Passer l'éternité avec Edward était la chose la plus aisée qu'il m'avait été de faire. Me « réveiller » à ses côtés, le sentir contre moi, en moi, savourer ses sourires, son extraordinaire présence. C'était comme si j'avais vécu pour me retrouver là, que depuis le début, c'était à ses côtés que je me devais d'évoluer. C'était comme retourner à la maison après un long séjour à l'étranger, c'était suivre la lumière de son porche à travers les décennies. C'était renaître de ses cendres lorsqu'on s'y attendait le moins.
Aimer Edward pendant une éternité était la chose plus belle que j'eus à faire. L'entendre me murmurer à quel point je lui étais essentielle, à quel point il était heureux de m'avoir près de lui, à quel point il ne pouvait imaginer une seconde que j'échappe à son emprise. C'était comme si nous avions toujours vécu de cette manière, comme si aucune séparation n'avait eu lieu, comme si je n'avais connu aucun autre homme, comme si durant cinquante années, je ne l'avais pas haï.
« Comme si », cela s'avérait déjà moins certain.
Edward, fidèle à sa promesse, n'avait pas laissé un jour, une minute, une seconde s'égrenait sans se fonder à me rendre la plus heureuse des femmes, sans tenter de me convaincre qu'il ne quitterait plus, que je n'aurais à souffrir. Il s'efforçait chaque instant de me prouver que j'étais la seule, l'unique, qu'il n'y en avait jamais eu aucune autre et qu'aucune autre ne me suivrait.
A force du temps, je m'étais satisfaite de ses propos et me contentais à présent de savourer notre avenir avec une délectation qui m'était jusqu'alors inconnue.
Le soleil était bien haut, ce matin, resplendissant dans les contrées de Juneau. Au loin, le souffre du vent était percevable dans sa folle course entre les montagnes. Les sublimes fragrances de la forêt environnante me parvinrent régulièrement.
Sous mes doigts irradiant sous les rayons audacieux telles de magnifiques diamants, miroitaient d'autres joies d'une préciosité supérieure. La peau marmoréenne que je caressais du bout des doigts frémissait à chaque contact de nos deux épidermes comme si j'étais maîtresse de celui-ci, comme si à la moindre inflexion, il me suivrait avec grande obéïssance.
En réponse à l'attention que je lui prodiguais, le maître de cette peau s'efforçait à déposer sur chaque partie de mon corps des baisers de plus en plus ardents qui laissait prévoir ce qui suivrait.
Je ne pus retenir quelques gémissements lorsqu'il s'aventura au niveau de ma poitrine, descendant sur mon ventre. De mon autre main, je fourrageais dans ses boucles cuivrées, appréciant le contact soyeux avant que l'anneau dorée qui y contrastait ne m'accapare totalement.
Quelques années après nos retrouvailles, j'avais consenti à être son épouse. Moi, Bella Swan, avait accepté pour la seconde fois de renoncer à son nom en sachant parfaitement que je ne retrouverais plus l'ancien. Cela m'avait semblé la chose la plus naturelle à faire : Etre sienne de cette ultime manière.
Sur cette pensée, je le forçais à remonter vers mes lèvres, tant j'avais ce besoin transcendant que nous ne fassions plus qu'un. Trop impatient de me contenter, il s'empara avidement de mes lippes, ne leur laissant dès ce moment aucun répit. Sous son ombre, je me retrouvais, complète et entière. Dans l'étreinte de ses bras puissants, j'acceptais de m'abandonner entièrement. Et sous ses caresses, je m'enivrais avec ostentation.
Seigneur que j'aimais cet homme, que j'adorais ce vampire. Il y aurait pu y avoir des décennies de douleur, de souffrance infinie, tout m'aurait paru tolérable tant j'étais certaine qu'à l'issue de cela, je le retrouverais pour quelques instants, l'aimerait pour quelques moments.
Audacieuse et trépidante, je laissais errer mes canines sur sa jugulaire, transperçant sa fine peau et laissant le divin nectar s'échapper de son cœur. Un grondement animal se fit entendre dans sa gorge qui se transforma en un gémissement de contentement lorsque ma langue se fraya un chemin sur la plaie, s'y délectant plus que de mesure. S'il m'était arrivé de commettre une entrave à mon régime végétarien, cela aurait été de me nourrir du sang de mon aimé, cette sensation orgasmique balayant tout éthique.
_Tu es bien trop tentante, mon cœur murmura-t-il, fourrageant ses prunelles rendues onyx par le désir contre les miennes.
Je remontais jambe le long de son flanc lui signifiant parfaitement ce que j'attendais avant de répondre à quelques centimètres de ses lèvres.
_Pourquoi résistait à la tentation ?
Un sourire se dessina sur mon visage alors qu'il se rapprochait avec une lenteur infinie du mien. Du bout des lèvres, il dessina la ligne de ma mâchoire avant de replonger son regard dans le mien.
_Je t'aime Isabella Cullen.
_Je t'aime Edward Cullen répondis-je, toujours aussi émue à ses mots.
Cela n'aurait pu mieux être. Je m'étais longtemps blâmée de mes erreurs mais à me retrouver là, je me remerciais de les avoir commises car elle m'avait menée là où je n'aurais cru m'aventurer. Au creux de mon éternité.