Ma première fanfiction. Ne soyez pas trop méchants !

_______________________________________________________________________________

Alice regarda sa montre. Il était 7h15. Il ne restait plus qu'une quinzaine de minutes avant la fin de sa garde, si tout se passait bien.

Somme toute, la nuit avait été calme à l'Hôpital Saint-Martin. Alice s'étira. Une journée comme ça était la bienvenue. Elle croulait sous la fatigue. Elle n'aspirait qu'à une chose, s'écrouler sur son lit et s'enfouir sous sa couette. Elle se remit à mettre de l'ordre dans la réserve de médicaments en fredonnant.

C'est alors que le Docteur Kaminski passa la tête dans la réserve et l'interpella.

- Alice ?

- Dr Kaminski ?

- Je crois savoir que vous avez travaillé deux ans au centre psychiatrique du Pavé Blanc ?

- C'est exact.

C'était une période de sa vie à laquelle Alice n'aimait pas repenser. C'était son premier poste d'infirmière, il y a 4 ans de cela. Elle avait 21 ans alors.

- Pourquoi ? demanda Alice

On m'a dit que vous avez acquis là-bas des compétences particulières…

- C'est-à-dire ?

Le docteur Kaminski eut l'air d'hésiter, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Alice ne voyait absolument pas à quoi il voulait en venir. Des compétences particulières ? Elle observa le docteur. Il avait l'air de tergiverser.

- Si je peux vous venir en aide pour quoi que ce soit, commença Alice, vous….

- Il semblerait que vous parleriez elfique ? coupa le docteur.

Ah. C'était de cette compétence particulière dont il parlait en particulier. Pour être honnête, Alice ne parlait pas vraiment l'elfique, mais elle avait quelques notions de la langue inventée par J.R.R. Tolkien. Ces notions, elle les avait acquises justement lors de son expérience professionnelle au centre psychiatrique du Pavé Blanc. Au cours de ces deux ans, elle avait croisé un patient parlant elfique couramment – aussi couramment que cela se puisse tout du moins – et refusant de communiquer avec le personnel soignant dans une autre langue.

Chargée de s'occuper de lui, Alice avait donc cherché du vocabulaire sur le net pour pouvoir lui parler. Cette initiative maladroite eu l'air d'avoir touché le vieux patient, habitué de l'hôpital, qui sembla déterminé à lui enseigner les bases du Sindarin, lors des promenades ou des soins.

- On va plutôt dire que je bredouille elfique, précisa Alice

- Ça sera un début… Il faut que je vous montre un patient.

Alice suivit le docteur à travers le dédale des couloirs de l'hôpital, jusqu'à une chambre. Là elle vit, étendu sur le lit, le plus bel homme qu'elle ait jamais vu de sa vie. Il était grand, un peu plus d'1m90 à vue de nez. Il avait de longs cheveux d'un blond très clair, et des yeux d'un bleu pur. Son visage était tout simplement parfait…

Son beau visage d'elfe… pensa Alice.

Puis elle se reprit. Les elfes n'existent pas, s'admonesta-t-elle.

D'ailleurs l'homme en question n'avait pas les fameuses oreilles pointues. Cela dit, Alice n'était pas conquise pas ce trait physique des elfes.

Alice remarqua alors que l'homme était attaché avec des sangles au lit.

- Pourquoi est-il attaché ?

- Il a frappé deux infirmiers. Il a fallu 8 personnes pour le maîtriser. On l'a mis sous tranquillisants, mais il est assez résistant… Il a été renversé par une voiture sur une nationale, il était sans conscience quand les secours nous l'ont amené. Les premiers examens ne nous rien montré de grave… Il a l'air indemne, ce qui est étonnant vu la violence du choc décrite par le conducteur. Il est ici lui aussi.

- Il a été blessé ?

- Rien de grave là non plus. Il a eu très peur par contre.

- C'est plutôt normal.

- En fait, il a surtout eu très peur parce que le monsieur ici présent a décoché une flèche sur sa voiture.

- Une flèche ?!

- Il avait apparemment un arc sur lui avant qu'on ne nous l'amène.

A ce stade, Alice était un peu confuse. Un arc ? Des flèches ? Elle posa son regard sur l'homme sur le lit. Il était vêtu d'une manière étrange. Une tunique et une espèce de pantalon près du corps, fait d'une matière inconnue à ses yeux.

L'étrange individu regardait obstinément par la fenêtre, refusant de poser ses yeux sur le Dr Kaminski ou Alice.

- Bonjour… tenta Alice

- Il n'a pas l'air de comprendre le français. Ni l'espagnol, ni l'arabe, ni le russe, ni l'anglais d'ailleurs. Il s'exprime dans un dialecte étrange

- Vous pensez que c'est de l'elfique ?

- C'est assez compliqué à expliquer. Ce n'est pas que je parle cette langue mais j'ai déjà eu un cas comme ceci. C'était lors de mon internat, il y'a bien des années. Un des docteurs présents sur place, grand admirateur de l'œuvre de Tolkien avait identifié son langage, et était parvenu à lui parler et le raisonner.

- Oh… Je vais faire ce que je peux.

Alice s'approcha du lit du patient, fouillant sa mémoire. Où était passé son vocabulaire ? Ses conjugaisons ? A dire vrai, elle n'avait pas eu l'occasion de pratiquer l'elfique depuis le départ de Monsieur Laurent, son patient, du centre du Pavé Blanc. Par où commencer alors ?

- Mellon. Ami.

L'inconnu tourna la tête et la regarda dans les yeux, surpris et méfiant. Hésitante, Alice recommença.

- Mellon.

A sa grande surprise, l'homme lui répondit. Il la regarda d'un air goguenard.

- Mellon ?

Sa voix était grave, posée. Calme, mais ferme. Pour montrer son doute quant au terme « ami » employé maladroitement par Alice, il jeta un regard insistant sur les sangles qui le retenaient au lit puis dévisagea la jeune infirmière, attendant manifestement une explication.

Alice réfléchit. Comment lui faire comprendre la situation avec son maigre vocabulaire ?

- Harn, fit-elle en le montrant du doigt. Blessé.

Puis elle désigna le docteur Kaminski.

- Nestra. Guérison.

L'homme n'eut pas l'air de comprendre. Elle n'était pas sûre de sa prononciation. Plus d'une fois, elle avait entendu pester Monsieur Laurent contre l'accent des acteurs de l'adaptation cinématographique du Seigneurs des Anneaux. Plus d'une fois elle s'était dit que c'était ridicule de critiquer la prononciation d'une langue imaginaire que l'on n'avait jamais entendu parler. A ce stade, elle commençait à regretter de ne pas avoir été plus attentive. Elle changea de sujet.

- Im Alice, dit elle en se mettant la main sur la poitrine, en mode Moi Tarzan, toi Jane. Je suis Alice.

- Im Galoriand. (je suis Galoriand)

- Mae Govannen, Galoriand.Bienvenue, Galoriand.

Et Alice sût que sa garde finirait plus tard que prévu.