Bienvenus à tous ceux qui liront cette fanfiction ^^ !

Ceci n'est pas mon premier essai à l'exercice, après avoir collaboré avec ma sœur Giaah sur AU FIL DES JOURS, j'avais envie d'écrire ma ff toute seule comme une grande ! Donc si vous aimiez le style d'écriture, vous trouverez le même ici, on ne change pas une équipe qui gagne ^_^ !

Bien que je garde l'univers de Twilight, cette ff est une ALL HUMAN, adieu les pouvoirs surnaturels des vampires et les prises de tête pour trouver des intrigues ! (le don d'Alice est particulièrement pénible à écrire^^)

Je dois vous avertir tout de suite que j'utilise un langage très familier par moment et que du lemon sera à l'ordre du jour dans la suite, donc ne vous étonnez pas si je passe cette histoire dans un Rated M dans le futur ;-)

J'espère que cette histoire vous plaira, je compte sur vos reviews pour me donner vos impressions, c'est très important pour moi !

Enjoy it !!

[L'univers de Twilight appartient à S. Meyer]

Chapitre 1 : Un client pas comme les autres

POV Bella

« Bella ! Ta commande pour la 7 ! » cria Ben depuis les cuisines.

« J'arrive ! » criai-je à mon tour tandis que je posai sur le comptoir les verres vides de la table que je venais de débarrasser.

« Tiens Bella, ton client préféré vient d'arriver… » dit Jessica à coté de moi avec un ton doucereux et ironique. Je tournai instinctivement la tête vers la porte d'entrée du restaurant alors que je savais pertinemment de qui elle parlait. Cet homme avait tout pour plaire, grand, élancé, des cheveux d'une couleur bronze savamment coiffés en bataille, un nez droit, une mâchoire carrée et des yeux verts à vous transpercer l'âme…dommage que tout cela soit gâché par autant d'arrogance et de froideur. Cet homme m'était totalement antipathique.

« Mouai… » soupirai-je en retournant rapidement ma tête, « qu'est-ce qui ne va pas aller aujourd'hui ? » murmurai-je pour moi-même.

« C'est bon, ne te plains pas non plus ! C'est peut être un client chiant mais avec une belle gueule pareille, moi je serais prête à tout pour le satisfaire… » dit-elle en le reluquant du coin de l'œil tandis qu'il venait de s'assoir à sa table habituelle.

« Dis-moi Jess, t'es sérieuse là ?! » chuchotai-je un peu fort.

« Ben euh…oui. » dit-elle en haussant une épaule, à demi-gênée par son aveux. « Me regarde pas comme ça Bella ! Avoue qu'il est somptueux !»

« Tu vois Jess, voilà une énorme différence entre toi et moi, moi j'ai une morale contrairement à toi. » dis-je légèrement dégoutée. Sans attendre sa réplique je m'éloignai d'elle et allai chercher ma commande au passe-plat.

« Je vois que ton 'super copain' est arrivé Bella » me dit Ben depuis les cuisines.

« Ah ah, très drôle Ben ! » répondis-je en lui donnant une autre commande. « C'est loin d'être un copain, c'est plutôt mon cauchemar du jour » dis-je entre mes dents.

« Je peux comprendre…j'aime pas du tout le comportement de ce type. » ajouta-t-il en fixant la salle derrière moi.

« Qu'est-ce tu veux dire ? » demandai-je incrédule.

« Bella, ça fait pas loin d'un an qu'il vient presque tous les midis manger ici, toujours à la même table, pile dans mon champ de vision. J'ai eu le temps de l'étudier, si tu vois ce que je veux dire… » dit-il en hochant la tête perdu dans ses pensées.

« Nan je vois pas, accouche Ben ! » m'énervai-je.

« Il est bizarre…nan mais c'est vrai, déjà on peut pas dire qu'on a énormément de clients en costume trois pièces, c'est un modeste restaurant de poissons et fruits de mer ici, pas un restaurant deux étoiles ! »

« En même temps, il fait ce qu'il veut… » dis-je en plaçant les plats sur mon bras.

« Oui mais il y a autre chose, je sais pas…son regard est fuyant, comme s'il était mal à l'aise. »

« Je suis bien placée pour savoir qu'il a un balai dans le cul ! Un vrai psychorigide ce mec !! » dis-je en m'éloignant.

J'allai porter ma commande à mes clients puis me dirigeai vers le comptoir prendre un menu. Je laissai échapper un petit soupir puis me retournai pour aller à sa table.

« Bonjour » dis-je avec un sourire un peu forcé.

«Bonjour » répondit-il avec froideur en baissant automatiquement les yeux sur ses couverts.

Les progrès ne vont pas être pour aujourd'hui encore !

« Voici le menu, je repasse tout à l'heure prendre votre commande » dis-je mécaniquement. Notre conversation débutait tous les jours de la même façon, inlassablement, sans aucune surprise.

Il va hocher la tête sans me regarder et dire 'd'accord'.

« D'accord » dit-il en hochant la tête sans lever les yeux. Je tournai les talons et partis en direction des cuisines.

Je ne savais pas ce qui m'exaspérait le plus, ses exigences à la 'mord-moi le nœud' ou l'indifférence qu'il me témoignait, j'étais serveuse de restaurant pas une merde non plus ! Je soufflai d'agacement.

« Qu'est-ce qu'il t'a fait encore ? » demanda Ben tout en préparant un plat.

« Rien. C'est justement ça le problème. ». Je mis mes coudes sur le passe-plat et posai mon menton dans mes mains.

« Euh, on parle bien de Monsieur psychorigide là ?! Le mec qui râle tout le temps ? » répondit-il en s'arrêtant de travailler.

« Oui…j'ai l'impression d'être une moins que rien à ses yeux ! Un regard vers moi ça le tuerai pas non plus ! »

« Demande à Mike t'occuper d'une autre table, laisse celle-là à Jess, je suis sûre qu'elle ne demande que ça ! » dit-il en rigolant.

« Tu crois pas que j'ai déjà essayé ?! » dis-je avec sarcasme en haussant les sourcils. « 'Monsieur' ne veut être servie que par moi ! Tu le crois ça ?! A croire qu'il adore me faire chier !! »

« Allez courage Bella ! » dit-il avec un sourire. « Et puis ne vas pas croire qu'il ne te regarde pas, ça fait quatre fois que je le surprends entrain de regarder dans notre direction…peut être que tu l'impressionnes en fait ! » dit-il avec taquinerie.

« Mais dis-moi, t'as plein d'humour aujourd'hui ! J'espère que ça va faire arriver ma commande plus vite ! » dis-je avec sarcasme.

« Elle arrive, elle arrive…tiens bah pourquoi t'irais pas prendre celle de ton admirateur en attendant? ».

Je lui lançai des éclairs avec mes yeux puis fis volte-face. J'avais tourné si rapidement dans sa direction, que je le surpris moi aussi à regarder vers moi. Evidemment, quand il s'en aperçu, il détourna le regard aussi vite.

Tout en avançant, je repensai aux paroles de Ben. Je ne pouvais le nier, il me paraissait un peu bizarre à moi aussi. Mais curieusement, cette bizarrerie dégageait chez lui un coté mystérieux. Il m'irritait au plus haut point et m'intriguait à la fois.

« Vous avez choisi ? » demandai-je en prenant mon calepin et mon stylo sachant très bien que j'allai écrire la même chose qu'y hier et avant-hier.

Il balaya la carte des yeux bien qu'il devait la connaitre par cœur, et comme tous les jours, il hésita plusieurs secondes avant de me répondre « je prendrais le plat du jour », le tout bien sûr, sans un regard.

« Très bien. Vous boirez quoi avec ça ? »

Un verre d'eau gazeuse.

« Un verre d'eau gazeuse » dit-il d'une voix atone.

Lui, au moins, ne parlait pas pour ne rien dire, à croire qu'il avait un quota de mots par jour et qu'il devait économiser la moindre parole pour être sûr qu'il lui en reste à la fin de la journée.

« Je vous apporte ça tout de suite » répondis-je avec un sourire plus que forcé. Il osa un timide coup d'œil vers moi avant de détourner le regard en un éclair.

Voilà un progrès tout compte fait.

Après avoir donné ma commande à Ben, j'allai au comptoir réclamer un verre d'eau gazeuse.

« Alors Bell's, t'as des plans pour ce weekend ?! ».

J'avais oublié mon bouffon de patron, le genre de gars qui a hérité du restaurant de papa et maman et qui se croyait le plus beau parti de Seattle. Il prenait ses employés pour des larbins et jouait au Dom Juan avec les clientes, sans compter le rentre dedans perpétuel auquel j'avais le droit.

« Je ne vois pas en quoi ça te concerne Mike » dis-je avec un ton indifférent. « Merci » dis-je à l'attention du barman en prenant le verre qu'il me tendait.

« Eh bien ça me concerne si tu n'as rien de prévu, tu pourrais venir avec moi voir les Mariners samedi soir » dit-il avec un sourire aguicheur comme s'il s'agissait d'une faveur qu'il m'accordait.

Mais bien sûr, compte là dessus tête d'œuf !

« Trop tard Mike, j'ai mes plans ! » mentis-je.

« Une prochaine fois peut être ? »

« Ouai c'est ça, une prochaine fois… » murmurai-je ironiquement.

Après avoir servi quelques clients et déposé son verre d'eau gazeuse sur sa table, je repartis prendre en cuisine son plat. Prévoyante, je pris en même temps le sel, le poivre, toutes les sauces disponibles, ketchup, moutarde, mayonnaise pour éviter toute réclamation ultérieure.

« Voilà votre plat du jour. Papillote de saumon avec sa julienne de légumes. Bon appétit. » annonçai-je. Il dévisagea son plat et je le vis se raidir presque imperceptiblement. Je repartis aussi sec et allai chercher du pain, je rajoutai quelques morceaux supplémentaires dans la corbeille, car c'était un gros consommateur. Je revins à sa table et posai la corbeille. Il avait pris sa fourchette mais n'avait encore rien touché. Le stress commença à monter en moi.

« Il vous faudra autre chose monsieur ? » demandai-je timidement.

« Non. Merci »

Plus de dix minutes plus tard, je revins pour débarrasser, pour une fois, il ne m'avait pas appelé pour réclamer quelque chose. Le stress était toujours là et je m'en voulais de me mettre dans un état pareil pour un client.

« Tout s'est bien passé monsieur ? ». Question purement mécanique, il n'avait quasiment rien touché de son assiette, il avait mangé à peine quelques légumes et dépiauté un peu son poisson. Comme prévu, sa corbeille de pain était presque vide.

« Oui » répondit-il.

L'expérience m'avait appris à ne pas poser plus de question, sinon je courais droit vers un réquisitoire, et même si aujourd'hui il semblait de meilleure humeur, je ne souhaitais pas prendre le risque.

« Je vous apporte la carte des desserts ». Ce n'était pas une question, il prenait toujours un dessert, et encore une fois, bien qu'il la connaisse par cœur, je l'apportais toujours pour éviter qu'il me la demande.

« Qu'est-ce qui vous ferait plaisir aujourd'hui ? » demandai-je après lui avoir laissé le temps de la réflexion.

« La tarte aux noix de pécan »

« Ok ! » dis-je en prenant la carte. Je n'avais pas fait trois pas qu'il m'interpella.

« Oui ? » demandai-je pas rassurée en me retournant.

« J'ai un client qui m'attend, dépêchez-vous. » dit-il en en me fixant froidement. « S'il vous plait » rajouta-t-il en baissant la voix et en détournant le regard à nouveau.

« Je vais faire mon possible monsieur » dis-je entre mes dents avant de sourire faussement. C'était trop beau pour être vrai, il ne pouvait pas s'empêcher de faire une remarque de ce genre pendant un repas.

Je me dirigeai vers le comptoir et ouvris le réfrigérateur en verre qui se trouvait à coté pour prendre une part de tarte.

« Comment va ton client VIP aujourd'hui ? » demanda Jess tandis que j'aspergeai de chantilly sa part de tarte deux fois plus que la normale.

« Aussi sympathique qu'un ours sorti d'hibernation. » répliquai-je avec sécheresse encore agacée par son comportement avant de repartir.

« Voilà. J'espère avoir été assez rapide. » dis-je en posant avec rudesse sa tarte devant lui.

« Oui. Merci » répondit-il sans lever les yeux et en serrant son poing avec force sur la table.

« L'addition de la 2 s'il te plait Mike » demandai-je une fois au comptoir. S'il voulait partir rapidement et bien je n'allais pas attendre qu'il réfléchisse pour savoir s'il avait envie d'un café ou non, au final, il n'en prenait jamais.

« Je me suis permise de vous préparer l'addition » dis-je en posant la note sur sa table.

« Parfait. Merci. » dit-il avant de prendre une bouchée de sa tarte.

Parfait ?!

Voilà un mot que je n'avais encore jamais entendu sortir de sa bouche, aujourd'hui était un jour à marquer dans les annales.

J'étais entrain de prendre une commande à la quelques tables de là, quand il se leva de table. Je tentai un regard en coin vers lui. Il rangea quelque chose dans la poche intérieure de son costume et je le surpris encore une fois à regarder dans ma direction avant de tourner les talons et de sortir du restaurant après un bref 'au revoir'.

Lorsque j'allai vers sa table pour débarrasser et prendre son paiement, quelque chose d'inhabituel me frappa. Pour la première fois, il n'avait pas payé en liquide mais en chèque. Instinctivement, je le pris entre mes doigts et lus le nom qu'il y avait inscrit dessus.

Edward Cullen.

Edward Cullen. C'est donc toi qui se cache derrière cet homme si mystérieux et si…exaspérant !

Le pourboire qui se trouvait dans la coupelle me rappela pourquoi je m'efforçais de supporter ses manières et ses exigences. Dix dollars, presque autant que le prix de son repas et ce n'était pas une exception avec lui. Je mis le pourboire dans la poche de mon tablier et repris mon service.

*

Je ne travaillais pas ce soir, ce boulot n'était pas un temps plein, ce qui m'arrangeait pleinement car j'étais serveuse dans ce restaurant juste pour m'aider à boucler les fins de mois. Mon rêve était de pouvoir vivre de ma passion, la photographie. Pendant quatre ans j'avais fait des études d'art photographique à l'université de Seattle, mais malgré quelques expositions assez réussies, les ventes de mes photos ne me suffisaient pas pour vivre correctement. Ce travail de serveuse me permettait de payer mon loyer et de manger, et les quelques économies que j'avais partaient toutes dans du matériel photographique.

Après être allée me promener sur le port pour prendre quelques clichés, j'étais rentrée à la maison pour préparer à diner. Vu l'état du frigo, ce soir on aurait le choix entre spaghetti bolognaise et spaghetti bolognaise. J'étais entrain de vider la sauce dans la casserole quand j'entendis la poignée de la porte d'entrée tourner.

« Bella t'es là ? »

« Oui Jazz, dans la cuisine »

« Comment va ma coloc' préférée ? » demanda-t-il en posant ses clés sur le comptoir de la cuisine avant de venir déposer un baiser sur ma joue.

Jasper était bien plus que mon colocataire, c'était mon meilleur ami depuis l'âge de huit ans et mon frère de sang depuis que nous avions mélangé notre sang lors d'un rite sacré lors de notre dixième année. Jasper était arrivé à Forks après que son père ait abandonné sa mère et lui, ne pouvant subvenir aux besoins de son fils décemment, sa mère avaient quitté le Texas avec Jasper et était venue habiter chez la grand-mère de Jasper dans l'état du Washington.

Nous nous étions tout de suite trouvés à l'école, il était le nouveau venu à l'accent sudiste qu'on regardait de travers, et j'étais la fille timide du shérif qui n'avait quasiment pas d'amis. Bien que très proches, notre amitié s'était soudé davantage à la mort accidentelle de mes parents quand j'avais quinze ans. N'ayant aucune famille proche, la mère et la grand-mère de Jasper m'avait accueilli chez elles. En d'autres termes, Jasper était ma seule famille.

« Ça va, et toi ? Tu as passé une bonne journée ? » demandai-je en m'essuyant les mains sur un torchon.

« Pff, rien de trépidant. J'ai passé une bonne partie de ma journée à une inauguration de maison de retraite. On est loin de l'idée que je me faisais du journalisme quand j'étais à la fac… » dit-il avec dépit.

« Jazz je suis sûre qu'un jour tu réussiras à devenir journaliste sportif. Il faut bien commencer par quelque chose, même si cela signifie de devoir couvrir les faits divers dans un journal local… » dis-je avec un sourire d'encouragement.

Il soupira.

« Tiens au fait, je crois que tu vas pouvoir rajouter un couvert, Jacob m'a envoyé un message, il va passer, et le connaissant, il va s'inviter à diner ».

Je levai les yeux au ciel, du Jacob tout craché. Jasper partit prendre sa douche et je sortis les assiettes pour mettre le couvert quand soudain la porte d'entrée s'ouvrit en grand.

« Jacob, merde ! Tu pourrais frapper ! » m'écriai-je.

« Bah quoi ?! » dit-il avec un regard incrédule.

« T'es pas chez toi je te signale ! La politesse veut qu'on annonce son arrivée en général ! » dis-je en faisant comme si je parlais à un enfant.

« Moi aussi je t'aime Bella ». Il prit mes joues entre ses mains et plaqua ses lèvres contre les miennes.

« Tu fais chier Jacob ! J'ai horreur quand tu fais ça ! » dis-je après avoir réussi à me libérer avant d'essuyer ma bouche avec le dos de ma main.

« Mais je sais bien, c'est bien pour ça que je le fais ! » dit-il en me faisant un clin d'œil.

« Ouai ben va plutôt tenter ta chance avec Jasper ! »

« Chérie, ça fait des années que j'essaye ! Mais je ne désespère pas d'arriver à lui faire virer sa cuti ! ». Je ris et donnai un coup dans son épaule.

« Ne perds pas ton temps Jacob, Jasper est hétéro jusqu'au bout des ongles, lui. »

« Dommage, il représente l'homme idéal pour moi… » dit-il pensif.

« Il y a déjà pas mal de mecs séduisants homos qui sont inaccessibles pour des filles comme moi, alors viens pas en plus pervertir nos hétéros ! » ris-je.

« Salut beau gosse ! » dit Jasper en sortant de sa chambre.

« Salut beau blond ! » répondit celui-ci en lui faisant une œillade. Puis il se tourna vers moi et montra Jasper avec son pouce disant silencieusement 'qu'est-ce que je t'avais dit' avec ses lèvres.

Jasper et moi connaissions Jacob depuis le lycée, il vivait dans la réserve non loin de Forks avec son père et ses sœurs, mais à l'âge de l'adolescence il avait demandé à intégrer le lycée public de Forks, ne se sentant plus à l'aise au lycée de la réserve. Il avait sympathisé avec nous et j'étais même sortie quelques temps avec lui en terminale, mais ça n'avait pas marché, et pour cause, Jacob s'était rendu compte qu'il préférait les garçons aux filles. Depuis ce jour là, il voyait Jasper différemment, et tout le monde savait qu'il avait un faible pour lui. Plutôt que de s'en offusquer, Jasper en riait et le taquinait en faisant mine de répondre à ses avances, c'était devenu une sorte de jeu entre eux.

L'homosexualité de Jacob n'était pas très bien perçue dans la réserve, du coup, quand Jasper et moi étions venus à Seattle pour nos études, il nous avait rejoint et trouvé un boulot de mécanicien dans un garage du coin. Son appartement se trouvait non loin de là, et lorsqu'il n'était pas en charmante compagnie, il était toujours fourré chez nous.

« Qu'est-ce t'as fait de bon à manger Bella ? » demanda-t-il en s'installant à table.

« Spaghetti bolognaise »

« Encore ?! » s'écria-t-il.

« Eh 'monsieur-je-m'inscrute-à-diner', si tu venais pas ramener ton estomac ici tous les deux jours, le frigo serait encore fourni ! » m'énervai-je gentiment.

« Elle a pas tort Jacob » dit Jasper avant d'engouffrer une grosse bouchée de pâtes dans sa bouche. Jacob haussa ses épaules et fit de même. Ils en avaient tellement dans leurs bouches qu'on aurait deux hamsters avec de la sauce tomate partout autour des lèvres.

« Vous êtes dégueulasses les mecs !! » dis-je avec dégoût en les regardant à tour de rôle. « Vous avez encore fait un pari tous les deux ou quoi ? »

« ilyamatch »

« matchàlatélé »

« Quoi ???!! Ça vous tuerait de ne pas parler la bouche pleine ?! » dis-je avec agacement.

« Il y a un match de baseball sur le câble qui va commencer » dit Jasper après avoir avalé péniblement.

« De vrais gamins… » murmurai-je pour moi-même avant de manger à mon tour.

Trois minutes plus tard, ils avaient englouti leurs pâtes et étaient sur le point de se lever de table pour aller dans le canapé.

« Hep, hep, hep !! Vous allez où comme ça ? Vous croyez peut être que sous prétexte que votre match commence, je vais débarrasser vos assiettes ? Vous rêvez ! » dis-je en riant.

« On fera ça à la pub Bella. » dit Jasper.

« Sûrement pas, je vous connais trop vous deux ! »

« Bella, relax ! » dit Jacob.

« Quoi ? Vous êtes encore devant moi à parlementer là ? Je vous signale que plus vous batailler, plus vous perdez des précieuses secondes devant votre match »

Sans plus râler, ils prirent leurs couverts et leurs assiettes et se précipitèrent jusqu'à l'évier avant de courir au salon et sauter par dessus le canapé et s'y installer confortablement.

Sachant très bien que personne ne ferait la vaisselle si je ne me dévouais pas, je me dirigeai vers l'évier et retroussai mes manches. Une fois la corvée terminée, je pris trois bouteilles de bière dans le réfrigérateur et rejoins les garçons.

« Tenez les gars » dis-je en tendant une bouteille à chacun.

« T'es une mère pour nous Bella ! » dit Jacob.

« Qu'est-ce que je ferais pas pour vous… » soupirai-je, « Faites une place à votre mère ! » ajoutai-je tandis qu'ils s'écartaient de chaque coté du canapé pour me laisser le milieu.

Jasper était un fondu de sport et s'était abonné au câble rien que pour regarder les chaines sportives. Il en faisait depuis tout jeune, ce qui était un exutoire au début était devenu une véritable passion. Il avait été capitaine de football au lycée, et avait même tapé dans l'œil d'un recruteur à l'université. Mais son rêve n'était pas de devenir une star du football, il voulait simplement être journaliste sportif pour couvrir tous les événements majeurs de différentes disciplines, et il avait refusé cette offre pour se concentrer sur ses études. Je me demandais parfois s'il regrettait sa décision étant donné qu'il avait tant de mal à intégrer un journal sportif aujourd'hui et qu'il devait se contenter d'un poste de chroniqueur de faits divers dans un petit journal local.

Sentant la fatigue s'immiscer en moi, je m'étendis sur le canapé et posai mes jambes sur les genoux de Jacob et ma tête sur ceux de Jasper. J'avais appris à aimer le sport avec Jasper mais je n'étais pas aussi acharnée que lui et il m'arrivait souvent de m'endormir dans cette position quand la concentration s'évanouissait.

« Fatiguée Bee ? » demanda doucement Jasper en caressant mon front.

« Un peu… »

« Dure journée ? »

« Ton super client était là aujourd'hui ? » ajouta Jacob en riant.

« Comme presque tous les midis. »

« Il t'a fait un scandale? »

« Nan Jasper, il a été à peu près potable aujourd'hui. Il a payé en chèque pour la première fois, je sais enfin comment il s'appelle. »

« Et ? » m'encouragea Jacob.

« Il s'appelle Edward Cullen. »

« Ça me dit rien. » répondit-il.

« Moi non plus, mais je peux essayer de trouver des infos si tu veux. » dit Jasper.

« Merci Jazz mais je ne vois pas en quoi ça peut m'intéresser. C'est un client c'est tout. »

« Comme tu veux. » murmura-t-il tout en continuant de caresser mes cheveux.

« Au fait, je ne travaille pas demain, vous avez quelque chose de prévu demain soir ? » demandai-je.

« Ouaip ! Demain soir ma belle, j'ai réussis à décrocher une invitation pour The Elite. » dit Jacob avec fierté.

« Un club gay ? » demandai-je étonnée.

« Nan chérie, THE club gay, le club où tout gay qui se respecte doit aller au moins une fois dans sa vie ! »

« Jacob, je savais pas que t'aimais aller dans ce genre de boîte ! »

« Mais il y a beaucoup de choses que tu ignores sur moi ! »

« Erreur ! Je te connais par cœur, je connais tout de toi, sauf les détails de ta vie sexuelle. Et Dieu merci, je suis contente de rester ignorante la dessus !! » m'écriai-je en riant suivie de près par Jasper.

« Viens avec moi Bella si tu veux, avec une mini jupe et des talons aiguilles, on pourra peut être te laisser rentrer avec moi »

« Mais bien sûr Jake ! C'est tout à fait mon genre ! » ris-je de plus belle. « Et toi Jazz, t'as des plans ? » dis-je après avoir repris mon sérieux. Je le sentis s'agiter sous moi et il cessa un instant de caresser mes cheveux. « Jasper ? »

« Hum…oui, j'ai des plans » répondit-il avec gêne.

« Crache le morceau ! Avec qui ? Où ? Quand ? » le pressai-je avec un sourire.

« C'est pas important… ». Tout ce qu'il ne fallait pas dire. Je me redressai et vrillai mon regard dans ses yeux bleus.

« Jazz, t'en as trop dit ou pas assez… » l'avertis-je. Il souffla et ferma ses yeux.

« Maria m'a appelé. »

« Quoi ?! Encore cette fille ? Merde Jasper !! C'est une cinglée cette nana, je croyais que t'avais rompu avec elle ! » m'exclamai-je.

« Je sais Bella, mais j'ai pas pu… » dit-il penaud.

« T'es trop gentil Jazz ! Elle profite de toi, elle se sert de toi, t'exhibes comme un trophée et te fais des coups foireux par derrière !!! » m'énervai-je.

« Calme-toi Bee ! Je le sais tout ça, et ça m'énerve autant que toi ! »

« Ben alors ?! Qu'est-ce t'attends pour la larguer cette…cette…pétasse ! » lâchai-je avec dédain.

« Elle sait y faire… »

« Ce qui veut dire ? »

« Elle trouve toujours les bons arguments pour me retenir. »

« Oui bien sûr et bientôt elle va te faire du chantage au suicide aussi ! ». Il leva les yeux vers moi et ne dit rien. « C'est ça ?! Elle te fait du chantage au suicide ? Nan mais dites-moi que je rêve !!! Je ne peux pas laisser passer ça ! » me récriai-je.

« Tu ne feras rien Bella. Ça me regarde, c'est mon problème. » dit-il froidement.

« Démerde-toi alors ! » dis-je en me levant, « moi je vais me coucher. Bonne nuit les gars » ajoutai-je avec sécheresse.

« Bella… » dit Jasper avec excuse. Je me retournai une dernière fois.

« Nan Jazz, cette fille est tarée et elle ne te mérite pas. T'es trop gentil et tu sais ce qu'on dit 'trop bon, trop con'. Ta bonté te perdra Jasper. ». Sans attendre de réponse je partis dans ma chambre et fermai la porte un peu brusquement.

Jasper avait toujours eu du succès auprès des filles, il faut dire qu'il avait tout pour lui, il était plus que séduisant, un corps de rêve dû à sa pratique intensive de sport, une gentillesse inouïe et un profond respect pour les femmes. Jasper avait été élevé dans un milieu féminin, sa mère et sa grand-mère lui avait appris comment un homme devait se comporter avec les femmes et tout ce qu'il y avait à savoir sur elles. Du coup, Jasper ne voyait pas les femmes comme des objets sexuels et n'avait jamais eu d'aventures d'un soir, il ne concevait pas de faire l'amour avec une fille s'il n'était pas dans une relation sérieuse. Bref, le mec bien sous tout rapport et le gendre idéal.

Seulement avec Maria, son éducation s'était retournée contre lui. Elle l'avait séduite et une fois qu'il avait mordu à l'hameçon, elle avait tiré sur la ligne au point de le recueillir dans sa main. Elle savait que Jasper n'oserait jamais la plaquer et se servait de ça pour en faire ce qu'elle voulait. Elle nourrissait une jalousie hors du commun et était allée jusqu'à exiger de Jasper qu'il parte habiter ailleurs pour ne plus jamais me revoir ! Jasper n'avait évidemment pas cédé mais elle lui avait fait subir une vie d'enfer après ça.

Maria était un sujet de dispute récurrent entre nous. Je savais qu'il n'en pouvait plus avec cette fille et je voulais l'aider, mais il ne voulait pas que j'interfère, il avait peur que j'empire la situation et il n'avait peut être pas tort. Mais ce soir c'était le bouquet ! Si cette folle en était arrivée à lui faire du chantage au suicide, il n'y avait plus rien d'anodin, c'était du harcèlement et je ne pouvais pas rester là à regarder ça sans agir. Malheureusement, je ne voyais pas ce que je pouvais faire dans l'immédiat et décidai de faire confiance à Jasper et d'attendre encore un peu.

Le lendemain matin, Jasper était déjà entrain de déjeuner quand je sortis de ma chambre.

« 'jour » dis-je encore ensommeillée.

« Bonjour. Bien dormi ? » demanda-t-il avec un sourire.

« Ça va… » dis-je en réfléchissant.

« On ne peut pas en dire autant de Cullen. » ria-t-il en trempant une tartine dans son café.

« Pourquoi tu dis ça ? » demandai-je étonnée par ses propos.

« Tu as parlé dans ton sommeil. Non pardon, tu as crié dans ton sommeil, tous les voisins ont dû t'entendre. Jacob n'était pas encore parti quand tu as commencé à dire à Cullen ses quatre vérités, on a bien rigolé. Il ne devait pas en mener large dans ton rêve !! » finit-il hilare.

« Ok c'est bon, reprends-toi » dis-je agacée par son hilarité. « Qu'est-ce que j'ai dit ? » maugréai-je en prenant une tasse de café.

« Hum…tu lui as dit je cite 'et vous avec votre balai dans le cul, je vous signale que je ne suis pas une merde !!' ou encore 'prenez votre costume Hugo Boss et votre belle gueule de BCBG et cassez-vous de ce resto !' » récita-t-il en prenant une voix aiguë. « Enfin, ça, ce n'était qu'un petit aperçu, je ne me souviens plus de tout. C'est vrai qu'il a une belle gueule ? » demanda-t-il ensuite sans se départir de son sourire en coin.

Je sentis la chaleur se propager dans mes joues et tournai le dos à Jasper, faisant mine de chercher quelque chose dans les placards.

« Tu rougis Bella ?! Je te connais par cœur, pas la peine de te cacher ! » pouffa-t-il.

« T'as gagné… » dis-je en me retournant pour le regarder. « Il est pas mal. »

« Pas mal ? » dit-il en haussant les sourcils.

« Ok, il est très séduisant, un vrai canon. » avouai-je avec un sourire qui s'étirait aux coins des lèvres.

« Tu craques ! »

« Eh ! Ne t'emballe pas ! Sa connerie et ses manières hautaines l'emportent sur sa beauté malheureusement, ça reste quelqu'un d'exécrable avant tout ! »

La journée s'écoula paisiblement, le matin, Jasper et moi étions allés au drugstore du coin faire les courses, puis l'après-midi, j'étais allée profiter de la fin du printemps pour faire quelques photos. La soirée avait été un peu plus morose, Jasper était parti retrouver Maria et bien que nous n'avions pas remis la discussion sur le tapis, la tension à son sujet était toujours présente entre nous deux.

N'ayant personne pour passer la soirée, je décidai de rester trainer devant la télévision à regarder des dvd et de grignoter les trucs les plus caloriques que j'avais à ma disposition.

A part Jasper et Jacob, la seule amie que j'avais était Angela, nous nous étions rencontré à l'école d'art et partagions la même passion pour la photo. Angela n'avait pas les mêmes ambitions que moi, elle avait une petite boutique de développement photo et faisait des portraits ou couvrait des événements familiaux comme les mariages et les bar-mitsvah. Elle était en couple depuis longtemps avec Ben, c'était d'ailleurs grâce à lui que j'avais eu ce boulot au restaurant.

M'ennuyant devant la TV, je décidai d'appeler Angela pour discuter, aussi, j'attrapai le téléphone et fis le numéro.

« Bonjour, vous êtes bien chez Ben et Angela, nous ne sommes pas là pour le moment, mais laissez-nous un message, nous nous ferons un plaisir de vous rappeler ! »

Certains ont une vie sociale au moins, je dois être la seule à passer un samedi soir à lambiner en pyjama devant un dvd d'une comédie romantique très guimauve.

Je me levai du canapé et commençai à errer dans le salon en quête d'une occupation plus intéressante. Je me dirigeai vers l'étagère qui faisait office de bibliothèque, je soupirai en lisant les titres des livres. La moitié était les miens et que je connaissais par cœur, l'autre moitié était à Jasper et ne parlait que de sport, 'l'encyclopédie du football américain du XXème siècle', 'les plus beaux matchs de baseball' ou encore 'tout ce qu'il faut savoir sur le mountain biking', bref, que des choses captivantes pour un samedi soir.

Je m'assis devant l'ordinateur qui se trouvait à coté de la bibliothèque et commençai à vagabonder sur internet sans but précis. Si mon compte en banque n'était pas aussi limité, j'aurais dévalisé les sites d'achat en ligne et remplis les placards de cuisine avec des gadgets les plus extravagants les uns que les autres. Ne sachant plus trop quoi chercher, je m'adossai à la chaise et passai mes mains dans mes cheveux, puis soupirai.

Bien, et maintenant Bella ? Tu as d'autres recherches à faire ? Tu ferais mieux d'aller au lit.

Il est à peine dix heures, pour le coup je serais pathétique si j'allais dormir maintenant. Il y a bien quelque chose que je pourrais chercher…

Non pas ça. Je m'en fiche, je ne vois pas en quoi ça m'intéresserait.

Oui mais d'un autre coté, j'en meurs d'envie…et puis peut être que ça pourrait m'aider à comprendre pourquoi il est comme ça…

Foutaises ! Des prétextes, oui !

Je ne répondis pas à mon moi intérieur et tapai rapidement sur le clavier.

Edward Cullen.

Sans le vouloir, mon cœur s'était mit à battre plus vite pendant que la page se chargeait. Je ne savais pas si je voulais trouver quelque chose ou au contraire ne rien trouver du tout.

Ce que je découvris me laissa pantoise.

'Société Edward Cullen – Courtage financier pour entreprise'

Juste un numéro de téléphone et une adresse, rien de plus. Finalement je n'étais pas plus avancée, il avait une société qui ne demandait trois fois rien en publicité ! Je fis quelques recherches pour savoir en quoi consistait son activité, mais le milieu de la finance restait une énigme pour moi et je ne comprenais pas grand-chose. Contrairement à ce que j'aurais imaginé, apprendre quelque chose sur lui n'avait pas levé une partie du mystère, au contraire cela l'avait renforcé ce qui eut le don de m'agacer.

Même quand il n'est pas là, il m'irrite !

En fin de compte, je décidai d'aller m'apaiser dans mon lit avec un bon livre et attendre que le sommeil m'emporte.

*

« Bonjour Bella » dit Ben quand j'arrivai au restaurant lundi pour le service du midi.

« Salut Ben, bon weekend ? » demandai-je

« Ouai pas mal et toi ? »

« Ennuyeux » dis-je avec un sourire.

« Ah il faut que tu sortes plus Bella ! » dit-il.

« Mais qu'est-ce que j'entends là ?! Tu sais qu'avec moi tu n'aurais pas le temps de t'ennuyer ma belle ! » dit Mike avec un ton aguicheur en passant son bras autour ma taille. Je le regardai en faisant un sourire forcé et tentai d'enlever sa main sur ma hanche, mais il m'agrippa fermement et m'attira encore plus contre lui.

« Mike, même après une lobotomie je n'irais pas dans ton lit, je préférerais plutôt finir nonne dans un monastère orthodoxe du Caucase. » susurrai-je à son oreille pour que lui seul entende. Il lâcha sa prise avec un regard mauvais et repartit vaquer à ses occupations.

Quand je me retournai, je croisai le regard menaçant de Jessica. Elle était loin d'être une amie, nous entretenions juste des relations cordiales dans le cadre du boulot. Je savais qu'elle avait des vues sur Mike et ne supportait pas de le voir me faire des avances. Or s'il y avait un homme sur terre qui me répugnait, c'était bien Mike Newton. Ce petit parvenu agissait comme un harceleur de première avec moi, et plusieurs fois j'avais été à deux doigts que claquer la porte de son foutu restaurant.

Le début du service commença dans une ambiance lourde, Mike n'arrêtait pas de me faire des remarques sur mon travail et Jessica avait décidé de ne pas m'aider du tout si ce n'était de me lancer des éclairs foudroyants avec ses yeux. Par conséquent, j'avais moi aussi les nerfs en pelote, ce qui ne s'arrangea pas quand 'Monsieur psychorigide' arriva. Apparemment, lui aussi était nerveux, il n'arrêtait pas de passer ses mains dans ses cheveux, sa jambe avait la tremblote sous la table et sa mâchoire était crispée. Non pardon, ça ce n'était pas anormal, il avait toujours la mâchoire crispée.

Notre rituel commença comme à l'accoutumée, l'éternel 'bonjour', la remise du menu et la prise de commande du plat du jour, le tout avec un ton encore plus tranchant que d'habitude. Décidément, tout le monde avait un mauvais karma aujourd'hui, et je n'étais pas non plus à prendre avec des pincettes.

Pour arranger tout ça, le lundi était le jour de la semaine où il y avait le plus de monde et je devais presque courir entre les tables et la cuisine pour faire vite.

« S'il vous plait ! » me héla-t-il alors que je passai près de lui.

« Oui ? »

« Je n'ai toujours pas eu mon verre d'eau gazeuse » dit-il froidement en dépliant sa serviette sur ses genoux.

Merde ! On n'a pas le droit de prendre deux minutes pour servir les autres clients avec lui ! Est-ce que les gars de la finance étaient tous comme ça ou quoi ?!

« Euh oui pardon, je vais le chercher tout de suite monsieur » dis-je entre mes dents avant de repartir d'un pas précipité vers les cuisines.

« Une eau gazeuse s'il vous plait ! » m'écriai-je en passant devant le bar.

« Eh ben ça chôme pas aujourd'hui ! » dit Ben.

« M'en parle pas ! » soufflai-je en posant les assiettes que je venais de débarrasser.

Je fis demi-tour et passai par le bar pour prendre le verre qui m'attendait.

« Voilà monsieur. » dis-je avec une politesse feinte.

Il hocha simplement la tête en regardant droit devant lui puis passa nerveusement sa main sur sa nuque.

J'avais à peine fait quelques pas qu'il m'interpela à nouveau.

« Ouiii ?! » dis-je avec un agacement non dissimulé cette fois, mon calme venait d'atteindre sa limite.

« Vous êtes sourde ou quoi ? J'avais demandé un verre d'eau gazeuse ! Pas de l'eau plate ! » siffla-t-il.

Le rouge me monta instantanément aux joues, mais ce n'était pas de la gêne cette fois, c'était de la colère, et cette colère avait été trop longtemps enfouie. Ma raison me disait de me rabaisser et de faire profil bas, mais mon cœur avait envie d'exploser. Je jetai un coup d'œil derrière moi et vis Mike avec un petit sourire suffisant entrain d'essuyer un verre au comptoir, c'était ce fumier qui avait servi de l'eau plate !

C'en était trop.

« Excusez-moi monsieur ? Ai-je été impolie avec vous ? Vous ai-je manqué de respect ne serait-ce qu'une seule fois ?! » m'écriai-je en posant mes mains sur mes hanches. Pour la première aujourd'hui, il daigna lever les yeux et fixer son regard dans le mien.

« Euh…non » dit-il avec beaucoup moins d'assurance. Je sentais qu'il voulait détourner le regard encore une fois mais ne fit rien, comme s'il était happé par le mien.

« C'est bien ce qu'il me semblait aussi, alors pourquoi n'en faites-vous pas autant ?!! Je le sais très bien que vous prenez un verre d'eau gazeuse, vous prenez toujours un verre d'eau gazeuse ! Comme vous demandez toujours un plat du jour, ou prenez toujours un dessert ! Vous êtes si prévisible ! » m'énervai-je, maintenant que les vannes étaient ouvertes, peu importe ce que j'encourais, il fallait que ça sorte. « Dites-moi, vous êtes pareil dans tous les restaurants ou c'est seulement ici, juste pour me faire chier ?!! »

« Bella !! » cria Mike, « ça suffit maintenant ! Tu présentes tes excuses au client ou sinon je devrais- »

« Tu devras quoi Mike ?! Me virer ??! » l'interrompis-je. « Ne te donne pas cette peine, va ! Ça fait un moment que j'aurais dû me tirer d'ici ! » me récriai-je en dénouant mon tablier sans me soucier du spectacle que j'offrais. « J'en ai ma claque, je démissionne ! » dis-je en jetant mon tablier par terre avec colère avant d'aller chercher mon sac à main dans la réserve. Quand je ressortis pour quitter le restaurant, Cullen s'était levé et venait dans ma direction.

« Excusez-moi, je ne voulais pas- » commença-t-il sur un ton neutre.

« Oh non, non, non ! Pas vous ! Vous êtes la dernière personne à qui j'ai envie de parler voyez-vous ! Mais merci pour tout !! » dis-je ironiquement en tendant un bras vers lui pour l'inciter à garder ses distances tandis que je me dirigeai vers la porte.

Évidemment, il faisait un temps de chien et la pluie tombait tellement fort que l'on ne voyait pas à cinq mètres. Sans prendre la peine d'enfiler ma veste, j'ouvris la porte violemment et sortis sous les trombes d'eau.

« Bella ! Attendez ! » cria une voix derrière moi.

J'étais tellement remontée que je ne me retournai pas pour regarder qui m'appelait et descendis du trottoir pour franchir la route. Je n'avais pas fait trois pas, qu'on m'interpella à nouveau.

« Bella ! Excusez-moi ! »

Edward Cullen, sans aucun doute. Mais qu'est-ce qu'il voulait à la fin ??! Je tournai la tête pour confirmer mes soupçons.

« Attention !!!! BELLA !! » hurla-t-il avec des yeux écarquillés.

J'eus tout juste le temps de regarder en face de moi, mais il était trop tard, une voiture me percuta de plein fouet.

Ce fut le trou noir.


Bien, bien, bien…Alors ce début ? Le décor vous plait ? L'histoire va se mettre réellement en place dans le prochain chapitre, vous verrez.

Ah oui, j'oubliais ! Mon coté sadique est toujours bien présent, donc attendez-vous à des fins de chapitres un peu…comment dire… 'agaçants' ^^

J'attends vos avis avec impatience (et avec stress !) !!!