Tadam, en avant pour le réel dernier chapitre ! Bon, normalement, vous devriez être "wouah, encore un chapitre alors qu'on y croyait plus, super !!", mais... non, apparemment xD. Tant pis. On avait pas le coeur à faire une fin triste de toute manière, ne sommes-nous pas adorables ? xD

Bon, j'arrête de nous vanter, et je vous laisse lire l'épilogue, qui en fait est aussi long qu'un chapitre normal (cherche l'erreur -__-).

Sur ce, bonne ultime lecture, et encore un immense, gigantissime, titanesquime merci à tous ceux qui nous ont soutenu jusque là. C'est vous qui nous avez aidé à arrivé jusqu'à la fin. MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!

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Epilogue

Espoir

--POV Edward--

Trois mois. Trois mois s'étaient écoulés depuis cet évènement. Le double, exactement, de ce que j'avais vécu avec lui. Je n'y croyais pas beaucoup. Tout semblait appartenir à un rêve, un souvenir irréel, un fantasme. J'avais la sensation de ne jamais avoir vécu tout ça, de ne jamais être devenu professeur d'Alchimie, de ne jamais être tombé amoureux. Plus j'avançais, plus je m'éloignais de ces images, moins j'y croyais. Le plaisir, la douleur, la joie que j'avais pu ressentir, je les avais oubliés, moi aussi, comme si mes souvenirs dépendaient des siens. Mais, lui, il n'en avait réellement plus. Lui, il ne ressentait rien. Ni manque, ni mélancolie, ni souffrance. Dans un sens, je l'enviais. M'être tant battu pour rien, pour finalement repartir à zéro, c'était beaucoup plus rageant que sa propre situation. Mais je m'étais promis de continuer d'avancer, quoiqu'il arrive, car d'autres personnes comptaient sur moi, ne me dénigraient pas, malgré mes erreurs.

- Prochaine station, Central ! lança mon frère avec enthousiasme, tandis que nous nous installions dans un compartiment vide du train.

- Fais chier ce Colonel de mes deux, marmonnai-je. Il sait que nous sommes occupés, en plus.

Irrité, je balançai ma lourde valise sur le siège d'à côté, puis croisai les bras sur mon torse en dépliant mes jambes devant moi. Une petite sieste me ferait du bien.

- Ce n'est qu'une petite mission, ça ne va pas nous occuper bien longtemps.

- C'est toujours du temps de perdu, insistai-je. Et puis j'en ai rien à faire de ses « devoirs d'Alchimiste d'Etat », la seule raison pour laquelle je suis dans l'armée, c'est pour pouvoir accéder aux informations qui pourraient nous aider à retrouver nos corps. Mustang le sait, ça, alors pourquoi il est toujours en train de nous harceler ?!

Al ne répondit rien, ayant deviné que, de toute manière, ça ne servait à rien de me tenir tête lorsque j'étais dans cet état. Je soupirai en posant mes yeux sur l'horizon qui défilait à toute allure. C'était étrange de se dire que, six mois plus tôt, nous étions dans la même situation. Mais, pour ma part, je n'étais plus le même. Six mois auparavant, même après tout ce que j'avais vécu, je n'étais qu'un idiot. J'avais la sensation d'avoir évolué de manière colossale, d'avoir connu les pires douleurs et les plus incroyables bonheurs en seulement trois mois. J'en sortais sans doute plus fort. Puisqu'après tout, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Si l'on avait superposé deux images, celle du train six mois auparavant et celle d'aujourd'hui, à première vue, rien n'avait changé. Al, égale à lui-même, attendait patiemment que nous arrivions à destination, tandis que moi, j'étais nonchalamment affalé sur mon siège, près à piquer un somme dans environ 30 secondes. Seulement, si on y regardait de plus près, il y avait un détail qui, pour moi, avait une importance titanesque : miroitant au reflet du soleil, le pendentif d'argent qu'Envy m'avait offert pour Noël pendait négligemment à mon cou, comme dernier objet matériel qui me raccrochait à mes souvenirs. Sans doute qu'un jour, je le jetterais. Un jour où tout ce que j'avais vécu n'aurait plus d'importance, un jour où le visage d'Envy n'hanterait plus mon esprit, un jour je serais apaisé, où je pourrais admettre que, finalement, notre histoire n'avait jamais eut grande importance, qu'il m'ait oublié ou non. Cependant, j'avais la sensation que ce jour n'était pas près d'arriver, et, peut-être en grand maso que j'étais, ce pendentif restait pour moi l'un des objets les plus précieux de mon existence.

- Ed ! Réveille-toi ! On est arrivé.

J'ouvris un œil, puis deux. Il faisait presque nuit, et dehors la pluie tombait à torrent, ne me laissant apercevoir de la population de Central qu'un amas de parapluies ambulants. Je soupirai. J'allais encore tomber malade. Pourquoi est-ce qu'il faisait un temps pareil en plein mois d'Avril ?!

J'attrapai ma valise d'un geste rapide et habitué, puis suivis mon frère dans les couloirs étroits du train. Arrivé sur le quai, à peine dix secondes s'étaient écoulées, et déjà j'avais la sensation d'avoir piqué une tête dans une piscine.

- Il aurait pas pu venir nous chercher, ce débile de Colonel !

- Regarde toi avant de traiter les autres de débiles, microbe.

Je soupirai au son de cette voix si désagréable à mes pauvres oreilles ultra-sensibles, fermai les yeux un instant, me retournai, et m'écriai avec tact et diplomatie :

- QUI EST SI PETIT QU'IL POURRAIT SE FAIRE BOUSCULER PAR UNE FOURMIE ?!?!

Sous son chapeau de militaire, Roy Mustang, mon supérieur, me toisait avec raillerie. Tandis qu'Alphonse essayait de faire passer mes hurlements soudains pour la répétition d'une pièce de théâtre auprès des passants effrayés, le Flame Alchemist m'expliqua, toujours aussi irréellement calme :

- Une voiture nous attend, Fullmetal. Ne suis-je pas un supérieur attentionné ?

Une grimace tordit mon visage trempé, et je sifflai en commençant à avancer vers le véhicule en question :

- Ne prenez pas vos rêves pour des réalités.

Il ricana et nous nous élançâmes vers le QG de Centrale en silence, protégés des trompes d'eau par l'habitacle étroit de la voiture.

- Edward ! Alphonse ! Ça fait longtemps ! lança le Lieutenant Hawkeye lorsque mon frère, mon supérieur et moi-même passions les portes de l'immense demeure.

- Ouais. Comment ça se fait que vous n'avez pas accompagné le Colonel, aujourd'hui ? m'enquis-je en essayant d'essorer un maximum mes vêtements gorgés d'eau.

Elle allait répondre le plus sérieusement du monde, mais le militaire en question s'en chargea à sa place :

- Ecoute, Fullmetal, il faut que tu comprennes qu'être sans arrêt suivit par la même femme nuit à ma réputation, et les autres demoiselles intéressées n'osent plus venir me voir. Je dois montrer à tout le monde que je suis aussi libre que l'air, que je n'ai aucune attache, c'est essentiel.

Alphonse et moi dévisageâmes mon supérieur, affligés, tandis que la belle blonde se massait le front, comme pour calmer une migraine lancinante, exaspérée par l'attitude de ce crétin. Je laissai tomber et m'avançai un peu plus dans le hall.

- Alors, c'est quoi cette mission ?

Aussi collant qu'un caniche, Mustang apparut aussitôt à ma gauche et passa son bras autour de mes épaules, l'autre ébouriffant familièrement mes cheveux.

- Il est tard, Edo. Je t'en parlerai demain, vous feriez mieux d'aller vous reposer. On vous a réservé les chambres du QG.

Je le dégageai un peu brusquement, et sifflai avec sarcasme :

- Encore une preuve de vos actions attentionnées ?

- T'as tout compris, riposta-t-il en souriant malicieusement.

Je grognai. Il était vraiment pénible. Mais dans le genre, j'avais envie de lui remettre les idées en place avec un joli crochet du droit. Mais bon, c'était mon supérieur, fallait pas abuser. Mauvais, j'ordonnai à Al de me suivre, et nous prîmes la route vers les chambres en questions, sous le regard moqueur de Mustang.

Les pièces étaient trop petites, les lits trop inconfortables, et la chaleur qui y régnait était trop étouffante. Trop de trop qui en faisaient trop, et qui me poussèrent à vouloir aller faire un tour dans les rues de Centrale à vingt-trois heures passées. Al m'arrêta en chemin, incrédule :

- Ed, il pleut à verse dehors, tu ne vas tout de même pas…

- J'ai besoin de me changer les idées, répondis-je doucement en enfonçant mes mains dans mes poches. Je ne me sens pas très bien. Je ne serais pas long.

- Tu veux que je t'accompagne ?

Je souris tendrement. Il était vraiment adorable. Cependant, j'avais besoin d'être seul. Encore.

- Non, non, ça va aller, merci.

Sa main, qui jusque là avait agrippé mon manteau, retomba le long de ses flancs d'acier, et je lui adressai un dernier signe de tête avant de disparaître à l'angle d'un couloir.

En effet, il la pluie battante ne s'était pas calmé, et à peine avais-je fait un pas dehors que plus aucune parcelle de mon corps n'était sèche. Mais, contrairement à tout à l'heure, je m'en fichais pas mal, et je suivis mes pas là où ils me portaient.

J'avais pris cette habitude, pendant ces trois mois sans lui. De la faiblesse peut-être, ou bien simple preuve de mon irréductible incapacité à l'oublier. Je n'en savais trop rien. Alphonse savait pourquoi je me comportais ainsi, savait que je refusais sans cesse sa compagnie dans ces moments, mais il ne protestait jamais. Il comprenait, il acceptait, il souffrait avec moi. Je n'arrivais même pas à savoir ce qui était mieux pour lui. S'il était tellement triste de me voir dans cet état, quelle situation était la meilleure, dans ce cas ? L'époque où je fréquentais Envy avait été désastreuse pour nous deux, mais maintenant que je lui étais revenu, maintenant que je ne vivais que pour lui, pourquoi n'était-il pas plus heureux ? Pourquoi ne faisait-il pas comme moi, pourquoi n'était-il pas égoïste ? Je méritais mon sort, lui méritait d'avoir ce qu'il désirait. Il m'avait, moi, sa seule famille, il m'avait tout entier, comme avant, pour toujours… Alors pourquoi ne se plaignait-il pas ? Pourquoi est-ce qu'il semblait compatir à ma douleur ?! Je ne comprenais pas… Enfin, de toute manière, qu'est-ce que ça pouvait changer ? Quoiqu'il advienne, Envy ne me reviendrait pas, celui que j'avais aimé s'était envolé avec la mémoire du nouvel homonculus, que je proteste, que je sois triste, égoïste ou non, rien ne changeait. A jamais.

- Tu vas encore tomber malade, espèce de débile.

Je m'arrêtai, stupéfait. Cette voix… Etait-ce une hallucination ? Etait-elle dans ma tête ? Sans doute. Envy ne pouvait apparaître que dans ma tête. Mon Dieu… je commençai vraiment à délirer, il fallait que je songe à me faire soigner…

- Eh, tu m'écoutes, abruti ?! aboya à nouveau la voix de l'homonculus, alors que j'avais recommencé à marcher.

Je cessai soudain de respirer, de bouger, et si mon cœur avait pu s'arrêter lui aussi, il l'aurait fait. Non. Ça n'était pas dans ma tête. Envy était dans mon dos. Du moins, c'est ce que je croyais. Est-ce que je devais me retourner ? C'était sans doute un rêve… Je devais m'être évanoui, quelque part. A force de rester sous la pluie en même temps… Mais sa présence me brûlait la nuque, comme s'il se tenait réellement près de moi, à quelques mètres, comme si j'allais le revoir, comme s'il s'adressait réellement à moi. Mais j'avais trop peur de réaliser que tout ça n'était qu'illusion. Si je bougeais, si je parlais, tout allait disparaître, et plus jamais sa présence allait de nouveau me griser les sens.

- 'Tain, t'es sourd ou tu le fais exprès ?!

Il y eut des bruits de pas suite à ces mots, et enfin une odeur familière acheva de rendre mon délire réel, lorsqu'une silhouette familière me dépassa. Devant mes yeux, Envy souriait, trempé jusqu'aux os lui aussi, sa peau d'albâtre luisant presque à la lumière des réverbères, ses longs cheveux bruns retombant jusqu'à ses hanches avec volupté, ses yeux d'améthyste brûlant de vie. J'hallucinais vraiment. C'était impensable qu'il paraisse aussi vrai…

- En…vy ?

J'avais pris le risque de parler, sans m'en rendre vraiment compte, et l'illusion persista. Elle bougeait, même, envoyait les mèches brunes valser derrière son épaule, et soupirai de mécontentement.

- 'Tain, ça n'a vraiment pas été simple de te retrouver. Je sais pas comment tu t'en sors pour être si introuvable, mais c'est profondément chiant. J'ai finis par aller voir l'autre boulet de Mustang, et j'lui ai ordonné de te faire venir pour une mission, parce que je commençais sérieusement à perdre patience. T'aurais pu chercher à me retrouver, toi aussi, au lieu de disparaître dans la nature comme ça, gros malin. T'imagine pas tous les kilomètres que je me suis tapé pour rien. T'es vraiment lourd.

Boudeur, il avait croisé les bras sur sa poitrine, et attendait visiblement une réponse. Mais j'étais incapable de lui en fournir une cohérente. Après tout c'était la première fois que j'avais des hallucinations. Comment est-on sensé réagir dans ces moments là ? Finalement, il posa son regard sur moi, ahurit et agacé de constater que je ne daignais pas répondre.

- Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? On dirait que t'as vu un revenant, fait pas cette tête, ce n'est que moi. Tu devrais être content, plutôt que de te la jouer statue de cire. En plus, t'as l'air vraiment trop con.

Malgré ses paroles aussi diplomates que d'habitude, je ne bougeai pas, planté là, immobile au milieu de la rue déserte et ruisselante d'eau de pluie. Au bout de quelques instants, l'hallucination ferma les yeux, l'air d'avoir réalisé quelque chose de profondément déplorable. Mes pensées furent confirmées lorsque l'incarnation irréelle d'Envy soupira :

- OK, je vois. Tu crois que c'est pas moi, c'est ça ? Tu crois rêver ? T'hallucines ? J'avais oublié à quel point t'étais sensible…

Il se massa le front, puis poussa un bref soupir résigné et s'approcha lentement de moi.

- Tu l'auras voulu. J'espère pour toi que personne nous observe par la fenêtre, ou ta réputation de grand Alchimiste d'Etat va en prendre un coup.

Là-dessus, sa main glissa derrière ma nuque avec brusquerie, et il plaqua ses lèvres contre les miennes. Ce fut comme un électro choc. Un déferlement de souvenirs douloureux, joyeux, agréables et tristes qui ressurgissaient en moi ; des souvenirs autrefois enfouis derrière un mur protecteur, aujourd'hui aussi présents que les battements assourdissant de mon cœur. Le corps d'Envy, serré contre moi, brûlait ma peau d'une sensation si forte qu'elle en était presque douloureuse, et ses lèvres scellées aux miennes obscurcissaient mes sens, comme si je plongeai soudainement dans un doux rêve aux toucher incroyablement vrai. Et pourtant… ce n'était pas un rêve. Je le sentais, maintenant qu'il était contre moi, maintenant que la réalité de ses baisers refaisait surface, maintenant que la moindre parcelle de mon corps pouvait sentir sa présence me brûler la peau. L'eau de pluie glissait sur moi aussi légèrement qu'un voile de soie, à mesure que tous mes sens reprenaient vie, que mon désir le plus cher depuis trois mois se réalisait, que l'être que j'aimais me revenait enfin.

- Alors… t'es convaincu, Fullmetal Nabot ? murmura-t-il en se reculant légèrement.

- Qu… Qui est-ce que tu traites de nabot, tronche de palmier ?! râlai-je, sans vraiment le contrôler.

Il éclata de rire et ses bras vinrent entourer ma nuque, me serrant contre lui dans une étreinte étouffante mais ô combien rassurante.

- J'te retrouve enfin… T'es vraiment un chieur, de bouger comme ça, j'espère que tu le sais…

C'est à cet instant précis que je remarquai, tout de même, l'étrangeté de la situation. Doucement, et à contrecœur, je le repoussai, puis demandai d'un air inquisiteur :

- Au… au fait, qu'est-ce que tu fous ici ?

Il haussa un sourcil, incrédule, l'air de me prendre pour le plus parfait des imbéciles.

- T'es con ou quoi ? J'viens de te dire que je t'ai cherché partout dans le pays, et que…

- J'ai compris ça, mais… tu… tu ne te souvenais plus de rien… tu m'avais oublié…

- Aaah…

Il sourit un peu, comme s'il réfléchissait à la manière dont il allait s'expliquer. Puis, il reprit calmement, comme s'il me racontait une simple anecdote :

- C'est vrai que je ne me souvenais plus de rien. En fait, pour moi, je naissais pour la première fois. C'est pour ça que tu m'as trouvé au milieu d'un bain de sang, dans ce bar ; j'étais incapable de contrôler mon instinct. Mais pourtant… j'ai eu beau me dire que tout allait bien, que je n'étais qu'un nouvel homonculus, il y avait quelque chose qui me tracassait, qui… qui me manquait. Mais moi, j'ignorai ce qui était arrivé dans mon ancienne vie ; et d'ailleurs, ce n'était même pas moi qui l'avais vécu. C'est comme ça que ça fonctionne normalement, chez les homonculus. Seulement, je n'avais pas changé de cœur. Il m'avait été arraché simplement, puis remit, je ne sais plus trop comment. Mes souvenirs y sont tous enfermés, mais le fait de les avoir arrachés à mon corps les ont profondément fissurés, donc j'étais tout d'abord incapable de me rendre compte de leur présence. Et puis un jour, alors que je venais naturellement de tuer une grand-mère dans la rue, son petit fils, probablement, débarque, et essaye de la venger. Je gagne la partie – il n'était vraiment pas doué, le pauvre – mais en se faisant minablement projeter contre un mur, il trouve le moyen de m'arracher ça (d'un mouvement du poignet, il sortit de son t-shirt le médaillon d'argent que je lui avais transmuté pour noël). Et là… ça a été comme… un manque. Plus grand encore que celui qui régnait en moi depuis tout ce temps. Comme si, sérieusement, on m'arrachait une partie de moi, comme si ma souffrance sans ce médaillon allait être… éternelle. J'me sentais con, tu penses, donc je l'ai repris, et je me suis barré. Du moins, j'ai été boire un verre. Et alors que je commençais sérieusement à avoir des troubles, du genre à me souvenir de sensations, de paroles, de gestes, y'a un type au comptoir qui commence à parler d'alchimie, puis d'académie, et enfin de toi, très célèbre Fullmetal Alchemist. C'est à ce moment là que la barrière entre mes souvenirs et ma conscience céda, et que tout ce que j'avais oublié me revint en mémoire. C'était… excessivement douloureux. Un nouveau corps d'homonculus n'est jamais sensé pouvoir se souvenir de ce qu'a vécu l'ancien ; j'étais comme… à la frontière entre le nouvel et l'ancien Envy. Bien entendu, le bar se souvient de ce petit moment d'égarement, m'enfin, ce ne sont que des détails. J'ai donc été interroger Lust, pour être sûr, et elle m'a confirmé ce que j'avais vu naître en moi. Je suis, donc, partit à ta recherche. Et toi, espèce de gros crétin, tu trouvais toujours le moyen de te déplacer constamment ! T'as la bougeotte, ma parole, comment ça se fait que t'es incapable de rester plus de trois jour au même endroit ?

Son récit, achevé sur ces brins de reproches, me laissa pantois quelques minutes. Je le fixai pendant un long moment, les seuls mouvements que j'étais encore capable d'effectuer étant de remplir inlassablement mes poumons d'air, ou de papillonner des paupières de temps à autre. Finalement, il se lassa à nouveau de mon silence ébahis, et pris possession de mes lèvres avec fougue. Je chancelai légèrement lorsqu'il me poussa contre un mur, tout mes sens émerveillés et pourtant profondément troublés par cet échange si inattendu. Ce fut cet étrange remord, ce pincement douloureux au cœur qui me poussa à éloigner un peu Envy, la respiration saccadée et l'esprit embrouillé.

- Envy… je…

- Quoi ? Tu n'es pas content de me revoir ? demanda-t-il, un tantinet agressif et menaçant – le Envy que j'avais dompté s'était rebellé après cette séparation, de toute évidence.

- Bien sûr que si, imbécile. Jamais je ne pourrais être plus heureux que maintenant. Mais…

- Mais quoi ?

Je marquai un temps d'arrêt, dans le but de réfléchir un minimum à la manière dont j'allais m'y prendre pour lui expliquer le fond de ma pensée. Au final, je relevai la tête et plongeai mes iris dans les siens, scintillants de vie, brûlant de cet éclat qui avait disparu la dernière fois que je l'avais vu.

- Qu'est-ce qui va se passer, maintenant ? Qu'est-ce qu'on va faire ? J'ai promis à mon frère de rester à ses côtés. Je… je ne l'abandonnerais pas… Et puis, tu as l'Académie, tu dois y retourner, je…

- Je ne retournerai pas là-bas, me coupa-t-il froidement.

- Hein ?

Il poussa un long soupir et s'éloigna d'une démarche féline. Il fit quelques pas, déambulant devant moi comme un chat jouant de ses charmes, puis me fit face, une main nonchalamment logée derrière sa nuque. Là-dessus, il reprit, évasif :

- Il est bien évident que je ne peux pas faire d'alchimie. Je ne sais pas trop pour quelle raison, mais seul cet abrutit de Wrath en est capable.

- Mais…

- De plus, ajouta-t-il plus fortement, tu n'es désormais plus professeur, et tu ne le seras plus d'ici un moment. Qu'est-ce que tu veux que j'aille foutre dans une école ennuyeuse, maintenant que j'y ai vécu avec toi ?

Je déglutis, toussai, rougis. C'était sans doute la première fois qu'Envy m'avouait indirectement ses sentiments. Je ne savais même pas comment y répondre. Il le remarqua, d'ailleurs.

- Qu'est-ce que t'as à être silencieux ?! aboya-t-il. Tu devrais me remercier, me sauter dans les bras, me promettre de ne jamais me quitter, j'sais pas moi !

- Envy, je…

- Alors, qu'est-ce que t'en dit ? reprit-il à nouveau, me faisant presque sursauter.

- De… de quoi ?

- Si je m'incruste entre ton frère et toi. Après tout, vous êtes les seuls au courant de mon existence, je me nourris de pierre rouge, et je suis donc assez calé en matière de Pierre Philosophale.

Il virevolta vers moi, aussi rapide que le vent, et mon dos cogna de nouveau contre le mur, tandis que sa main s'était impétueusement glissée sous mon t-shirt. Je tressaillis sous ses doigts, puis il murmura dans mon cou :

- Je ne te laisserai pas m'échapper une fois de plus, Fullmetal Nabot.

Le choc des retrouvailles me cogna de nouveau, à mesure que des images aguicheuses de mon avenir passé en compagnie d'Envy me hantaient. Il resterait toujours avec moi. Je passerai mes journées entre mon frère et lui, entre les deux êtres les plus chers à mon cœur. C'était tellement… plaisant. Tellement tentant. Mais avais-je le droit ? J'étais un chienchien de l'armée, il était un homonculus. Nous étions incompatibles, depuis le début. Il était mon ennemi naturel, et si un militaire découvrait qui il était, plus jamais il ne me serait possible d'accéder à mon rêve, de libérer Alphonse de sa malédiction d'acier. Je n'avais pas le droit de lui infliger de nouvelles souffrances à cause de mon égoïsme. Les trois mois que j'avais passés loin d'Envy m'avaient au moins servit à mûrir, à prendre conscience de l'importance de chaque chose, de mes promesses, de mes responsabilités. Même si l'homonculus n'avait pas changé, moi, je n'étais plus le même. Je devais réfléchir, et agir en conséquence. De ce fait, aussi douloureux fut ce choix, rien ne me permettait d'accéder à la requête d'Envy. C'était fuir, une fois de plus, dans un bonheur éphémère qui détruisait mon entourage. J'étais seul, je devais le rester. Pour Alphonse, pour notre avenir, pour ma promesse.

Suite à ces résolutions déchirantes, je pris une grande inspiration et posai ma main de fer sur le torse à moitié découvert de mon amant, puis le repoussai doucement. Il se laissa faire, un peu surprit néanmoins de mon manque d'enthousiasme, ou même de réaction. Curieux, il attendit que je m'explique, silencieusement.

- Ecoute Envy… Je… je ne peux pas te laisser venir, je… je suis désolé.

Il se figea, stupéfait. De toute évidence, il n'avait pas anticipé mon refus. Son visage se tordit en une grimace de fureur qui ne m'effrayait même plus, puis il explosa à pleins poumons :

- J'peux savoir pourquoi ?!

Je commençai à lui expliquer calmement le parcourt qu'avait effectué mon esprit quelques instants plus tôt, mais il me coupa rapidement :

- Qu'est-ce que t'as, à la fin ?! Lust m'a dit que t'étais près à te tuer en apprenant ma mort, et tu n'as plus donné aucune nouvelle à quiconque lorsque je t'ai oublié ! C'était quoi, une comédie ?! Un simple pari lancé avec toi-même, histoire de montrer à tout le monde que tu n'es, finalement, pas un surhomme génial en alchimie ?! C'était par fierté que tu t'es montré si déplorable ?! Je ne comprends p…

- Bien sûr que non ! m'écriai-je.

- Alors explique-moi pourquoi tu ne veux plus me voir !

- J'essaye de le faire, mais tu ne m'écoutes pas !

- Si c'est à propos de ton frère, je ne veux pas le savoir ! J'y ai beaucoup réfléchis, et j'ai réussis, pour toi, à accepter le fait qu'il soit là, qu'il passe avant toute chose, que tu t'occupes de ce que tu lui as promis plutôt que de moi ! Pour toi, je suis passé outre ma putain de jalousie, simplement pour être à tes côtés, où que tu sois ! Merde, Edward, qu'est-ce que tu veux de plus ?!

Je serrai les dents désormais, noyé sous un flot d'émotions surpuissant. Je n'avais jamais vu Envy si sincère. Tellement furieux, mais aussi tellement honnête. Après trois mois de séparation, il exprimait avec clarté et sans une once de honte ce qu'il ressentait, il m'avouait enfin ce qui semblait le ronger depuis des mois. Pour la première fois depuis tout ce temps, Envy me montrait la plus belle partie de lui : son incroyable humanité. Il n'était plus un monstre mangeur de vie humaine, il n'était plus un tueur, il n'était plus un être fabriqué artificiellement ; il était humain, comme moi, comme n'importe qui sur cette Terre. Dans ses yeux brûlait le désir de vivre, brûlait ce sentiment, ce besoin, égal au mien, que nous avions d'être ensembles. Face à moi, son corps de porcelaine recouvert de pluie étincelait, ses poings fermés par la rage achevaient la ligne parfaite de ses bras, son cou portant son visage tordu d'une souffrance indignée. Je baissai la tête pour mieux respirer, puis m'écriai avec puissance, pour expulser plus facilement ma propre douleur :

- Je ne désir rien d'autre, Envy ! Mais les risques sont trop grands !

- Quels risques, Fullmetal ? s'enquit soudain une voix familière, avant que celle de mon amant explose à son tour.

Je relevai vivement la tête et trouvai Mustang, entouré d'Alphonse et Riza, qui nous observaient avec calme. Les deux militaires étaient au courant pour la présence d'Envy, mais j'étais surpris de constater l'impassibilité d'Alphonse, qui lui était sensé ignorer la présence de l'homonculus à Central. Avant que j'aie eu le temps de bégayer quelconque mensonge, mon supérieur reprit, un sourire satisfait trônant sur son visage assombrit par son couvre-chef :

- Nous savons qui est Envy. Il nous l'a dit, lorsqu'il est venu nous voir pour te demander que tu viennes. Il était furieux, et Riza a dû lui tirer dans l'épaule quant il a voulu m'arracher la tête, parce que je le provoquais un peu. Mais il a guérit instantanément, nous avons été obligé de le faire parler. Mais il semblerait qu'il soit… fréquentable. Alphonse nous l'a confirmé, par téléphone.

Je déviai brusquement le visage vers Alphonse qui ne bougeait toujours pas, inerte, semblant presque vide sous cette pluie torrentielle. Le Flame Alchimist reprit ensuite, assez ravis de l'effet que me faisait son petit discours :

- Il semblerait qu'il ne soit pas le seul, mais il refuse de nous dire qui sont ses compatriotes. Tout ce qu'il veut, c'est t'aider. Alors de quoi as-tu peur, Edo ? Tu es le Fullmetal Alchemist, tu voyages avec qui tu veux, qu'ils soient humains ou non. Cela ne concerne l'armée que s'ils y ont quelque chose à voir.

- Mais…

- De plus, me coupa-t-il en se redressant un peu, et prenant la pause du supérieur qui se préparait à être pénible, ne nous mêles pas à tes affaires de cœur, ça me donne envie de vomir. Surtout quand on voit vers quoi elles sont portées.

Il adressa un regard de profond dégoût à l'homonculus qui ne cilla pas (décidément, son impulsivité était complètement illogique, parfois), puis s'éloigna en compagnie du Lieutenant d'un pas tranquille. Al ne bougea pas, et je compris au bout de quelques secondes que Mustang et Riza s'étaient mit d'accord pour l'attendre au chaud dans la voiture, nous observant tels deux commères de quatre-vingt balais. Un instant s'écoula sans qu'aucun de nous trois daigne prendre la parole, puis je me décidai à prendre les devants histoire de clarifier cette histoire déroutante :

- Alors, Al… T'en penses quoi ?

Enfin, je le vis se mouvoir, et il se passa une main derrière la nuque, comme s'il essayait de se gratter nerveusement la plante des cheveux. Il agita un peu les bras, comme pour dessiner ses pensées, puis pris la parole avec hésitation :

- S'il est capable de nous aider dans notre recherche, ce n'est qu'une chance de plus. S'il promet de ne trucider personne, et… et ne plus jamais te faire de mal, alors… je m'en fiche.

Je serrai les dents et me maitrisai du mieux possible pour ne pas m'élancer dans les bras de mon frère. Ce dernier eut un petit rire plus ou moins amusé, et ajouta en commençant déjà à s'éloigner :

- Maintenant, c'est à toi de voir, Ed. Réfléchis bien, mais saches que je te suivrais, quoi que tu fasses.

Sur ces mots, il disparut lui aussi dans les ténèbres de la rue déserte, et peu après le moteur de la voiture gronda, et elle s'éloigna à son tour. Désormais seul face à Envy, je m'enquis :

- Et que comptes-tu faire, au sujet… des autres homonculus ? Ils ne doivent pas apprécier ta décision.

- Lust me soutient, et… et ils m'ont fait promettre de toujours être là lorsqu'ils auraient besoin de moi. Il est probable que je disparaisse de temps à autres, donc. Mais à part ça, Père… (il hésita un instant sur le terme) supporte, notre relation. Je ne sais pas trop qui l'a convaincu, mais… c'est comme ça. Si tu n'amène pas l'armée dans nos affaires, ça va.

Je ne savais pas réellement si je devais le croire ou non, mais l'espoir d'être avec lui s'en trouvant décuplé m'évita toute question superflues. Tandis qu'il s'approchait de moi, je demandai à nouveau :

- Et… et à propos de… de cet Alchimiste, que tu as tué…Philibert Green… l'armée doit avoir compris que…

Il posa un doigt sur mes lèvres pour m'intimer au silence, puis répondit chaleureusement, avec un brin de malice :

- Il faut bien garder une part du mystère. Il y a des choses à ne jamais dévoiler, si nous voulons rester ensemble.

J'hochai la tête en silence, et ses lèvres vinrent frôler les miennes, tandis que sa main glissait à nouveau sur ma peau.

- Alors, t'as fini de faire ton rabat-joie ? murmura-t-il dans le creux de mon oreille.

Je déglutis et frissonnai doucement. Finalement, mes mains allèrent d'elles-mêmes caresser sa chaire nue, et j'acquiesçai d'un simple mouvement de tête. Il m'accorda un large sourire avant de sceller ses lèvres au miennes, dans un baiser passionné, sulfureux, emplit de bonheur et d'espoir. L'espoir de vivre heureux malgré notre différence, l'espoir de retrouver ce qui me manquait, l'espoir de ne plus jamais le perdre, d'être avec lui, pour toujours et à jamais.

By Yumi

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Petite fin guimauve pour vous faire plaisir. C'est pas simple à écrire, mais toujours sympa à lire, je pense. Là dessus, je fais une dernière petite pub : nous n'avons en effet, Izu et moi, pas l'intention de nous arrêter là. La prochaine fic est en cours, elle s'appellera "Pretty Princess" (copyright sur le nom xD), donc si vous en avez l'envie, la motivation ou la curiosité, nous serions ravies de savoir que vous nous suiverez aussi là-dedans !

Encore un immense merci pour votre soutient, j'vous aime fort !!!! (Yumi).

Sans votre soutien nous n'aurions jamais put arriver à bout de cette fic, merci pour vos impressions, vos critiques, vos compliments merci merci merci =D ! (Izumy)