Titre : Collision
Rating : M
Pairing : HP/DM
Disclaming : Univers et personnages à JKR. Je ne touche pas d'argent pour cette histoire.
Avertissement : Cette fic traite d'une relation homosexuelle.
Note : Prend en compte les 7 tomes sauf l'épilogue. Première fic. N'hésitez pas à me donner vos critiques (constructive s.v.p.), qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Bêta du chapitre : Hitomi
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Collision n.f. (lat. collisio). 1. Choc de deux corps en mouvement.
Véhicules qui entrent en collision. ◊ Phys. Interaction entre des
corps, entre des particules, qui modifie leurs mouvements. 2.
Rencontre violente entre deux groupes, deux individus opposés.
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Chapitre 1.
N'avez-vous jamais foncé dans quelqu'un à vous en faire mal, à un croisement de rue, dans un couloir d'école, de boulot ?
Ceux qui répondent que non ne s'en souviennent pas. Ceux qui affirment que oui ne s'en souviennent sûrement pas non plus... Moi je n'oublierais jamais.
Je me présente : Harry Potter, héros de son état, persécuté de la presse internationale ; le type qui se cognait aux autres à s'en faire mal au cœur.
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On est malheureux quand on est seul. Ceux qui le nient sont des cyniques.
Moi, je suis seul. Et je ne suis pas cynique.
On aurait pu croire que tuer le plus grand mage noir de tous les temps à dix-sept ans à peine serait pour moi la promesse d'une vie sans temps mort ni fausse note, une existence joyeusement menée sous la protection de quelques millions de fans et de reconnaissants.
Epié, jugé, traqué.
Je voulais juste qu'on me foute la paix !
Mais tout le monde s'en fichait de ça. J'ai été harcelé par la presse, par les "fans" ; les plus hardis s'introduisaient chez moi et prenaient des objets à exhiber en trophée. Dès lors que je pointais le bout du nez dehors, un photographe amateur m'attendait, près à obtenir le cliché à mille galions que tous les magazines s'arracheraient. La Gazette m'affichait à la une toutes les semaines, me vouant d'obscurs fétichismes suivant l'attitude que je présentais ou les gestes que je faisais et m'attribuant une nouvelle maîtresse dès lors qu'une jeune femme osait croiser mon regard, alors même que je fréquentais encore Ginny.
C'est durant cette période de médiatisation acharnée, au terme d'un an de vie commune, qu'elle et moi nous nous séparions : Ginny voulait avoir un enfant, qu'on se mari, et j'avais alors réalisé que je n'en avais aucune envie. Je l'aimais pour son caractère fort - je n'avais pas peur de la blessée, je n'avais pas à surveiller chacune de mes paroles ni à cacher mes angoisses et mes soucis derrière un masque souriant -, mais ça me donnait la sensation dérangeante qu'elle n'avait pas besoin de moi. Je me sentais inutile et encombrant avec mes cauchemars qui la réveillaient à trois heures du matin et ma culpabilité morne qui me rendait particulièrement asocial.
Et depuis, je suis seul. Tous mes amis de Poudlard sont en couple, ont refait leur vie, où sont juste perdus de vue. Mais je n'ai pas vraiment fait d'effort pour entretenir nos relations. Même Ron et Hermione, je ne les ai plus vu depuis près de deux mois.
J'ai abandonné mes études d'aurore peu de temps après ma rupture avec Ginny, lorsque le brassage médiatique s'était fait trop insupportable. Je me suis reposé sur l'héritage de Sirius et j'ai quitté mon appartement du Chemin de Travers pour m'installer dans le Londres moldu, dans un loft ignoré du grand public. Je ne sors plus qu'avec une casquette visée sur la tête - même le Londres moldu est envahi de sorcier ! -, et lorsque je commence à me sentir trop seul, je fait la tournée des bars moldus dans l'espoir de trouver une jeune femme assez compatissante pour bien vouloir de moi le temps d'une nuit.
Je n'espère plus de relation sérieuse : les onze années de ma vie durant lesquels on me traitait comme une monstruosité me laissent un goût amer dans la bouche, bien trop présent pour que je ne prenne le risque de m'attacher à une moldue sans avoir la certitude qu'elle ne me traitera pas en paria dès que je lui dirais qui je suis vraiment, et mon monde et mes semblable me sont inhospitaliers.
Alors il m'est complètement impossible d'entamer une relation suivie. Je n'ai pas envie d'une sorcière qui aimerait ma cicatrice et mon nom plutôt que moi, et les coups d'un soir ne parviennent plus à combler le trou béant qu'il semble y avoir dans ma vie. Alors je ne sors plus, je ne dors et ne mange presque plus. Ce n'est pas vraiment volontaire, mais voilà, je dépéris. Je me suis fais une raison, mon existence ne vaut plus grand chose. Je suis une légende, et quoi que l'on en dise, les légendes ne sont pas censé vivre.
Mais moi, je suis le "Survivant", hein ?
Quelle poisse.
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Je déambule parmi mes semblables, le regard fixé au sol, un bonnet noir cachant ma cicatrice, le cou rentré dans les épaules pour me préservé du froid de l'hiver. Il s'agit de ma sortie hebdomadaire : les courses. Sauf qu'aujourd'hui, je vais là où je ne suis pas allé depuis près de 6 mois : le chemin de travers. La raison en est peu glorieuse : mon stock de Whisky pur feu est à sec depuis un bon bout de temps, et son substitut moldu ne me satisfait plus dans mon stade de dépression avancé. Je viens faire le plein.
C'est Noël dans une semaine, et j'envisage sérieusement de commencer mes achats de cadeau. Tout le monde à l'air heureux et ça me donne envie de gerber. Il y a plus de monde que jamais ici malgré la neige et le froid. Les gosses s'agitent et les couples se serrent pour se réchauffer.
Et moi qui vais passer mon réveillon seul...
Bien sur, Ron et Hermione viendront certainement me voir en début de soirée, avant d'aller au Terrier. Moi je ne m'y suis plus rendu depuis ma rupture avec Ginny, pas que les invitations de Molly manquent, mais je crois que les gens me font peur ; ceux qui me connaissaient et qui ne me reconnaîtrons pas.
Alors je rassurerais mes amis comme je l'avais fait l'année précédente en leur affirmant d'un air enjoué, habillé pour sortir, que je partais faire la fête avec un de mes voisins et nos amis communs et j'irais, après leur départ, m'installer au comptoir du bar le plus proche et me soûler jusqu'à ne plus pouvoir tenir debout. Parce que je ne connais aucun de mes voisins.
Les décorations des Fêtes sont déjà en places et les magasins sont plus resplendissants que jamais. Je me dirige directement vers le commerce faisant coin entre l'allée des embruns et la rue principale du Chemin de Travers, et j'évite soigneusement la boutique Weasley irradiante de couleurs et de lumières. De peur de devoir justifier ma mine déplorable et, surtout, de faire face au visage d'un mort.
L'échoppe qui entretien mes soirées d'ivrogne, se trouve être une droguerie où se vend tous les produits de première nécessité : alcool, tabac, riz, papier-cul et, si l'on paraît suffisamment malheureux pour que le patron nous en propose, quelques potions illicites de base.
Un petit tintement accompagne mon entrée dans la boutique et je m'empresse de retirer mes gants humides de la neige qui tombe à l'extérieur. L'endroit n'est pas très bien chauffé et désespérément sombre et petit, mais malgré cela, suffisamment de personnes s'y pressent pour que mon arrivée passe inaperçue. Les produits sont entassés sur des caisse retournées sur le sol et des étagères contre les murs. Je me rends prestement vers les alcools et me saisi de deux bouteilles de whisky pur feu et d'une bièraubeurre - il me faut de quoi étancher la soif de mes deux visiteurs de Noël, et Hermione n'apprécie guère l'alcool.
Je me dirige vers le comptoir-caisse derrière lequel se trouve un vieil homme ressemblant de manière assez terrifiante à Rusard, que ce soit par son accoutrement miteux que par son air de chien de garde mal léché. Il est occuper à encaisser un client et je patiente derrière, mon regard basculant machinalement d'un objet à l'autre, d'un client à l'autre.
Et c'est là que je me fige, mon cœur s'emballant brutalement sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Bordel. Est-ce bien lui ?
- Monsieur !
Je sursaute et me retourne pour faire face au vieillard miteux qui me fixe d'un œil impatient. Je m'empresse de lui tendre mes bouteilles, marmonne des excuses, sors attivement une poignée de mornilles de ma poches, en donne à excès et me saisi de mon sac avant de m'enfuir - littéralement - de la boutique. Le froid me foudroie sur place pendant un bref instant, avant que je ne m'engage de nouveau dans la grande rue, marchant rapidement et sans but, trop bouleversé par la rencontre que j'ai bien failli faire il y a quelques instants.
Par Merlin ! C'était Malfoy ! Il était de dos, mais ces cheveux, cette posture... Je les connais trop bien, il n'y a aucun doute. Bon sang, pourquoi est-ce que j'ai paniqué comme ça ? J'ai les mains qui tremblent et je sais parfaitement que le froid n'y est pour rien. J'ai l'impression d'avoir rencontré mon passé et je dois reconnaître que, ces derniers temps, j'ai tout fait pour m'en séparer.
Malfoy est, sans doute, le plus grand symbole de mes années passées à Poudlard, dans la joie et l'insouciance.
Oh, bien sure, je n'étais pas l'adolescent le plus épanouie du monde, mais je croyais encore avoir un avenir, et cela suffisait. Je n'étais pas complètement insouciant non plus, mais lorsque j'étais face à Malfoy, ses répliques acerbes, sa voix traînante, ses gamineries, je me sentais normal. Je n'avais plus de mage noir taré à mes trousses, plus de morts à mes pieds, plus que Malfoy, sa voix et ses poings. Et j'adorais ça, je le détestais, et j'en avais besoin.
Lors de ma sixième année, je crois bien que j'ai failli devenir dingue à force de penser à lui. Il ne me provoquait pas, ne me regardait même plus. C'était comme si, avec cette constante qu'étaient nos petites interactions disparue, mon monde s'écroulait. Alors j'avais voulu savoir pourquoi, je le suivais, je l'espionnais, et j'avais trouvé. Et tout allait de travers, mais je m'accrochais à l'idée désespérée que Malefoy continuait de chercher à m'ennuyer, en obéissant aux ordres de Voldemort.
J'étais d'une naïveté.
En fait, cette année là, Malfoy a vu la fin de sa période "joyeuse et insouciante" à Poudlard.
L'implication de son père dans la guerre lui est tombée dessus ; il a découvert ce que pouvait être les responsabilités, et il n'avait plus de temps à perdre avec nos jeux de gamins. J'aurais rit si on me l'avait affirmé à l'époque, mais je l'admets aujourd'hui : Malfoy était devenu adulte avant moi, bien qu'on lui ait forcé la main. Et moi... Eh bien moi, je n'avais pas envie de devenir responsable, de prendre conscience du poids énorme qu'on m'avait foutu sur les épaules. Mais voilà, on ne m'a pas demandé mon avis. J'ai pu m'accrocher à cette idée une année, et puis je me suis pris la réalité en pleine gueule : je ne serais plus jamais le centre des réflexions de Draco Malefoy, l'ex-ennemi de mon ex-enfance.
Ce n'est pas lorsque Dumbledore est mort que mon adolescence à définitivement cessée. C'est lorsque Malfoy s'est enfuit de Poudlard.
Et je le revois aujourd'hui, au cours de ma petite vie d'adulte aussi banale puisse-t-elle l'être. Et j'ai eu la trouille. De quoi ? Je n'en ai aucune idée. Et je suis là, comme un con, à fuir face à mon passé, alors que je ne fais qu'essayer d'échapper à ma propre existence. C'est d'un ridicule.
Je me sens soudain très bête, les doigts transis de froid, courant presque parmi la foule, faisant tinter les bouteilles dans le sac en papier que je tiens contre moi. Alors je m'arrête.
Il faut que j'y retourne ! Je dois lui parler, je dois, non, je veux savoir ce qu'il devient ! Bon sang, un ennemi d'enfance, on n'en a qu'un seul dans sa vie !
Et la dessus, je fais volte face et je me mets à courir comme un dingue, priant tous les Dieux pour qu'il y soit encore, parfaitement conscient que ce désir violent de le revoir n'a rien à voir avec les excuses bancales que je me suis trouvé. Mais je ne cherche pas à en connaître les vrais raisons. Ça peut attendre encore un peu.
Et je cours, je bouscule tout le monde et je me désespère en réalisant que j'avais déjà presque atteint le Chaudron baveur, quand soudain...
- Arg !
Je cris sous le choque lorsque j'amortis ma chute de mes main. L'une d'elle est blessée par les éclats de mes bouteilles brisées au sol.
Je suis tombé sur la personne qui m'a percuté, semble-t-il, mais je bascule sur le côté sans prendre la peine de vérifier. Je me retrouve assis sur une fine couche de neige boueuse, à souffler sur ma main brûlée à vif par le whisky. Un bout de verre transperce la peau et je m'empresse de le retirer. Le sang suinte de la plaie alors que je redresse la tête pour m'excuser auprès de l'individu qui a, de toute évidence, amorti ma chute.
Et j'ai le souffle coupé.
Là, assis au sol aussi dignement que le permettent les circonstances, le but de ma course effréné se masse l'épaule sans me prêter attention, un air douloureux modelant ses traits fins. Et je reste planté là, par terre, le pantalon trempé par la neige, fixant la cause de la douleur qui me vrille la main, la bouche et les yeux grands ouverts.
Et il daigne enfin me regarder. Ces yeux s'écarquillent lentement et je sais qu'il me reconnaît sous mon bonnet de laine, malgré l'absence de lunettes. Je l'observe avec fascination et quelque chose que l'on pourrait identifier à de la peur ou de l'excitation - je ne sais pas vraiment. Nous nous faisons presque face, et le temps semble s'être arrêté : ni lui ni moi n'esquissons le moindre mouvement et je crois qu'il a cessé de respirer.
Oui, le temps s'est arrêté. Et si vous, vous voyez la foule se déplacer et les curieux s'en aller, moi je ne vois que Malfoy, et entre lui et moi, le temps s'est arrêter.
Mais ça n'aura duré que quelques secondes : mon torse se gonfle brusquement, en quête de l'air dont mes poumons sont privés et mon cœur s'engage dans une course folle. Et lui ne bouge toujours pas, et je ne sais vraiment pas quoi dire ; je n'arrive plus à penser clairement.
Il a l'air aussi perdu que moi.
Puis, il décide de la seule chose qu'il y ait à faire ; la seule chose que nous savons faire. Ses yeux gris s'assombrissent et sa mâchoire se serre : il va me frapper.
Je me crispe avant même que son poing ne parte, et c'est les yeux fermés et le visage de biais que je reçois le coup en pleine mâchoire.
Je suis violemment renvoyer au sol, et j'ai une soudaine et fulgurante conscience de mon corps courbaturé, de l'air glacé qui me brûle les poumons et du monde qui m'entoure. J'ai l'impression de renaître.
- Il faut toujours que tu me pourrisses la vie, pas vrai Potter ?
Je me redresse sur un coude et je le découvre me surplombant, un genou à terre et un poing serrer dans son autre main. Un rictus dédaigneux lui mange le visage, et il ne m'en faut pas plus pour qu'une sensation impérieuse de déjà vu me traverse, provoquant un phénomène que j'avais crus ne jamais retrouvé : le sang me monte à la tête et j'ai l'impression que mon esprit est anesthésié, comme si j'entrai en transe. Je ne sens plus la douleur ni même le poids de mon corps, je suis invincible. Et je frappe.
Je lui tombe dessus et je reçois déjà sa réplique en un coup violent dans le ventre. Nous roulons à terre et je cogne de toute mes forces, je griffe, je crache des insultes mais je ne sais pas lesquels. Je crois qu'il me frappe aussi, je l'entends grogner, et je le sens lourd au dessus de moi. Il n'y a plus rien d'autre que lui et l'air tiède que nous partageons. Je garde les yeux bien ouvert et je perçois un enchevêtrement de ciel gris, de fils blond et un visage rageur qui n'a d'yeux que pour moi.
Merlin, faites que ça ne s'arrête jamais.
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Review ?