Bon et bien voilà, mon ultime chapitre.
Bon je vous avoue je suis un peu nerveuse et je compte sur vous pour me dire la vérité rien QUE la vérité. ;)

Merci mille fois de votre soutien et de vos commentaires.
Je précise juste que FFNET ne m'envoie plus de messages pour me signifier que j'ai des reviews, alors du coup si j'en ai oublié pardon pardon! Mais je les ai toutes lues avec attention.

Merci mille fois à Lyly7, qui à cause de mon manque cruel d'inspiration a patienté et a toujours été là dès que j'en ai eu besoin.

MERCI à tous....


V.

Le froid. Nous le ressentons tous, à un moment ou un autre. Le froid de l'air qui nous glace et nous emprisonne. Le froid du cœur, plus terrible encore. Celui qui nous donne un goût amer, qui nous laisse un trou béant au fond de la poitrine. Hermione ouvre sa porte d'entrée, laissant la fraîcheur de l'hiver s'engouffrer avec violence dans la pièce principale. Elle frissonne avant de se saisir de sa grosse écharpe enroulée autour de son porte manteau, une main chaleureuse vient se glisser contre son bras, lui apportant un peu de chaleur.

- Merci, chuchote-t-elle avant de fermer sa porte à clé.

Ron esquisse un geste de la tête, répondant à sa gratitude formulée.

- Où vas-tu? Demande-t-il d'une voix inquiète.

Elle s'arrête sur le perron, glissant ses yeux dans les siens. A vrai dire elle n'y avait pas vraiment pensé.

- Me changer les idées. Je ne peux pas rester là, à me morfondre.

- Je viens avec toi, fait le rouquin, déterminé.

- Non, fait-elle en déglutissant. Je préfère être seule.

Ce sont les premiers mots qu'ils échangent depuis que Drago Malefoy a quitté son appartement, suivi de son meilleur ami, quelques secondes après. Pendant de longues minutes, elle était restée là, pantelante, au milieu de son salon, les yeux rivés sur le cadre posé à ses pieds. Ron n'avait pas esquissé un mouvement, trop choqué pour oser, avant qu'elle ne se décide à bouger, prenant la direction de l'extérieur.

- Hermione… murmure-t-il les yeux brillants étrangement, lui effleurant la joue d'un revers du pouce. Tu n'es pas obligée d'affronter ce moment seule.

Elle s'est figée au ton légèrement enroué de son meilleur ami. Elle a l'impression de se retrouver à nouveau dans les couloirs de Poudlard, après une réunion de l'AD, coincé par son compagnon à la sortie. Sa main glisse contre sa nuque, avant de trouver le chemin de ses lèvres. Étrangement la jeune femme ne proteste pas, se laissant aller à cette étreinte douce, qui a quelque chose de désespérée. Ses lèvres la brûlent mais son cœur, lui, reste froid. Il se détache d'elle, collant son front contre le sien.

- Merci, susurre-t-il.

Elle lève un regard interrogateur vers lui.

- De ne pas m'avoir repoussé alors que tu ne voulais pas de ce baiser.

- Ron… Commence-t-elle, la rose aux joues.

- Je t'ai toujours aimé, Hermione. Je t'aimerais toujours. Tu vas sans doute trouver ça idiot, mais c'est la vérité. Je n'ai jamais su te le dire, ni te le montrer. J'ai été idiot. Pardonne-moi pour tout Hermione… Je sais que tu ne voudras jamais de moi, comme tu veux de lui. Mais je tenais à ce que tu le saches et je ne veux pas que tu te sentes coupable de ne pas m'aimer.

- Oh, Ron… Sanglote-t-elle les larmes aux yeux.

Elle trouve refuge dans ses bras, où il l'accueille tendrement.

- Tu es trop bien pour moi…

Elle se détache lentement, avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres, le sourire tordu par la tristesse.

- Je suis tellement désolée.

Resserrant les pans de sa cape contre elle, elle transplane.


Il attrape son poignet avec violence, forçant le jeune blond à se retourner.

- Malefoy! Crache-t-il

Le jeune homme le toise, un feu violent dansant dans ses yeux.

- Je te conseille de me lâcher, Potter, claque-t-il d'une voix glaciale, détachant chaque syllabe.

Celui-ci s'exécute lentement, dardant un regard flamboyant dans le sien.

- Et maintenant, laisse moi partir.

Il désigne la baguette dressée, pointée sur lui.

- Pas question, tu vas retourner chez Hermione.

- Bordel Potter! Crache le blond, non sans cacher son mépris. Tu ne veux pas cesser un peu de jouer au héros! J'encaisse!

- Je ne peux pas faire ça à Hermione. Je te ramène.

Un voile passe dans les yeux acier de son interlocuteur.

- Je suppose qu'elle t'a mis au courant de tout… Que suis-je censé faire, hein? Lui demander de me relâcher et en épouser une autre, ou m'enfermer et vivre loin de mon… De mon fils.

Il frémit à ces dernières paroles.

- Robin ne vit pas avec Hermione.

- Robin… Répète-t-il un instant ailleurs. Où est-il?

- Il est au Sud de Londres, à la campagne. Dans une famille adoptive.

- Adoptive? Répète-t-il encore, les yeux plissés en deux fentes étroites.

Harry jette une œillade nerveuse derrière l'épaule de l'ancien Mangemort, Ils restent dans leurs champs de vision.

- C'était la fin de la Guerre et Hermione ne voulait pas de cet avenir pour son enfant. Le fils d'un membre de l'Ordre et d'un Mangemort…

Il n'a pas besoin de continuer, l'autre a déjà compris. Il fixe le brun avec un regard impénétrable.

- Viens, fait le jeune homme en tendant un bras vers le blond.

Malefoy recule d'un pas, ses yeux lançant des éclairs.

- Ne me touche pas! Rugit-il.

Harry s'est figé.

- Malefoy, chuchote-t-il les yeux rivés au sol. Suis-moi.

- Je n'irai nulle par avec toi, Potter, siffle-t-il.

Le jeune homme a la sensation de revenir des années en arrière, dans les couloirs de Poudlard où baguette en main, les deux garçons se défiaient.

- Cesse donc de jouer au plus idiot et rentre avec moi.

- Non, se braque Drago en reculant.

La main d'Harry s'enroule avec brusquerie autour du poignet frêle du jeune homme. Ses yeux étincellent de colère et c'est d'une voix glaciale qu'il répond.

- Tu viens avec moi.

- Je ne suis pas un de tes sujets, Potter. Tu ne feras pas de moi ce que tu veux.

- Je le fais pour Hermione, sombre idiot. Et crois moi je te ramènerais là bas quoi qu'il en coûte. Cela nous aiderait à tous les deux si tu y mettais un peu du tien.

Le temps se suspend l'espace d'un instant, Malefoy a dardé ses yeux flamboyants dans ceux d'Harry. Ses mâchoires crispées témoignent de la tension palpable. Il semble hésiter, l'envie de défigurer ce vaniteux le traverse. Ses traits s'affaissent.

- Je veux voir mon fils d'abord.


D'un geste rageur, il envoie son pied dans la neige poudreuse. Quelques flocons s'accrochent à sa cape, un instant libérés de leur prison glacée. Il reprend son souffle, avant de frapper deux coups contre la porte de bois. Il n'aime pas ce quartier de Londres, il ne l'a jamais aimé. Cette ruelle conduit directement à l'Allée des Embrumes. Il passe d'un pied sur l'autre, nerveusement, attendant que l'on vienne lui ouvrir.

- Weasley.

Dans l'encadrement, le propriétaire de la voix gutturale s'avance. Il est grand, brun. Et son seul œil valide étincelle.

- Sten. Je peux entrer? Demande-t-il en franchissant le seuil, sans attendre de réponse.

L'homme s'efface derrière lui, rajustant sa cape.

- Je ne te propose rien à boire? Demande-t-il ironique.

Ron jette un œil au petit appartement dans lequel il vient de pénétrer. Deux mots lui viennent à l'esprit: sombre, vide. Une table, deux chaises, et de nombreuses coupures de presse qui jonchent les murs.

- Je ne m'attarde pas, fait celui-ci en guise de réponse ses yeux parcourant toujours la pièce.

- Exigüe, hein?

- Ce n'est pas le mot que j'aurais employé mais oui, c'est vrai aussi.

- Allons, et quel mot te serait venu à l'esprit dis-moi?

- Terne. Comme toi.

L'œil d'Anton lance des éclairs. Il avance d'un pas, avant de venir se gratter le menton, avec aplomb, se figeant.

- Ce n'est pas une visite de courtoisie Weasley, n'est-ce pas?

- Est-il vraiment nécessaire que je t'expose l'objet de ma visite?

- Oh je pense qu'elle tient en deux mots. Hermione et Malefoy.

Les sourcils de Ron se dressent, il joint ses mains dans son dos.

- Bien. Tu es plus intelligent que je ne le pensais.

- Inutile de jouer à ce petit jeu avec moi, Weasley. Je t'ai toujours détesté et tu le sais. Ceci dit, cela me plaît assez de te le dire en face.

Ron accuse un petit sourire narquois.

- Nous sommes sur la même longueur d'onde. Donc, Hermione et Malefoy…

- Ça te tue n'est-ce pas? Coupe Anton arrachant une mine stupéfaite au rouquin. Six ans après et elle ne cesse pas de l'aimer. Tu as toujours été bon dernier, toujours à ramasser les restes. Dans l'ombre de Potter à cause de sa célébrité et à présent dans celle de Malefoy qui a su capturer le cœur de celle que tu aimes. Aime? Je ne me trompe pas, Weasley, tu n'as jamais cessé de l'aimer. Remarque je te comprends, elle est absolument délicieuse… Surtout lorsqu'elle est fâchée, tu sais…

Le jeune homme n'a pas le temps de finir sa phrase, Ron l'a empoigné par le col pour venir le plaquer contre le mur.

- Je te conseille la fermer, Sten. Ou je t'arrache la tête.

Le susnommé éclate d'un grand rire.

- Tu n'as pas changé Weasley. Toujours aussi cinglé. Guidé par tes émotions.

Celui-ci relâche le jeune homme, avant de sortir un dossier qu'il dépose sous le nez d'Anton. Il ne répond pas, se contentant de regarder le dossier d'un air effaré.

- Tu ne me demande pas ce que c'est? Ricane Ron.

Aucune réponse.

- Bien, je vais te le dire dans ce cas. Voilà les preuves de ton petit trafic avec les Mangemorts durant la Seconde Guerre. Je te l'offre, j'ai un double sous clé.

Il avance d'un pas, plantant son regard marine, dans celui agrandi par l'effarement d'Anton.

- Tu veux jouer dans la cours des Grands mais tu n'es rien, Sten. Si tu divulgues ne serait-ce qu'une allusion quant aux origines du fils d'Hermione, ta tête tombe. Entendu?

Les traits du jeune homme se tordent sous la grimace qu'il esquisse.

- Je ne suis pas un Mangemort, crache-t-il.

- Bien sûr, je n'ai jamais prétendu le contraire. Juste un opportuniste. Mais le trafic de baguettes, surtout avec les Mangemorts est puni. Sévèrement. Tu comprends, nous au Ministère, on n'aime pas les collabos.

- Je ne suis pas un collabo! S'emporte le brun, avec violence. Ces enflures ont tué mes parents!

- Allons… Où est donc passé ce flegme qui te caractérise? Siffle le rouquin. Je sais tout cela. Tu en as fait une interprétation très larmoyante à

Hermione. Cependant ça ne t'a pas empêché de faire du trafic avec eux…. Je répète ou tu as saisi les termes?

- Tire toi! Crache Anton.

- Avec plaisir.

Ron franchit le seuil, un peu plus léger, avant de se tourner une dernière fois vers son interlocuteur.

- Si tu touches à un cheveu d'Hermione, ou de Malefoy, ajoute-t-il en grimaçant, je te tue moi-même.


- Qu'est-ce que tu veux?

Hermione se fige sur le seuil. Jamais elle n'a entendu pareil ton dans la bouche de son amie. Elle ne sait plus si elle a bien fait de venir.

- Je peux entrer? Fait-elle timidement d'un coup.

- Tu viens parler à la femme qui a quitté ton meilleur ami?

Elle secoue la tête décontenancée.

- Non, je viens parler à mon amie.

La rouquine plisse un instant les yeux, comme pour juger de sa sincérité, puis lentement l'invite à entrer. Aussitôt elle est assaillie par trois petites têtes brunes qui se jettent sur elle.

- Tata Mione! Tata Mione!

Elle sourit avant de hisser le petit Albus sur son épaule.

- Comment vas-tu mon grand? Demande-t-elle d'une voix tendre.

- Papa me manque… Gémit-il.

Avec un soupir, elle repose l'enfant à terre, congédiant les trois petits Potter gentiment.

- J'aimerais parler avec Maman. Vous nous laissez?

Ils opinent avant de disparaître. Elle se tourne vers Ginny, qui, attablée, a enfouie son visage dans ses mains. Hermione s'empare de la cruche d'eau sur la table afin de servir deux verres, et d'en pousser un vers son amie.

- Comment vas-tu, Ginny? Demande-t-elle sincère.

- Comme un monstre. Mes enfants m'en veulent, mes parents m'en veulent, mon mari m'en veut. Personne ne comprend.

- Peut-être, essaie-t-elle, as-tu pris cette décision sur un coup de tête?

Aussitôt elle regrette ses paroles, le regard blessé de la rouquine lui tord l'estomac.

- Non, Hermione. J'ai essayé d'effacer la jalousie qui me tenaillait lors des années Poudlard, lors de la Grande Bataille. Et lors de mon mariage, des mes accouchements, je me suis dit que ça allait s'arranger, que Harry resterait près de moi… et en même temps je m'en voulais d'avoir de telles pensées. Des enfants pour garder Harry encore plus, c'était tellement égoïste… Je l'ai aimé, dès le premier instant où je l'ai vu. Je me suis accrochée, et ce, même lorsqu'il ne me voyait que comme une gamine, comme une sœur. Puis j'ai fini par l'oublier, et c'est là qu'il a daigné m'accorder de l'attention. Quelle ironie! Je lui ai offert mon cœur, corps et âme. Mais la seule fille a qui il disait tout, à qui il accordait ses secrets c'était toi.

- Ginny… Commence Hermione mal à l'aise.

Mais la rouquine ne la laisse pas approfondir sa pensée.

- Qu'aurais-tu ressentie si ça avait été l'effet inverse?

- Jamais je ne pourrais m'imaginer avec Harry, chuchote-t-elle.

- Et bien, imagine que Malefoy eût été plus proche de Parkinson que de toi, comment aurais-tu réagi?

- C'est différent…

- Comme tu voudras, répond Ginny en chassant ses pensées d'un revers de main. La jalousie a fini par s'apaiser, mais à chaque nouveau problème, elle se montrait plus violente, plus dévastatrice. Aujourd'hui je sais que je ne pourrais plus vivre avec cela. J'espère qu'un jour Harry comprendra.

Les larmes aux yeux, Hermione attrape la main de la jeune femme.

- Je suis tellement désolée, Ginny…

La rouquine ne s'éloigne pas.

- Je ne t'en veux pas. Après tout, il n'y a toujours eu que vous trois, alors… Je savais à quoi m'en tenir. Mais j'ai quand même voulu essayer… Je tiens à Harry plus qu'à moi-même. Sauf qu'à présent j'ai des enfants, que j'ai besoin d'aimer pour ce qu'ils sont. Pas parce qu'ils sont d'Harry.

Hermione hoche la tête.

- Je regrette, murmure Ginny.

Elle aussi, tellement…


Lorsqu'elle franchit le seuil de la porte, son regard est attiré par deux silhouettes. Elle se fige. Plusieurs émotions défilent dans sa tête a tel point que cela la paralyse. Ron les rejoint, passant le seuil à son tour, surpris de les voir tous présents.

- Malefoy, fait-il au grand blond. Excuse-nous une seconde.

Drago n'a pas bougé, il fixe Hermione. Son regard intense la transcende. Son regard la caresse, la chamboule. Elle acquiesce doucement et il quitte la pièce, laissant un froid dans son cœur.

- Comment vas-tu? Lui demande Harry en prenant ses épaules.

Elle hoche un peu la tête.

- Et toi?

Il hausse les épaules.

- Hermione, fait Ron en s'approchant d'eux.

Son ton mesuré alerte la jeune femme.

- Fais ton choix simplement. Anton n'a plus aucun moyen de pression sur toi.

- Comment…? Bégaye Hermione sous le choc, la mine d'Harry étant son exact reflet.

Il élude la question avec un sourire.

- Disons que j'ai… ressorti quelques fantômes du passé.

Elle glisse contre lui, l'entourant de ses petits bras, des larmes de gratitudes coulant sur ses joues.

- Oh Ron… Merci… Je ne mérite pas un ami comme toi.

Harry pose une main sur l'épaule de son ami. Elle essuie ses larmes, la confiance qu'elle lui porte lui permet de ne pas s'attarder sur la question. Il se tourne vers Harry.

- As-tu vu Ginny?

- Oui. J'ai signé les papiers.

- Tu… S'étouffe Ron. Quoi? Tu n'as même pas essayé de te battre? Alors tu ne l'aimes plus et c'est tout?

- Ce n'est pas si simple…

- Bien sûr que si, lorsqu'on veut quelque chose…

- Ron. Coupe le garçon. C'est une histoire qui nous concerne, ta sœur et moi.

- Justement Harry! Tu parles de MA sœur! Ta femme! La mère de tes enfants….

Il se tourne vers Hermione, le visage écarlate. La fragile perfection du moment passé à présent rompue.

- Tu es d'accord avec lui?

Elle hésite, le regard fuyant.

- Ron, j'ai parlé à Ginny et…

- Bien! Parfait! Fait-il en tournant les talons.

- Ron! Apelle Hermione mais la porte d'entrée s'est déjà refermée.

Elle baisse les yeux, se mordant la lèvre inférieure.

- Je lui parlerais, chuchote Harry en déposant une main tendre sur son épaule.

- Il a été si merveilleux avec moi…. Je ne veux pas perdre son amitié.

- Jamais, fait Harry en accentuant sa poigne. Je vais le retrouver.

Il dépose un baiser sur sa joue, avant d'emprunter la même direction que son ami.
Se retrouvant seule à nouveau, Hermione approche de sa chambre où Drago s'est enfermé. Elle le trouve, dos à elle, face à la fenêtre.

- Drago…

Il se retourne d'un bloc, vissant son regard acier électrisant dans ses iris dorés.

- Hermione.

En deux pas, il est près d'elle, l'enserrant de ses bras, son nez dans sa chevelure bouclée. Elle se détache lentement, inspirant un grand coup.

- Je vais te libérer Drago. Je ne peux pas t'enfermer de nouveau. Je ne le supporterai pas…

Ses traits se crispent, il attrape une mèche de ses cheveux, l'entortillant entre ses doigts.

- Tu sais ce que cela signifie?

- Tu seras libre. Même si c'est sans moi…

- Je ne serais jamais libre sans toi.

- Au moins te reverrai-je… Chuchote-t-elle.

Il glisse ses lèvres contre son cou, effleurant la courbure de sa mâchoire, trouvant le chemin de ses lèvres avec aisance, les scellant des siennes en un geste possessif. Puis il pose son front contre le sien, reprenant son souffle.

- Je l'ai vu.

- Robin?

- Potter m'y a conduit…

- Je m'y rends souvent, je peux l'observer des heures… Confesse-t-elle en se mordant les lèvres. Lui as-tu parlé?

- Non. J'ai pensé que ça ne valait mieux pas. Peut-être pourrions-nous nous y rendre ensemble dorénavant?

Elle hoche la tête, incapable de parler.

- Il te ressemble, continue-t-il. Il a l'air courageux et fier. Je n'oublierais jamais ses yeux…

Il caresse sa joue du bout des doigts, elle ferme les yeux, imprimant ce moment, d'une parfaite justesse dans sa mémoire et son cœur.

- Harry s'est proposé pour être ton tuteur… Demain… Ils ne seront plus là.

- Demain, je marcherai devant un autel que je ne désire pas regarder, avec une femme que je n'aimerai jamais. Demain je serai lié à jamais, et mon cœur sera brisé. Je ne cesserai jamais de t'aimer.

- Demain est autre jour… Fait-elle déboutonnant un à un les boutons de sa chemise.


*****

Le vent s'engouffre dans les feuilles avec violence. Les cheveux d'Hermione fouettent son visage asséché des larmes qui ne veulent pas couler. Ne veulent plus. Elle ne sait pas quoi dire. Les mots, les gestes sont souvent dérisoires, fades, dénués de sens…

- Je suis désolée.

Bien que parfois, il soit bon de se les entendre prononcer. Harry tourne un regard étonné vers sa meilleure amie. La culpabilité empreigne tout son être. Il ne comprend pas. La jeune femme lève les yeux vers les hautes Tours du château où ils ont passés les tendres années de leurs adolescences. Les plus noires aussi.

- Je suis désolée que Ginny t'ai quitté par ma faute. C'était de l'égoïsme pur que de te vouloir près de moi. De te faire tourner le dos à ta femme et à tes enfants.

- Hermione… Murmure-t-il en prenant sa main. Tu n'y est pour rien. Bon sang, ce serait plutôt à moi de m'excuser. Je te dois tellement. Tu as toujours été là. Depuis douze ans. Tu me supportes et me soutiens. Moi Harry. Pas Harry Potter la célébrité. Juste Harry. Tu es ma meilleure amie. Tu étais là, tout le temps envers et contre tout. Et même lorsque tu es tombée amoureuse de Malefoy, tu ne m'as jamais trahi. Jamais. J'ai beaucoup plus confiance en toi qu'en moi-même.

- Harry, gémit la jeune femme la gorge serrée. Tu te sous-estimes tellement. Tu es un ami exemplaire. Loyal et franc. Tu m'as sauvée tant de fois que j'en ai perdu le compte. Tu m'as sauvée de moi-même alors que je croyais mon cœur éteint à tout jamais. Tu étais là Harry, lorsque je n'étais plus tout à fait moi-même, lorsque j'ai dû laisser mon fils, lors de chaque décision importante. Tu étais là, au détriment de ta famille. Jamais je ne pourrais te rendre cela.

Harry admet un petit rire, secouant la tête. Hermione le pousse gentiment du coude et il a l'impression de revenir dix ans en arrière, là devant son ancienne maison. Poudlard.

- Qu'est-ce qui t'amuses autant?

Rire est presque douloureux, il en avait oublié la saveur.

- Cette conversation est stérile, Mione. J'estime ne jamais pouvoir payer la dette que j'ai envers toi. M'avoir pour ami a été une vraie malédiction. Tu as risqué ta vie pour moi tant de fois.

Hermione resserre la prise qu'il avait diminué contre sa main glacée.

- Il n'y a pas de dette. On est amis. Je donnerais ma vie pour toi. J'ai presque volé la tienne.

- Ne te fustige pas pour cela, Hermione. De la fin de mon couple, je suis le seul coupable. Ginny était parfaite, attentionnée, impliquée, elle a toujours tout fait pour moi, passant sur les instants où je n'étais pas vraiment moi-même. Pardonnant tout, toujours. Mais les fantômes du passé, ne disparaissent jamais vraiment pas vrai? Et toi, tu les connaissais aussi, tu avais les mêmes. Elle a essayé de ne pas être jalouse de cela, mais au fond je la comprend tellement… Il y avait Ron et toi. Et il puis il y avait elle, sa sœur, ton amie, ma femme. Sans qu'elle ne fasse jamais partie de nous. On n'est pas amis Hermione, on est beaucoup plus que cela.

- Quoi alors? Chuchote-t-elle.

La quiétude du Parc de leur ancienne école est presque irréelle. A leurs pieds, la tombe blanche est frappée par un unique rayon du soleil, échappant au gris du ciel. Harry vient fondre son regard dans le sien.

- Tu as vraiment besoin de mettre des mots là-dessus?

Elle hausse les épaules, frissonnantes.

- C'est moi, Harry. J'ai toujours eu besoin d'une définition. Remettre les choses à leur place. Faire du concret.

Il soupire.

- Toi c'est moi. Moi c'est toi.

Elle acquiesce faiblement, les coins de sa bouche tremblotants. Un instant ils ne disent rien, se laissant porter par l'apaisement que leur procure ce moment.

- Il doit être en train d'attendre devant l'autel, dit-elle d'une voix blanche emplie d'amertume.

Il ne répond pas. Que peut-il dire de toute façon? Et bien, qu'il le déteste, il pense à Malefoy, ressent un élan de pitié pour lui. Au moins Hermione est libre, lui, il reste enchaîné à un destin qu'il a tenté de fuir toute sa vie. Son cœur doit être mort. Celui d'Hermione vit encore, il lui appartiendra toujours, mais ses amis le gardent en vie.

- Ça devait finir ainsi, dit-il au bout d'un moment brisant le silence du crépuscule qui s'installe. Toi et moi. Ici. On n'était pas fait pour vivre heureux. C'est le lot des soldats, de ceux qui ont fait la Guerre. Dans les histoires que l'on nous contait, petits, quand tout se termine, que les héros rentrent chez eux, on les acclame et ils sont heureux. En paix. On le sait, ce n'est pas ainsi que cela se passe. Il y a trop de failles dans nos cœur, trop d'horreurs dans nos esprits. La vie ne file pas ainsi. C'est toi et moi. Devant cette tombe. A jamais détruits…
Une larme unique coule de la joue d'Hermione, portant le flot qui voudrait se déverser. A jamais détruits….

- Ron…

- Il reviendra, murmure-t-il en la serrant contre lui. Il revient toujours.

Le parc reste figé sur leurs silhouettes enlacées. Silhouettes aux cœurs brisés à jamais.

*****


Bon voilà. Je suis mille fois désolée pour ceux qui voulaient une fin heureuse. Mais comme dans Sang pour Sang je voulais terminer sur une "image" du Trio.

Et puis ce que j'aime écrire c'est du drama. Je ne suis pas fan des fins heureuses, même si cela fait du bien parfois.

MERCI à toutes, j'espère que ce chapitre ne vous aura pas déçu quand même.