Hellooooo ~ merci pour vos reviews du dernier chapitre !
Pour cette fin alternative que voici, j'ai reçu des reviews pour dire qu'il ne fallait pas que je la poste, et des reviews pour dire qu'il fallait absolument que je la poste. J'ai donc procédé de façon très simple, j'ai compté les "pour" et les "contre", et il y avait plus de "pour" que de "contre", donc... désolé pour ceux qui ne voulaient pas la lire, de toute façon, ce n'est pas comme si je vous obligeais à le faire. ^^
Bon. J'ai dit qu'ils ne mourraient pas, certes, mais c'est pas forcément pour ça que c'est une fin heureuse. Comme j'aime pas le principe du "la fic les condamne d'un bout à l'autre, mais ils survivent, youhou!", j'allais pas mettre des fleurs bleues et des coeurs partout non plus. (Ca aurait été encore plus glauque que tout le reste ^^')
'Nyway, j'espère que cette deuxième fin vous plaira tout de même ! N'hésitez pas à me dire laquelle vous avez préféré !
(Bon, ça se répète un peu au début, fatalement... j'ai essayé de changer le plus tôt possible.)
.oOo.
Lorsque son portable sonna, il se trouvait dans une avenue animée, et observait tout en marchant les gens, leurs expressions. Leurs joies, leurs tristesses. La façon dont les adolescentes hystériques gloussaient au téléphone et répétaient à leurs amies maquillées comme des voitures volées que le gars qu'elles aimaient avait accepté un rendez-vous. La façon dont les salary-men saouls essayaient de ne pas tomber. La façon dont les mères de famille marchaient dans la rue, avec à la main un sac plastique du combini le plus proche. La façon dont les adolescents traînaient sans but, avec des skates et des styles vestimentaires ahurissants. Il y avait même eu certaines personnes pour le reconnaître et lui adresse un sourire rapide, sans savoir que cette nuit n'avait rien d'habituel pour lui, et que selon toute probabilité, le dénouement du drame, qu'il attendait depuis si longtemps, aurait lieu dans peu de temps.
Très peu de temps. Il appuya sur la touche "décrocher".
- Allô, dit-il faiblement.
- C'est Kurogane.
La voix qui résonna à ses oreilles fit battre son cœur d'une façon dont il se serait bien passé. Une main sur son portable, l'autre pressée contre sa poitrine, il songea que le moment était enfin venu. Le moment de vérité.
- Oui.
- Je veux qu'on se parle. Rendez-vous dans la cour de mon lycée, le plus vite possible.
- ... Très bien.
Par chance, le lycée n'était pas très éloigné de l'endroit où il se trouvait, et en prenant le métro, il y serait dans dix minutes. A l'autre bout du fil, Kurogane avait déjà raccroché.
Le lycée. C'était un lieu parfait pour cette fin, un lieu plein de souvenirs. Régler ses comptes au poste de police aurait été impossible, ainsi que dans son propre bureau ; il ne tenait pas à aller chez Kurogane et celui-ci ne souhaitait certainement pas venir chez lui, dans un appartement où des photos de lui et de ses proches étaient accrochées au mur, dont la plus grande de toutes, la sienne, avait une marque de couteau sur la gorge, qu'il avait faite un jour où il avait eu une brusque crise de rage.
Lorsqu'il arriva dans la cour du lycée, Kurogane l'y attendait déjà. Il leva la tête dès qu'il entendit ses pas résonner, et lorsque leurs regards se croisèrent, Fai eut l'impression fugitive qu'il ne serait pas capable de faire un pas de plus. Il aurait préféré s'enfuir, agir de la façon la plus lâche possible, tout, plutôt que de contempler ce regard trahi et blessé.
- Fai...
Sa voix n'était qu'un murmure, mais elle transperça le cœur de Fai plus sûrement qu'une lame affûtée. Toutefois, il prit garde de n'en rien laisser paraître et s'avança vers Kurogane.
- Bonsoir.
Il avait presque réussi à conserver son ton froid habituel – seul un observateur averti aurait pu remarquer que sa voix tremblait, mais Kurogane, dans l'état où il était, n'aurait pas pu s'en rendre compte. C'était tant mieux, d'ailleurs, parce que tout se terminerait plus vite si Kurogane voyait en lui le monstre qu'il était, et non pas l'homme qu'il aimait.
Fai baissa les yeux : son ancien amant tenait à la main une petite arme, qu'il avait sans doute dû "emprunter" aux services de police. Kurogane sembla suivre son regard, car il jeta un rapide coup d'œil vers sa main, puis il leva le bras, et pointa l'arme sur Fai.
- Je vais tirer, murmura-t-il si bas que Fai l'entendit à peine.
- Je sais.
- Je vais tirer, Fai, répéta-t-il, plus fort.
- Je le sais.
Mais il ne faisait rien pour l'en empêcher, et Kurogane le regarda d'un air incrédule.
- Tu es censé éviter la balle, si tu veux pouvoir me tuer après !
A cette simple évocation, Fai sentit son cœur se compresser. Evidemment, ça avait longtemps été son objectif, Kurogane le savait bien. Ce qu'il ignorait, c'était à quel point tout avait changé.
- Je ne veux pas te tuer.
L'arme tremblait si fort dans la main de Kurogane qu'il aurait été incapable d'atteindre Fai en tirant à un mètre.
- Pourquoi ? murmura-t-il. Tu as tué ma famille... Mes amis... Tu voulais te venger, non ? Tu voulais me tuer !
- Oui, je voulais...
Il sentit quelque chose d'humide rouler sur ses joues et se rendit compte que c'était des larmes, et qu'il ne savait pas quand elles avaient commencé à couler.
- C'était ce que je voulais faire, avant... Mais maintenant... je n'en serais plus capable...
- Pourquoi ?
Le bras se baissa lentement, l'arme avec lui, et Kurogane regardait Fai d'un air désespéré.
- Tu ne veux plus me tuer, Fai ? Même après avoir tué mes amis ? Tu te dis que tu veux m'infliger le pire, et que le pire, c'est plutôt de survivre à la mort de mes proches que ma propre mort ?Tu irais même jusqu'à te sacrifier pour que je puisse souffrir jusqu'à la fin de ma vie, ayant perdu tous ceux qui me sont chers ?
Contrairement à Fai, il ne pleurait pas, mais ses yeux brûlaient d'un feu terrible, sans doute alimenté par son désespoir.
- Ce n'est pas ça, murmura Fai avec l'impression qu'une pelote d'épingle s'était logée dans sa gorge. C'est juste que je... n'en aurais pas le courage.
Il y eut un long silence, chargé de tension, et Kurogane reprit, d'une voix à peine perceptible :
- Fai... tu m'aimes ?
- Non, mentit le blond d'un ton très peu convainquant.
- Si, tu m'aimes ! s'exclama Kurogane. Tu m'aimes...
Ses yeux étaient fixés sur Fai, comme s'il espérait une réponse positive, et pourtant, la colère et la douleur de la trahison étaient toujours inscrites en gros sur ses traits.
- Eh bien, oui, admit Fai. Mais ça ne changera rien, Kurogane... Tu as tué mon frère, et moi, j'ai tué tes proches, et ce n'est pas en t'aimant plus fort que j'arriverai à changer le passé. Il n'y a pas d'avenir pour nous, tu sais bien...
Kurogane ne répondit pas, et Fai savait qu'il ne pouvait pas répliquer. Il avait dit la vérité ; même dans ses rêves les plus fous, il ne voyait pas comment ils pourraient continuer à vivre sous le même ciel après tout le mal qu'ils s'étaient fait. Lui, en tout cas, il n'y comptait pas. L'amour n'avait été qu'une erreur dans son plan, rien d'autre... Il ne comptait pas.
Du moins, Fai aurait aimé que ce soit le cas.
- Mais tu es tombé amoureux de moi, non ? dit Kurogane d'un ton brusque. Tu me haïssais pour avoir tué ton frère, et tu es tout de même tombé amoureux de moi...
- Oui, admit Fai sans savoir où il voulait en venir.
- Alors moi... je pourrais...
Il y eut un long silence, pendant lequel Fai garda les yeux fixés sur Kurogane, incrédule. Il devinait l'idée insensée qui se formait sous les mots, et il lança d'une voix troublée :
- Kurogane... j'ai tué ta famille ! J'ai manipulé tes proches ! Ne me dis pas que ça a si peu d'importance pour toi que tu serais prêt à me pardonner...?
Il y eut un long silence, pesant comme jamais, tandis que leurs regards s'affrontaient, remplis de désespoir et de tristesse, et en cet instant, il était impossible pour Fai d'imaginer ne serait-ce qu'un seul instant que Kurogane puisse dire vrai, et qu'ils aient une alternative d'avenir qui ne les emmènerait pas tous les deux – et surtout lui – en enfer.
- Tu comprends rien ! cria soudain Kurogane. Bien sûr que je tenais à eux ! Evidemment que je t'en veux ! Comment je pourrais ne pas t'en vouloir ? Mais...
Sa voix se brisa, et il balbutia :
- Si je te tue... Je ferais ce que veut Wakarai Shiyu, et je n'ai pas envie de lui donner satisfaction une fois de plus...
- Mais... tu sais très bien que c'est moi... Wak...
- NON ! cria Kurogane d'une voix si forte que Fai sursauta. C'est faux, je le sais.
Ça faisait un bout de temps que Fai avait arrêté de se soucier de masquer ses émotions, et la stupéfaction et l'inquiétude s'inscrivaient clairement sur ses traits défaits. Kurogane avait-il perdu l'esprit ? Peut-être qu'il était devenu fou après avoir vu tous ses êtres chers lui être enlevés... Et dans sa folie, il aurait dissocié Fai et Wakarai Shiyu... Le blond fut incapable de trouver ses mots pendant un instant, que Kurogane mit à profit pour reprendre la parole :
- Tu n'es pas Wakarai Shiyu... parce que Wakarai Shiyu me hait. Mais toi, Fai... tu ne me hais pas... tu ne me hais plus, n'est-ce pas ?
Avec l'impression que des lames de rasoir lui lacéraient leur cœur dans sa poitrine, Fai ne put s'empêcher de se dire qu'il avait raison. Ça faisait bien longtemps qu'il ne le haïssait plus. Depuis qu'il avait commencé à le connaître, en fait, depuis qu'il s'était rendu compte qu'il n'était plus l'adolescent délinquant contre lequel était dirigée sa soif aveugle de revanche. Mais il avait continué à faire semblant de le croire, parce qu'il ne voulait pas être un traître à la mémoire d'Ashura, son frère bien-aimé...
- N'est-ce pas ? insista Kurogane, avec la même expression que lorsqu'il l'avait poussé à admettre qu'il l'aimait.
- Je suis Wakarai Shiyu, répondit Fai d'une voix tremblante, les contours de ses iris bleus rendus flous par les larmes. Tu ne peux pas faire comme si je ne t'avais rien fait...
- Je sais que tu le regrettes... Sinon tu ne serais pas en train de pleurer, Fai...
- Mais.... tu ne peux pas me pardonner ! s'exclama-t-il avec colère. Je t'ai fait trop de mal, ça serait insensé...
Les larmes coulaient à présent librement sur ses joues, et il fixait l'arme que Kurogane avait baissé comme s'il espérait la voir se relever à nouveau.
- C'est toi qui ne veux pas que je te pardonne, constata Kurogane.
Même si ce n'était qu'apparent – Fai n'en savait rien – il s'exprimait plus calmement, et ses mains avaient arrêté de trembler. Il fixait l'avocat comme si le lâcher du regard signifiait le perdre à jamais.
- Tu ne veux pas que je te pardonne, parce que tu penses que tu ne le mérites pas.... ça montre bien que tu n'es pas Wakarai Shiyu, Fai.
Il y eut long moment pendant lequel la seule chose perceptible, dans ce silence de fin du monde, était la respiration précipitée de Fai, qui paraissait paniqué, puis il murmura :
- ... Même si tu me pardonnes, moi... je ne pourrais pas continuer à vivre en t'ayant fait tant de mal...
- Fai ! s'exclama Kurogane d'une voix si forte que Fai sursauta, avec une expression semblable à celle d'une biche prise dans les phares d'une voiture. Tu n'es plus Wakarai Shiyu. Ne le deviens pas à nouveau en m'enlevant la dernière des personnes que j'aime le plus !
Ses yeux brillaient à nouveau d'un éclat douloureux et Fai leva les yeux vers lui, l'air perdu.
- Q-quoi ?
Il y eut de nouveau un très long silence, puis Kurogane marmonna lentement, d'une voix rauque :
- Tu as raison, finalement. Je ne peux pas te pardonner d'avoir agi d'une telle façon. Tu m'as enlevé tous ceux que j'aimais. Tu as été le pire des monstres.
Un pic de glace sembla traverser le cœur de Fai pendant ce qui lui parut être un siècle entier avant que Kurogane ne reprenne la parole.
- Tu penses que tu as le droit de te suicider, et de partir, comme ça, lâchement, sans même prendre le temps de réparer les dégâts que tu as causés ?
- Q.... quoi ?
- Je suis en train de te dire qu'il n'est pas question que tu meures, répondit brusquement Kurogane. J'ai tué ton frère, c'est vrai. C'était un accident stupide que je regrette profondément. Mais ça ne t'a pas donné le droit de tuer ma famille et mes amis en échange. Tu as outrepassé les limites, tu le sais.
Fai, les mains tremblantes, n'osait rien répondre, mais il ne pouvait détacher son regard de celui de Kurogane.
- Par conséquent, tu n'as pas le droit de parler de te suicider pour effacer tout ce qui s'est passé. Ça serait de la lâcheté, Fai, tu le sais. Tu vas rester en vie... avec moi, et tu vas t'appliquer à reconstruire tout ce que tu as détruit.
Ce ne fut qu'à cet instant que Fai vit clair dans son jeu ; ce n'était pas tant une question de reconstruire ce qui, de toute façon, ne pouvait pas l'être, que de rester en vie, d'une façon ou d'une autre, pour Kurogane. Mais le brun avait trouvé l'argument irréfutable, quelque chose que Fai ne pourrait jamais contredire, à quoi il ne pouvait désobéir. Et il le savait, car dans son regard, à présent, se lisait une lueur de triomphe.
- Mais..., balbutia Fai. Je ne peux pas.... continuer comme ça...
- Si, tu peux, rétorqua le brun. Je t'y obligerai. Il n'est pas question que tu meures maintenant, tu m'entends, Fai ?
- Tu sais bien que rien ne peut être reconstruit... Ils sont morts.
- Tu trouveras une façon de faire. C'est toi le plus intelligent, ici, c'est toi qui trouves les solutions quand tout paraît perdu. Ce n'est pas différent. Tu trouveras une solution, et je t'interdis de te dérober de ta tâche avant le moment où j'estimerai que tu auras assez remboursé ta dette. Tu m'as compris ?
C'était une alternative que Fai n'avait absolument pas prévue, mais acculé comme il l'était, mis au pied du mur, il n'avait pas d'autre solution que de hocher la tête et d'accepter, effondré. Kurogane se pencha lentement pour poser son arme par terre, et s'approcha du blond, dont il prit la main.
- D'accord ? Et je te surveillerai, Fai. Tu ne pourras pas m'échapper. J'espère que tu en es conscient.
- Mais... Ashura...
Il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était une trahison vis à vis de son frère décédé que de céder à Kurogane.
- Il doit m'avoir pardonné, après tout ce que j'ai perdu pour lui, répondit Kurogane d'une voix douloureuse. S'il ne m'a pas pardonné, c'est qu'il est retors et vindicatif.
- M... Mon frère n'est pas...
- Tais-toi, le contra brusquement Kurogane. Moi aussi, je suis retors et vindicatif. Dis-moi seulement que tu as bien compris ce que je viens de te dire.
- ... Oui, j'ai compris...
- Compris quoi ? Redis-le, ordonna le brun.
- Je vivrai... et je réparerai tout le mal que je t'ai causé... même si je pense que c'est impossible...
- Si c'est impossible, tu y passeras toute ta vie, répondit simplement Kurogane.
Il serra plus fort la main de Fai qui tremblait dans la sienne, et le blond leva les yeux vers lui.
- Tu ne fais pas ça... dans mon intérêt, n'est-ce pas ? demanda-t-il avec espoir. Tu fais ça pour me punir... c'est ça ?
- Oui, répondit Kurogane, les yeux vissés aux siens. C'est une punition.
Il mentait, et Fai le savait bien.
- Tu ne me pardonnes pas, alors ? Tu ne m'as pas pardonné ?
- Non. Pas avant que tu aies réparé...
- Oui, souffla Fai.
C'était équitable. C'était un mensonge, mais s'il se persuadait que c'était vrai, il pourrait faire avec. Il pourrait survivre... avec Kurogane. Et passer les années suivantes de sa vie non plus à oeuvrer pour provoquer son malheur, mais pour tout le contraire.
- Ça veut dire que tu devras faire ce que je te dirai. Tu en es conscient, n'est-ce pas ?
- Oui, balbutia Fai.
- Ne fais pas cette tête, ordonna Kurogane d'un ton sévère. Tu me dois bien ça. Non ?
- Je suppose, admit le blond dans un souffle.
- Bien...
Il passa son doigt sous le menton de Fai et lui leva la tête pour l'embrasser.
- Je te hais...
- Je sais, murmura Fai avec un sourire faible, avant de lui rendre son baiser.
.oOo.
Lorsque Kurogane sortit de l'hôpital, la nuit était tombée. C'était une froide nuit d'hiver, et la neige tombait en silence sur la rue, en tourbillonnant avec grâce dans la lumière des réverbères, mais Kurogane n'était pas en mesure de s'extasier devant la beauté du spectacle. La mine sombre, il remonta le col de son manteau et traça rapidement son chemin dans la neige vierge.
Lorsqu'il referma derrière lui la porte de son appartement, il entendit des pas précipités dans le salon, et le visage de Fai apparut au fond du couloir, l'air anxieux.
- Alors ? demanda-t-il.
- Il est mort, répondit simplement Kurogane en se penchant pour enlever ses chaussures.
Les traits de Fai semblèrent s'affaisser, et il murmura :
- Je suis désolé...
- Pour une fois, tu n'y es pour rien...
C'était une tentative de blague de sa part, mais il eut tôt fait de la regretter lorsqu'il vit l'air mortifié qui s'installa sur le visage de Fai et sa pâleur. Il ne prit pas le temps d'enlever son manteau et alla serrer contre lui le blond, qui était presque aussi livide que la chemise blanche qu'il portait.
- Pardon, murmura-t-il en le serrant dans ses bras avec force. Je ne voulais pas dire ça... Je suis désolé...
- Ce n'est rien, répondit Fai, la voix étouffée par son manteau. C'est la vérité, après tout.
Pour toute réponse, le brun le serra plus fort contre lui. Même si c'était la vérité, il n'avait pas à dire ce genre de choses alors qu'il savait pertinemment que ça blessait Fai. Ils avaient mis du temps, tous les deux – deux ans – à arriver à plus ou moins surmonter ce qui s'était passé entre eux, mais la remarque la plus anodine suffisait parfois à rouvrir la plaie ; et ce soir, alors que son père venait de mourir, après avoir élu domicile quelques mois à l'hôpital lorsque son cancer était entré en phase terminale, leur semblant de vie normale était plus fragile que jamais.
- Je suis désolé, répéta-t-il dans un murmure, alors qu'il relevait la tête de Fai vers lui pour l'embrasser.
Ils avaient tout de même fait de nets progrès, en deux ans. Pendant un très long moment, Fai n'avait été que l'ombre de lui-même, ne survivant que pour essayer de "réparer ce qu'il avait brisé", selon les termes de Kurogane, et celui-ci, pris de la crainte de voir l'irréparable se produire à chaque fois que Fai était seul, l'avait obligé à emménager avec lui dans un appartement vierge de tout souvenir. Mais le blond commençait petit à petit à sortir de son état de dépression continuelle. Il avait arrêté de regarder en douce l'arme de service de Kurogane ou les couteaux avec lesquels il préparait la cuisine, et il lui arrivait même de sourire sincèrement, parfois. Rarement – mais ça lui arrivait.
Il avait renoncé à être avocat, en disant que sa conscience lui interdisait de défendre des clients au nom de la justice quand lui-même était coupable plus qu'à ras bord – ce à quoi Kurogane avait répliqué que ça les mettait dans le même bateau, puisque lui-même était policier, mais Fai avait été inflexible – et il avait pris un travail tout à fait banal comme fleuriste – sur l'injonction de Kurogane, qui n'aimait pas l'idée qu'il puisse passer sa journée à l'appartement à ressasser les mauvais souvenirs.
- Ce n'était pas trop douloureux ? murmura Fai lentement, comme s'il se demandait s'il avait le droit de poser la question.
- Pour lui ? Je ne crois pas, répondit Kurogane. Il n'était plus conscient, tu sais... Il n'a pas du sentir qu'il était en train de mourir. Et pour moi... je m'y étais préparé. Sorata était avec moi à ce moment-là, alors ça allait.
Fai hocha la tête lentement. Les noms de Sorata et Arashi lui rappelaient de mauvais souvenirs, liés à sa vengeance de deux ans auparavant, mais ils avaient été tellement heureux de voir Kurogane revenir vivant de son règlement de comptes avec Fai – la disparition du pistolet n'était pas passée inaperçue au poste de police – qu'ils avaient accepté de passer sous silence l'implication de Fai dans "l'affaire Kurogane", comme elle avait été surnommée. Et comme ils étaient les deux seuls au courant de la véritable identité de Wakarai Shiyu, puisque le reste du bureau éprouvait un agacement grandissant devant l'histoire des cartes de tarot énigmatiques, tout le monde avait été soulagé quand l'affaire avait été classée. Malgré tout, Fai préférait ne plus s'approcher d'eux – il n'aurait pas pu affronter leur regard.
Kurogane finit par relâcher son étreinte et se recula, les yeux toujours fixés sur Fai.
- C'était juste un prétexte, tu sais ?
- Quoi ? demanda Fai, étonné.
- Ta "dette" envers moi. Le fait que tu doives reconstruire ce que tu avais détruit. C'était un prétexte parce que je ne voulais pas te voir mourir.
- Je sais, répondit Fai, incertain de voir où il voulait en venir.
- Si je te disais que tu as réglé ta dette, est-ce que tu me quitterais ?
Il y avait de l'anxiété dans sa voix, et Fai l'observa en silence, avant de murmurer, très bas:
- Non...
- Tu resterais ?
- Oui, je resterais...
- Alors, tu aurais le choix entre partir et rester, et tu resterais ? insista Kurogane.
- Je te dis que oui, s'impatienta Fai.
Le brun laissa échapper un soupir de soulagement tandis qu'il serrait à nouveau un Fai passablement surpris contre lui.
- Fai...
- Quoi ?
- Je t'aime.
- On doit être dingues, murmura Fai d'une voix sombre. Tu as tué mon frère, j'ai provoqué la mort de ta famille et tes amis... Et on est en train de se faire des serments d'amour, comme un couple normal.
- Je m'en fous, que ce soit anormal, répondit Kurogane brusquement. Ça m'est égal.
- Rien que le fait qu'on ait pu y survivre me paraît anormal... Je n'avais pas prévu de m'en sortir.
- Eh bien on survivra à deux ! s'exclama Kurogane d'une voix féroce. On sera le plus anormal des couples... et on y survivra quand même. D'accord ?
- ... Oui... On survivra.
Mais jusque quand ?
.oOo. FIN .oOo.
Voilà, bon, cette fois, c'est vraiment fini, vrai de vrai, promis je ne vous embête plus avec cette fic là. ^^
J'espère que vous avez apprécié. En tout cas, c'était un vrai plaisir pour moi de la poster, grâce à vous !
Merci à tous mes reviewers, anonymes ou non, merci à ceux qui ont mis l'histoire en favoris ou en alerte, et merci à tous ceux qui l'ont simplement lue et appréciée !
A la prochaine !
Sana.