Chapitre 35 : Rejoins-moi
Partie 2
Quelques heures plus tard, le soleil se levait sur Poudlard à son tour, mettant un terme à cette nuit. Une discussion animée promettait d'avoir lieue dans le bureau de la directrice. Cette dernière tâchait de contenir son impatience face au retard de Lupin. Celui-ci devait être retenu plus longtemps que nécéssaire au ministère, sans doute pour de bonnes raisons.
Pendant ce temps, Harry se tenait assis devant le bureau directorial et gardait le silence, lançant un regard tendu vers le tableau vide au dessus du fauteuil de la directrice. Comme s'il reprochait à l'occupant habituel de ne pas se montrer. Qu'est-ce que Dumbledore pouvait avoir de plus important à faire pour ne pas venir ?
McGonagal revint vers lui quelques secondes plus tard en poussant un bref soupire, et Harry détourna son attention du tableau.
En percevant son exaspération, il ne put s'empêcher de décocher un sourire en coin.
« - Prenez donc un biscuit, Minerva, proposa t-il en désignant élégamment du plat de la main un pot se tenant à proximité sur le bureau. »
Le regard surpris de cette dernière pivota vers la petite boite en fer revêtant des motifs écossais. Elle discerna l'allusion fine à la fois où elle avait reçu le jeune adolescent dans son bureau, en cinquième année. Après que le professeur Ombrage l'y ait envoyé à l'issue d'un premier cours désastreux duquel il s'était fait renvoyé.
Son regard revint vers son ancien élève, les yeux et les lèvres plissées.
« - Potter, s'exaspéra t-elle d'un air guindé en agitant sa main vers lui. Ayez au moins l'obligeance de vous tenir correctement sur ce fauteuil !
- Bien sur, professeur, fit celui-ci en recouvrant son sérieux, décroisant aussitôt ses jambes qu'il ôta du bureau.
- Bon, voilà qui est mieux, constata McGonagal en rajustant ses lunettes, les sourcils levés en l'air alors qu'elle prenait place sur son siège. A ce qu'il paraît, vous n'en avez encore fait qu'à votre tête.. Et vous avez entraîné Miss Granger avec vous, en plus de ça !
- C'est elle qui m'a suivis, Madame la.. se justifia l'ancien auror.
- Dites moi, Potter.. Manquez-vous de recrues parmi les aurors ? Le coupa t-elle. Ou bien les activités de votre profession ne suffisent-elles pas à combler votre besoin de dangers permanents ? »
Harry se racla la gorge et se redressa pour de bon sur son siège.
« - Elle et moi avons pu découvrir ce qui se tramait depuis le début, avança t-il rapidement comme s'il s'agissait là d'une preuve irréfutable.
- Qu'attendez-vous pour l'engager, dans ce cas ? S'exclama t-elle en agitant vivement ses mains, même si elle se retenait de s'emporter. Vous n'avez plus quinze ans, Potter ! On ne vous permettra jamais de faire des choses pareilles au ministère !
- Je leurs ai rapporté ces informations aussitôt revenu ici ! protesta ce dernier en perdant son sang-froid. »
En prenant le risque de finir à nouveau encerclé par ses aurors, ce qui était arrivé inévitablement. Une ribambelle d'aurors et de tireurs d'élite envoyée du ministère l'avait emmené d'office jusqu'à une pièce où on l'avait maintenu enfermé une demi-heure, suivis d'un interrogatoire en bonne et due forme par Tonks, avant d'être envoyé dans le bureau de la directrice où il se tenait à présent.
Plus qu'agacée, et à bout de patience, McGonagal préféra ne rien répondre pendant un instant, et à la place de ça saisit la boîte aux motifs écossais.
« - Lorsque vous avez terminé vos études ici, confia t-elle. J'ai ressenti le même soulagement que lorsque votre père avait obtenu son diplôme et quitté cette école pour de bon.. Priant Merlin de ne plus jamais revoir un seul Potter en franchir les portes.. »
Harry ne sut pas très bien comment le prendre et fronça des sourcils. Elle l'ouvrit la boîte et saisit un biscuit.
« - Mais je craignais beaucoup plus de ne plus gagner un seul match de quidditch, sans oser parler de la coupe des quatre maisons ! »
La directrice eut alors l'air de se radoucir en portant le biscuit à sa bouche.
« - Je vous crois, Potter, dit-elle finalement. »
Elle croqua dedans et posa la boîte sous ses yeux. Harry qui ne s'était pas attendu à ce comportement de sa part releva les yeux vers elle. Il refusa poliment d'un geste de la main mais comme elle insista, il se sentit forcé d'en prendre un.
« - Je vous crois lorsque vous m'avez dit que Bellatrix s'est joué de vous.
- Vraiment ? Fit celui-ci avant de croquer dans le biscuit, tandis qu'elle le regardait fixement par dessus ses lunettes.
- Eh bien, il semblerait que Rémus Lupin soit en revanche beaucoup moins facile à convaincre d'après ce que j'ai compris. Un témoin de plus de votre côté ne sera pas de trop, j'imagine ?
- Un témoin de plus ? S'étonna ce dernier. Mais de qui... »
Il fut interrompu par le bruit de vives flammes jaillissants de la cheminée derrière lui. Monté comme un ressort, il posa ses mains sur les rebords du fauteuil et pivota pour voir apparaître Lupin dans les flammes vertes, qui reprirent une taille et une couleur normale sitôt qu'il fut sortit de la cheminée. Apparement, le ministre avait réussi à se débarrasser momentanément de sa clique habituelle qui suivait le moindre de ses déplacements. On pouvait constater d'entrée qu'il se sentait beaucoup plus à l'aise ainsi.
Harry se retourna et l'ignora parfaitement, ce que le lycanthrope ne manqua pas de noter. Evidemment, ce n'était ni l'endroit et encore moins le lieu pour des règlements de comptes. Le brin d'hostilité qui régnait dans l'air n'échappa cependant pas à la directrice.
« - J'imagine que la nuit n'a pas dû être facile, parla celle-ci d'une voix claire en guise de salutation.
- En effet, répondit le ministre alors qu'elle faisait apparaître un deuxième fauteuil à la droite d'Harry sur lequel il prit place après l'avoir remercié. Elle ne l'a pas été. »
Du coin de l'oeil, Harry put remarquer à quel point il avait l'air fatigué, même si ce constat le laissa parfaitement indifférent.
« - Commençons donc, si vous le voulez bien, dit McGonagal en posant les mains l'une par dessus l'autre. Malgré les récents événements qui pourraient justifier votre mésentente, je vous prierais de rester civilisés tant que vous vous tiendrez dans mon bureau.. suis-je assez claire ? »
En ayant dis cela, son regard s'était attardé sur Harry plus que nécessaire. Ce dernier acquiesça silencieusement, même si ses yeux reflétaient cette détermination qui ne trompait personne.
« - Pouvez vous me dire sur ce qu'il en est de Bellatrix ? commença par demander la directrice.
- Tonks l'a retrouvé dans Cavespell et l'interroge actuellement, répondit Rémus. Nous saurons sous peu grâce au véritasérum s'il dit vrai.
- Potter peut également compter sur mon soutien pour témoigner en sa faveur, fit Minerva en jetant un œil appuyé à ce dernier. L'influence que Bellatrix a eut sur lui ne devrait bientôt plus tarder à vous sauter aux yeux.
- Cela reste encore à prouver, répondit Lupin en campant sur ses positions. »
Le regard d'Harry s'assombrit un instant en notant que Rémus n'avait pas parlé de lui directement. Sans mentionner qu'il le tenait toujours pour responsable.. Le survivant se redressa sur son siège avec une moue à la fois sarcastique et faussement suspicieuse.
« - Professeur, j'aurais une question à poser, lança t-il alors d'un air innocent.
- Allez-y, Potter.. dit-elle lentement avec méfiance.
- Est-il vrai que le ministre -à l'époque conseiller- avait ordonné à l'un de vos professeurs une requête visant à inculper l'un de ses collègues ? »
Il entendit sur sa gauche Lupin se tortiller légèrement sur sa chaise. La directrice inspira profondément.
« - En effet, confirma Minerva. A mon insu, le professeur Flitwick et son assistant ont pu découvrir que les horcruxes dissimulés dans le parc réagissaient étrangement à.. quelque chose.
- Et le conseiller du ministre en a conclu que ce quelque chose était moi, termina Harry d'un sourire factice. Ne vous êtes vous pas dit qu'il en était arrivé un peu trop rapidement aux conclusions, Professeur ?
- Je l'ai appris alors que Rogue avançait la preuve que vous aviez falsifié vos souvenirs, répliqua McGonagal. Et je vous prierais de vous adresser directement au ministre lorsque vous parlez de lui, je ne suis ni une médiatrice et en aucun cas un hibou postal !
- Rogue entretenait les mêmes soupçons que j'avais à l'égard du chef des aurors, intervint Rémus entre les deux. Pour ma part, j'ai remarqué que Shaklebolt avait toutes les caractéristiques d'une victime sous l'emprise du sortilège impero depuis le début de l'année. Hors comme vous le savez, le ministère a mit en place un système de détection pour nous en prévenir.
- Et il semblerait qu'il ne soit pas aussi performant que vous ne le pensiez, conclut McGonagal, un de ses cils à nouveau levé en l'air.
- Quelqu'un en a pris le contrôle à notre insu, admit le lycan d'une voix laissant transparaître le remord. Mais j'ai peine à croire que Bellatrix ait eu la possibilité de le faire depuis Azkaban où elle se trouvait alors.. Il y avait des infiltrés au ministère et au sein du quartier général des aurors, je n'ai cependant aucun doute la dessus, et j'en tiendrais compte lorsque..
- ..Lorsque Bellatrix avouera avoir été à l'origine de la manipulation, le coupa Harry en terminant sa phrase à sa place, alors que Lupin retenait son souffle sous l'impatience.
- Je vous prierais de ne pas couper la parole à votre ancien professeur ! réagit la sorcière. »
Harry acquiesça respectueusement et cala son dos contre le dossier du fauteuil, gardant le silence. Si Lupin gardait son sérieux et son calme face à ses attaques répétitives, il fut néanmoins surpris par le comportement d'Harry, même si sa rancune était plus que compréhensible. Certaine fois, ce dernier lui rappelait James avec surprise tant elle faisait monter en lui des bouffées de nostalgie. Même s'il tenait d'habitude l'attitude plus modeste de Lily, la répartie et la posture de défit qu'il arborait à présent avec fierté démontrait le même charisme que James.
Du temps des maraudeurs, si Sirius prenait toujours le partie de ce dernier, les deux animagus tombant en accords sur tout, c'était avec Rémus que le père d'Harry entrait le plus facilement en désaccord, et de ce fait le plus souvent. Même si leurs débats restaient amicaux, plus polis et moins conflictuels qu'avec Sirius.. Rémus contempla le parquet à ses pieds d'un air absent, un léger sourire flottant sur le coin des lèvres.
Si le fils de son vieil ami se comportait ainsi avec lui cependant, il devinait que ce n'était non pour se pavaner mais pour de bonnes raisons, une réaction digne de Lily Potter.
« - ..Lorsque le magenmagot rendra son jugement, reprit Lupin pour terminer sa sentence avant de poursuivre sur autre chose. Le professeur Flitwick et son assistant ont évoqué la possibilité d'un lien existant toujours entre les horcruxes, je n'étais donc pas le seul à envisager l'idée selon laquelle ces derniers pouvaient exercer une influence néfaste sur Harry. Les charges devraient donc être moins lourdes lorsque cette hypothèse sera confirmée. »
Harry dû à cet instant contenir en lui la sourde envie de bondir de son siège pour le secouer. Mais la porte du bureau qui s'ouvrit derrière eux une demi seconde plus tard l'en empêcha.
Le professeur Rogue entra.
« - Potter disait vrai, commença ce dernier sans s'annoncer. Bellatrix a avoué avoir subtilisé le corps de Vous-savez-qui, et les rapports qui nous sont parvenus il y a peu du département des mystères nous ont révélé un impact magique important laissé par Vous-savez-qui à Cavespell. Cette impact contenait les dernières traces de sa magie qui ont pu recréer une connexion temporaire entre les horcruxes et Potter.
- De la magie noire très avancée.. souligna Lupin d'un air toujours absent, un pli soucieux se dessinant entre ses sourcils. »
Ce qui expliquait les insomnies d'Harry, ses cernes, son comportement peut-être, songea le survivant. Est-ce qu'il pouvait à ce point rejeter la faute de ses sautes d'humeurs sur l'influence des horcruxes ? Il ne le pensait pas.
« - Il y a quelques mois, poursuivit Rogue. Suite à l'interrogatoire donné dans le tribunal, Bellatrix Lestrange a tenté d'influencer Potter pour que celui-ci prenne le contrôle du sortilège de détection de l'imperium. Comme celui-ci a résisté, Andrew Warren s'en est chargé. Sa tentative a échoué et a lancé l'alerte dans tout le ministère, et Shaklebolt est lui-même intervenu pour l'arrêter. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'auror parvienne à lui lancer le sort pour lui ordonner de libérer les mangemorts. Bellatrix s'en est ensuite prise au ministre à l'étage des cellules et l'a torturé. »
Tout le monde se souvenait de cette période affreuse où l'on avait appris le coma dans lequel avait été plongé le ministre, suivit de la nomination de Percy pour le remplacer temporairement. La manipulation avait continué avec le frère de Ron.
Harry ne douta pas à cet instant de la culpabilité que devait ressentir Lupin à l'idée de n'avoir pu protéger ni l'un ni l'autre. A croire que ce poste était désormais maudit, tout comme celui qu'il avait tenu ici en troisième année.
« - Bellatrix m'a avoué dans la forêt que c'était elle qui m'avait insufflé l'idée de la faire sortir d'Azkaban lorsque j'ai voulu procéder à cet interrogatoire, intervint soudainement Harry. Elle n'a pas pu se procurer la dépouille de Voldemort de là-bas, alors comment a-t-elle fait ? »
Les autres gardèrent le silence face à sa question, et ce dernier les fixa tour à tour, cherchant dans les méandres de leurs esprits un quelconque élément de réponse, ou une piste. A l'évidence, ils n'en savaient pas plus que lui. Bellatrix n'était pas allée jusqu'au bout de ses révélations, apparement.
C'est alors qu'il repensa à un détail qu'il avait pu dénicher dans les pensées du mangemort dans la forêt. Un détail qui sur le moment, n'avait pas eut autant d'importance à ses yeux.
Rogue reprit la parole.
« - Le professeur Flitwick en a déduit que les horcruxes et leur étrange activité ne servaient en réalité que d'avertisseur pour prévenir que l'un d'eux subissait une influence extérieur. Une réaction qui se produit habituellement dans ce genre de cas, lorsqu'un horcruxe est détruit et que l'on tente à nouveau de l'utiliser.. L'impero qu'a subit Potter, dans le cas présent.
- Si nous pouvons en conclure pour l'instant que Potter n'a subi aucune influence ni aucun dommage de la part des horcruxes, mais bel et bien de Lestrange, et que toutes les accusations qui en découlent sont fausses, il n'a donc plus aucune raison de se présenter devant le magenmagot ? Demanda Minerva en s'adressant au ministre. »
Celui-ce soutenue son regard, un pli sur les lèvres tandis qu'il réfléchissait.
« - Il semblerait que non, en effet, dû t-il se rendre à l'évidence. L'affaire sera difficile à étouffer cependant.
- Eh bien messieurs, dans ce cas, s'exclama t-elle vivement en se levant. S'il n'y a rien de plus à ajouter, je ne vois aucune raison de poursuivre cet entretien dans mon bureau ! »
Les trois sorciers face à elle acquiescèrent d'un signe de tête, et Lupin et Harry se levèrent de leur siège. Rogue repartit dans un bruissement de cape en laissant derrière lui la porte ouverte, et Lupin leur tourna le dos après avoir salué la directrice, sans adresser le moindre mot à Harry qui le regarda repartir vers la cheminée.
Alors qu'il disparaissait dans les flammes vertes, son regard se dirigea vers le tableau toujours vide au dessus du fauteuil de la directrice. Harry repensa à la potion que Bellatrix l'avait contraint de préparer. Si elle avait tenté de sauver l'âme de Voldemort ainsi, il se rendit compte que pour sa part, cela aurait complètement été inutile.
Car c'était son coeur qui l'avait sauvé une fois de plus, comme l'avait dit un jour Dumbledore.
…
Après avoir dévalé à toute vitesse l'escalier en colimaçon, Harry courut après Rogue dans le couloir.
« - Professeur ! Avait-il crié. »
L'interpelé ralentit son allure sans toutefois se retourner.
« - Votre manque d'incivilité me décevra toujours Potter, fit celui-ci froidement en se retournant à moitié. Dites ce que vous avez à dire et éviter de me faire perdre mon..
- J'ai une question à vous poser, l'interrompit Harry. Qu'avez-vous découvert d'autre dans l'esprit de Bellatrix ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parlez.
- Vous avez participé à son interrogatoire, non ? Demanda t-il abruptement.
- En effet, oui, confirma ce dernier lentement en levant les yeux au ciel.
- N'auriez-vous pas eut plus d'informations au sujet des personnes qui l'auraient aidé à se procurer le corps ? insista le jeune homme.
- La résolution de cette enquête ne repose plus entre vos mains, je le crains, répondit le professeur de potions.
- Sauriez-vous quelque chose au sujet de l'endroit où on le conservait jusqu'ici ?
- Ma patience a ses limites, Potter, dit-il à voix basse. Vous devriez le savoir mieux que personne. Vous n'oseriez quand même pas me sortir les vers du nez ? »
Obtenir une réponse de Rogue équivalait à parvenir à sonder son esprit : des tentatives qui se soldaient la plus part du temps en échec.
Ce fut au tour d'Harry de perdre patience.
« - Vous savez très bien quelles sont mes intentions, Rogue, dit alors le survivant en délaissant son masque. Je ne cherche qu'à remonter aux véritables responsables, tout comme la fois où je vous avez suivis en septième année lorsque vous deviez remplir votre mission, bien que je me trompais sur votre compte et que j'ai dû endosser la responsabilité de la mort des Granger ! »
Il se tut, son souffle précipité, la douleur et le regret finissant par transparaître dans ses yeux et sa voix bien malgré lui. Auparavant, les mots ne seraient jamais sortis de sa bouche ainsi. Mais depuis qu'il était ressorti revigoré de cette forêt, plus que jamais, les mots voulaient sortir.
Rogue demeura silencieux, mais ses yeux revêtirent une certaine forme d'incompréhension.
« - Personne ne vous a tenu responsable de quoi que ce soit, Potter, répliqua t-il alors. Ce n'est pas vous qui avait été repéré à l'époque, mais moi.. Les mangemorts avaient découvert mon double jeu après avoir délivré Mr Malefoy de l'emprise de son père, et ils m'attendaient au tournant. »
Harry eut pendant un instant l'impression d'avoir mal entendu ce qui venait de sortir de la bouche de son ancien professeur tant honnis. Mais la phrase se répéta à l'infinie dans son esprit et il fut bientôt capable de prendre pleinement conscience de ce que cela voulait dire. Il avait l'impression que le sol se dérobait sous lui.
Il s'était toujours dit que c'était sa marque qui avait ameuté les mangemorts et Voldemort à leur domicile..
Se pourrait-il que ce soit en réalité lui qui ait mal interprété les événements ?
Cette croyance s'était ancrée pendant si longtemps qu'il en avait finit par oublier que personne ne lui avait confirmé ce qu'il pensait à l'époque. Pas même McGonagal en vérité. Seul son esprit avait crée des souvenirs qui n'avaient jamais existé..
« - Notre esprit à la capacité de nous jouer plus d'un tour, lui apprit Rogue en comprenant automatiquement le dilemme qui s'était crée en lui. Arrêtez de porter le monde sur vos épaules et tout le monde s'en portera mieux.. »
Harry le regarda à nouveau, dévoilant une vulnérabilité bouleversante qu'il regretta aussitôt d'avoir affiché aussi impunément devant le maître des potions. Mais plutôt que de trouver le jugement et le mépris habituel de ce dernier, il eut alors l'impression de voir pour la première fois de sa vie une forme de compassion émaner du regard du Rogue.
Chapitre 35
Hermione patientait en compagnie de Ron et Ginny dans la cour du château, ces deux derniers assis sur le rebord de la fontaine. Le petit groupe gardait le silence. Le regard absent et la mine las, la tête de Ginny reposait sur l'épaule de son frère et elle avait passé un bras autour de son cou. Les grandes portes dans leur dos étaient ouvertes et Hermione regardaient les derniers invités repartir chez eux par transplanage.
Elle regrettait de ne pas être d'un réconfort suffisant pour ses amis, et elle se faisait un sang d'encre pour le devenir d'Harry. Elle s'était portée témoin en rentrant au château où il avait été arrêté par les membres du ministère et emmené en détention dans une salle. On avait posé quelques questions à Hermione avant de la laisser là. Sans nouvelles depuis.
Le corps de Percy avait été ramené au ministère, et elle n'avait pas de nouvelles des Weasley repartis en Angleterre depuis la veille. On savait que les détraqueurs avaient été enfermé dans Cavespell, mais on ignorait l'ampleur des dégâts qu'ils avaient pu semer sur leur passage. Les portails avaient été retrouvés et détruits par un agent du département des accidents et catastrophes magiques qui craignait que des moldus puissent sans le savoir passer au travers et se retrouver piégés à l'intérieur.
Neville passa les portes et vint à eux.
« - Eh, Neville, l'accueillit Ginevra en redressant la tête, ayant l'air de ceux qui ont trop pleuré.
- J'ai quelqu'un à vous présenter, annonça t-il avec un sourire hésitant, même si son regard brillait. »
Ils se levèrent et suivirent le professeur de botanique jusqu'à l'infirmerie. La pièce baignait dans la lumière émise par les fenêtres en arcade. Ce qu'ils découvrirent eut au moins le don de leur apporter du baume au coeur en dépit les circonstances.
Pansy se reposait dans un lit, Drago se tenait près d'elle, assis avec élégance sur une chaise tandis qu'au pied du lit se tenait la grand-mère de Neville, portant un paquet de couverture dans les bras tout en discutant avec Madame Pomfresh.
Ron, Ginny et Hermione firent ainsi la connaissance de l'enfant né à minuit qui dormait désormais paisiblement dans les bras de son père. Ils se posèrent surement tous la même question : comment quelque chose d'aussi petit avait-il pu ramener la magie ?
Le regard d'Hermione s'attendrit aussitôt et un torant d'émotions se souleva en elle. Un éclat d'espoir était réapparu dans les yeux de Ginny, si semblables à ceux de sa mère, et le visage de Ron qui semblait avoir pris un dizaine d'année en une nuit retrouva un instant son air d'éternel adolescent.
« - Comment s'appelle t-il ? Demanda sa soeur en s'avançant vers le nouveau-né.
- C'est une fille, je vous présente Petrova, répondit Neville.
- Petrova Londubat, ça le fait non ? Répéta Ronald en se tournant vers les autres alors qu'il penchait sa tête au dessus du paquet de couverture. Bon sang, ce qu'elle est minuscule !
- Je peux la prendre ? Demanda d'une petite voix Hermione.
- Bien sur ! Fit son ancien camarade de classe tandis qu'elle mordillait sa lèvre inférieur tout en souriant. »
Neville plaça délicatement le nourrisson entre les bras de la sorcière tandis que Ginny se précipitait à ses côtés.
« - Evite de lui faire peur, Weasley ! S'exclama Drago de sa chaise. Elle n'a que quelques heures et ses yeux ne sont pas encore habitués à percevoir autant de couleurs, celle de tes cheveux risque de l'effray... »
- Neville, il faut qu'on te parle de quelque chose, s'exclama alors Ginevra en lui coupant le sifflet."
Chapitre 35
"- Non, Ginny ce n'était pas le moment ! réagit aussitôt Hermione en chuchotant.
- La réincarnation de quoi ? S'exclama Londubat.
- Je croyais que c'était la descendante ? Demanda Ron.
- Ça suffit comme ça, intervint Malefoy en se levant. Ceux sont des informations ministérielles et au passage confidentielles, éviter d'ébruiter ça autour de vous.. Vous ne souhaitez tout de même pas qu'on l'idolâtre comme Potter ? »
Aucun d'eux ne savaient si la prophétie disait vrai.. Petrova était-elle réellement la réincarnation de Merlin ?
Peu importe.. En vérité, cela n'avait aucune importance ! Les membres du groupe se sourirent entre eux, attroupés autour du centre d'attention en émettant des exclamations émerveillées accompagnées de commentaires, ou reprochant à l'autre de parler trop fort. Ils se rapprochèrent de Pansy lorsque celle-ci émergea de son sommeil et demanda à voir son enfant.
« - Eh bien, félicitations, vous deux, lança Ron. »
Hermione adressa un sourire rayonnant à Pansy en venant déposer le nourrisson dans ses bras, tandis que Ginny se tenait à distance, ce qu'elle ne manqua pas de remarquer.
Ils apprirent que Drago était le parrain, et la marraine une cousine éloignée de Neville. Quelques minutes plus tard, Augusta Londubat ne cessait de prodiguer des conseils à Pansy sur l'allaitement. Ceux-ci ne tardèrent pas à mettre Ron mal à l'aise.
« - On ne dirait pas qu'il va bientôt devenir père ! Glissa sa sœur à l'oreille d'Hermione en s'asseyant à ses côtés sur un lit voisin. »
Hermione retint un rire.
« - Weasley, ça te dirait de sortir avec moi ? Demanda alors Malefoy en lâchant une bombe au sein du groupe. »
Le silence s'abattue et les conversations se stoppèrent nette à cette déclaration. Ginny se tourna vers lui, ses sourcils formant en accent circonflexe.
« - ..Quoi ? s'exclama enfin Ron sans comprendre, regardant les autres autour de lui. Mais t'es malade ! Je suis marié !
- C'est pas à toi que je posais la questions, sombre crétin, répliqua Drago en se tournant vers lui.
- Oh voyons ! intervint Augusta. Parler ainsi, à votre âge.. »
Malefoy précisa qu'il demandait à Ginny si cette dernière pouvait sortir avec lui un instant pour discuter de quelque chose.
« - Je n'ai pas envi que la couleur de mes cheveux t'aveugle, Malefoy, répondit-elle froidement, les bras croisés. »
Personne ne fut dupe quand aux regards qu'ils échangeaient. Regards qui ne furent pas au goût de Ron.
Sur ses charmantes paroles, elle décroisa les bras ils quittèrent ensemble la pièce. Suite à leur départ, le rouquin posa une foulée de questions qui ne tardèrent pas à lasser tout le monde. Seule l'arrivée d'Harry permit de détourner son attention. Le survivant se tenait dans l'ouverture et demandait discrètement à Ron et Hermione de le rejoindre.
Revenus dans le couloir, les deux hommes se prirent dans les bras un instant. Harry lui dit à quel point il était désolé pour Percy.
Hermione s'avança avec hésitation vers eux, retenant à nouveau un élan d'émotion en voyant à quel point Ron prenait sur lui. Ne sachant trop comment agir avec lui dans cette situation, sa seule envie était de le prendre dans ses bras également, mais elle craignait être trop envahissante et le mettre mal à l'aise, ce qui ne tarderait pas d'arriver avec lui.
Harry et Ron se séparèrent et le survivant donna une tape affective dans son dos que le rouquin lui rendit, les yeux brillant étrangement, préférant les gestes aux mots. Leurs regards lourd de sens se transmettaient le reste.
« - Content de voir que Lupin te lâche la.. dit le rouquin avant d'être interrompu par un raclement de gorge d'Hermione. Qu'il abandonne ses accusions, je voulais dire, rectifia t-il. »
La jeune femme qui s'était jusqu'ici tenue silencieusement entre eux commença à poser une ribambelle de question à ce sujet. Malgré ce qu'il venait d'endurer et sa récente détention, Harry avait l'air regonflé à bloc. Une étrange lueur brillait dans ses yeux verts, et elle le connaissait suffisamment bien pour savoir qu'il trafiquait encore quelque chose.
« - Hermione, lâche-le un peu ! plaisanta son ami.
- Non, elle a raison, c'est d'ailleurs de ça dont je voulais vous parlez. Je sais comment Bellatrix m'a manipulé d'Azkaban, lâcha subitement le survivant, son regard s'intensifiant. »
La jeune femme eut un air carnassier. Elle le savait.
« - J'ai encore raté un chapitre on dirait, remarqua Ron. Tu sais de quoi il parle ? Demanda t-il à Hermione.
- Ron, passe moi la carte du maraudeur ! s'empressa Harry.
- Décidément on aura jamais un moment de répit avec toi.. soupira Ron en passant la main dans la poche arrière de son pantalon. »
Son ami se fit insistant et le rouquin céda.
« - Ouai, ouai.. deux secondes, répliqua ce dernier en tirant difficilement cette dernière de sa poche. Tiens, la voilà.
- Harry, tu ne crois pas que tu ne ferais mieux pas de parler de ça à un auror ? S'inquiéta Hermione, même si une part d'elle mourrait de curiosité d'en savoir plus. »
Elle n'arrivait toujours pas à croire avec quelle facilité Harry se confiait de nouveau à eux. Ils se dirigèrent tous les trois à l'angle du couloir, comme au bon vieux temps.
« - Parce ce que c'est justement l'un deux qui a manigancé tout ça avec elle, expliqua t-il en dépliant la carte. »
Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet.
« - J'espère que c'est Malefoy, s'exclama soudain le marié. Une fois emprisonné à Nurmengard il pourra tirer un trait sur ma sœur ! »
Hermione eut alors l'impression de déjà savoir de qui il s'agissait.
« - Il ne s'agirait pas de l'auror que tu as renvoyé ? devina t-elle.
- Lui-même, railla le sorcier, les yeux parcourant les étages sur le parchemin. Selon Drago il a aussi traversé le portail après nous, j'imagine qu'il n'en est pas resté là. »
La jeune femme remarqua son agitation.
« - Harry.. commença t-elle avec un air de compassion. Tu es sûre que tu n'as pas besoin de prendre un peu répit après ce qu'on a vécu ? »
En voyant le jeune homme à bout de nerf, elle s'empara doucement de la carte et lui proposa de chercher à sa place. Harry lui lança un regard hésitant, mais elle vit la reconnaissance dans ses yeux. Hermione lui adressa un sourire compréhensif et l'homme se détendit.
Ils remontèrent le couloir, Hermione entre eux avait le nez rivé sur la carte, pendant qu'ils tâchaient de rester aussi discret que possible.
Ron brisa le silence à un moment.
« - Eh ! S'écria t-il sans discrétion en désignant un point du doigt sur leur droite. Ce ne serait pas lui là-bas en train de forcer les portes en bleues ? »
Harry et Hermione savaient d'ors et déjà de quelle pièce il s'agissait, et s'élancèrent les premiers. Ron fut pris de court face à leur réactivité mais s'empressa de les rattraper.
Plus vite qu'il n'en fallait pour dire quidditch, Harry subtilisa la baguette de l'homme qui de dos n'avait pu les voir arriver, et le coinça entre lui et les portes de l'armurerie.
« - Harry, s'écria Hermione en le suppliant, sa voix partant dans les aiguës. Tu as été inculpé !
- Les charges ont été levées ! le défendit Ron en arrivant derrière elle, sortant à son tour sa baguette. »
Turner avait repris sa véritable apparence et luttait à présent avec la force que lui procurait sa puissante carrure. Malheureusement pour lui, Harry ne faisait pas le poids. Hermione se demanda pourquoi il avait pas utilisé sa baguette.
« - Ron ! Articula t-il difficilement par dessus son épaule. Viens m'aider ! »
Le jeune marié réagit aussitôt et passa devant Hermione, qui pour sa part, se mordait les lèvres d'un air coupable. Ils réussirent à deux à maitriser l'homme, qui d'un sort fut ligoté et d'un autre dans l'incapacité de crier pour signaler sa présence.
« - Vous.. vous êtes sûre que c'est un comportement approprié ? Demanda t-elle anxieusement.
- Dis la fille qui a s'en est prise à deux aurors pas plus tard qu'hier ! répliqua Ron avec dédain, alors que cette dernière ouvrait grand la bouche, ne voyant rien à dire pour sa défense.
- Je voulais seulement dire par là qu'on était pas censé rendre la justice nous-mêmes, se justifia t-elle en rougissant.
- Pourtant, c'est tout ce que mérite ce fumier ! fit le jeune Weasley. »
Harry était trop concentré sur sa tâche pour s'en rendre compte, mais Hermione voyait bien que le roux n'était plus dans son état normal. On aurait dit qu'il cherchait à se venger sur quelqu'un et cela n'eut pas le don de la rassurer.
« - On va seulement l'interroger, obtempéra le survivant en esperant la rassurer. Hermione, cherche une pièce vide la plus proche d'ici, où personne ne pourra nous déranger ! »
La jeune femme s'exécuta bien qu'elle n'approuvait absolument pas.
« - Vous ne pouvez vraiment pas vous empêchez de chercher les ennuies, s'agaça t-elle en prenant une inspiration tout en cherchant sur la carte. Dans quoi est-ce que vous allez encore m'embarquer, vous deux ? »
Elle repéra un endroit en particulier et les mena vers ce dernier. Les deux sorciers retenèrent solidement l'auror de chaque côté et ils remontèrent le couloir jusqu'à l'endroit qu'Hermione indiquait. Cette dernière s'arrêta devant et l'ouvrit d'un sortilège informulé.
« - Un placard à balais ? S'offusqua Harry déconcerté alors qu'ils la contournaient.
- C'était pas précisé, s'excusa Hermione, contrite. »
Cette dernière leva les yeux et croisa le regard interrogateur du sorcier lorsqu'il passa à côté d'elle. Ron jeta un oeil à l'intérieur de la pièce, puis haussa finalement les épaules.
« - Ça fera l'affaire, conclut-il pendant qu'Harry poussait l'homme à l'intérieur, lui-même surveillant le couloir.
- J'en reviens pas qu'on fait ça, murmura t-elle en voyant Ron se pencher en avant pour entrer, évitant ainsi de se cogner la tête.
- Tant fait pas, tu n'auras rien à faire ! Désolé de te dire ça Hermione, mais ça va être à ton tour de monter la garde, fit le jeune Weasley. »
Et avant qu'elle ait pu émettre une quelconque protestation, Ron referma la porte sur elle. Hermione ne put s'empêcher de donner un coup de pied par terre, frustrée. Elle fut bien contrainte de surveiller le couloir, tout en jetant des coups d'oeil passagers sur la carte.
Encore remontée, elle ne fut pas aussi attentive que d'ordinaire et un nom sur la carte se rapprocha d'elle sans qu'elle ne le vit. Lorsque Ginny s'avança vers elle quelques instants plus tard, celle-ci découvrit avec surprise son amie de dos accolée à une porte close, l'oreille posée dessus à écouter clandestinement.
« - Qu'est ce que tu fabriques là ? Demanda la rousse alors qu'elle se retournait. Où sont Ron et Harry ? »
L'excuse d'Hermione ne suffit pas à la convaincre comme elle s'y attendait, et Ginny eut tôt fait de se douter de quelque chose de suspect. Elle passa devant elle pour ouvrir la porte, et découvrit Harry et Ron se tenant dos à elles, debout côte à côte, leur baguette visant Turner. Ce dernier était assis à leurs pieds contre le mur, et résistait visiblement aux questions de l'ancien auror.
Ginny se calma face au spectacle, trop éberluée pour les réprimander pendant que les deux se retournaient et l'apercevaient.
« - Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Harry automatiquement, avant d'apercevoir Hermione dans le dos de celle-ci froncer subitement des sourcils en regardant la carte. Hermione, qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-il rapidement. »
Mais avant que celle-ci n'ai pu les informer, une sixième personne fit irruption dans l'embrasure de la porte qu'elle n'avait pas prit soin de refermer.
« - Weasley ? S'élança la voix de Malefoy. On avait pas terminé notre discussion.. »
Il s'interrompit subitement en découvrant la scène à son tour. Il entra directement dans la pièce, poussant sans prendre garde Hermione à l'intérieur avec lui, pendant que Ginny s'empressait d'aller refermer la porte.
« - Là on commence à être serrés, remarqua Ron en étouffant les protestations d'Hermione.
- Bande d'imbécile.. commença Drago en abandonnant son ton trainant. On tombe toujours de haut avec vous ! Vous n'avez pas d'autres idées encore plus ridicules ?
- Malefoy, sors de là ! s'écria Hermione énervée.
- Bon, ordonna la voix plus forte du survivant qui couvrit celles des autres. On bouge. Tout le monde dehors ! »
Une petite dispute s'éleva dans la pièce. Aucun d'entre eux ne voulaient avertir le ministère, tout du moins pas tant qu'ils n'avaient de preuves solides. Mais tous attendaient des réponses, même Ginny à qui l'on demanda à plusieurs reprises de partir, au plus grand agacement de celle-ci qui manqua de se transformer en furie.
Cinq minutes plus tard, Hermione et elle surveillaient le couloir pendant que Drago, Harry et Ron entrainaient avec eux l'ancien auror, à la recherche d'un endroit plus approprié.
« - On peut savoir de quoi tu parlais avec lui ? Demanda Ron à sa sœur, faisant référence à Malefoy.
- Un interrogatoire à la fois ! S'exclama cette dernière. »
Ils s'enfermèrent dans une salle de classe à l'abris des regards. Pendant qu'Hermione s'assurait que le sortilège avec lequel elle venait de verrouiller la porte fonctionnait, les hommes installèrent le sorcier sur le siège d'un pupitre. Ron s'essaya non loin d'eux en laissant aux deux autres le soin de poursuivre l'interrogatoire.
Turner, toujours ligoté et prit à son propre piège ne se laissa pas intimider par la petite troupe une fois qu'on leva le sort qui l'empêchait de parler.
« - Regardez-vous, parla t-il de sa voix rocailleuse. Vous êtes adorables.. et vous vous donnez tant de mal ! »
Drago pointa le bout de sa baguette sur son cou, et Harry s'assit en face de lui. Il était le plus calme des deux pour une fois.
« - Parle, donna t-il l'ordre au sorcier. Depuis combien de temps agis-tu dans le dos du ministère ?
- Le ministère a toujours été infiltré d'une manière ou d'autre, qu'est-ce que tu croyais ? Tu n'es pas le seul à avoir enfreint les règles.
- Le corps, insista Harry. Comment te l'ai-tu procuré ?
- Ah.. C'est dure de laisser partir un vieil ennemi, fit Turner avec un faux semblant de sympathie. On a beau se dire que c'est terminé, il hantera pour toujours notre esprit si on n'y prend pas garde..
- Si tu ne réponds pas je crains devoir laisser de côté la manière douce, le prévint Harry. Et tu sais que je n'aime pas que ça se termine comme ça. »
Hermione tourna son visage dénué d'expression vers le sorcier, bien qu'à l'intérieur, l'angoisse l'avait saisit par surprise face à ces mots. Harry avait-il déjà eut recourt aux mêmes méthodes qu'elle avait vu dans l'armurerie ?
« - Tu es venu dans sa cellule un soir, complètement soul, lui rappela le survivant sur le ton de la conversation. Tu avais l'habitude de venir la retrouver. Toutes ses allées venues régulières et illégales.. j'imagine que tu passais du bon temps à Azkaban ? »
Ginevra émit une exclamation de dédain silencieuse, et croisa les bras pendant qu'Hermione suivait l'échange, intimidée. Elle ne se sentait absolument pas à sa place dans ce contexte, contrairement au survivant qui semblait aussi à l'aise que sur un balais.
« - Comment le sais-tu ? Questionna Turner à voix basse, bien que légèrement défait par ses révélations.
- C'est moi qui pose les questions, lui rappela le sorcier.
- Bon sang.. Potter.. souffla t-il, comme ébahi en soutenant ses yeux qui semblaient le sonder. Et dire que je t'ai un peu trop sous estimé durant tout ce temps.. »
Harry ne répondit rien et abandonna le pupitre contre lequel il s'était accolé, et dégaina sa baguette qu'il pointa devant le visage de l'homme. Ce dernier qui avait suivit ses gestes du regard leva les yeux vers lui. S'il ressentait de la peur à ce moment précis, il le cacha extrêmement bien, pensa Hermione.
Turner serra les dents et finit par pousser un soupire agacé. Assis au bord de sa chaise, Ron, avide et fasciné par la scène, jeta un regard en coin à Malefoy. Ce dernier lui répondit en hochant la tête, lui confirmant que l'homme était bien en train de céder sans l'intervention du véritaserum.
« - Alors, avoue-le, fit Harry. Est-ce bien toi qui a remit aux mains de Bellatrix Lestrange la dépouille de Lord Voldemort ?»
Chapitre 35
« - Ouai.. confia Drago aux autres un peu plus tard. Il se trouve que Potter est assez doué pour les interrogatoires. »
Pour la première fois depuis son retour, Hermione devait admettre qu'elle n'avait encore jamais vu Harry sous ce jour, ou alors pas autant. Si le comportement sombre et impassible qu'elle avait retrouvé en début d'année n'avait pas su la duper une seconde, l'auror qu'elle avait eut sous les yeux avait réussi à l'intimider pour de bon, et elle ne savait si elle devait trouver tout cela impressionnant, ou au contraire effrayant. Car Harry arrivait à amener les gens exactement là où il voulait.
Durant la demi-heure qui passa, elle repensa encore et encore aux révélations de l'homme, plongée dans une profonde réflexion, assise sur un des nombreux lits de l'infirmerie en attendant que Pomfresh inspecte ses blessures (qu'elle savait légères). Personne n'avait perdu une miette de l'interrogatoire, et sa mémoire avait retenu chaque détails. Ginny les délaissa et ce fut la dernière fois que l'on vit la rousse au château, car elle dû repartir à Sainte Mangouste. Le nombre de sorciers blessés ayant attaqué le ministère la veille ne cessait d'affluer et ils avaient besoin de renforts. Et elle préférait selon elle s'oublier dans le travail. Ron n'était pas parvenu à lui tirer les vers du nez concernant sa conversation avec Malefoy, et les méthodes inspirés d'Harry qu'il avait tenté de reproduire sur elle avaient échoué, au plus grand dame de ce dernier.
Drago ne s'était pas attardé là plus longtemps et était également reparti au ministère avec Tonks et Turner, désormais entouré d'une charmante myriade d'auror. L'interrogatoire d'Harry avait été passé sous silence, mise à part les révélations. On les avait forcé Hermione et lui à se rendre à l'infirmerie. Pansy et Petrova avaient été transféré à Sainte Mangouste, et Neville s'était absenté pour les accompagner. Les bruits de conversations entre aurors avaient remplacé les cris et pleurs du bébé. Les plus mal en point étaient entre les mains de Ginny et de ses collègues.
A quelques mètres devant elle, Harry lui tournait le dos et était assis sur un des lits, torse nu. Mme Pomfresh l'avait supplié de prendre du repos et d'y aller plus doucement dans les jours à venir. L'entaille sur son torse datant d'il y a des mois ne représentait plus qu'une légère cicatrice.
Grâce à son intervention, on savait désormais que Turner avait entretenu une liaison secrète avec Bellatrix pendant des années. Un soir où il était venu la retrouver, soul, elle en avait profité pour lui dérober sa baguette et lui lancer un impérium. Elle lui avait demandé de retrouver le corps de son maître, et on connaissait ce qu'il s'était passé ensuite; Turner n'avait pas donné de nom sur les sorciers et sorcières lui ayant permis de s'emparer du corps, mais il était évident que les aurors allaient le découvrir sous peu. Mais ce n'était pas ce qui intriguait Hermione pour l'instant.
Ce qui la taraudait le plus était de savoir désormais que si Turner était venue la retrouver, l'haleine empestant l'alcool, les paroles pleines de reproches, c'était parce qu'il venait d'apprendre à l'époque que Bellatrix avait eut un enfant de lui vingt cinq ans plus tôt.
Tout ce qu'ils savaient était que Narcissa Malefoy avait mis son mari dans la confidence et que ces derniers avaient dissimulé l'enfant lorsqu'il était né au sein de la prison à la fin de la première guerre, lorsque Bellatrix avait été condamnée pour la première fois. On ne savait pas la date exacte. Ni le nom que l'on avait donné à l'enfant. Seulement qu'il avait été adopté au sein du famille moldue.
Hermione en était là de ses réflexions. Elle se laissa glisser en douceur de son lit et posa les pieds au sol après que l'infirmière en ait terminé avec elle. Elle rejoint Harry à l'autre bout de la salle tout en remettant sa veste en place sur ses épaules.
Le comportement de ce dernier semblait avoir bien changé depuis le soir où elle l'avait revu dans la cuisine des Weasley. Elle l'avait observé échanger quelques mots avec ses anciens collègues qui étaient venus présenter leurs excuses, et le sorcier leur avait assuré que tout cela appartenait déjà au passé.
Harry récupérait son haut qui trainait sur son lit quand il découvrit Hermione se tenir sur le côté. Il lui adressa un demi-sourire et lui demanda si tout allait bien.
Lorsqu'il se releva pour lui tourner le dos, elle observa malgré elle les muscles de son dos finement dessinés pendant qu'il enfilait un t-shirt. Si elle s'était fait violence pour ne pas attarder son regard sur son torse et garder ainsi le contrôle d'elle-même, il ne lui en fallut pas plus pour se sentir déstabilisé. Sa respiration se bloqua dans sa gorge et elle tenta d'ignorer le désir irrépressible qui monta bien trop vite en elle.
Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait torse-nu à vrai dire, mais il était à l'époque loin d'être aussi grand et musclé qu'à présent, même s'il conservait ce côté fin de silhouette. Bon sang, il fallait vraiment qu'elle apprenne à se contrôler.. Elle détourna le regard et regarda fixement le paysage à travers une des fenêtres; Laissant le temps à son coeur de retrouver un rythme normal et à l'homme de se rhabiller.
Elle ne le regarda de nouveau que lorsqu'il eut terminé, et il sembla parfaitement comprendre son malaise. Leur regard se croisèrent alors qu'il reprenait place sur le lit pour enfiler une chaussure, et même s'il fit comme si de rien n'était, elle sentit avec déception quelque chose se refermer entre eux.
« - J'ignorais que tu étais du genre tatouages, lança t-elle en se forçant à paraître spontanée, essayant en vain de rétablir le dialogue entre eux. »
Durant sa maigre observation, elle avait remarqué un léger symbole entre ses omoplates qu'elle n'avait pas vu en premier lieu, lui rappelant les cornes d'un cerf. Harry émit un rire jaune après s'être relevé. Il se tourna vers elle, lui adressant un sourire en coin. Elle se força à soutenir son regard si vert, et son souffle recommença à lui échapper.
« - Moi non plus, admit-il en se grattant le dos de la nuque, mal à l'aise pendant qu'elle faisait un pas en arrière, les bras serrés contre elle et les épaules légèrement repliées. C'est juste.. le résultat d'une mauvaise soirée. Je me suis réveillé comme ça. »
Hermione se surprit à éclater de rire, et ce qui eut pour mérite de la détendre aussitôt. Un vrai sourire s'étira cette fois sur le visage d'Harry. Il remarqua à quel point les simples conversations qu'il avait avec elle autrefois lui manquaient..
Hermione tenta de continuer à engager la conversation, le regard brillant, et bien qu'elle hésitait elle savait bien que toutes ses interrogations ne la regardait plus et concernait uniquement le ministère.
« - Qu'est ce que tu attends pour me le demander ? Lui demanda t-il alors.
- Quoi ? S'étonna t-elle avec une légère stupeur.
- La myriade d'hypothèses qui s'échafaude dans ton esprit depuis tout à l'heure, précisa Harry. Je te sentais presque réfléchir depuis mon lit.»
Hermione se promit de se rappeler à l'avenir qu'elle devrait bloquer son esprit lorsqu'elle le regarderait dans les yeux, au risque de le voir déchiffrer la moindre de ses pensées. Jusqu'aux plus intimes..
« - C'est la révélation sur cet enfant qui m'embête, admit-elle en se rapprochant de lui, parlant à voix basse. Tu te souviens de ce qu'à dit Turner concernant la mère de Drago ? Qu'une sorcière lui aurait confié avoir eu des visions de cet enfant ayant des pouvoirs supérieurs aux autres de son âge.. des pouvoirs que sa famille d'adoption avait voulu lui retirer ? Tu penses à ce que je pense ?
- Tu crois qu'il s'agit d'un enfant de la prophétie ? »
Il s'humectifia les lèvres en jetant un oeil aux aurors derrière elle sur sa droite.
« - J'ai eu la même idée, confia t-il. Mais à quoi ça nous avance de savoir ça ?
- Eh bien j'ai toutes les raisons de croire qu'il s'agit de Luck, confia Hermione. Toutes les informations coïncident, ainsi que son âge. »
Harry avait l'air plus ennuyé qu'autre chose face à l'expression alarmée de la sorcière.
« - Harry.. insista t-elle. Il était capable de communiquer avec les détraqueurs.. et leurs donner des ordres ! Sans parler de son insensibilité en leur présence.. Si c'est vraiment lui, imagine un peu quels genre de pouvoirs aura l'enfant de Neville ? Ces enfants doivent être pris en charge, tu sais comment termine un sorcier qui ne peut pas développer ses pouvoirs correctement ?
- Je sais oui, répondit le survivant en passant devant elle. Je vais demander à Drago de faire vérifier l'information. »
Ils étaient sur le point de quitter l'infirmerie quand un des aurors retint une fois de plus le survivant.
Hermione les laissa entre eux et s'apprêta à quitter l'endroit.
Quand la voix de Dumbledore surgit tout près d'elle; elle eut un vif sursaut et remarqua un personnage apparaître dans le tableau au dessus du bureau de Pomfresh qui lui souriait malicieusement, ses yeux brillant derrière ses lunettes en demi-lunes.
« - Professeur Dumbledore, fit-elle d'une voix aiguës en reprenant son souffle, une main sur le coeur.
- Navré de vous surprendre Miss Granger, s'excusa celui-ci. Depuis ma mort, il m'arrive souvent de me balader de tableau en tableau dans le château, effrayant les élèves et les professeurs.. mais cela n'est pas intentionnel, précisa t-il sournoisement en lui faisant un clin d'oeil. »
Hermione ne répondit rien pendant un instant. L'émotion qu'elle ressentit à la vue de son ancien directeur la chamboula. Le vieil homme sembla le comprendre et lui adressa un sourire bienveillant.
« - Je suis ravie de remarquer que vous semblez plus en paix avec vous-même que la dernière fois où l'on s'est vu, lui dit-il alors plus calmement. Votre voix est différente..
- Ma voix ? s'étonna t-elle. Disons que.. je sais désormais pourquoi j'ai dû revenir, avoua t-elle en se rapprochant du tableau.
- Vous savez, continua t-il en changeant de sujet. Quand je me promène dans le château il arrive que je découvre des pièces très intéressantes, des pièces que je n'avais jamais eu le loisir de connaître de mon vivant.. Cela aide beaucoup parfois, de ne plus avoir de corps. Bonne journée Miss Granger, saluez ces charmants moldus de ma part ! »
Et il repartit suite à ses paroles chargées de mystères, la laissant méditer sur tout cela. Décidément, Albus Dumbledore semblait tout aussi atypique et étrange sous la forme d'un personnage de tableau, et conserverait toujours ce grain de folie qui désarçonnait tout le monde.
Tandis qu'elle parcourait le ré de chaussé dans le but de rejoindre la grande salle, un brin de nostalgie la submergea en songeant qu'elle était sur le point de quitter définitivement le château, et bien qu'il lui tardait de retrouver son appartement et son travail, elle du retenir ses larmes au prix d'un grand effort. Pourquoi avait-il toujours fallu qu'elle soit si sensible ?
Ron l'attendait dans l'entrée. En voyant son ami, elle se souvint du matin des noces où elle l'avait trouvé dans une des serres de l'école, avachie sur une table en se remettant d'une soirée arrosée; elle étouffa un rire et repensa au tableau du basilic qu'il avait découvert, celui qui avait tant émoustillé Evanna. Sans qu'elle ne sache trop comment, ni pourquoi, une image mentale de l'arbre de Cavespell dissimulant un passage (comme le lui avait décrit Harry) lui revint en tête.
Et si le tableau contenait lui aussi un passage tout comme l'arbre ?
« - Harry n'est pas avec toi ? Demanda t-il en râlant, alors qu'il venait de récupérer la valise de la jeune femme. Qu'est-ce qu'il fabrique, encore ? »
Il regarda Hermione se figer devant lui, la bouche entre-ouverte, et lui demanda si tout allait bien.
« - Oui.. Ron, donne-moi la carte du maraudeur ! S'exclama t-elle en s'élançant vivement vers lui.
- Okay, okay, pas de panique.. tenta t-il de la calmer en levant le plat de ses mains vers elle. Il va vraiment falloir songer à faire des copies de cette carte ! Qu'est ce qu'on cherche, cette fois ?
- Tu te souviens de ce tableau dans la serre numéro trois ? Demanda t-elle tout en cherchant l'endroit sur le parchemin. Mais si, on l'a vu ensemble, le matin du.. Ah je l'ai ! Mais, il n'y a rien pourtant ! »
Elle releva la tête, la mine déterminée, puis tourna le dos à son ami.
« - Eh ! Mais où tu vas comme ça ? On doit partir, tu te souviens ? Lui rappela le rouquin alors qu'elle partait en direction des serres où l'on donnait les cours de botanique. »
Il courut à sa suite et une fois revenue à sa hauteur, tâcha de suivre son allure rapide et volontaire.
Une fois sur place, le tableau était toujours là. Hermione se posta devant et son regard parcourut le cadre, cherchant quelque chose.
« - Hermione, va-tu enfin m'expliquer ce qu'il se passe, commença Ron. »
Il s'interrompit en voyant son amie passer devant lui et pousser le tableau sur le côté, révélant un passage étroit qui menait à un sous-sol. Elle se tourna vers lui, un sourire éclatant aux lèvres.
Voilà le genre de pièce que Dumbledore avait parfois la surprise de découvrir en se promenant de tableaux en tableaux.
Chapitre 35
« - Devine où elle est ? demanda Ron en ramassant un cailloux qu'il lança dans le lac, penché sur le côté pour mieux viser.
- A la bibliothèque ? supposa Harry en essayant d'imiter son camarade, sans succès.
- Ouais ! S'exclama ce dernier en se détournant de l'eau. Il y a des choses qui ne changeront jamais..
- Qu'est ce qu'elle y fait exactement ?
- Des recherches sur Poufsouffle et son laboratoire secret, d'après ses dires, expliqua Ron vaguement en reprenant place sur un rondin de bois posé au sol. »
Hermione devant vraisemblablement régler un détail de dernière minute avec McGonagal, Ron s'était mis d'accord avec elle pour rester ici jusqu'à ce que cette histoire de pièce découverte soit étudiée, et Harry ne souhaitait pas laisser seul son ami. A vrai dire, Ron ne semblait pas pressé de repartir en Angleterre. Harry pour sa part s'était mis en tête d'aller brûler les horcruxes, une idée soufflée par le professeur des sortilèges.
Les deux amis y avaient vu l'occasion idéal de profiter de ce moment pour faire un dernier tour en balais, tout en cherchant un endroit isolé pour mettre son idée à exécution. L'idée était beaucoup trop tentante.. autant joindre l'utile à l'agréable ! Le temps, bien que nuageux, restait suffisamment ensoleillé pour une virée dans les airs, et la température était supportable.
Tout comme lorsqu'ils étaient arrivés ici une semaine auparavant, ils avaient redécouvert les paysages écossais vu d'en haut, et s'étaient sentit à nouveau pour un court instant de véritables gamins. Ils savaient que le moment où ils devraient reprendre leur rôles d'adultes responsables reviendrait assez tôt, alors autant profiter à fond du répit et de la liberté que leur offrait le panorama de Poudlard.
Comme Harry enviait le métier de Ron qui permettait à ce dernier d'explorer tous les jours cette merveilleuse sensation que procurait le vol !
Celui-ci avait repéré la zone idéal et les deux hommes s'y étaient posés, ramassant des bouts de bois chacun de leur côté qu'ils entassèrent en cercle, déposant les horcruxes au milieu. Le bûcher s'embrasa sous leurs incantations. Ils s'étaient ensuite reculés et avaient observé en silence les horcruxes se consumer définitivement sous leurs yeux. Chose surprenante, le feu suffit à les faire disparaître contrairement à la première fois qu'ils avaient tenté de l'utiliser.
« - Fais-moi promettre de ne jamais venir me marier ici, lança Harry, les flammes se reflétant dans l'émeraude de ses yeux.
- Je m'en fais pas pour toi, vieux, répliqua Ron. Ca n'a jamais vraiment été ton truc de vouloir faire les choses en grand ! »
Le rouquin et son ami étaient repartis comme ils étaient venus, mais avaient stoppé leur course en cours de route en reconnaissant un autre endroit où il se tenait à présent. Les deux amis faisaient face au lac, non loin de la tombe d'Hagrid sur laquelle ils étaient venus se recueillir. Ils étaient assez éloigné du château, pratiquement de l'autre côté du lac, là où avait explosé les feux d'artifices. Devant eux, le château se révélait entièrement à eux, fièrement dressé sur sa colline, les tourelles s'élevant vers le ciel du milieu d'après midi.
Cela avait été autrefois son endroit, celui où le trio venait parfois discuter avec lui en faisant des concours de ricochets. A vrai dire, toute la forêt appartenait à Hagrid en quelques sortes, vu qu'il la connaissait comme sa poche. Harry regrettait de ne pas y être venu plus tôt. Il avait comme l'impression d'avoir manqué un rendez-vous important.. Mais la mort de l'ancien garde chasse restait un souvenir amère pour lui, et lui rappelaient d'autres images de la bataille de Poudlard qu'il préférait en général tenir éloigné.
Il aurait donné n'importe quoi pour une réunion avec Hagrid, même quitte à devoir regoûter à ses cookies dures comme la pierre qu'il avait la fâcheuse habitude de préparer pour ses invités.
Harry se leva du rocher où il s'était adossé et ramassa un cailloux qu'il lança à son ami. Ce dernier l'attrapa au vol tandis que le brun tentait à nouveau sa chance; C'était leur manière à eux de communiquer. Ron ne parlait pas de ce qu'il ressentait, et même si son meilleur ami avait été différent, il n'aurait pas su trouver les mots.. Alors il se contentait d'être là, et il savait que Ron comprenait par là son geste de soutien. Cela semblait lui suffire, et il savait tout de même qu'en cas de besoin, l'autre serait toujours là pour l'écouter.
« - Merci d'avoir proposé à ma mère d'aider au terrier en cas de besoin, tu sais.. pour organiser la soirée d'adieu à Percy.
- C'est rien vieux, c'est le moins que je puisse faire, lui assura Harry en se renfermant soudainement sur lui-même. »`
Ron sentit que quelque chose perturbait son ami, même s'il n'était pas très perceptif de nature. Il put tout de même discerner rapidement le problème. C'était typique venant de lui. Il le connaissait trop bien.
« - Tu n'as pas à te sentir coupable, Harry, lui dit-il. Ce qu'il s'est passé.. ce n'est pas de ta faute. »
Harry jeta plus qu'il ne lança le cailloux qui tomba dans l'eau dans un bruit d'éclaboussure.
« - J'y suis lié contre mon grès, s'exclama l'auror en se rouvrant à lui. Si j'avais été présent et pas en proie à un mauvais sort..
- Ça n'aurait rien changé, dit fermement le roux d'une voix implacable. Il y a des choses du passé qu'on ne pourra jamais changer, même pas avec un retourneur de temps, c'est comme ça.. Il faut l'accepter. »
Harry comprit que la discussion était close, et prit une inspiration, préférant profiter du vent frais sévissant autour d'eux.
« - D'ailleurs, en ce qui concerne Bellatrix, poursuivit Ron. Tu n'entends plus sa voix, j'espère ? »
L'autre s'empressa de le rassurer, lui disant que tout allait à merveille de ce côté. Ron en réponse pouffa de rire.
« - Ouai, lâcha t-il en retrouvant un semblant de légèreté. C'est vrai que tu sembles avoir changé depuis que t'es revenu de cette forêt.
- Comment ça ? Interrogea son ami qui ne voyait pas où il voulait en venir.
- Je sais pas, répondit celui-ci en regardant l'étendue d'eau. T'es différent.. »
Ils gardèrent le silence, regardant les ondulations dans l'eau disparaître l'une après l'autre.
« - Avec Hermione aussi tu n'es plus le même, fit-il remarquer. Tu crois qu'elle et toi, ça va pouvoir redevenir comme avant ? »
Harry garda le silence, et se fit la réflexion que Ron était bien loin d'imaginer quel genre de relation il voulait entretenir dorénavant avec elle. Si son ami avait fait de son mieux pour les réunir, il ignorait en revanche s'il approuverait la manière et sous quel angle Harry la considérait désormais.
Que penserait Ron, en apprenant que ce qu'il avait vu un jour en éliminant le médaillon de serpentard s'était concrétisé ?
Une partie de lui trouvait ses craintes parfaitement ridicules. Les sentiments de Ron pour Hermione appartenaient bel et bien au passé, et il aimait sincèrement Luna.. Cela se voyait suffisamment à travers son attitude avec elle ! Cependant, malgré son récent mariage, une autre part de lui craignait que quelque chose d'inachevé entre eux soit toujours présent, tapis sous la surface. Et que lui, Harry, n'avait aucun droit de se mettre entre eux.
L'auror voyait déjà les efforts que son ami mobilisait pour dissimuler son chagrin, et se dit que ce n'était pas le moment de lui dire ce qu'il ressentait réellement pour elle. En vérité, il n'était pas sûre de le savoir lui-même, pour l'instant.. et tout cela était beaucoup trop perturbant. Une chose était sure : c'est qu'il lui était insupportable de voir son ami de la sorte.
Pourquoi cela avait-il dû se passer ainsi ?
S'il avait été un tant soit plus raisonnable, il aurait empêché Ron de venir ici, et aurait alors prévenu son ami des risques qu'il encourait lui et sa famille, afin de leurs éviter les souffrances inutiles qu'ils affrontaient à présent.
Harry songea à la disparition de Percy, à l'attaque des mangemorts et au carnage des détraqueurs, dressant le bilan de tout ce qu'il s'était passé, tout ce qu'ils avaient dû affronter depuis le début de cette année 2008.
« - On ne pouvait pas s'attendre à revenir ici et croire qu'il n'allait rien s'y passer, pas vrai ? lui demanda Ron, révélant à voix haute ce que lui-même pensait tout bas. »
Le marié se tourna vers le témoin qui lui retourna son semblant de sourire.
Chapitre 35
Hermione avait sans aucun doute fait le bonheur de McGonagal en découvrant la pièce dissimulée par le tableau. Son ancien élève favorite, aux dires de Ron avait prouvé l'existence d'un laboratoire secret ayant appartenu à Helga Poufsouffle, qui était à la base considéré comme une vieille légende similaire à la chambre des secrets. La plus part des professeurs de l'école encore présent étudiaient l'endroit, certain pensant qu'il était accessible seulement depuis que la magie avait fait son retour. Hermione avait eut l'autorisation de la directrice de venir le visiter avec eux.
A l'époque des fondateurs, les serres n'existaient pas et il y a avait à la place des jardins que Poufsouffle cultivaient avec ses élèves. Il devait très certainement y avoir une porte à la place du tableau, et l'endroit n'était alors pas secret du tout. Hermione recherchait à présent la raison pour laquelle on avait voulu étouffer son existence durant les siècles qui avaient suivit.
Evidemment, cette histoire n'avait pas eut l'air de fasciner ses deux autres amis autant qu'elle, bien qu'elle ne comprenait absolument pas pourquoi. L'enthousiasme et sa motivation n'avait pas échappé à la directrice qui lui avait alors conseillé de trouver une profession qui lui permettraient d'exploiter aux mieux ses capacités. Hermione avait rougit sous les compliments, n'étant pas si certaine au fond d'elle de tous les mériter. Mais elle était bien obligé d'admettre qu'elle stagnait dans son poste actuel au Daily Courant..
Tellement qu'elle avait bien faillit accepter l'offre d'emploi d'un mangemort ! Elle n'aurait jamais pu deviner la volonté de Malefoy cachée derrière la proposition de Luck, d'avoir chercher à tout prix de la tenir éloignée du monde des sorciers.
Hermione se concentra de nouveau sur le texte qu'elle rédigeait à présent à la demande de la directrice. Elle faisait cela par pure plaisir, quelque chose en elle la poussant dans ce sens. Plus le temps passait, et plus elle remettait en perspective son avenir professionnel. Et si elle avait l'occasion de travailler chez les sorciers ? A cette idée, son enthousiasme avait grimpé en flèche, mais le seul problème est qu'elle se sentait toujours attachée au monde des moldus.. Après tout, elle y était née et y avait passé son enfance, et il l'avait à nouveau accueillit lorsqu'elle y était revenue.
D'un autre côté, refouler ses pouvoirs n'avaient fait que la couper d'une autre partie d'elle qui demandait également à être prise en compte.
Hermione n'aimait pas du tout ce dilemme, car comment trancher et prendre une décision une bonne fois pour toute, dans un cas pareil ? Pouvait-on vivre un pied dedans, un pied dehors ?
Elle décela bientôt le lien entre l'étrange histoire de Peeves et celle plus connue de Serpentard et Poufsouffle.
La légende transmise à travers les poèmes montraient une liaison entre les deux fondateurs, bien que rien n'avait été prouvé. Elle n'était pas sûre de pouvoir faire confiance à l'esprit frappeur, aussi tout cela resta hypothétique, et trop farfelue pour elle. Et pourtant, une part d'elle était persuadée que cette histoire devait être racontée et ne devait plus rester secrète.
Elle eut alors une autre idée. Il fallait seulement que McGonagal l'approuve..
Tout se tenait. La liaison entre Helga et Salazar s'était soldée par un basilic qui avait semé le chaos dans un village moldu, répandant sur son passage la destruction. Ces derniers avaient riposté en s'en prenant aux élèves du château. On avait toujours pensé que les moldus persécutaient les sorciers de l'époque, mais c'était plutôt l'inverse qui s'était produit dans ce cas précis. La bête avait disparu, mais c'était Serpentard qui l'avait enfermé dans la chambre à l'insu des trois autres fondateurs. Il s'était empressé d'étouffer les rumeurs, quitte à ordonner au baron sanglant de corriger Peeves à chaque fois qu'il irait raconter l'histoire. Le comportement de Salazar n'avait fait que régresser par la suite et Helga (qui savait la vérité et avait gardé le secret) élabora une potion destinée à le sauver : l'essence anima.
Retranscrivant tout ça sur un autre parchemin, elle regretta cependant de ne pas avoir emporté avec elle son ordinateur. Elle avait perdu l'habitude d'écrire avec une plume, et elle aurait pu rédiger ce texte trois fois plus vite à l'aide de celui-ci.
Tous les aurors avaient rejoint Londres, et il ne restait plus aucun membres du ministère à Poudlard. L'ambiance au château redevint beaucoup plus calme. On aurait eu mal à croire qu'un jour auparavant, des invités par centaine faisaient la fête un peu partout jusqu'à tard dans la nuit, et que des mangemorts et des détraqueurs rôdaient dans l'ombre.
Une part d'elle voulait parler à Harry, l'autre avait avait peur et hésitait. Elle songea au patronus et à sa signification.. Pourquoi avait-il pris l'apparence d'un cerf ? Cette question la taraudait, et penser à Harry la déconcentrait un peu trop pour son propre bien. Pour la première fois de sa vie, elle trouva difficilement la concentration nécéssaire pour terminer son travail.
Pouvaient-ils continuer à agir ainsi l'un avec l'autre, comme s'il ne s'était rien passé ? Le souvenir des cachots la hantait.. ils n'avaient pas fait qu'échanger un simple baiser, c'était allé beaucoup plus loin que ça..
Durant le dîner du soir, elle eut à nouveau la preuve que le survivant n'était plus le même, en particulier avec elle. Ce Harry là ressemblait beaucoup plus à l'adolescent qu'elle avait connu qu'à l'homme impassible et dure qu'elle avait pu observer ces derniers mois. Il semblait beaucoup plus serein et même enjoué, comme s'il revivait, cette lueur si vivante qui faisait briller ses yeux verts était revenue, comme si elle n'était jamais partie. Cela eut le don de réchauffer le coeur de l'ancienne gryffondor.
Dans l'ambiance chaleureuse et réconfortante de la grande salle, le trio mangea à nouveau ensemble, accompagnés des jumeaux qui étaient revenus occasionnellement. Hermione ne savait pas ce qu'ils avaient en tête, mais ils avaient précisé être en congé, et avaient expliqué que Bill et Charlie aidaient déjà leurs parents au terrier. Ginny était la seule à être allée de l'avant.
Hermione soupçonnait les jumeaux d'imiter Ron en fuyant la situation; Luna et lui allaient sûrement avoir une discussion lorsqu'il irait la retrouver! Elle-même n'ayant pas terminé son rapport, McGonagal lui avait proposé de rester ici encore une nuit, accordant cette faveur également aux deux autres.
Elle fut bien obligée de remarquer qu'Harry ne la lâchait des yeux que lorsque quelqu'un lui parlait. Il détachait alors à regret son regard de sa silhouette, avant d'y revenir de temps à autre. Essayant de paraître aussi naturel que possible, elle faisait intérieurement d'immenses efforts pour faire taire le désir qui la tiraillait. La tension était si palpable que l'ignorer n'y changerait rien. Si la sensation de volupté qu'elle étouffait au possible était venue progressivement la piquer lorsqu'elle l'avait revu chez les Weasley durant les derniers mois, elle l'envahissait entièrement à présent. Et refouler tout cela n'était pas simple, et même assez douloureux sous le regard si vert d'Harry.
Lui n'avait pas l'air aussi déstabilisé qu'elle, il n'y avait que son regard qui le trahissait, et Hermione était fermement résolu à l'éviter autant que possible, craignant qu'il déchiffre ses orbes marrons et n'y perçoive la véritable cause de son embarras. Voilà pourquoi la sorcière ne s'était pas attardée à table et avait rejoint la bibliothèque pour terminer son rapport, sans préciser aux autres si elle comptait les rejoindre à un moment donné.
Chapitre 35
A la nuit tombée, Harry, Ron et les jumeaux se réunirent dans la salle commune jusqu'à très tard dans la soirée. Hermione se fit remarquer par son absence. Après un rapide aller-retour dans les cuisines de l'école, Fred avait rapporté avec lui une bouteille de wisky pur feu et quelques verres, et ils trinquèrent en l'honneur de Percy devant le feu de cheminée.
« - Ce n'est surement pas comme ça que cet idiot aurait souhaité qu'on fête son enterrement, songea Ron en faisant part de sa réflexion aux autres pendant que Georges distribuait les verres. »
Les autres approuvèrent.
« - Il aurait sans doute voulu quelque chose de plus solennel, c'est certain, renchérit Fred en remplissant chaque coupes. »
Ils levèrent leurs verres les uns contre les autres et trinquèrent avant de boire une gorgée.
La dernière fois qu'Harry avait assisté à quelque chose du genre, c'était à la fin de la guerre, lorsque l'on honorait les morts et célébrait la victoire un peu partout en Grande Bretagne. Tout comme Ron, il était alors désemparé par le départ d'Hermione, et s'ils avaient fait la fête comme les autres, le moral n'était pas entièrement là.
Lorsque celle-ci revint dans la salle commune, elle y trouva seulement Harry. Contrairement à lui, Ron et les jumeaux avaient un peu trop bu et s'étaient couchée. Assis en califourchon sur une chaise, faisant face à une des fenêtres, l'homme observait le ciel étoilé tout en jouant avec un vif d'or qu'il devait avoir trouvé.
« - Tu ne dors pas ? demanda t-elle doucement d'une voix compatissante.
- Que faisais-tu si tard à la bibliothèque ? Demanda t-il en contre-partie d'un air distant. Ron t'attendais pour trinquer avec nous. »
Hermione resserra son bloc note et le reste de ses affaires contre elle, n'appréciant pas qu'il lui demande des comptes.
« - Je finissais le rapport pour le donner à McGonagal, répondit-elle plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.
- De là à t'esquiver toute la soirée ? interrogea Harry en pivotant sa tête vers elle, la regardant enfin dans les yeux. »
Hermione dû se retenir de lever les yeux au ciel. Que voulait-il dire par là ? Elle aurait quand même souhaité que leur nouvelle entente dure plus longtemps que ça !
« - Où est-ce que tu veux en venir ? Lui demanda t-elle en se rapprochant de lui. Et comment le sais-tu, déjà ? Tu ne m'as quand même pas surveillé sur la carte du.. »
Elle s'interrompit alors en voyant Harry sortir de la poche arrière de son jean la carte du maraudeur, qu'il posa sur une table à côté de lui. Il se leva de sa chaise et la rangea derrière lui, puis se retourna vers elle et rattrapa le vif d'or juste au moment où celui-ci passait au dessus de la tête d'Hermione. La jeune femme avait la désagréable sensation que son métier d'auror lui montait parfois au cerveau.
« - Harry, pourquoi est-ce que tu me suivais ? Demanda t-elle à voix basse. »
Voyant qu'il ne répondait pas, elle lâcha l'affaire et le contourna, agacée, et partit ranger ses livres dans un sac posée sur une autre table à l'autre bout de la salle commune.
« - Est-ce que tu comptes m'ignorer à nouveau comme tu l'as fais pendant tous ses mois ? Demanda t-elle.
- Et toi, une fois quitté le château tu comptes repartir là-bas ? Demanda t-il en retour dans son dos. »
Harry avait mentionné le monde des moldus avec un certain agacement. Il était certain qu'il ne s'y était jamais vraiment senti à sa place, ou du moins pas autant qu'elle. Hermione stoppa ses gestes et poussa un soupire, puis elle se retourna vers lui. Il la fixait avec un regard si intense qu'elle se félicita d'avoir mis de la distance entre eux. Elle sentait ses capacités de résistance se réduire de plus en plus face à lui.
« - Pour l'instant je ne sais pas, répondit-elle sincèrement. J'ai envi de me laisser du temps pour voir ce que je compte faire. »
Harry ne lui répondit pas.
« - Il est temps qu'on ait une petite discussion, tu ne crois pas ? Demanda t-elle. »
Harry finit par acquiécer, et ils partirent s'asseoir sur le canapé en face de la cheminé, tout conservant une certaine distance. Le sorcier fixait le feu sans le voir, les bras posés sur ses genoux, tandis que la jeune femme fixait ses mains posées à plat sur ses jambes, semblant chercher ses mots.
« - Ça ne ce serait jamais passé comme ça avant, fit-il remarquer en sortant de son silence. Il n'y avait aucune gêne entre nous, tu te souviens ?»
Elle se rappela des longues discussions qu'ils avaient eu précisément à cet endroit, des soirées interminables avachis sur ce canapé à rire lorsque la salle était pleine et bruyante, et que les gryffondor devaient tous se serrer dessus pour profiter du feu dans l'âtre. Elle crut à nouveau entendre des rires et des bruits de conversations qui fusaient. Combien de fois s'étaient-ils retrouvés coincés au milieu, leurs jambes collées sans ressentir la moindre gêne ?
Harry avait été son premier confident.. Il était digne de confiance et savait parfois offrir une écoute beaucoup plus compréhensive que la plus part des garçons de son âge, chose qu'elle avait grandement apprécié chez lui. Sans doute parce que du haut de ses onze ans, il se montrait déjà beaucoup plus mature qu'eux vu le sort que la vie lui avait réservé jusqu'ici.
« - Je m'en souviens, oui, reconnut-elle dans un souffle. »
L'auror acquiesça et détourna le regard, sa gestuelle trahissant une certaine nervosité.
« - Je suis désolé d'avoir pris mes distances avec toi en septième année, avoua t-il. Pour mon attitude exécrable depuis que tu es réapparue.. pour tout.»
Devait-il lui avouer ce que Rogue lui avait apprit plus tôt dans la matinée ? Se racheter de la sorte lui sembla inappropriée, et lâche.. Et si Rogue s'était trompé, et qu'Harry était bien l'unique responsable de la mort de ses parents ?
« - Et moi je suis désolé d'avoir quitté le monde des sorciers, confia alors Hermione. »
Harry fut plus que surprit part cette déclaration, et se tourna vers elle avec un air interrogateur.
« - Ça a été très dure au départ, expliqua t-elle les yeux brillant même si elle se retenait de craquer devant lui. Vous me manquiez atrocement malgré la rancoeur que j'avais envers vous.. et d'autant plus lorsque j'ai découvert que tu m'avais cherché.
- Je n'ai pas été le seul à le faire, lui dit le sorcier. Disons que j'ai été le moins discret.. Avec Ron, on avait passé un pari de te faire revenir. »
Hermione se surprit à lui sourire : elle se sentait drôlement réconfortée face au sentiment de familiarité qu'elle redécouvrait auprès de lui. Quelque chose de profondément enfouie en elle resurgit peu à peu.
Ils continuèrent à discuter ainsi pendant des longues minutes. Les mots franchirent leurs lèvres avec de plus en plus de fluidité, brisant ainsi la glace. Ils en vinrent à discuter de problèmes de plus en plus gros, ce qui fut loin d'être facile. Hermione apprit comment Harry avait découvert le pacte qu'elle avait passé avec Malefoy, et fut rassurée en apprenant qu'il ne l'avait jamais cru capable de livrer à Voldemort. Harry s'excusa de la réaction qu'il avait eu après avoir découvert le souvenir dans la fiole. Il regrettait cependant qu'elle ne soit pas venu lui en parler. Mais il du admettre qu'Hermione n'aurait pu le faire, tenue au silence par Rogue qui aurait alors courut le risque de voir son rôle de double espion révélé au grand jour. Harry apprit que c'était Drago, ayant regretté de l'avoir mené jusqu'à son père, qui l'avait conseillé d'aller demander de l'aide auprès de ce dernier. Celle-ci avait alors découvert que Rogue n'était pas l'assassin qu'il croyait tous.
Ils étaient conscient à présent que chaque secrets qui s'étaient installés entre eux avaient provoqué leur éloignement. Et il était certain qu'ils ne pourraient faire l'impasse sur tous les mots blessants qu'ils s'étaient échangés depuis. Mais étant donné qu'ils savaient désormais comment Bellatrix avait poussé Harry à décupler sa colère envers elle, et qu'ils avaient tous deux été manipulé d'une main de fer sans le savoir.. Comment ne pas enterrer la hache de guerre dans de telles circonstances ?
Aucun des deux ne sachant comment s'y prendre, Hermione essuya ses joues et décida alors de prendre les devant, et posa doucement sa main sur celle d'Harry. Elle lui lança un regard hésitant et vit ce dernier retenir son souffle en jetant un oeil méfiant sur leurs mains jointes. Peut-être était-ce dû à la lueur des flammes, mais elle crut voir ses yeux briller également.
« - Ron s'est donné beaucoup de mal pour tenter de nous réconcilier, remarqua t-elle. Ça n'a pas du être simple pour lui..
- Non, surement pas, renchérit Harry, le souffle court. »
Ils se regardèrent vraiment pour la première fois, et sentirent avec soulagement et une pointe d'émotion les voiles de la colère qui les aveuglaient jusqu'ici se dissoudre les uns après les autres.
« - Tu crois qu'on pourrait redevenir ami, un de ces jours ? Demanda t-elle doucement avec envie, sa poitrine se soulevant amplement. »
Elle s'était rendu compte à quel point son meilleur ami lui manquait. Comment avait-elle pu dénier ce fait ? Mais évidemment, elle désirait bien plus que ça.. voilà qu'une nouvelle crainte émergeait : celle de ne pas voir ses sentiments partagées. Même si ce n'était pas le plus important pour le moment.
Harry ferma les yeux un instant. Il les rouvrit et lui jeta à son tour un regard hésitant.
« - Un de ces jours, répondit-il en s'efforçant de sourire, la gorge serrée. »
Alors qu'elle aurait dû être soulagée par cette réponse, elle ne put cacher sa déception lorsqu'il retira sa main de sous la sienne pour se relever. Hermione le suivit des yeux tandis qu'il passait devant elle et contournait le canapé. Elle l'entendit se diriger vers les escaliers menant au dortoir des garçons.
« - Je vais me coucher, tu ferais mieux d'en faire de même, l'entendit-elle dire dans son dos. Bonne nuit, Hermione. »
Chapitre 35
Hermione avait accueillit le sommeil à bras ouvert, pour une fois. La jeune femme était moins matinale que d'habitude, mais les aventures qu'elle avait enduré justifiaient largement sa grasse matinée, selon elle.
La lumière du soleil matinal perçait doucement à travers les hautes fenêtres de la grande salle et baignait les tables et les quelques professeurs qui y déjeunaient à cette heure. Le plafond magique laissait deviner un ciel clair et dégagé. Une atmosphère paisible qui fit sourire Hermione aussitôt qu'elle y fut entrée, plutôt de bonne humeur. Après tout, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas goûté au confort d'une nuit complète. Tout en repensant à la conversation qu'elle avait eu hier soir, elle prit place sur un banc à la table des gryffondors.
Bon nombres de sujets avaient été abordé au cours de la soirée passée devant le feu de cheminé, et pourtant, Hermione percevait avec une pointe de déception une attitude toujours aussi réservée de la part de son ami. Pouvait-elle à nouveau s'autoriser à l'appeler ainsi ? Rien n'était trop sûre.
Les invités ayant quitté les lieux, les professeurs s'étaient tous rassemblés à la même table qu'elle, et il était étonnant de ne pas les voir utiliser la table des professeur. Elle échangea quelques mots avec certain sur la salle de Poufsouffle découverte la veille. Durant ce temps, les jumeaux l'avaient rejoint et lui apprirent que Ron n'était pas près de se réveiller, ce qui n'était nullement surprenant venant de lui. Il n'était pas vraiment du matin. Harry descendit quelques minutes après eux et s'installa en bout de table, loin du groupe. Ce qui raviva les doutes qu'Hermione avait à son encontre.
Sa main tripotait nerveusement le coin d'un bloc note posé à côté de sa tasse de café, et elle ne cessait de lui jeter des coups d'oeil tout en faisant mine d'écouter Georges qui parlait farces et attrapes. Tandis que son frère jumeaux argumentait, elle profita de ce moment pour saisir un crayon de papier dissimulé dans les spirales du bloc note et rédigea un mot, court mais précis.
Rejoins-moi dans les serres, dans une demi-heure. J'ai besoin d'éclaircir certaine choses.
Elle s'empressa de déchirer le morceau de papier et de le plier, avant de faire le disparaître d'un coup de baguette. Une demi-seconde plus tard, le papier réapparut à l'autre bout de la table, directement devant Harry. Hermione ne put s'empêcher de se mordre le coin des lèvres, mais fit mine de repartir à ce qu'elle faisait en premier lieux : déjeuner.
Le mot sembla laisser Harry bouche-bé. Il lui jeta un œil en coin, puis elle le vit bientôt avec une plume à la main. Ce ne fut que lorsque le déjeuner prit fin qu'elle vit un morceau de parchemin voler dans sa direction pour venir atterrir dans son porridge, éclaboussant légèrement la table au passage.
Elle lui lança un de ses regards noir. L'homme lui sourit en coin d'un air sournois avant de se lever pour quitter la grande salle.
Fred et Georges étaient remonté dans la salle des gryffondor, partis réveiller Ron, espéra t-elle. Il ne valait mieux pas que ce soit elle qui s'en charge.. Elle déplia le morceau de papier. Contrairement à elle, Harry ne s'était pas étendue plus que ça.
J'y serais.
Hermione patientait donc dans ce qui avait été surnommé le laboratoire dissimulé, se tordant nerveusement les mains en attendant qu'il arrive. Personne ne risquait de venir les déranger ici, pour le moment.
La pièce souterraine n'avait pas grand-chose à voir avec un laboratoire tel qu'on pourrait se l'imaginer en premier lieu. Froid et bien ordonné, de vieux bocaux avec des créatures gisant cruellement à l'intérieur.. Rien de ça. Un sorcier non averti aurait tout à fait pu confondre la pièce avec un salon de thé. Chaleureuse et désordonnée, la pièce était ronde, ornée de nombreux portraits au mur pendant légèrement sur le côté et représentant des plantes ou des créatures gigantesques. Il y avait même des annotations sur certain d'entre eux, des gribouillis difficiles à décrypter. Etait-ce l'écriture d'Helga Poufsouffle ? Une fondatrice qui semblait bien excentrique à en voir les objets qu'elle collectionnait sur les étagères. Voir même dangereux, quand on reconnaissait des reproductions d'oeufs de dragons.. Hermione ne put s'empêcher d'avoir une pensée envers Hagrid et son penchant pour les monstres. Poufsouffle était finalement bien plus mystérieuse que les livres d'histoires à son sujet ne le racontait.
Elle en était à étudier une carte accrochée au mur représentant la forêt interdite, quand elle entendit des pas descendre les escaliers en colimaçons, et elle se retourna avec appréhension. Sa poitrine se souleva amplement à mesure que la porte s'ouvrait, laissant surgir la silhouette longiligne du survivant à travers l'embrasure.
A sa vue, elle se sentit subitement électrisée, se faisant la réflexion qu'une adolescente n'aurait pas fait mieux. Harry était habillé très simplement, comme il en avait l'habitude lorsqu'il ne travaillait pas. Un simple jean, et par dessus un pull-over noir de la même teinte que ses cheveux, soit dite en passant aussi ébouriffés que d'habitude. C'était surement comme ça qu'elle le préférait. La tension ne fit que se renforcer lorsqu'elle le vit refermer la porte derrière lui, bien qu'il la laissa légèrement entre-ouverte.
« - Tu avais dis dans les serres, commença t-il.
- Oui.. je.. je me suis dis que ce serait mieux ici, se justifia t-elle en le voyant découvrir les lieux pour la première fois. Tu as gâché mon déjeuner, l'accusa t-elle gentiment dans l'unique but d'argumenter en vain, pour combler le silence qu'elle redoutait entre eux.
- Navré, s'excusa Harry en se tournant vers elle, avant de repartir dans son observation.»
Il fit un rapide tour de pièce, puis se retourna finalement et vit Hermione accrocher son regard.
« - De quoi voulais-tu qu'on parle ? Demanda t-il en mettant ses mains dans ses poches. »
Hermione délia ses mains nouées et chercha à se rapprocher, mais stoppa aussitôt ses mouvements une fois un pas entreprit vers lui. Harry l'observa attentivement, attendant une manifestation de sa part. Elle posa une main sur sa hanche tout en replaçant une mèche brune derrière son oreille.
« - J'étais sincère lorsque je t'ai demandé si l'on pouvait redevenir ami hier soir, avoua t-elle finalement.
- Et je l'étais aussi quand je t'ai répondu que c'est ce que je souhaitais aussi, répondit-il.
- Harry.. soupira Hermione en fermant les yeux. Je sais que c'est un peu tôt pour dire ça mais.. j'ai l'impression que tu recommences à me fuir.
- Quoi ? Je ne te fuis pas du tout, s'exclama t-il.
- Non ? S'offusqua t-elle tout à coup.
- Non, répéta t-il plus fermement. Et toi, avoue que tu souhaiterais plus que ça, en réalité. »
Cette phrase lui fit l'effet d'une bombe, et elle soutenu son regard avec difficulté. Hermione avala sa salive et prit une profonde inspiration, regardant sur le côté.
« - Peut-être oui, souffla t-elle. »
Lorsqu'elle releva ses yeux pour croiser les siens, elle put lire tout le désir qui s'était installé dans ses yeux. Son souffle s'accéléra et elle se sentir frémir de la tête aux pieds.
Jamais Harry ne l'avait fixé ainsi.
Alors, poussée par son propre désir, elle fit quelque chose qu'elle n'avait jamais fait.
Sans le lâcher des yeux, elle se mit à reculer, doucement jusqu'à ce que son dos heurte quelque chose de dure. Elle sentit le bord d'une table sur laquelle elle vint poser ses mains, soulevant ses fesses pour s'y asseoir. Elle se rendit compte qu'elle venait de retenir son attention comme jamais.
Une appréhension sourde se mélangea à l'excitation qu'elle ressentait déjà, tandis qu'Harry refermait la porte du plat de la main sans la lâcher des yeux et s'approchait d'elle.
…
Si dehors le soleil brillait, peu de lumière passait à travers la lucarne ronde postée au plafond en dogme.
Une fois rapproché, Hermione sentit à quel point il se retenait. Elle put sentir son désir amplifiant son regard lourd et animé par des pulsions qu'il réfrénait. Cela suffit à la bouleverser, et elle savait que s'il posait ne serait-ce qu'une main sur elle, aucun des deux ne pourraient plus se retenir.
Qu'attendait-il comme ça ? Ce n'était pas tous les jours qu'elle se donnait aussi facilement, faisant clairement savoir ce qu'elle attendait et voulait de quelqu'un. Ses mains appuyèrent plus fortement les rebords de la table, ébranlée par ce sentiment de puissance qu'elle ressentait à présent qu'il se concentrait sur elle.
Elle put sentir son souffle contre son oreille lorsqu'il rapprocha son visage du sien.
« - Est-ce que tu es bien sûre de vouloir ça, Hermione ? Demanda t-il avant de planter son regard dans le sien. »
Une des mains de la jeune femme desserra le bord de la table, et vint avec hésitation effleurer son torse du bout des doigts avec envie, pendant qu'il l'observait en la laissant faire.
Elle savait que le moment n'était pas venu, qu'il était encore trop tôt pour ça.. Et en temps normal, elle aurait agit de manière raisonnée.
« - C'est exactement ce que je veux.. confirma t-elle cependant, le désir la faisant répondre un peu trop précipitamment. »
Pendant un instant, Hermione pensa au fait qu'il pouvait se passer n'importe quoi. Elle était en face de lui, pleinement consciente de ce qu'elle demandait. L'endroit était encore à eux pour quelques heures, et rien n'aurait pu venir les interrompre, ni cette tension si forte qui ne demandait qu'à être libérée.. Elle s'assit plus confortablement sur la table comme elle l'avait été dans les cachots, accordant ses gestes à ses paroles.
Mais pourtant, il ne se passa rien. La bouche d'Harry chatouilla son oreille lorsqu'il vint à nouveau lui murmurer.
« - Il vaut mieux qu'on redevienne d'abord ami, tu ne crois pas ? »
I don't wanna fight right now, know you're always right,
Tryna talk to a wall but you could never tear it down for me,
You know we runnin outta time, never pick up when you own me,
I done enouth talking, need to know that you're mine.
(Halsey, Now or never)
On en a bel et bien finit avec Poudlard, cette fois, promis xD
C'est un des chapitres les plus calmes de l'histoire, histoire de contraster avec le chapitre précédant qui était plutôt lourd en action. Les prochains seront un peu plus animés. J'ai pu noter que vous avez assez aimé le chapitre 34, alors merci à ceux qui ont laissé des commentaires ! Et merci aux autres de me lire :)
Allez, plus que deux chapitres et cette fanfiction sera terminée pour de bon. Il reste encore quelques points à éclaircir. Je sais ce que vous attendez tous évidemment, est-ce qu'Harry et Hermione vont-ils finalement se rapprocher ? Eh bien vous le saurez dans la suite !
Je ne sais pas si je suis triste de dire au revoir à cette histoire ou au contraire soulagée de la terminer après tant d'années.. Un peu des deux sans doute, mais il est grand temps que je passe à autre chose ! Si certain d'entre vous la suive depuis le début, chapeau bas dans tous les cas ;)
Comme d'habitude, vos reviews sont très appréciées, alors n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre.
A très bientôt !