravagés par le désir de ne plus être qu'un. Ici et maintenant. Ils mouraient comme à chaque fois qu'ils franchissaient le pas interdit. Ce n'était pas de l'amour, mais c'était plus fort qu'eux tout de même.

Lavi rejeta la tête en arrière à mesure que la bouche de Kanda s'approchait de son cou, dévorait les courbes douces de sa mâchoire, remontait vers son oreille dont l'anneau rond fut happé, le faisant frémir de plaisir.

Un gémissement lui échappa, lorsqu'une langue taquine entoura le lobe, que des dents titillèrent ce point si sensible chez le Bookman. S'il n'avait pas été plaqué au mur par le corps de son amant, ses jambes n'auraient pas tenu le coup et se seraient dérobé sous lui. C'était si bon de se sentir en vie dans ses bras, sous ses mains, sous ses lèvres.

« Aah, ne t'arrête pas Yuuuuuuuuuuu !, gémit-il plus fort en haletant, ses doigts crochetant avec fébrilité la serviette et ses ongles s'enfonçant dans une fesse musclée.

— La ferme ! »

Un franc sourire naquit sur le visage presque extatique de Lavi suite à cet ordre. Non, il ne pouvait pas se taire, pas quand une main se trouvait à présent sur son torse et qu'un pouce jouait à travers le tissu de son haut avec un bouton de chair durci par le plaisir. Comment ne pas soupirer sous cette caresse quelque peu pressante ?

Se mordant la lèvre inférieure, le futur Bookman se reprit un peu, sa main se faufila sous le haut noir de Kanda qui ne put retenir un grognement de contentement dans son cou, alors qu'il caressait la peau dorée du Kendoka. Lui aussi avait ses faiblesses et Lavi s'était fait un point d'honneur de connaître toutes les zones érogènes de son furieux amant. N'était-ce pas son rôle de tout connaître après tout ? Il se plaisait à le croire. Surtout dans ces circonstances.

Mugen continuait d'entraver la gorge du roux sans toutefois le blesser en dépit des deux hommes enlacer, ne gênant aucunement son propriétaire dont le nez se perdait sur une nuque soumise avant de reprendre une bouche quémandeuse et de surtout masquer ses propres soupirs de plaisir. Les mains de Lavi se promenaient sur ses abdominaux, soulevant son vêtement, pour l'une s'arrêter sur son cœur qui battait la chamade sous l'excitation et l'autre disparaître dans son pantalon et se saisir de son désir dressé et douloureux.

Leurs langues affamées livraient un combat sans merci à qui prendrait le dessus dans cette danse envoûtante, à qui aurait l'honneur de prendre possession du corps désiré de l'autre.

Kanda se décala légèrement d'un coup de hanche agile et, après s'être glissé entre les jambes de Lavi et avoir exercé une savante pression à un endroit stratégique qui fit crier ce dernier, se saisit de sa cuisse pour la relever légèrement quand le grincement significatif d'une porte dont les gonds n'étaient pas graissés se fit entendre.

Son sang ne fit qu'un tour, ses alertes intérieures se mirent à hurler au danger et, avant qu'un éventuel intrus ne les surprenne dans cette position plus qu'équivoque, le Japonais se sépara à regret de la bouche de son amant, lâcha sa cuisse pour poser le plat de sa main sur son torse et ainsi les éloigner définitivement sous l'œil écarquillé de Lavi qui vraisemblablement ne comprenait pas ce changement de comportement.

Un regard sombre, un visage renfrogné et la pression d'une lame sur son cou permirent à l'archiviste de se reprendre et d'analyser rapidement la situation. Il tourna la tête vers la gauche et découvrit la porte du gymnasium s'ouvrir lentement sous le crissement caractéristique qui l'avait agacé à son entrée et qu'il bénissait à présent. Dans un dernier éclair de lucidité, ses mains rabattirent le haut de Kanda qui était retroussé jusqu'à son torse.

Une voix hésitante et féminine s'éleva dans les airs, celle de Lenalee :

« Kanda ? Kanda, tu es par là ? Je te cher... »

Elle se stoppa net. A quelques mètres de l'entrée, baignés par la lumière du matin, elle découvrit Kanda, qui avait plaqué Lavi contre le mur et le menaçait ouvertement avec son Katana. La tension entre eux était palpable si elle en jugeait par la façon dont ils se tenaient, rigides comme des statues de sel, ne se lâchant pas du regard.

« Arrête Kanda ! Lâche-le ! », ordonna-t-elle un peu sèchement, craignant pour la vie de son ami.

La personne incriminée tourna la tête lentement et jeta un regard empli de colère et sombre comme la nuit vers la jeune fille, n'appréciant certainement pas le ton qu'elle avait employé. Elle avait bien fait d'intervenir. Kanda allait le tuer.

« Lenaleeee !, s'exclama le roux, d'un ton qui sous-entendait tout le contentement qu'il tirait de la voir arriver à sa rescousse. Raisonne-le ! Yuu veut m'embrocher !, dit-il en plantant son orbe rieur dans ceux glaciaux de son vis-à-vis qui visiblement n'appréciait pas cette allusion s'il en jugeait par la poigne qui agrippait son haut à présent.

— Je vais te faire passer l'envie de...

— Kanda, lâche-le tout de suite !, coupa la jolie brune. Et puis qu'est-ce que tu fais là, Lavi ?

— T'as entendu, Yuu-chan. Libère-moi maintenant ! »

Seul un grondement mécontent lui répondit.

« Ne m'appelle pas comme ça, abruti !

— OK, Kan-da. S'il te plait, tu me fais mal. »

D'un mouvement brusque le brun obtempéra, non sans le projeter un peu contre le mur et, Mugen à la main, s'éloigna délaissant les deux exorcistes qui l'observaient dubitatifs. Même de dos, la fureur du Kendoka était palpable. Ses longs cheveux retenus en hauteur battaient le rythme soutenu de sa démarche rigide dans son dos, qu'il tenait droit comme toujours, tel l'exorciste qu'il était convaincu de sa suprématie sur autrui. La prunelle du futur Bookman luit de malice mâtinée de déception. Yuu partait.

« Kanda !, appela la brune.

— Quoi ?, demanda-t-il avec hargne, en se figeant au milieu du gymnasium, sa voix grave résonnant à travers les nombreuses colonnes de pierre.

— Grand frère te demande dans son bureau. »

Sans prendre la peine de lui répondre, le Kendoka poursuivit son chemin, inspirant profondément pour ne pas se laisser envahir par la frustration. Il maudissait le roux de lui avoir fait perdre sa lucidité, même si le très léger sourire qui naissait sur son visage tendait à témoigner du contraire. Sans un regard en arrière, il disparut dans un claquement de porte de l'autre côté de la pièce.

« Qu'est-ce qui s'est passé entre vous deux ?

— Oh, rien de plus que ce qui se passe quand on est ensemble ! », lui répondit l'archiviste, un sourire tout ce qu'il y avait d'innocent sur le visage.

Lavi prit congé rapidement de la jolie Chinoise, mais empêcheuse de se câliner en rond. Pour masquer sa gêne, sa main gauche passa derrière sa tête tandis que l'autre tenait le lourd bouquin que Bookman lui avait demandé d'étudier, cachant par la même la marque flagrante de la manifestation du plaisir qu'il avait ressenti auprès de Kanda.

Ce n'était que partie remise...

A suivre... ?


Et voilà...

Peut-être une suite, mais j'hésite entre un Yuvi ou un Lavyuu, ce n'est pas tout à fait la même chose.

Merci de m'avoir lue.

Bises, Niacy^^.