Hello à tous !

J'ai donc, poussée par mes fidèles lectrices - lecteurs ?, et par ma folie douce, posé les premiers jalons de la suite de Vacances improvisées - si ceux qui ne connaissent pas ont le courage, il vaut mieux lire ça d'abord pour saisir les allusions douteuses.

J'ai l'impression de maîtriser encore difficilement le retour au Sanctuaire - ça fait bizarre après tout ce temps de plage - mais je ferai de mon mieux. N'hésitez pas à faire des remarques !

Milo et Camus sont accueillis avec camaraderie, et subiront le jugement divin d'Athéna au sujet de leur petite fugue. La super méga fête de bienvenue se profile...

Ikki erre dans les bégonias.

Au programme, plus de sadisme patenté - du moins j'essayerai !

J'ai allongé un brin les chapitres de deux petites pages ^^

Bonne lecture à tous !


Titre: Ça commence bien

Couple: Milo x Camus

Disclaimer: Tout à M. Kurumada, Shueisha, Toei. Milo et Camus ont très gracieusement - si, si, gracieusement et avec un énoooorme plaisir - accepté de rempiler pour une deuxième saison ^^


Ça commence bien

- Ils arrivent !

Ce cri puissant, quasi-hystérique, provenait d'un adolescent blond, posté en sentinelle sur un rocher propice, avec vue sur l'entrée du domaine sacré.

" Ils " représentaient naturellement les infortunés Chevaliers d'or vacanciers, Milo du Scorpion, accusé d'enlèvement, et Camus du Verseau, le kidnappé.

La limousine divine grimpait paisiblement les tournants sinueux, Athéna ayant audacieusement rénové la route pour qu'elle devienne convenable sinon droite, et le Sanctuaire tout entier se remua pour venir accueillir avec camaraderie leurs pairs ramenés par la peau du cou par la déesse et son Petit Pope.

Shion, à nouveau très en affaire, vint à la rencontre de la limousine.

Saori posa des pieds chaussés d'escarpins bordeaux sur les cailloux de l'entrée du Sanctuaire – et elle se tordit à moitié une cheville.

Son cri aigu, étincelle brûlante, mit le feu aux armures d'un groupe resté silencieux et sage jusqu'à présent.

Seiya de Pégase bondit, l'œil fier et le cheveu au vent, pour soutenir une déesse qui n'en avait nul besoin : son boitillement était totalement exagéré.

Saga, tenant l'ombrelle crème d'Athéna, sortit élégamment de l'habitacle, tous ses gestes étant mesurés, précis, calculés au plus séduisant.

Mais le principal que tous guettaient avec l'avidité sournoise d'un chat noir ayant repéré un canari jaune à portée de crocs, c'était le couple.

Un " aaaah " auquel on ne pouvait donner un sens précis fusa de tous les Chevaliers quand surgit une crinière bleue ébouriffée, appartenant à un Scorpion au rictus flamboyant, un peu gâché par le mouchoir trempé qu'il pressait contre son nez enchifrené. Milo leur adressa un signe vague de ce mouchoir avant d'éternuer, l'autre main en tirant une qui visiblement ne marquait aucun enthousiasme particulier à suivre le mouvement.

Camus, élément digne de pitié de la contre-contre rumeur, parût, son visage froid exprimant toute la mauvaise grâce asociale possible, et tous murmurèrent : le Français paraissait toujours aussi fier mais au bord du gouffre question santé.

- Milo, mon ami !

Ce rugissement amical, quasi de meute, provenait d'un Lion content pour plein de raisons diverses : fierté de se présenter en futur papa, joie de retrouver un ami délinquant, espoir de conseils pour museler Marine, sa douce et tendre moitié.

- Aiolia ! On a des cadeaux pour toi, mon vieux ! s'écria le Scorpion, tombant dans les bras de son camarade.

Un grand échange de claques viriles et amicales sur le dos plus tard, les deux Grecs éclatèrent de rire, leurs prunelles rutilantes de complicité stupide.

Pendant ce temps propice, Saga, jouant négligemment avec l'ombrelle, passa un doigt gémellaire et donc sournois sur la joue de Camus, qui en plus d'être froide commençait à se creuser.

- Tu as maigri terriblement, mon pauvre Camus.

- Nous n'avons pas eu le bonheur de vacances très reposantes, n'est-ce-pas ? rétorqua fielleusement le Verseau que la chaleur stupéfiait littéralement.

Passer tout un trajet avec Milo éternuant à gauche, Saga collant à droite, Seiya gargouillant en arrière et Athéna chantant à l'avant avait été… pénible, euphémisme plaisant pour atrocement douloureux.

- Maître !

Quittant provisoirement son cher Shun, Hyoga se jeta, ses yeux transparents ourlés de larmes, dans les bras de son cher mentor, lui écrasant les côtes à problèmes au passage.

- Bonjour, Hyoga, fit Camus, transformant habilement son cri de douleur en pseudo exclamation de joie.

- Tout va bien, Maître ?

- Cela ira mieux une fois que j'aurai pris une douche glacée.

Irradiant de cosmos blanc et de bonne volonté, le Cygne empressé rafraîchit son professeur, avec l'avantage collatéral de faire reculer le Gémeaux avec un cri.

- Merci, Hyoga, fit Camus, avec le sourire paternel/condescendant qu'il réservait à son seul disciple. Et toi ? Tu as donc trouvé…

- Chuuuut, Maître, s'affola l'oiseau blanc, cou tourné vers Ikki qui s'avançait. Plus tard ! Beaucoup plus tard ! Quand nous serons seuls.

Bon, songea le Français résigné, il y avait encore des progrès à accomplir.

- Salut Mister Banquise ! Pas trop amoché ? salua le Phénix, parfait miroir en plus jeune de DeathMask.

- Tu vois bien que non, Ikki. Comment va Shun ? pointa le Maître des Glaces, avec un mini-rictus ironique. As-tu trouvé qui avait eu la bonne idée de l'embrasser ?

Cette question innocente couvrit la tête du Phénix de cendres incandescentes, et il abandonna la joie de tourmenter Camus pour foncer d'un vol rapide vers June du Caméléon, qui se collait à Andromède en lui reprochant son look trop sombre.

Angelo du Cancer et Aphrodite des Poissons prirent la relève, entourant le Verseau de bras qui auraient pu paraître amicaux si leurs dents blanches dévoilées trop grandement ne démentaient pas cela.

- Coucou Camus ! babilla le Suédois, collant un bisou de bienvenue tout à fait superflu sur la joue de son pair, le gratifiant d'une trace de rouge à lèvres turquoise.

- Salut le glaçon sur pattes ! fit plus virilement Angelo, se contentant d'une accolade à assommer Aldébaran du Taureau en personne. Camus produisit une nouvelle fausse exclamation de joie.

- On t'a préparé une super fête de bienvenue, à toi et à ton geôlier, se régala à prononcer le Cancer.

- Ah ? C'est gentil, proféra difficilement le Français, qui n'en demandait pas autant.

- Dans ton temple ! Nous avons tout aménagé ! compléta le douzième gardien, les pupilles remplies de petites étoiles scintillantes qui le faisait ressembler à une héroïne de shojo manga - les pétales de sa rose tourbillonant autour de sa chevelure bouclée accentuaient encore l'illusion .

Le sourire déjà timide du onzième gardien tomba au zéro absolu.

Mü sauva le Chevalier du Verseau du double homicide par cercueil de glace en ajoutant ses vœux de bienvenue, assortis d'une remontrance douce et attristée sur la grossièreté impardonnable dont son ami avait donné la preuve télépathique.

Camus, qui comptait désormais assez d'ennemis dans sa vie autrefois morose, s'empressa de s'excuser, ce que l'Atlante magnanime accepta, et il demanda ensuite des nouvelles de Shaka – avec l'arrière pensée de découvrir si le Bélier, oui ou non, avait enfin conclu totalement son union.

- Shaka est en pleine méditation, biaisa le rosissant Tibétain, le sourire stupide.

Le Verseau, cérébral et habile en devinettes et périphrases, comprit tout.

En fait, bouclé dans son Temple tel le moine bouclé dans son ashram, Shaka se reposait toujours d'une révélation qui avait ébranlé ses fondations les plus profondes, remettant en question tout son dogme de vie.

Un terrible claquement de mains d'Athéna mit fin à la joie des retrouvailles, et la déesse jeta en pâture à ses Chevaliers le programme de l'après-midi.

- Milo, Camus, je vous laisse jusqu'à dix-huit heures pour retrouver une mine convenable, propre, bien coiffée. Vous vous présenterez ensuite devant ma glorieuse personne, et devant un conseil composé de Shion en tant que Grand Pope, Saga en tant que Petit Pope, et Seiya en tant que mon fiancé et fleuron de notre Chevalerie.

- Mais, protesta Milo.. Aaatchoum !

- Silence. Tu es un renégat, ne l'oublie pas Milo du Scorpion ! le fustigea Saori, redressée fièrement en oubliant sa fausse entorse. Tu seras jugé loyalement, ne t'inquiète pas, reprit-elle plus doucement, avec l'un de ses sourires sucrés dont elle avait le secret bien gardé.

Guignant le sourire cruel de Saga, celui niais de Pégase et la posture – à défaut de visage, masqué – sévère de Shion, le malheureux Milo s'inquiétait, justement.

- Vous devez me juger aussi, exigea Camus, la mine farouche, entourant pour une fois les épaules de son amant de manière protectrice. J'étais d'accord ! Nous voulions être tranquilles, en amoureux, sans vous ! Avoir la paix ! Je réclame une punition égale à celle de Milo, Déesse Athéna !

Tous restèrent bouche bée, car ce long discours sauvage ne collait en rien aux habitudes de réserve glaciale du Français.

- Tiens ! jeta Saori, la moue gamine. Et bien, nous vous jugerons ensemble alors.

- Merci, Déesse Athéna, fit Camus, satisfait.

- Et ce soir, quelque soit votre punition, j'autorise la fête de bienvenue, une fête illimitée ! promit l'adolescente divine, déclenchant des vagues d'applaudissements.

Athéna tourna majestueusement les talons, s'étayant de Seiya et Saga pour retrouver sa douloureuse boîterie, et l'on entendit le Petit Pope protester à haute voix " qu'Athéna ne pouvait pas punir Camus, un ange battu et au bord du suicide ".

- Lucifer aussi était un ange, répondit suavement Saori entre deux sautillements.

Cela musela l'amoureux jumeau.

Traînant leurs bagages, aidés par Aldébaran qui papotait amicalement des nouvelles sans le moindre ragot, les amants terribles, accompagnés d'une suite nombreuse et bruyante, finirent avec soulagement par atteindre le Temple du Scorpion, où Milo, sans le moindre égard pour leurs pairs, flanqua tout le monde à la porte avec des paroles fort aimables.

- Merci, on se voit tantôt. Laissez-nous respirer, bordel !

Subjugué par l'autorité discourtoise de son petit ami, Camus ne protesta point.

Milo, frétillant d'aise et d'éternuements récurrents, retrouva ses marques, ses chaussettes sales, ses magazines et sa maison, et s'affala dans le canapé qui n'avait pas été débarrassé de ses tee-shirts malpropres.

La pendule de la cuisine, en plastique rouge et en forme de scorpion, que Camus trouvait de très mauvais goût, sonna ironiquement quatorze heures.

- Viens contre moi, mon Camus ! supplia le Scorpion, jetant les tee-shirts sur le sol.

N'étant plus obligé pour ménager sa fierté de feindre une superbe forme physique, le Verseau s'effondra plus qu'il ne s'assit dans le canapé vieux, trop mou mais terriblement confortable.

- Pas fâché d'être arrivé à la maison, marmotta-t-il.

- Tu te sens mal ? se tracassa immédiatement le Grec cajoleur. Tu es tout blanc. Ton anémie ?

- Sans doute. Et le voyage. Et la discothèque. Oh, au fait, ne rappelle pas cette anémie à Athéna… Je n'ai pas besoin de son maternage pour trouver un médecin à Athènes et me soigner tout seul.

- Okay, promit de bonne grâce son amant, qui n'admettrait plus que sa divine supérieure ne pose un seul de ses doigts vernis de rose affreux sur son précieux Camus – on avait vu les dégâts que cela avait engendré.

- Oh, la, la, pourvu que ces sauvages n'aient pas saccagé mon salon, se plaignit le onzième gold. Mes livres et mes éditions rares…

- Je parie que ce n'est pas leur genre de poser leurs pieds incultes dans la bibliothèque, rassura Milo, avec un venin qui pouvait s'appliquer à lui-même.

- J'espère que tu as raison. Je suis trop crevé pour aller recenser les pertes maintenant.

- Si on défaisait nos sacs plus tard et qu'on s'octroyait une petite sieste ? proposa le huitième gardien, bloquant la partie habitable de son temple avec du cosmos agressif.

- Bonne idée, bâilla le Verseau.

Milo s'allongea dans le canapé, ordonnant à Camus de se servir de lui comme matelas, et les deux rescapés des vacances squattées par la réincarnation d'Athéna plongèrent dans un petit somme réparateur dont ils avaient bien besoin pour affronter dans quatre heures à peine le courroux de Saori et de ses représentants, les questions indiscrètes de leurs pairs et la méga fête projetée pour la nuit.


Au Temple des Poissons, rempli d'effluves suavement combinés de roses rares et de parfums de luxe, les trois commères se déchaînaient, point calmées par le retour des éléments de leur contre-contre rumeur.

- Par Zeus, hululait Kanon, vous avez vu Camus ? Un zombie !

- Il est revenu en un seul morceau, c'est déjà ça, feula DeathMask.

- Il faudra surveiller leur couple de près ! décida le maître des lieux, versant son fameux thé à la rose dans des tasses de porcelaine tout aussi fleuries.


Hyoga, rassuré de savoir son maître revenu au bercail, tenta de se rapprocher de Shun, mais en vain : Ikki du Phénix, plus soupçonneux que jamais, venait d'entraîner son cher cadet dans leur chambre, avec l'intention bien précise et désagréable de lui dresser un sombre portrait de ce qui attendait un adolescent immature comme lui à fréquenter une petite rouée blonde avec un fouet comme June du Caméléon.

Le Cygne effectua un petit entrechat d'entraînement, ravigoté par l'idée immensément agréable que l'oiseau de feu était complètement à côté du volcan.


Aiolia du Lion, profitant que Marine soit sortie avec Shaina de l'Ophiucius, June, Miho, Seika et Shunreï au village pour " acheter des trucs de filles ", relut lentement le papier où il avait noté les questions machistes à examiner d'urgence avec son camarade Milo du Scorpion.


Shura du Capricorne, Aldébaran du Taureau et Mü du Bélier se retrouvaient entre bêtes à cornes au Temple du Verseau pour préparer zakouskis, plateaux d'apéritifs et compter les chaises.

Kiki, obligé par son maître de couper des petits cubes de fromage, ricana de son hoquet de petite hyène en tombant sur un papier découpé en forme de cœur, aimanté au frigo de Camus, mot qui devait dater de quelques mois.

- " Camus mon cœur, " lut avec application le rouquin, prouvant ainsi le bon enseignement de Mü, car Milo avait une écriture rudement déchiffrable, " …cette nuit était merveilleuse, mais je suis obligé de partir en mission à l'aube… J'ai préféré te laisser dormir, tu es si beau quand tu dors… un million de bisous de ton Scorpion qui t'aime… P.S : je te ramènerai un cadeau. ".

- Kiki ! Comme tu es indiscret ! le tança vertement l'Atlante, courroucé, sous les pouffements amusées du Brésilien et de l'Espagnol.

- Ben, Camus n'avait qu'à pas le laisser là ! rétorqua le gamin de manière frondeuse, mais non sans une certaine logique. Au fait, vous en faisiez vachement du bruit cette nuit, Maître ! On aurait dit un crime comme on voit à la télé…

- Kiki ! se scandalisa le Bélier. Va me faire trois tours de Sanctuaire !

Ronchonnant, le disciple du premier gardien s'en alla en traînant les pieds, tandis que Mü, écarlate, confondant concombre et doigt dans son trouble, se coupait avec un couteau bien affûté - Camus prenait soin de son matériel ménager.


Vers l'heure du jugement divin imposé par leur supérieure, Milo se réveilla à contrecœur. Reniflant de plus belle, il se retint d'éternuer pour ne pas indisposer son amant qui sommeillait à moitié sur lui, ses cheveux qui avaient encore poussés en deux semaines répandus sur les épaules scorpionnesques comme une soyeuse couverture vert d'eau.

Milo entoura son petit ami de ses bras bronzés en lui caressant doucement la nuque, histoire de ne pas amener un trop brusque décalage entre " la sieste avec l'homme de ma vie " et " Athéna et ses juges, décidés à nous pourrir la vie ".

Camus bâilla et produisit un gémissement enfantin, avant de tâter la gorge du huitième gardien.

- Tu as mal quand j'appuie ? interrogea médicalement le Verseau.

- Un peu, grimaça Milo. C'est pas grave, un rhume c'est tout. Il fait si chaud en Grèce, je vais me remettre très vite.

- Tu as un peu de fièvre, à nouveau, constata Camus.

- Pas grave je te dis ! affirma pompeusement le Scorpion.

Un chaste câlin plus tard – car cela arrivait aussi que le couple vedette du Sanctuaire ait des cajoleries sans but charnel -, les amants se rendirent présentables pour Saori et sa clique popale, gémellaire et équine, prenant une douche, enfilant des pantalons blancs et des chemises également blanches, se brossant les cheveux vigoureusement et enfilant des sandales cirées.

Camus força Milo à avaler un médicament contre la fièvre, et lui proposa des gouttes nasales. Cela ferait peu sérieux de se présenter devant la déesse en parlant du nez.

C'est entièrement rafraîchis au physique mais le moral en berne que les infortunés Chevaliers d'Or grimèrent au Palais de la toute puissante réincarnation d'Athéna sur Terre, en passant par les souterrains pour éviter la malveillance certaine de leurs amis.


Athéna, avachie avec élégance et noblesse sur son trône tarabiscoté était distraite par Seiya dans ses plus beaux atours – une chemise bordeaux griffée offerte par sa fiancée à Sainte-Maxime, un pantalon blanc sale aux genoux et ses vieilles baskets trouées " plus confortables " pour parfaire l'ensemble – qui lui soufflait des mots d'amour en japonais dans le cou.

Encadrant le spectacle attendrissant des amoureux, Shion était debout d'un côté, Saga de l'autre, tous deux en toges immaculées, bagues aux doigts, masque et casque dorés pour le Grand Pope et brushing récent et parfumé à la vanille pour le Petit Pope.

Un garde se montra.

- Messire du Scorpion et Messire du Verseau demandent audience, Déesse Athéna.

- Fais-les entrer tout de suite, ordonna la divine jeune fille, posant une main autoritaire sur le sceptre que lui donna Pégase, et fabriquant sur ses traits réguliers le rictus affamé d'un chacal privé depuis longtemps de viande avariée.

Milo et Camus s'avancèrent le long de l'interminable tapis rouge, la tête hypocritement baissée, leurs doigts s'effleurant insensiblement, et ils s'agenouillèrent devant le trône, à l'endroit exact où le félon Saga des Gémeaux avait autrefois privé cruellement Seiya de ses sens avant de s'en servir comme punching-ball.

- Déesse Athéna ! s'écrièrent-ils en chœur, de deux voix qui s'harmonisaient aussi bien que leurs caractères respectifs.

- Relevez-vous, mes chers Chevaliers, ronronna Saori, trop aimable pour être honnête et sans danger.

Milo et Camus se redressèrent, et restèrent sereinement plantés face à la jeune fille, qui les examinait pensivement.

- Vous savez les charges qui pèsent contre vous ! finit-elle par dire. Toi, Milo du Scorpion, enlèvement sur un Chevalier d'Or, rébellion face à mes ordres et viol de ce même Chevalier d'Or ! Qu'as-tu à répondre ?

- Je reconnais avoir désobéi pour rester en amoureux avec mon Camus, Altesse, et je vous supplie de me pardonner mon insolence envers votre divine personne, s'empressa d'avouer Milo. Mais jamais, jamais je n'ai violé mon Camus !

- Jamais Milo ne m'a forcé à quoique ce soit ! appuya fortement le Verseau.

- A propos, Camus, fit Athéna, sautant du premier temple au dernier temple. Et mon CD ?

- Il faut le commander, Altesse, répondit craintivement le Français. Mais j'ai eu l'initiative de vous acheter le DVD du film pour vous faire patienter…

Il tendit avec empressement l'objet, qu'il avait préventivement fait envelopper de papier cadeau rose avec moult rubans argentés et violets pour adoucir Saori.

- Que c'est joliment emballé, tomba dans le piège la déesse, étirant du coup un sourire indulgent. Merci, Camus. C'est une bonne initiative, je te reconnais bien là. Mais revenons-en au fait. Grand Pope, Petit Pope, Pégasounet chéri, comment jugeons-nous Milo du Scorpion ?

- Coupable de rébellion, non coupable du reste, prononça sévèrement Shion.

- Coupable de rébellion, de kidnapping et de viol ! se hâta d'assener Saga.

- Euh… non coupable de tout… coupable de rien ! décida audacieusement Seiya, le héros des guerres saintes éprouvant de la sympathie pour les indisciplinés. Et puis, du moment que Milo s'était excusé d'avoir défié sa Saori, tout allait bien.

- Tu es si bon et généreux, Seiya, flatta Saori.

Il faudrait toute la gentillesse niaise du canasson ailé pour contrebalancer le mental un peu despotique de la part humaine de la réincarnation.

- Merci, Saori.

- Pour ma part, je suis si bonne que je vous pardonne, Chevaliers. Vous ne serez pas dégradés ! Mais toi, Milo du Scorpion, tu partiras un mois en mission, sans communication avec Camus du Verseau ! Il y a un nouveau lot de renégats à Death Queen Island, et Ikki du Phénix a refusé de s'en occuper pour rester avec son frère. Tu resteras sur cette île un mois, à les éliminer et à surveiller que personne n'y revienne !

Milo poussa un long cri d'agonie pure, et Saga sourit diaboliquement. Camus seul, sans sa moitié collante après lui, le rêve pour draguer !

- Puis-je vous parler en particulier, Altesse ? sollicita froidement Camus.

- Viens me parler à l'oreille, gloussa Saori, comme si le Français était un gamin de quatre ans voulant révéler un secret à sa maman.

Prêt à tout pour Milo, le Verseau obtempéra, et souffla beaucoup de paroles françaises à l'oreille percée et ornée d'une perle d'Athéna.

- Entendu, j'accepte ce marché, Camus du Verseau. Vous pouvez disposer ! Nous nous verrons à la fête, je viendrai y faire un petit tour.

S'inclinant encore, les deux golds s'empressèrent de déguerpir. Au moment ou le garde leur ouvrait avec déférence la porte, la céleste jeune donzelle toussota.

- Camus, tu te présenteras demain à l'infirmerie du Sanctuaire pour faire le point sur ton anémie et tes côtes endommagées. C'est un ordre.

Camus se figea et repartit les épaules un cran plus basses qu'à l'arrivée. Pourquoi, mais pourquoi la futile Athéna avait une mémoire si vive et exercée pour tout ce qui pouvait causer des ennuis à son prochain ?


Une fois dehors, les amants se prirent la main, démoralisés.

- Je la déteste ! pleurnicha le Scorpion. Nous séparer tout un mois !

- Deux semaines, corrigea Camus, soucieux de précision. J'ai obtenu à grand peine un allègement de ta punition.

- Comment as-tu fait ? renifla Milo, étonné que la partie " Saori " d'Athéna n'ait renoncé à une de ses idées vicieuses.

- J'ai du… lui promettre en échange… deux semaines de plus à lui faire la lecture toute la journée.

Foudroyé par le sens du sacrifice de son glacial mais aimant petit copain, Milo redoubla d'imprécations en serrant Camus contre son cœur.

Résignés à l'inévitable, les victimes de la foudre divine descendirent au Temple du Verseau, où toute la Chevalerie au grand complet les attendait pour faire enfin la super méga fête.


Aiolia du Lion avait été exilé au Temple du Verseau beaucoup trop tôt, par une armée de femmes autoritaires, froufroutantes, gloussantes, inquiétantes.

Elles étaient revenues de leurs courses avec une multitude de sacs, qui contenaient une multitude de vêtements et accessoires féminins, et dans un grand bruit de volière exotique, la pupille cruelle, avaient envahi son salon masculin.

- Chéri, ronronna Marine, épanouie et gracieuse entre deux malaises de grossesse, pourrais-tu partir à la fête en avance et nous laisser le temple pour nous préparer ?

Aiolia enleva ses pieds de la table du salon et dodelina de la crinière, confus.

Quand sa bien aimée Japonaise prononçait " pourrais-tu ", cela devait se traduire par " fais-le, et plus vite que ça ! ". Le joyeux futur père rassembla donc son verre d'ouzo et ses magazines sur le football avant de chercher hâtivement son peigne pour dompter sa courte toison léonine.

Sous le bruit redoublé des six filles, qui arrivaient mystérieusement à se comprendre malgré leurs langues différentes – Marine parlait grec avec Shaina, japonais avec Seika et Miho, anglais moyen avec Shunreï et June, et ainsi de suite -, le fier Chevalier du Lion se sauva de son lieu de vie, chassé par le pouvoir de la femme enceinte.

Restées seules maîtresses de la maison d'un Chevalier d'Or, les filles dévoilèrent leurs modestes achats, et investirent la salle de bains où Aiolia avait rempli sa part de travaux ménagers en changeant les serviettes sales par des propres.

- Il s'améliore ! constata Shaina, lèvres retroussées sur des canines méchantes.

- Tout doucement… soupira Marine.

- Un homme ne peut évoluer que lentement, fit paisiblement Shunreï, et il fallait reconnaître ce tour de force à la petite Chinoise effacée de parvenir parfois à décocher une rosserie bien masquée par une articulation zen.

Petits rires grégaires d'un clan femelle ligué contre les mâles.

Une heure plus tard, les filles sortirent en grappe colorée du cinquième Temple.

Elles avaient toutes choisi le même modèle de robe, ligne empire qui flattait les rondeurs naissantes de Marine de l'Aigle, manches ballons et jupe arrivant aux genoux. Les couleurs différaient, noire pour Shaina, rose pour Shunreï, verte pour June, mauve pour Miho décidée à concurrencer Saori, blanche pour Seika et bleue pour Marine. Des escarpins assortis complétaient l'ensemble.

Ces efforts vestimentaires produisirent leur petit effet à leur entrée au onzième Temple, où manquaient encore les deux principaux invités : Milo et Camus, en train de subir l'effroyable courroux de la très grande et très puissante Athéna.


Milo et Camus, sentant tous les cosmos de leurs pairs réunis, s'étaient en fait vicieusement assis sur les marches entre le Temple des Poissons et celui du Verseau pour s'embrasser en profitant de la solitude, élément qui allait finir par devenir le Saint Graal ultime pour leur couple.

- Mmmm, je ne veux pas y aller, regimbait le Français, trouvant énorme d'être un invité dans sa propre maison.

- Du cran, chouchou, le drilla le Grec, ses prunelles d'océan remplies de la détermination pré-combattante.

- Tu as raison, fit Camus en redressant le buste, un Chevalier se joue du danger !

On n'en faisait jamais appel en vain à l'orgueil du magicien de l'eau et de la glace.

Les amants se redressèrent, poussés dans le dos par leur courage et surtout par la sensation que les cosmos de leur déesse vierge, du bourricot ailé et de Saga l'ex-usurpateur remis dans ses fonctions, descendaient du Palais divin avec une rapidité des plus alarmante.

Il dégringolèrent donc les marches, accueillis à dix mètres d'avance par une musique d'enfer à réveiller les Spectres.

Quand il fallait y aller…