Couple : HP/DM

Rating : M

Note : Yaoi, homophobes s'abstenir.

Note2: J'ai gardé les prénoms d'origine bien qu'ils ne soient pas tout à fait adaptés à l'histore. Si vraiment vous trouvez que ça ne va pas, dites le moi.

Note3: Il y a un petit lexique à la fin de la page.

Note4: Un grand merci à ma bêta: Ceres!


FILS DES DIEUX

CHAPITRE 1 : Fils de Sekhmet.

Le chat miaula, cette petite chose l'agaçait. Il se ramassa sur lui-même, la queue frétillante, attendit, attendit…

Puis bondit brusquement. Ca y était !

Il la tenait entre ses griffes. Il approcha son museau pour renifler… mais la chose s'échappa pour revenir le narguer à quelques centimètres. Il lui lança un regard courroucé, cette fois, foi de félin, il l'aurait !

« -Harry ! Cesse de déranger les enfants de Bastet et viens nettoyer le temple ! cria une voix irritée.

Le jeune homme brun laissa tomber son bâtonnet en soupirant faussement.

-Veuillez m'excusez mes Seigneurs, » dit il en s'inclinant.

Puis il se leva et réintégra le temple, non sans lancer un sourire espiègle à la dizaine de chats qui occupaient la rue. Harry était un fils de Sekhmet, un orphelin qui avait été recueillit par la maison de l'un des nombreux dieu de l'Egypte de la vint deuxième dynastie. C'était le grand prêtre de l'ordre qui l'avait trouvé, alors qu'il n'avait qu'une Renep, dans le désert étrangement protégé par une lionne.

Le voyant comme un signe de la déesse, l'homme avait prit sous son aile cet enfant béni. Le petit garçon s'était vite fait une place, aidant efficacement chacun des prêtres ne pouvant en être un lui-même. En effet pour accéder à ce rang il fallait démontrer posséder les pouvoirs de la déesse : se transformer en félin ou en avoir les capacités, pouvoir contrôler les rayons solaires, instruments de la colère de Râ, avoir des vertus curatives…

Hélas l'orphelin n'avait présenté aucune de ces aptitudes à la plus grande déception du premier prophète. Seul fait inhabituel, c'était qu'un chat semblait veiller depuis le début sur le gamin. On aurait même pu presque dire qu'ils se ressemblaient : des yeux d'un vert étincelant, des cheveux ou une fourrure aussi noire que la plus profonde des nuits sans lune et ce petit côté espiègle…

C'était la seule raison qui permettait à Harry de travailler encore au temple de Bubastis, au lieu de se retrouver dans la rue et de devoir mendier. Il avait baptisé ce chat : Solal. Au fond de lui, il était peiné de ne pas être béni par la déesse, surtout après s'être inventé tant d'histoires lorsqu'il avait appris le récit de sa découverte.

Mais contre mauvaise fortune bon cœur, il se disait que sa vie pourrait être bien pire. Il était logé, nourri et vivait avec des centaines de chats. Pas de lions hélas, les serviteurs de Sekhmet préféraient la liberté, loin des Hommes. Mais ce n'était pas le temps de rêvasser, il avait un sol à faire briller, après tout ces chers félins allaient où ils voulaient et faisaient donc malheureusement ce qu'ils voulaient.

Une paire de pupilles étirées le suivit, couvant ses déplacements. Harry passa devant le prêtre qui l'avait appelé, faisant un petit sourire d'excuse qui n'eut aucun effet car l'homme continua à le regarder hostilement. Le fait que Nektet, le grand prêtre, offrait une protection un peu trop substantielle au garçon était certainement à l'origine d'une animosité de la part de quelques fidèles.

L'homme lui lança une dernière œillade dédaigneuse et il retourna à ses affaires, c'est-à-dire prier la déesse. Harry soupira théâtralement puis récupéra l'huile parfumée servant à nettoyer le sol. Le temple de Sekhmet était immense mais tous les matins les carreaux devaient être impeccables, sauf lors du quatrième mois de Peret : Pharmuti, jour de la fête de Bastet où il s'occupait du temple de la déesse chatte, juste à côté.

Heureusement d'autres serviteurs comme lui, lavaient les murs, les colonnes, changeaient les décorations, ainsi tout le bâtiment n'était pas à sa charge. L'heure du repas sonna, il avait heureusement finit son travail. Le nettoyage devait impérativement être terminé ou il risquait une punition car l'après midi était le moment le plus susceptible de voir venir un noble ou même le pharaon.

Le petit brun rangea ses ustensiles et rejoignit les autres pour recevoir sa pitance. Armé de son pain, de sa viande séchée et de quelques figues, il s'installa dans un petit coin d'ombre et mangea. Ce n'étaient pas les mets les plus extraordinaires mais c'était nourrissant et il en avait bien besoin pour continuer à travailler.

Un miaulement gourmand se fit entendre. Solal venait quémander un peu de nourriture lui aussi. Pourtant les enfants de Bastet étaient bien mieux nourris que la plupart des égyptiens mais Harry, face aux pupilles innocentes qui semblaient le supplier, rajoutées aux coups de têtes et au dos rond contre ses jambes, ne pouvait s'empêcher de céder.

Il se dépêcha donc de manger pour lui laisser les restes. Le chat se jeta dessus avec contentement. Après la pause, le garçon retourna travailler. Il était posté aux portes du temple et se devait d'accueillir les fidèles ainsi que de récupérer les aumônes.

Le reste de la journée se déroula sans évènement notable. Il remit l'argent à son supérieur puis passa prendre son repas du soir avant de retourner dans sa hutte. C'était une petite construction en brique avec un toit de boue et de roseaux, bâtie derrière le temple. Elle ne faisait que quatre/cinq m² mais c'était bien suffisant.

Il dormait sur une natte faite d'entrelacs de joncs. Un petit coffre en bois lui permettait de conserver ses maigres possessions. Dehors un récipient lui servait à récupérer l'eau, les rares jours de pluie. Solal s'était installé chez lui lorsqu'il ne vagabondait pas un peu partout et le prenait souvent pour oreiller.

S'asseyant contre le mur, il finit de manger, cette fois pas de félin pour lui en piquer, il devait sûrement se promener quelque part. Assoiffé, il lorgna sur son bol en pure perte évidemment, il n'avait pas plu depuis des jours. Par chance, le temple avait un chadouf mais il se trouvait totalement à l'opposé de chez lui.

En bougonnant il s'y rendit.

Il but de longues rasades qu'il apprécia à leur juste valeur puis s'en retourna tranquillement. Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit une dizaine de personnes devant sa maison. Inquiet, il reconnut sur six des personnes, les pagnes des Medjayou. D'un geste de la tête, Sideq, le grand prêtre en second, leur intima de l'arrêter. Aussitôt le jeune homme se retrouva prisonnier de deux fortes poignes.

« -Lâchez-moi ! Qu'est ce que j'ai fait ? s'écria t'il.

-Tu as volé l'argent de la déesse ! Dis nous où tu l'as caché et nous ne t'enverrons pas en prison, dit Sideq.

-Mais je n'ai rien volé, j'ai tout donné à Akis !

-Quand j'ai voulu recompter je me suis rendu compte qu'il manquait plus de la moitié, répondit le dénommé Akis.

-Mais…non ! Je suis sûr d'avoir tout donné !

-C'est ta dernière chance, où est l'argent ?

-Ce n'est pas moi ! Je vous jure que ce n'est pas moi !

Sideq secoua la tête.

-Je ne te pensais pas capable de voler la déesse Harry, dit il d'une voix déçue, emmenez le. »

Les miliciens le tirèrent sans douceur derrière eux. D'abord, comme il ne réalisait pas vraiment ce qui lui arrivait, le petit brun jeta des coups d'œil incrédules et apeurés autour de lui. Puis il se mit à se débattre, il n'avait pas envie de se retrouver dans une cellule sombre, tout seul, loin de Solal, des autres chats, loin du temple, loin de Sekhmet.

Il ne l'avait pas volé, il adorait la déesse. Elle était sa lumière, jamais il ne lui ferait de tort volontairement. Mais ses bourreaux ne l'entendaient pas de cette façon et n'ayant pas envie de s'escrimer tout au long du chemin, l'un d'eux l'assomma. Harry s'écroula et ils le trainèrent jusqu'à la prison.

Sans remord ils le jetèrent parmi les autres prisonniers. Ceux-ci s'approchèrent mais se désintéressèrent bien vite vu que le petit nouveau n'avait rien sur lui d'intéressant à voler. L'orphelin reprit doucement ses esprits, une violente douleur lui vrillait le crâne. Lorsqu'il réalisa pleinement où il était, il se dit qu'il aurait été préférable de rester inconscient.

La puanteur lui piquait les yeux, un mélange de sueur, d'excrément et de sang. Quand on venait comme lui d'un lieu où régnait la propreté s'en était d'autant plus insupportable. Il essaya de se lever mais on le bouscula et il retomba lourdement dans un gémissement. Des rires gras résonnèrent autour de lui, il eut envie de pleurer.

Il n'avait rien fait et on le mettait avec ces criminels. Sa deuxième tentative fut plus productive, il parvint à se mettre à genoux. Qu'est ce qu'il n'aurait pas donné pour être auprès de la déesse ! Sa geôle était sombre et bien trop encombrée, trop de monde pour peu de place.

Les prisonniers étaient entassés les uns sur les autres, certains dormaient ou paraissaient, d'autres le dévisageaient mais Harry soupçonnait nulle bienveillance la dedans. Il trembla, cette atmosphère glauque l'effrayait. Il se rendit compte que malgré ce qu'il avait pu penser, il vivait dans un petit monde protégé.

Comme il aurait voulu y retourner !

Mais maintenant il était là, injustement, mais il y était. Repérant un bout de mur inoccupé, il s'avança et se reposa contre, les bras autour de ses jambes. Il comptait se faire le plus petit possible. La nuit était déjà bien entamée mais le jeune homme n'osait pas fermer l'œil, qui savait ce qui pouvait lui arriver ? Pourtant la traitresse fatigue semblait se faire une joie de l'accabler, si bien qu'il finit par s'assoupir.

Comme s'il avait attendu avec un malin plaisir cet instant, l'un des détenus le prit par la peau du cou et le projeta au centre de la pièce. Se recevant le sol en plein dur le visage, son nez se mit à saigner. Il poussa un couinement plaintif qui fit s'esclaffer son tortionnaire.

« -C'est mon mur morveux, taches de t'en souvenir !

Il reprit :

-Alors qu'est ce qu'un bébé comme toi fait ici ? Tu as mordu le téton de ta mère en le tétant ?

Il repartit dans un gros rire gras, suivit de ses compagnons. Le garçon baissa les yeux sans rien dire, tentant discrètement d'endiguer le flot de sang qui coulait de son nez.

-C'est bien gamin, tu connais déjà la soumission, renchérit l'homme, à partir de maintenant tu seras mon chien ! Tu dormiras à mes pieds, tu me donneras tes repas, tu ramasseras mes merdes. Tu feras tout ce que je t'ordonnerai ! Compris ?!

Harry le regarda épouvanté, il ne pouvait être sérieux. Pour appuyer ses dires, l'ancien le gifla violemment le faisant retomber, puis il donna des coups de pieds dans le ventre.

-C'est compris chien ? »

Le corps de l'enfant criait d'accepter pour faire cesser la douleur mais sa conscience était réticente. Il n'était pas d'une caste élevée mais un fils de Sekhmet ne se laissait pas humilier de cette façon. Comme elle il était libre. Mais lorsque l'homme l'agrippa par les cheveux pour lui souffler au visage :

« -Je te conseille d'accepter petite merde ou je te rue de coups jusqu'à que tu crèves sur ce sol puant !

Il dut céder et il acquiesça en pleurant. L'autre le relâcha violemment par terre.

-C'est bien chien ! Maintenant tu vas monter la garde pendant que je dors et si l'un de ces bons à rien s'approche de moi ou de mes affaires, fit-il en tapotant un vieux tissu noué, tu me réveilles. »

Tant bien que mal Harry s'assit devant son 'maître' au comble du désespoir. Il leva les yeux aux alentours mais une indifférence blessante régnait. Accablé, apeuré, brisé, il se mit à prier la déesse avec force pour qu'elle vienne l'aider.

Il n'était peut être pas le meilleur des fidèles, ni le plus important, mais il était innocent et il était injuste qu'il se retrouve là, dans cette prison, à se faire brutaliser par un brigand.

o0o0o0o

Au temple, Solal stoppa sa toilette et releva la tête. Brusquement il se mit sur ses pattes et trottina vers les appartements du grand prêtre. Face à la porte close, il miaula avec vigueur. Comme rien ne se produisait, il recommença encore et encore jusqu'à ce qu'enfin, Nektet sorte, les yeux bouffis de sommeil.

« - Que t'arrive-t-il fils de Bastet ? » marmonna t'il.

Solal lança un autre miaulement avant de se tourner et de faire quelques pas, la queue bien dressée. Mais l'humain le regarda avec circonspection. Le chat miaula une nouvelle fois et avança encore un peu.

'-Il veut que je le suive', réalisa le premier prophète.

Alors malgré l'étonnement, il emboita le pas au félin. Celui-ci trottina à travers tout le temple et l'emmena à l'extérieur, vers les cases. Jetant un dernier coup d'œil en arrière, il se glissa par l'entrebâille de la porte d'une des huttes. Nektet hésita une seconde mais entra aussi. Un homme dormait sur sa paillasse, il reconnut Athis.

Le fils de Bastet était devant un carré de terre qui semblait avait été remué récemment. Inquiet, le grand prêtre creusa à l'endroit indiqué. Avec consternation et dans le fond un certain soulagement, il découvrit le sac contenant l'argent censé avoir été volé par Harry.

Il était soulagé que son protégé n'y soit pour rien dans cette histoire mais profondément déçu que l'un de ses intendants ait non seulement volé la déesse mais également accusé un de ses condisciples. Il allait réparer cette injustice dans les plus brefs délais.

Sans bruit, il quitta l'habitation et marcha d'un pas vif vers la ville. Le chat avait disparu. Nektet entra dans la prison et aussitôt les gardes se levèrent.

« -J'ai trouvé le véritable coupable, déclara t'il.

-Que voulez vous dire grand prêtre ? demanda le chef des Medjayou.

-J'ai trouvé l'argent de la déesse chez mon intendant, dit il en montrant la preuve, Harry est innocent vous pouvez le libérer.

Sa parole ne pouvait être remise ne cause, ils s'empressèrent donc d'obéir.

-Et toi ! apostropha le geôlier, viens là ! Tu es libre !

Harry sursauta, l'homme semblait regarder dans sa direction mais ce devait être une illusion. Il fureta sur les côtés mais personne n'avait l'air interpellé.

-Toi le voleur du temple, grogna le milicien, aller actives toi !

Interloqué le garçon répéta :

-Moi ? »

L'autre le fusilla du regard, signifiant clairement qu'il n'avait pas intérêt à le faire attendre plus longtemps. L'orphelin se redressa tant bien que mal et s'avança vers la porte qui s'ouvrit miraculeusement devant lui. Il remarqua alors le grand prêtre et il s'immobilisa, ne sachant comment réagir.

« -Viens là Harry, ne crains rien, dit ce dernier d'un ton paternaliste, le véritable coupable a été découvert.

Le visage de l'adolescent s'éclaira. Bien sûr qu'il n'aurait jamais pu voler la déesse, il l'aimait bien trop pour ça !

-Qui… qui c'était ? coassa t'il.

-Athis. Quelle déception, je n'aurais jamais cru… Oh par Sekhmet, s'exclama le premier prophète en s'approchant, mais dans quel état tu es mon pauvre petit ?

Celui-ci baissa les yeux, en effet il ne devait pas être très beau à voir après le passage de la brute. Nektet le prit par les épaules et le dirigea vers la sortie. Il ajouta avant de partir :

-Je compte sur vous pour faire votre travail Messieurs. »

Et il poussa la porte. Ils entendirent un sacré remue ménage à l'intérieur puis une petite colonne jaillit en courant et les dépassa. Le grand prêtre les regarda passer d'un air vague.

« -Tu es vraiment béni par la déesse Harry, fit il d'un ton lointain.

L'interpellé leva un regard interrogateur vers lui.

-Elle te protège, répondit il en tournant sa tête dans sa direction, si seulement je savais pourquoi…

Le petit brun était de plus en plus perdu, mais Nektet ne faisait plus vraiment attention à lui, se parlant à lui-même.

-Tu n'as pas de pouvoirs mais une lionne te gardait dans le désert et un chat vient te disculper. C'est étrange…

Le silence plana quelques secondes avant que l'homme ne se reprenne et n'ajoute avec entrain :

-Mais l'important c'est que tu sois de retour parmi nous ! »

Raffermissant sa prise sur les épaules frêles, il chemina d'un nouveau pas animé.


Lexique: Sekhmet: Déesse lionne.

Bastet: déesse chatte.

Renep: une année.

Râ: dieu solaire.

Bubastis: capitale de la 22ème dynastie, ville de la déesse Bastet.

Peret: saison hivernale.

Pharmuti: nom d'un mois.

Medjayou: police.

Chadouf: puit.

Si vous voulez d'autres renseignements, n'hésitez pas à me demander!


Une petite review bitte???