Lucky Star est la propriété de Kagami Yoshimizu.

Un Vœu inconsidéré.

« Nnnngg »

Konata se réveilla en sursaut, assise à son bureau. Elle ôta la feuille de brouillon qui s'était collée à son visage et jeta un regard suspicieux aux signes cabalistiques qui la couvraient. Visiblement, elle avait encore échoué à résoudre ses exercices de maths. Kagami allait être ravie lorsqu'elle lui demanderait les solutions le lendemain. Un bref sourire ourla ses lèvres à l'idée de la chamaillerie qui en découlerait nécessairement entre elles deux.

La petite otaku jeta un coup d'œil à son réveil. Il était à peine minuit ! Elle ne pouvait décemment pas aller se coucher si tôt, et qui plus est, sur un tel échec. Elle se leva et frotta ses yeux englués de sommeil. Une petite heure de jeu avant de dormir lui ferait le plus grand bien, voire deux.

Mais tout d'abord…

« Soiiiif…. »

La bouche empâtée, Konata prit le verre qui traînait sur son bureau pour aller le remplir à la salle de bain. Les yeux à peine ouverts, elle revint dans sa chambre en traînant les pieds. Les maths lui faisaient vraiment un effet désastreux. Même une cession de cinq heures de jeu en ligne n'était pas aussi épuisante.

A moitié endormie comme elle l'était, Konata ne prêta pas attention au contenu de son sac de cour qu'elle avait vidé au milieu de sa chambre. Son pied droit buta dans un livre. Le pied gauche qui tenta de rétablir la situation atterrit sur un cahier et dérapa, compromettant définitivement l'équilibre de la jeune fille. Elle tomba en avant et lâcha son verre qui alla se fracasser sur…

- Ma Playstation ! glapit-elle, les yeux soudain complètement ouverts, et débarrassés de toute trace de sommeil devant l'horreur de la situation.

Konata fonça à quatre pattes sur sa précieuse console. Elle en ôta rapidement tout les morceaux de verre et entreprit de l'essuyer du revers de sa manche, avec un soin quasi maternel. Ceci fait, n'ayant oublié aucun des branchements, elle se décida à la mettre en marche, les doigts un peu tremblants.

- Faites que ça marche, faites que ça marche…, marmonnait-elle comme une litanie.

Dzzziiing. Une étincelle. Le cœur de Konata rata quelques battements. Puis elle plissa les yeux avec incompréhension. Une petite créature brillante était maintenant assise sur sa console, tandis que l'intro du jeu se lançait sur l'écran.

- Yo, Konata ! lança-t-elle sans formalité.

- Qu… quoi ?

- Je dois te dire que le soin dont tu entoures ta Playstation et l'amour que tu lui portes m'ont beaucoup touché.

- Mais, vous êtes qui vous ?

A genoux, les bras croisés et la tête légèrement penchée de côté, Konata était en train de se demander si l'abus de jeux vidéo et de mangas ne venait pas brutalement d'avoir raison de sa santé mentale.

- A ton avis ? Je suis l'esprit des consoles de salon évidemment, patate. Et donc pour te récompenser de ta dévotion à ma personne, je voulais te proposer d'exaucer le vœu de ton choix, expliqua la créature d'une voix cristalline.

- Hmm, ça demande réflexion, murmura l'otaku étrécissant les yeux.

Elle porta une main songeuse à ses lèvres. C'était une situation classique, et formuler un vœu devait toujours être fait avec précaution pour éviter les ambiguïtés et les effets secondaires, ainsi que…

- Allez, dépêche-toi ! C'est de la triche de réfléchir trop longtemps pour faire un vœu ! Après tu vas me sortir des plans débiles du genre « avoir une infinité de vœux » ! s'impatienta l'esprit en tapant de son pied minuscule.

- Ok, ok ! s'exclama Konata, alors je voudrais….

Ménageant le suspense, la jeune fille se pencha vers la créature, le doigt pointé en avant et prit une longue respiration avant de lâcher :

- … que la vie réelle soit aussi amusante qu'un jeu vidéo !

Le visage de l'esprit se fendit d'un large sourire.

- Je te reconnais bien là, ma fidèle adoratrice. Tu n'aurais pas pu choisir un vœu plus dans mes cordes, tu ne seras pas déçue du résultat, je te le promets.

La créature agita un bras vers Konata, lui envoyant une pluie d'étincelle.

- Allez, va te coucher maintenant. Tu es fatiguée et tu as besoin de prendre des forces, ordonna-t-elle.

Elle tapa des mains deux fois, éteignant console et télévision, puis une troisième fois et elle disparut.

Lorsqu'elle reçut les étincelles, Konata cligna plusieurs fois des yeux et son regard s'embruma. Sans protester, elle se releva, se mit en pyjama et se glissa dans son lit. Et pour la première fois depuis bien longtemps, Izumi Konata s'endormit avant une heure du matin.

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Le lendemain en cours, Konata dut se rendre à l'évidence. Si ne pas dormir en classe avait des avantages certains, comme par exemple éviter de se faire rappeler à l'ordre plus ou moins violemment par Kuroi-sensei, cela présentait l'inconvénient majeur de faire paraître la matinée quatre fois plus longue.

Enfin la sonnerie annonça la pause de midi et la jeune fille l'accueillit avec un soupir de soulagement.

Konata s'empressa de rejoindre Tsukasa et Miyuki pour les aider à installer tables et chaises pour leur repas de midi. Cinq minutes plus tard, Kagami les rejoignait, comme à l'accoutumée. Les quatre amies sortirent leur bento et attaquèrent joyeusement leur déjeuner.

- Kagamin, il faudra que tu m'expliques un exercice de maths, hier soir je me suis endormie dessus, demanda Konata d'une voix plaintive.

- Que je te l'explique ou que je te le fasse ? demanda Kagami en haussant un sourcil, nullement dupe.

- Tu sais, Onee-chan, ce matin Kona-chan a été très sérieuse, elle ne s'est pas endormie une seule fois et elle a pris des notes, intervint Tsukasa pour défendre l'otaku.

- Oh, elle a pris des notes, répéta Kagami d'un ton faussement impressionné, et son regard croisa avec connivence celui de Miyuki.

- C'est vrai ! appuya la jeune fille aux longs cheveux bleus. Je n'ai pas eu besoin de rattrapage de sommeil, j'ai trop dormi cette nuit. D'ailleurs…

Konata fronça les sourcils et se pinça la lèvre, tentant de mettre la main sur un souvenir fugace.

- D'ailleurs, ça doit être pour ça que j'ai fait un rêve bizarre. Il y avait cette drôle de bestiole assise sur ma Playstation… Et je crois qu'elle m'a demandé de faire un vœu.

- Un vœu ? Ce serait sûrement un très bon rêve à faire le 1er Janvier, Izumi-san, commenta Miyuki d'une voix douce.

- Et quel vœu as-tu fait, Kona-chan ? demanda Tsukasa avec curiosité.

- Laisse-moi deviner, qu'il y ait une saison 8 d'Haruhi ? interrompit Kagami avec un sourire narquois. Ou alors attends… que le Comicket ait lieu une fois par mois ?

Ces propositions moqueuses furent interrompues par un brusque coup de poing sur la table qui les fit toutes sursauter.

- Ca y'est, je me souviens ! J'ai demandé que la vie normale soit comme un jeu vidéo ! clama victorieusement Konata.

Kagami secoua la tête, les yeux au ciel. Tellement prévisible… Et maintenant Konata allait sans doute partir dans un délire de vingt minutes sur ce sujet.

C'était bien connaître l'otaku.

- Vous imaginez si…, commença la jeune fille avec enthousiasme.

Mais un cri perçant l'interrompit brutalement.

- Qu… qu'est ce que c'était ? murmura Tsukasa en devenant très pâle.

- Ca vient de la cour ! s'écria Kagami en se précipitant à la fenêtre tandis que d'autres cris de panique retentissaient.

Le spectacle qui se déroulait sous ses yeux en contrebas la glaça d'effroi.

- Venez voir, appela-t-elle d'une voix étranglée.

Des lycéens courraient en tout sens, fuyant ce qui ressemblait à des tas de gélatines colorés ambulants, animés d'intentions peu amicales.

Un gémissement et un cri de stupeur retentirent à côté de Kagami, lorsque Tsukasa et Miyuki vinrent à leur tour coller leur nez à la fenêtre. Konata, quant à elle, regardait la scène avec des yeux ronds tandis que les battements de son cœur accéléraient à une cadence folle.

- Mon vœu… murmura-t-elle.

Autour des quatre filles, les étudiants encore dans la salle de classe rassemblaient leurs affaires pour fuir sans attendre. Des appels affolés retentissaient de tous côtés.

- C'est mon vœu ! répéta Konata plus fort.

- Qu'est-ce que tu dis ? demanda Kagami en tournant vers elle un regard inquiétant.

- Il y a des monstres dans la cour, c'est impossible ! Ca ne peut venir que du vœu que j'ai fait ! Et donc ce n'était pas un rêve !

- Oh, s'il te plaît… commença Kagami.

Elle aurait aimé finir sa phrase en ramenant Konata sur terre, mais pour une fois, ne trouva aucun argument.

- Si c'est vraiment le cas… que doit-on faire, Izumi-san ? demanda Miyuki qui préférait encore une explication tirée par les cheveux que pas d'explications du tout.

Konata fit volte-face et commença à avancer à pas mesuré dans la classe.

- Laissez-moi réfléchir, dit-elle lentement. Si c'est un jeu, il faut des héros pour anéantir les monstres. Ce sera nous bien évidemment.

Tsukasa laissa échapper un petit glapissement de frayeur, et sa sœur vint entourer ses épaules d'un bras protecteur.

- Mais les héros ont besoin d'armes, continua Konata. C'est donc notre première tâche, nous devons nous armer.

- Comme… un pied de chaise ? proposa une Miyuki hésitante en soulevant un siège.

- Miyuki-san, je ne veux pas te vexer, mais j'espère vraiment qu'on pourra trouver mieux que ça. Voyons… si j'étais une armurerie, je me cacherais… dans ce placard !

- Je rêve où elle prend plaisir à la situation ? murmura Kagami avec incrédulité.

- BINGO !! Venez voir ! Et c'est encore mieux que ce que j'imaginais ! exulta Konata devant le placard à fournitures grand ouvert.

Ses trois amies la rejoignirent et découvrir avec stupeur le bric-à-brac d'objets insolites dont le meuble était maintenant rempli.

- Choisissez ce qui vous inspire, moi je crois que je viens de trouver mon bonheur.

Et Konata brandit d'une main victorieuse l'arme qu'elle venait de choisir. C'était une splendide épée sur la large lame de laquelle s'enroulaient des runes dorées. A peine eut-elle finit son geste qu'un tourbillon naît de l'arme l'entoura. Quand il disparut, l'otaku portait à la place de son uniforme de lycéenne, une armure rouge et argent. Elle n'était pas complètement couvrante et laissait entrevoir par endroit quelques bouts de ventre, bras et jambes. Un petit bouclier rond était fixé sur son bras gauche.

- Je crois que l'on n'a guère d'autre choix que d'accepter ce qui arrive et de se fier à Izumi-san, finit par dire Miyuki, la première à retrouver la voix après la spectaculaire transformation de Konata.

- A qui le tour maintenant ? demanda l'otaku qui irradiait littéralement de bonheur. Voyons, une cloche est ce que ça intéresse quelqu'un ? Ou une flûte ?

- Oh non pas une flûte, je ne sais pas en jouer moi, marmotta Tsukasa désespérément. Choisi ce qui te semble le mieux, Kona-chan.

- Attrape, ça devrait très bien t'aller.

Et Tsukasa se retrouva avec un long bâton dans les mains. La partie supérieure était ornée d'une gemme blanche sertie dans des entrelacs compliqués. Quelques secondes et un tourbillon plus tard, la jeune fille se trouva vêtue d'une longue robe blanche à capuchon ornée de lisérés rouges.

Inquiète, Tsukasa se regarda sous toutes les coutures avant de chercher le regard de sa sœur.

- Ca te va très bien, Tsukasa, dit celle-ci rassurante.

Suis-je vraiment en train d'accepter cette situation ? ajouta Kagami pour elle-même, un peu effarée. De toutes façons, ai-je vraiment le choix ? Je doute que la négation suffise à nous sortir de cet univers tout droit sorti de l'esprit tordu de Konata.

Pendant ce temps, Miyuki s'était enhardie à s'approcher de l'armoire et en tirait avec curiosité ce qui ressemblait à une grosse sacoche.

- Qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pourtant pas une arme, demanda-t-elle.

Sitôt le sac entre ses mains, la transformation opéra à nouveau. Miyuki était maintenant enveloppée dans une large veste noire à revers, décorée de gros boutons dorés, et portait sur la tête un calot assorti. Evaluant d'un regard le sérieux de sa nouvelle tenue, la meganekko ouvrit la sacoche pour voir de quel arsenal elle disposait.

- Ohoho, je crois que j'ai trouvé l'arme parfaite pour Kagami, gloussa Konata.

Et la petite otaku plaqua un énorme pistolet dans les bras de son amie interloquée, qui n'eut d'autre choix que de se soumettre à la transformation. Elle apparut dans un ensemble jaune et violet composé d'une longue jupe asymétrique qui laissait apparaître sa jambe droite et d'un bustier à moitié caché par une énorme ceinture de cartouches qu'elle portait en bandoulière.

- Nnn, mais je vois que Kagami est très sexy comme ça, et même à la limite de la décence, commenta Konata en plissant les yeux.

La jeune fille s'empourpra.

- Tais-toi ! Ce n'est pas moi qui ai choisi et je te signale que ton costume n'est pas plus décent que le mien, on voit même tes cuisses.

- Oh, Kagami, tu ne peux empêcher ton regard de s'égarer en de tels endroits ? Tu m'embarrasses…, minauda Konata.

- Par pitié, arrête ton cinéma, et explique-nous plutôt ce qu'on doit faire avec ces machins ! s'emporta Kagami dont même les oreilles étaient maintenant devenues écarlates.

Konata changea aussitôt d'expression et expliqua.

- C'est très simple, nous sommes maintenant un groupe en état de fonctionner. Nous avons tout ce qu'il nous faut, tank, healer, DD et buffer/debuffer. Il n'y a plus qu'à descendre dans la cour montrer à ces monstres de quel bois on se chauffe.

Ses trois amies la regardaient avec une incompréhension totale.

- Dédé ? Bœuffeur ? demanda faiblement Tsukasa, complètement perdue.

Konata secoua la tête, elle devait faire un effort d'explication si elle voulait que ses amies comprennent bien leur rôle.

- Le tank c'est celui qui prend les coups, je suis un Guerrier, ce sera donc mon rôle. Le healer, c'est le soigneur. Ce sera toi Tsukasa, tu es une Prêtresse. Kagami sera damage dealer, c'est à dire qu'elle devra faire beaucoup de dégâts aux monstres pour qu'on les tue vite. Et enfin, Miyuki-san, d'après ce que j'ai compris tu dois être une sorte d'Alchimiste. Dans ta sacoche tu dois avoir tout un tas d'ingrédient pour augmenter la force de tes alliés et affaiblir nos ennemis. Tout le monde a compris ? On verra le reste sur le terrain.

Et d'une pirouette théâtrale, Konata se dirigea vers la porte dans une envolée de mèches bleues.

- Attends Konata ! appela Kagami qui s'était précipitée vers son sac de cours. Tu ne peux pas te battre comme ça avec les cheveux lâchés, c'est trop dangereux.

Elle montra un élastique.

- Viens, je vais te faire une queue de cheval.

Sachant les soucis que pouvaient causer les cheveux vraiment longs, Kagami avait parlé spontanément. Mais quand elle capta la soudaine étincelle dans l'œil de Konata, et le sourire qui commençait à se dessiner sur ses lèvres, elle réalisa avec horreur qu'elle venait d'ouvrir une brèche magistrale aux remarques déplacées dont l'otaku était si friande.

Mais étonnamment, celle-ci se contenta d'acquiescer et trottina vers son amie. Elle s'était déjà coincée les cheveux suffisamment souvent dans une grande variété de portes, chaises pliantes, tiroirs et autres accessoires de torture variés, pour apprécier le bien-fondé de la proposition. Il faut dire aussi que l'effet de surprise de ne pas être à l'origine de ce rapprochement fut suffisamment délectable pour lui clouer le bec.

Les doigts de Kagami coururent sur la tête de Konata, rassemblant ses cheveux avec adresse. La petite otaku ferma à demi les yeux à ce contact. Elle dut faire un effort pour calmer sa respiration, effort qui fut réduit à néant lorsque Kagami effleura sa nuque par mégarde. Konata tressaillit violemment.

- Excuse-moi, je t'ai tiré les cheveux ?

- Ca va, ça va. Mais tu pourrais être un peu plus délicate, grommela Konata pour garder contenance.

Si doux… songeait Kagami distraitement alors que ses mains s'égaraient un peu plus que nécessaire dans les mèches azur. Ces yeux s'arrondirent alors de panique. Ohmondieumaisn'importequoi, qu'est ce que je raconte ?? Et y'a longtemps qu'elle est terminée cette queue de cheval, lâche-la !

- Hé, Konata, dit-elle soudain abruptement pour interrompre cet étrange moment d'intimité ainsi que la progression de la rougeur qui s'étendait sur ses joues, pourquoi je n'ai pas un vrai nom de classe moi ?

Konata se retourna quand elle sentit la tension se relâcher sur ses cheveux.

- Tu peux être Tireuse, ou Pistomancienne, comme tu veux ! Ou même Snipeuse.

Maintenant nez à nez, les deux jeunes filles ne pouvaient que remarquer la rougeur de l'autre. Kagami bondit en arrière.

- Allez on y va, ça sert à rien de rester ici, clama-t-elle avec une énergie un peu forcée.

- Suivez-moi, j'ouvre la marche ! annonça Konata en ouvrant la porte de la salle de classe avec la même exagération brutale.

Tsukasa et Miyuki leur emboîtèrent le pas, aucune d'elle n'ayant perçu le moindre second degré à la scène qui venait de se dérouler.

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Voilà pour le 1er chapitre ! J'espère que ça vous a plu. Cette fanfic me sert de récréation au milieu d'une histoire un peu plus complexe, donc j'espère que vous excuserez les situations un peu faciles ^^.

Prochainement : Level 1 : La Cour ~Tutorial~