Disclaimer : Et tout appartient à Stephenie Meyer.

C'est mal. C'st très mal, je sais, n'empêche que ça m'interpellait beaucoup trop pour ne pas le faire. Donc voilà. Je comptais réellement faire un p'tit truc, pas trop long, mais genre préface. Sauf que finalement, j'me suis laissée emporter et ça a pris en longueur… 'Fin, vu que c'st pas un prologue, c'st pas grave, ça reste malgré tout une préface - plutôt longue, mais y a tout un tas de fils à tirer de là, eh.


Préface

Mon problème, c'est que j'avais toujours cru en pleins de choses. Ca venait de ma mère, cette partie infime en moi, apte à toutes sortes de croyances. Sauf que Renée était du genre à papillonner entre les loisirs, les gens, les découvertes, les mythes, les Dieux… Mais pas moi. Une fois que j'adoptais quelque chose, c'était pour la vie. Après tout, j'avais beau essayer d'embrasser cette moitié de mon être, je n'avais pas assez de Renée en moi pour cela. Pas psychologiquement du moins. Ce qui était dommage, j'aurais aimé pouvoir comprendre ma mère et ses actions un jour. Je suppose que je devrai me contenter de notre forte ressemblance physique.

J'avais souvent cru qu'il y avait une raison au fait que je ressemble tellement à ma mère. Pas seulement qu'elle était beaucoup plus belle que mon père, ou même moi pour cela, mais plus dans le fait que l'on avait un point commun. Enfant, je me regardais dans le miroir en me disant que j'avais au moins ça. Que c'était à moi, que ça n'appartenait qu'à moi. Que j'avais au moins ça qui venait d'elle. Puis si on s'arrêtait à mon apparence, oui, j'étais juste comme Renée. Juste comme elle. Et j'en avais toujours été fière.

Hier encore, j'aurais souri à un compliment de ce genre. J'aurai rougi, et je me serai détestée pour cela, parce que Renée n'aurait jamais rougi. Hier encore, j'aurai été si fière de moi, de pouvoir dire que j'étais la fille de ma mère. Mais pas aujourd'hui. Plus aujourd'hui.

Avant, j'aurai ri. Je croyais qu'un jour ne pouvait pas changer toute une vie, qu'il y avait tout un tas de petites actions au jour le jour qui mettaient en garde. Et jusqu'à présent, ma théorie ne m'avait pas fait défaut. Il suffisait juste de s'organiser, d'être ouvert aux signes du Destin, et le reste, c'était de la planification. Mais j'imitais Renée, alors je ne planifiais pas grand-chose. D'ailleurs, même Renée qui aurait pourtant pu être considérée comme l'exception qui confirme la règle, rentrait parfaitement dans ma théorie. Même si j'avais été trop jeune pour tout voir ou comprendre, mais avec le peu que je savais, tout prenait sens. Il fallait juste être à l'écoute et l'affût des signes avant-coureurs.

Seulement, la carte reste présente entre mes mains. J'ai beau la tourner et la retourner, elle est toujours là. Et ça, ce n'est pas juste. Toute ma vie, j'avais porté avec fierté les traits de ma mère. J'avais pris soin d'eux, les avais perfectionnés, j'avais essayé de me glisser dans la peau du personnage, de l'imiter. Et jamais, au grand jamais, je ne me serais vu les maudire. Les haïr, et ce du plus profond de mon être.

À croire que c'était la période des premières, je me surprenais aussi à souhaiter ressembler plus à mon père. Peut-être même que mon comportement entier aurait été différent. Pas peut-être, je le savais il y a déjà longtemps ; j'aurais été une toute autre si j'avais été plus comme Charlie.

Mais penser à lui me raffermissait en la perfidie de la demande. S'il l'apprenait, nul doute qu'il m'enfermerait tout simplement. Après tout, à ses yeux, je resterai toujours la petite fille de Renée. Et ça me consolait de savoir qu'il irait tuer le possesseur de cette carte si cette dernière lui parvenait. Même s'il ne vaut pas la peine que mon père finisse en prison, la simple idée qu'il souffre, qu'il meure, qu'il paye pour le mal qu'il créé, dont il semble se délecter, cette idée me plaisait. Beaucoup trop.

Ce qui était une autre pensée choquante. Jamais je n'avais souhaité la mort de quelqu'un. Je croyais beaucoup trop à la paix, au pacifisme, et à toutes sortes de doctrines stupides qui ne me disaient absolument pas quoi faire. Juste mon beau sens qui me hurlait de brûler la foutue preuve, de jouer les ignorantes si je devais recroiser l'être détestable, de passer à autre chose, et merde. Pas seulement parce que je mourais d'envie de répliquer, de l'appeler pour lui dire d'aller se faire voir. Parce qu'autant que je voulais le faire, que tout mon être me hurlait d'attraper le téléphone et qu'on n'en parle plus, que tout en moi me criait que c'était mal, je ne l'avais pas fait. Dès que j'avais tendu la main et pris sa foutue carte, je savais déjà que c'était le premier signe de la fin. Et c'était tellement injuste.

Car la seule solution viable pour moi et ma santé mentale était de refuser tout court, mais il n'y avait pas que moi. Justement. Si ça ne tenait qu'à moi, l'affaire se serait réglée là-bas même par une baffe. D'ailleurs, il n'y aurait eu aucun besoin d'une quelconque offre, aussi stupide soit-elle. Jamais je ne serais dans une telle situation. Et ce n'était pas juste. Je n'avais jamais rien fait de mal dans ma vie. Je n'avais jamais rien fait dans ma vie, sauf tenter de recréer quelqu'un. Quelle ironie. Parce que je m'apercevais que même ça, j'avais échoué, car je savais qu'elle aurait sûrement déjà accepté. Elle était forte, pas moi. Moi je ne pouvais pas vendre mon âme comme ça. Même si en échange le diable épargnerait une innocente vie.

Parce que, oh, j'avais toujours cru à l'amour romantique. Magnifié, grandiose, passionnel, le grand et fort et beau Amour. Par lequel je jurais tellement. Je me vantais d'aimer les gens, énormément. Plus qu'il ne fallait. Je disais que j'étais prête à mourir pour quelqu'un, prête à tuer. Et j'y croyais, hier encore. Mais j'avais faux. Et ce, sur toute la ligne. Je ne pouvais pas faire ça, donner autant. Pas ça. Je ne pouvais pas tuer tout ce en quoi je croyais, me tuer intérieurement, malgré tout l'amour du monde. Et ça me tuait, me rendait coupable que je m'en savais incapable. Foutu amour, à ne pas pouvoir tout réparer, comme je le croyais.

Et je pouvais refuser, ainsi que l'hurlait ma raison. Juste ignorer la proposition. Et passer à autre chose. Mais bien entendu, la vie n'est jamais aussi simple. Ce serait bien trop facile si je pouvais juste tourner la page, ignorer, oublier. Parce qu'alors je ne me sentirais pas fautive à l'enterrement, devant ses parents. Et le poids de la culpabilité ne me rongerait pas bout par bout, sachant que j'avais dénié la seule chance qui aurait pu lui permettre de rester en vie. Je ne me sentirais pas mourir à chaque instant que je vivrais ma vie pleine de remord, de ne pas avoir tenté de sauver cette vie, bien trop jeune et innocente pour mourir dans quelques mois.

Et c'était injuste, que ça tombe sur moi. Parce qu'à qui mentais-je ? Si j'acceptais, je me tuais moi-même, tout ce que j'avais passé tant d'années à construire et en quoi je croyais, mais je ne survivrai jamais ma conscience si je refusais. Et j'étais coincée, je ne pouvais pas m'en sortir, je n'avais qu'une seule alternative puisque de toute façon, je devrai me reconstruire après. Et il le savait très bien en me donnant sa carte.

Parce que j'avais le choix. J'avais le pouvoir de tout changer. Je pouvais lui sauver la vie.