Il y avait beaucoup de raisons qui faisaient penser à Lisa Cuddy qu'elle faisait une erreur monumentale en sortant avec un homme tel que Gregory House, mais il y avait aussi une multitude de petites choses, de minuscules victoires, qui savaient la convaincre que c'était le bon choix.

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Quand il allait mal, vraiment mal, il essayait de le cacher. Il serrait les dents en silence et savait retenir les injures qui menaçaient de lui échapper. Elle finissait toujours par comprendre ce qui n'allait pas, mais savait qu'il valait mieux ne rien dire, que rien ne saurait atténuer sa douleur. Alors, elle prétendait avoir du travail et le laisser souffrir seul, parce qu'elle savait que c'était ce qu'il voulait. Elle prétendait ne pas s'apercevoir qu'il prenait beaucoup trop de Vicodin. Elle serrait les poings pour se retenir de l'aider quand il menaçait de s'écrouler sur le sol à chaque pas qu'il faisait. Elle faisait mine d'avoir une migraine parce qu'elle savait qu'il était assez entêté pour lui faire croire que tout allait bien en lui faisant l'amour malgré la souffrance que ça provoquait. Elle laissait tomber sa serviette au milieu du salon en annonçant qu'elle allait prendre un bain parce qu'elle savait qu'il ne résisterait pas à l'envie de la rejoindre et que l'eau chaude apaiserait sa douleur. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour le soulager et lui, il faisait semblant de ne pas s'en apercevoir pour ne pas être tenté de rejeter sa pitié.

Quand elle allait mal, il le sentait toujours. Il se montrait moins difficile ces jours là. Il rechignait moins à faire ses heures de clinique, choisissait les solutions les moins risquées pour ses patients et passait sans raison à son bureau, juste pour lui changer les idées. Bien qu'il détestait ça, il la laissait poser sa tête sur son épaule quand ils regardaient la télévision. Il la laissait même choisir le programme, parfois. Il commandait ses plats préférés pour qu'elle n'ait pas à cuisiner – bien qu'il prétende qu'il n'avait pas envie d'être empoisonné et qu'il voulait manger quelque chose de potable - , mais il lui aurait probablement fait la cuisine lui-même s'il savait faire autre chose que des pâtes à l'eau et des tartines. Ces soirs là, il l'embrassait toujours comme s'il lui posait une question. S'il décelait un non, il se couchait sans faire de remarques sur les restrictions vaginales auxquelles il était soumis. S'il sentait un oui, elle savait qu'elle allait passer une excellente nuit. Quand elle s'endormait, elle sentait parfois sa main glisser sur sa hanche, comme un réconfort un peu maladroit. Elle s'approchait de lui et posait sa tête sur son épaule. Il ne la chassait pas, il savait qu'elle irait mieux demain.

Quand ils allaient bien, ils se battaient. Toujours, tout le temps, pour rien. S'il lui proposait du café, elle demandait du thé. Si elle lui faisait un compliment, il prétendait qu'elle mentait. Il réclamait des procédures qu'elle ne pouvait accepter et elle le pourchassait à travers l'hôpital pour le forcer à travailler. Il essayait de la convaincre de le faire dans le placard à balais, elle le menaçait de ne plus jamais rien faire s'il continuait. Ils traversaient les couloirs de l'hôpital en débattant, jamais d'accords. Il lançait des rumeurs au sujet de sa patronne, elle photographiait le haut de son crâne, la nuit, et affichait le résultat sur le miroir de la salle de bain. Il jouait du piano à deux heures du matin, elle ouvrait les volets à six heures. Il la critiquait sur son physique, elle lui riait au nez, n'en croyant pas un mot. Elle l'obligeait à repasser ses chemises, il testait tous ses produits de beauté, juste pour l'embêter. Quand il lui souriait, elle lui répondait. Il prétendait ne pas l'aimer, elle lui rappelait qu'il avait choisi de sortir avec elle et qu'il ne pouvait donc plus prétendre ne pas l'apprécier. Il disait n'aimer que son corps, mais lui téléphonait dès qu'elle s'en allait un peu trop loin. Elle le harcelait pour qu'il se rase, mais gémissait de plaisir chaque fois qu'il frottait sa barbe contre sa peau. Il râlait quand elle se collait à lui durant la nuit, mais le matin, c'était ses bras qui la retenaient. Il criait des appréciations sur ses fesses, elle était plus discrète quand elle regardait. Il la traitait de prostituée, de démon, de despote, elle l'embrassait pour le faire taire. Elle le menaçait de castration s'il ne passait pas le balais, il criait à l'émasculation et émiettait des chips sur le sol. Elle avait appris à l'apprivoiser et il finissait toujours par ramasser. Il piquait toutes les couvertures, elle enfilait des chaussettes et un pull over pour dormir, il les relâchait.

Tout était une lutte, tout était un combat. Même leurs baisers étaient un défi. Ils étaient assez entêtés pour tous les relever et peut-être bien était-ce pour ça que ça marchait. La vie n'était jamais ennuyeuse. Les moments tendres étaient accompagnés de remarques déplacées, mais les disputes finissaient toujours par un pas en avant. Ils étaient loin d'être parfaits, mais soit ils passeraient le reste de leur vie ensemble, soit ils finiraient par s'entretuer…mais n'était-ce pas la même chose au fond ?

FIN