7. Tout est bien qui finit, heu… en queue de poisson ! (Épilogue)

Lorsque Drago émergea des limbes de l'inconscience où l'avait projeté le plaisir, ce fut pour constater que toute la glace avait fondu, et que son corps avait retrouvé une température normale.

Et que Hermione était tendrement blottie contre lui.

Il sentit la joie le submerger littéralement. Désormais, plus rien ne serait comme avant. Mais les difficultés, ils les affronteraient ensemble. Et les bonheurs, ils les partageraient. Et ils en seraient deux fois plus forts.

Il l'aimait, il l'aimait, il l'aimait ! Mon dieu, comme il l'aimait ! Il éprouva le besoin de le dire, encore, et encore :

_ Je t'aime, Hermione, je t'aime… Je t'aime, je t'aime, je t'aime…

Il avait murmuré, mais cela suffit à la tirer du léger sommeil dans lequel elle avait basculé. Elle sourit, l'embrassa, et à son tour répéta ces mots magiques :

_ Je t'aime aussi, Drago. Pour aujourd'hui, pour demain, et pour après-demain, et après après-demain, et tous les lendemains de ces lendemains, pour la vie entière et pour après s'il y a un après. Je t'aime, pour toujours.

Entièrement nus, serrés l'un contre l'autre, leur désir ne tarda pas à renaître. C'était au tour d'Hermione d'être d'humeur poétique. Des vers lus elle ne savait où, elle ne savait quand, refirent surface dans son esprit :

_ Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;

Donne m'en un de tes plus savoureux,

Donne m'en un de tes plus amoureux :

Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

Et Drago répondit de même façon :

_ Las ! te plains-tu ? Ça que ce mal j'apaise,

En t'en donnant dix autres doucereux.

Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,

Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise. (1)

Ils refirent l'amour, désormais libérés de l'Elixir d'Aphrodite. Sans la glace et le feu suscité par la magie, leur étreinte retrouva des proportions plus humaines, mais fut tout aussi satisfaisante. Car le feu et la glace existaient toujours, profondément enfouis dans leurs cœurs, ne demandant qu'à renaître sous l'influence conjuguée de la passion et de la tendresse. Ensemble, ils explorèrent avec une joie sans cesse renouvelée les contrées insoupçonnées du plaisir. Ils prirent leur temps pour se découvrir, savourant avec délice chaque parcelle du corps de l'autre. (2)

o§§O§§o

Dans la Salle Commune des Serpentards, cinq garçons aux mines de conspirateurs étaient réunis autour d'une cheminée. Cela faisait une semaine, jour pour jour, que trois d'entre eux avaient lancé un pari, quelque peu stupide, il fallait bien l'avouer. L'un deux, un grand noir avec un très beau visage, mais dont les traits étaient quelque peu gâchés par un continuel air de mépris, parla le premier :

_ Alors ? Résultats ?

La formule était laconique, mais après tout, c'était ce qu'ils attendaient tous. En face de lui, un blond aux magnifiques yeux gris lui adressa un grand sourire. Il espérait secrètement que sa mine arrogante était convaincante. Mais après tout, ces choses-là, c'était comme le vélo : ça ne s'oubliait pas. Il haussa un sourcil triomphant :

_ Et bien ! Je me la suis faite ! Honnêtement, vous en doutiez ? Vous pensiez sincèrement que Granger serait capable une seule seconde de me résister ?...

Il se haïssait de parler en ces termes de l'Amour de sa vie, mais il n'avait pas le choix. Ils en avaient discuté, tous les deux, et ils avaient décidé qu'il valait mieux cacher au reste du monde ce qu'ils étaient devenus l'un pour l'autre… Les deux types au physique d'armoire à glace, assis de chaque côté de Malefoy, poussèrent un soupir admiratif. La pensée qu'ils pourraient être jaloux ne les effleura même pas. C'était tout simplement impossible – surtout pour eux ! – de rivaliser avec Drago… Ce n'était pas pour rien que dans le WWF il était unanimement connu comme le « Prince des Serpentards » !...

Zabini, lui, ne dit rien, mais sa mâchoire se crispa en un rictus mauvais. Mais à ce moment-là, une voix froide, où perçait une note d'amusement, se fit entendre :

_ Une seconde, Malefoy. Tu peux nous rappeler les termes exacts de ce pari ?

Drago coula un regard sur le côté en direction de Nott. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu'il n'allait pas aimer ce qui allait suivre. Il ne répondit rien, et ce fut Nott qui s'en chargea :

_ Tu avais une semaine – bon, ce point a été respecté – pour mettre Granger dans ton lit… Est-ce que c'est dans ton lit que ça s'est passé ?

Drago serra les dents. Il ne comprenait vraiment pas quelles étaient les motivations de Nott, mais à coup sûr, celui-ci prenait beaucoup de plaisir à le mettre en difficulté.

_ Heu non, admit Drago. Mais franchement, Théo, tu ne vas pas me faire croire que ça ait la moindre importance !...

Drago essayait d'avoir l'air beaucoup plus sûr de lui qu'il ne l'était en réalité. Nott, sans relever l'insulte volontaire que constituait le fait d'avoir été appelé par son diminutif, hocha la tête avec un sourire sarcastique.

_ En fait… Si ! Parce que entre la version où tu es un séducteur si irrésistibleque tu fais tomber Granger entre tes draps d'un seul claquement de doigts… et celle où elle te rejoint, par pure charité, dans une baignoire remplie de glace pilée, parce que tu n'es même pas capable d'utiliser correctement une Potion de Désir… il y a une petite différence, quand même, tu ne crois pas, Drago ?

La bouche du beau blond s'ouvrit toute grande de stupéfaction. Comment diable pouvait-il être au courant de tels détails ?!? Un sourire particulièrement déplaisant étira les lèvres de Zabini.

_ Ah, tiens, ça m'a l'air fort intéressant tout ça… Si tu nous racontais, Malefoy ?...

La colère et l'embarras lui firent monter le rouge aux joues.

_ Je ne vous raconterai rien du tout ! C'est personnel !

Nott le fixait, avec un calme horripilant.

_ Bien. Mais alors… admets que tu as perdu !

Drago haussa les épaules et bondit de son fauteuil, rageur.

_ Si tu crois que ça me fait quelque chose !... C'est pas pour dix Gallions !...

Et il lança les pièces sur la table dans un geste méprisant. Il leur tourna le dos ostensiblement et se dirigea vers la sortie. Il ne voyait vraiment pas pourquoi il perdait son temps avec des types pareils ! Au moment où il allait franchir la porte, la voix narquoise de Nott l'interrompit :

_ Parfait. Mais n'oublie pas ton gage !…

Drago fit volte-face et considéra Théodore avec une certaine hargne. Celui-ci prit plaisir à lui rappeler, en articulant lentement :

_ Tu sais bien… ton gage... Tu dois lui faire une déclaration d'amour à ta Granger, devant tout le monde, dans la Grande Salle.

Drago revint sur ses pas et se plaça face à Nott :

_ Formidable ! Je vais te dire une chose que ton petit cerveau étriqué va avoir du mal à assimiler ! Ton gage, il m'arrange ! Et tu sais pourquoi ? Parce que Hermione, je l'aime ! Pour de vrai ! Et elle m'aime aussi ! Et je n'ai qu'une envie, c'est de le crier à la face du monde. Et demain, c'est ce que je ferai ! Grâce à toi, Théodore !...

Drago aurait eu envie de rajouter quelque chose comme « Aha ! ça t'en bouche un coin, ça, hein », tel un gamin capricieux. Mais la façon dont Nott le regardait l'en dissuada. Quelque chose lui disait qu'en fait, il ne lui avait rien appris du tout.

_ Oui, grâce à moi… répéta celui-ci.

Difficile de dire s'il était amusé, satisfait ou cynique. Peut-être un peu des trois, tout compte fait.

_ Allez, va donc la retrouver !... ajouta-t-il sur un ton presque… paternel.

Drago pesta d'être ainsi congédié, mais il avait effectivement rendez-vous avec Hermione, et pas la moindre envie de s'attarder. Aussi il quitta la pièce sans rien ajouter. Crabbe, Goyle et Zabini échangèrent un regard interloqué. Quand à Nott, il se renfonça dans son fauteuil avec un sourire indéfinissable.

Oui, il savait depuis longtemps que Drago aimait Hermione. En fait, il s'en était même rendu compte avant les principaux intéressés. Et comme ça l'arrangeait bien que ces deux-là finissent ensemble, il avait manigancé tout ceci.

Il connaissait suffisamment Drago pour savoir que s'il lui avait gentiment proposé son aide, l'autre l'aurait monumentalement envoyé promené. D'ailleurs, à moins de parvenir à le pousser réellement à bout, comme Nott venait de le faire, jamais il n'aurait admis être amoureux de Granger. Et de toute façon, avant d'avoir passé une nuit avec elle, Drago refusait de s'avouer à lui-même ce qu'il ressentait pour la jeune fille. Donc Nott s'était débrouillé pour savamment aiguillonner son ego surdimensionné, de façon à ce que Drago se sente obligé de la conquérir afin de prouver à tous ses capacités de séducteur. Et comme il n'y serait jamais arrivé tout seul, Nott avait fait en sorte d'aplanir toutes les difficultés. Finalement, tout ne s'était pas exactement déroulé comme il l'avait prévu, mais le résultat était le même : ils étaient ensemble, même si ça s'était passé dans une baignoire de glace pilée ! Nott eut un rictus sardonique. Sacré Malefoy ! Heureusement que le ridicule ne tuait pas !

Mais pourquoi donc avoir monté cette machination d'un machiavélisme tout Serpentardien ?

Et bien parce que Théodore Nott avait un secret.

Lui aussi était amoureux. Mais lui, primo, ça ne le rendait pas complètement con ; secundo, ce n'était pas d'une Gryffondor ; et tertio, ce n'était pas d'une Sang-de-Bourbe ! Ce qui n'empêchait pas qu'elle était à peu près aussi inaccessible que Granger… Parce que cette gourde était amoureuse de Malefoy ! Mais ça allait changer ! Avec la déclaration d'amour publique que lui, le génial Nott, avait imposé à ce crétin de Malefoy, pour parachever son histoire avec Granger, et bien Pansy allait se rendre compte, justement, que Malefoy était un crétin, un bellâtre aux cheveux jaunes, et comprendre que l'homme qu'il lui fallait c'était lui, Théodore, le génial, sublime et machiavélique Théodore !

Il sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Pansy venait de rentrer dans la pièce. Il soupira de contentement. Le simple fait de pouvoir poser les yeux sur elle le transportait de bonheur. Néanmoins, quand la dénommée Pansy Parkinson s'assit, tout naturellement, sur les genoux de Crabbe pour lui rouler un énorme patin, qui avait l'air, somme toute, plutôt gluant et assez peu ragoûtant, la petite marche triomphale qui résonnait dans la tête de Théodore s'interrompit brusquement. Blaise Zabini, qui ne cherchait absolument pas à dissimuler sa mine dégoûtée exprima l'avis général :

_ Beuârkh !

Comme si ça avait été une question, Pansy répondit avec entrain :

_ Oui, je sais, mais vous inquiétez pas, hein ! je suis toujours amoureuse de Drago ! Seulement j'ai su qu'il sortait avec Granger ! Je suis pas dupe, hein, je l'ai percé à jour, le petit coquin !...

Elle laissa échapper un gloussement suraigu.

_ Je sais bien qu'il fait ça juste pour me rendre jalouse ! pouffa-t-elle. Alors, j'ai décidé de répondre de même façon… Et comme Vincent n'aurait jamais pu trouver quelqu'un d'autre qui veuille bien de lui, et ben, ça l'arrange !

Théodore leva les yeux au ciel, atterré. Mais qu'est-ce qu'elle était conne ! Il l'aimait, hein, il l'aimait d'amour, mais qu'est-ce qu'elle était conne ! L'espace d'un court instant, il se dit que Malefoy était peut-être mieux tombé que lui, en fin de compte… D'accord, Granger, c'était une Sang-de-Bourbe et une Gryffondor, mais elle était belle et intelligente ! Alors que Pansy, elle était peut-être une Serpentard de Sang Pur, mais qu'est-ce qu'elle était conne ! Et en plus, physiquement, il fallait bien avouer qu'elle était pas terrible. Cela dit, ça ne changeait rien au problème : il avait beau être lucide, il l'aimait quand même. Et il souffrait.

Il se prit la tête entre les mains et décida qu'il en avait vraiment sa claque du WWF ! Vivement le Tome 7 ! Qu'il puisse enfin redevenir lui-même, et pas cet abruti d'amoureux transi qui soupirait après Pansy ! En attendant, il était plus que temps de rendre son tablier, ainsi que son cœur brisé – non mais attendez une seconde ! « Nott » et « cœur brisé », ça n'allait définitivement pas dans la même phrase ! Y avait franchement une erreur de casting, là ! – de rendre son tablier, donc, à l'auteuse sadique dont il était victime, et qui jubilait franchement de le voir souffrir… Il eut un sourire mauvais… Vengeance !

Vërowyn recula vivement, et se mit hors de portée de son écran d'ordinateur, pour échapper aux sorts rageurs que lui lançait son personnage furieux… (3) Comme elle aimait bien, malgré tout, garder un minimum de contrôle sur ce qu'elle écrivait – bien que là, ça ne se voit pas vraiment, en fait – elle décida d'éteindre son ordinateur, et raya un jour de plus sur son calendrier : J-1.

Il ne lui restait plus qu'un jour pour délirer en toute innocence, car le lendemain, 21 Juillet, la docte JKR délivrerait au monde entier la vérité ultime…

Et c'en serait fini des Drago-Hermione savamment capillo-tractés, et autres fics à l'eau de rose !...

¤ The End ¤

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Nda :

(1) Louise Labé, Sonnet XVIII. Je tiens à préciser que dans ce langage, le verbe « baiser » signifie « embrasser » !... Enfin, logiquement. Après, on peut pas jurer que cette coquine de Louise n'ait pas entretenu un double sens exprès…

(2) Si vous voulez, vous avez le droit de jouer un petit air de violon, sur fond de soleil couchant…

(3) Et là, si vous voulez soutenir Nott, vous avez le droit de me jeter des tomates pourries – virtuelles. Sinon, dans le cas où cette histoire vous aurez fait :

- monumentalement chier

- bien marrer

- pleurer d'émotion

- passer un moment divertissant

- autres

Vous pouvez me le dire grâce à la case review – regardez, c'est juste en-dessous… Ecrivez, cliquez, postez ! (les frais de port sont gratuits)

Merci !...