Je sais, ça fait longtemps ! Après une rude session d'université, je termine Comme un Château de Cartes avec ce vingtième chapitre. Sans plus attendre, le voici ! Bonne lecture ^^

Désolée si le message a été envoyé plusieurs fois, il y avait un bout qui ne voulait pas s'afficher alors j'ai essayé tant bien que mal de l'arranger, mais ça n'a pas été chose facile…:/

Chapitre 20

-'Herm, ça fais une heure que tu es là-dedans!' grommela Ron à travers le rideau de la cabine d'essayage. 'Si tu ne voulais pas que je vois ta robe, t'avais qu'à pas insister pour que je sois là.'

La voix lointaine d'Hermione était étouffée par l'épaisseur du tissu, mais le jeune homme n'avait pas de mal à discerner son agacement. 'Ce n'est pas une décision que je peux prendre en quelques minutes, Ron. Soit patient.'

Patient. Il était patient depuis le début de l'après-midi et voilà que la fin de la journée approchait et ils étaient toujours dans ce foutu magasin de robe de mariés. Les conseillères l'avaient dévisagés d'un air réprobateur à son arrivée et ne l'avait pas lâché d'une semelle. Il avait pu les entendre murmurer des mots comme « malchance » et « malheur » alors qu'elles présentaient des styles de robe à sa future femme, le poussant de côté afin qu'il ne prenne part à cette expérience. Il connaissait la tradition : un sorcier ne devait pas voir la robe de sa femme avant la cérémonie sinon le mariage était voué à l'échec. Cependant, Hermione avait insisté pour qu'il l'accompagne.

-'Après tout ce temps, tu n'as pas une petite idée de si tu l'aimes ou pas?'

Après avoir essayé près de quinze robe, les rejetant les unes après les autres, elle avait finalement trouvé quelque chose qui lui plaisait et avait refusé de sortir de sa cabine pour la lui montrer.

-'Oui…je crois. Je veux seulement que ce soit parfait.'

-'Tu le seras. Tu peux monter l'allée nue si ça te plaît, ça ne fera pas de différence. Enfin, il va falloir que je crève les yeux de tous les hommes présents, mais bon…'

Hermione soupira bruyamment. 'Ce n'est pas seulement pour toi, Ron. Figure-toi que la plupart des femmes rêvent de ce jour depuis qu'elles sont assez grandes pour savoir ce que c'est qu'un mariage. La robe est l'élément majeur.'

-'Plus que le mari?'

-'Bien sûr.'

Ron eut un petit rire. 'Soit, je veux bien passer en deuxième place pour ton bonheur, cependant, je croyais que tu ne faisais pas partie de cette catégorie de femmes. Ne rêvais-tu pas de grimper l'Everest lorsque tu étais jeune?'

-'Oui. Jusqu'à ce que je découvre que j'ai le vertige.'

-'Et le mariage dans tout ça?'

Hermione passa sa tête à travers le rideau, prenant bien soin de cacher son corps. 'Ce n'était pas dans mes options. Bon, je vais la prendre. Peux-tu aller voir ailleurs pendant que Vivianne me donne son avis? Si je ne peux l'avoir pour demain, il va me falloir en choisir une autre.'

Il s'éclipsa, trop heureux de sortir de ce monde de femmes. Lorsqu'Hermione sortit du magasin, elle arborait un air satisfait. Ils prirent la route de leur appartement où les nombreuses boîtes s'empilaient. Ron avait terminé la maison maintenant et malgré les protestations de sa fiancée, qui voulait absolument y jeter un coup d'œil, il resta ferme dans sa décision d'attendre après la cérémonie pour qu'elle puisse la voir.

Comme c'était l'heure de manger et que son estomac protestait, il ouvrit le réfrigérateur pour prendre le reste de macaroni que sa mère lui avait préparé. Il n'était pas là. Hermione semblait être passée avant lui et tout ce qu'il restait à présent était ses yaourts vitaminés au lait de soja et quelques pommes. Par Merlin, il lui avait dit de ne pas toucher à son macaroni! Il referma la porte du frigo bruyamment et se dirigea vers leur chambre, poussant brusquement la porte, en colère qu'elle ait une fois de plus prit sa nourriture.

-'Herm, tu as encore-' Il s'interrompit aussitôt en la voyant face au miroir.

-'Ta mère ne t'a pas appris à cogner avant d'entrer?' Bougonna-t-elle en replaçant le pull par-dessus son ventre arrondi.

Ron fronça les sourcils. 'J'espère que tu ne cherchais pas encore ces deux kilos que tu prétends avoir pris.'

-'Ils sont là, Ron, définitivement. Le médecin a dit qu'une grossesse normale n'entraînait un gain de poids que de dix à quinze kilos. J'en suis à sept et je n'ai que six mois de fait. Fleur n'en a pris que neuf lors de sa dernière grossesse.'

Ron accueillit ce commentaire avec un petit rire. 'Fleur est plus grande que toi, Herm. Même si elle prend du poids, c'est plus difficile à voir.'

Hermione chassa la réponse du rouquin d'un mouvement de la main, l'air renfrogné. 'Non, c'est parce que c'est une Vélane, Ron. Son utérus n'est certainement pas fait comme celui des humains.'

-'Et pourquoi donc?'

-'Parce que!' répondit-elle, exaspérée. 'Je le sais, c'est tout. Tout est parfait chez elle.'

Ron se retint de rire. Il ne voyait pas du tout ce qu'Hermione lui enviait. À ses yeux, sa fiancée était beaucoup plus attirante que Fleur. 'De toute façon, c'est une demie Vélane, Herm. Et son caractère compense largement pour son physique.'

Hermione eut un sourire amer. 'Tu as été le premier Weasley à succomber sous son charme, je te rappelle.'

-'Oh, Mione, c'était il y a des années…J'étais un gamin contrôlé par ses hormones, il ne faut pas m'en vouloir.' Se défendit-il calmement, s'avançant vers elle pour la prendre dans ses bras. '

-'Pour faire changement.' Répondit-elle sarcastiquement en se blottissant contre son torse. 'Au moins, tes hormones m'auront apportés quelque chose de bien.' Ajouta-t-elle en caressant son ventre affectueusement.

Ron posa sa main sur la sienne. 'En effet. Je suis heureux qu'être idiot m'est servi pour une fois.'

Hermione eut un petit rire. 'Autant je croyais que tu avais mis fin à ma vie de femme libre, autant maintenant je crois que tu m'as fait renaître et connaître la vraie définition d'être une femme. Je ne peux pas m'imaginer ma vie sans elle à présent.'

Le rouquin hocha doucement la tête. 'Et moi sans vous.'

-'Nous serons une drôle de famille, n'est-ce pas?' commenta Hermione au bout d'un moment. 'Tout est allé si vite. Sans parler de nos multiples disputes.'

-'Je crois qu'une fois que les hormones auront disparues, ce sera un peu plus facile de ne plus se disputer. Et puis, on s'en fou de ce que les autres pensent. S'ils veulent se plaindre de la rapidité à laquelle vont les choses, eh bien, qu'ils essaient de me le dire en plein visage.'

La brunette gloussa, puis, soulignant la cicatrice sur son bras avec son doigt, dit : 'Tu ne m'as toujours pas raconté ton histoire, Ron. Tu me l'as promis.'

-'Ce n'est pas très joyeux.'

-'Et alors? La vie n'est pas toujours joyeuse, ça n'empêche pas qu'elle nous offre de magnifiques récits.'

Le rouquin eut un petit rire. 'Soit. Une promesse est une promesse.'

Ils s'installèrent l'un contre l'autre sur leur lit et Ron, puisant au fond de lui-même les souvenirs qu'il avait enfoui, raconta pour la première son histoire.

(-*-)

Le jour du mariage, Ron se surprit à ne pas être nerveux du tout. Il se prépara tranquillement et plaisanta avec ses frères alors qu'ils alignaient une vingtaine de chaises au même endroit où, quelques semaines plus tôt, ses parents avaient renouvelés leurs vœux. Les invités arrivèrent et s'installèrent, et le jeune homme, debout près du gazebo recouvert de roses, attendit patiemment lorsque vint le temps pour la mariée de faire son apparition.

Ginny fit son entrée en premier, vêtu d'une simple robe brune à la ceinture crème, et Ron vit Harry sourire à ses côtés. Les deux amoureux échangèrent un regard tendre alors que la rouquine prenait place du côté de la mariée et un « ooohhhh » s'éleva de la part de tous les invités lorsque Victoire parsema de pétales de roses sur le tapis blanc et que Fred marcha d'un pas rapide, les anneaux sur un petit cousin immaculé, vers sa mère qui l'attendait au bout de l'allée. Puis tous se levèrent pour accueillir Hermione. Ron retint son souffle.

Elle était magnifique.

La jeune femme descendit l'allée, les yeux rivés à celui de son fiancé, ce petit sourire aux lèvres que Ron aimait tant. La robe qu'elle avait choisie, ivoire, lui allait à merveille; aucun artifice, aucun froufrou, seulement un design compliqué de plis en diagonale qui lui enroulait le corps et lui définissait les hanches et la taille qu'elle détenait toujours malgré sa grossesse. D'ailleurs, le rebondissement de son ventre paraissait à peine. Au niveau de la poitrine, l'encolure en forme de cœur était recouverte de petites perles délicates. Ses cheveux bouclés étaient remontés en un chignon au niveau de sa nuque et un petit voile lui recouvrait le visage jusqu'au menton. Alors qu'elle s'arrêtait devant lui, Ron remarqua la chaîne qui entourait son cou, un présent qu'il lui avait fait il y a des années.

-'Tu n'es pas le seul qui n'a pas pu te débarrasser de certains objets.' Murmura-t-elle d'un air malicieux et si les invités n'avaient pas été présents, le jeune homme n'aurait pu s'empêcher de l'embrasser fougueusement.

La cérémonie débuta et Ron écouta à peine ce que le mage disait, trop occupé à contempler cette femme qui allait passer le reste de sa vie avec lui. Il sourit. Elle répondit avec la même chaleur.

-'Je demande maintenant au témoin de prendre leur baguette et de s'avancer.'

Harry et Ginny tracèrent le charme d'union autour d'eux et Ron prit ensuite sa baguette pour fermer le cercle qui les entourait. Hermione fit de même et bientôt, les étincelles s'intensifièrent et se lièrent autour de leurs poignets, scintillantes comme un millier de diamants. Les bagues furent échangées et les liens se dissipèrent.

-'Je vous déclare maintenant mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée.'

C'était à peine si Ron pouvait entendre les exclamations alors qu'il embrassait sa femme.

Sa femme.

Ce mot sonnait tellement doux à ses oreilles! Il arrivait à peine à croire qu'il était marié, uni à Hermione, cette même Hermione qu'il croyait avoir perdu. Cette même personne qui portait son enfant, sa fille. De savoir que pour le restant de sa vie il allait se réveiller avec la brunette à ses côtés le comblait de bonheur. Ils remontèrent l'allée sous une pluie de minuscules étoiles, main dans la main, prêt à partager les futures années en tant que mari et femme.

(-*-)

-'RONALD WEASLEY!'

Le jeune homme fit la grimace en entendant son nom. Il se leva précipitamment pour rejoindre sa femme qui se trouvait dans la salle de bain. Qu'avait-il bien pu faire cette fois?

-'Combien de fois est-ce que je t'ai dit que le savon allait à DROITE et non à GAUCHE?' Gronda-t-elle sévèrement en lui montrant le carré blanc qu'elle tenait dans sa paume.

Ron haussa les sourcils, regardant Hermione avec un air ahuri. 'C'est tout? Tu gueules comme un chien enragé à cause d'un savon?'

Mauvaise réponse. Elle lui lança ledit objet par la tête et il l'évita de justesse. Le caractère d'Hermione avait suri au fur et à mesure que son ventre avait enflé, transformant la jeune femme qu'elle était en une vraie mégère. Il avait eu droit au pire des discours la veille parce qu'il n'avait pas lavé les assiettes avant les bols. Sans parler de la crise de la semaine précédente lorsqu'il avait oublié de verrouiller la porte d'entrée après avoir été mettre les poubelles. Il lui semblait qu'il marchait sur des œufs avec elle, pesant chacun de ses mots comme si sa vie en dépendait. Ce qui était probablement le cas.

-'Désolé.' S'empressa-t-il de dire en allant chercher la barre de savon et en la posant du bon côté cette fois. 'Tu veux aller te reposer?'

Hermione rejeta la main qu'il lui proposait avec hargne. 'Ne joue pas à la mère avec moi, Ron. Je ne suis pas une gamine. Je suis une baleine.'

Le jeune homme préféra ne pas laisser paraître le sourire qui menaçait de s'étendre sur ses lèvres. 'Tu es la moitié de ce que Ginny était, Herm. Ou même Fleur. Elle n'a jamais gardé une aussi belle ligne que la tienne, même lorsqu'elle était enceinte de Victoire.'

Son commentaire eut l'effet escompté. Hermione afficha un air renfrogné, mais satisfait. Ron savait à quel point elle se réjouissait lorsqu'elle avait quelque chose de plus que Fleur.

-'Tu es magnifique.' Ajouta-t-il pour attiser les dernières traces de colère qui plissait son front. 'Lorsque notre fille sera dans nos bras, personne ne devinera que tu as eu un enfant. Tu retrouveras ta ligne en un rien de temps.'

Hermione poussa un long soupir. 'Les vergetures me le rappelleront assez bien.'

-'Tu n'as aucune vergeture, Herm.' Il s'empêcha juste à temps d'ajouter Tu t'en fais trop pour rien, comme d'habitude, ce qui lui évita certainement de dormir sur le sofa encore une fois.

La brunette retroussa son pull brusquement et lui pointa quelque chose que Ron ne vit que lorsque ses yeux furent à quelques pouces de sa peau. 'Et ça, c'est quoi? Hein?'

-'Quelque chose d'invisible à l'œil nu.' Répondit-il en embrassant son abdomen. La petite s'agita sous ses doigts, ce qui le fit sourire. 'Un petit souvenir pour te rappeler notre fille. Tu porteras cette unique vergeture comme un trophée en son honneur.'

Hermione fit la moue. 'Mouais…peut-être…N'empêche…Mon corps ne sera plus jamais attirant. Tu vas finir par te lasser et tu vas trouver quelqu'un d'autre.'

Ron éclata de rire. 'Tu es folle, Herm. Oh, pardon, ce n'est pas le mot que je voulais utiliser.' S'empressa-t-il de dire en voyant sa femme enfler sous la colère. Elle détestait qu'il emploie le mot « folle », « hystérique » ou « hormonale » pour la désigner. En fait, elle détestait n'importe quelle appellation. 'Tu es…dans l'erreur. Je ne voudrai jamais personne autant que je te veux toi. Vergetures invisibles ou non.'

Il l'attira à elle, l'enlaça par la taille, du moins, ce qu'il en restait. Elle résista faiblement, pas très convaincue. 'Tu es la mère de mon enfant. Ton charme est multiplié par un million.'

Il chercha sa bouche afin de l'embrasser et elle se rendit finalement, pressant son corps maladroitement contre le sien. Elle gloussa devant leur inconfort à s'étreindre, appuyant son menton sur son épaule. 'Non pas que je n'aime pas l'avoir en moi, mais j'ai vraiment très, très hâte qu'elle sorte de là.' Commenta-t-elle dans un grognement. 'On me dit que j'ai une grossesse facile. Je n'imagine même pas ce que Ginny a pu vivre. Ou ta mère. J'en frissonne rien qu'à y penser.'

-'J'avoue que six grands garçons, ce n'est pas le plus facile à porter. Ou faire sortir.'

Hermione frissonna de nouveau. 'Je suis plus qu'heureuse que ce soit une fille. Et qu'elle soit petite.'

Ron sourit contre ses cheveux. 'Tu es encore inquiète pour l'accouchement?'

La jeune femme prit son temps avant de répondre. 'Oui et non. J'ai lu une trentaine de bouquin sur la maternité, je me suis renseigné sur tous les moyens de faciliter le travail et les techniques de respiration, de massage et de tout ce qui existe en matière d'accouchement, mais j'ai l'impression que je ne sais rien. J'ai peur de ne pas savoir quoi faire lorsque ce sera le temps. Les livres et la réalité, ce sont deux choses très différentes. Sans parler de l'histoire de l'accouchement de ta sœur. Elle a été généreuse en détails et je ne suis pas certaine que ça m'ait vraiment aidé…'

-'James pesait au-dessus de quatre kilos.'

-'Je sais. Le médecin dit qu'elle ne fera pas plus de deux et demi. Gin a le bassin fait pour porter des enfants. Le mien est si étroit qu'elle restera la tête coincée là.'

-'Si elle a ton intelligence et la taille de ton cerveau, c'est un scénario qui pourrait s'avérer véridique.'

Elle lui jeta un regard noir. 'Prend ma place, Ron, pour que je puisse rire en te regardant souffrir.'

-'Je serai avec toi. Tout va bien se passer, j'en suis certain.'

-'Tu ne peux vraiment pas prendre ma place? S'il-te-plaît?'

Ron afficha un air désolé. 'J'aimerais que ce soit possible, Herm, je prendrais ta place volontiers.'

Sachant très bien que le stress n'aidait guère le bébé, Ron lui fit couler un bain chaud pour qu'elle se repose. Il sortit sur la petite terrasse adjacente à la chambre et ferma doucement les portes derrière lui. La musique douce qui résonnait de la salle de bain se tut et seuls les bruits de la campagne lui parvinrent aux oreilles. La vérité était qu'il était tout aussi nerveux qu'Hermione concernant l'accouchement. Il avait entendu Harry raconter la naissance de James et même si la description n'avait pas été aussi imagée que celle de Ginny, il avait eu une assez bonne idée de l'état d'âme dans lequel il allait être plongé. Il était impatient de voir sa fille, de la tenir dans ses bras et d'en prendre soin; il avait hâte que les troubles et la souffrance qu'Hermione subissait depuis les dernières semaines disparaissent enfin. Cependant, il avait peur. Et si quelque chose tournait mal? Et s'il perdait l'une d'elles? Harry l'avait rassuré sur ce point; les médecins savaient ce qu'ils faisaient et les chances étaient minces qu'une telle chose se produise. Ron pouvait plus facilement chasser ces pensées de sa tête. Le problème, et son meilleur ami avait confirmé la chose, était la torture que provoquerait la vision de sa femme en train de souffrir. Cette seule image était suffisante pour que son corps se couvre d'une sueur froide.

Depuis que leur médecin avait donné le feu vert, la notion que tout deviendrait concret d'ici peu de temps l'avait frappé graduellement. Plus les jours passaient, plus il réalisait l'impact qu'aurait sa fille dans sa vie. Hermione pouvait la sentir bouger en elle, lui parler, interagir. Lui n'avait rien de la sorte. Il avait été un observateur tout au long de la grossesse, un cobaye, un cuisiner, un massothérapeute, un esclave même. Comment se sentirait-il en tenant son bébé dans ses bras? Serait-il un bon père pour elle? Saurait-il s'y prendre? Il gardait son humeur légère quand Hermione et lui en discutait, mais au fond de son cœur, une certaine panique l'envahissait en songeant à tout ce qui les attendait.

Ce soir-là, Hermione se coucha tôt et Ron l'accompagna sans rechigner. Il ne dormait plus que d'un œil, à l'affût du moindre mouvement du côté de sa femme, et le manque de sommeil commençait vraiment à peser. Il attendit qu'elle se soit endormie, comme à l'habitude, puis se pressa contre son dos, posant sa main délicatement sur son ventre.

Il ne se réveilla que très tard dans la nuit et ne sut pas tout d'abord ce qui l'avait tiré de son sommeil. Il cligna des yeux, essayant de faire le focus, puis réalisa que la place d'Hermione était vide. Ron se redressa soudainement, alerte, et la jeune femme apparut de la salle de bain.

-'Est-ce que je t'ai réveillé?' murmura-t-elle doucement en marchant tel un manchot empereur.

Ron se détendit aussitôt, l'adrénaline disparaissant aussi vite qu'elle était apparue. 'Non, ça va. Je croyais que c'était l'heure.'

La jeune femme vint se blottir contre lui avec un petit rire. 'Si tu devais te réveiller chaque fois que je vais au toilette pendant la nuit, tu ne dormirais pas beaucoup.'

Le rouquin grogna doucement. 'Je me réveille chaque fois que tu vas au toilette, Herm.'

Il ferma les yeux, prêt à se rendormir. Hermione appuya sa tête contre son torse, songeuse. 'J'ai peur, Ron. Mon cœur s'emballe à chaque fois qu'elle bouge. À chaque douleur, je me demande si c'est maintenant. Je n'ai rien d'autre en tête.'

Ron caressa doucement son bras, la pressant un peu plus contre lui. 'Tout est prêt. Si elle décide de pointer le bout de son nez demain, dans une heure, dans une semaine, tout est prêt pour l'accueillir.'

-'J'ai l'impression que je vais paniquer le temps venu.' Dit-elle avec une petite voix. 'Que je vais hyper ventiler.'

-'Je serai là pour te calmer.' Murmura-t-il d'une voix ensommeillée. Il la sentit hocher de la tête puis bientôt un léger ronflement lui indiqua qu'elle s'était rendormie.

Le cadran indiquait quatre heures lorsqu'il se réveilla de nouveau. Encore une fois, Hermione avait quitté l'espace du lit pour faire un tour à la toilette. Ron poussa un long soupir en enfouissant sa tête dans les oreillers. La fatigue lui donnait le tournis.

-'Ron?'

-'Hum?'

-'Je n'arrive plus à dormir.'

Il connaissait ce refrain. Lorsqu'elle faisait de l'insomnie, il n'était pas rare que son rôle soit de lui tenir compagnie.

-'Que veux-tu faire? Scrabbles?' marmonna-t-il d'une voix pâteuse. 'Je peux déjà te donner le score : 200 à 0.'

-'.Ha. Très drôle.' Répliqua-t-elle, agacée. 'Non. J'avais plutôt pensé à une promenade.'

Ron se redressa sur ses coudes. 'T'es sérieuse là?'

Elle approuva de la tête, l'air piteux. 'S'il-te-plaît.'

Il réfléchit pendant un moment. Avait-il vraiment le choix? Si elle avait décidé d'aller se promener, elle irait et Ron préférait lui tenir compagnie que de la laisser y aller seule.

-'Bon, d'accord…'

Ils descendirent au rez-de-chaussée et Ron enfila son manteau et ses bottes et aida Hermione à mettre les siennes.

-'Je ne vois plus mes pieds.' Se plaignit-elle en faisant la moue, sa petite tuque de laine blanche lui donnant l'air d'une petite fille.

Ron lui tendit la main pour l'aider à se relever du fauteuil où elle s'était assisse. 'Il y en a toujours deux.'

Elle lui fit une grimace et prit les devant en ouvrant la porte d'entrée. Dehors, la neige avait recouvert le paysage d'une épaisse couche blanche. Hermione inspira l'air à plein poumon alors que Ron maugréa sous son souffle, n'ayant jamais été un grand adorateur de la saison hivernale. Il suivit la jeune femme avec réluctance, plongeant ses mains dans le creux de ses poches. Il aurait dû s'en douter; les caprices d'Hermione s'amusaient certainement avec la patience de Ron en choisissant la plus froide nuit de l'hiver.

-'Contente?' demanda Ron après un moment. Il lui prit fermement la main alors qu'elle évoluait lentement, posant un pied après l'autre à la vitesse d'un escargot. 'Tu ne pourras jamais dire que je ne me suis pas dévoué.'

Hermione répondit par un sourire.

-'Agitée?' s'enquerra-t-il devant son silence.

La jeune femme fronça alors les sourcils, songeuse. 'Non…Enfin, un peu. C'est juste…différent.'

-'Différent comment?'

-'Je ne sais pas. La sensation est différente, je me sens…bizarre.'

-'Positif ou négatif?' questionna Ron avec empressement. 'Tu veux qu'on rentre? Tu veux qu'on aille à l'hôpital? Tu as besoin de quelque chose? D'un massage? D'un thé? D'une crème glacée?'

Hermione pouffa de rire. 'Calme-toi, ce n'est rien. C'est seulement une sensation. Comme si quelque chose changeait en moi.'

-'Ton corps change depuis les neufs derniers mois.'

-'Je sais. C'est juste différent.'

Ce n'était pas un mot que Ron aimait particulièrement. Différent pouvait impliquer un tas de choses. Et ça voulait surtout dire anormal.

-'Il serait peut-être temps de parler de nom, n'est-ce pas?' commenta-t-il pour changer de sujet. 'Tu n'as pas l'air d'apprécier le prénom que notre fille s'est donné.'

La brunette fit la grimace. 'Ce n'est pas que je ne l'aime pas. C'est juste que j'avais un autre nom en tête.'

-'Ah oui? Depuis quand?'

-'Quelques mois…Depuis que nous avons visité la maison pour l'acheter en fait.'

Le rouquin fronça les sourcils, fouillant dans ses souvenirs à la recherche d'indices. Puis il se rappela du nom de Mrs Gardiner.

-'Rosalie.' Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Le visage d'Hermione s'adoucit lorsqu'il prononça ce nom.

-'Je n'arrive plus à me l'enlever de la tête. Tu n'aimes pas?'

-'Ce n'est pas que je ne l'aime pas…Elle sera toujours Fay pour moi, Herm.'

-'Je sais.'

Ils restèrent silencieux pendant un moment. Puis, Hermione soupira. 'Nous en sommes toujours au point de départ.'

-'Je crois que oui. Peut-être devrions-nous attendre que-' il s'interrompit lorsque la jeune femme stoppa net. 'Herm?'

Son regard se dirigea alors vers le pantalon de pyjama qu'elle portait et Ron remarqua qu'il était détrempé.

-'Oh.' Fit-elle en se mordant la lèvre.

-'Ce n'est pas grave, Herm. Tu en riras dans quelques années.'

Elle leva vers lui des yeux absents. 'Hein? Quoi?'

-'On ferait mieux d'aller te changer. Tu vas attraper froid.'

Hermione sembla soudain comprendre ce qu'il insinuait et le fixa d'un air outré.

-'Je ne me suis pas uriné dessus!' Se défendit-elle vivement, les joues rouges. 'Comment peux-tu croire une chose pareille?'

Le rouquin haussa un sourcil, un petit sourire moqueur sur les lèvres. 'C'est de la neige fondu peut-être? Ne t'en fais pas, Mione, je ne dirai rien.'

-'Ce sont mes eaux!'

-'Tes os?'

Elle poussa un brusque soupir. 'Mes eaux, idiot. J'ai perdu mes eaux.'

Lentement, très lentement, la notion fit son chemin dans son cerveau.

-'Ces eaux-là.' Répondit-il d'une voix rauque en pointant son ventre.

-'C'est trop tôt.' Murmura Hermione, confuse.

-'As-tu mal? Ressens-tu les contractions? Tu veux qu'on aille à l'hôpital?'

La jeune femme secoua la tête et fit une moue. 'Non, je ne ressens rien…C'est seulement très inconfortable. Rentrons que je me change.'

Comment elle arrivait à garder son calme, Ron n'en savait rien. De son côté, il avait l'impression que sa poitrine s'était enflammée sous l'effet du stress et son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'il pouvait entendre chaque battement au niveau de ses oreilles. Il suivit Hermione jusqu'à la maison et lui fit couler un bain avant de l'aider à se déshabiller. Elle lui conseilla de s'occuper, remarquant la tension dans ses bras et sa maladresse soudaine, mais Ron refusa catégoriquement de la laisser toute seule.

-'Si ton livre a raison, nous avons deux heures pour se rendre à l'hôpital.' Commenta-t-il en prenant place sur un tabouret près du bain. 'Il nous reste donc un peu moins d'une heure. On a le temps, pas de problème. Pas de problème du tout.'

S'il avait voulu la rassurer, il réalisa assez rapidement qu'il était le seul qui avait besoin de l'être. Hermione tapota doucement sa main, amusée. 'Tout va bien aller, Ron. Je suis là.'

Il lui jeta un regard noir, son orgueil affecté. Il n'aimait pas être celui qui avait besoin d'encouragements, c'était son rôle. Pourquoi ne paniquait-elle pas qu'il puisse reprendre la place qui lui était dû?

-'Je crois que le bain n'aide pas.' Dit soudainement la jeune femme en fronçant les sourcils. 'Elles font de plus en plus mal.'

Ron regarda sa montre. 'Une autre? Sept minutes cette fois.'

Hermione tira le bouchon avec son pied. 'Définitivement pas. Sors mon corps de cachalot échoué de ce bain, Ron.'

Lorsqu'elle fut sortie, non pas sans effort, Hermione s'allongea sur le lit pendant un moment. Le rouquin s'empressa de sortir les vêtements qu'elle lui pointa et de les déposer près d'elle. Elle éclata de rire lorsqu'il trébucha contre un petit tabouret, qui se transforma instantanément en grimace de douleur.

-'Ouch! Ouch! Ouch!'

-'Une autre? Maintenant?'

-'Qu'est-ce que tu crois! Que je prends le thé?' maugréa-t-elle entre les dents. 'Par MERLIN! OUCH!'

-'Qu'est-ce que je dois faire? Herm! Dis-moi ce que je peux faire!' s'écria-t-il, hystérique, en la voyant se courber sur elle-même, soufflant par petits coups.

-'Je ne… sais pas! Tu ne… m'aides pas… en criant… comme ça!'

-'Mais c'est toi qui a commencé à crier! Arrête de crier!'

-'Mais…j'ai…MAL!'

Lorsqu'elle se détendit enfin, Hermione expira d'un coup, son visage reprenant un peu de ses couleurs. 'Elle est passée…j'ai cru qu'elle ne finirait jamais…'

Ron avala avec difficulté. 'J'ai l'impression que mon cœur vient de s'arrêter. Aïe.'

-'Quoi? Tu crois que tu es en train de souffrir? T'imagine ce que je viens de vivre? On aurait dit qu'on m'ouvrait le ventre avec un couteau.'

La contraction suivante fut encore plus forte et Hermione insista pour qu'ils se rendent à l'hôpital sans attendre. Lorsqu'elle fut installée dans une chambre et que l'infirmière leur eut affirmé que le bébé ne se présenterait pas avant plusieurs heures, le jeune homme envoya des hiboux à sa famille pour leur annoncer la nouvelle. Lorsqu'il revint dans la chambre, Hermione faisait la moue en suçotant un glaçon.

-'Trois centimètres…je suis certaine qu'elle se trompe.' Marmonna la brunette. 'J'en suis au moins à quinze.'

Ron eut un petit sourire. Maintenant qu'ils se trouvaient à l'hôpital, il lui semblait plus facile de retrouver le rôle qui lui revenait. 'Ce sera bientôt fini, Mione.'

Elle lui jeta un regard assassin. 'Essaie de faire passer un pamplemousse à travers un tunnel destiné pour un citron, tu m'en redonneras des nouvelles.'

-'J'essaie seulement de te faire voir le côté positif des choses.'

-'Oh, désolée.' Répliqua-t-elle d'un ton sarcastique. 'J'avais oublié que tu t'étais présenté comme successeur du Dalaï-lama.'

-'Qui?'

Elle poussa un grognement sourd, roulant les yeux. Ron n'osa pas ajouter quoi que ce soit, de peur de l'énerver encore plus. Hermione n'avait jamais été de celle qui supportait bien la douleur; alors que le travail progressait et que les contractions doublèrent d'intensité, sa contenance fondit peu à peu. Si d'abord elle avait voulu garder un peu de sa dignité en mordant dans son oreiller pour étouffer ses cris, quelques heures de souffrance eut raison d'elle et les mots qui sortirent de sa bouche à chaque contraction aurait fait rougir les frères Weasley.

Ron avait la main qui lui faisait mal. Hermione serrait tellement fort qu'il se demanda si elle ne lui avait pas brisé quelque chose. Cette pensée fut de courte durée, son esprit totalement centré sur le visage en sueur de sa femme, qui se tordait de douleur sur le lit d'hôpital.

-'Fais les s'arrêter…' supplia-t-elle pour la millième fois, le souffle court. 'S'il-te-plaît…'

La torture de la magie elfique était un pincement à côté de ce qu'il ressentait à présent. 'Il le faut, mon amour, pour notre fille…Dis-toi que c'est pour elle que tu as mal.'

-'Merde….Tu portes le prochain, Ronald Weasley, tu en as ma parole….'

-'Tout ce que tu voudras.'

Elle eut un petit sourire, qui ne dura pas longtemps. Après la contraction suivante, elle capitula. Elle se tourna vers l'infirmière, qui était tranquillement assisse dans un coin, La Gazette du Sorcier sous les yeux.

-'Ça suffit, je n'en peux plus…Donnez-moi la péridurale.' Murmura-t-elle, épuisée.

La femme fronça les sourcils. Ron fit de même. La périduquoi? Hermione remarqua leurs regards et son visage vira au blanc lorsqu'elle comprit que le monde des sorciers ne connaissait pas une telle pratique.

-'Vous plaisantez?' s'étouffa-t-elle, ses yeux sortant presque de leurs orbites. 'Êtes-vous en train de me dire que les sorciers savent peler des pommes de terre d'un coup de baguette, mais que vous n'avez aucune connaissance de la périduAAAAAAAAHH!'

Ron chassa quelques cheveux détrempés de son visage, essuyant les nouvelles larmes qui coulaient sur ses joues. 'Ça va aller, tu peux y arriver sans ça.'

-'NON! JE VEUX LA PÉRIDURALE!'

-'Madame, s'il-vous-plaît…' commença l'infirmière, mais un seul regard du couple la convainquit de ne pas pousser ses protestations plus loin.

Ron empoigna doucement son visage entre ses mains, obligeant la jeune femme à la regarder droit dans les yeux. 'Tu vas y arriver. Tu n'as pas besoin de cette chose. Serre ma main autant que tu veux, crie autant que tu veux. Concentre-toi sur ta fille qui est impatiente de faire ta connaissance.'

Hermione hocha lentement de la tête, se calmant un peu. 'Notre fille.' Précisa-t-elle dans un murmure. Ron sentit son cœur s'enfler et il sourit. 'Notre fille.' Approuva-t-il doucement en l'embrassant.

Il était difficile pour le rouquin de la voir souffrir. Il avait l'impression que la folie le harcelait et qu'il allait bientôt y succomber, impuissant devant la souffrance de la femme qu'il aimait le plus au monde. Il gardait la tête froide pour elle, pour lui éviter un stress supplémentaire, mais à l'intérieur il était plus effrayé qu'il ne l'avait jamais été. Avoir un enfant était supposé être le paradis; il avait plutôt la sensation d'être en enfer présentement. À quel point la nature était-elle sadique pour imposer un tel fardeau aux femmes? C'était à en perdre la tête.

-'Ron…' dit soudainement Hermione d'une voix faible et le ton qu'elle utilisa le mit aussitôt en alerte. 'Ça fait mal.'

-'Je sais, Mione, je suis désolé…' tenta-t-il de la rassurer, mais elle l'interrompit.

-'Non, non, tu ne comprends pas. C'est différent.'

Différent. Génial, pensa Ron en sentant la panique l'envahir. Il jeta un coup d'œil à l'infirmière, qui s'éclipsa un moment avant de revenir accompagnée de la sage-femme.

-'Sentez-vous le besoin de pousser?' demanda-t-elle en faisant un rapide examen.

Hermione hocha la tête, fermant les yeux sous la douleur de la pression qui s'était ajouté à la contraction.

-'Je vais devoir vous demander de patienter encore un peu,' l'avertit la vieille femme. 'Quelques minutes de plus, le temps que vos contractions dilatent le dernier demi-centimètre de votre col.'

-'Je ne peux pas contrôler ça!' s'emporta la brunette en se callant contre les oreillers.

-'Vous allez devoir essayer.'

-'Dites-lui, vous! Vous êtes plus près d'elle!'

La sage-femme haussa un sourcil et si Ron n'avait pas eu tant d'adrénaline dans ses veines, il aurait éclaté de rire. Néanmoins, les quelques minutes s'écoulèrent à la vitesse d'une course de tortues, et bientôt Hermione eut le feu vert.

-'On prend une grande inspiration et poussez en comptant jusqu'à dix. Un, deux, trois…'

-'Dix!' souffla sauvagement la jeune femme alors que le compte n'en était qu'à six.

-'Dès que vous sentez la prochaine contraction, c'est reparti pour dix. Un vrai dix, cette fois.'

Combien de poussées furent requises pour que sa fille naisse, Ron n'en avait pas la moindre idée. Le temps semblait s'être arrêté. Ses yeux voyaient tout, mais ne voyaient rien. Ses oreilles entendaient tout, mais n'entendait rien. Un étrange bourdonnement résonnait dans son crâne alors qu'il comptait pour sa femme, les yeux rivés vers son visage, n'osant pas tourner la tête vers la sage-femme. Et si le cordon était autour du cou du bébé, l'étranglant? Et si tous ces mois d'attente avaient été vains? Et s'il n'y avait rien? Et si la fillette qu'il avait vue dans ce monde merveilleux n'était rien d'autre qu'un rêve? Et si…?

Un long vagissement le sortit de sa transe et il tourna lentement la tête, le cœur battant.

Elle était là.

Vivante.

Parfaite.

Il retint son souffle alors qu'on déposait sa fille sur la poitrine d'Hermione et il la suivit du regard, hypnotisé, une sensation indescriptible l'assaillant. Les pleurs cessèrent lorsque la jeune femme calma doucement l'enfant, sa voix coupée de sanglots, et Ron sentit ses jambes fléchir. Il se retint de justesse, se laissant lentement tomber sur la chaise sous lui.

-'Regarde-la…' murmura Hermione, rayonnante malgré ses traits tirés et son visage moite de sueur. 'Regarde comme elle est belle…'

Ron avala avec difficulté alors qu'il apercevait le visage de son enfant pour la première fois. Deux petits yeux bleus foncés le fixaient intensément, sa minuscule bouche rose s'ouvrant et se fermant délicatement.

Fay.

Il n'avait pas de doute, c'était elle. Il pouvait reconnaître son regard intelligent et les traits qui ressemblaient déjà tant à ceux d'Hermione. La forme des yeux, légèrement bridés. Ses oreilles. Le nez de sa femme. La chevelure foncée et définitivement pas rousse. Il posa sa main sur la tête fragile du bébé, attiré à elle avec une telle force qu'il eut l'impression que la gravité de la galaxie entière venait de changer. Il ne pensait plus qu'à une chose : la protéger et lui offrir tout l'amour dont il disposait. Il avait aimé sa fille dès qu'il avait appris son existence, mais les liens qu'il avait ressentis dans les derniers mois n'étaient rien comparé à la force de ceux qui se soudaient entre son enfant et lui alors qu'ils se fixaient l'un l'autre.

-'Elle est magnifique…' murmura-t-il, la gorge serrée. Hermione lui fit un large sourire et étendit la main pour essuyer la larme qui roulait discrètement sur sa joue.

Il fut déçu lorsque la petite reporta son regard sur sa mère, mais il se consola aussitôt en voyant la douceur et la fierté dans les yeux d'Hermione. Il se contenta d'assister au plus merveilleux spectacle qu'il ait vu alors que les deux femmes de sa vie partageaient un moment d'intimité.

Cette nuit-là, alors qu'Hermione était profondément endormie, Ron, qui s'était réveillé en entendant la petite éternuer, ne trouva plus le sommeil. La journée lui avait semblé si irréelle! Ses parents, ses frères, sa sœur et ses beaux-parents étaient venus leur rendre visite, s'extasiant sur la nouvelle petite Weasley. Maintenant que la nuit était tombée et que tout le monde était parti, la pièce lui semblait bien vide. Le rouquin prit délicatement sa fille dans ses bras, l'installant confortablement contre sa poitrine. Il la berça doucement, observant ses traits fins à la lueur de la lune.

-'Te voilà enfin…' murmura-t-il à son intention et elle leva ses yeux sages vers lui, l'observant calmement. 'Tu sais, je n'ai jamais vraiment eu le temps de te remercier. Pas seulement de m'avoir montré la voie à suivre, mais pour m'avoir sauvé la vie. Sans ta présence, je n'aurais pas eu de deuxième chance. Sans toi, j'aurais été perdu, et je crois que ta maman aussi. Elle est merveilleuse, n'est-ce pas? Tu as choisi la meilleure de toutes les mères, ma petite Fay. On t'aime tellement déjà.'

-'Tu as oublié de lui dire qu'elle a un père fantastique.' Murmura Hermione d'une voix amusée.

Ron se tourna vers elle, un sourire aux lèvres. 'Désolé si je t'ai réveillé. Je voulais seulement avoir une petite discussion avec ma fille.'

-'Notre fille.' Rectifia la jeune maman avec un petit rire.

Ron vint prendre place près d'elle. 'Elle n'est pas la seule à qui je dois des remerciements.' Dit-il doucement. 'Herm, tu m'as fait les plus beaux cadeaux que tu pouvais m'offrir. Tu as accepté d'être ma femme et de partager ta vie avec moi. Tu m'as offert une fille magnifique. Tu m'as donné ce que je n'avais jamais cru pouvoir avoir : une famille. Jamais je n'aurais cru possible de t'aimer autant que je t'aime maintenant. Après tout ce qui vient de se passer aujourd'hui, j'ai un tout nouveau respect pour toi. Non seulement pour avoir passé à travers cette épreuve sans abandonner, mais surtout pour être devenu officiellement la mère de mon enfant. Vous êtes ma vie, Mione. Je me sens tellement comblé que j'ai peine à croire que je puisse être si heureux.'

Hermione posa sa main sur sa joue, le regard tendre. 'Merci de me l'avoir dit, Ron, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir.'

Le rouquin déposa la petite, qui s'était endormie, entre eux. Leurs regards se portèrent simultanément vers elle.

-'Elle n'a toujours pas de nom.' Commenta Ron, l'air songeur. 'Tu es toujours décidée sur Rosalie?'

-'Plus que jamais.'

-'Rosalie Weasley…' murmura-t-il, testant la sonorité. C'était étrange, incomplet.

-'Rosalie Fay Weasley.' Corrigea Hermione à voix basse, caressant les cheveux déjà abondant sur la tête de l'enfant.

-'J'aime beaucoup.' Répondit le rouquin après un moment, sincère. 'C'est parfait pour elle.'

C'était vrai. Maintenant qu'elle était là, il avait l'impression de vouloir la garder pour lui tout seul. S'il était l'unique personne à l'appeler par son vrai nom, par ce joli prénom avec lequel elle s'était présentée à lui, alors c'était tant mieux. Il partagerait un lien privilégié avec sa fille, un secret qui les uniraient pour toujours.

C'est ainsi que la petite famille s'endormie, un sourire aux lèvres et les promesses d'un avenir des plus prometteurs plein le cœur.

(-*-)

Et bien, voici déjà la fin. J'espère que vous avez appréciez ce dernier chapitre et toute l'histoire en entier : ) Si vous avez le temps, laissez-moi un petit review, ça me fait toujours très plaisir ! J'ai eu bien du plaisir à écrire cette fanfic, j'ai du mal à croire que quelques mois se sont écoulés depuis que je l'ai commencé ! Je ne sais pas encore s'il va y avoir un épilogue, mais c'est définitivement une possibilité. Et peut-être même une suite avec Fay, qui sait? Enfin bref, je remercie tous ceux et celles qui ont lu ma fic et commenté, sans vous, cette histoire n'aurait certainement pas avancé aussi vite : ) (oui oui, pour moi, quelques mois c'est rapide :P)

Encore merci et à la prochaine fic ! Ou chapitre ;)