Disclaimer : Ils sont à Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye de ne pas les abîmer, en tout cas, ils ne se sont encore jamais plaints.

Genre : frienship, romance.

Rating : T

Acteurs : Quatre, Trowa, Rachid.


Il n'y a pas que l'amour que ça peut tuer !


Voilà plusieurs nuits qu'il ne dort pas bien. Depuis trois heures, il se retourne dans son lit. Il soulève un rien la tête pour regarder ce qu'indique son réveil : trois heures trente. Il se couche sur le dos, il soupire avant d'allumer sa lampe de chevet. Puis il s'assied dans son lit.

Il tend la main vers la droite pour prendre son paquet de cigarette, il en sort une et l'allume. Il souffle par le nez la fumée qu'il a avalée. Ses yeux se portent sur la place vide dans son lit.

Qu'est-ce qu'il pourrait faire pour se racheter et le faire revenir à la maison ?

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Toute cette histoire avait commencé, il y a cinq ans.

En revenant d'une réunion de sa société, Quatre Raberba Winner est fort contrarié. Les directeurs des autres filières n'ont pas l'air d'écouter ses conseils, de prendre en considération ses idées.

Il rentre dans son salon privé pour s'affaler dans un fauteuil, un air bougon sur le visage. Trowa vient le retrouver rapidement, il a vu passer la limousine noire, alors qu'il s'occupait des parterres à l'intérieur de la propriété.

Barton avait décidé de s'occuper de cette façon trois ou quatre mois après avoir emménagé dans la demeure de son amant, il préférait avoir l'impression de faire sa part de travail pour entretenir le patrimoine de son compagnon, quoi qu'il sait qu'il est surtout entretenu pour tenir compagnie à l'héritier d'une des plus importantes fortunes de l'Univers.

-« Tu te rends compte, on ne me prend pas au sérieux, on fait « oui, oui » mais rien n'est fait selon mes désirs. » Attaque directement Quatre quand Trowa passe les portes de son salon.

-« Laisse-leur le temps de voir ta force. » Calme Barton en venant s'accroupir près du fauteuil de son amant.

-« Ce n'est pas parce que j'ai que dix-huit ans que je ne réfléchis pas. Heero avait confiance dans mon jugement pour vous conduire à la victoire. » Rappelle Winner sans arriver à se calmer, tellement il s'est senti humilié.

-« Parce qu'on t'avait vu à l'œuvre. » Ajoute Trowa.

D'un geste de la main, l'homme d'affaire le congédie, s'il ne comprend pas qu'il est blessé qu'il le laisse couver au moins sa colère, elle a souvent été bonne conseillère dans le temps.

Trowa accepte de partir parce que parfois il vaut mieux le laisser ruminer et qu'il n'est pas un punching ball non plus, qu'il accepte beaucoup de choses par amour pour son compagnon, mais qu'il ne veut pas devenir un torchon et ne plus se sentir un être humain respectable.

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Pourtant dès le lendemain, Winner revient de ses bureaux de meilleure humeur.

-« T'aurait-il mieux considéré ? » S'informe Trowa de ce revirement de situation, surtout pour la rapidité.

-« Oui avec un simple stratagème. Je suis passé au café et Rachid m'a acheté un paquet de cigarette. L'avoir à la main, tirer dessus de temps en temps m'a donné de la maturité. » Explique-t-il ravi en passant sa main dans ses cheveux.

Il est si fier de lui.

Trowa fronce les sourcils. Qu'est-ce qui a traversé l'esprit de son amant, qu'est-ce que c'est cette idée saugrenue ?

-« T'abîmer les poumons te rend plus mature ? On doit avoir une autre conception de la maturité. » Lâche septique Barton.

-« L'apparence fait beaucoup ! » Assure-t-il ne voulant certainement pas perdre sa bonne humeur.

-« Alors reste à l'apparence et fait semblant ! » Dit-il en sortant du salon privé.

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Seulement le temps passe et Trowa doit bien constater que son amant ne reste pas qu'à l'apparence pour se donner un genre. Si au début une simple pastille à la menthe pouvait masquer l'haleine de son homme. De plus en plus souvent Trowa doit prendre sur lui pour embrasser Quatre à la sortie du bureau et de ne pas lui dire d'aller se brosser les dents avant de le rejoindre.

Depuis un an que Winner a commencé à fumer pour se donner un genre, il n'avait jamais que fumé sur son lieu de travail, même si l'odeur le suivait jusqu'à son domicile. Barton ne pouvait que lui reprocher son haleine, les doigts jaunis malgré la manucure toutes les semaines, l'odeur sur ses vêtements jusqu'au moment où il passait sous la douche pour se mettre à l'aise.

La goutte d'eau qui fit déborder le vase de patience de Trowa, c'est quand son compagnon avait commencé à fumer le soir après le travail. Le savoir ruiner sa santé ne lui plaisait pas, voir les méfaits l'ennuyaient encore plus. Il devait souvent se contenir de lui répéter comme sur les paquets de tabac, « Fumer nuit gravement à la santé » chaque fois qu'il l'entendait tousser au matin.

Barton devait subir d'autres désagréments qui avaient déjà changé un peu leur relationnel, ce dernier évitait un maximum d'embrasser son amant sur la bouche, il avait remplacé cette marque de tendresse par des gestes pendant leurs ébats.

Un soir, ils étaient tous les deux dans le salon privé, Trowa à lire son roman et Quatre à terminer un rapport. Quand Winner allume une cigarette et ne supportant pas de se faire enfumer, Barton se lève afin de quitter la pièce.

-« Où vas-tu ? » S'informe-t-il en relevant la tête, le regard sévère, avant de secouer sa cendre dans le cendrier.

-« Je ne tiens pas à être enfumé ! » Dit simplement Trowa avant d'ajouter un rien révolté devant l'attitude de son amant. « Et puis je préserve ma santé ! »

-« Arrête avec ça ! » Gronde Winner.

-« Toutes les lois anti-tabacs crées avant AC ne l'ont pas été pour rien. Le cancer du poumon du fumeur passif tu connais ? Déjà que tu tousses de plus en plus le matin. » Rappelle l'ex-03 remonté de ne pas pouvoir le protéger contre lui-même comme dans le temps.

-« Trowa ! » S'indigne-t-il de se faire remettre encore une fois ce problème de santé devant les yeux.

-« Le fumeur est un drogué égoïste, il se détruit lui-même mais détruit également les autres ! » Conclût Barton en sortant du salon.

Winner n'écrase pas sa cigarette pour autant, il était respecté depuis qu'il fumait. Du moins, il en avait l'impression, ça lui donnait de l'assurance. De tout temps les gens ont fumé, ils n'en sont pas tous morts, ils n'ont pas tous eu le cancer. C'était les réflexions qui parcourraient son cerveau. Il était plus indigné par les remarques que pour sa santé.

Et puis il était chez lui ! De quel droit pouvait-il lui imposer quelque chose? De rage Quatre allume une seconde cigarette, cette fois-ci bien conscient de le faire.

La première, il l'avait allumée par réflexe, par habitude. Quatre travaillant rarement à son domicile. Puis il devait bien admettre que passer plusieurs heures sans fumer entraînait un manque chez lui. Qu'il était parfois impatient de partir à son bureau pour allumer sa première cigarette de la journée !

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De plus en plus Quatre commence à fumer à son domicile, faisant fuir Trowa qui ne veut pas être incommodé par l'odeur. Ce dernier lui a dit le fond de sa pensée, ce n'est pas pour le répéter à chaque occasion.

C'est comme ça qu'il en était arrivé à cette situation. Trowa avait longtemps hésité avant de mettre son ultimatum en place, parce qu'il aimait Quatre pour ce qu'il était, il n'y avait pas que la cigarette en cause dans cette histoire et Barton savait qu'en partant, ils se déchireraient sur d'autres faits.

Le coup de grâce vu donné un dimanche matin, un des rares jours où Quatre paressait au lit et profitait de la vie avec son amant.

La servante venait de leur servir le petit déjeuner au lit, ils l'avaient mangé en discutant. Enfin Trowa écoutant surtout son compagnon. La dernière goutte de son café bue. Quatre sort un paquet de cigarette de sa table de nuit.

-« Tu ne vas pas fumer dans notre chambre ! » S'indigne Barton.

-« Notre chambre, tu es chez moi ! » Râle Winner de se faire enlever un petit moment de bonheur de sa vie stressante.

-« C'est toi qui est venu me chercher et qui m'a dit que tu voulais que je profite de la vie. » Rappelle l'ex-03 en se redressant dans le lit puisque Quatre venait d'allumer sa cigarette avec de la provocation dans le regard.

-« De là à ne rien faire de tes journées. » Raille-t-il.

-« Tu voulais un gigolo, tu l'as eu. Et tu ne paies pas de jardinier. » Attaque Trowa en sortant du lit.

-« Rien ne t'empêche de travailler. » Rajoute Quatre pour enfoncer encore plus son amant.

-« Je travaille, je m'inquiète pour ta santé, tu tousses tous les matins. » Complète Barton en passant son peignoir.

-« Je croyais que tu voulais juste préserver la tienne. » Persifle Winner.

-« Il n'y a pas que ça, tu as changé. Tu n'es plus celui qui se battait pour le bien des autres. » Conclut-il en quittant la pièce.

Quatre tire nerveusement sur sa cigarette, mais pour qui se prenait-il ? Sans lui il serait toujours dans un cirque ridicule à amuser la galerie, à jouer à la cible vivante.

De son côté Trowa croyait bien être arrivé au seuil du tolérable, ce n'était pas parce que Quatre fumait qu'il s'éloignait mais parce qu'il n'aimait pas ce que son amant était devenu. Et la cigarette était aussi la preuve de cet état de fait et de son égoïsme.

Barton avait pris sa décision, il devait marquer un grand coup pour que l'homme qu'il aimait redevienne ce qu'il était. Dans le milieu de l'après-midi, Trowa rassemble ses affaires, il n'a pas beaucoup plus que ce qu'il avait sur lui à son arrivée, il n'était pas venu pour s'enrichir sur le dos de Winner. Les vêtements que son homme lui avait achetés resteraient ici.

-« Voilà, je m'en vais, je descends à l'hôtel Picolo. Tu n'as pas besoin de chercher un autre jardinier, j'assumerai mon poste. » Précise-t-il en rentrant dans le salon privé de son amant.

-« Si tu pars, tu perds ta place ! » Agresse Winner espérant qu'il change de décision en se retrouvant sans revenu.

-« Comme tu le souhaites ! »

Sans se retourner Barton quitte l'enceinte de la résidence Winner. Debout devant la fenêtre, Quatre allume une cigarette.

-« Tu reviendras en rampant, tu n'es rien sans moi. »

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Seulement le temps passe, il y a maintenant trois mois que Trowa est parti. Deux mois que Quatre ressent l'absence de son amant. Un mois qu'il dort de plus en plus mal la nuit. Une semaine que toutes les nuits, il se redresse pour fumer sa cigarette en réfléchissant.

Barton avait trouvé une place comme jardinier dans une société qui aménageait les jardins extérieurs des maisons de luxe et ceux de la ville également. Il avait quitté l'hôtel pour prendre un studio meublé. Il n'avait pas l'air trop malheureux, juste plus renfermé, mais il avait toujours été renfermé.

Winner de son côté, depuis un moment, nuit après nuit, cherchait ce qui pourrait faire revenir Trowa et puisse que tout était dû à la cigarette, il allait arrêter.

Plein de bonne volonté, il jette son paquet et se rend au studio de Trowa en revenant de son bureau.

-« Je voudrais que tu reviennes. J'ai besoin de toi ! » Admet-il.

-« Je t'aime toujours Quatre, j'espère que tu le sais ! » Répond-il parce que c'était ce qu'il attendait de son homme qu'il le considère mieux.

-« J'ai arrêté de fumer puisque ça t'incommode tellement. » Précise Quatre.

-« Ce n'est pas pour moi que tu dois le faire mais pour toi ! » Rappelle Trowa.

-« Je le fais aussi pour moi ! » Avoue Winner.

-« Bien alors je veux bien ! »

-« J'en verrai Rachid pour prendre tes affaires. » Dit-il en souriant.

-« Je préfère garder mon studio et mon travail. Nous étions peut-être trop fusionnel pour que ça marche. » Explique un peu mal à l'aise Barton, c'était maintenant que ça passait ou ça cassait.

Winner se décompose un petit peu en entendant ça.

-« Tu ne reviens pas à la maison. »

-« Si de temps en temps, comme rien ne t'empêche de passer la nuit ici, si tu as une réunion qui finit tard. »

Les traits de Quatre se détendent, il sourit à son amour retrouvé, avant d'oser s'avancer pour l'embrasser.

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Arrêter de fumer n'est pas une chose facile, même si Trowa ne l'avait jamais vécu, il en avait assez entendu parler pour le savoir.

Mais Quatre n'était pas n'importe qui non plus !

De voir son ange blond tenir le coup sans aide extérieur, alors qu'il fumait depuis plus de cinq ans, rendait Trowa fier de lui, comme de le voir gérer ses affaires.

Cette petite séparation les avait rendus plus proche, plus attachés à l'autre. Rentré à la maison, Winner ne parlait plus de son travail, sauf dans les grandes lignes. Ils avaient à nouveau des moments à deux qui avaient tellement manqués à Trowa.

Ce dernier n'avait plus l'impression de faire partie des meubles, d'appartenir à l'ex-04.

Quatre était à nouveau prévenant, toutes ces petites choses finissent par décider Trowa. Il donne le renom de son studio, il avait mis trois mois à prendre sa décision, il avait retrouvé son Quatre, l'adolescent qui l'avait ému et attiré.

Ce n'est pas qu'il ne voulait pas que son amant change, qu'il évolue. C'était la nature humaine de se transformer. Mais l'homme qu'il avait été un temps n'éveillait rien en lui et détruisait son amour à petit feu.

Même si ça faisait un moment que Trowa passait beaucoup plus de temps chez son amant que dans son studio, c'est avec bonheur qu'il reprend possession des lieux comme un habitant et non comme un invité privilégié.

Quand Quatre rentre tard, il est là à l'attendre. Il peut le masser pour le décontracter. Ils ont la certitude de pouvoir se voir chaque jour. Même si c'est souvent Trowa qui attend le plus.

Certains jours, ils descendent ensemble en ville pour souper en amoureux. Quatre semble moins tendu de le trouver dans son lit chaque matin, heureux que son amant ait pris l'initiative de garder son emploi qui lui donne l'impression de ne pas dépendre de lui pour tout !

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Pourtant un soir, Barton fronce du nez.

-« Tu as recommencé à fumer ? »

-« Bien sûr que non, j'ai un client qui a fumé dans mon bureau juste avant que je ne revienne. » Explique Winner.

-« Ça me rassure ! »

-« Ne t'inquiètes pas pour ma santé. » Sourit-il avant d'aller dans son dressing pour se mettre à l'aise.

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Un mois passe, Trowa travaille au pied de la tour Winner et compagnie. Comme il a fini son travail, il décide de faire une surprise à son amant.

Après avoir demandé à la secrétaire de ne pas prévenir son patron. Barton pousse doucement la porte du bureau pour le trouver, une cigarette à la main qu'il allait porter à sa bouche.

Ses yeux turquoises s'agrandissent de surprise alors que la porte se referme déjà sur son compagnon.

Winner rassemble ses papiers et se précipite pour rentrer à la maison. Trowa l'attend dans le salon privé, son paquetage déjà préparé, il n'a toujours pas plus d'effets personnels que la première fois.

-« Trowa tu ne vas pas me quitter à cause d'une cigarette. »

-« Ce n'est pas la cigarette en elle-même, c'est aussi tout ce que ça représente. » Admet Barton en ramassant son sac avant de se lever du fauteuil.

Winner met sa main sur l'avant-bras de l'ex-03.

-« Laisse-moi une seconde chance ! »

-« Je ne peux plus te faire confiance et sans confiance, il ne peut y avoir de couple. » Dit-il en repoussant la main de l'homme d'affaire.

Winner le regarde partir sans vraiment comprendre les dernières paroles de Trowa. Où était le mal ? Il détruisait sa santé, il en était conscient, mais il ne fumerait plus en sa présence.

Quatre ne comprenait pas que ce n'était pas parce qu'il avait recommencé à fumer que son amant partait, mais que Barton parlait du mensonge. Ce dernier aurait pu admettre que Quatre fume à nouveau s'il lui avait dit. C'est vrai qu'il aurait insisté pour qu'il arrête pour le préserver des maladies et des inconvénients liés à cette drogue. Ils auraient œuvrés ensemble.

Mais si Winner mentait pour une cigarette, il pouvait mentir pour beaucoup de choses. Et ça Trowa ne pouvait le concevoir, ni commencer à douter de tout ce qu'il ferait en dehors de son champ de vision.

FIN