Note : Je continue à essayer de mettre ce compte en ordre, et je me rends compte qu'ici aussi, il existe un 2e chapitre que je n'ai jamais posté.
Ça a été écrit en 2007, alors que j'étais déjà légèrement blasée du paysage politique. Laissez-moi vous dire que 10 ans plus tard, ça s'est pas franchement arrangé...

Bonne lecture !

Two years and a half later

A la veille du second tour de l'élection du Ministre de la Magie, Hermione Granger et Drago Malefoy avaient suscité la plus totale stupéfaction en déclarant tous deux qu'ils avaient choisi de retirer leur candidature. Faute de candidats, on avait bien été forcé de reporter l'élection. On avait repoussé la date de deux mois. Le PROLO, le parti d'Hermione Granger s'était retrouvé complètement désorganisé. Ronald Weasley, le premier secrétaire du parti et, accessoirement, l'ex compagnon d'Hermione Granger, semblait visiblement dépassé par les évènements. D'autant plus que la rumeur courait que si les deux candidats avaient soudainement abandonné la politique, c'était pour partir vivre d'amour et d'eau fraîche.
Ensemble.
Ce qui ne laissait pas de faire scandale, étant donné qu'ils appartenaient à deux partis aux idéaux si fondamentalement opposés.
Au PROLO, la succession d'Hermione Granger ne s'était pas avérée chose facile. Le parti se déchirait en querelles mesquines, et les luttes d'influence avaient remplacé le débat. L'ARISTO, lui, avait été purement et simplement dissout et un nouveau parti avait été créé. C'était Blaise Zabini qui avait pris la tête du FACHO (Fédération Avaricieuse Capitaliste Hégémonique et Opportuniste). Comme à force de luttes intestines l'ancien parti d'Hermione Granger s'était complètement discrédité, Zabini avait été élu facilement : contre le FACHO, le PROLO n'avait aucune chance…
Padma Patil qu'on avait désignée comme la nouvelle candidate du PROLO fit donc de son mieux, mais il n'y eut pas de miracle.

Zabini avait été élu sur un programme qui se résumait par « Plus de travail = plus de Gallions ». Il y eut effectivement plus de travail – pour ceux qui en avaient. Mais des Gallions, il y en avait de moins en moins. Le pouvoir d'achat des membres de la société sorcière britannique diminua drastiquement, à vue d'œil. Le chômage, lui, ne diminua pas. Lorsque de grandes entreprises fermaient, les dirigeants responsables de la faillite s'en tiraient avec de jolis parachutes dorés. Dans le monde sorcier, l'expression était à prendre au sens littéral. Lorsque Zacharias Smith, le patron de la BBC – Beautiful Brooms Company – sentit le vent tourner, il retira tous ses Gallions de son coffre et les enchanta pour former un ballon dirigeable géant, propulsé par des centaines de magnifiques Nimbus4001, tout juste sortis des chaînes de fabrication de son usine. C'est ainsi qu'il échappa à la vindicte de ses salariés, qui avaient déclaré la grève générale et avaient entrepris de séquestrer leur patron dans les locaux de la BBC.
Officiellement, le gouvernement Zabini condamnait la pratique des parachutes, ballons dirigeables et autres montgolfières dorés. Officieusement, Zabini était ami avec la plupart des grandes fortunes sorcières d'Angleterre. C'était d'ailleurs sur le yacht de son ami Smith que Zabini – lui qui clamait que le monde sorcier avait besoin de se remettre au travail – avait effectué une petite croisière en Méditerranée, la semaine suivant son élection.

La grogne montait, et Zabini s'était demandé comment détourner l'attention des troubles sociaux qui commençaient à agiter le pays. La réponse était simple : il suffisait d'intéresser les sorciers d'Angleterre à sa vie privée plutôt qu'à sa politique. Son divorce avec Daphné Zabini tomba donc à point nommé pour détourner l'attention des médias. Cela fonctionna durant un temps. Mais lorsque les médias eurent fini de faire leurs choux gras de cette triste affaire, il fallut trouver autre chose. C'est alors que Zabini commença à sortir avec Gabrielle Delacour.
Ancien mannequin, cette fort jolie Française était depuis vaguement chanteuse, égrainant d'une voix mourante des paroles insipides sur des mélodies qu'elle se vantait de composer elle-même. Elle était toutefois plus connue pour sa vie sentimentale mouvementée que pour ses dons de cantatrice. Si sa romance avec Harry Potter avait tourné court, elle était ensuite sortie avec le leader des Bizarr'Sisters, diverses célébrités appartenant au monde du Quidditch, avant de jeter son dévolu sur Neville Londubat, le nouveau Directeur de Poudlard. Longtemps elle s'était présentée comme une chanteuse engagée, soutenant la cause du PROLO. Outre Harry Potter, elle avait d'ailleurs eu une aventure avec George Weasley, un membre actif du parti.
Sa supposée liaison avec le chef de la Fédération Avaricieuse Capitaliste Hégémonique et Opportuniste en avait donc surpris plus d'un. Pourtant, ses nouvelles accointances avec le FACHO se trouvèrent rapidement confirmées lorsqu'ils se rendirent ensemble au London Beedle Park, confirmant ainsi l'amour de Zabini pour la fameuse culture du magic-bling.

Quelques semaines plus tard, Zabini épousait Gabrielle et faisait la une des tabloïds pour cela, et non pour la privatisation du Poudlard Express. Gaby se mit à collectionner les petits tailleurs à la Jackie Kennedy, comme si cela pouvait suffire à lui donner la dignité d'une Première Dame. De son côté, Zabini se proclamait héritier spirituel de Dumbledore, tout autant qu'il était la réincarnation de Salazar Serpentard. Très vite, la quasi-totalité des médias sorciers se trouvèrent aux ordres du pouvoir. La Gazette du Sorcier, par exemple, appartenait à une société anonyme dont 45 % des parts de marché étaient la propriété d'un certain Zacharias Smith, et 30 % celles du père de Gabrielle Delacour, les autres actionnaires étant minoritaires.
Les journalistes à l'esprit un peu trop indépendant, tels Luna Lovegood, se trouvèrent remerciés et on les pria d'aller exercer leurs talents ailleurs. Gaby enchaînait les invitations dans des émissions de variété, tandis que pour les réceptions officielles, Zabini, qui faisait vingt bons centimètres de moins que sa jolie épouse, obligeait les cameramen à jouer sur la perspective afin de ne pas passer pour un nabot. Zabini était en effet assez chatouilleux concernant son image, et où qu'il allât, son service de sécurité personnel s'assurait que n'apparaîtraient à ses côtés que des hommes plus petits que lui.

Zabini pratiquait ce qu'il appelait une politique d'ouverture. C'est-à-dire qu'il avait compris que le meilleur moyen de se débarrasser de toute opposition était d'intégrer ladite opposition au sein de son gouvernement, de l'y endormir de belles paroles, et de la laisser croupir à des postes qui ne lui offrait aucun moyen d'action. Le transfuge le plus remarqué fut sans doute Ron Weasley lui-même, qui accepta le poste de Directeur du Département de la Culture et des Monuments Magiques. Adamée Turpin, Cracmol notoire, fut nommée au Département de l'Intégration des Enfants de Souche Moldue. Ses fonctions se limitaient à un rôle qu'elle remplissait de son mieux : alibi du gouvernement.
Lorsque Théodore Nott, Premier Conseiller du Ministre, eut des paroles malheureuses au sujet des sorciers dépourvus de pouvoir magique, Adamée Turpin assura que la polémique n'avait pas lieu d'être, et que ce cher Théodore était le plus grand ami des Cracmols qui existât. Si les propos sonnaient creux, ils suffirent néanmoins à bâillonner les quelques associations anti-discrimination qui avaient osé faire entendre leurs voix timides.
Si Zabini avait pratiqué l'ouverture vers la gauche, pour mieux annihiler celle-ci, c'est surtout vers la droite de la droite qu'il étendit son bras fraternel. C'est ainsi que Phil de Vilordure, si sympathique dirigeant d'un parti d'extrême-droite à la voix élégamment nasillarde, rejoignit les rangs du gouvernement Zabini – rapprochement qui ne fut que très brièvement commenté par les médias.

Le temps passait, la courbe du chômage continuait de monter tandis que celle du pouvoir d'achat s'effondrait toujours plus. Mais Zabini n'avait pas à s'en inquiéter puisqu'il avait un coupable tout désigné à offrir à la vindicte populaire : la crise immobilière moldue. Conjecture économique bien pratique qui lui permettait de faire d'une pierre deux coups : d'une part, se dédouaner de son échec, puisqu'il avait promis de faire de l'augmentation du pouvoir d'achat un des combats principaux de son gouvernement, d'autre part amener de l'eau au moulin de ceux qui, pour d'obscures raisons, entretenaient toujours la haine des Moldus. Lorsque ses concitoyens commencèrent à protester contre toutes ses réformes, sa seule réponse fut : « le monde sorcier, on l'aime ou on le quitte ».
Et puis Zabini s'attaqua à ce qui assurait la cohésion sociale de l'Angleterre sorcière : l'éducation et la santé. Les effectifs de Sainte Mangouste furent réduits par deux, et il en alla de même pour Poudlard. On compensa cela en obligeant le personnel restant à effectuer des heures supplémentaires qui n'étaient pas payées au tarif auxquelles elles auraient dû l'être. La qualité de l'éducation prodiguée s'en ressentit, les programmes scolaires virent leur contenu s'amoindrir, quant aux classes, elles étaient surchargées. Au service des urgences de Sainte Mangouste, il arrivait que les victimes d'accidents magiques doivent attendre plusieurs heures avant d'être pris en charge par un Médicomage. Dans la même ligne d'idées, les bourses pour aider les enfants des familles les plus modestes à aller à Poudlard avaient été supprimées, et les remboursements pour les soins les plus coûteux prodigués à Sainte Mangouste n'étaient plus effectués par le gouvernement.

Et lorsque toute opposition eut été anéantie – y compris dans son propre camp : l'affaire Darkstream, notamment, lui avait permis de discréditer totalement l'ancien Ministre, Marcus Flint – que les médias ne furent plus en mesure d'effectuer leur rôle de contre-pouvoir mais devinrent au contraire un organe du pouvoir, que l'équilibre social du pays eut été réordonné de façon à ce que les riches devinssent toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres, et que Zabini se retrouva à peu près à mi-parcours de son mandat, il passa un bras satisfait autour des épaules de Gaby :

— Tu sais, chérie, je crois que cette bande de crétins est tellement débile qu'ils sont capables de me réélire dans deux ans.

Gabrielle resta silencieuse et eut un sourire de Joconde.