NdA : prévu au départ pour être un one-shot (je sais, j'ai honte :\ , mais pas de soucis, je n'abandonne pas mes autres bébés)… Un cadeau pour toute les dean/cas addict
Plusieurs petites choses :
1) C'est un NC-17 (pas moyen de tergiverser cette fois) et un slash Dean/Castiel (de ma part, vous vous attendiez à quoi…)
2) Enooorme spoiler pour l'épisode 4.17 (je vais suivre tout l'ep. et les trois semaines qui le précèdent) et par conséquent, c'est une sorte de Alternative Universe à l'Alternative Universe
3) Pleins de bisous à ma béta archange gardien Aly… Comme tu vois, j'ai finalement décidé de la couper en plusieurs chapitres (arrivé à 10 000 mots et ça juste sur les premiers jours ça faisait peur), mais ce chap a bien été corrigé
4) Ah oui, et évidement disclaimer, rien n'est à moi, je fais juste faire plein de choses pas catholiques à Cas (Dean, après être allé en Enfer ne se sent pas concerné)
« La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité »
Alfred de Musset
Office Romance
Chapitre 1 : « Je crois que la banalité est très anormale. » Sir Arthur Conan Doyle
A sept heure trente tapante, Dean Smith entrait dans son nouveau bureau. Il admira avec plaisir la grande fenêtre, le bureau moderne agrémenté d'un ordinateur dernier cri et la splendide étagère en bois lustrée. On avait déjà fait porter ses affaires et tout arrangé à sa convenance. Il avait aussi fait connaissance d'Amy, son assistante, une belle femme brune aux allures de mannequin, et de son patron, Mr. Adler, un homme débonnaire et efficace, qui semblait l'avoir apprécié au premier regard. Décidément, cet emploi était en or. Il s'assit à son bureau avec une intense satisfaction et se mit au travail.
A neuf heures, Dean Smith, occupé à recopier des adresses sur son PDA, ne remarqua pas tout de suite le jeune homme qui se tenait sur le pas de sa porte. Mais une sorte de picotement sur sa nuque, de la sorte que l'on a lorsque l'on se sent observé, lui fit lever les yeux. Il se redressa sur sa chaise en examinant son vis-à-vis. Il n'était pas très grand et paraissait presque décalé dans son costume bleu nuit, sa cravate remontée impeccablement alors que ses cheveux bruns étaient en bataille, et qu'il avait le duvet de quelqu'un qui ne s'était pas rasé le matin. Les yeux bleus lumineux le fixaient intensément. Au bout de quelques minutes de silence, un peu mal à l'aise face à un tel regard, Dean fit une tentative avec un sourire engageant:
- Bonjour. C'est à quel sujet ?
Le jeune homme sembla sortir de sa transe et pencha légèrement la tête sur le côté, sans que l'intensité de son regard ne diminue. Dean se fit la réflexion qu'il avait les yeux bleus les plus splendides qui lui ait été donné de voir, et que ce petit mouvement de tête était proprement adorable.
- Je suis Castiel Novak, le secrétaire de Mr. Adler. Il m'a demandé de vous remettre ceci.
Il avait une voix basse et rauque, étrangement plaisante. Dean sentit un léger frisson lui parcourir l'échine. Le secrétaire s'avança et posa un dossier sur son bureau sans le quitter des yeux. Dean leva les sourcils d'un air incertain avant de prendre le dossier et de le feuilleter. Il s'agissait d'un dossier client.
- Bon, dites-lui que je m'occuperai du contrat dès demain. Je lui enverrai une note dans l'après-midi.
Il releva les yeux et constata que le regard fixe ne l'avait pas quitté. Il était anormal, ce regard, mais il n'arrivait pas à savoir ce qui le dérangeait.
- Bien, monsieur.
Il inclina la tête et avec un dernier regard tourna les talons et quitta le bureau. Alors qu'il se remettait au travail, Dean eut un éclair de compréhension sur ce qui l'avait gêné.
A aucun moment où Dean le regardait le secrétaire n'avait cligné des yeux.
Mr. Adler entendit la porte s'ouvrir et se refermer. Il ne se détourna pas de la baie vitrée, continuant à observer la ville qui s'étendait sous ses pieds.
- Alors ? Comment trouves-tu le subterfuge ?
Le jeune homme ne répondit pas. Mais ni son silence, ni son regard ne dérangeait le directeur. Il eut un sourire moqueur et se tourna vers son subordonné.
- Castiel ?
Le jeune homme se tenait droit comme un i, son regard s'était déplacé, du directeur au ciel derrière lui.
- Je ne comprends pas ce que vous espérez prouver, finit-il par dire d'une voix atone, même si Dean pouvait avoir une vie qui ne touche pas à la chasse, ça n'est pas cette vie-là qu'il choisirait.
Adler s'assit à son bureau et s'étira, posant ses mains sous sa nuque sans se départir de son sourire.
- Personne ne te demande de comprendre quoique ce soit, Cas, fit-il en insistant sur le surnom, contente-toi d'obéir.
Il dévisagea le jeune homme pendant un long moment, puis reprit la parole, son sourire ayant complètement disparu.
- Fût un temps, Castiel, tu étais le meilleur et le plus discipliné des anges de ma légion. C'est pour ça, et seulement pour ça, que tu as été choisi pour guider Dean. Si tu ne te montrais plus aussi performant, la situation pourrait bel et bien changer. Veilles à ne pas l'oublier.
Il se redressa et se pencha sur les papiers répandus sur son bureau.
- Laisse-moi maintenant.
Le jeune homme se détourna et se dirigea vers la porte. Il avait sa main sur la poignée lorsque la voix de son supérieur se fit entendre:
- Oh, et Castiel ? Rase-toi et coiffe-toi un peu, tu ne fais pas un humain sérieux. Mon réceptacle n'aurait pas un épouvantail pour secrétaire.
Lorsque la porte se referma derrière l'ange, Zachariah laissa un sourire étirer les lèvres de son réceptacle.
Il était presque dix-sept heures trente, l'heure pour Dean Smith de retrouver ses pénates. Il jouait avec sa boule métallique tout en discutant au téléphone avec Phil Hathaway, le directeur des relations humaines. Ils avaient sympathisé autour d'un café en début d'après-midi et se téléphonaient d'un bureau à l'autre tout en finissant de trier leurs dossiers. Il écouta la fin du récit de Phil sur son flirt avec une top-modèle allemande, avant de lui souhaiter jovialement bonne nuit et de raccrocher. Puis il plia ses affaires, passa dire bonsoir à Amy qui lui sourit avec chaleur et prit le chemin de l'ascenseur d'un pas leste.
Lorsque la porte s'ouvrit, il entra, les yeux toujours fixés sur son PDA. Il appuya machinalement sur le bouton rez-de-chaussée tout en rangeant son appareil. Il remarqua alors qu'il n'était pas seul. Le discret et silencieux secrétaire de Mr. Adler était appuyé contre l'une des parois, dans le coin, presque comme s'il voulait se fondre dans l'ombre. Il lui adressa un sourire poli, puis se tourna à nouveau vers la porte. Toutefois, il ne put s'empêcher de lui jeter des coups d'œil en coin. Le jeune homme avait enfilé le plus hideux trench-coat de toute la Création, même si cela donnait l'impression qu'il avait des épaules plus larges. Dean ne put s'empêcher de sourire. Il sentait toujours le regard bleu lui brûler la nuque lorsque le 'ting' de la porte annonça leur arrivée. Ils sortirent ensemble de l'ascenseur et Dean lui adressa un autre sourire et un signe de la main.
- Bonsoir.
Castiel hocha la tête.
- Bonsoir, Dean.
C'était plutôt audacieux de la part d'un employé de l'appeler par son prénom, mais ça n'était pas ce qui choquait Dean. Entendre le jeune homme l'appeler ainsi évoqua un écho dans sa conscience. Comme un souvenir, comme si quelque chose lui murmurait qu'il devait se rappeler…se rappeler, mais quoi ? Cependant, la pensée dérangeante disparut vite alors qu'il rejoignait son impeccable voiture, un cadeau de l'entreprise, et qu'il s'installait dans le confortable fauteuil de cuir pour écouter les nouvelles du soir.
Lorsqu'il arriva, George, le portier de l'immeuble, vint récupérer sa voiture. Il lui donna un généreux pourboire et rejoignit son appartement. Il l'avait meublé avec art, et il aimait le résultat, un véritable appartement de célibataire, au luxe discret. Il se prépara un dîner de légumes et filet de poisson accompagné d'un verre de vin blanc, qu'il dégusta en relisant ses notes. Un fois la vaisselle dans le lave-vaisselle, il fit rapidement sa toilette avant de récupérer son ordinateur portable pour travailler dans son lit. Vers vingt-deux heures, il rangea son travail et s'allongea. Il pouvait voir les lumières de la ville et les étoiles par l'immense baie vitrée en face de son lit. Mais cette atmosphère relaxante ne lui donnait pas envie de dormir. Sous le coup d'un besoin charnel subit, il écarta sa couette et entrouvrit son pyjama.
Il allait faire appelle à son image favorite, l'actrice chinoise Zhang Ziyi, mais le souvenir d'un « Dean » murmuré d'une voix rauque le fit changer d'avis. Avec un sourire amusé, il laissa son esprit recréer l'image du mystérieux secrétaire, de ses cheveux en bataille, de ses yeux bleus océan, de ses lèvres charnues et de son faux-air de mauvais garçon avec son duvet. Il y avait aussi une aura très particulière d'innocence chez lui qui faisait bouillir le sang de Dean, lui donnait une furieuse envie de le pervertir, de l'attirer dans le péché et de l'y maintenir.
Il se prit en main et commença à se caresser, imaginant ses lèvres murmurer son nom, mais cette fois-ci avec désir. Il passa sa main sur sa poitrine, imaginant d'autres mains suivre ses muscles, un regard bleu intense fixé sur lui. Il s'imagina dans son bureau, le secrétaire venant lui remettre des dossiers. Il se levait, écartait les dossiers et fermait la porte à clé. Le jeune homme, incertain, penchait légèrement la tête sur le côté en le fixant de ses yeux bleus azuréens. Il s'avançait vers lui, alors que le secrétaire reculait d'autant pour finalement se retrouver coincé contre le bureau. Il laissait son regard courir lentement sur le corps dissimulé, faisant légèrement trembler le jeune homme. Puis il levait la main et attrapait sa cravate pour s'approcher et s'emparer de ces lèvres si tentantes. Il sentait les mains de Castiel contre sa poitrine, tentant de le repousser sans aucune force, puis finissant par s'accrocher à ses épaules alors qu'il entrouvrait les lèvres sous les siennes.
Il le saisissait alors brutalement par la taille pour l'entraîner contre le mur, se glissant entre ses jambes, profitant de sa confusion pour se frotter violemment contre lui. Un gémissement s'échappait des lèvres pleines et Dean dénouait sa cravate, arrachant les boutons de sa chemise dans sa hâte, dévorant son cou, mordant la chair tendre avec voracité.
Il accéléra le rythme de sa main, sentant la jouissance se rapprocher rapidement. Il s'imagina pousser le jeune homme à présent débauché à genoux, ouvrir les pans de son pantalon et glisser son sexe entre ces douces lèvres charnues alors qu'il plongeait son regard dans ces yeux bleus qui ne le quittaient pas, l'adoraient sans mot. Il s'imaginait se mouvoir dans ce fourreau chaud et humide. Un jeune homme si propre sur lui se livrant à une activité si délicieusement impudique, y prenant du plaisir, gémissant…Il s'imagina se retirer juste avant la jouissance pour recouvrir de sa semence ce visage magnifique, le marquant comme sien.
Il sentit l'orgasme le submerger à la vision sublime et poussa un cri de plaisir, se tendant comme un arc avant de se laisser retomber, pantelant, sur le lit, apaisant sa chair à présent sensible.
- Mon ange, murmura-t-il sans réellement savoir d'où cela lui venait.
Peut-être Castiel avait-il l'air d'un ange, songea-t-il en profitant de l'état euphorique dans lequel il se trouvait. Un sourire prédateur se dessina sur ses lèvres. Aujourd'hui n'était que son premier jour dans l'entreprise. Il avait tout l'avenir pour voir si oui ou non l'objet de ses fantasmes pouvait répondre favorablement à ses avances.
Castiel se tenait debout sur le toit de la Sandover Bridge & Iron Company, les mains enfoncées dans son imperméable. Pendant toute la durée du subterfuge, Zachariah lui avait interdit d'aller voir Dean. Il ne pouvait même pas l'observer et veiller sur lui de loin. Il ne pouvait pas non plus rejoindre ses frères et sœurs au combat. En conséquence, il n'avait rien à faire.
Voir ce nouveau Dean l'avait étonné. Au fil du temps, il s'était habitué à la vive personnalité de son protégé, à ses doutes et ses douleurs. Mais cet homme assuré, fier et ambitieux lui était inconnu. Pourtant, il conservait certains des traits qui faisaient de Dean qui il était. Il était viril mais plein de gentillesse. Il gardait l'œil ardent et un humour incisif. Dean restait Dean, peu importait ce que Zachariah avait fait. Dean restait l'humain insupportablement attachant pour qui il éprouvait une inclination croissante.
Il fronça les sourcils en regardant la ville, écartant volontairement ses pensées de Dean. Il laissa les yeux de son esprit se concentrer sur diverses scènes de la vie nocturne citadine. Une prostitué en train de se faire tabasser par son mac, des sans-abris se battant, ou mourant à petit feu dans des cartons et des bouches d'égout. Des drogués en plein trip, sales et désespérés. Un violeur et sa victime. Une bande assoiffée de sang poursuivant un jeune homme noir dans les ruelles. Il plissa les lèvres et se concentra, cherchant dans ses méandres des images de bonheur. Une mère chantant des berceuses à son bébé. Une femme et un homme en train de faire l'amour. Un abri pour SDF où un homme offrait de la soupe et du réconfort. Les images de tendresse et d'affection étaient cependant moins fortes que celle de haine, de désespoir et de solitude. Et même chez ceux qui semblaient heureux, il distinguait l'angoisse, la peur, la culpabilité, des douleurs sans nom.
Il ne comprenait pas les humains. Mais il voulait savoir ce qui les poussait à continuer à vivre, alors que la plupart n'avait même pas la foi. Qu'est-ce que la vie offrait de si spectaculaire à ceux qui ne croyaient pas au miracle divin ? Pourquoi continuer à souffrir quand les moments de pur bonheur étaient si rares ?
Il était en particulier curieux de l'amour humain. Il connaissait l'amour familial, proche de celui qu'il éprouvait pour son Seigneur. Mais il ne connaissait rien de l'amour charnel. Et il savait qu'en se posant de telles questions il était sur une voie dangereuse.
Trois jours plus tard, Dean passait une journée difficile. D'abord il eut un nombre incalculable de coups de fil. Ensuite, la sauce qu'on lui avait vendue avec sa salade étant passée, il avait dû jeter le tout et n'avait donc mathématiquement rien dans le ventre. Enfin, Amy était en arrêt maladie, au lit avec la grippe, ce qui lui donnait le double de travail jusqu'à ce qu'on lui donne une remplaçante. Et pour couronner le tout, il avait à peine croisé Castiel. A part le soir dans l'ascenseur. Le secrétaire était toujours là, comme une montre bien réglée, maintenant étrangement bien coiffé et rasé, lorsque Dean quittait l'entreprise. Mais il n'avait pas trouvé moyen d'avoir une vraie discussion. Dès que l'ascenseur arrivait au rez-de-chaussée, le secrétaire semblait presque se volatiliser, au point que le deuxième jour, Dean en avait fait un jeu, dire le maximum de chose dans le court laps de temps avant leur séparation.
Bref, pour en revenir à cette journée infernale, il était quinze heures, il avait un mal de crâne défiant tous les maux de crânes, un estomac qui ne cessait de gronder son désaccord, et une envie quasi irrésistible de jeter son casque de téléphone par la fenêtre. Il se passait la main sur les yeux avec un gros soupir lorsqu'une odeur agréable et épicée vint titiller ses narines, accompagnée de celle, distinctive, du chocolat. Il leva les yeux et croisa un regard bleu à présent bien connu.
Castiel se tenait de l'autre côté du bureau et il lui tendait un une boîte et un large verre en carton du Starbucks d'en face. Il reconnaissait l'odeur distincte du thé Chai au lait de soja. Son préféré. Comment Castiel le savait-il ?
On ne questionne pas les miracles, décida-t-il en acceptant les offrandes avec reconnaissance. Il posa le verre et ouvrit la boite pour y découvrir un brownies chocolat-café et sentit son estomac se contracter en réponse et l'eau lui monter à la bouche. Tant pis pour son régime.
- Merci, Cas…tiel.
Pourquoi avait-il voulu l'appeler Cas ? D'une part, c'était ridicule comme petit surnom, et d'autre part, ils ne se connaissaient pas assez pour qu'il se permette de lui en donner un. Mais au moment où il le prononçait, il vit quelque chose passer sur le visage du secrétaire, une certaine douceur mêlée d'amertume, puis son visage redevint impassible.
Pourquoi le secrétaire de son patron lui amenait-il tout ça ? Un café, à la limite, mais là…
- Vous avez l'air fatigué, murmura Castiel de sa douce voix rauque.
Dean se détendit sur sa chaise en hochant la tête.
- Ca n'est pas la meilleure des journées.
Castiel inclina la tête et prit quelque chose dans sa poche avant de le lui tendre. C'était une boîte de tylenol.
- Décidément, fit Dean avec un sourire plein d'humour, si jamais Adler se lasse de vous, venez me voir. Mais je doute qu'il laisse partir une telle merveille.
Castiel pencha la tête sur le côté et ne répondit pas, mais Dean distingua une lueur de regret dans les yeux bleus. Il sourit. Peut-être avait-il sa chance finalement.
- Castiel !
La voix sévère de Mr. Adler traversa les couloirs et fit sursauter Dean, mais pas le secrétaire, qui se contenta de lui adresser un signe de tête, de se détourner et de quitter le bureau trop rapidement pour que Dean ne réagisse.
Il fronça les sourcils, espérant que Mr. Adler n'en voudrait ni à Castiel ni à lui-même pour cette pause impromptue. Mais si Castiel avait pris le temps de passer lui chercher un goûter, en plein après-midi quand il devait y avoir un monde fou, c'était une bonne raison pour son patron de le prendre mal. Il faudrait qu'il en touche un mot au secrétaire. Il ne voulait pas que le jeune homme risque sa place pour lui faire plaisir.
Cela l'amena à réfléchir à nouveau sur l'étrangeté de l'acte. On amène un café à un supérieur pour entretenir de bonnes relations, ou pour avoir un bon point dans la case des avancements, mais ça… c'était trop. Et pourtant, Dean non plus n'avait pas réagi comme un supérieur normal l'aurait fait dans de telles circonstances.
Il n'arrivait pas à considérer Castiel comme un étranger. C'était ça le cœur du problème. Et ça ne pouvait pas être seulement parce qu'il avait envie de le mettre dans son lit depuis, oh, trois jours maximum.
Et plus que ça, il ne savait rien de sa vie. Castiel était-il marié ? Non, il n'avait pas d'alliance. Mais il avait peut-être une petite amie ou un petit ami, une famille qui savait… Pourtant Dean n'arrivait pas à l'imaginer.
Comme s'il était normal qu'un jeune homme si charmant soit célibataire. Comme s'il était normal que cet ange soit si attentif envers lui. Comme un ange…
Cette phrase sonnait étonnamment juste.
- Tu sais, j'ai réfléchi…
Castiel releva la tête de son bureau pour croiser le regard de Zachariah. Celui-ci avait un sourire que l'ange n'arrivait pas à définir, presque torve. Il se tenait devant lui, les bras croisés, le dévisageant.
- Cette leçon pourrait t'être aussi profitable qu'à Dean…
Il se pencha jusqu'à ce que son visage ne soit qu'à quelques centimètres de celui de son subordonné. Castiel sentait son souffle sur sa peau. Il se força à fixer la plante verte en face de lui.
- Tu désires tant que cela savoir ce que c'est d'être humain, de laisser la chair dominer l'esprit ? Pourquoi ne pas essayer ? Après tout, cette vie… cette entreprise…ce subterfuge… c'est bien une sorte de pari sans conséquences, non ?
Il se redressa avec toujours le même sourire satisfait. Castiel ne dit d'abord rien, le mouvement rapide de ses yeux dans le vide la seule indication qu'il pensait à ce qui avait été dit.
- C'est un ordre ? Demanda-t-il finalement, en levant des yeux incertains vers son supérieur.
- Non.
Et sans rien ajouter, Zachariah retourna dans son bureau – le bureau de Mr. Adler – et s'y enferma, laissant Castiel complètement perdu.
Devait-il faire ce que Zachariah avait insinué ? Ou était-ce un test de son supérieur, pour vérifier jusqu'à quel point il était capable de résister à la tentation ?
Il resta sans bouger toute la fin d'après-midi. Lorsque la pendule indiqua dix-sept heures vingt-quatre, il se leva comme un automate et avec un rythme mesuré, il rangea les dossiers dans leurs tiroirs, éteignit toutes les lampes, et récupéra son trench-coat avant de rejoindre l'ascenseur. Il savait que s'il entrait dedans à dix-sept heures vingt-neuf, il serait là au-moment où Dean descendrait. Il entra dans l'ascenseur et regarda les étages défiler. Quand celui de Dean passa sans s'arrêter, il fronça légèrement les sourcils.
La porte s'ouvrit et il sortit de l'ascenseur. Il vit Sam du coin de l'œil. Il quittait le bâtiment avec l'un de ses collègues. Il se demandait pourquoi Zachariah ne l'avait pas juste enfermé quelque part le temps du test, plutôt que de lui imposer ce petit job. Ces hommes et femmes vivaient dans un esclavage au paysage jaune, songea l'ange en les regardant partir par le couloir de service.
Un toussotement ramena son attention vers le luxueux hall d'entrée, où la frange aisée et fortunée de l'entreprise faisait devanture. Dean se tenait à quelques pas de lui et lui souriait. Il oublia immédiatement tout ce qui touchait à Sam.
- Castiel ? Avant que vous ne disparaissiez, je me demandais si vous accepteriez de venir prendre un verre avec moi…
Le sourire charmeur de Dean envoya un coup de couteau au plus profond de l'âme de l'ange. Le murmure « sans conséquence » raisonnait à son oreille, tentateur. Il inclinait la tête avant même d'y avoir réfléchi.
Comme vous le savez probablement, je suis nouveau en ville. Vous connaissez un endroit sympathique ?
Castiel baissa les yeux, cherchant un bar du type de ceux que Dean fréquentait à proximité. Il n'y en avait pas, ils étaient tous dans la périphérie. Puis il se rappela soudainement que ce Dean et le vrai Dean ne côtoyaient probablement pas du tout les mêmes endroits. Il avait dû être trop long à répondre parce que Dean reprenait déjà les devants.
Phil, vous savez Phil Hathaway des RH, m'a dit qu'il y avait un endroit bien au Skybuilding, le « Firmament des anges » ou quelque chose comme ça. Ca vous va ?
Castiel inclina la tête, toujours silencieux. Il ne savait pas s'il était capable de se comporter en être humain, mais il voulait passer du temps avec Dean. Avec un Dean qui ne lui était pas automatiquement hostile, qui ne l'insultait pas à toutes les phrases, qui était libre du poids des responsabilités et de l'Enfer.
- Vous voulez qu'on s'y rejoigne ?
Rétrospectivement, Castiel sut qu'il lui aurait fallu dire oui, pour passer inaperçu. Il lui aurait ensuite suffit de voler jusque là-bas. Mais devoir jouer un rôle lui seyait mal. Il n'en avait pas l'habitude. Dean fronça les sourcils, avec étonnement, puis sourit.
- Non ? Je vous emmène alors ?
Castiel hésita, puis hocha la tête. Dean sourit et écarta le bras avant de le glisser pendant un instant sur sa taille pour l'entraîner vers le parking. Et Castiel, qui n'y entendait pas grand-chose au jeu de la séduction, ne comprit pas l'importance à accorder à la caresse.
^^ alors, verdict ?