Coucou tout le monde!!

Comme le prochain chapitre d'Héritage n'est pas encore prêt et que je ne veux pas laisser mes chers lecteurs sans rien à se mettre sous la dent pendant mes congés qui commencent après-demain, j'ai décidé de poster le premier chapitre de ma nouvelle traduction.

Promis juré, la suite d'Héritage sera publiée entre mon retour de congé et mon départ pour Toulouse!


Affronter l'espoir…


Disclaimer : ceci est une traduction de la fic "Coping with hope" de Laurenke1. J'ai obtenu son autorisation pour la traduire et la publier.

Je pense poster un chapitre par mois pour laisser à l'auteur quelques chapitres d'avance. Si je constate qu'elle augmente sa vitesse de publication à un moment donné (et que j'ai le temps !), je posterai plus souvent.


Chapitre 1

Un jeune homme aux yeux verts et à la chevelure ébouriffée trébucha hâtivement dans la lumière matinale qui brillait sur le parc de l'Ecole de Sorcellerie de Poudlard. Le sol avait été strié de maléfices la nuit précédente et le château était partiellement détruit mais Harry Potter, les bras chargés de bon nombre de fioles de potions diverses, n'aurait pu moins s'en préoccuper.

Il tentait uniquement d'atteindre le Saule Cogneur, le seul passage conduisant à la Cabane Hurlante, et il était si important qu'il arrive à temps. Le temps jouait contre lui. Il n'arrivait pas à admettre qu'il n'ait pas envoyé quelqu'un plus tôt, bien qu'il ait été un peu distrait.

Son épuisement le fit chanceler mais il accéléra. D'ici à ce qu'il atteigne l'arbre, qui fit de son mieux pour lui flanquer une beigne, il haletait. Harry jura. Pourquoi n'avait-il pas pensé à emmener quelqu'un avec lui ?

Mais il devait le faire seul. Il le savait.

Il arrivait peut-être trop tard et le fait qu'il n'ait pas la moindre notion de médicomagie était encore une faille dans son plan, mais il devait essayer. Il devait bien ça à Snape. Cela avait été terrifiant de voir l'homme se faire attaquer par ce serpent, peu importait à quel point Harry puisse le haïr.

« Oh, fiche moi la paix, veux-tu ? J'ai besoin d'atteindre quelqu'un à temps. Si j'avais les mains libres, je t'aurais déjà immobilisé. » Il réussit à transférer plusieurs fioles dans son autre main alors qu'il agitait sa baguette, sa baguette personnelle en bois de houx, pas la Baguette des Anciens, cachée, bien en sécurité dans sa poche.

Il était peut-être déraisonnable de déambuler ici sans aucune aide, les bras pleins de potions et de pansements, tous de taille réduite, lorsque tout le monde le croyait dans la Tour Gryffondor, endormi. Mais Harry avait été incapable de dormir. Il avait besoin de le voir, il avait besoin de savoir si Snape était vraiment mort ou bien s'il pouvait encore sauver cet homme.

La grosse branche qui était sur le point d'atterrir sur sa tête n'y parvint point et Harry s'élança vers l'avant, appuyant sur le nœud à la base du tronc. L'arbre se figea. Harry s'avança de quelques pas vers l'étroit passage dans le tronc de l'arbre. Il le conduirait à la Cabane Hurlante.

Il s'abaissa pour s'y introduire, prenant garde à ne pas répandre la moindre potion. Il avait été le témoin, à sa plus grande horreur, de l'attaque portée contre Snape par le serpent de Lord Voldemort, Nagini. Le sorcier avait agrippé son cou, donnant à Harry les mémoires dont il avait besoin pour enfin apprendre la vérité.

Maintenant, des heures plus tard, Harry retournait là-bas pour voir ce qu'il pouvait faire pour sauver Snape. Il n'était pas même sûr que le sorcier soit encore en vie mais il ne pouvait pas perdre Snape. Il avait perdu tous les autres alors si cela signifiait qu'une personne qu'il détestait avait une chance infime de vivre, il ferait ce qu'il faudrait.

Remus Lupin et Nymphadora Tonks, Fred Weasley, Colin Creevey, et bien d'autres étaient déjà morts sans qu'il puisse y changer quoi que ce soit. Il devait essayer, pour sa propre santé mentale, comme pour le plus grand bien de tous.

Il ravala un sanglot, ce n'était pas le moment.

Il y aurait un temps pour le bonheur, plus tard, lorsque les victimes auraient été enterrées et qu'Harry pourrait repenser à ce jour avec fierté, bien qu'il se demande s'il pourrait jamais penser à ce jour sans ce sentiment de douleur.

Peut-être, avec le temps, pourrait-il apprendre à vivre avec mais cela prendrait bien des jours, voire même des mois, et il souffrait rien que d'y songer. Harry secoua rageusement la tête, sans s'occuper de la douleur ou du cliquetis léger de ses lunettes.

Il baissa les yeux sur son corps. Ses vêtements étaient couverts de sang, sa chemise déchirée, mais il n'avait pas eu la présence d'esprit de se changer. Il avait été submergé par un sentiment d'urgence lorsqu'il s'était retrouvé dans le dortoir des Gryffondors. La sensation d'avoir oublié quelque chose. Et puis il s'était rappelé Snape.

Il avait été si absorbé par l'ultimatum que lui avait imposé Voldemort et par la possibilité de finalement mettre un terme à tout cela, d'anéantir le Seigneur des Ténèbres, qu'il n'avait pas même pensé à Snape. C'était mal de sa part, il le savait, mais son esprit avait chaviré sous la pression de tous ces événements simultanés et sous l'impression que cette guerre arrivait à sa conclusion.

Pourtant le pire était le fait qu'il avait eu à mourir cette nuit. Il voulait tellement mettre fin à tout cela. Il avait voulu que Voldemort cesse de blesser et torturer les gens autour de lui et achever cette prophétie qui hantait ses pas depuis sa cinquième année, depuis qu'il en avait pris connaissance.

Harry se frotta les yeux alors qu'il avançait à rapides enjambées vers l'entrée de la Cabane Hurlante. L'odeur du sang assaillit ses narines et il s'étrangla presque. Il trébucha à nouveau dans sa hâte mais parvint à rester debout.

Son épuisement le rattrapait et son corps tremblait sous la douleur qui le traversait par vagues. Il secoua la tête lorsque les souvenirs tentèrent d'apparaître derrière ses yeux. Il ne voulait pas y penser maintenant, il ne voulait penser à rien.

D'un sort, il déplaça la caisse de devant l'entrée et il réussit à se hisser dans la pièce dans laquelle il se trouvait quelques heures auparavant. Il prit garde à ne pas glisser dans la mare de sang mais se figea devant la vue qui s'offrait à lui.

Severus Snape gisait dans une mare de son propre sang, se débattant légèrement, des tremblements parcourant son corps en même temps que le venin qui lui avait été injecté lorsque le serpent maudit l'avait mordu au cou. Sa main se cramponnait faiblement à sa gorge pour stopper l'hémorragie.

Le grand et mince sorcier aux cheveux noirs, au visage dur et au long nez crochu, émettait un son bas et agonisant. Harry fut à ses côtés en un instant, sans se préoccuper du sang qui imbibait son jean et mouillait ses genoux. Il lâcha potions et pansements, n'en gardant qu'un en main et le pressant contre les plaies jumelles du cou pâle.

Snape semblait ne plus avoir de sang dans les veines tant son visage était blanc. A l'instant où la main d'Harry toucha son cou, le sorcier plus âgé tenta en vain de s'éloigner. Les yeux sombres s'ouvrirent, lointains, ne voyant rien, et les lèvres fines s'entrouvrirent pour révéler des dents ensanglantées alors que Snape s'étouffait avec son propre sang.

Immédiatement, Harry jura mentalement avec frénésie. Il fit la seule chose qu'il pouvait et, tandis qu'il continuait d'appuyer sur les blessures, il réussit à soulever Snape de son autre bras, maintenant son aîné contre sa poitrine.

« Toussez ! Allez, toussez, bordel ! » Harry réalisa qu'il scandait ces paroles dans l'oreille de Snape, essayant de garder le directeur en vie. Snape crachota, haletant, et Harry étudia la pièce, cherchant quelque chose d'utilisable.

Les yeux noirs s'ouvrirent à nouveau et, conduit dans un état d'esprit encore plus désespéré que celui dans lequel il se trouvait par la peur qu'il lut dans ces yeux, Harry leva sa baguette et cria : « Fumseck ! »

Rien ne se passa et Harry baissa les yeux lorsqu'un poing se referma sur le devant de sa chemise. Snape se battait toujours pour respirer et Harry fit la seule chose à laquelle il pensa pour gagner du temps. Il posa sa baguette contre la gorge saignante de Snape et bannit le sang qui étouffait le sorcier plus âgé.

Snape aspira de l'air dans un sifflement rauque et quelques couleurs revinrent sur son visage. Juste un peu. Et Harry savait que cela n'était qu'une question de temps avant que le sang ne s'amasse à nouveau pour asphyxier Snape. L'homme était mou entre ses bras, son corps tremblant et son visage pâlissant derechef.

« Tenez bon. Je vais m'assurer de votre survie. » murmura-t-il, absolument pas certain que le sorcier qu'il tenait puisse l'entendre.

« Fumseck ! Le directeur a besoin de toi. Viens maintenant ! » cria Harry à nouveau, hurlant dans l'espoir que ce fichu volatile allait l'entendre. Avec un fort 'plop' et deux plumes qui tourbillonnèrent jusqu'au sol ensanglanté, un gros oiseau rouge et jaune apparut.

Les petits yeux fouineurs évaluèrent la situation, Harry maintenant un Severus Snape frissonnant. L'oiseau poussa un cri doux et sautilla plus près, s'installant sur le genou d'Harry. « Vite, Fumseck. Il ne lui reste pas beaucoup de temps. Je ne sais pas guérir ses blessures… »

Le phénix le regarda, penchant la tête sur le côté, et émit un trille léger. Harry sentit le nœud qui encombrait sa gorge disparaître lorsqu'il éructa : « Fumseck, s'il te plait. Je sais que tu étais le familier de Dumbledore mais nous avons tant fait pour lui. Il nous doit bien ça, particulièrement à Snape, il faut que tu l'aides. S'il te plait, soigne-le. Je ne sais pas comment faire… »

Fumseck le scrutait, chantant toujours doucement. Harry sentit des larmes commencer à poindre. Il ne pouvait pas faire face à la mort de Snape. Peu importait comment, il devait survivre, d'une manière ou d'une autre.

Fumseck trilla une troisième fois et baissa la tête, les yeux toujours plongés dans ceux, verts, d'Harry. Juste à l'instant où les larmes tombèrent des lacs émeraude, elles en firent autant des billes noires.

Snape était mortellement calme dans les bras d'Harry et, l'espace d'une seconde, Harry craignit qu'ils ne soient arrivés trop tard, que Snape ait abandonné, se soit laissé allé dans les ténèbres, mais le sorcier gémit doucement, sa voix rauque émergeant de sa gorge meurtrie.

Harry raffermit sa prise, murmurant. « Tenez bon. Encore un peu et vous serez libéré de la douleur. J'aurais aimé avoir quelque chose pour vous endormir mais je n'en ai pas. J'ai tout le reste avec moi. »

Il se tut, regardant les blessures guérir, les deux traces de piqûres s'effaçant. Fumseck sautilla autour de lui, donnant de petits coups de tête dans le flanc de Snape, là où le noir de ses robes était encore visible à travers le sang.

Snape respirait un peu plus facilement mais restait mortellement pâle. Fumseck appuya de nouveau au même endroit alors qu'Harry agitait sa baguette pour transformer une simple pièce de bois en une civière. Il allongea Snape, prudemment pour ne point le blesser davantage.

Il s'empara d'une fiole de potion de régénération sanguine et la déboucha, repoussant Fumseck de l'autre main alors que le phénix allait donner de nouveau des petits coups de tête. « Arrête ça. » ordonna-t-il, soulevant la tête de Snape, avant d'ajouter d'une voix plus douce : « Vous devez boire ça, Professeur. Ca va vous aider. »

Les yeux noirs glissèrent sur son visage mais Harry n'était pas sûr que Snape soit éveillé et sache où et avec qui il se trouvait. Il versa le contenu de la fiole dans la bouche de Snape, massant délicatement sa gorge pour s'assurer que le sorcier ne s'étoufferait pas avec le précieux liquide.

Cela ramena quelques couleurs sur ses joues marmoréennes et Harry vida une autre potion de régénération dans la gorge meurtrie et balafrée. Les yeux de son professeur étaient vitreux et Harry jura dans sa barbe inexistante. Il ne savait plus quoi faire.

Le venin était sûrement encore dans l'organisme de Snape mais comment l'en faire sortir ? Tout homme blessé, particulièrement celui-ci, méritait des soins. Mais il craignait de mettre l'homme en danger s'il le lévitait jusqu'au château. Et pas seulement à cause des étudiants présents, qui le pensaient toujours un Mangemort et bien entendu l'homme qui avait assassiné Dumbledore, il avait bien davantage peur que Snape ne survive pas au voyage, à moins qu'Harry ne fasse en sorte qu'il ne soit stable en premier lieu.

« Fumseck, arrête ça ! » Il s'énervait après le volatile qui insistait à donner ses coups de têtes répétés. Il tenta de le chasser mais lorsque Fumseck picora sa main avant de reprendre son manège, il se mit en colère. « D'accord, je vais vérifier ! »

Il contourna Snape jusqu'à ce qu'il atteigne l'endroit que Fumseck s'était ingénié à pousser à coups de bec. Il leva les yeux vers son professeur. Snape avait perdu connaissance ou avait simplement fermé les paupières. La main d'Harry se glissa dans la poche qui avait été remarquablement épargnée par le sang.

Ses doigts rencontrèrent une fiole et il la sortit vivement, lisant la mention rédigée dans les pattes de mouches caractéristiques de son professeur : Antidote au venin de Nagini.

Voilà ce dont il avait besoin. Il déboucha le récipient et sourit largement à Snape qui ne le vit bien sûr pas. Sa peau déjà pâle prenait maintenant une teinte grisâtre et de petits rubans de transpiration avaient fait leur apparition sur son front plissé. Ses lèvres fines étaient pressées l'une contre l'autre sous la douleur et Harry en eut le cœur lourd. Il devait agir, et vite.

Il saisit sa baguette et, se concentrant avec difficulté sur un souvenir heureux, prononça l'incantation : « Expecto Patronum ! »

Un éclair de lumière aveuglant plus tard et un cerf de haute taille se tenait devant lui. La créature de lumière attendit qu'Harry lui parle, butant sur les mots : « Va au château et dis leur que j'arriverai bientôt avec Severus Snape. Il est blessé et a besoin de soins. Dis leur de venir et de m'aider… Je ne crois pas que je pourrais le déplacer tout seul. »

Harry recentra toute son attention sur l'homme qui reposait inconscient devant lui. Il se pencha sur lui et lui parla : « S'il vous plait, monsieur, tenez bon. Encore quelques instants et vous serez hors de danger. Tenez bon. »

Il ne reçut aucune réponse et approcha prudemment ses doigts audacieux des lèvres couvertes de sang. Elles s'entrouvrirent dans un halètement silencieux et Harry, maintenant la tête de Snape au creux de son bras, inclina la fiole contre sa bouche. Ses doigts revinrent une fois encore masser doucement le cou de Severus, prenant soin d'éviter l'hématome laissé par la force de la morsure.

Il espérait qu'une fiole serait suffisante. Merlin seul savait comment Snape avait survécut pendant ses heures cruciales et Harry savait qu'il était peut-être trop tard. Le venin et le temps qu'il lui avait fallu pour arriver jusque là pouvaient avoir causés des dommages sur les nerfs délicats de Severus.

Il aurait vraiment du envoyer quelqu'un le chercher. Cela aurait été honorable, la chose à faire. Cet homme n'aurait pas mérité une telle mort et maintenant qu'il était en vie… Harry ne savait pas ce qu'il ressentait vis-à-vis de lui mais il était important pour lui que le sorcier plus âgé survive.

Quelle que soit la haine qu'il éprouvait pour Snape, et, à l'heure actuelle, Harry n'était plus très sûr de ce qu'étaient ses sentiments à l'égard de l'autre sorcier, il ne pouvait pas l'autoriser à mourir. Il ne pouvait tout simplement pas. Harry avait vu ses souvenirs et il avait des questions, beaucoup de questions, mais qu'il soit damné s'il les posait maintenant.

Il secoua la tête pour se forcer à revenir à l'instant présent. Toutes les fioles qu'il avait amenées étaient vides et Fumseck s'était installé contre le bras de Snape, ses petits yeux inquisiteurs fixant le visage d'Harry alors que la poitrine étroite du professeur se soulevait avec chaque respiration superficielle que Snape prenait.

« Je ne sais plus quoi faire d'autre. Nous devrions le ramener au château. J'ai fait tout ce que je pouvais faire. » Harry réalisa qu'il parlait à quelqu'un qui ne pouvait pas lui répondre mais il s'en fichait. Sa tête était douloureuse, tout comme le reste de son corps, et ses yeux étaient lourds de chagrin et d'épuisement.

Avec un léger mouvement de baguette, Snape le suivit et Fumseck commença à chanter doucement une mélodie obsédante. Harry sentit son cœur battre à la même mesure. Il sortit en premier par la petite entrée et appuya sur le nœud lorsque l'arbre commença à remuer. Il ne serait après tout d'aucune utilité s'il était assommé par une branche d'arbre à ce moment.

Il se retourna pour léviter Snape hors du passage, avec prudence pour empêcher le brancard de trop bringuebaler. Le visage de Severus s'était un peu détendu et quelques couleurs étaient revenues sur ses joues pâles. Les lignes autour de ses yeux et de sa bouche se durcirent à nouveau sous la douleur et l'un de ses poings tremblait, bien que faiblement.

Harry détendit les doigts contractés et glissa sa main entre eux alors que Severus refermait ses doigts autour des siens. Ils avancèrent vers le château de cette manière, Harry lévitant la civière de sa baguette tandis que sa main gauche restait serrée dans celle de Snape, permettant au sorcier plus âgé de profiter du confort, quel qu'il soit, qu'il pouvait tirer de la présence d'Harry.

Il ne sut jamais combien de temps ils marchèrent, baignés par les rayons du soleil. Il faillit trébucher d'épuisement mais Fumseck chantonna et Harry se contraignit à rester debout.

Des cris se firent entendre lorsqu'il approcha du château et il fut sûr qu'ils l'avaient vu. Des gens coururent vers lui et, juste avant qu'ils ne l'atteignent, il trébucha et s'effondra, sentant sa magie vaciller alors qu'il succombait en proie à l'exténuation.

Sa main glissa de l'étreinte lâche de Severus mais le brancard resta stable et Harry se battit pour s'agenouiller. Une large main lui fit tendue et il l'accepta, autorisant le grand sorcier roux à le relever.

Ronald Weasley, son meilleur ami, se tenait à côté de lui et lui dit doucement, ses yeux bleus emplis d'inquiétude : « A quoi pensais-tu ? Je pensais que tu plaisantais, vieux, quand Prongs a dit que tu essayais de sauver Snape mais il faut croire que j'avais tort… »

« Est-il… » suffoqua Harry, les dents serrées sous la douleur due à sa chute.

« Hermione s'en occupe. Ne t'inquiète pas pour lui. On va l'emmener à l'infirmerie et le mettre au lit. » Le ton de Ron était calme puis il fut coupé par une voix féminine.

« Peut-être pourrions-nous également emmener Harry à l'infirmerie. Je suppose qu'il souffre du choc. » La voix d'Hermione Granger était douce et enrouée, épaissie par le chagrin. La sorcière née-moldue gardait aisément la civière parfaitement stable et Harry opina, leur permettant de prendre soin de lui.

**************

L'infirmerie bourdonnait comme une ruche en furie, les médicomages s'activaient, allant et venant, et nombre d'entre eux prenaient des portoloins pour Ste Mangouste avec les patients qui nécessitaient des soins plus avancés que ceux qui pouvaient leur être dispensés sur place. Harry était assis sur un lit, laissant la baguette de Poppy Pomfrey exécuter un sort de diagnostic sur lui.

Il était assis sans bouger, appréciant la paix des lieux, en dépit du remue-ménage. Ses yeux étaient fixés sur le lit dont les rideaux étaient tirés et autour duquel plusieurs médicomages tentaient de stabiliser le sorcier qui y reposait.

« Du repos est ce dont tu as besoin, mon garçon. N'essaye même pas de te faufiler hors d'ici. » Madame Pomfrey agita son doigt tendu sous le nez d'Harry et il s'autorisa un bref sourire devant l'humour de la situation.

Elle le connaissait trop bien. Il avait passé tellement de temps à errer dans le château la nuit, à essayer de se sauver de l'infirmerie à chaque fois qu'il y avait séjourné, sans jamais y parvenir. « Je ne le ferai pas Mme Pomfrey, mais peut-être pourriez-vous me dire ce qui va arriver au Professeur Snape ? »

Elle émit un vague son indéterminé puis dit : « Il va rester ici, sous la protection de Minerva McGonagall qui agit en tant que directrice puisque notre directeur est inconscient. Je vais le plonger dans un profond sommeil dès que possible pour qu'il puisse guérir. Il a subi un sérieux traumatisme et je suis heureuse que tu sois retourné l'aider. »

« Je l'avais oublié. Je n'ose pas imaginer ce qui serait arrivé si je n'y étais pas retourné. »

« Tout va bien… Tu n'aurais pas pu l'empêcher. Tu viens juste d'éliminer Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pronocer-Le-Nom et tu es épuisé. » tenta-t-elle de le consoler mais Harry secoua la tête.

« Non, ce n'est pas bien. J'aurais du… » Les larmes s'accumulèrent à nouveau dans ses yeux et Harry sentit les bras de la médicomage l'entourer et l'attirer dans une étreinte apaisante.

« Tu as fait du mieux que tu as pu, Harry. En temps voulu, il sera puni pour le meurtre d'Albus. »

L'horreur le frappa et Harry se recula brutalement : « Non ! La mort de Dumbledore était un arrangement entre eux. Ce n'était pas la faute de Snape et le Magenmagot doit le savoir. Je dois leur dire. »

« Quand tu te seras reposé. »

« Vous pouvez professer votre soutien auprès de Severus si vous le souhaitez Harry… » La voix sévère de son ancienne directrice de Maison lui fit lever les yeux. Le professeur McGonagall semblait un peu éprouvée et elle arborait une estafilade ainsi qu'une meurtrissure sur la joue mais elle demeurait là, forte, un pilier sur lequel pouvait s'appuyer ceux qui en avaient besoin.

« Est-ce que cela le gardera hors des murs d'Azkaban ? » Harry se détendit contre les oreillers, soudainement exténué alors qu'il combattait pour contenir ses larmes. Madame Pomfrey se tenait près de lui et avait sortit une fiole de sa poche. De ses cours de potions, Harry reconnut une potion de sommeil sans rêve.

« Oui, pour le moment. Jusqu'à ce que son procès débute. Mais cela n'a aucune importance pour l'instant Harry. Reposez vous. Vous en avez besoin. » Sa voix était sévère mais ses yeux ne reflétaient que la gentillesse. Harry prit la fiole qu'on lui offrait. Pour faire disparaître la douleur et l'horreur qu'il avait vu, pour dormir une nuit sans rêve et seulement se reposer.

Il en avait grand besoin. Il fallait qu'il dorme et se ressource parce que les prochains jours seraient durs et, alors qu'Harry s'abandonnait au sommeil, il ignorait à quel point cela serait difficile.