Titre : Innocence et fausse dentelle

Auteur : Leyounette

Disclaimer : Les personnages et l'histoire originale appartiennent à Hoshino Katsura

Résumé : Six des exorcistes de la Congrégation sont envoyés à Bruxelles, mais leur mission nécessite certains sacrifices... notamment vestimentaires.

Rating : K+, T tout au plus

Couple : LavixKanda

Petit blablatage : Fic en 3 chapitres. J'en ai écrit les deux premiers en août dernier, et le troisième très récemment, qui est presque bouclé. La suite devrait donc bientôt arriver.

Je tiens à préciser que si nos deux fics peuvent se ressembler sur certains points, la mienne n'a rien à voir avec Le Bal de Cat1991 (que je vous conseille néanmoins d'aller lire parce que c'est très prometteur !)

Pas de spoilers avant le 3° chapitre et il est minuscule (si vous ne connaissez pas Emilia, résumez son personnage par « groupie de Kanda »)

Merci à Tsuki Yoru et à Talim76 pour leur encouragements et relecture ! (et pour le titre aussi xD)

Sur ce, j'espère que vous passerez une bonne lecture auprès de nos Exorcistes préférés et de leurs (més)aventures !


Chapitre 1:

« Ge-ge veut nous voir dans son bureau. »

C'était tout ce que Lenalee avait bien voulu leur dire, un petit sourire sur les lèvres, et Allen, Kanda, Lavi, Miranda, Krory et elle-même s'étaient ainsi retrouvés tous les six à attendre le Grand Intendant de l'ordre noir, assis sur le canapé du bureau de ce dernier. Komui y avait fait son apparition quelques minutes plus tard, sa traditionnelle tasse de café à la main et River sur les talons, manquant de tomber à chaque instant à cause de la pile monumentale de documents qu'il portait (River. Pas Komui.)

- Ooooh je vois que vous êtes tous là au complet, bon travail Lenalee ! Tu dois sans doute tenir cette remarquable efficacité dans le travail et cette grande conscience professionnelle de ton grand frère adoré !

(Le tout accompagné du grand sourire niais du grand-frère-complètement-gaga-qui-adore-sa-petite-sœur).

L'assistance fut prise d'une longue quinte de toux, mais Komui ne s'en formalisa pas, attribuant le refroidissement de ses subordonnés aux carreaux cassés des fenêtres de son bureau (vestige d'une « conversation » avec Kanda au sujet d'une mission avec Pousse-de-soja…). Une fois que ses subordonnées eurent terminés de s'étouffer, le grand intendant se tourna vers ses interlocuteurs et reprit la parole, plus sérieux.

- Je vous explique la mission : nous avons de fortes raisons de penser que le Comte, ou un des Noah, a repéré une Innocence dans un château de la ville de Bruxelles, en Belgique. Cependant, il semble toujours être à sa recherche et ne pas avoir encore mis la main dessus, ce qui nous laisse un peu de temps.

- Il y a eu des phénomènes surnaturels aux alentours de ce château ?

- Non, mais nos traqueurs postés aux environs ont remarqué une activité d'Akumas de haut niveau toute à fait inhabituelle dans la région. Mais venons-en à l'essentiel : vous ferez équipe pour cette mission.

- Ensemble ?

- Vu les estimations de nos traqueurs de la population d'Akumas dans la ville, vous n'en serez pas trop de six…

- Comment est-ce qu'on est censé s'introduire dans le château ?

- Excellente question ! Le châtelain organise un bal dans sa demeure dans trois jours. Piège du Comte ou non, je n'en sais rien, mais nous devons saisir cette opportunité. Vous vous ferez passer pour des invités (le matériel pour vous déguiser vous attends là-bas), puis vous trouverez l'Innocence, détruirez les Akumas sur place et ramènerez l'Innocence ici.

- La routine, en somme.

Allen se levait, impatient de partir, mais Komui lui ordonna de se rasseoir du regard.

- Je n'ai pas fini, Allen-kun. Il reste un dernier petit détail à régler… D'après nos informations, le châtelain est quelqu'un d'assez… original…

« Il pourra jamais l'être plus que vous… » pensèrent à l'unisson la petite assemblée.

- … aux goûts personnels particuliers, et il a décidé de n'accepter à la réception que des couples.

L'intendant leur laissa le temps de digérer l'information. Les exorcistes se comptèrent rapidement du regard. Ils commençaient à entrevoir le petit problème…

- Vous formerez donc des paires au sein de l'équipe. Miranda avec Krory, Lenalee avec Allen, et Kanda avec Lavi.

Le sourcil gauche de Kanda se souleva de quelques centimètres, ses lèvres se plissèrent, et la température ambiante chuta brutalement de 10°C dans la pièce. Les cinq autres exorcistes se glissèrent prudemment derrière le canapé sur lequel ils étaient assis quelques secondes plus tôt. Une catastrophe allait se produire, c'était inévitable.

- Pardon ?...

- Votre équipe est composée de quatre garçons et de deux filles, et vous êtes les seuls Exorcistes disponibles actuellement. Je suis désolé Kanda, mais nous avons décidé que ce serait toi qui te déguiserais en femme, parce que de vous quatre, tu es le plus effémi…

- Le plus QUOI ?

Kanda s'était soudainement redressé de toute sa hauteur et avait sorti Mugen de son fourreau. Si ses yeux avaient été des revolvers, Komui aurait été à reléguer au rang de passoire. Derrière le Japonais, ses cinq collègues osaient à peine respirer. Ils auraient bien voulu sauver leur Grand Intendant de sa mort imminente, mais ils n'étaient pas non plus très portés sur le suicide… Malgré tout, dans un élan de courage, Lavi, qui sentait le drame arriver au fur et à mesure que Kanda se rapprochait de Komui, décida d'intervenir (sans avoir conscience qu'en tant de futur cavalier du Japonais, cela ne ferait qu'envenimer les choses…) :

- Yû-chan, il voulait juste dire que c'était parce que c'était toi qui avais les cheveux les plus longs !

- J'ai parfaitement bien compris ce qu'il voulait dire ! Et il veut que je me travestisse EN FILLE !

Kanda fusilla le roux du regard, lui faisant clairement comprendre qu'il ferait mieux de la boucler s'il ne voulait pas que son espérance de vie chute de façon brutale et définitive, et se retourna vers sa proie initiale, qui était toujours acculée entre son bureau et le mur couvert de livres de la pièce. Le Chinois était maintenant le dos contre le mur de son bureau, sans issues possibles. Or, il n'était pas un fantôme (mais si Kanda menait à bien ses projets de meurtre, il n'allait pas tarder à en devenir un…) et ne pouvait donc pas (encore) traverser les murs. Un sourire cruel se dessina sur les lèvres du plus jeune et celui-ci arma son coup. L'homme en face de lui avait bafoué sa fierté et il allait le payer. De son sang. Mais à l'instant de porter le coup fatal, le Japonais sembla pris d'un doute…

- Une dernière question avant que vous ne nous quittiez…

- Ou.. Oui ?

- A cette soirée, les filles peuvent porter un pantalon ?

- Non… La robe est de rigueur pour les dames…

- … Dans ce cas…

Le sabre décrivit une large courbe et allait envoyer la tête de Komui valser dans les airs quand :

- ARRETE YU-CHAN !

Lavi venait de se dresser de derrière le canapé, tel un héros mythologique sur sa stèle de pierre, et de crier de toutes ses forces.

- Tue-moi si tu le souhaites, mais épargne Komui !

Kanda hésita quelques instants, puis libéra le Chinois de la menace de sa lame. Il lui fallait du sang pour se calmer, et peu importe qu'il s'agisse de celui de Komui ou de celui de quelqu'un d'autre. Et si le sang écoulé appartenait à un stupide roux borgne qui avait eu l'audace de coller à son prénom un suffixe affectif exclusivement féminin, il ne perdait finalement rien au change.

Le brun se retourna donc, son sabre toujours en main, et avança d'un pas menaçant vers sa nouvelle cible. S'il n'avait pas été autant concentré sur sa proie, il aurait sans doute remarqué que Lenalee s'était mystérieusement éclipsée… Mais plus rien ne comptait pour lui, en dehors de cette magnifique tête rouge qu'il allait avoir le bonheur de trancher dans les secondes suivantes…

Il leva le bras droit, visualisant l'endroit où sa lame allait trancher la chair de Lavi. Dans le cou, juste en dessus de la pomme d'Adam. Il baissait les bras quand la porte du bureau s'ouvrit avec fracas et Lenalee fit irruption dans la pièce avec la délicatesse d'un ouragan – et son innocence activée à ses chevilles.

Kanda poussa un rugissement intérieur. On était toujours dérangé en pleine tentative d'assassinat dans cette baraque !

Il tourna la tête vers l'intruse, son sabre toujours en suspens au-dessus de celle du futur Bookman. La jeune fille tenait quelque chose entre ses mains, un quelque chose qui devait mesurer dans la trentaine de centimètres et qui remuait bizarrement, comme si elle était vivante. Avant que le brun ne puisse poursuivre plus longtemps son observation, Lenalee lança la drôle de chose à Allen qui la saisit au vol et fit un magnifique plongeon pour amener la chose en question pile sous le nez de Kanda.

- Qu'est-ce que ?...

Un instant après, le Japonais s'écroulait par terre, inconscient. Il y eut un soupir de soulagement collectif dans le bureau et Allen brandit en trophée ce qui les avait sauvés de la furie de Kanda. Krory s'approcha de la chose, qui s'avérait être une fleur en pot aux pétales crochus et l'observa quelques instants :

- On dirait l'une des plantes de mon grand-père… en miniature bien sûr.

- Ah oui, celles qui avaient failli nous avaler, Allen et moi ! J'avais complètement oublié que leur senteur était soporifique ! Où l'as-tu trouvée, Lenalee ?

- Je suis allée l'emprunter dans la serre botanique de la section « Biologie ». J'avais entendu dire qu'ils en faisaient une culture là-bas !

- Merci Lenalee ! Et merci petite fleur, vous nous avez sauvés la vie !

- Au fait, chef, vous allez bien ?

- Je ne toucherais plus jamais à un sushi de ma vie maintenant que je sais ce qu'ils ressentent quand ils voient le cuisiner s'approcher d'eux, mais en dehors de ça, ça peut aller… Nous avons perdus assez de temps comme ça ! Allez préparer vos affaires, vous partez dans une heure.

Alors que les Exorcistes s'apprêtaient à sortir de la pièce, River jeta un regard en biais à Kanda, étendu inanimé au sol.

- … Qui est-ce qui le porte ?

Lavi répondit du tac au tac :

- Je vais m'en charger ! Après tout, je suis son futur cavalier !

Le roux ponctua sa phrase d'un grand sourire naïf et tous ses compagnons soupirèrent tristement, le garçon n'étant visiblement pas conscient du danger qu'il courrait à rester une soirée entière en compagnie d'un Kanda travesti en jeune femme. Lavi prit dans ses bras le Japonais et quitta le bureau, suivi de ses amis. Mais le poids du brun le ralentissait et il se fit rapidement distancer par les autres Exorcistes.

- Tu te traînes, Lavi… le taquina Allen.

- C'est qu'il pèse son poids, l'animal ! Avancez, je vous rejoindrais tout à l'heure pour le départ.

Le roux les laissa prendre un peu d'avance, et ralentit volontairement le pas, après avoir prudemment vérifié qu'il n'y avait personne d'autre dans le couloir. Pour rien au monde, il n'aurait avoué qu'il exagérait le poids de son ami rien que pour avoir le plaisir de le porter un peu plus longtemps dans ses bras, un Kanda endormi et inconscient certes, mais Kanda tout de même, et pourtant…

Un secrétaire plongé dans la lecture d'un dossier arrivant en sens contraire le bouscula et le tira de sa rêverie, lui rappelant qu'il se trouvait au beau milieu d'un couloir très fréquenté qui n'allait pas tarder à être bondé par les travailleurs s'en allant à la cantine pour leur pause déjeuner.

Le jeune Bookman obliqua donc du côté de sa chambre, déserte de tous vieux pandas aigris, déposa Kanda sur son propre lit, se laissa tomber sur une chaise et s'accorda deux minutes pour reprendre son souffle. Inévitablement, ses pensées le ramenèrent au jeune homme allongé sur son lit et il en rapprocha sa chaise, telle une mère attentive et aimante au chevet de son enfant malade. Machinalement, il remit une des mèches ébène qui chatouillait la joue du garçon derrière son oreille. Si jamais Kanda s'était réveillé à cet instant précis, il aurait tué Lavi sur le champ, et sans sommations, comme il avait failli le faire dans le bureau de Komui quelques minutes plus tôt. Cela faisait au total la 1643° fois que le Japonais mettait sérieusement en danger la vie de son ami depuis qu'ils se connaissaient. Par mesure de sécurité, Lavi ôta prudemment de sabre que Kanda tenait toujours fermement dans son poing et le déposa le plus loin possible du garçon, à l'autre extrémité de la pièce.

Lavi poussa un faible soupir. Quand Kanda et lui étaient plus jeunes, lors de leurs premières missions ensemble, il avait vu à maintes reprise le Japonais dormir, et avait à chaque fois été troublé par la douceur et la sérénité qui se dégageaient de ses traits, quand ses yeux ne lançaient pas d'éclairs et que sa bouche ne se plissait pas en une moue irritée.

Kanda était magnifiquement androgyne, sa beauté s'en trouvait décuplée dans son sommeil et Lavi était certain que si, un jour, il se décidait à sourire, il ferait fondre le cœur de n'importe qui, même du Comte Millénaire en personne. Hélas, Lavi n'avait jamais vu un tel miracle se produire, et cela n'était visiblement pas une des préoccupations majeures de Kanda – ce qui n'avait pas empêché son cœur à lui de fondre depuis un petit moment déjà.

Sur ces instants d'enfance durant lesquels Lavi avait contemplé en secret son ami endormi étaient désormais passées les années. Ils avaient grandis, avaient maintenant tous les deux 18 ans, et précieuses étaient devenues les rares secondes où Lavi pouvait admirer la beauté fragile du sommeil du brun.

Nouveau soupir. Il n'y avait pas que les années qui s'étaient écoulées. Les hormones de l'adolescence aussi étaient passées par là, et Lavi s'était surpris plusieurs fois à s'imaginer deux trois petites choses pas très catholiques (ce qui est un comble, quand on risque sa vie jour et nuit pour une congrégation aux ordres du Vatican…) sur le compte de son ami. Au fil des ans, le roux s'était mis à aimer Kanda, tout simplement, et cela l'attristait, car il savait pertinemment qu'une telle relation, si jamais elle venait à se concrétiser (ce qui était hautement improbable quand on connaissant le caractère de l'heureux élu…) lui était d'office interdite de par sa fonction d'héritier des Bookmen.

Ceci dit, la partie « Lavi-esque » du caractère du roux était jeune et comptait bien profiter de ses années d'insouciance. C'était la raison pour laquelle il remerciait du fond du cœur Komui de l'avoir mis en duo –que disait-il ?- en couple avec le brun. Cela lui permettrait non seulement de taquiner Kanda sur sa robe pendant les deux prochaines années au moins, ce qui restait son sport favori, mais surtout d'avoir une excuse toute trouvée pour passer la soirée à ses côtés.

Lavi sourit paisiblement, se pencha vers son ami qui dormait toujours et déposa un doux baiser sur son front. A ce contact chaud et humain, Kanda tressaillit faiblement, mais sans se réveiller, et marmonna quelque chose que Lavi ne comprit pas, mais au ton du brun, ce n'était pas une menace de mort…

Trois quarts d'heure plus tard, Lavi rejoignait les autres Exorcistes dans le hall d'entrée, portant Kanda sur le dos, et une valise à chaque main. Quand ils l'aperçurent, Lenalee et Allen se précipitèrent à sa rencontre et le soulagèrent des deux petites malles.

- C'est bon, je suis fin prêt ! On y va ?

- Il manque encore Miranda à l'appel. Tu as pris les affaires de Kanda ?

Lavi désigna l'une des deux valises, celle que portait Allen.

- Il m'avait raconté un jour qu'il gardait toujours une valise avec le strict minimum de prêt en cas de départ précipité. Je suis juste allé la chercher dans sa chambre.

- Il va te tuer quand il apprendra que tu t'es introduit chez lui…

- Si je ne l'avais pas fait, il n'aurait pas eu de changes pour la mission entière !

Il y eut à cet instant un grand « Badaboum ! » en provenance du sommet des escaliers et les quatre Exorcistes devinèrent d'office l'origine du vacarme : Miranda venait de renverser le contenu de sa valise dans tout le couloir. Les lamentations de l'Allemande qui passa les cinq minutes suivantes à s'excuser à genoux devant ses amis mirent définitivement un terme à la discussion précédente – et personne ne se pensa à demander à Lavi comment il avait réussi à forcer la serrure de la porte de Kanda…

Une fois les six Exorcistes au complet (cinq réveillés, un dans les bras de Morphée – et de Lavi), ils descendirent au pont d'embarcation du canal souterrain de la Congrégation. Komui les y attendait avec Reever, ainsi que leur traqueur debout rame à la main dans une longue barque.

- Vous voilà ! Il me semblait bien avoir entendu le bruit de la chute de Miranda ^^

Lenalee fusilla son frère du regard. « Ce n'est vraiment pas drôle ! » et Krory réussit à empêcher la jeune femme de se noyer dans le canal.

- Je vous présente Alphonse, votre traqueur. Il vous guidera jusqu'à votre hôtel, où vous trouverez vos cartons d'invitation et vos vêtements de cérémonie, puis il vous amènera jusqu'au château où se déroulera le bal. Après, cela sera à vous de vous débrouiller comme des grands ! Des questions ?

Comme ses subordonnées hochaient négativement de la tête, le regard du Chinois tomba sur le visage endormi de Kanda qui reposait doucement sur l'épaule de Lavi.

- Il dort toujours ?

- Vu la quantité de gaz qu'il a inhalé, je pense qu'il en a encore pour quelques heures.

Komui sourit et sortit un petit flacon rempli d'une fine poudre grise, qu'il tendit à Lavi.

- Des tranquillisants. A utiliser au cas où ses pulsions meurtrières ne se seraient pas calmées à son réveil. C'est sans effet secondaire notable mais évitez de le lui en donner le soir du bal, cela risquerait de diminuer ses capacités au combat.

Lavi attrapa la fiole et la rangea dans une de ses poches. Pensant que le chef en avait fini avec les conseils d'avant mission, les Exorcistes s'apprêtaient à monter dans la barque quand Komui tira Allen à l'écart et approcha son visage de si près du sien que leurs fronts se touchaient presque.

- Allen, je te fais confiance et tu le sais, murmura-il – et le ton devint menaçant, mais pose une seule fois tes mains sur Mei-Mei en dehors du cadre strictement professionnel de cette mission et tu meurs.

- Arrête Ge-Ge ! Tu vas finir par lui faire peur !

- Mais je suis sérieux ! Les hommes sont des loups pour les jeunes filles pures et innocentes !

- Le proverbe correct, c'est « L'homme est un loup pour l'homme » …

- Chef ! Ils vont finir par rater leur train !

- C'est vrai… Allez, bonne route et tâchez de revenir tous en vie !

Lenalee adressa un grand sourire à son frère puis sauta gracieusement dans la barque avec sa valise, suivie d'Allen, de Krory, de Miranda et de Lavi qui en profita pour allonger Kanda au fond de l'embarcation.

Quelques heures plus tard, ils étaient dans le compartiment du train (qu'ils n'avaient pas pris en marche pour une fois !) qui leur avait été réservé, pendant que Lenalee leur lisait les derniers détails de la mission.

- Nous arriverons à Bruxelles demain dans la matinée, nous aurons donc le temps de nous reposer durant le trajet. Il nous restera deux jours avant le bal. Le premier sera consacré à une reconnaissance de la ville et des alentours du château, avec prière d'être discrets donc pas de tenues d'exorcistes. Le second jour, nous nous préparerons pour la réception. Elle a lieu le soir à 21 heures. Nous nous y rendrons en calèche, conduite par Alphonse. Durant le bal, nous devrons compter sur l'œil gauche d'Allen pour repérer les Akumas qui seront présents à la réception, car il y en aura forcément, ne serait-ce qu'en tant de vigiles du Comte. Comme nos cinq armes anti-Akumas respectives sont assez facilement dissimulables, nous pourrons les emporter avec nous et nous en servir. Lavi, tu glisseras ton maillet à ta ceinture, et Miranda, nous cacherons ton chrono disque avec les fanfreluches de ta robe. Par contre, dans le cas de Kanda…

- Son katana n'est pas très discret…

- Il devra le laisser à la réception, caché dans un manteau ou quelque chose d'autre.

- Une soirée entière déguisé en fille et sans Mugen à ses côtés, il n'y survivra pas…

- Pourtant, il le devra, parce que c'est lui qui devra trouver l'Innocence une fois sur les lieux. Pendant que nous occuperons les Akumas dans la salle de bal, il devra récupérer son sabre et partir à la recherche de l'Innocence.

- Attends… tu veux qu'il trouve en quelques minutes ce que le Comte chercher sans succès depuis peut-être des mois ?

- Nous n'avons pas le choix. Une telle chance de s'introduire dans le château ne se représentera peut-être plus jamais.

- … Eh ben, ça promet.

- Et pour nous occuper pendant le voyage, Ge-Ge m'a confia ceci…

Elle sortit une liasse de papiers de sa valise et les distribua aux autres Exorcistes.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Un cours concentré de ce qu'il faut faire ou ne pas faire dans une réception comme celle du châtelain. A étudier sérieusement pour éviter les gaffes gênantes.

La nuit et le jour suivant se déroulèrent sans incident majeur malgré le réveil de Kanda, et les tranquillisants de Komui eurent l'occasion de prouver leur efficacité.

Enfin arriva l'après-midi du second jour, tant attendu par Lavi et Allen. Krory et eux deux avaient déjà enfilé leur tenue de soirée, costume en queue de pie et chapeau haut de forme (« Je ressemble à Tyki fringué comme ça ! T.T ») de rigueur. La main rouge d'Allen était cachée par un gant blanc et son œil gauche légèrement dissimulé par ses mèches de cheveux. Pour sa part, Lavi avait ôté ses boucles d'oreilles et substitué son cache-œil par un monocle opaque.

Mais ces légers grimages n'étaient rien à côté des souffrances qu'enduraient Kanda et les trois hommes faisaient tous les efforts du monde pour se retenir (à grandes peines) d'exploser de rire. Le brun, impuissant, ne pouvait rien faire d'autre que les fusiller d'un regard plus venimeux que le poison du cobra, lourd de menaces de morts toutes plus cruelles les unes que les autres, pendant que Lenalee et Miranda tournoyaient autour de lui, toutes occupées à le déguiser.

- Combien mesures-tu, Kanda ?

- 1 mètre 75.

- Huuuum… Avec ces talons, tu es presque trop grand pour une fille…

- C'est gentil de me dire ça maintenant que tu m'as forcé à enfiler cette putain de robe !

- Reste poli. N'oublie pas que tu es censé être une jeune demoiselle japonaise, tout fraîchement débarquée de sa terre natale, avec son tendre fiancé et qui ne parle pas un traître mot d'anglais, de français, de flamand ou d'une quelconque autre langue occidentale.

- Je dois fermer ma gueule si je comprends bien ?

- Oui. Ta voix est trop grave pour être celle d'une jeune femme.

- A quoi ça sert alors que je sois poli, si je dois me taire ?

- Parce que tu as un trop joli visage pour dire de telles insanités.

Kanda grogna et Lenalee profita de la courte diversion pour rajuster la manche droite de la robe.

- Ceci dit, cette robe ne te va pas si mal que ça…

- Pardon ?... Tu as dit quelque chose il me semble, mais j'ai mal entendu…

- Oh rien, rien…

Lenalee battit prudemment en retraite (heureusement que Mugen était hors de portée du brun !) mais Lavi ne put s'empêcher d'acquiescer mentalement. Kanda était diablement séduisant habillé comme ça, même si le roux aurait préféré le voir déguisé en geisha de sa contrée d'origine… Lavi se gifla mentalement. Ce n'était pas le moment de fantasmer sur son ami ! Pas en mission !

De son côté, Allen se demandait comment Kanda avait réussi à enfiler cet instrument de torture de robe sans étouffer. Le Japonais portait une magnifique robe à tournure, dont le jupon à armature métallique faisait remonter la jupe vers l'arrière du corps, le tout bleu marine à dentelles et rubans azur et blancs, agrémentés de quelques fausses roses immaculées. Le haut du vêtement était largement échancré dans le dos, dévoilant les omoplates et une partie de la colonne vertébrale du jeune homme. Miranda et Lenalee avaient d'abord pensé lui mettre un corset pour affiner sa taille mais Kanda était déjà naturellement mince, et pour le lui faire enfiler, il aurait fallu en venir aux mains, ce qui aurait inévitablement froissé ou taché de sang les beaux tissus. Les deux jeunes femmes y avaient donc renoncé, au grand soulagement du brun, qui remerciait aussi du fond du cœur ses compatriotes féminines de ne pas avoir la réputation d'être des fortes poitrines.

Lenalee laissa Miranda se charger des derniers détails de la robe et se concentra sur la coiffure du jeune homme.

- Kanda, ta queue de cheval fait trop stricte. Laisse un peu tes cheveux respirer pour une fois !

Sans attendre l'autorisation du brun, la Chinoise défit le ruban qui nouait les cheveux du garçon en arrière, et une cascade de mèches ébène tomba sur ses épaules mises à nues par la robe, encadrant parfaitement son visage. Lavi ne put s'empêcher de suivre du regard la course de ses cheveux sur cette peau si pâle. Kanda, sentant son regard, l'assassina des yeux. Dans son état, sa fierté masculine outragée au plus haut point, le simple fait de l'observer, même admirativement, relevait de la tentative de suicide.

Mais l'attention du brun fut vite détournée du borgne roux par Miranda, qui essayait de fixer à ses oreilles de délicates boucles en argent ornées de perles.

- Mais qu'est-ce tu fais, bordel ?

- J'es… j'essaie de vous mettre ces boucles d'oreilles…

- Pour ça, voyez avec Lavi ! Il a déjà les oreilles percées lui !

- Ne t'inquiète pas, ce sont des fausses, nous n'aurons pas besoin de te trouer les oreilles.

- Manquerait plus que ça…

De son côté, Lenalee s'appliquait à nouer un ruban de satin orné d'une perle autour du cou du garçon.

- C'est pour cacher ta pomme d'Adam, expliqua-t-elle. Mais si tu as peur qu'on la voit quand même, n'hésite pas à couvrir ton cou et le bas de ton visage avec ton éventail.

- Quel éventail ?

- Celui-ci.

Elle sortit le fin objet d'une boîte à bijoux posé sur une commode de leur chambre d'hôtel.

- Le manche est en nacre et il vient du Japon.

Elle le laissa tourner et retourner l'objet entre ses doigts, puis lui donna une paire de gants noirs arrivant à mi-bras qu'il enfila en grommelant.

Intérieurement, Kanda était au bord de la crise de nerfs. Il ne se sentait pas, mais alors pas du tout à l'aise dans ces vêtements. Si seulement, il avait eu Mugen avec lui… Il se serait senti un peu plus rassuré (même si pour rien au monde il ne l'aurait avoué). Hélas, sa précieuse arme serait laissée à la réception du château, cachée dans un manteau de fourrure et abandonnée aux mains de vulgaires domestiques, sous prétexte qu'elle n'était pas suffisamment discrète.

Mais Lenalee s'avançait à nouveau vers lui, un flacon de parfum en main, et vaporisa autour du brun une senteur de rose, qui fit violemment toussé le Japonais. Il reprenait son souffle quand il vit Miranda s'approcher à son tour de lui, portant quelque chose dans son dos qu'elle tentait désespérément de dissimuler. Une sueur glacée coula le long de la joue de Kanda et les battements de son cœur s'accélérèrent. Qu'est-ce que ces deux diablesses de femmes lui réservaient encore comme torture ? Elles sentirent son inquiétude (légitime) et essayèrent tant bien que mal de le rassurer.

- Ne te fais pas de soucis, on veut juste te mettre un peu de maquillage…

- Du QUOI ?

Elles n'avaient pas eu le temps de dire « Ouf ! » que Kanda s'était précipité vers la commode et avait saisi une paire de ciseaux qui traînait dessus.

- Vous faites encore un pas vers moi avec ce… ce truc en main et je m'ouvre le ventre !

Miranda appela Krory, Allen et Kanda à l'aide du regard, et les cinq Exorcistes durent utiliser leurs arguments les plus convaincants (à savoir : plus de soba à la cantine de l'Ordre pendant le reste des jours du Japonais) pour le persuader de poser son arme improvisée et de se laisser faire.

Une vingtaine de minutes plus tard, Kanda était fin prête et les deux jeunes femmes admiraient leur travail, satisfaites.

- Alors ? Qu'en pensez-vous ?

- C'est très réussi. Si je ne savais pas que c'est Kanda là-dessous, je ne le devinerai pas.

(Par mesure de sécurité, Lenalee avait écarté du Japonais tous les objets potentiellement dangereux, de Mugen à une vulgaire pince à épiler.)

Lavi s'approcha à son tour de son bien-aimé, s'inclina devant lui tout en prenant sa main gantée et se pencha pour y déposer un léger baiser.

- Vous êtes ravissante très chère…

- Encore un commentaire et je te fais bouffer mon éventail.

- Te plains pas ! D'habitude, je ne sors jamais avec des filles qui ont si peu de poitrine…

Kanda tenta de mettre sa précédente menace à exécution pendant tout le trajet jusqu'au manoir.


J'espère que cela vous aura plu ! La suite pour dans bientôt !

Bien sûr, si vous avez des conseils/menaces/et autres, n'hésitez pas ! Je ne demande qu'à m'améliorer !