Situation : La fic se situe durant le Traité de Paris de 1763, traité qui mit fin à la guerre de Sept Ans qui opposa la France à l'Angleterre. En échange d'une paix entre les deux pays, la France doit donner le Canada à l'Angleterre. En version Hetalia, cela aurait pu donner une partage de garde d'enfants entre parents divorcés.

Disclaimer : Le manga et ses personnages sont de la propriété de leur auteur, Hidekaz Himaruya.


Il avait perdu. L'avocat s'était déjà retiré, ne voulant pas rester davantage sous l'emprise de la honte de ne pas avoir sauvé son client. Francis n'avait pas bougé depuis que le jugement était tombé. Il avait déjà perdu la guerre, courbé l'échine devant Arthur. Et voilà que celui-ci lui retirait ce qu'il y avait de plus précieux, sans le moindre scrupule. Il avait déjà perdu des dizaines de fois contre le britannique, il s'y était même habitué se disant que c'était de cette façon que, de l'autre côté de la Manche, on exprimait son affection envers quelqu'un. Mais ce qu'Arthur venait de commettre, jamais il ne pourrait lui pardonner. S'il lui avait arraché le coeur pour le piétiner sous sa botte, sa douleur aurait été bien plus supportable.

Il ne devait pas pleurer, pas devant ce britannique qui en profiterait pour se moquer de sa faiblesse. Mais lui au moins il avait des sentiments ! Lui il savait ce que c'était que d'aimer, et la douleur que pouvait provoquer une séparation. Refoulant ses larmes Francis se tourna vers ce petit être qui lui manquait déjà. Le garçon le fixait de ses immenses yeux bleus, ne comprenant pas la tragédie qui venait de se jouer. Dire qu'il ne verrait plus ce regard plein de naïveté se poser sur lui, qu'il n'apercevrait plus ce visage sourire, barbouillé de crème quand il essayait de lui apprendre la cuisine. C'était si cruel de lui retirer cet enfant de sa vie.

- Matthew, on rentre à la maison.

Le ton d'Arthur sonnait comme un ordre. Alfred accroché à une de ses mains, il tendait celle qu'il avait encore de libre vers Matthew. Ce dernier regardait tour à tour ses deux parents; Francis gardait la tête baissé, tâchant de ne pas craquer avant qu'ils soient tous partis. Ah il était beau l'ancien révolutionnaire à ne plus savoir tenir tête devant son ennemi le plus ancien !

Voyant que Francis ne s'opposait pas à ce qu'il parte sans lui, Matthew accepta la main d'Arthur qui l'amena avec la satisfaction d'avoir retrouvé son bien. Arrivé à quelques pas des portes de la salle de jugement, des pas précipités se firent entendre. Matthew se retourna, mais n'eut pas le temps de réagir davantage. Des bras saisirent son petit corps, le soulevant du sol. Son visage se retrouva noyé dans des cheveux blonds dont l'odeur lui manquerait dans quelques temps. Comprenant peut-être inconsciemment toute la tristesse du geste de son " père ", le garçon rendit l'étreinte paternel.

Une main pressa l'épaule du français qui leva la tête. Arthur lui accorda un sourire de pitié, le premier qui le lui avait jamais offert durant leur relation de rivaux. Ce qui n'empêcha son côté cynique de reprendre le dessus.

- Sois bon joueur, Francis. Ne m'oblige pas à utiliser la force pour te rappeler que tu as perdu.

Le français acquiesça sans réelle conviction, reposant son " fils " au sol. Pensant que le petit allait pleurer en comprenant qu'il ne le reverrait plus, le français eut la faiblesse de lui faire une promesse. Une promesse qu'il n'était pas certain lui-même de tenir.

- Je viendrais te voir pour les vacances, d'accord Matthew ? Et prends garde à la cuisine d'Arthur, souffla-t-il d'un ton plus bas, s'il essaye de t'empoisonner, appelle-moi.

Matthew étouffa un rire tandis que le britannique, qui avait tout entendu, eut un reniflement de mépris. Le français ne savait pas apprécier sa gastronomie à sa juste valeur. Reprenant Matthew par la main, Arthur quitta la salle, tirant presque derrière lui le petit canadien qui saluait Francis. Ce dernier s'effondra sur le sol quand il entendit la porte se refermer à grand fracas. Une larme s'écrasa sur le sol.