Bonjour à tous !

Aussi surprenant que cela paraisse, voici un dernier chapitre qui vient définitivement terminer cette histoire. Ca faisait trois ans que je n'y avais pas touché, mais en la relisant il n'y a pas longtemps, j'ai trouvé qu'elle n'était pas totalement finie. Alors voilà !

A écouter en lisant: « Sisters », Pain of salvation.

Je voulais aussi vous dire que toutes vos review me touchent énormément, et que je vous adore, chers lecteurs ^^

Bon et bien bonne lecture !

OOO

Elle marche lentement dans la rue déserte. Le village semble abandonné, mais c'est une impression trompeuse. Les gens sont juste au chaud, chez eux, confortablement installés dans leur canapé à faire on ne sait quoi.

Le vent glacial dépose sur son visage des baisers de givre, et ses lèvres tremblent. La jeune femme est frigorifiée. Elle resserre les pans de son manteau dans une veine tentative de se protéger du froid. Son souffle se condense dans l'air. Elle espère être rapidement chez elle, retrouvez la chaude quiétude de son foyer.

Elle accélère le pas, serre son sac à mains contre elle. Un sourire nait sur son visage à la pensée de son mari qui doit l'attendre tranquillement dans le salon. Elle imagine ses enfants jouer devant la cheminée avec les jouets que leur a apportés leur grand-mère, et cette seule pensée la réchauffe.

Elle continue sa route. Soudain, une brusque rafale emporte son bonnet. Elle essaye de le rattraper, mais celui-ci s'éloigne. Ses longs cheveux roux volent dans le vent de décembre tandis qu'elle lui courre après. Il finit par s'échouer dans la neige, une centaine de mètres plus loin. Dans un endroit fermé par un portail en fer forgé.

C'est un cimetière, s'aperçoit-elle en s'approchant. Elle pousse le portail, et celui s'ouvre avec un bruit de métal usé. Son bonnet est au fond, à proximité d'une tombe de marbre blanc. Elle s'avance, évitant de respirer trop fort. Comme si souffler allait briser la sacralité du lieu.

Une fois au bout, elle ramasse le vêtement. Elle est nerveuse, et elle ignore pourquoi. Le cimetière a un air familier qui la dérange. Comme si elle était déjà venue, il y a fort longtemps. Elle remet le bonnet sur sa tête, et se retourne pour repartir. Le lieu la met mal à l'aise.

_ Et voilà, ça recommence…

La jeune femme fait à nouveau volte face, brandissant cette fois-ci un long morceau de bois, assez fin. Elle cherche d'où vient cette voix féminine, mais ne voit rien. Puis, peu à peu, un corps se dessine. Le temps de cligner les yeux, et une jeune fille d'une pâleur fantomatique est assise sur la pierre tombale de marbre blanc.

Elle est jeune, peut-être seize ou dix-sept ans, pas plus. Ses épais cheveux lui tombent sur les épaules et son regard d'adolescente est plein de mélancolie. En voyant la femme rousse, elle se met à sourire. Un sourire empli de nostalgie.

_ Bonjour, dit-elle doucement. Vous devriez ranger votre baguette, la sortir dans un lieu moldu vous fait paraitre stupide, et je ne représente aucune menace. Je suis un fantôme, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Comment vous appelez-vous ?

_ Rose. Rose Weasley.

La jeune femme ne sait pas pourquoi elle a répondu. Son père lui avait toujours dit, enfant, qu'il ne fallait jamais répondre aux inconnus. Tout inconnu était un ennemi potentiel. « Vigilance constante » finissait-il par dire avec un sourire. Pourtant, elle a l'étrange certitude que ce fantôme n'est pas dangereux. Elle a quelque chose d'étrangement familier elle aussi. Lentement, elle range sa baguette magique. Le spectre reprend la parole.

_ Vous pouvez me dire quel jour nous sommes s'il vous plait ?

_ Nous sommes le 15 décembre. Le 15 décembre 2037.

_ 58 ans…murmure le fantôme en fermant les yeux, tandis qu'une larme coule sur sa joue translucide. J'aurais du fêter mes 58 ans cette année. J'aurais du les fêter, entourée de mes enfants et d'un mari qui m'aimait… Mais point de famille pour moi, point de mari…

Le fantôme pleure. Et Rose ne sait pas quoi faire pour la consoler. Elle pense à sa propre famille, qui l'attend chez elle. Elle devrait rentrer, elle le sait, mais elle ne peut se résoudre à laisser cette jeune fille toute seule. Elle hésite un instant.

_ Et vous ? Quel est votre nom ?

Le fantôme la regarde, surprise, mais elle n'a pas le temps de répondre qu'un deuxième spectre apparait à côté d'elle. C'est un jeune homme cette fois, à peu près du même âge que la fille à côté de lui. Il est grand, même assis, et son regard semble fait de glace. Pourtant, il s'adoucit tout de suite lorsqu'il se pose sur la jeune fille. Cette dernière cependant semble prise d'une colère noire et commence à s'envoler…

_ Hermione, attends…fait le jeune homme en tendant la main.

Rose écarquille les yeux, et ne peut retenir les mots qui franchissent ses lèvres.

_ Vous êtes Hermione Granger !

Le fantôme s'est arrêté. Il s'est retourné, et fixe la femme rousse avec de grands yeux.

_ Que…Qu'avez-vous dit ?

_ Vous êtes Hermione Granger…Vous étiez la meilleure amie de mon père, et la meilleure amie d'Oncle Harry. Je vous ai vue tellement de fois en photos ! Voilà pourquoi j'avais l'impression de connaître cet endroit ! J'y suis venue, quand j'étais enfant. Mon père m'y a emmenée, il m'a montré votre tombe, et il m'a dit « si un jour, tu es le quart de ce qu'elle était, alors tu seras une femme exceptionnelle ». J'en suis sure maintenant, vous êtes Hermione Granger. Et vous…

_ Et je suis morte il y a 42 ans. Je me suis suicidée. A cause de lui. Rose, je vous présente Drago Malefoy.

Le fantôme d'Hermione pleure à nouveau. Elle est revenue au niveau du sol, et observe Rose à travers ses larmes. Elle tend une main, puis se ravise.

_ Vous ressemblez tant à votre père…Comment va-t-il ? Comment va Ron ?

Rose hésite. Elle jette un coup d'œil à l'autre fantôme, mais celui-ci se contente de regarder Hermione en silence.

_ Il va…bien. Il s'est à peu près remis de votre mort. Surtout grâce à Maman. Vous l'avez sans doute connue, elle s'appelle Luna.

Hermione hoche la tête, puis demande dans un murmure.

_ Et Harry ? Comment va Harry ?

Celui qu'elle a appelé Drago s'est approché d'elle. Rose le regarde à nouveau puis elle répond:

_ Je ne sais pas. La dernière fois que je l'ai vu, j'avais quinze ans. Il est passé prendre un verre à la maison avec Papa, puis il a dit qu'il allait partir, et qu'il était désolé. Sur le coup personne n'a compris. Puis l'évidence s'est imposée. Il avait fui. Personne ne l'a jamais revu. Personne n'a eu de nouvelles depuis. Mais du temps où il vivait chez nous, je ne l'ai jamais vu heureux. Il ne souriait pas, sauf quand il regardait une de vos photos. Alors son regard s'animait d'une lueur de joie nostalgique.

Le jeune homme essaye de prendre Hermione dans ses bras, mais elle le repousse.

_ Ne me touche pas ! Ne me touche surtout pas ! Tout ça, tout, c'est ta faute ! La tienne, à toi tout seul !

_ Hermione, je suis désolé…

_ Et alors ? Hein ? Et alors ? Tu m'as tout pris, tout ce que j'avais ! Mon innocence, ma virginité, mon cœur, ma vie ! Tu m'as pris mes amis, tu m'as pris mon avenir, tu leur as pris leur avenir ! Tu as tout détruit le jour où tu as baisé cette pute dans mon lit ! Je m'en fiche que tu sois désolé ! Tu m'as tuée, Drago, et tu as tué Harry aussi !

Les mots blessent le jeune homme, Rose le voit. On pourrait croire à une querelle d'adolescents. Mais la jeune femme le sent, c'est plus que cela. Ces paroles sont lourdes de sens, ils semblent porter à eux seuls quarante-deux ans de rancœur.

_ J'aurais aimé vivre, Drago. J'aurais aimé grandir, vieillir. Mais comment, après tout ce qu'il s'est passé ? Comment ?

_ Moi aussi Hermione, moi aussi.

_ J'aurais aimé que tu vives, toi aussi. Parce que tu n'avais pas le droit de mourir. Parce que ça, tu n'aurais pas du me le prendre. Tu aurais du me laisser partir, seule, comme je l'avais souhaité. Tu aurais du vivre, avec tes remords, avec ta peine, avec tes regrets.

Il essaye à nouveau de la prendre dans ses bras, et cette fois-ci, elle le laisse faire. Rose les regarde, et elle ne peut s'empêcher d'y voir ses parents. Rose connait l'histoire. Son père lui a raconté un soir où il avait trop bu. Mais alors que lui évoquait le fil Malefoy avec toute la haine possible, elle, elle ne juge pas. Elle veut juste comprendre.

_ Pourquoi Ginny vous a suivi ? Demande-t-elle.

_ Je lui ai promis de l'argent. Je lui ai promis une place dans les Harpies de Holyhead. Je l'ai séduite. Je lui ai promis tout ce qu'elle voulait…

Le ton de Drago est amer. Hermione s'éloigne de lui, tandis que les larmes coulent de nouveau sur ses joues. Mais Rose a besoin de savoir. Pour son père, mais avant tout pour cette jeune fille, morte trop tôt.

_ Et alors ?

_ Et alors je suis mort, deux jours après Hermione. Et alors je n'avais aucune intention de tenir ma promesse. Je n'étais qu'un con, arrogant, prétentieux, qui ne se rendait pas compte des gens qu'il blessait autour de lui.

Les mots sont pleins de quarante-deux ans de regrets. Elle voit aussi une larme poindre sur sa joue à lui.

_ Je me suis servi d'elle. Mais elle était tellement prompte à le faire. Tellement ambitieuse, tellement fourbe. Comment peut-on détruire sa meilleure amie pour une place dans une équipe de Quidditch ?

_ Comment peut-on détruire la fille qu'on prétend aimer pour un pari ? Réplique Hermione qui lui a tourné le dos.

Les épaules du jeune homme s'affaissent. Personne ne dit rien pendant plusieurs minutes. La neige s'est remise à tomber, mais peu importe. Finalement Hermione, après avoir recueillit un flocon sur le bout de son doigt, murmure:

_ Tu te souviens Drago ? Il neigeait aussi ce jour là…

_ Quand ça ?

_ La première fois où tu m'as embrassée. C'était un quinze décembre, comme aujourd'hui. Il neigeait beaucoup…

_ Tu étais allée voir Hagrid, poursuivit le jeune homme. Je t'attendais sur les marches. Tu m'as rejointe, tu étais frigorifiée. Alors j'ai enlevé mon manteau, et je te l'ai déposé sur les épaules.

_ Puis tu m'as embrassée.

_ Puis je t'ai embrassée.

_ C'est drôle, mais c'est comme si ce n'était pas fini. On réapparait tous les ans, le même jour. On ignorait lequel c'était, mais d'après ce que Rose nous dit, on est le quinze décembre. Chaque année, quarante-deux fois au total, on revient ici, tous les deux. Comme s'il fallait que la boucle soit bouclée. Comme s'il fallait que je te pardonne pour enfin pouvoir profiter de ma mort. Mais je ne peux pas te pardonner…

_ Pourquoi Hermione ? Pourquoi ? J'ai tout gâché dans la vie, pourquoi on ne pourrait pas réparer ça dans la mort ?

Rose a l'impression de voir une pièce de théâtre. Qui joue sa quarante-deuxième représentation. Des amants prisonniers du temps et de la mort, prisonniers de leurs remords et de leur rancœur.

_ Alors réponds moi, Drago. Réponds-moi honnêtement. M'aimes-tu ? M'aimes-tu, Drago, autant que je continue à t'aimer, malgré tout ce que tu m'as fait ? Tu es mort à cause de moi, mais sais-tu pourquoi es-tu mort ? M'aimes-tu Drago ?

_ Plus que ma propre mort. Jusqu'à ce que le soleil et l'univers s'éteignent. Je t'aime Hermione.

Le fantôme de la jeune femme sourit à travers ses larmes. Elle souffle un « merci » puis s'envole et disparait. Drago la regarde, pleurant lui aussi. Un « pourquoi » se dessine sur ses lèvres.

_ Elle sait que vous l'aimez. Elle sait qu'elle n'a pas fait ça pour rien. Elle a enfin trouvé la paix.

Rose a laissé les mots sortir sans s'en rendre compte. Elle sourit, et le spectre lui rend son sourire.

_ Nous ne reviendrons plus, n'est-ce pas ?

_ Probablement pas.

_ Alors merci Rose. Merci pour cette paix. Harry la mérite aussi, même caché au fond de l'Amérique du Sud. Merci Rose. Et adieu.

_ Adieu…

Drago s'élève, et disparait à son tour. Rose prend un instant pour réfléchir, puis comprend. Elle sort de son sac un stylo et une feuille, écrit à la hâte une lettre. Puis elle rentre chez elle pour l'envoyer.

Une semaine plus tard, Harry reçoit la lettre lui annonçant que sa meilleure amie avait enfin trouvé la paix. Pour la première fois depuis quarante-deux ans, le Survivant sourit. Puis il ferme les yeux, et ne les rouvre plus.

Quant aux fantômes, ils ne reviennent plus un quinze décembre, hanter le cimetière en évoquant leur histoire. Car la boucle est bouclée.

OOO

Et voilà ^^

Comme toujours, un petit commentaire ne fait pas de mal !

Bon et bien après trois ans, c'est la fin. Peut-être à bientôt sur une autre fic ^^

Au plaisir,

Black.