Disclamer: J'ai bien tenté de braquer le studio d'Ohba et Obata, mais allez savoir pourquoi ils ont encore refusé de me vendre Ryuzaki et Raito...
Rated: K+
Pairing: Ryuzaki x Raito
Il était tard quand Raito se décida enfin à franchir le seuil de la porte. Cette fameuse porte qui lui faisait de l'œil depuis si longtemps. Elle s'amusait à le narguer, grinçant à son passage comme pour l'appeler. « Ouvre-moi. Je sais que tu le veux. Admet ta défaite et viens….» Il avait toujours détourné le regard lorsqu'il passait à proximité. Mais pas cette fois. Pourquoi ? Peut être parce qu'il avait enfin ouvert les yeux. Il s'était enfin rendu compte que quoi qu'il fasse, il avait perdu. Car comment aurait il pu continuer ainsi ? Le jeu était terminé, il le savait bien. Brusque retour à la réalité. « Echec et Mat ». Et à présent, il était temps de déclarer forfait, de tout avouer. Le chemin de la rédemption est ardu, mais il était décidé à l'emprunter. Voilà comment il s'était retrouvé là, les bras balans devant cette fichue porte, à attendre que quelqu'un daigne bien lui ouvrir.
« Mais qu'est ce qu'il fait ? » grogna t'il.
Dans un geste d'irritation, il tambourina de plus belle. Car malgré son abattement, il restait très attaché à sa fierté. Déclarer forfait ainsi, et devant LUI en plus, lui coutait énormément. Une voix familière parvint alors à ses oreilles. Une voix calme et sûre d'elle.
« C'est ouvert. Entre »
Raito hésita quelques instants, puis posa sa main sur la poignée. Doigt après doigt. Le contact du métal froid sur sa peau le fit frissonner, comme si chacun de ses mouvements lui rappelait ce qu'il faisait là. Après tout, il pouvait encore le tuer. Là n'était pas le problème. Sa souffrance était ailleurs. Car supprimer cette personne reviendrait à se poignarder lui-même en plein cœur... Cette sensation… ce sentiment le torturait, jour et nuit. Il avait pourtant tout tenté pour échapper à son emprise. Mais cette idiote de Misa était bien trop gourde pour pouvoir lui faire oublier. Aucune distraction, aucune compagnie même des plus charmantes n'ont su apaiser son mal. Même le sommeil s'avérait être inefficace. Car oui, même dans ses rêves, il était là. Doucement, Raito tourna la poignée jusqu'à entendre le « clac » sonore annonçant la fin de son règne. Ca y est, il était entré. Plus moyen de reculer maintenant. Pourtant dieu sait s'il en avait envie. Ses jambes semblaient prêtes à se dérober sous lui à chaque instant et ses mains négligemment glissées dans les poches de son jean étaient soudainement devenues moites. Il fit le tour de la pièce d'un coup d'œil rapide. La décoration était plutôt sobre, d'un assez bon goût. Il ne lui aurait pas déplut de vivre ici. Ca et là trainaient quelques livres en cour de lecture, accompagnés des fiches de notes qui leur étaient associées. S'avançant un peu plus, il soupira à la vue de la table croulant sous les friandises et diverses sucreries.
« Egal à lui-même » pensa t'il.
Un craquement sec attira son attention sur sa droite. Tournant nerveusement la tête, il s'apprêtait à râler quand il le vit. Ses yeux s'agrandirent, sa gorge devint sèche tant et si bien qu'il eu du mal à déglutir. Son ange était là, accroupit sur son fauteuil comme à son habitude. Tournant les pages de son livre du bout des doigts, croquant dans une tablette de chocolat. Il y allait petit bout par petit bout, petite bouchée par petite bouchée, sans se presser. Ses yeux délicatement soulignés de noir glissaient sur les pages du livre, enregistrant les moindres détails de son contenu. Raito dû faire un énorme effort pour ne pas se laisser tomber à terre. Il aurait pu rester là des heures, à le regarder faire, à apprendre chacune des ses manies par cœur. Il était d'une beauté à couper le souffle. Du souffle ? Cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait plus. Il sentit soudain tout son courage s'évaporer. Ce bel élan qui l'avait poussé jusqu'ici, dans la chambre de celui qui causerait sa perte s'était évanouit d'un seul coup. Etait-il encore capable de lui dire? En avait il seulement l'envie ? Car dès l'instant où il aurait avoué, il ne le reverrait plus il le savait. Jamais rien ne serait plus comme avant. Au mieux il ne lui adresserait plus la parole. Au pire il s'en irait. De toute façon, ces aveux le conduiraient à la potence. Ne plus le voir, ne plus entendre sa voix, l'âpre odeur de son absence, y avait il pire cauchemar ?
« Allons reprend toi ! »
Raito se gifla intérieurement, cherchant au plus profond de lui-même un nouveau soupçon de courage. Même rien qu'un peu. Juste de quoi soutenir le regard inquisiteur de Ryuzaki.
« Alors ? De quoi voulais-tu me parler ? »
Au son de cette voix si claire et si profonde à la fois, Raito tressaillit. Ses dernières défenses venaient de céder. Il lui était impossible d'avouer. Echec et Mat. C'était pourtant si simple à dire. Il s'était si souvent entrainé seul devant son miroir. Comme une marionnette il psalmodiait cette maudite phrase qui déciderait de son avenir. « Je suis Kira, j'ai perdu. » Et à présent que le moment était venu les mots refusaient de sortir, se bloquant dans sa gorge jusqu'à ce qu'il suffoque.
« Raito-kun ? »
Raito frissona de plus belle. Ce simple mot lui faisait l'effet d'une décharge électrique partant du bas de son corps jusqu'à la pointe de ses cheveux.
« Ca ne va pas…. » pensa t'il.
« Pourquoi est ce que je réagis comme ça ? Ce n'est pourtant pas la première fois qu'il prononce mon nom bon sang ! »
Non ce n'était pas la première fois. Mais les autres fois, il n'avait pas conscience de ce sentiment. Dans un effort titanesque il releva les yeux, soutenant le regard de son ange, plongeant dans l'abysse de ces iris si chères à son cœur. Il fut soudain pris de vertige. Ces grands yeux noirs l'aspiraient. Il se sentait perdre pied, sa conscience et sa raison lui échappaient chaque seconde un peu plus pour aller se noyer dans les profondeurs de la folie. Je t'aime. Cette rengaine raisonnait dans sa tête, ricochant contre les parois de son crâne, écorchant chaque seconde un peu plus les restes de son esprit. Sa fierté ? Qu'est ce que c'était déjà ? Il lui en restait un vague souvenir, frêle mélodie engloutie dans les profondeurs du chaos de son âme. Je t'aime. Le silence s'éternisait. Ryuzaki attendait un signe, un mot qu'il était incapable de lui donner. Ses pensées étaient comme figées sur place, gelées dans cet instant d'éternité. Tout le sang stocké dans son cerveau était partit faire un tour dans ses joue et comptait bien y rester.
« Raito-kun ? Ca ne va pas ? » s'inquiéta Ryuzaki en lui tendant une tartine du bout des doigts.
« Tu es malade ? »
Devant l'inertie de ce dernier, il se leva, s'approchant de lui d'un pas fluide. Cette démarche là, Raito la connaissait par cœur. Il l'avait souvent observé au QG. L'ayant d'abord trouvé grotesque et excentrique, il s'était souvent surpris à guetter le moment où Ryuzaki se lèverait.
« Impossible » pensa t'il
Raito sourit pour lui-même.
« Je ne peux pas lui dire… »
Il s'était résigné à admettre sa défaite. Il en ressentait la brulure. Il était même prêt à admettre la mort. Mais pas la perte de son ange. Ca jamais ! Et bien tant pis. Puisque pour être avec lui il fallait que Kira existe, il ferait tout pour que cela continue.
« Ryuzaki… »
A l'appel de son nom, le dit Ryuzaki quitta sa tablette de chocolat des yeux. Raito n'était donc pas devenu muet. Cependant s'il pouvait parler, il n'en restait pas moins d'une couleur rouge vif.
« Je…enfin… j'aimerais… »
Le détective fronça les sourcils. Il n'était pas dans les habitudes de Yagami Raito de bégayer ainsi.
« J'aimerais participer plus à l'enquête…. »
Raito de mordit la lèvre inférieure. C'était tout ce qu'il avait trouvé à lui dire ? Question crédibilité, il devrait repasser… Il était trop tard pour reculer de toute façon… Il continua donc sur sa lancée.
«Je sais que tu me soupçonnes d'être Kira lui-même et que c'est pour cela que tu ne m'assignes que des tâches superficielles mais… »
Il marqua un temps avant de reprendre.
«J'aimerais en faire plus. Enquêter au même niveau que vous ! Je pourrais te prouver que je ne suis pas Kira si tu… si tu me laisses enquêter avec toi… »
Les derniers mots qu'il avait prononcés lui firent l'effet d'une bombe thermique. Il se sentit devenir plus rouge que jamais.
« Merde ! » pensa t'il, mal à l'aise.