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Chapitre 23

À la table d'Elessar

Hermione suivit le jeune sorcier qui franchit la dernière enceinte en passant sous une grande arche ouverte dans le mur. La jeune fille resta bouche bée devant l'épaisseur de la muraille. La porte était gardée par des soldats à l'armure étincelante, sur laquelle ils portaient le tablar à l'arbre blanc des Gardes de la Citadelle. Ils se retrouvèrent bientôt sur une large place, où trônait une fontaine à l'eau claire. Non loin se trouvait un arbre blanc en pleine croissance. Il révélait déjà toute la magnificence qu'il atteindrait dans la force de l'âge, pâle réplique cependant de la splendeur de son ancêtre Telperion qui trônait jadis à Valinor, lorsque le monde était jeune.

Malgré ses appréhensions, Hermione tournait la tête dans tous les sens tellement ce qu'elle voyait était magnifique. Tout était blanc, étincelant. Au centre de la citadelle se dressait, majestueuse, la Tour d'Ecthelion, résidence des Intendants. Derrière était la Maison du Roi, imposant bâtiment qui brillait au soleil.

Néris se dirigea dans cette direction et Hermione comprit rapidement qu'il s'agissait du palais d'Aragorn. Le jeune professeur échangea quelques mots avec les gardes et fit signe à son amie de le suivre à travers différents corridors, puis ils arrivèrent enfin à destination.
La salle dans laquelle ils venaient d'entrer était immense. Au fond, au sommet d'un escalier de plusieurs marches se trouvaient deux trônes, vides pour l'instant. D'imposantes colonnes de marbre noir soutenaient le plafond qui s'élevait à plus d'une dizaine de mètres.

À mi-chemin était dressée une grande table entourée de hauts fauteuils confortables. Plusieurs personnes étaient déjà présentes. Néris les salua les unes après les autres, puis se retourna vers la jeune sorcière, qui s'était arrêtée à quelques mètres de là, subjuguée par ce qu'elle voyait.

« Approche. »

Elle sortit de sa contemplation et avança à petits pas, ses joues rougissant malgré elle. Jamais de sa vie elle n'avait été aussi intimidée. Les regards posés sur elle exprimaient un mélange de curiosité et de bienveillance. Elle ne pouvait néanmoins s'empêcher d'éprouver un profond malaise.
« Hermione, je te présente Faramir, fils de Denethor, premier capitaine du Gondor et prince de l'Ithilien. »
Incapable de parler, le jeune fille s'inclina.
« Bienvenue dans le royaume du Gondor. » répondit Faramir.
Elle se releva et observa l'homme. Il était de grande stature, ses cheveux noirs lui tombaient sur les épaule. Il avait un visage noble et l'air juste, presque une posture royale, car en lui coulait le sang presque pur de Núménor.

Néris présenta alors la femme qui était assise à coté du Capitaine. Belle, froide, elle semblait forte et déterminée. Elle se leva et dévisagea la jeune sorcière d'un air impassible, mais dénué de toute animosité. Ses yeux reflétait une immense curiosité.
« Voici Eowyn, épouse de Faramir. »
Les deux femmes se saluèrent poliment.
« Le prince Imrahil de Dol Amroth. »
Le prince se leva et s'inclina devant Hermione, de plus en plus mal à l'aise. Il était d'une beauté presque surnaturelle, et la jeune sorcière sentit ses joues s'empourprer encore un peu plus.
« Elrohir, fils du Seigneur Elrond de Fondcombe. »
L'homme en face d'elle était le plus étrange qu'elle ait jamais vu. Il avait de long cheveux blonds pâles, ses oreilles sans lobe s'étiraient en pointe vers le haut. Lui aussi avait une beauté irréelle, mais il paraissait moins martial que le prince.
« Bonjour, articula-t-elle.
-Mae Govannen.
-Bienvenue, lui souffla Néris.
-Merci » répondit-elle.
Elle ne put soutenir leur regard et baissa la tête, comme si ses pieds étaient devenus d'une importance vitale. Néris murmura quelques mots en Sindarin, qui firent sourire le fils d'Elrond. La gêne de la jeune sorcière semblait les amuser.

Soudain, la porte de la salle s'ouvrit et une voix cria :
« Le roi Aragorn et la reine Arwen, seigneurs du Gondor. »

L'homme qui avait rendu visite à Hermione s'avança, en compagnie de la plus belle femme que la sorcière ait jamais vue. Tous se levèrent et s'inclinèrent. La jeune fille, toujours aux cotés de Néris, ne savait pas trop quoi faire. Elle finit par s'incliner à son tour. Le couple s'approcha d'elle. La jeune fille était encore penchée alors que tous s'étaient déjà relevés. Faramir et Néris ne purent réprimer un sourire. Aragorn lui prit l'épaule et la releva.

« Sois la bienvenue à la table du Gondor.
-Merci, euh… »

C'était la première fois qu'elle rencontrait un roi. Même dans ses rêves elle n'avait jamais imaginé ça. À part bien sûr quand elle était petite et qu'elle rêvait du prince charmant.

« Appelle-moi Aragorn.
-Merci Aragorn », murmura-t-elle sans oser lever les yeux.
Le roi inclina la tête, puis Arwen s'approcha à son tour.

« Que la lumière t'éclaire le cœur. Aujourd'hui tu prends place à la table du puissant roi Elessar. Ne sois pas intimidée, sois la bienvenue.
-Merci. Je suis, euh, enchantée de vous rencontrer. »

Les convives prirent place autour de la table. Hermione se retrouva en face du roi. Elle fut un peu soulagée quand Néris s'assit à sa droite.

La jeune sorcière détailla discrètement ses hôtes tandis que des domestiques commençaient à servir. Elle n'arrivait pas à donner d'âge au roi. Malgré ses traits tirés par les épreuves et ses cheveux qui commençaient à grisonner, il lui semblait jeune, dans la force de l'âge, mais ses yeux, eux, étaient ceux d'un sage, d'un grand de ce monde qui voyait plus loin que tous les autres.

Arwen était une jeune femme, mais Hermione voyait dans son regard bien plus que ce qu'elle voyait dans le regard de son époux. Elle avait la sagesse de sa race que sa beauté lumineuse ne diminuait en rien. Ses longs cheveux noirs étaient rassemblés en tresses savantes qui tombaient dans son dos. Elle allait cou et épaules nus, et sur sa poitrine reposaient plusieurs bijoux étincelants.

À son doigt était une bague, représentant deux serpents entrelacés, offerte comme gage d'amour -et de fianciailles- par Aragorn dans la lointaine Lothlorien. C'était l'anneau de Barahir, forgé dans les premiers âges du monde par les Noldor à Aman et donné à Barahir par Finrod Felagund. Hermione étudia longuement la bague, peut-être l'objet le plus ancien présent sur la Terre du Milieu, qui lui semblait pourtant étrangement familière. Elle ne remarqua pas qu'Arwen l'observait également, comme prise d'un doute soudain. Au bout d'un moment cependant, chacune reprirent ses esprits et tous se concentrèrent sur les odeurs alléchantes.

N'ayant rien avalé de solide depuis près de deux semaines, Hermione était très affamée. La table croulait sous les plats et les boissons. Certains légumes et viandes ne lui rappelaient rien de ce qu'elle connaissait, mais lui mettaient l'eau à la bouche. Elle fit de gros efforts pour se contrôler. Si elle avait été seule... elle ressemblerait maintenant à Ron lors d'un repas dans la Grande Salle de Poudlard. Elle garda cette image en tête pour parvenir à se contrôler, sans pouvoir réprimer un petit sourire. Le roi se servit alors et tous firent de même.

« Alors Hermione, parle-nous de ton monde. »

Tous avaient relevé la tête. La jeune fille regarda autour d'elle. Arwen la fixait toujours. Hermione sentait bien le poids de son regard posé sur elle, mais lorsque la jeune sorcière tourna les yeux vers elle, la reine lui adressa un sourire bienveillant. Confiante, elle commença alors à décrire l'Angleterre, puis Poudlard et son parc. Les convives semblaient envoûtés par son récit. Quand elle eut fini, Faramir et Aragorn lui posèrent une foule de questions, notamment sur Voldemort et la guerre qui se préparait. Qui avait commencé en fait. Cependant, la sorcière restait perplexe. Ils semblaient presque tous connaître le mage noir. Puis elle se souvint du rêve d'Harry. Néris et Voldemort se connaissaient, il y avait de grandes chances que le jeune chef de la Confrérie leur en ait déjà parlé. Elle se retint de poser des questions devant tout le monde, mais se promit d'interroger Néris dès qu'elle serait seule avec lui.

Lorsque les questions sur son monde furent moins nombreuses, elle tenta d'en poser sur la Terre du milieu et tous lui répondirent avec plaisir.

Malgré ses craintes, Hermione fut vite rassasiée. Les convives lui jetèrent un regard amusé puis continuèrent à manger tout en posant leurs questions. Néris, à coté d'elle, restait silencieux. Au bout d'un moment, Arwen lui posa une question et tous deux discutèrent en elfique. Hermione comprit qu'ils parlaient d'Elicia. Les invités l'encouragèrent à boire plusieurs breuvages, qui se révélèrent excellent, mais bientôt la tête commença à lui tourner.

Lorsque tout le monde eut fini, plusieurs serviteurs entrèrent et débarrassèrent la table. Ils amenèrent d'autres boissons et plusieurs gâteaux. Aragorn remplit un verre et le tendit à la jeune fille, visiblement gênée qu'un roi la serve. Encore une fois elle se demanda si elle ne rêvait pas. Cela aurait été le rêve le plus étrange qu'elle n'ait jamais fait. Elle porta la coupe à ses lèvres et but quelques gorgées. Puis elle fit prise d'une violente toux. Autour de la table, les rires fusèrent.

« Excuse moi, dit Aragorn d'un air contrit, j'aurais du te prévenir. »

La jeune fille reprit son souffle et parvint à sourire.

Néris se tourna vers le roi.

« Vous avez des nouvelles de la Comté ?
-Oui. J'ai envoyé un messager à Frodon pour le prévenir de ce qui se prépare. Il est revenu hier avec la réponse du jeune Hobbit. Maître Gamegie est papa, et Merry et Pippin s'occupent de réorganiser les choses. J'ai malheureusement dû leur demander à tous de revenir. Du moins à Frodon, Sam et Pippin. Je suppose que Meriadoc rejoindra Eomer. Ils auront du mal à quitter la Comté une nouvelle fois, mais nous avons besoin d'eux. »

Autour d'eux les visages étaient soudain devenus graves.

« Comment se présente la guerre ? » demanda le jeune professeur.

Le roi se tourna vers Faramir. L'ambiance chaleureuse qui régnait auparavant avait disparu. L'atmosphère était lourde, chargée de menaces.

« L'histoire se répète malheureusement. Les orcs commencent à harceler nos postes avancés sur l'Anduin aux abords de Cair Andros. Je suis sans nouvelle des hommes que j'ai envoyés à la Porte Noire. Et Minas Morgul est à nouveau occupée. »
« Eomer est très préoccupé par la situation en Isengard, continua Aragorn. Comme l'a dit Faramir, l'histoire se répète. Pour l'instant, les assauts des Rohirrims et des Ents ont tous été repoussés. J'ai envoyé plusieurs centaines d'hommes pour les aider, mais il nous faut faire également face à la menace ici. Quand toutes nos forces seront réunies, nous essaierons de les chasser de Minas Morgul, et nous foncerons sur la porte Noire. S'ils nous en laissent le temps. »

Néris hocha la tête d'un air sombre.

« Prévenez-nous. Nous serons là. »

Le roi se leva et ses invités l'imitèrent.

« Jeune fille, je te souhaite un bon rétablissement et une longue vie. Je ne crois pas que nous nous reverrons un jour. Bonne chance. Mais si un jour tu reviens ici, saches que tu as un droit de passage à vie au royaume du Gondor.
-Merci pour tout », bafouilla-t-elle.

Aragorn inclina la tête, lui sourit puis s'éloigna en compagnie d'Imrahil et de Faramir. Arwen s'approcha d'Hermione et lui prit la main. Elle glissa au creux de sa paume un collier elfique.

« Ceci te protègera. Prends bien soin de toi. La lumière nous attend au bout du tunnel, ne l'oublie jamais. »

Elle s'approcha et embrassa le front de la jeune sorcière puis elles se saluèrent et Néris prit Hermione par le bras. La reine le fixa quelques secondes et il finit par hocher la tête, comme s'il acquiesçait à quelque chose, puis ils sortirent.

Il conduisit son amie à l'extérieur. Elle avait toujours la tête qui lui tournait, mais l'air frais lui fit du bien.

« Je vais te reconduire à la Maison de Vie. Demain, Alméric, un sorcier de la Confrérie, viendra te chercher et te reconduira à Poudlard. Malheureusement, tu devras boire une potion de Sommeil car nul ne doit voir les Passages.
-Attends Néris, répondit vivement la jeune fille en lui posant une main sur le bras. J'ai des questions à te poser... s'il te plait. Je ne veux pas dormir tout de suite. »

Le professeur acquiesça et les deux sorciers retournèrent sur la sixième muraille.

« Tu m'as dit que les personnes qui voyaient tout ceci subissaient un sortilège d'amnésie. Je vais devoir le subir moi aussi ? »

La jeune fille s'attendait à une réponse affirmative de Néris, suivie d'une explication, mais son ami resta silencieux un long moment. Son regard passa des plaines du Pelennor plongées maintenant dans le crépuscule à Hermione. Il semblait réfléchir intensément.

« Non... répondit-il finalement. Je crois... je crois qu'il est plus sage que tu gardes tout ça en tête... et je ne suis pas le seul. Bien entendu, tu dois me promettre de ne jamais révéler tout ce que tu as vu et entendu, pas même à Harry ou à tes parents.
-D'accord, répondit-elle en soupirant. Les cours sont finis à Poudlard ?
-Oui. Alméric te déposera à l'école et le professeur Dumbledore te conduira au Square Grimmaurd. »

Hermione sursauta et se tourna vivement vers son ami. Square Grimmaurd serait plein des membres de l'Ordre pour les vacances. Harry et Ron seraient là, Ginny serait là, et surtout la famille Weasley, qu'il faudrait convaincre de la vérité. La jeune fille n'eut aucun mal à imaginer la réaction de Molly.

« Non, s'il te plait. Ils ne savent pas, je ne peux pas…
-Ne t'inquiète pas. Il leur expliquera tout. Et Harry se trouve là-bas. Il a vraiment besoin de toi Hermione.
-Je sais. »

Mais elle avait l'air désemparé. Personne ne connaissait la vérité. Et même elle qui la connaissait s'en voulait à mort. Jamais ils ne lui pardonneraient ça.

« Ne t'inquiète pas, répéta-t-il doucement.
-Mais j'aimerais voir mes parents aussi », tenta-t-elle en désespoir de cause. Jamais plus elle n'oserait croiser le regard d'Harry ou de Ron.

« Ils viendront te rejoindre. Ne pense pas à ça. Tout ira bien. »
Elle n'en était pas du tout convaincue, mais elle préféra abandonner. De toutes façons, elle ne le ferait pas changer d'avis.

« C'était une belle soirée, dit Néris pour rompre le silence. Je crois que tu as beaucoup plu à Aragorn et à Arwen.
-À propos d'Arwen, et de l'autre personne qui…
-Elrohir. Ils sont frère et sœur. Ce sont des elfes.
-Vous avez l'air préoccupé par la guerre.
-Oui. La dernière fois nous avons vécu grâce au courage de deux jeunes Hobbits –semi-hommes. Cette fois, nous n'avons plus les mêmes atouts. Ce sera difficile, très difficile de les battre. Surtout si Jedusor vient les aider.
-Voldemort ? Il est au courant ?
-Oui. Avant sa disparition il venait déjà ici. Les gens lui faisaient confiance, et il avait le soutien d'un mage dont nous n'aurions jamais imaginé qu'il puisse nous trahir. Et malheureusement tous les deux l'ont fait. Cet été, quand il a disparu, il est revenu ici. Il a renoué les liens avec ses anciens « amis ». »

Néris resta silencieux un instant, comme s'il pesait le pour et le contre de quelque chose.

« Hermione, murmura-t-il au bout d'un moment, tu as compris ce qui se passe entre Harry et toi ?
-Je crois. J'ai pris la place de Sirius ?
-Oui. Je vais te révéler quelque chose, personne ne doit être au courant, mais je préfère que tu le saches.
« La seconde prophétie, celle qui concerne Méthilda, elle a été faite car Voldemort était ici. Le contenu parlait explicitement de ce monde. Nous n'avons toujours pas compris pourquoi. Cependant, cette jeune fille a un lien certain avec la terre du milieu. »

Hermione était étonnée, mais finalement c'était assez logique.

« Bien, maintenant au lit. Je vous rejoindrai au Square Grimmaurd demain soir. »

Il la ramena dans sa chambre de la maison de vie et lui souhaita bonne nuit. Mais Hermione ne pu trouver le sommeil. La journée était une des deux les plus étranges de sa vie. La première était le jour où elle avait appris qu'elle était sorcière. Les dernières heures avaient été riches en émotion. La dernière pensée qu'elle eut avant de sombrer enfin était la réaction des membres de l'Ordre quand il la reverrait. Et celle d'Harry.


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