Épilogue
Pensées de Tony
C'est vrai que je n'ai pas demandé à venir au monde et que, durant plusieurs années, je n'ai pas choisi la vie que je menais, mais aujourd'hui, c'est différent. J'ai choisi l'homme que j'aime, enfin c'est plutôt lui qui m'a choisi. Grâce à Jethro, je vois enfin la lumière. Il m'a aidé à devenir quelqu'un et à regagner ma place au cœur de l'équipe.
Je repense encore à la réaction des autres lorsque je suis revenu au travail après mon arrêt. Je n'aime pas utiliser les mots tentative de suicide. L'image de la salle de bains ensanglantée me revient alors en mémoire et je revis toute la douleur que j'ai causée à ma famille du NCIS. Ils ont organisé une petite fête surprise pour célébrer mon retour.
Abby, qui m'a accueilli les bras ouverts en réclamant à grands cris des câlins. Elle sautillait dans la pièce, défiant une fois de plus les lois de la physique, en conservant son équilibre précaire sur ses bottes à semelles compensées. Elle n'a pas réussi à retenir ses larmes, tant pis pour le mascara et le crayon noir. Mon raton-laveur préféré est à nouveau mon rayon de soleil.
Ducky, toujours aussi sage et prévenant, m'a immédiatement prodigué ses précieux conseils. Que je n'hésite pas au moindre signe de fatigue ou de malaise à me réfugier à la morgue afin de prendre le recul nécessaire face à une situation trop stressante pour moi. J'adore habiter avec Jethro, mais je n'échangerais pour rien au monde les moments que j'ai passés dans la maison de Ducky. Sa patience et son aide tout au long de ma «convalescence», occupent une place privilégiée dans mon cœur.
Ziva, ma collègue et amie, qui refuse de montrer ses sentiments. Son sourire l'a trahie lorsqu'elle m'a vu sortir de l'ascenseur. Elle a beau être beaucoup moins expressive qu'Abby, je sais qu'elle est heureuse de mon retour. Elle ne l'avouera jamais, mais je crois que je lui ai manqué. Elle va recommencer à me taquiner, alors que moi, je vais lui sortir toutes les situations de films que je connais. Je vais aussi prendre un malin plaisir à corriger ses inversions ou ses erreurs grammaticales.
Tim, comme il a pris de l'assurance en mon absence. Il m'a serré la main, puis ensuite donné une accolade. Il m'a abordé, sans bégayer une seule fois, alors que les agents des autres équipes n'osaient pas me parler ou me regarder, même pas les durs à cuire. Je suis fier de lui et je sais que c'est réciproque. Je devrais cesser de l'appeler le Bleu, mais je crois que dans le fond, il aime ça. C'est devenu son surnom. Au début, je l'utilisais pour me valoriser face à son manque d'expérience. Maintenant je l'utilise, car pour moi, il est plus que l'agent Timothy McGee.
Jenny, elle, doit se montrer froide et insensible, ça vient avec le poste. Ses sentiments ne doivent pas venir interférer dans les ordres qu'elle donne. Je pense malgré tout qu'elle est contente d'avoir à nouveau son équipe au grand complet. J'ai parfois le sentiment étrange qu'elle m'observe. Elle doit sûrement savoir pour l'abolition de la règle numéro douze. Peu importe ce qu'elle en pense, le rétablissement de cette règle n'aura jamais lieu.
Jethro, il ne peut pas s'empêcher de me surveiller du coin de l'œil. Il compte mes heures de sommeil, surveille ce que je mange et épie mes réactions. Il s'inquiète beaucoup trop pour ma santé mentale et physique. Ça va prendre du temps avant qu'il me laisse voler de mes propres ailes. Je n'aurais jamais cru voir ça de mon vivant: Gibbs qui s'est transformé en papa-poule. On aura tout vu! Il fait des efforts pour me traiter comme les autres, mais même ses claques derrière la tête ne sont plus aussi intimidantes qu'avant. Il aime bien me caresser les cheveux et c'est ce qu'il fait lorsque personne n'est là pour regarder.
Cimetière
Bonjour maman! Je ne viens plus aussi souvent qu'avant depuis que j'ai repris le boulot à temps plein. Je sais, ce n'est pas une excuse. Tu sais, j'ai toujours une petite pensée pour toi lorsque je me glisse derrière le piano. Jethro a fait encadrer une photo de toi et il l'a installée sur le mur, juste au-dessus du piano. À chaque fois que je lève les yeux de mon clavier, je croise ton regard. La musique m'aide à me détendre et à trouver un certain équilibre. Je n'ai plus besoin de me gaver de nourriture ou de m'infliger des blessures corporelles.
Père a plaidé coupable pour une accusation de meurtre au second degré. Devant son plaidoyer larmoyant, le juge l'a condamné à une peine d'emprisonnement de quinze ans avec possibilité de remise en liberté après dix ans purgés aux frais de l'état. Mais finalement, l'argent des contribuables sera utilisé à meilleur escient. Après seulement deux semaines d'incarcération, une émeute a éclaté à l'intérieur des murs de la prison. Père s'est retrouvé coincé au milieu de deux bandes rivales et il a reçu de nombreuses blessures par armes blanches. Lors de son transfert en ambulance pour recevoir des soins mieux appropriés à son état, il est décédé des suites d'un arrêt cardiaque.
À ma grande surprise, je suis son seul héritier. Moi qui croyais avoir été déshérité depuis de très nombreuses années. J'ai pris une semaine de vacances pour réfléchir à ce que je voulais faire de cet argent. J'ai d'abord voulu y renoncer, mais Jethro m'a guidé dans mon choix. J'ai largement de quoi vivre avec l'argent que tu m'as laissé et je n'ai pas l'intention de quitter mon travail, alors les millions de Père… Comme il n'a jamais rien fait de bien de son vivant, son argent va servir une bonne cause et peut-être ainsi racheter une partie de ses erreurs. J'ai créé la fondation Alessia Cominelli, de ton nom de jeune fille. Demain aura lieu la pose de la première pierre. Le centre Alessia va bientôt voir le jour. Cet endroit permettra à des femmes battues et à leurs enfants de trouver un refuge. Sur place, il y aura toute l'aide nécessaire pour les appuyer dans leurs démarches.
De mon côté, je poursuis encore ma thérapie avec le docteur Larivière. C'est un excellent psychiatre. Ducky a bien fait d'insister pour que je le consulte. Il m'a beaucoup aidé. Il va aussi venir passer quelques heures par semaine au centre. Il va s'occuper de monter une équipe de soutien. Avec des gens comme lui, le succès du centre est assuré.
J'aperçois Jethro qui s'approche. Il me sourit.
— Ça va?
Gibbs glissa sa main dans celle de Tony et lui caressa le dos de la main avec son pouce. Tony le regarda droit dans les yeux et l'embrassa. Un léger baiser au goût de café.
— Oui, ça va! On peut y aller. Merci de m'avoir laissé seul un moment. J'en avais besoin.
16 mois plus tard
Aujourd'hui avait lieu le premier anniversaire de la fondation Alessia Cominelli. Tous les membres de l'équipe s'étaient donné rendez-vous dans les locaux de la fondation afin de célébrer l'événement. Chacun aidait à sa façon la fondation en donnant du temps ou en rendant différents petits services afin de venir en aide aux femmes et aux enfants présents. Abby s'était occupée de l'organisation de la soirée.
Tony en profita pour remercier chaleureusement tous ceux qui avaient fait de cette fondation un si grand succès. Il adressa un discret clin d'œil à Gibbs. Son petit discours terminé, il retourna auprès de ses amis pour partager le repas, préparé par un service de traiteur, sous un chapiteau dressé dans la cour arrière.
— Tout va comme tu veux, Tony? Lui demanda Gibbs en lui tendant un verre de vin.
— Je suis heureux, il y a tant de choses agréables qui me sont arrivées depuis ces dix-huit derniers mois. Le vent a tourné lorsque tu as cessé de n'être que mon patron. Merci d'être à mes côtés.
— Tu crois qu'on pourrait aller faire un petit tour dans un coin tranquille pour que je ne sois plus à tes côtés, mais derrière toi?
— Ce n'est pas très raisonnable, mais je n'ai jamais eu la réputation de l'être. Suis-moi!
— Sur tes six!
C'est donc dans un endroit calme, loin de la fête que les deux amants unirent leur corps. Tony ne se sentait jamais aussi vivant que lorsque son amoureux bougeait en lui. Dans un mouvement effréné, ils s'adonnèrent au plaisir de la chair, s'aimant d'une tendresse infinie et d'une passion débordante.
— Je t'aime Jet!
— Je t'aime aussi Tony. Et je compte bien te le prouver à nouveau une fois rentrés à la maison.
— La fête ne fait que commencer!
— J'ai attendu si longtemps ton amour, je saurai me montrer patient pour t'aimer une nouvelle fois.
— Toi et patient dans la même phrase? Tu es certain que tu vas bien? Le sexe t'est peut-être monté à la tête?
— Je vais très bien, mais je ne suis plus aussi fringant qu'avant. Je ne rajeunis pas.
— Je n'échangerai jamais ton expérience contre la fougue d'un plus jeune. Pour moi, tu es le meilleur.
— Alors, je vais te faire profiter de ma grande expérience ce soir. Je dois encore être capable de te montrer un truc ou deux…
— Alors, c'est moi qui vais devenir impatient, Jet.
Ils s'embrassèrent une nouvelle fois avant de retourner vers leurs amis et invités, aussi impatient l'un que l'autre de regagner leur maison.
Fin
Je trouve toujours ça triste d'inscrire le mot fin. Merci à celles qui sont restées jusqu'à la fin. Et à la prochaine…