Personnages : Sirius Black – Remus Lupin – James Potter – Peter Pettigrow – Lily Evans – Severus Rogue – Eileen Grey – Fauve Grey etc.
Couples: Lily Evans/James Potter – Sirius Black/Fauve Grey – Remus Lupin / Nymphadora Tonks
Rating : M comme Lemon alors si vous n'êtes pas adeptes aux citrons, il y a la petite croix en haut à droite.
Disclamer : Tout appartient à JKR, sauf les personnages Fauve Grey – Eileen Grey – Les parents Grey qui m'appartiennent entièrement. Je ne touche pas un copec, les commentaires sont mon seul salaire et récompense xd
Bonne lecture
Chapitre 1 : Un Voyage à Poudlard
Nous étions beaux, jeunes, insouciants, insolents, nous croquions la vie à pleine dent. Nous étions d'origines différentes. Tout nous séparait et tout nous réunissait à la fois. La vie nous tendait les bras ; nous nous croyions invincibles, intouchables. Quelle triste désillusion.
Nous faisions tout ensemble, nous étions inséparables et pourtant, la vie en a décidé autrement. Nous étions insupportables avec nos farces quotidiennes : les professeurs s'en arrachaient les cheveux tandis que les élèves en riaient. Ah, c'était le bon temps. Oui, le bon vieux temps. Remus était très lunatique, Peter très couard, toujours à nous suivre comme notre ombre. James était un brin malicieux avec son regard pétillant façon Dumbledore, derrière ses lunettes rondes, tandis que moi, eh bien moi, j'étais beau, séduisant, sombre, farceur et mes amis étaient toute ma vie. Oui, toute ma vie.
Nous étions intelligents, nous avions plein de projets et rien n'aurait pu nous faire changer d'avis. Nous étions intrépides et courageux, nous foncions toujours tête baissée dans les aventures qui s'offraient à nous. Rien ne nous arrêtait ! Nous n'avions peur de rien ! Heureusement, Remus était là pour nous ramener sur terre. Nous sommes d'ailleurs devenus Animagus pour lui, afin de l'assister durant ces pleines lunes où il se transformait en loup-garou. Nous courrions en sa compagnie pendant la nuit, nous l'empêchions de s'automutiler et se faire du mal, nous faisions tout pour rendre ces nuits acceptables et supportables.
James était un cerf majestueux et son surnom était Prongs. Wormtail, qui n'était autre que Peter, était un rat et grâce à sa petite forme, il pouvait actionner le nœud du saule cogneur pour qu'on y pénètre et rejoigne ainsi notre ami Moony. Quant à moi, j'étais un chien qu'on pouvait confondre avec une apparition du Sinistros ; on m'appelait Padfoot. Finalement, nos formes étaient très révélatrices de nos personnalités. Nous étions si confiants et sûrs de nous qu'on n'a jamais eu l'idée de soupçonner ce cher Peter.
Ah, que de bons souvenirs en cette époque révolue. Des souvenirs dont les Détraqueurs se font un plaisir de s'alimenter pour m'enlever toute joie et ne laisser que tristesse et désespoir au fond de mon cœur. Finalement, seule Fauve s'en était réchappée de ce passé. Elle avait bien fait de fuir le monde magique, de nous fuir, même si je lui en avais terriblement voulu. Fauve, elle portait si bien son prénom ; je n'avais jamais réussi à la saisir, seul Remus était parvenu à la comprendre et à l'aimer comme il le fallait. Pourquoi nous avait-elle abandonnés ? Je ne le saurais sûrement jamais…
Poudlard signifiait tout pour nous et encore aujourd'hui, l'école n'est synonyme que de souvenirs heureux, même si parfois nous y avions passé de mauvais moments. Nous étions unis comme les cinq doigts de la main, sauf que nous étions quatre. Juste quatre jeunes adolescents remplis de rêves plus fous les uns que les autres. On nous appelait les Maraudeurs.
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En Angleterre, à la gare King Cross, plus précisément la voie 9¾, plusieurs enfants avec leurs parents venaient à traverser un mur qui s'ouvrait sur un passage qui menait tout droit sur un monde magique. Magique me direz-vous ? Mais la magie n'existe pas voyons ! Peut-être pour nous, pauvres Moldus que nous sommes, mais pas pour les sorciers en âge d'aller à la plus grande école de sorcellerie : Poudlard. Nous étions le 1er septembre 1971 et c'était le jour de la rentrée pour bon nombre de ces futurs apprentis sorciers qui quittaient leurs parents pour quelques mois, avant les vacances de Noël. Le quai vadrouillait de monde. Le train qu'on surnommait Poudlard Express sifflait de temps à autre tandis que les petits sorciers montaient un à un dans les wagons pour se trouver un compartiment. Mais penchons-nous un peu plus sur ce fameux quai qui séparait notre monde à celui des Sorciers.
On pouvait y voir un jeune garçon qui paraissait fatigué, malade et frêle aux premiers abords. Sa mère remettait en place son col de chemise tout en le rassurant, émue de voir son fils partir pour Poudlard. Malgré sa condition de loup-garou, le directeur Albus Dumbledore avait accepté Remus dans son école, ce qui, avouons-le, était un miracle selon Espérance Lupin. Le jeune Lupin écoutait attentivement sa mère avec un maigre sourire sur ses lèvres quand ses yeux croisèrent une petite fille du même âge que lui. Elle était en retrait derrière ses parents et d'une fille qui paraissait plus âgée qu'elle. Sa sœur aînée sans aucun doute. Elle était mignonne avec ses couettes de chaque côté, ses cheveux étaient auburn et ses yeux d'un beau marron avec des reflets ambre. Elle n'était pas grande et un peu boulotte contrairement à sa sœur très mince et élancée. Cependant, elle était jolie. Grâce à sa condition de Lycan, il avait cette capacité de ressentir les sentiments des autres, un pouvoir empathique que lui conférait son statut d'hybride. Cependant, il ne put rien déceler en elle. Il était trop déconcentré par les propos des parents qu'il put entendre très clairement avec son ouïe fine.
« De toute manière, je ne me fais pas de grand espoir pour elle. Elle ira à Poufsouffle avec les cancres et les bons à rien du même genre qu'elle. Cependant, j'espère que tu ne causeras aucun souci à Eileen, je ne veux pas que tu l'embêtes sinon tu auras à faire à moi ! Contrairement à toi, elle a un avenir et je ne veux pas que tu le gâches par ta simple présence et existence. Compris Fauve ? Claqua sèchement sa mère.
-Oui, maman, répondit la concernée le regard noir et dur, mais à la fois pointillé d'une lueur de tristesse.
-Bien, monte dans le train et que je ne te revois plus, dit la mère en la poussant dans le wagon tout en se tournant vers l'aînée. Quant à toi ma chérie, travaille bien et si tu as besoin de quoi que ce soit, envois-moi un hibou.
-Promis maman, déclara Eileen en l'embrassant pour finalement entrer dans le wagon. »
Remus était horrifié par la façon dont cette mère pouvait traiter différemment ses deux filles. Il se sentit très mal pour Fauve : elle devait se sentir rejetée, un peu comme lui à cause de sa condition de loup-garou. Les sorciers avaient souvent de très mauvais préjugés sur les Lycans et Remus en avait pâti toute sa jeunesse, au point d'en souffrir. Il n'avait jamais eu d'ami et il n'avait pas l'attention de s'en faire. Il ne voulait pas que ses amis découvrent ce qu'il était pour ensuite le révéler à toute l'école ; ce serait une catastrophe et sa mère en serait attristée. Il avait un peu peur d'entrer à Poudlard. Serait-il à la hauteur des attentes du professeur Dumbledore ? Il fut alors sorti de ses songes par la voix douce de sa mère :
« Remus ? L'appela-t-elle
-Oui, maman, désolé j'étais ailleurs, avoua-t-il en rougissant, tout en déclenchant un léger rire chez Espérance.
-Tu es toujours dans la lune ! Tu feras bien attention, tu travailleras bien et écouteras attentivement tes professeurs ?
-Je te le promets maman, je me montrerai digne de la confiance du directeur ! assura le petit garçon en enlaçant sa mère tendrement, pour ensuite se retirer de son étreinte. »
Au même moment, un petit garçon observait la scène avec envie. Il avait bien de la chance d'avoir une mère qui l'aimait et lui faisait des marques d'affection. La sienne n'avait jamais été ainsi avec lui, ce serait même plutôt tout le contraire. Il avait hâte d'entrer à Poudlard, être loin de sa famille, des traditions et de leurs idéaux. Si Sirius était sûr d'une chose, malgré ses onze ans, c'est qu'il ne voulait pas être aussi méchant que sa mère et ressembler à sa famille. Sirius se moquait bien des valeurs du sang, il voulait juste se faire des amis, qu'importent leurs origines. Des amis avec qui il pourrait s'amuser et partager des bons moments, lui permettant ainsi d'oublier un peu la noirceur dans laquelle il vivait chaque jour. Une noirceur dont il portait le nom : Black. Sirius Black, tel était son nom, et selon Walburga Black, il devait en être fier, mais il en avait plutôt honte par moment. Il était bien habillé et marchait bien droit, la tête haute, ses cheveux de couleur ébène coupés courts mettant en valeur ses yeux gris, des yeux insondables pouvant paraître durs et aussi froids que de la glace, au point de faire peur. Son allure était quelque peu aristocratique étant éduqué ainsi. Tout montrait en lui le sang-pur. Cependant, ne jamais se fier aux apparences et James Potter l'apprendrait très bientôt.
Justement, parlons du jeune Potter. Sa mère et son père à ses côtés semblaient avoir des difficultés à laisser leur fils partir et pour cause : ses parents l'avaient eu très tard et non sans difficultés. James Potter était considéré comme un miracle de la vie. Il n'avait manqué de rien dans sa jeunesse, étant choyé par ses parents, et aujourd'hui, il se devait de les quitter pour plusieurs mois à venir. Les yeux de sa mère brillaient étrangement tout en enlevant des poussières invisibles sur l'uniforme de son fils. Il allait énormément lui manquer. Mme Potter avait hâte d'être aux vacances de Noël pour le revoir. Elle espérait que tout se passe bien pour lui, même si elle se doutait que James s'intégrerait sans trop de complications. Sans pouvoir se retenir, elle serra son fils fortement dans ses bras, lui murmurant qu'il lui envoie un courrier dès qu'il serait réparti. James Potter hocha de la tête, le regard malicieux derrière ses lunettes. Son père passa une main dans ses cheveux noirs et en bataille tout en lui disant qu'il était fier de lui. D'un dernier signe de main, il monta dans le wagon et salua ses parents tandis que le train commençait à se mettre en route.
Il aperçut alors un jeune garçon courir à toute allure pour monter dans le train, James lui tendit la main pour qu'il l'attrape et ainsi, l'aider à le rejoindre. Le garçon lui fit un sourire de remerciement tout en époussetant sa robe. Il était plutôt petit, ses joues bien rondes, et des cheveux blonds venaient faire ressortir ses petits yeux humides de couleur verte. Il était légèrement enrobé, mais cela le rendait attachant. Quelque chose se dégageait de lui, au point qu'on avait envie de le prendre sous son aile. James lui tendit alors sa main et se présenta à lui :
« James Potter, dit-il sous le regard timide du garçon qui semblait hésitant.
-Peter Pettigrow, répondit-il en serrant sa main. Ma mère n'arrivait pas à me laisser partir et j'ai failli manquer le train, confia-t-il en traînant sa valise à sa suite.
-Enchanté de te connaître Peter, et ne t'inquiète pas, la mienne aussi, déclara James en clin d'œil. Cherchons-nous un compartiment, sinon nous n'aurons plus de place. »
Pour seule réponse, le jeune Peter hocha de la tête, heureux de s'être déjà fait une connaissance et un ami. Cela le rassurait ; il avait un peu peur d'entrer à Poudlard. Il n'avait jamais réussi à se faire une place dans son ancienne école moldue, les autres se moquant de lui et le trouvant étrange. Ça l'avait rendu nerveux quand il avait su qu'il allait devoir se rendre seul à Poudlard. D'autant plus que ses parents lui avaient mis un peu la pression. Heureusement, tout semblait s'arranger et moins horrible qu'il ne l'avait pensé. Au moins, James ne s'était pas moqué de lui. Le sourire aux lèvres, la tête haute, il suivit son nouvel ami à travers le couloir.
«À nous Poudlard ! pensèrent les quatre jeunes adolescents tandis que Fauve observait rêveusement le paysage qui défilait sous ses yeux. »
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Quelques heures plus tard, tous les élèves se retrouvèrent dans la Grande Salle. La nouvelle directrice de Gyffondor, Minerva McGonagall, avait expliqué le fonctionnement de la répartition. Ainsi, chacun des élèves venait s'asseoir sur le tabouret pour qu'on le répartisse dans sa maison. Appelant les futurs apprentis sorciers par ordre alphabétique, le tour du jeune Sirius vint très rapidement. Il s'avança doucement vers le siège où il prit place avant d'être plongé dans le noir et entendre une voix qui le fit sursauter. Le Choixpeau parlait ! Il serra les mains autour du tabouret et écouta :
« Oh, oh ! Un Black ! Dans quelle maison vais-je te répartir… Normalement Serpentard, mais je vois autre chose au fond de toi. Oui, le désir de t'affirmer, de ne pas être comme ta famille. Cela se révèle être du courage.
-Pas à Serpentard, souffla Sirius.
-Ah, ah, rigola le Choixpeau, n'aie aucune crainte, Serpentard n'est pas pour toi. Non, ta maison sera : GRYFFONDOR ! »
Le jeune Black resta quelques secondes abasourdi, ainsi que toute la salle qui fut alors plongée dans le plus profond des silences. Il finit alors par se lever et se diriger vers sa table où un tonnerre d'applaudissements finit par retentir. Ce fut tout tremblant qu'il s'assit sur son banc en remerciant rapidement ceux qui l'avaient accueilli, sous les regards noirs des Serpentards et incompréhensif de James. Un Black à Gryffondor ? C'était une farce ? Pourtant, ses parents lui avaient certifié que les Black étaient dans la magie noire jusqu'au cou et qu'ils haïssaient les Moldus, les Sangs-mêlés ou encore les hybrides. Le Choixpeau n'avait pas pu se tromper. Cela voulait dire que ce Sirius Black avait en lui les qualités d'un Gryffondor ! Peut-être était-il réellement différent de sa famille. Décidément, cette année allait se révéler très intéressante. Il était curieux de connaître ce Black, oui très curieux.
Au même moment, Sirius croisa le regard froid et dur de sa très chère cousine Narcissa Black se trouvant en sixième année à Serpentard. Elle était assise aux côtés d'un blondinet que Sirius reconnut en Malefoy. Il fallait avouer qu'avec leur couleur de cheveux, ils s'accordaient bien ensemble. Apparemment, sa cousine n'était pas des plus ravies qu'il soit placé à Gryffondor. Néanmoins, il s'en moquait royalement ! Même s'il appréhendait la réaction, qu'il savait déjà démesurée, de sa mère. Il soupira profondément tout en portant son regard et son attention sur la suite de la répartition.
« Lily Evans ! »
Il vit une petite rouquine qui sembla lâcher la main d'un garçon affreusement laid et négligé d'apparence. Son nez était crochu et ses cheveux retombaient mollement sur ses épaules, paraissant très gras. Sirius ne put s'empêcher de faire une grimace ; il ne devait pas connaître le mot « laver » celui-là ! Evans s'approcha doucement du tabouret et se vit mettre le chapeau magique sur sa tête. Elle sursauta légèrement en entendant la voix de celui-ci murmurer à son oreille :
« Mais que vois-je ? Tu possèdes bon nombre de qualités. Oui, je vois une soif de connaissance, une soif d'apprendre et Serdaigle pourrait être ta maison. Seulement, je vois autre chose : tu es rusée, maligne et Serpentard pourrait t'accueillir. Tu possèdes aussi le courage et cette volonté de prouver ce que tu vaux aux autres ; Gryffondor serait heureux de t'avoir dans sa maison. Hum, choix difficile. Serdaigle pourrait t'ouvrir le chemin de la connaissance, mais les études ne sont pas tout dans la vie et cela, tu dois le comprendre. Il te manque quelque chose qui te permettra d'affronter l'avenir et la seule maison qui puisse t'en donner la réponse et les moyens est : GRYFFONDOR ! »
Un tonnerre d'applaudissements retentit dans la salle. La jeune Evans lança un regard vers son ami Severus qui lui fit un maigre sourire d'encouragement. Elle se dirigea d'un pas léger vers Sirius qui la félicita tout en lui faisant un signe de tête pour que Lily s'installe. Elle espérait que Severus viendrait à la rejoindre : elle se sentait mal à l'aise d'être parmi un monde inconnu et des gens qu'elle ne connaissait pas. Sirius semblait gentil, mais son regard était troublant. Il y avait quelque chose dans ses yeux qu'elle n'aurait su définir qui la bouleversait. Ses yeux verts en forme d'amande vrillèrent alors vers la sorcière qui appelait les élèves un à un :
« Fauve Grey ! »
Le cœur battant la chamade, Fauve se dirigea rapidement vers le siège et s'assit avant de ne plus rien voir pour entendre à son tour les paroles du Choixpeau :
« Oh encore une Grey ! Ta sœur a été difficile à placer, le seras-tu toi aussi ?
-J'en doute, murmura-t-elle d'une voix douce.
-Je vois beaucoup de tristesse en ton cœur ; tu aimerais t'affirmer face à ta sœur pour que tes parents reconnaissent ta valeur et que tu existes à leurs yeux. Tu as beaucoup de qualités : tu es loyale, juste, et le travail ne te fait pas peur. Tu aurais en effet ta place à Poufsouffle. Cependant, je doute que cela soit ta véritable place ; cela ne t'aidera pas à avancer dans les années futures. Il va falloir t'ouvrir, à prendre confiance en toi si tu veux t'affirmer et la seule maison qui pourra t'y aider est : GRYFFONDOR ! »
Elle ouvrit grand les yeux, ahurie et surprise. Ce n'était pas possible ! Il n'avait pas pu l'envoyer dans la maison des Lions ! Elle n'avait aucun courage, bien au contraire : elle était connue pour être peureuse des araignées, du noir et de l'orage. Elle ne comprenait pas en quoi cela l'aiderait à s'affirmer ! S'ouvrir aux gens, mais pourquoi le ferait-elle ? Elle s'était toujours débrouillée toute seule et même si la solitude lui pesait par moment, il valait mieux être seule que mal accompagnée ! Quoique… Peut-être que ses parents allaient être fiers d'elle ? Oh oui, ils allaient être contents et enfin, elle prendrait de la valeur à leurs yeux ! Le sourire aux lèvres, elle tourna la tête vers sa sœur aînée qui la foudroya du regard avec une haine et colère si intense que Fauve en frissonna au point que son sourire se fana bien vite. D'un mouvement de tête, Eileen balança ses longs cheveux blonds et se détourna de sa cadette, laissant un grand vide en la jeune Grey. Pourquoi sa sœur lui en voulait-elle autant ? Elle aurait aimé qu'Eileen se montre, pour une fois dans sa vie, prévenante à son égard. Finalement, c'était à croire qu'il n'y avait aucun lien de parenté entre elles. Elles étaient si dissociables l'une de l'autre. Elles étaient la nuit et le jour, le soleil et la lune, le bien et le mal. Malgré que ses parents se plaisaient à dire qu'Eileen était parfaite et gentille, celle-ci pouvait être une véritable peste. Sous ce visage angélique se cachait le diable en personne.
Eileen ne l'avait jamais épargnée en moquerie ou humiliation, s'attirant ainsi les bonnes grâces de leurs parents. Fauve serra fortement ses poings, un goût d'amertume emplissant sa bouche. Pourquoi la méprisait-on autant ? Le cœur lourd, elle se dirigea vers sa table quand une fille vint lui présenter sa main et dire :
« Lily Evans, enchantée de…
-On se connaît ? la coupa Fauve de façon agressive.
-Non, répondit la jeune Evans sans se départir de son sourire, je pensais que…
-Eh bien à l'avenir, évite de penser, déclara sèchement Grey en s'installant. »
La rouquine entendit un ricanement sur sa gauche et vit Sirius, le sourire en coin. Prenant la mouche, Lily lui lança le regard le plus foudroyant et noir qu'elle avait en réserve ! Pour qui se prenait-il pour rire d'elle ? Elle aurait bien aimé le voir à sa place ! Décidément, vivement que le tour de Severus arrive, elle n'aimait pas ses deux camarades !
Fauve écouta attentivement la répartition, se moquant bien d'avoir pu blesser la jeune Evans. Il n'était pas question qu'elle se fasse des amies, elle en avait que trop souffert. Elle connaissait trop bien le revers de l'amitié : au final, il vous faisait mille promesses pour vous abandonner lâchement et se tourner vers l'ennemi ! Et s'il y avait une chose dont Fauve avait peur, c'était de souffrir, ne connaissant que trop bien cette douleur intérieure qui vous rongeait de jour en jour, au point de se renfermer et se construire une carapace. Une façade de fille froide, sarcastique, pour finalement se confondre dans le décor, éloignant ainsi les gens d'elle. Voilà ce qu'elle était. Grey fut alors détournée de ses pensées par l'appel d'un jeune garçon :
« Remus Lupin ! »
Elle pencha légèrement sa tête ; elle l'avait vu sur le quai en compagnie de sa mère par le biais de la fenêtre de son compartiment. Elle l'avait observé se faire enlacer tendrement par celle-ci. Il avait de si beaux yeux qu'on aurait pu y plonger dedans pour une éternité. Des yeux dérivant vers le jaune, une étrange couleur, mais captivante. Sirius aussi le reconnut sans aucune difficulté. Il fut intrigué et curieux de savoir où Lupin serait placé. Remus monta les marches menant au tabouret, la peur au ventre plus que jamais, et s'assit avant de voir sa tête se faire recouvrir par le Choixpeau :
« Lupin, souffla la voix du vieux chapeau, le directeur m'a parlé de toi. Mon choix va être très vite fait. Quel courage ne faut-il pas avoir pour porter le fardeau qui pèse sur tes épaules. Tu es curieux de ton environnement, attentif à ton entourage et tu rêverais d'avoir des amis, même si tu te refuses de t'ouvrir aux autres de peur que ta condition ne soit dévoilée. Tu manques cruellement de confiance en toi et tu as un piètre avis de toi. Hum, mon choix est tout fait et sans aucune hésitation, tu iras à : GRYFFONDOR ! »
Remus se leva du tabouret, tout chancelant, n'osant y croire. À Gryffondor ! Gryffondor ! Il ne pouvait espérer mieux. Même s'il aurait apprécié d'aller à Serdaigle ou Poufsouffle, mais Gryffondor, c'était incroyable. Il était heureux et fier pour une fois dans sa vie. Il mit bien loin dans sa tête les paroles du Choixpeau magique, ne voulant pas se tracasser avec ça. Le plus important, c'était de faire honneur à la confiance du directeur de Poudlard : Albus Dumbledore. Il travaillerait dur pour avoir sa place et se montrerait digne de sa maison. Il vit alors un jeune garçon lui proposer sa main. Il était terriblement beau et dégageait un charme ténébreux. Il se souvint alors de son nom : Sirius Black. Que devait-il faire ? Accepter cette poignée de main ? Après tout, ils allaient être camarades de classe, ce serait dommage d'être en conflit en début d'année. Le sourire aux lèvres, il serra la main de Sirius qui lui dit :
« Bienvenue parmi les lions et les lionnes, ajouta-t-il d'un signe de tête vers les filles qui paraissaient être en froid.
-Merci, répondit le jeune Lupin en prenant place sur la droite de Black. »
Remus reconnut très rapidement la petite fille qu'il avait vue sur le quai. Des taches de rousseur parsemaient son visage, tout comme celle qui se trouvait à ses côtés. Il croisa alors le regard de Fauve un quart de seconde et son cœur se serra étrangement sans trop en comprendre la raison. Il gigota sur son banc, mal à l'aise. Cette fille avait des yeux à vous fendre l'âme. Il avait l'impression qu'elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Ses yeux étaient froids, sans émotion, c'était gênant, embarrassant. Remus rompit aussitôt l'échange et se tourna vers la suite de la répartition, tentant d'oublier le loup qui se manifestait en lui à cause du bouleversement qu'il venait d'avoir.
« Peter Pettigrow ! »
Le concerné se reçut une petite tape sur l'épaule de la part de James qui l'encouragea ainsi à monter sur l'estrade. Il lui fit un sourire timide et se dirigea vers le Choixpeau :
« Oh, oh, que vois-je ? Beaucoup de timidité et un manque flagrant de confiance en toi. Tu n'as pas peur du travail, tu as de l'ambition et tu veux montrer ta vraie valeur. Mais tu manques de loyauté... Poufsouffle ne sera pas pour toi, ni Serdaigle. Tu es rusé et malin. Tu espères pouvoir trouver de vrais amis qui t'apprécieront pour ce que tu es, trouver enfin ta place en ce monde. Ta place est toute désignée. Cependant, n'oublie pas Peter que l'amitié se mérite et qu'en retour, il faut s'en montrer digne comme un : GRYFFONDOR ! »
Peter se leva de son siège, il n'en croyait pas ses oreilles. Il avait cru être placé à Serpentard ou à Poufsouffle. Il ne se serait jamais attendu à ça ! C'est sa mère qui allait être heureuse quand il allait lui annoncer la nouvelle ! Mais qu'avait voulu dire le vieux chapeau en disant que « l'amitié se méritait et qu'en retour, il fallait s'en montrer digne » ? Peu importe ! Le plus important, c'était qu'il soit réparti ! Il espérait que James viendrait le rejoindre ; ainsi, il ne serait pas seul ! Deux garçons vinrent l'accueillir et le féliciter, ainsi qu'une grande rouquine qui lui fit une place entre elle et une autre fille qui ne s'intéressa même pas à lui. Sirius lui souffla alors :
« Ne t'inquiète pas, elle est comme ça avec tout le monde. C'est une coincée, rien de plus. »
Pour seule réponse, Peter hocha de la tête, même s'il se sentit étrangement mal pour elle que Sirius puisse la juger ainsi. Ça lui rappelait trop son ancienne école où il n'y était pas apprécié et qu'on l'estimait sans le connaître. Il haussa tout simplement les épaules ; après tout, cela n'était pas son problème. Il entendit alors son ami être appelé :
« James Potter ! »
Le jeune Potter se dirigea d'un pas sûr et alerte vers le vieux chapeau qui, une fois posé sur sa tête, dit :
« Potter ! Avec toi, cela ne sera pas difficile. Sans incertitude, tu iras à : GRYFFONDOR ! »
Le sourire aux lèvres, les cheveux plus ébouriffés que jamais par le Choixpeau, il alla vers sa table où une ovation lui fut faite. Les Potter étaient connus dans le monde des Sorciers, son père étant un Auror très célèbre et sa mère une très bonne Médicomage à Sainte-Mangouste. Sirius se souvenait clairement des propos que sa mère avait tenus envers cette famille : des traîtres à leur sang, comme le disait si bien Walburga, juste parce qu'ils défendaient les Moldus ou encore les Sangs-Mêlés. Quand sa mère viendrait à savoir qu'il était dans la même maison que Potter, elle allait en faire une jaunisse ou une crise cardiaque, ça lui fera les pieds ! Serait-il alors considéré comme un traître à son sang ? Il grimaça légèrement en pensant au traitement que lui réservait sa mère à son retour de Poudlard. Il ne voulait même pas imaginer. Il fut détourné de ses songes par la main de James tendu vers lui :
« James Potter, se présenta-t-il.
-C'est ce que j'ai cru comprendre, répondit Sirius avec un léger rictus, tout en regardant le dénommé Potter. Enchanté de te connaître, ajouta-t-il en répondant à la poigne de main de son camarade qui paraissait satisfait. »
James prit place entre Peter et Sirius puis ajouta :
« Content de te retrouver ici Peter, tu ne pouvais pas mieux tomber. »
Pettigrow le remercia d'un signe de tête puis les trois jeunes adolescents reportèrent leur attention sur la répartition tandis que deux nouvelles filles vinrent les rejoindre, Mary Macdonald et Alice Pike, ce dont Lily apprécia aussitôt. Mary était de taille et de poids moyen. Ses yeux étaient de couleur noisette et de longs cheveux châtains tombaient sur ses épaules en de fines boucles anglaises qui encadraient son visage. Quant à Alice, elle était assez grande pour son âge et mince tandis que son visage rond et son teint de porcelaine faisaient ressortir la noirceur de ses cheveux et ses yeux bleu nuit. La jeune Evans, qui accueillit la jeune Pike à bras ouverts avec Mary, fut coupée dans ses propos par la voix de la sorcière qui appela :
« Severus Rogue ! »
Au même moment, la voix de James retentit :
« Comment peut-on se présenter aussi négligé. C'est à se demander s'il s'est déjà regardé dans une glace. Il est tout simplement horrible !
-Je t'interdis de critiquer Severus ! répliqua Lily piquée au vif. »
Potter crut s'étrangler avec sa salive devant la rouquine qui le défendait.
« Comment peux-tu traîner avec un type pareil ? Il est répugnant !
-Le plus répugnant des deux, c'est toi ! Cingla-t-elle. Il est mon meilleur ami et Severus est la personne la plus gentille que je puisse connaître et tu feras moins le fier quand il viendra rejoindre notre maison ! »
La jeune Evans lança un regard noir à Potter tout en reportant ses yeux sur la silhouette de Severus. Elle ne permettrait jamais que quelqu'un s'en prenne à lui sans raison ! C'était lui qui l'avait prévenue qu'elle était une sorcière. C'était avec lui qu'elle avait passé une partie de son enfance. Lui, au moins, ne l'avait jamais trouvée bizarre comme les autres enfants ! Il ne l'avait pas rejetée comme Pétunia avait pu le faire et bientôt, ils seraient de nouveau ensemble !
« Oh, oh, Rogue, je vois beaucoup d'ambition en toi ainsi qu'une profonde amertume envers ton père. Tu aimerais pouvoir lui faire face, mais tu manques de courage ; la peur te ronge. Où vais-je te placer ? Tu as soif de connaissance et tu es très intelligent. Tu pourrais aller à Serdaigle sans difficulté, mais tu pourrais aussi rejoindre Serpentard. Tu as l'esprit fin et rusé. Choix difficile, très difficile...
-Dépêche-toi, vieux chapeau rabougri ! Souffla Severus qui en avait marre d'attendre.
-Je vois ! Eh bien, tu iras à : SERPENTARD ! »
Serpentard ? Severus jeta un regard à l'attention de Lily qui semblait totalement anéantie sous les rires des deux garçons. Sa table l'accueillit avec joie et fierté. Il prit place à côté de Mulciber et d'Avery qui lui firent une poignée de main tout en reportant leur attention sur la fin de la répartition. Il n'aurait jamais cru aller à Serpentard et peut-être que finalement, ce fut sa phrase remplie de sarcasme qui l'avait conduit ici. Si loin de Lily, sa très chère et douce Lily… Il lui avait promis de rester avec elle. Seulement, comment pourrait-il tenir sa promesse maintenant qu'il n'était plus dans la même maison ? Il croisa alors ses grands yeux vert émeraude, ses yeux qui brillaient étrangement. Son cœur se serra légèrement face à la peine de sa jeune amie. Seulement que pouvait-il y faire ? Plus rien maintenant, il était trop tard, le Choixpeau magique les avait répartis.
Lily serra fortement ses poings, retenant au mieux ses larmes. Elle se sentait terriblement seule. Severus n'était pas avec elle. Comment ferait-elle sans lui ? Elle ne connaissait rien à ce monde. Elle se sentait perdue. Pourquoi n'était-il pas à Gryffondor ? Pourquoi ? Elle entendit alors la voix de Black dire :
« Rien d'étonnant qu'il soit réparti à Serpentard vu sa face de laideron. Regarde son nez crochu, je suis certain qu'il doit toucher la table quand il baisse la tête. Une tête qui ne m'inspire pas confiance, si tu veux mon avis, ajouta Sirius à son camarade Potter qui approuva avec un grand sourire. »
Qu'il se taise, qu'il se taise ! Ils ne connaissaient pas Severus comme elle pouvait le connaître ! C'est vrai qu'au premier abord, son physique n'était pas avantageux, mais en apprenant à faire sa connaissance, Black et Potter auraient pu savoir qu'il était quelqu'un de passionné, de renfermé, possédant un sens de l'humour unique et rempli de sarcasme. Il était aussi d'un naturel à franc parlé. D'autres fois, il pouvait se montrer compréhensif et à l'écoute. Il avait toujours été là pour elle et encore plus quand Pétunia l'avait lâchement abandonnée après la découverte qu'elle soit une sorcière. Au souvenir de sa sœur, le cœur de la jeune Evans se pinça. Elle espérait qu'aux prochaines vacances celle-ci soit plus gentille et ouverte, mais peut-être espérait-elle trop. Elle sentit alors une main se poser sur son épaule puis entendit la voix d'Alice murmurer :
« Ne t'inquiète pas Lily. Laisse ces deux idiots parler, je suis certaine que ton ami continuera à te parler et à te voir. Peu importe la maison où l'on est, vous vivez dans la même école et non à des kilomètres. On va sûrement se retrouver dans la même classe, tenta-t-elle de la rassurer en donnant du baume au cœur à la rouquine, qui la remercia d'un maigre sourire. »
Au même moment, après que la répartition se soit clôturée, le directeur de Poudlard se leva de sa chaise. Il était grand, habillé d'une robe pourpre, tandis qu'un chapeau de la même couleur recouvrait sa chevelure argentée. Une longue barbe tombait au niveau de poitrine, ses yeux bleus pétillaient de malice derrière ses lunettes en demi-lunes. Il imposait le respect et un charisme étonnant se dégageait de lui. Il intima alors le silence pour faire son discours annuel.
« Bienvenue ! Bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard. Avant que le banquet ne commence, je voudrais vous dire quelques mots. J'ai le plaisir d'accueillir deux nouveaux enseignants. Tout d'abord, le professeur McGonagall, qui se chargera des cours de Métamorphose, mais qui sera aussi la directrice de la maison Gryffondor. »
Toute la table des Gryffondors l'accueillit chaleureusement en applaudissant avec vigueur, ainsi que les autres maisons, sauf les Serpentard. Minerva remercia ses futurs élèves d'un hochement de tête avec un léger sourire puis se rassit sur sa chaise.
« Quant à la seconde nomination, reprit Dumbledore, veuillez accueillir le professeur Chourave qui vous enseignera la botanique et qui sera la directrice des Poufsouffles. »
Une nouvelle fois, les applaudissements retentirent dans la Grande Salle tandis que Mme Chourave rougit légèrement et reprit sa place. Albus Dumbledore leva ses mains pour faire cesser les ovations et reprit la parole :
« Merci pour ces acclamations. J'aimerais aussi ajouter que M. Rusard, le concierge, m'a également demandé de vous rappeler qu'il est interdit de faire des tours de magie dans les couloirs et entre les cours. La sélection des joueurs de Quidditch se fera au cours de la deuxième semaine. Ceux qui souhaitent faire partie de l'équipe de leur maison devront prendre contact avec Madame Bibine. Enfin, je dois vous avertir que cette année un saule pleureur a été planté dans le parc de Poudlard, informa le directeur. Il est particulièrement agressif ; je vous demanderais donc de ne pas vous en approcher sans en subir les conséquences, ajouta-t-il le regard grave. »
Fauve vit alors la main de Lupin s'accrocher au rebord de la table au point que la jointure de sa main en devint blanche. Étrange… Pourquoi semblait-il si bouleversé face à cette annonce ? Son attention fut divertie par les sourires de Black et Potter qui semblèrent enjoués de défier le règlement en allant voir ce fameux saule pleureur.
« Et maintenant, que le festin commence ! s'exclama le plus grand mage de tous les temps tandis que les plats apparurent comme par magie sur les quatre tables, sous les yeux ébahis des nouveaux élèves. »
Mille plats aux saveurs différentes emplirent les assiettes des apprentis sorciers qui se jetèrent sur la nourriture avec entrain et ferveur. Peter avait pris plusieurs pattes de poulet, écoutant ses nouveaux camarades converser entre eux, se posant des questions, apprenant à se connaître. Sirius mangeait proprement et mâchait bouchée après bouchée, montrant son éducation rigide, au contraire de James qui mangeait tout aussi proprement, mais assez vite, comme s'il allait mourir de faim. Remus était un peu plus dans son coin, prenant énormément de viande, n'écoutant que d'une oreille les conversations. Il était plus occupé à observer Grey en face de lui qui ne touchait pratiquement pas à son assiette, tout comme Lily qui paraissait avoir l'appétit coupé. Quelle étrange soirée ! Il croisa alors le regard gris de Sirius qui lui demanda :
« Et toi ? De quelle origine es-tu ?
-Ma mère est une Moldue et mon père était un sorcier, répondit Remus le visage contracté.
-Était ? remarqua Black en fronçant les sourcils. Il est donc…
-Mort, oui, compléta le jeune Lupin en détournant la tête pour reprendre son dîner afin de ne pas laisser la tristesse l'envahir. »
Sirius se traita mentalement d'idiot d'avoir gaffé, mais comment aurait-il pu savoir que son père était mort ? L'héritier des Black ne put s'empêcher de le trouver courageux et de le détailler un peu plus. Il semblait fragile, son teint était blanc et ses yeux étaient parfois teintés de mélancolie. Un regard qui paraissait en avoir trop vu pour son jeune âge. C'était étrange ; il avait l'impression que Lupin était plus mature que certains d'entre eux à cette table, mais que cette maturité venait de quelque chose de bien précis. Peut-être à cause de la mort de son père ? Dans tous les cas, Remus semblait renfermé et timide. Il se promit de tout faire pour lui parler ainsi que de passer du temps avec lui et ne pas le laisser dans son coin comme ce soir. Fier et heureux de cette résolution, il reprit son repas tout en rigolant à certaines anecdotes de Potter racontant ses exploits et les bêtises qu'il avait pu faire étant gamin. Sirius ne put s'empêcher d'envier James d'avoir des parents aussi formidables et aimants. Oui, sans aucun doute que si lui avait joué dans la maison sur un balai volant ou encore casser toutes les vitres avec une balle moldue, il aurait été puni très sévèrement.
Une fois, sa mère lui avait envoyé un Doloris après une soirée mondaine où il s'était montré insolent envers les Malefoy. Seulement, il haïssait quand ces gens qui se croyaient supérieurs venaient à critiquer odieusement et avec hargne les hybrides ou les personnes, comme Remus et Evans, descendant d'une lignée moldue. Après tout, étaient-ils vraiment moins intelligents qu'eux ? Le sang était-il vraiment important ? N'était-ce pas la personne qui primait avant tout et ses capacités ? En plein dans ses pensées et interrogations, Black en fut détourné par James qui lui demanda :
« Ça va ?
-Oui, oui, assura Sirius avec un sourire. Je réfléchissais, c'est tout.
-En tout cas, moi, je ne pensais vraiment pas aller à Gryffondor, marmonna Peter en mangeant tandis que Black le remercia intérieurement d'avoir détourné la conversation. Ce sont mes parents qui vont être surpris et ravis de la nouvelle.
-Dans quelle maison croyais-tu aller ? Questionna James curieux en buvant une gorgée de jus de citrouille.
-Poufsouffle, voir peut-être Serpentard, répondit Peter en rougissant tandis que le jeune Potter recracha tout son jus, étonné de sa réponse.
-Tu plaisantes ? Serpentard, rigola James. Tu as vraiment une piètre opinion de toi-même Peter, tu vaux mieux que ces serpents. »
Pour simple réponse, Peter haussa tout simplement des épaules. Peut-être que James avait raison, peut-être doutait-il trop de lui et que sa place n'était pas à Serpentard ? Il se reçut alors une tape dans le dos par le brun à lunettes qui lui fit un grand sourire, l'amenant ainsi à rire avec lui et Black. Après tout, qu'importe la maison où il se trouvait, le plus important c'est qu'il avait réussi à se faire des amis. Le reste de la soirée se passa dans le plus grand calme. Une fois le repas fini, les nouveaux élèves suivirent les préfets de leur maison respective pour finalement découvrir leur dortoir et salle commune. Les garçons montèrent dans leur chambre, leurs valises déjà installées. Ils prirent chacun un lit puis se couchèrent en silence. Peter s'endormit très vite, fatigué du voyage, ainsi que James. Sirius eut quelques difficultés à trouver le sommeil, pensant à la réaction qu'aurait sa mère à la nouvelle de son intégration à Gryffondor. Quant à Remus, il ne cessa de se retourner dans ses draps, observant d'un regard mélancolique le croissant de lune qui illuminait le ciel étoilé. Une lune qui se ferait bientôt ronde. Il appréhendait cette première pleine lune à Poudlard, il espérait que tout se passerait bien. Demain serait leur premier jour de cours, le début de toute une époque révolue…
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Le lendemain matin, tandis que les premiers rayons du soleil vinrent éclairer la chambre des garçons, Sirius se leva en sursaut après avoir été réveillé par James. Il frotta ses yeux lourds de sommeil ; il avait passé une très mauvaise nuit ! Il espérait mieux dormir ce soir. Il posa un regard sur sa montre gousset qui indiquait les sept heures du matin. L'esprit dans le brouillard et les cheveux en pétard, il se dirigea vers la salle de bain. Il vit alors le lit de Remus vide et fait. Il était déjà levé ? Peut-être que lui aussi avait mal dormi cette nuit ? Tout en chassant ses pensées, il fit un brin de toilette, coiffa convenablement ses cheveux courts puis alla s'habiller de son uniforme.
« Dépêche-toi Black, il ne nous reste plus qu'une demi-heure pour déjeuner et aller à la volière avant le début des cours, déclara James en passant sa tête par l'entrouverture de la porte.
-Ne m'appelle pas Black, répliqua Sirius en prenant ses cours. Où sont Peter et Remus ?
-Peter est parti devant et Lupin, je ne sais pas, il était déjà levé quand je me suis réveillé, répondit calmement James en sortant de la salle commune avec son camarade.
-C'est une habitude chez toi d'appeler les gens par leurs noms ? grogna Sirius, vraiment de mauvaise humeur.
-Et toi, tu te réveilles tous les matins du pied gauche ? rétorqua Potter avec un sourire narquois. »
Sirius marmonna dans sa barbe inexistante des mots incompréhensibles pour le brun à lunettes qui rigolait intérieurement devant l'humeur massacrante de Black. Ils arrivèrent alors dans la Grande Salle où la plupart des élèves étaient en train de manger. Les deux adolescents prirent places à côté de Peter tandis que Sirius repéra Remus un peu plus loin. Une nouvelle fois, il se tenait à l'écart d'eux. Il devait vraiment être timide. Au même moment, ils reçurent leur emploi du temps qu'ils regardèrent attentivement, tout en grimaçant devant les horaires. Ils n'avaient pratiquement pas de temps de libre, juste le jeudi après-midi et le vendredi. L'année ne se prévoyait pas reposante, mais quoi de plus étonnant. Ils n'étaient pas ici en touristes. Sirius plia le parchemin qu'il rangea dans sa poche de pantalon tout en reprenant son repas, tandis que James et Peter écrivaient une lettre pour leurs parents. C'est alors qu'un hibou vint se poser devant lui déposant une lettre puis repartit aussi vite qu'il était arrivé. Black reconnut tout de suite l'écriture de sa mère. Il déglutit passablement tout en croisant le regard de sa cousine et ceux des Serpentards qui ricanaient. Les mains légèrement tremblantes, il prit la lettre qu'il ouvrit et lut :
Sirius,
Narcissa m'a appris la nouvelle !Tu fais honte à la famille ! Comment as-tu pu déshonorer notre nom en allant à Gryffondor ! Non seulement tu as toujours été insolent et rebelle, mais tu ternis le nom des Black par ton intégration à cette maison remplie de Moldus ou de Sangs-mêlés ! Que vont penser de nous les autres familles de sang-pur ? D'autant plus que tu parles à Potter, ce traître à son sang ! Tu vas revenir durant les vacances de Noël et compte sur moi pour te remettre sur le droit chemin ! Fils indigne !
Walburga.
Le concerné grimaça légèrement tout en froissant la lettre dans sa main, le regard plus noir que jamais. Elle pouvait le menacer de toutes les façons possibles, le battre ou lui lancer des sortilèges, jamais il ne serait comme eux ! Jamais ! Il était fier d'être à Gryffondor et le Choixpeau magique avait lui-même dit qu'il était différent des autres Black. Un nom qu'il haïssait de plus en plus. La tête baissée dans son assiette, tout en observant le parchemin froissé, il frissonna néanmoins en pensant à ce que lui réservait sa chère mère durant les vacances de Noël. Il serait fort et courageux, il ne céderait pas ! Après tout, ce n'était pas le premier à renier les valeurs et traditions de la famille, il y avait aussi oncle Alphard. Peut-être pourrait-il l'aider ? Il aimait beaucoup son oncle. Malheureusement, il ne le voyait que très rarement, mais il adorait quand Alphard venait à lui parler des inventions moldues, c'était distrayant et marrant. Il était certain que son oncle serait ravi d'entendre qu'il était à Gryffondor. Un maigre sourire apparut sur les lèvres de Sirius qui entendit :
« Ça va Sirius ? S'enquit James, inquiet, sous l'œil curieux de Peter. Rien de grave j'espère ?
-Non, souffla Black, rien de grave, répondit-il en fourrant le papier dans sa poche pour finalement se lever. Je vais prendre un peu l'air, on se rejoint en cours, dit-il en quittant la Grande Salle sous le regard assidu du directeur de Poudlard.
-Qu'est-ce qu'il a ? demanda Peter en suivant des yeux son camarade de chambre sortir de la pièce.
-Je ne sais pas Peter, murmura James en fronçant des sourcils. Peut-être des problèmes personnels, supposa le jeune Potter légèrement soucieux pour son ami. »
Il aurait aimé connaître l'expéditeur de cette lettre, peut-être aurait-il mieux compris la détresse de Sirius ? James remarqua que les Serpentards semblaient très amusés de quelque chose. Il fronça les sourcils puis reporta son attention sur la place où se trouvait précédemment Black. Peut-être que ses parents pourraient l'aider à mieux comprendre la situation ? Sans la moindre hésitation, il expliqua tout aux Potter et une fois la lettre finie, il s'en alla avec Peter vers la volière pour envoyer le courrier. Sur le trajet, le jeune Pettigrow, qui paraissait tout aussi intrigué par le comportement de Sirius, dit :
« Peut-être a-t-il un problème avec sa famille ? proposa-t-il tout en remettant sa besace sur son épaule.
-Pourquoi penses-tu cela ? interrogea James.
-Eh bien, je ne sais pas, mais Sirius est un Sang-pur, commença Peter tandis que Potter hocha de la tête. Mon père m'a dit que certaines familles, comme celle de Sirius, étaient très conformistes aux traditions et valeurs.
-Oui c'est vrai, approuva le brun à lunettes. Normalement, Sirius aurait dû aller à Serpentard, la plupart des Black… »
Le jeune Potter s'arrêta aussitôt dans sa phrase ainsi que dans sa marche.
Il sembla alors comprendre où voulait en venir Peter. Bien entendu, comment n'avait-il pas pu y penser plus tôt ? C'était d'une évidence même, ça crevait les yeux : la famille de Sirius devait être furieuse qu'il soit à Gryffondor et non pas à Serpentard. Les Black étaient après tout une très grande famille de Sangs-purs, connue de tous les sorciers, mais aussi une famille qui primait la valeur du sang ainsi que la magie noire. Il imaginait sans grande peine les propos de la lettre.
« Nous devrions faire vite, le cours de métamorphose va bientôt commencer, dit Peter en accélérant le pas avec son ami. »
James hocha de la tête tout en se dirigeant vers leur classe. Il aurait tout le temps d'y penser plus tard. En entrant dans la classe, ils virent déjà bon nombre d'élèves installés, dont Sirius, Lupin et Evans avec ses amies. Le jeune Potter fut surpris de voir Black assis aux côtés de Remus. Il prit donc place derrière eux avec Peter. Le professeur arriva dans la classe, baguette en main, tandis que le silence se fit aussitôt devant le regard sévère de McGonagall.
Minerva alla à son bureau tout en appelant les élèves un à un quand au même moment, une petite fille rentra précipitamment dans la classe, essoufflée, rougissant de la tête aux pieds face au regard réprobateur de sa directrice.
« Miss Grey ! Que me vaut ce retard ?
-Je suis désolée professeur, je me suis perdue dans les couloirs, avoua faiblement Fauve en entendant les rires des élèves.
-Ça passe pour cette fois Miss, allez vous asseoir, dit-elle avec un léger sourire.
-En plus d'être coincée, elle n'a aucun sens de l'orientation, quelle idiote, souffla Sirius en ce recevant un regard noir par Remus qui se retint de casser sa plume. »
Apparemment, certains élèves durent entendre la phrase de Sirius, puisque James, Peter et d'autres élèves rirent. Remus ne put s'empêcher de suivre des yeux la jeune Grey qui s'assit tout devant. Elle n'avait aucunement fléchi devant les rires de ses camarades. Ses yeux étaient glacials et ses rougissements s'étaient soudainement évanouis et Remus en fut impressionné : elle avait du cran. D'autres personnes se seraient senties plus que honteuses ou mal face à ces moqueries.
« À mon simple avis, il n'y a pas que Grey de coincée, murmura James à Peter en faisant un signe de tête vers McGonagall qui se trouvait être stricte.
-Vous avez un problème M. Potter ? déclara la sorcière qui se trouvait non loin de lui.
-Non aucun, professeur ! répondit James en relevant la tête.
-Dans ce cas-là, vous ne verrez aucun problème à me rejoindre ce soir pour une retenue.
-Une, une retenue, bafouilla James. Mais, mais…
-Quoi que vous pensiez M. Potter, je ne suis pas encore sénile ni sourde, dit-elle en retournant vers son bureau, le sourire aux lèvres sous les yeux abasourdis de Potter et les rires de Sirius. »
Remus leva les yeux vers le ciel devant leurs gamineries. Le reste du cours se déroula calmement et sérieusement, Minerva n'acceptant aucune discussion et distraction de la part de ses élèves. Le reste de la journée passa très vite. D'ailleurs, Remus fut très étonné de voir Black s'asseoir à côté de lui et ça, pratiquement à tous les cours. À quoi jouait-il ? Pourquoi ne prenait-il pas place avec Potter ? Lupin ne put s'empêcher de l'observer en douce ; il était plutôt sérieux à part la remarque qu'il avait faite à Grey, ce qu'il n'avait vraiment pas apprécié. Aux premières apparences, il paraissait hautain et sûr lui, mais Remus n'était pas une personne à se fier aux apparences, il attendrait à mieux le connaître pour se faire un avis sur Sirius. Au même moment, Black se tourna vers lui, surprenant Lupin qui détourna la tête, gêné d'avoir été pris en flagrant délit de flânerie. Après tout, il ne lui avait fait aucune remarque sur ses vêtements d'occasion ou encore son air maladif. Peut-être n'était-il pas si méchant que ça ? Oui, décidément sa curiosité fut aiguisée, il avait hâte de comprendre les intentions de Black, en espérant qu'elles ne soient pas mauvaises.
Ce soir-là, la jeune Grey ne dormit pas de la nuit et ne vint ni manger à la Grande Salle. Une lettre froissée dans sa main, assise en face du feu de cheminée, les larmes roulaient sur ses joues bien rondes, plus blessée et triste que jamais par les propos de ses parents. Des paroles qui résonnaient en écho dans son esprit et plus jamais, plus jamais, elle n'espérerait la moindre reconnaissance de ses parents. Ils ne l'aimaient pas et ne l'aimeraient jamais. Jamais…