Ma bonne résolution de cette année : finir cette fic qui me trotte dans la tête depuis bien trop longtemps. Allez, on relit un peu les livres, on ressort les encyclopédies sur les elfes et la terre du milieu, et on s'y remet! :D

Chapitre 18

La compagnie de l'anneau était logée au pied d'un arbre majestueux, sous une tente luxueuse, bien plus grande que celle qui abritait Aristide. Legolas et Alice s'approchèrent de Gimli. Ce dernier, bien qu'un peu surpris par la présence de la jeune femme, eut la bienséance de lui faire une révérence. Alice inclina la tête et lui sourit. Gimli parla alors, et la jeune femme se rappela avec regret qu'elle ne parlait pas le langage commun de la Terre du Milieu. Legolas traduisit :

- Voici Gimli, fils de Gloin.

Alice s'inclina légèrement, tandis que le nain prononçait ce qu'elle supposât être des formules de politesse.

Vous connaissez également Aragorn, poursuivit Legolas

- Bonsoir, Alice

- Bonsoir.

- Je vous présente Frodon, Sam, Merry et Pippin, de la Comté.

Les hobbits la saluèrent chaleureusement et Alice s'inclina à nouveau devant eux avec un immense respect. Son regard s'attarda plus longuement sur Sam. A dire vrai, pour Alice, Sam était le plus grand héros de l'histoire, celui qui restait dans l'ombre. Le voir en chair et en os, ainsi que les autres hobbits, si petit, si souriant, l'émut au plus haut point. Elle leur sourit, tâchant de ne pas chercher des yeux l'objet maudit que Frodon portait discrètement autour de son cou.

Tant de malheurs à cause d'une si petite chose...

- Et enfin, voici Boromir, du Gondor.

Boromir lui sourit, malgré son air préoccupé, et inclina la tête. Alice fit de même en essayant de cacher son trouble en pensant à la destinée tragique de cet homme. Malgré toutes ses tergiversations en arrivant dans ce monde, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas pensé à cette situation. La mort de Boromir. Pouvait-elle l'éviter ? Pouvait-elle se permettre de lui laisser un indice, un minuscule indice, sous peine de faire se modifier le cours de l'histoire de la terre du milieu ? Beaucoup de gens allaient mourir, beaucoup de famille allaient souffrir, que pouvait-elle y faire ? Si elle se trompait, plus de gens allaient mourir. D'un seul coup, en regardant Boromir dans les yeux, elle se sentit incroyablement mal à l'aise, comme si elle allait trahir un proche alors qu'elle le connaissait à peine. Elle ne savait de lui que sa valeur et son héroïsme, qu'un minuscule moment d'égarement allait réduire à néant.

Elle fut distraite de son malaise par les hobbits qui s'assirent sur un tapis à même le sol, autour d'une petite table sur laquelle se trouvait des fruits secs, du pain et ce qui semblait être du fromage.

- Prenez place, Alice, lui proposa Aragorn.

Avec précaution pour ne pas abîmer sa robe, la jeune femme s'agenouilla par terre, près de Pippin qui lui tendit immédiatement un morceau de pain, qu'elle prit avec reconnaissance. Elle se rendit compte qu'elle mourrait de faim. Le hobbits, à l'exception notable de Frodon qui demeurait grave et silencieux, se mirent à la bombarder en même de questions qu'elle ne comprit pas. Elle lui sourit, et chercha des yeux un traducteur pour pouvoir converser avec les curieux.

Aragorn se désigna d'office.

- Pippin aimerait savoir comment vous avez connu votre ami, Aristide...

Si Alice avait éprouvé un peu angoisse quant au déroulement du repas, ce sentiment fut vite dissipé par l'accueil que lui firent ses hôtes. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point le fait de n'être entourée que d'elfes majestueux et sérieux lui avait pesé. L'ambiance au sein de la communauté de l'anneau était nettement plus détendue et, malgré les circonstances, elle rit beaucoup et provoqua également l'hilarité des hobbits quand elle leur parla de la coutume de la galette des rois. Elle découvrit en Gimli un être cultivé et aimable, loin du rustre qu'elle s'était représenté inconsciemment. Aragorn quant à lui était quelqu'un de calme, et elle trouva sa présence étonnamment apaisante, comme si sa sérénité était contagieuse. Boromir était un peu renfermé mais paraissait être quelqu'un de droit et loyal. Legolas écouta la conversation mais n'y participa pas beaucoup. Alice le vit sourire en coin plusieurs fois, ce qui lui fit chaud au cœur.

Pas une fois, par chance, la conversation n'eut l'occasion de prendre un tour fâcheux en concernant la guerre qui se tramait en terre du milieu. Alice pensa qu'après tant d'épreuves traversées et la disparition de l'un des leurs, la communauté avait besoin de se changer les idées. Elle avait eu peur des questions d'Aragorn, mais celui-ci s'était contenté de traduire et d'observer ses réactions. Pourtant à aucun moment elle ne s'était senti mal à l'aise devant son regard.

Le repas avait du durer au moins deux heures, et elle réalisa à quel point elle avait été chanceuse de partager ce moment avec eux. Quand la conversation commença à tarir, elle estima qu'il était temps de retourner au talan d'Aerin et Mardil pour se reposer un peu. Elle se leva et salua tout le monde longuement. Elle allait sortir de la tente quand Anar y fit irruption, complètement essouflé.

Vu l'état du jeune elfe, elle ne lui demanda même pas ce qu'il se passait et elle se mit à courir, le coeur au bord de l'explosion, vers l'endroit où se trouvait la tente d'Aristide. La nuit était noire et froide. Elle n'y voyait quasiment rien à certains endroits, en dépit des flammes vertes qui éclairaient la ville, et trébucha sur plusieurs obstacles, mais elle ne s'arrêta pas. Elle n'avait jamais couru aussi vite de sa vie.

Quand elle arriva au chevet du vieil homme, miraculeusement sans se perdre, elle vit que Galoriand et Aerin y étaient déjà, l'air grave. Elle regarda Aristide, et d'un coup d'oeil, elle sût que c'était la fin. Le pauvre libraire luttait pour respirer, ahanant, le corps crispé. Elle s'agenouilla près de lui et lui pris la main.

- Aristide... Je suis tellement désolée.

Mais le vieillard ne parût pas la reconnaître, ce qui lui serra le coeur. Il la regardait mais sans vraiment la voir. Elle lui caressa les cheveux, dégageant les quelques mèches collées à son front, puis se tourna vers Aerin.

- Ne peut-on rien lui donner pour adoucir sa peine ?

- Nous l'avons fait, mais cela n'empêchera pas l'issue...

Alice reporta son regard vers Aristide. Elle était impuissante et détestait cela. Il peinait de plus en plus à respirer et, en prenant son poul, elle sentait que le coeur du vieil homme s'emballait. Ce n'était plus qu'une question de minutes. Il s'agrippa à sa main et Alice lui caressa une dernière fois le visage. Puis Aristide regarda vers le haut et ce fût la fin. L'infirmière le sût mais elle prit quelques instant avant de se décider à reprendre son poul, dans le silence assourdissant qui avait envahit la tente.

Elle lui fermat les yeux et murmura :

- C'est fini.

Elle luttait contre ses larmes. Pour garder une contenance, elle rabattit la couverture sur le visage de feu son ami, avant de regarder Aerin pour savoir comment allait se passer la suite des évènement. Au moment de poser la question toutefois, elle ne parvint pas pas à articuler un mot. Aerin posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, et lui dit :

- Va te reposer. Je m'occupe de lui. Nous verrons demain comment tu veux que nous fassions pour ses funérailles.

Alice hocha la tête et se leva, évitant le regard de Galoriand, et sortit directement de la tente. Galoriand la suivi et l'appella :

Alice..

- Pas maintenant Galoriand, répondit-elle, la voix tremblante.

Elle ne vit pas son visage mais elle savait qu'elle avait blessé. Elle aurait voulu lui présenter des excuses, mais elle n'aurait pas supporté qu'il la voit encore une fois pleurer. Tout ce qu'elle voulait, c'était se retrouver seule afin de laisser ses larmes couler.

Sans réfléchir, elle s'enfonça dans la nuit. Elle ne voulait pas retourner au talan de Mardil et Aerin, ni rencontrer personne sur le chemin, ni parler à qui que ce soit. Elle vit Legolas au loin mais elle l'évita. Elle était sûre que l'elfe l'avait vu rebrousser chemin, mais il ne fit pas mine de la suivre, ce qu'elle apprécia grandement.

Au bout d'un temps qui lui parût interminable elle arriva dans une partie de la cité qui paraissait déserte, où aucune lumière ne brillait. Elle ne distinguait dans les arbres qu'un léger clair de lune et l'ombre de talans abandonnés dans les arbres. Elle s'assit au pied de l'un d'entre eux et pleura de ton son saoul. Elle pleura en pensant à Aristide, à ses derniers moments, et à son espoir de rentrer chez elle qui peu à peu lui paraissait disparaître. Elle regretta de ne pas avoir passé plus de temps avec le vieil homme. Tous ces soucis et regrets, pêle-mêle, envahirent son esprit, la conduisant dans un désespoir duquel elle ne pensait pas pouvoir émerger un jour.

Sa crise de larmes lui donna mal à la tête et l'épuisa littéralement. Et elle s'endormit sans plus de cérémonie par terre, insensible au froid glacial qui lui mordait la peau.

Quand elle se réveilla, elle se rendit compte que quelqu'un l'avait emmitouflé dans une cape, probablement Galoriand. Le soleil se levait à peine. Son corps était un peu endolori par une nuit passée par terre. Elle s'étira, et mit un petit moment à se rappeler les évènements de la veille. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Outre la tristesse qu'elle éprouvait, elle se sentit un peu honteuse de son attitude et espérat que Galoriand lui pardonnerait sa rudesse. Elle hésitait à se lever, ne voulant pas affronter les évènements de la journée et se refusant à réfléchir à ce qui allait se passer. Elle s'accorda quelques minutes supplémentaires allongées par terre en s'enroulant dans la cape.

- Tu sais, il va bien falloir que tu te décides un jour ou l'autre, Alice.

Elle se redressa pour voir que Galoriand l'observait d'une distance respectueuse. Elle n'eut pas le temps de lui répondre car il ajouta :

- Je croyais que Galadriel t'avait demandé de ne pas te promener seule dans Caras Galadhon. En plus, tu t'aventures dans la partie la plus excentrée, qui n'est même plus éclairée.

- Je ne suis pas très douée pour écouter les consignes, je crois.

- Tu ferais mieux de te méfier, dit sérieusement Galoriand, des personnes peu re commandables te cherchent, et tu es bien plus fragile que nous.

- Pardon ? S'offusqua Alice

- Tu es mortelle. Tu ne sais pas te défendre. Et ta plaie au front n'a même pas encore fini de cicatriser, acheva-t-il avec une pointe d'agacement.

Alice, qui comptait présenter des excuses à Galoriand, revint sur sa décision devant son attitude. Elle se doutait bien que la mort d' Aristide l'avait lui aussi affecté, mais elle n'avait pas une minute pu penser qu'il aurait eu une telle réaction. Plusieurs répliques grossières lui vinrent à l'esprit, mais Alice ne dit rien pendant plusieurs instants, se contentant de toiser son ami d'un air furieux. Galoriand lui rendit son regard, attendant manifestement qu'elle daigne s'exprimer.

- Je vais aller voir ta mère. Nous allons organiser les funérailles d'Aristide.

Elle se leva dignement, plia la cape qu'elle jeta à la tête de Galoriand, et passa devant lui pour aller à la tente de son vieil ami. Son effet dramatique fût toutefois sérieusement compromis lorsque Galoriand, dix mètres derrière elle, s'écria, une pointe d'amusement dans la voix :

- Alice, tu te trompes de direction, c'est à gauche.

Elle leva les yeux au ciel :

- C'est bon, tu peux venir avec moi Sir perfection invicible.

Galoriand la rejoint en quelques enjambées, et ils poursuivirent leur chemin.

- Tu sais quand même que tu es rudement impoli pour un elfe, commença Alice après un moment de silence. C'est quoi ces manières de nous prendre de haut, nous simples mortels ?

- Je disais ça pour te faire réagir, dit Galoriand d'un air vaguement désolé.

- Je ne suis peut être pas adaptée à ton monde, mais je le suis au mien. Je sais conduire une "voiture", je sais utiliser un "ordinateur"... Dans mon métier j'ai même pu sauver des vies. Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas ma faute si je suis ici. Je n'ai rien demandé.

- Je te présente mes excuses, Alice. Tu sais que je t'estime. C'est juste que la mort d'Aristide m'a fait réaliser à quel point vous étiez... Ephémères.

- Comme des papillons...

- Je ne veux pas que quoi que ce soit t'arrive. C'est ma faute si tu es ici. Je me sens responsable.

- C'est pour ça que tu m'a prêté ta cape pour cette nuit.

- Ah non, répondit Galoriand en souriant, ça, ce n'est pas la mienne... D'ailleurs je te la rend, afin que tu puisses la rendre à son légitime propriétaire.

- Qui est... ? Demande Alice en se sentant rougir à cause d'une légère intuition.

- Le prince de la Forêt Noire.

Alice n'avait même pas osé penser à l'éventualité que cela puisse être Legolas avant que Galoriand lui dise que ce n'était pas sa cape. Elle en éprouva une drôle de sensation. Son trouble fût interrompu par leur arrivée devant la tente où demeurait maintenant la dépouille de leur ami, Aristide. Ce fut comme si la bulle de légèreté temporaire dans laquelle elle s'était retrouvée en conversant avec Galoriand avait soudainement éclaté pour faire face à l'abrupte réalité. La jeune femme prit une grande inspiration avant d'entrer dans la tente.

Elle y vit en premier Mardil, qui avait probablement prit le relai de sa femme. Puis elle vit Aristide.

Celui-ci avait été changé de place et installé sur une couche au milieu de la place. Alice put constater qu'Aristide avait été lavé, rasé, coiffé. Pour couronner le tout, les elfes l'avaient habillé d'une longue tunique qu'il aurait adoré de son vivant, avec de brodures argentées. Elle fut profondément ému des égards qui avaient été accordé à la dépouille du vieil homme, qui, malgré les ravages de sa maladie qui l'avait amaigrie, avait l'air serein et simplement endormi.

A ce moment, Aerin entra dans la tente. Alice la regarda. Elle voulut de tout son coeur la remercier, mais sa gorge se serra, alors elle hocha la tête avec les yeux remplis de larmes. Aerin posa sa main sur l'épaule de la mortelle. Elle l'avait compris.

- Assieds-toi Alice, dit Aerin en lui désignant une petite table ronde entourée de quatre chaises. Est-ce que tu veux boire quelque chose, une infusion ?

La jeune femme hocha la tête, et Aerin lui servit une tasse d'un breuvage mystérieux. Elle s'assit sur une chaise près d'Alice, rejointe par son mari, Mardil, et son fils, Galoriand. Les elfes eurent la patience d'attendre que leur invitée reprenne la maîtrise d'elle même, avant d'aborder la manière dont les funéralles d'Aristide allaient se passer.

Le lendemain, en début de soirée quand les étoiles commencèrent, eurent lieu les funérailles d'Aristide Le Fèvre. Les elfes, malgré le peu de temps qui leur fut accordé, réussirent à organiser une cérémonie.

Alice n'était pas au fait des coutûmes des elfes concernant les enterrements et pensait que, ceux-ci étant peu fréquents, ils faisaient l'objet de grandes cérémonies. Monsieur Laurent lui avait expliqué que les corps des elfes ne se décomposaient jamais, et elle ne voulût pas de questions sur ce sujet, qui lui parût convenable. Elle fut toutefois obligée d'expliquer à Genaloriand en quelques mots pourquoi il ne fallait pas tarder à mettre Aristide en terre.

Le corps du vieil homme fut placé dans un grand coffre en bois précieux, qui fit office de cercueil. Un petit comité composé d'Alice, Galoriand, Aerin, Mardil, Anar et Lindorië conduisirent le cercueil, porté par quatre jeunes elfes jusqu'à un petit cimetière situé à l'extérieur de la lieu était magnifique. Il s'agissait d'un grand terrain, presque comme une clairière avec seulement quelques arbres épars, probablement plantés par les elfes car il ne s'agissait pas d'arbres qu'Alice avait pu voir dans la forêt alentour. Dans les herbes, on pouvait trouver des pierres tombales, aux couleurs et formes différentes, toutes parfaitement entretenues. Les elfes prenaient grand soin des sépultures, qui étaient éparses sur le terrain et relativement peu nombreuses. Une atmosphère paisible. Le cercueil fut posé sur deux tréteaux au bord d'une fosse creusée à son intention, un peu à l'écart, non loin de la lisière de la forêt.

Alors, la voix de Lindorië s'éleva pour une complainte elfique qui tira les larmes aux yeux d'Alice. En plus de ses talents de couturière, la fiancée de Galoriand avait une des plus belles voix qu'il avait été donné à la jeune femme d'entendre. A la fin de la chanson, Alice s'avanca vers le cercueil pour prononcer quelques mots. Elle le fit en français.

- Aristide, je vous connaissais depuis toute petite. Lorsque mon grand père allait chercher des livres chez vous, il m'amenait avec lui. Je me rappelle avec quelle passion vous aimiez vos livres. Grâce à vous, Galoriand a pu rentrer chez lui et retrouver l'amour de sa vie. Grâce à vous, j'ai pu voyager vers un monde magnifique je pensais irréel, et rencontrer des êtres légendaires. Vous avez vécu votre vie avec passion, et cette passion ne vous a pas quitté jusqu'à la fin puisque vous avez fini par réaliser un rêve, ce que peu de gens peuvent faire. Reposez en paix, dans cette terre dont vous avez tant rêvé.

Elle posa sur le cercueil une magnifique fleur blanche qu'Aerin avait cueilli dans un de ses jardins.

Ce fut au tour de Galoriand de prononcer quelques mots :

- Aristide, vous ne me connaissiez pas mais vous m'avez tendu la main et vous m'avez aidé à rentrer chez moi. Pour cela, je vous serait éternellement reconnaissant.

L'elfe posa à son tour une fleur sur le cercueil.

Il s'en suivit quelques moments de recueillement. Alice pencha la tête, profitant du silence total. Elle pensa à Aristide, et se demanda s'il aurait été heureux de la cérémonie, intime. Elle ne connaissait pas les convictions religieuses du vieil homme et n'avait pas voulu trop s'avancer. Elle trouva un peu ironique d'avoir si peu connu un homme qu'elle avait cotoyé depuis toute petite et qui avait eu un impact si grand sur sa vie . Elle se sentit encore une fois coupable de n'avoir pas passé plus de temps avec lui pour ses derniers jours, happée par la vie dans la ville elfique, pressée de voir le maximum de choses avant de rentrer chez elle. Son coeur se serra. Elle espérait que, là où il était, il était heureux.

Un espèce de pressentiment lui fit relever la tête. Elle vit alors Galadriel l'observait. Elle se tenait à quelques mètres de là, devant un arbre, regardant la cérémonie. Alice se demanda depuis combien de temps elle était là, se doutant bien qu'elle devait y être bien avant qu'elle pose son regard sur elle.

Alice la dévisagea et Galadriel lui rendit son regard, imperturbable. La jeune femme fût une nouvelle fois frappée par la majesté de la dame de la Lorièn. Certes, tous les elfes étaient beaux, d'une beauté incomparable à celle des mortels, mais Galadriel, elle était... Royale.

Alice fût interrompue dans sa contemplation par une main qui se posa sur son épaule. Galoriand lui signifia qu'il était temps pour eux de retourner à l'intérieur de la cité, pour laisser les elfes mettre le cercueil en terre. Alice caressa le cercueil pour un dernier adieu, et suivit les elfes en essayant de ne pas se retourner, le coeur serré.

Une fois arrivés dans la ville, Aerin et Mardil partirent à leur jardin d'herbes médicinales, après avoir une dernière fois presenté leurs condoléances à Alice. Celle-ci se tourna vers Galoriand et Lindorië, qui se tenaient discrètement la main. Anar paraissait encore une fois outré par ce déploiement public d'affection.

- Alice, tu as déjà été aux chants ? Demanda Lindorië

- Pardon ?

- C'est un endroit où l'on se rencontre, où nous pouvons partager contes et chansons.

- Ah oui, j'y suis allée l'autre soir.

- Ça te dirait d'y retourner ?

- Oui bien sûr, ça serait super, répondit Alice avec une pointe de soulagement.

- Chemin faisant, Galoriand et Lindorië lui annoncèrent la grande nouvelle : leur mariage aurait lieu dans une semaine.

- Comme ça, tu auras un peu de marge pour retourner à l'endroit où se trouve la "porte", précisa Galoriand.

Alice fût soulagée de cette nouvelle. Aussi magnifique que soit la cité, aussi plaisante que soit la compagnie des elfes, et aussi merveilleuse qu'ait été sa rencontre avec les membres de la communauté de l'anneau, elle serait ravie de rentrer chez elle, retrouver sa famille, ses amis, son travail, sa maison... Et sa baignoire avec de l'eau chaude. Bien sûr que la compagnie de Galoriand et Lindorië lui manquerait...

Celle de Legolas aussi.

Elle fût troublée par cette idée.

- Il faudrait d'ailleurs que tu lui rendes sa cape, dit Galoriand avec un sourire en coin, comme s'il avait lu dans les pensées de son amie.

- Pardon ? Fit Alice, tirée de sa rêverie.

- La cape du Prince, il faudrait lui rendre il va en avoir besoin.

- Oui, Alice, penses-y, ajouta Lindorië, avec le même sourire que son fiancé.

- Vous en avez parlé entre vous ?

Lindorië et Galoriand se regardèrent.

- Évidemment ! Avouèrent-ils à l'unisson.

- Moi je ne sais rien, déclara Anar.

- Misère... soupira Alice.

- Tu aurais peut-être plus de détails à nous donner?

- Bien sûr que non il ne s'est rien passé, il ne se passera rien. Je vais rentrer chez moi. Legolas a juste été amical.

Lindorië eut l'air d'approuver l'attitude d'Alice. Galoriand lui, poursuivit :

- Mais quand même, son attitude n'est pas l'attitude habituelle d'un elfe avec une femme mortelle.

-Comme si vous en croisiez souvent dans vos jolies forêts, se moqua Alice. Comment se conduisent les gents elfes avec les femmes éphémères donc ?

Galoriand tiqua sur la formulation d'Alice.

- Ils ne sont pas aussi... Prévenants et intéressés.

- Parce que nous ne sommes pas dignes d'intérêt ? S'énerva Alice, blessée dans sa fierté et se sentant investie par la mission de défendre sa propre espèce.

- Non, tu es très bien mais...

- Galoriand est maladroit, coupa Lindorië. Legolas n'a pas l'attitude d'un elfe avec une femme qui ne l'intéresse pas. Qu'elle soit mortelle ou pas d'ailleurs. Voilà.

Alice médita quelques instants sur la phrase embrouillée de Lindorië. Elle finit par hausser les épaules.

- Ca ne change rien de toute façon. Rien ne se passera.

- Mais ça te plairait ? Insista Anar, dévoré par la curiosité.

La mortelle ne répondit pas mais leva les yeux au ciel. Galoriand allait insister lui aussi quand sa fiancée lui donna un coup de coude.

- L'amour chez les elfes est peut être différent que celui chez vous, je ne prétend pas le connaître, dit Lindorië.

- Explique-moi alors comment cela se passe chez vous.

- Au commencement, quand les elfes commencé à s'éveiller au monde, il est dit que chaque elfe se réveilla auprès de sa compagne. Pour nous il n'y a qu'une seule personne, une âme soeur, que nous aimerons éternellement. Même au delà de la mort, qui peut aussi survenir chez nous. Un elfe peut décider de revenir à la vie s'il le désire, et sa compagne peut l'attendre ainsi.

- Les elfes peuvent se réincarner alors ? S'étonna Alice.

- S'ils le désirent, oui. Mais ils peuvent aussi le refuser.

- Oh.. C'est fascinant, s'exclama Alice.

- Nous nous marions en général assez jeunes, cinquante ans environ.

- C'est en effet très jeune, sourit Alice.

- Les fiançailles durent en principe un an, mais là en l'occurrence ça a duré bien plus longtemps pour moi, poursuivit Lindorië en caressant tendrement les cheveux de Galoriand.

- Et les fiançailles ne peuvent pas être rompues ?

- Ça arrive, mais assez rarement. Nous ne nous marions aussi qu'une seule fois. Il y'a eu une exception notable...

- Feanör, s'écria Anar, manifestement ravi que la conversation rejoigne un terrain connu de lui.

- J'en ai entendu parler, dit Alice en repensant à Legolas. Que s'est il passé ?

- Ça ne s'est pas bien terminé, répondit sobrement Anar.

Chemin faisant, ils étaient arrivés à l'endroit où Alice s'était perdu la dernière fois. Pour l'instant, personne ne chantait encore, mais les bancs de pierre étaient remplis de spectateurs impatients, aussi les quatres amis se tirent debout.

- Comment cela se passe, chez vous? Demanda Lindorië

- Quoi donc ?

- Le mariage, l'amour...

- Oh euh.. Ce n'est pas du tout comme ici. Je dirais que cela dépend des gens.

- Vous vous mariez à quel âge ?

- On peut se marier à dix huit ans. Mais la majorité des gens se marient autour de trente ans je dirais.

- Le mariage dure toute la vie ? S'enquit Anar

- Et bien... Oui en théorie, mais si cela se passe mal, les deux époux peuvent changer d'avis et se séparer.

Les trois elfes parurent choqués.

- Ça se passe souvent mal ? Demanda Galoriand

- Parfois, je ne sais pas.

- Mais tu as déjà été mariée ?

- Non...

- Et tu as déjà été amoureuse ?

- Oui, répondit Alice sans réfléchir.

Les trois elfes la contemplèrent avec effarement. Lindorië posa alors sa main sur l'épaule d'Alice, et la regarda dans les yeux.

- Et... Tu vas bien ? Galoriand m'a dit que tu n'avais personne dans ta vie...

- Oui, répondit Alice, surprise. C'était il y'a longtemps. Ça s'est mal terminé c'est tout.

- Alors, vous ne vous êtes pas mariés.

- Non, il a préféré une autre femme, dit Alice juste avant de regretter son aveu.

- Le méchant homme ! S'offusqua Anar.

- Non, non, c'était quelqu'un de bien mais ... Ses sentiments n'étaient pas assez forts.

Cette nouvelle laissa les elfes sans voix et songeurs. Alice reprit :

- Enfin, chez nous, ça ne se passe pas du tout comme chez vous. Peut-être que nous sommes plus inconstants. Je ne pense pas que vous pouvez comprendre, et honnêtement, c'est mieux pour vous. Ce que vous avez est un idéal chez nous, certaines personnes y parviennent, mais malheureusement pas tout le monde.

- Je trouve ça triste, finit par lâcher Galoriand.

- Comme disait ma grand mère, "le seul homme qui mérite tes larmes est celui qui ne te fera pas pleurer", déclara Alice.

- C'est tout à fait vrai, dit Lindorië en hochant la tête.

Enfin, Tinùviel arriva sur la petite scène, et sans plus de cérémonie, se mit à chanter une magnifique complainte. Puis les chanteurs et chanteuses se succédèrent pendant presqu'une heure et demi, qu'Alice ne vit pas passer malgré le fait qu'elle soit debout contre un arbre, enchantée par les voix elfiques. Elle ne comprenait pas toutes les chansons, par manque de vocabulaire sindarin mais aussi parce que certaines d'entre elles étaient probablement en quenya, mais elle se laissa bercer par les mélodies. Puis vint le moment où la chanteuse céda sa place sur scène, mais personne ne se désigna immédiatement pour la remplacer. Il y' eu un moment de flottement.

- Vas-y Alice, dit Galoriand en la poussant légèrement.

- Tu es fou ? Je ne sais absolument pas chanter.

- Alice, je serais ravi d'entendre une chanson de votre contrée, renchérit Tinùviel manifestement sincère.

- Oh oui Alice ! Nous adorerions ça ! Insista Anar

Tout le monde les regardait à présent, et Alice se sentait affreusement gênée. Elle n'osa pas dire non et monta sur la scène, regrettant instantanément ce qu'elle avait fait.

Bien, maintenant qu'elle était là, il fallait qu'elle trouve une chanson. L'audience était silencieuse, attendant patiemment. Alice vu que Legolas, qui passait par là, s'arrêta pour la considérer avec curiosité. Son coeur fit un triple salto arrière tandis que son cerveau sembla se parasiter.

Alice n'avait en tête qu'une stupide chanson de Britney Spears en tête, pour une raison inconnue, alors qu'elle passait sa vie à écouter de la musique lorsqu'elle était chez elle. Elle failli laisser échapper un gémissement de désespoir à cause de l'incongruïté de la possibilté de chanter Gimme more devant les elfes.

Enfin, elle eut une idée, grâce aux regards encourageants et plein d'espoir de Lindorië qui avait l'air de la soutenir moralement à distance. Un texte sur lequel elle avait passé son oral d'espagnol au bac. Elle le connaissait sur le bout des doigts, et adorait la chanson. Elle savait qu'il y'avait une version française mais elle ne la connaissait pas par coeur.

Elle commença à chanter Hijo de la Luna de Mecano. Sa voix, au début un peu tremblante, s'affirma. Elle n'était pas très puissante, mais avait le mérite d'être juste.

"Tonto el que no entienda
Cuenta una leyenda
Que una hembra gitana
Conjuró a la Luna hasta el amanecer
Llorando pedía
Al llegar el día
Desposar un calé …"

A la fin de la chanson, Alice pensa qu'elle s'en était pas trop mal tirée, mais ne pouvait juger de rien. En effet, les elfes n'applaudissaient pas après les prestations. Elle allait s'enfuir de la scène, son courage s'étant épuisé, quand Galoriand demanda :

- Et que veut dire cette chanson ?

- Et bien c'est une histoire très triste, commença Alice en maudissant l'elfe intérieurement, c'est l'histoire d'une femme, une gitane, au longs cheveux sombres et à la peau couleur caramel, qui souhaite trouver l'amour. Elle demande à la lune de l'aider. La lune, elle veut avoir un enfant, alors elle dit à la femme qu'elle aura un époux si elle consent à lui donner son premier né. La femme accepte et rencontre enfin l'amour. Un enfant né de l'union, mais au lieu d'être brun à la peau mat comme ses parents, il est pâle et blanc comme la lune. Aussi, le mari de la gitane est en colère, persuadé que sa femme l'a trompé. Il la tue alors, et abandonne le bébé en haut d'une colline. On dit que quand le bébé pleure, la lune fait un berceau en clair de lune pour le calmer. Et quand le bébé sourit, elle devient ronde pour lui sourire à son tour.

Les elfes la contemplèrent, impassibles, jusqu'à ce que l'un d'entre eux qu'Alice ne connaissait pas déclare :

- C'est une belle chanson.

Alors, la jeune femme, quitta la scène et sans attendre, un elfe prit sa place pour entonner une magnifique complainte.

Elle rejoint ses amis, le cœur battant la chamade, à la limite du malaise. Après un discret coup d'oeil, elle se rendit compte que Legolas n'était plus dans les parages et elle en fut un peu déçue bien qu'elle refusa de se l'admettre. Dés qu'elle arriva près de Galoriand, elle en profita pour lui donner un petit coup de poing dans l'épaule.

- Ne refais plus jamais ça !

- Tu n'avais pas encore plus sinistre comme chanson ? Dit Galoriand en riant.

- Tu t'en es très bien sortie , Alice, lui annonça Lindorië en souriant.

- J'ai bien aimé, renchérit Anar, même si parfois on ne t'entendait pas bien.

- Mais par contre, je ne crois pas avoir reconnu ta langue...,ajouta Galoriand, songeur.

- Ce n'est pas ma langue. C'est de l'espagnol.

- C'est une langue commune dans ton pays ?

- Non pas dans le mien.

- Comment l'as-tu apprise ?

- A l'école.

- Comme notre langue ? Demanda Anar.

- Oui, voilà, simplifia Alice en souriant.

Son sourire se figea net, lorsqu'en jetant un regard derrière son groupe d'ami, elle vit distinctement au loin une silhouette connue.

Aristide.

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Je voudrais remercier du fond du cœur, vraiment, toutes les personnes qui m'ont mit des reviews et envoyé des mails, même si je n'ai pas répondu ayant délaissé la boîte mail associé à mon compte depuis pas mal de temps maintenant. Le mp de Maliedy m'a fait réagir et je me suis que certaines personnes aimeraient peut être bien connaître le fin mot de l'histoire … ^^

Je souhaite mener à bien cette histoire, mais je crois que je suis partie sur un truc ambitieux et ça m'a un peu découragé...Donc s'il y'a une volontaire pour faire beta reader ça m'aiderait bien je pense, car en relisant tout ça je me suis rendue compte de quelques fautes et incohérences, pas bien !