Coucou à tous !
Oui, je sais. certains d'entre vous doivent déjà être en train de s'écrier : Quoi ? Encore une nouvelle fic ?! Et bien oui. Mais bon, il me reste exactement quatre pages de l'épilogue à écrire pour qu'elle soit finie donc ce n'est pas comme si je n'allais pas updater ou pas avancer dans les autres.
Quoiqu'il en soit, c'est une James-Lily, comme d'habitude, Rating K+ à T. Elle contient 5 chap et je l'aime vraiment bien. Donc, ne vous privez pas de me dire ce que vous en pensez !
Bonne lecture
La Fée d'Améraude
« Heu, James ? Je croyais que la fée devait rapporter une biographie de ta célébrissime personne, pas un bouquin pour enfants avec ton nom de famille sur la couverture … »
La fête battait son plein. Après tout, cela n'arrivait pas tous les jours que l'équipe de Gryffondor batte les Serpentards. Surtout que cette année, il fallait l'admettre, l'adversaire avait une bonne équipe. La joie avait déferlé sur les lions sans en omettre aucun. Même le professeur McGonnagall s'était laissé attendrir. D'ailleurs, il avait suffi d'un sourire innocent de Sirius pour qu'elle autorise une petite fête.
Evidemment, laisser l'organisation de cette activité aux maraudeurs – bien décidés à fêter dignement la première victoire du capitaine Potter – aurait pu avoir quelques conséquences désastreuses… Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, tout s'était déroulé convenablement.
Bien sûr, la fête n'était pas vraiment petite. Les organisateurs étaient partis du principe que quiconque ayant soutenu les gagnants a le droit d'entrer. D'où le nombre impressionnant de Serdaigles et Pouffsouffles circulant allégrement dans la salle commune sans que cela ne pose problème.
Bien sûr, des objets enchantés se promenaient un peu partout, manquant au passage d'en envoyer quelque uns à l'infirmerie. Le punch avait été allongé, ce dont personne ne s'était plaint. Il y avait, dans un coin, les rescapés du glacier – c'est-à-dire les danseurs qui étaient sur la piste au moment au celle-ci était devenue aussi glissante que du verglas. Et puis, la plupart des gens arboraient de nouvelles voix ou de nouvelles couleurs de cheveux et sourcils.
Mais globalement, cette soirée était calme.
Cette impression que les festivités n'avaient pas encore commencé – à la manière dont les maraudeurs l'entendaient en tout cas – avait poursuivi Lily toute la soirée. Mais, à une demi-heure du couvre-feu imposé par la directrice de maison, la préfète-en-chef était forcée de le reconnaître. Potter avait bel et bien respecté la promesse qu'il lui avait faite et aucun n'incident n'était à déplorer.
Enfin, Lily allait pouvoir se détendre un peu.
Sans se presser, en faisant attention à se faire bousculer le moins possible, Lily s'approcha du bar improvisé. Dire qu'hier encore elle faisait ses devoirs sur cette table et aujourd'hui, celle-ci était recouverte d'une drôle de substance verte gélatineuse. Elle ne voulait même pas savoir de quoi il s'agissait.
En jetant un coup d'œil aux différentes boissons, la jeune fille se servit un verre de punch- après tout, ce n'était pas parce qu'elle était désignée pour mettre fin à la fête qu'elle n'avait pas le droit de déroger un peu aux règles aussi.
Puis, elle s'installa confortablement le dos calé contre un fauteuil. Debout ainsi, un peu à l'écart, elle était toute à son aise pour observer tranquillement la fête en sirotant son verre. N'allez pas croire que Lily était incapable de s'amuser – mais observer les gens s'amuser est un autre type de divertissement.
On repérait, dans un coin, les joueurs de Quidditch avec agglutinées autour les 'fans' comme les sangsues sur un moignon. Oui, vous avez bien lu. Pour Lily, comparer des joueurs de Quidditch à de la confiture était sacrilège – c'est trop bon la confiture, trop bête les sportifs. Et puis, les mouches, c'est gentil et inoffensif. On ne peut pas vraiment dire la même chose des supporters…
En rond dans un coin, un verre à la main et l'autre main dans la poche arrière de leur jeans -la toute dernière mode à Poudlard importée par les nés moldus- le groupe des dragueurs. Ceux qui ne sortent que très rarement avec des filles en fait mais ont le style parfait du séducteur né. Comme d'habitude, ils ont passé la soirée à observer dans leur coin et, à certain moment, sauter sur tout ce qui bougeait sans résultat.
Dans les fauteuils au centre gauche, le groupe des filles bien trop distinguées pour danser et se laisser draguer dans ce genre de soirée minable. Elles minaudent, discutent, rient et boivent depuis trois heures déjà mais le sujet semble sans limite.
Et puis, finalement, sur la piste de danse, les infatigables qui se déhanchent et ne s'interrompent que pour s'altérer (voire, lorsqu'ils ont trouvé un partenaire, échanger quelques baisers torrides avant de reprendre la danse de plus belle)
Enfin, au milieu de tout ça, il ne faudrait pas oublier les gens normaux. Là-bas, ceux qui discutent debout près de ce qui était un feu au début de la nuit. Ou bien ceux qui ont élu domicile sur l'escalier. Les garçons qui distribuent l'alcool à tour de bras et les filles qui se laissent approcher car on se sent belle quand on se fait draguer par quelqu'un qui en vaut la peine.
Lily sourit en terminant son verre. Une minuscule société dans la salle commune, voilà ce à quoi elle assistait régulièrement depuis que les maraudeurs faisaient leurs petites sauteries post-quidditch. Sauf qu'aujourd'hui, personne n'avait été désigné pour faire le guet. Car la prof avait donné son accord.
Dans un recoin sombre, elle repéra Sirius Black qui était en train de baratiner une fille, comme d'habitude. Sirius n'était pas de ceux qui portent le jeans. Non, il restait le même que d'habitude sauf que, durant les fêtes, il devenait un vrai bourreau des cœurs alors qu'en dehors de l'obscurité de la nuit, on ne lui avait connu qu'une petite amie régulière.
Un peu plus loin, Remus Lupin discutait gaiement avec deux serdaigles qui avaient l'air d'avoir un peu trop bu. Deux-trois filles avaient pris position à une distance raisonnable, ce qui n'avait rien d'étonnant. Remus envoûtait aussi bien qu'il effrayait. Peu de gens osaient l'approcher en règle générale alors que, dès que son masque froid tombait, c'était quelqu'un de très agréable.
Peter Pettigrow enfin avait disparu en début de soirée. Lily avait surpris une conversation entre Remus et Sirius à ce propos. L'un avait assuré l'avoir vu sortir avec une fille tandis que l'autre avait plaisanté qu'il était parti retrouver une souris. Elle n'avait pas cherché à comprendre.
Elle laissa à nouveau son regard vagabonder. Fronça les sourcils. Refit un tour de la salle du regard. Pinça les lèvres. Il manquait quelque chose…
« Hey, Lily ! »
Evidement, comment avait-elle oublié ? James Potter était confortablement installé derrière elle, dans le fauteuil sur lequel elle avait pris appui. De la sueur perlait à son front, signe qu'il avait dû passer une bonne partie de la soirée à s'amuser avec ses copains au son de la musique. Mais actuellement, il trônait un milieu de sa petite cour avec non pas un verre à la main mais une bouteille.
« Ivrogne » Murmura Lily en se retournant vers lui pour apercevoir ses yeux vitreux et secouer la tête de désespoir. « Tu as trop bu James »
« Bien sûr que non » Assura-t-il d'une voix lente et un peu pâteuse avant de terminer en trois gorgées sa boisson. D'un geste vif – très vif vu son état- il l'attrapa par la taille et la fit tomber sur ses genoux. Pour ne pas se casser la figure, la jeune fille dut se raccrocher violemment à ses épaules.
« Lâche-moi Potter » Grogna-t-elle en retirant ses mains de son torse rapidement.
« Sors avec moi Evans » Répliqua-t-il comme un vieux refrain usé avec les années. Tellement usé que les gens autour de lui se mirent à rire. Lily soupira mais resta assise là où elle était et accepta le verre que Jordan lui tendit.
« Bien sûr Potter » Répondit-elle d'une voix mièvre « Si tu me promets de m'arranger le coup avec Sirius juste derrière »
Sa lèvre supérieure fut animée d'un tic, le même qu'à chaque fois, découvrant sa canine droite l'espace d'un instant. « Tu es injuste. J'ai tellement plus à t'offrir que lui »
« Je ne suis qu'une fille Potter » Murmura Lily en reprenant appui sur les épaules du jeune homme pour se remettre sur ses pieds « Je ne juge que par ce qui en vaut la peine »
Sans écouter son bafouillage suivant, signe qu'il avait réellement abusé d'alcool ce soir, elle reprit appui sur le dossier de son fauteuil, tourné vers le groupe d'étudiant plutôt que vers la salle cette fois. Potter, du bas de son trône, leva les yeux vers elle et sourit avec sa tête de dragueur à deux mornilles.
« Justement, fille, justement » Grommela-t-il « Elles tombent toutes pour les capitaines victorieux »
Lily sourit, amusée comme toujours, et attrapa sa main. « Regarde » déclara-t-elle en montrant sa paume au garçon. « J'ai la peau douce et fragile. Et toi, avec ces grandes mains rugueuses et abîmées par le Quidditch, tu ne peux me faire aucun bien. »
Il la regarda droit dans les yeux un instant, une lueur d'amusement pétillant au fond de son regard avant de s'écrier « Wow ! Mesdames et messieurs, la préfète-en-chef a un coup dans le nez ! Elle vient de faire un sous-entendu lubrique !»
Les quelques élèves assis autour d'eux éclatèrent de rire alors que Lily piquait un fard royal et s'éloignait de Potter en grognant. Celui-ci se remit péniblement sur ses pieds. « Attends, Evans » Braya-t-il. Elle s'arrêta et sentit un énorme poids lui tomber sur l'épaule. Ce n'était autre que Potter qui s'accrochait à elle pour garder un équilibre stable. « Il faut que je te parle »
« Il est minuit » Répliqua la rousse sans se tourner vers lui « C'est l'heure de la fin. N'essaye pas de m'embarquer dans je-ne-sais quel plan foireux pour retarder l'heure de l'extinction des feux »
« Allez Lily, un peu de clémence ma puce » souffla-t-il à son oreille avec une haleine forte. « Tu ne m'as même pas accordé une dance »
« Je ne suis pas ta puce Potter » Répliqua-t-elle d'un ton sans appel en se dirigeant vers la radio enchantée « et vu ton état, ce ne serait pas une danse mais plutôt te porter pendant trois minutes »
« Tu juges toujours sans savoir » Avec un geste assuré, il attrapa sa main et l'attira vers la piste de dance, sans écouter ses récriminations. Trente secondes plus tard, une tornade rousse retraversait la salle dans l'autre sens, éteignait la musique et disait à tout le monde d'aller se coucher.
« Je dois vraiment te parler, préfète » Lily ne se retourna pas. Elle ne répondit même pas. Elle entreprit juste de commencer le rangement de la salle par quelques sorts de collecte- poubelles et de nettoyage. « Lily, il faut vraiment que je te parle » répéta Potter en lui attrapant le bras.
« Bien, j'écoute » Souffla la jeune fille en croisant les bras sous sa poitrine « et n'essaye pas de m'embobiner, James Potter »
Lentement, il entreprit de faire le tour de la jeune fille pour se retrouver face à elle puis lui tendit une main. « Allez, viens princesse, je dois te parler seul à seul » Elle arqua un sourcil, n'y croyant pas ses oreilles « Au calme » insista-t-il
« Tu crois réellement que ça va marcher ? » Questionna-t-elle. Il la prenait pour une idiote, pas possible autrement. « Tu crois que tu vas réussir à me traîner dehors pour que tes petits copains remettent la musique en route pendant ce temps ? »
« Ils ne le feront pas. Je te le promets »
« J'aimerais terminer de ranger avant d'aller me coucher Potter. Et tu ferais bien d'aller dormir aussi »
« Lily, s'il te plait » la supplia-t-il avec un regard implorant « laisse-moi te parler »
Elle ne sut dire ce qui la convainquit, si c'était l'urgence de sa voix ou la nécessité dans son regard, mais elle acquiesça et le suivit sans rechigner plus que ça dans le couloir. Le portrait n'était pas encore totalement fermé que la musique redémarrait déjà. Mais elle ne cria pas car, quand le son arriva à leurs oreilles, il sursauta aussi bien qu'elle.
« Je vais leur dire d'arrêter » Décida-t-il en se trainant vers la grosse dame avant même qu'elle eut le temps de commenter la promesse qu'il venait de faire. Lily eut pitié de lui. Il faisait vraiment peine à voir, à tituber gauchement comme ça. Enfin, heureusement pour elle, il parvenait toujours à parler de manière cohérente. Elle pourrait donc l'écouter le temps nécessaire à son épanchement.
« C'est bon, Potter » Souffla-t-elle en avançant toute seule dans le couloir sombre « Mais je te préviens, tu as intérêt à avoir quelque chose d'énorme à me dire. Et si McGonnagall me fait un commentaire, je lui dis que tu m'as obligée à te suivre sous la menace, c'est clair ? »
« Très clair, mon colonel » Réagit-il en tentant de se mettre au garde à vous. Définitivement, Potter ayant l'air d'un gamin incapable de s'assumer faisait craquer ses défenses. Elle passa son bras sous le sien pour avancer plus rapidement.
« Où va-t-on comme ça ? »
Il ne répondit qu'une dizaine de minutes plus tard, avec un simple « ici » lorsqu'ils arrivèrent au niveau de la salle de défense. Il la fit rentrer dans un petit cagibi en face de la salle de cours.
« Tu as de la chance que j'ai confiance en toi » grinça la jeune fille en regardant la porte se refermer sur elle et l'obscurité totale se faire « Je n'aurais pas suivi n'importe qui là-dedans »
« Je suis flatté » elle l'entendit sortir sa baguette et murmurer quelque chose avant qu'il n'attrape sa main et l'attire derrière un rideau. Quand elle regarda à nouveau autour d'elle, elle se trouva être dans une petite pièce avec quatre fauteuils et une lumière tamisée.
« Je t'écoute » Déclara sobrement Lily en s'asseyant. James s'installa juste à côté d'elle et observa son profil doré sous la lumière des bougies.
« Pose-moi une question » Déclara-t-il
« Quoi ? »
« Pose-moi une question. Et je te fais le serment que j'y répondrai aussi honnêtement que possible »
Lily fronça les sourcils et se tourna vers lui, craignant qu'il ne se moque à nouveau d'elle. Mais James Potter la regardait fixement, réellement concentré sur ce qu'il disait malgré ce qu'il avait ingurgité durant la soirée. « Très bien » Accepta-t-elle avec toujours quelques réticences. Qu'est-ce qu'elle pourrait bien lui demander, exactement ? Il avait l'air d'attendre de sa part une question en particulier. Et puis, à quoi ça lui servait de… « Attends une minute, qu'est-ce que tu gagnes, toi, là-dedans ? »
Un sourire goguenard apparut sur son visage. « Le droit de te poser une question à laquelle tu devras honnêtement répondre, Evans » Dit-il sur le ton de l'évidence.
« Hors de question » Lily se mura en détournant la tête et en s'enfonçant dans son fauteuil. « Tu crois que je ne te vois pas venir ? Tu vas encore faire en sorte que je m'embrouille pour en tirer un quelconque bénéfice »
« Tu crois que je suis vraiment en état pour ce genre de jeu ? » Questionna-t-il « Bien, si tu veux, je commence » Elle fit un signe de tête, à mi-chemin entre le scepticisme et l'acquiescement. « Bien, donc… je… est-ce que tu veux…Lily, est-ce que tu veux sortir avec moi ? »
Un rire désabusé lui répondit. « Je le crois pas. Tu m'as eue. J'ai cru que tu avais vraiment quelque chose d'important à dire » Elle se releva, sentant la colère pointer au creux de son ventre. « Non mais quelle idiote ! Tout ça c'était encore un de tes plans pour prolonger la soirée pas vrai » La colère gagnait peu à peu sa gorge « Et dire que je t'ai cru. Stupide, non mais je suis si- »
« Stop » James se redressa dans son siège mais resta assis. C'était peut-être mieux ainsi. « Je t'ai demandé une réponse honnête, Lily. Ce n'est pas un jeu »
« Un jeu ? » Répéta-t-elle « Ca a toujours été un jeu Potter ! Ca n'a jamais été que ça depuis le premier jour ! »
« Et bien aujourd'hui ça ne l'est pas » cria-t-il en réponse pour couvrir le bruit de sa voix. Lily se figea et le regarda, interdite. « Je suis sérieux » Répéta-t-il « cette fois, je te demande si tu veux réellement sortir avec moi »
« Et comment je saurais ça ? » Riposta-t-elle avec la gorge nouée. Il fallait qu'elle parte d'ici parce que ceci n'était pas censé arriver. Jamais. Pourquoi tout d'un coup il… ? « Je n'ai jamais vraiment réfléchi à la question figure-toi ! »
« Tu n'as- »Il s'arrêta, la regarda sans y croire. Puis, il fut bien forcer d'en rire. « Je t'ai demandé de sortir avec moi pendant plus de deux ans au moins une fois par semaine et toi tu … tu n'as jamais réfléchi à la question ? »
Lily sentit ses joues rosir et retourna s'asseoir dans le fauteuil. Elle cala ses pieds sous ses fesses et détourna le regard. « Tu n'as jamais dit que tu étais sérieux avec ça »
« Le fait que je t'ai poursuivie pendant autant de temps ne t'a pas mis la puce à l'oreille ? »
« Oh je t'en prie ! Plus j'étais méchante, plus tu en redemandais ! Tu crois que je n'ai pas compris ton cirque avec le temps ? Je te signale que ça ne m'énerve même plus que tu me le demandes. C'est devenu un exercice hebdomadaire »
« Un exercice ? » s'intéressa James avec une pointe d'ironie
« Bien sûr que oui » s'emporta Lily avec de grands gestes « cette espèce de compétition implicite entre toi et moi à qui sera la plus original, à celui qui épatera au plus la galerie. Ne me fais pas croire que tu étais vraiment sérieux parce qu'alors tu as un réel problème de communication, Potter »
« J'avoue, c'était un jeu » Finit par accepter James « Mais ça ne l'est plus » reprit-il aussitôt sérieusement « C'est ma question Lily et j'attends ta réponse honnête, peu importe qu'elle soit la même ou pas que d'habitude. Mais tu n'es pas obligée de répondre tout de suite »
« Super » grogna la jeune fille en sentant une petite boule d'angoisse dans le fond de son ventre. Ce n'était juste, ça ne devait pas arriver. Elle ne supportait pas Potter, pas vrai ? Elle n'avait jamais pensé qu'un jour, un seul, il lui poserait cette question autrement que sur le ton de la plaisanterie ou pour l'énerver…
« Pose ta question » Reprit Potter sans perdre le fil « elle te brûle les lèvres »
Mais de quelle question parlait-il bon sang ? Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait lui demander plus que tout ! Pourquoi il était soudain devenu sympa cette année ? Comment il s'y était pris pour qu'en un été, leur animosité se transforme en cette espèce de connivence basée sur de micro-disputes qui les unissaient en ce moment ? Pourquoi il s'était soûlé ce soir ? Pourquoi il devenait sérieux tout-à-coup ?
En fait, il y avait cette question. Celle qui ne la quittait jamais à chaque fois qu'il s'approchait d'elle pour lui poser sa question fétiche. Au début par dégoût, puis par ignorance et maintenant par curiosité, mais toujours, intérieurement, elle se demandait : « Pourquoi moi ? »
« Ouais, pourquoi toi » C'était visiblement celle-là qu'il attendait aussi. « C'était prévisible que tu préfères celle-là. Dommage, moi qui t'avais justement choisi pour ton imprévisibilité »
« Potter » Coupa Lily en se retournant vers lui. Il affichait un sourire content de lui. Quel sale petit … ! Elle mettrait sa main au feu qu'il venait de faire ce commentaire pour l'obliger à le regarder.
« Sirius et moi, on est allé sur cette foire moldue, c'était juste avant la cinquième » Se mit-il à expliquer avec un air nostalgique. « et il y avait cette diseuse de bonne aventure. Je me souviens qu'on s'est demandé si la divination moldue était plus… moins – tu vois – que chez les sorciers »
« Donc vous y êtes allés »
« Exact. Et cette femme – je suis presque sûr que c'était une sorcière en fait – a sorti sa boule de cristal puis nous a tiré les cartes, ensuite nous a fait boire un thé. Je suis sûr aussi qu'il n'y avait pas tout ça compris dans le prix. Enfin, elle a annoncé à Sirius que la délivrance du fardeau de son nom serait plus précoce qu'il ne le pensait. Et elle a eu raison sur ce point »
« Parce qu'il est parti de chez lui cet été ? »
« Ouais » James se passa une main dans la nuque. « Elle m'a dit que j'avais déjà rencontré ma future femme. Que je la trouvais jolie mais que je la méprisais. Qu'on était dans la même classe. Que j'allais m'intéresser beaucoup à elle dans les années à venir. »
Lily retint son souffle. Est-ce que l'année de torture psychologique qu'avait été la cinquième était basée sur une prédiction ?
« Et quand j'ai voulu qu'elle me donne un nom, elle a dit que c'était une rousse avec un fort caractère. Même Sirius a toute suite fait le lien avec toi. Tu vois Lily, on finira marier. On est fait pour être ensemble »
« Je ne crois pas à la divination » Se borna à répondre la rousse en croisant les bras. C'était décevant. Tout ça pour ça. Des années à avoir un garçon qui vous court après à cause d'une voyante. C'était si… ridicule !
« Moi non plus. C'est pour ça que j'ai voulu me prouver à moi-même qu'elle se plantait. Je n'avais pas du tout idée de sortir avec toi à l'époque en fait. Je veux dire- une préfète ! » Un sourire amusé passa sur les lèvres de la dite-préfète. Ca ne l'étonnait pas beaucoup du James de 15 ans… « Alors j'ai voulu forcer le destin en te demandant de sortir avec d'une manière si désagréable que tu aurais dû te vexer et ne plus jamais m'adresser la parole »
« Et ce n'est pas ce que j'ai fait, peut-être ? »
« Non » Une lueur s'alluma dans les yeux de James « Tu m'as regardé comme si j'étais la pire des merdes de la terre et tu as dit « Bien sûr Potter, dès que tu auras pris les cours de politesse élémentaire et que tu auras appris à penser avec ta tête plutôt que ton nombril » Ca faisait cinq ans que je te connaissais et pourtant, je n'avais pas la moindre idée que tu avais un caractère pareil »
« Et donc, ça t'a tellement époustouflé comme réponse que tu as décidé de voir jusqu'où tu pouvais me pousser avant que je craque ? » Conclut Lily d'un ton de reproche
« A peu près » Murmura-t-il en baisant les yeux. « Disons qu'au lieu de me permettre de me rassurer en me disant que tu n'étais qu'une fille idiote comme toutes les filles, je me suis mis à y repenser et- »
« Une fille idiote comme toutes les filles ? » Souligna Lily en essayant de ne pas s'offusquer. Parfois, il fallait s'accrocher à sa chaise pour parler à un maraudeur.
« J'avais quinze ans ! » Répliqua-t-il en guise d'excuse « Le fait est que tu m'as ridiculisé alors que plus personne n'osait le faire. Et j'ai décidé que ça ne se passerait pas comme ça. Qu'il fallait que tu craques en première pour prouver aux autres que je contrôlais les choses. Mais tu n'as pas craqué. Tu devenais si méchante que réellement tu m'as fait mal plusieurs fois »
« Il fallait bien que je me défende de la manière dont tu me traitais ! »
« Je sais, je sais. C'est pas un reproche. C'est juste que… rends-toi compte que tu es la seule qui me fais réfléchir Lily »
La jeune fille rigola « Ca, je veux bien te croire »
« Ah ah très drôle » grimaça-t-il « Bref, au fur et à mesure c'est devenu un jeu, un confrontation habituelle. Il y a même des élèves qui sont venus me demander quand je comptais te le demander la prochaine fois pour ne pas rater le spectacle »
« Des filles ont essayé de me faire avouer que tu me prévenais à l'avance pour que je puisse préparer mes réponses »
James et Lily échangèrent un sourire amusé face à ces souvenirs. Même si à l'époque, cela semblait plutôt horrible, avec le temps et le recul, seuls les bons moments restaient.
« Ca ne me dit pas pourquoi moi » Reprit Lily
« Parce que tu es la seule capable de réagir comme tu l'as fait. Plus je me bats contre le destin, plus j'ai l'impression qu'il devient vrai »
« Mais moi je ne crois pas en la divination » déclara Lily « James, je suis désolé mais tu t'es figuré que j'étais une fille pour toi à cause de cette voyante mais ce n'est pas vrai. Il s'est passé trop de choses »
« Et si je peux prouver ce que je dis, Lily. Si je peux te prouver que dans le futur, nous sommes ensemble ? »
« C'est impossible » Répliqua la jeune fille en levant les yeux au ciel. « On ne prouve pas le futur. La divination n'est pas une science exacte. »
James se leva, toujours dans un équilibre précaire sur ses pieds, et ouvrit sa robe. Il sortit une petite créature de la poche intérieure et la montra à Lily. La jeune fille retint un cri de surprise. « C'est… une fée d'Emeraude ? »
« Oui. Je l'ai trouvé à la cabane hurlante » James se mordit la lèvre et ses yeux s'agrandir quand il se rendit compte de la bourde qu'il venait de dire. Mais Lily ne sembla s'en formaliser, trop absorbée par la contemplation de la minuscule fée bleue avec ses ailes argentées.
« Ouah. Tu l'as depuis la dernière visite à Pré-Au-Lard ? » Supposa Lily. James soupira. Il l'avait échappé bel. « Pourquoi tu n'as pas fait de vœu ? »
« Oh oui mademoiselle ! » S'exclama la petite fée d'une voix claire « Dîtes-lui de faire son vœu que je puisse recouvrer ma liberté ! »
« Il fallait que je trouve le courage de venir te parler » Déclara le jeune homme en se rasseyant. Il valait mieux vu la manière dangereuse dont tournait sa tête. « Je vais utiliser ce vœu pour te prouver que nous sommes ensemble dans le futur »
« Même une fée ne peut pas te transporter dans le futur, Potter » rappela Lily, toujours subjuguée par la beauté de la créature
« Je souhaite que vous nous rameniez un objet du futur prouvant que nous sommes mariés » Formula James. Et la fée disparut. Et la main de Lily rencontra la tête de James « Ouch ! T'es folle ? »
« Idiot ! Quel genre d'objet veux-tu qu'elle ramène ? Si ça se trouve nous ne sommes même pas ensemble ! Tu as gaspillé ton vœu »
« Non, je l'ai utilisé pour te prouver mes sentiments. C'est pour te convaincre que je l'ai fait, pas pour mon petit plaisir égoïste » James laissa ses doigt tambouriner sur l'accoudoir du fauteuil « Et puis, nous sommes ensemble » Affirma-t-il sans se laisser douter.
« Et tu crois peut-être être devenu si célèbre qu'elle va trouver une biographie sur ta petite personne ? »
« Peut-être que c'est toi qui est devenue la sorcière la plus célèbre du monde, Lily »
Au moment où Lily allait faire une remarque acerbe sur ses capacités, un livre apparut effectivement devant eux. Les deux adolescents se regardèrent, sans y croire réellement. D'une main tremblante, Lily attrapa le bouquin.
« Harry Potter à l'école des Sorciers » Lut-elle sur la couverture. Elle retourna le livre, le feuilleta et se rendit à l'évidence. Cela n'avait rien d'un livre biographique, encore moins d'un livre sorcier.
« Harry ? » Répéta James en fronçant les sourcils « Il n'y a personne de ce nom dans ma famille ! »
« Potter est un nom plutôt répandu » Fit remarquer Lily en lisant distraitement le résumé. On aurait dit … un livre pour enfants moldus. Qu'est-ce que c'était cette histoire encore ?
« C'est peut-être notre fils » Suggéra James en tendant le bras pour attraper le livre. Lily le tint hors de portée.
« Je vais le lire » Déclara Lily, de plus en plus intriguée.
« A voix haute alors » Exigea James
« Le Survivant » Lut Lily en s'installant confortablement sur son fauteuil. « Monsieur et Madame Dursley » Mais aussitôt commencé, elle s'interrompit. Ce nom… ce nom lui disait quelque chose. Elle était même sûre qu'il avait un lien avec sa vie chez les moldus. Un voisin ? Ou un ami de ses parents ? Impossible à dire mais clairement il ne lui était pas inconnu.
« Je continue » Déclara soudain James en lui arrachant le livre des mains. « Si t'es même pas capable de lire une phrase entière … »
« Rends-moi ça Potter ! »
« Tu sais quoi Lily » Dit James avec un sourire un coin « Je parie que tu les connais ces Dursley, c'est pour ça que tu ne veux pas lire la suite. Trouillarde »
« Ce n'est pas – je n'ai certainement jamais eu d'enfant avec toi ! » Se borna à répliquer la jeune fille en croisant les bras « Ni même ne me suis mariée, ni rien. Très bien, lis et on verra »
« Monsieur et madame Dursley » Reprit James après s'être raclé la gorge « qui habitaient au 4, Privet Drive avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu'ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. Jamais quiconque n'aurait imaginé qu'ils puissent se trouver impliqués dans quoi que ce soit d'étrange ou de mystérieux. Ils n'avaient pas de temps à perdre avec des sornettes. Monsieur Dursley dirigeait la Grunnings, une entreprise qui fabriquait des perceuses »
« Alors ils sont moldus » Interrompit Lily avec une voix dépitée. Son impression avait été bonne, ce qui voulait dire qu'elle devait effectivement connaître quelqu'un du nom de Dursley en rapport avec sa famille.
James acquiesça et poursuivit sa lecture. La suite était une description et l'introduction de cet enfant – Dudley Dursley, ce qui fit sourire les deux adolescents. Visiblement, aussi normaux qu'ils soient, les Dursley n'avaient pas vraiment le don du bon goût.
« Les Dursley avaient tout ce qu'ils voulaient. La seule chose indésirable qu'ils possédaient, c'était un secret dont ils craignaient plus que tout qu'on le découvre un jour. Si jamais quiconque venait à entendre parler des Potter » James s'arrêta en fixant le livre. « Pourquoi ils… ? » S'apprêta-t-il à demander à Lily qui soupira
« Continue de lire. On finira bien par apprendre la tare caché de ta famille »
« C'est un nom répandu, Potter » Grinça James en reprenant sa lecture avec un doute horrible – et si Harry Potter était le méchant ou le criminel, le tueur sanguinaire ? Pire, et si cet Harry était réellement son fils et qu'on racontait son histoire parce qu'il était l'enfant d'un dangereux criminel ?
« Si jamais quiconque venait à entendre parler des Potter, ils étaient convaincus qu'ils ne s'en remettraient pas » Reprit le jeune homme « Mrs Potter était la sœur de Mrs Dursley, mais toutes deux ne s'étaient plus revues depuis des années. » Silencieusement, Lily se mordit les lèvres, refusant de voir la coïncidence. Le fait qu'elle soit elle-même en froid avec sa sœur ne signifiait rien. Rien du tout.
« En fait, Mrs Dursley faisait comme si elle était fille unique, car sa sœur et son bon à rien de mari étaient aussi éloignés que possible de tout ce qui faisait un Dursley. »
Et cela continuait comme ça. Les 'Potter' avaient un garçon mais malheur si les cousins se rencontraient. Et horreur si les monstrueux Potter se présentait à Privet Drive. Bref, rien que du très réjouissant et James étant de plus en plus blanc.
L'histoire devint plus intéressante quand l'auteure se mit à parler d'hiboux, puis d'un chat lisant une carte routière. James avait carrément explosé de rire et, peu longtemps après la description de cette soi-disant nouvelle mode moldue des longues capes (sorcières), James et Lily avait compris qu'il s'était passé quelque chose de grave chez les sorciers. Si grave que la préservation du Secret était bâclée sans remord.
Un peu après, les deux adolescents admirent que le chat était animagus. James émit même l'idée qu'il s'agisse de McGonagall- tout ça juste parce que le chat avec regarder Mr Dursley d'un air sévère. L'interruption suivante vint de James qui ne connaissait pas le concept de 'télévision'.
L'action devint réellement intéressante quand le couple de moldus s'endormit.
« On n'avait encore jamais vu dans Privet Drive quelque chose qui ressemblât à cet homme. Il était grand, mince et très vieux, à en juger par la couleur argentée de ses cheveux et de sa barbe qui lui descendaient jusqu'à la taille. Il était vêtu d'une longue robe, d'une cape violette qui balayait le sol et chaussé de bottes à hauts talons munies de boucles. Ses yeux bleus et brillants étincelaient derrière des lunettes en demi-lune et son long nez crochu donnait l'impression d'avoir été cassé au moins deux fois. Cet homme s'appelait » James se tut, regardant le livre d'un air ébahi.
Lily s'agita dans son siège « Il s'appelait comment ? » Questionna-t-elle, bien qu'elle s'en douta pour côtoyer une personne correspondant parfaitement à cette description – quoiqu'avec encore des reflets roux dans le gris – depuis sept ans. « Potter ! »
« Dumbledore » Confirma James en déglutissant.
Lily sentit sa respiration lui échapper. « Alors ce livre vient vraiment du futur ? » Murmura-t-elle « C'est … l'avenir ? »
« Pas spécialement » Tenta de se convaincre James, toujours inquiété que les Potter soit décrits comme infréquentables. « Dumbledore est connu, c'est peut-être simplement un clin d'œil »
« Oui » Acquiesça Lily « C'est peut-être comme ça »
« Bien » James souffla, essayant de calmer les assauts de stress dans son estomac. Peut-être que ce n'était pas vrai. Mais les fées d'Emeraudes ne disparaissent qu'une fois le vœu accompli. Il y avait donc toutes les raisons de croire que ce n'était pas une blague.
La confirmation vint peu de temps après : le chat était bien McGonagall. Aussi les adolescents eurent-ils un avant-goût de ce que devait être une discussion entre Minerva et Albus – l'un paraissait toujours si amusé, l'autre rivalisant sans cesse de fermeté et de sérieux.
« Attends » S'exclama soudain Lily « Si on admet que ce livre est potentiellement vrai, on est bien en train de parler de la fin de la guerre, c'est ça ? » Le jeune acquiesça « et depuis combien de temps il a dit qu'il n'y avait plus rien à fêter ? »
James parcourut le texte des yeux. « Onze ans »
« Donc, vu que la guerre a été déclarée il y a sept ans, ce livre se passe dans maximum quatre ans. C'est la preuve que ça ne peut pas parler de nous ! »
« Pourquoi pas ? »
« Parce qu'on a maximum 22 ans, James ! Je suis désolée mais tu te vois vraiment marié et père à cet âge ? »
Un soupir de soulagement lui échappa. « Ouais, t'as raison. » James respira un coup et reprit ce que le professeur McGonagall était en train de demander au directeur. « 'Ce qu'ils disent' Poursuivit le professeur 'C'est que Vo – Voldemort » Parvint à prononcer James sans trop grimacer. « est venu hier soir à Godric-Oh par merlin ! »
« Quoi, quoi ? » Lily sauta hors de son siège, paniquée par la fixation des traits de James sur la phrase qu'il lisait. Impatiente, la jeune fille se saisit du livre. « T'étais où ? Ah voilà « Hier soir à Godric's Hollow » Il y a un problème avec ça ? »
« J'habite là » Murmura James d'une voix blanche. « Voldemort est venu chez moi »
« Bien sûr que non » Le rassura Lily en posant une main réconfortante sur son bras. « C'est un livre »
« Qui vient du futur » rappela-t-il
Elle s'assit sur son accoudoir « Alors au pire, il ira chez toi dans quatre ans. Ça ne sert à rien de paniquer maintenant » Elle reprit le cours du récit. Pas pour longtemps. « D'après la rumeur, Lily et James Po- » Une boule se forma dans sa gorge presque immédiatement
James, quant à lui, sourit. « Ah, je te l'avais bien dit ! »
« Non, se défendit la jeune fille, il doit y avoir des dizaines de Lily. Ce n'est pas, ça ne veut pas dire que- enfin, c'est impossible ! »
« Je te l'ai dit, cette voyante me l'a dit et maintenant ce livre le dit. Ce n'est pas une coïncidence, Lily »
« Alors on a un énorme problème » Murmura Lily « parce que la suite, ça dit ça : « D'après la rumeur, Lily et James Potter sont … enfin, on dit qu'ils sont … morts… » Dumbledore inclina la tête »
Un long moment s'écoula, uniquement entrecoupé par les respirations frénétiques des jeunes gens et leur déni. Impossible, se répétaient-ils, impossible d'être morts d'ici quatre ans. Impossible en si peu de temps de tomber amoureux, se marier, avoir un enfant et mourir. Inconcevable.
Lily reprit finalement la lecture, seul moyen d'échapper à la boule d'angoisse ayant élu domicile dans sa poitrine. Ce n'était pas drôle comme nouvelle. Vraiment pas.
La suite était plus réjouissante car Celui-Dont-Il-Ne-Faut-Pas-Prononcer-Le-Nom avait disparu à cause de ce petit bout nommé Harry. Et comme seule récompense, il écopait d'un séjour forcé chez sa tante et son oncle.
Et ça avait frappé Lily. Dursley, c'était le nom de famille de Vernon. L'actuel copain de sa sœur. C'était récent, ça datait de cet été. Lily et sa mère étaient persuadées que cette histoire ne durerait pas longtemps, que Pety ne sortait avec lui que pour se remettre de sa rupture avec Marc. Visiblement, elles avaient tort.
Puis, le comportement de la famille de substitution de Harry révolta ceux qui avaient compris qu'il était bel et bien leur fils. Parce que suite à la description du jeune garçon de dix ans (les cheveux noirs, en bataille, des lunettes) ne laissait de doute sur l'identité du père et la couleur de ses yeux (vert émeraude) aucun non plus sur le fait que Lily Potter n'était autre que Lily Evans.
Puis les choses s'améliorèrent quand il entra à Poudlard, qu'il se fit des amis, qu'il accepta son statut de sorcier. James s'en alla avec des sourires fiers et ravis de voir son fils penser « pas serpentard » sous le choixpeau. Le choc le plus dur à encaisser fut cette petite conversation anodine entre Harry et le frère d'un de ses futurs amis « 'Qui c'est, le prof qui parle avec Quirrel ?' Demanda-t-il à Percy. 'Tu connais déjà Quirrel ? Pas étonnant qu'il ait l'air si nerveux, l'autre, c'est le professeur Rogue »
Autant dire que la capsule avait été dure à digérer pour un certain Gryffondor. Lily avait émis l'hypothèse que Sévérus se soit amélioré avec les années. Ce qu'aucun des deux ne s'expliqua fut la suite de la phrase de ce 'Percy' « 'Il est chargé des cours de Potions, mais ça ne lui plaît pas' » Réellement, depuis quand le Rogue qu'ils connaissaient n'aimait pas les potions ?
Enfin, l'attitude tyrannique du professeur abattit toute la théorie de Lily sur son changement de personnalité. Il semblait avoir décidé de se venger de James sur Harry. Il ne fallait pas être très malin pour comprendre la raison de son injustice flagrante.
Mais quand James déclara qu'il allait donc se faire un plaisir de s'acharner sur Rogue les dernier mois qu'il restait avant Juin, Lily fut forcée d'éclater de rire. Voilà qui caractérisait bien Potter. Plutôt que chercher à arranger la situation, il allait se venger sur Rogue d'une chose que celui-ci ne commettrait que dans quinze ans. Ah, quelle maturité, ces hommes …
Quand vint l'épisode du cours de vol, James recommença à se bidonner de fierté. Et encore quand Harry se mit à faire des escapades nocturnes. Et un peu plus quand son fils reçut sa cape d'invisibilité. Il ne se demanda même pas qui la lui avait donnée ou comment cette personne l'avait récupérée. Tant que Harry l'avait, tout était bien.
En somme, le reste du livre était ce qu'on pouvait appeler une première année mouvementée. James eut le temps de refournir son stock de griefs contre Rogue, bien que le renversement de situation finale, c'est-à-dire l'innocence de Rogue, lui fit faire la tête. Lily sourit, bêtement amusée de voir à quel point père et fils se ressemblaient dans leur faculté incroyable à accuser les autres à tort. Principalement s'ils étaient Serpentards. Pour ça, Harry n'avait pas eu besoin des leçons de son père, c'était certain.
Puis, ce fut la fin du roman, leur laissant un goût amer dans la bouche. Ainsi, les choses allaient se passer ainsi. Eux morts, mariés et parents, mais morts dans quatre ans et leur fils vivant des péripéties incroyable pour échapper à Vous-savez-qui en personne, et ce dès l'âge de un an. Cela n'avait rien de réjouissant. Vraiment.
Lily se leva et s'étira, se rendant alors seulement compte qu'elle et James, avide de lire l'histoire, s'étaient laissé couler dans le même fauteuil tout ce temps. Elle lui envoya un sourire crispé.
« Je vais allez dormir » Déclara-t-elle
« Je suis désolé » Dit soudain James en se levant à son tour. Il était extrêmement pâle. Il devait être en train d'avoir le contrecoup de tout ce qu'il avait bu cette nuit. « Je n'ai jamais eu l'intention…Je voulais seulement profiter que j'avais bu pour te dire que je t'aime, pas me rendre compte qu'on allait- »
« Tu quoi ? » S'exclama Lily, la voix cassé et le cœur battant douloureusement. D'accord, il lui avait dit être sérieux mais à ce point …
James ouvrit grand les yeux puis les ferma difficilement « Je ne voulais pas dire ça comme ça. »
« Bon dieu, Potter » Souffla Lily, atomisée par tant de révélations en un soir « Tu étais vraiment sérieux quand tu disais être sérieux alors ? »
« Ouais » Grogna-t-il en détournant les yeux. « Allez, on rentre à la tour. Et je ne veux plus entendre parler de ce soir, Lil. Avec un peu de chance, j'aurai tout oublié de ma ridicule déclaration et de ce bouquin au réveil »
« Je te préviens que si la première chose que tu fais demain matin c'est me demander de sortir avec toi, je t'explose la figure à coup de gifles et je me ferai un plaisir de te faire te remémorer chaque détail de cette soirée »
Un sourire amusé prit place sur lèvres du jeune homme. « Okay Evans, j'assumerai. Mais tu permets que je pousse le vice jusqu'au bout alors ? » Demanda-t-il quand ils arrivèrent devant la grosse dame
« Au bout ? »
« Mot de passe ? »
« Quel Bout ? »
« Mot de passe ? »
« Hum- mmh »
« Et bien si c'était pour vous embrasser, vous auriez pu choisir un autre endroit ! »
« A demain Lily. Aux coeurs d'Or »
Et Lily resta là, à fixer le vide, un moment encore.