Nouvelle fic bien tordue et frustrante sur mes tourtereaux préférés ! Normalement c'est la suite de Ardents Désaccords, mais il n'y a pas forcément pas besoin de l'avoir lue pour pouvoir comprendre. Même si ça peut aider un peu... J'espère que ce sera un peu plus cohérent, mais sincèrement, je ne promets rien, parce que malgré ma passion pour l'angst, je crois que je ne suis pas très douée et tombe vite dans le mélo. Enfin, je fais de mon mieux !


Prologue

Face à la fenêtre, Cagalli observait la danse incessante des invités qui se ruaient d'un bout à l'autre du patio pour pouvoir saluer tout le monde et surtout, bien se faire remarquer des journalistes et être pris au bon endroit et au bon moment pour faire avancer leur carrière.

Tous ces diplomates étaient pareils, il suffisait de quelques bouteilles de champagne et quelques petits fours pour qu'ils oublient leurs convictions et leurs rangs et se laissent séduire par des industriels véreux. Elle en avait la nausée.

Rapidement, elle se détourna de ce spectacle affligeant et se concentra sur le jardin, vert et bien entretenu, qui semblait nettement plus attrayant que le reste des festivités.

Pour autant, elle restait à l'intérieur. Sa robe était un peu trop décolleté pour la température encore fraîche à la fin de la journée. Elle aurait pu sortir en remettant son étole, mais elle n'avait aucune envie d'aller la chercher au vestiaire. Elle était bien à l'écart, loin de ces formalités creuses et sans intérêt.

Ce genre de soirée l'avait toujours profondément ennuyée et cette fois ne faisait pas exception.

Cérémonie commémorative, signature d'un nouveau traité, élections, réélections, campagnes de séduction pour un nouveau produit révolutionnaire qui éradiquerait les famines…

C'était toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes discours, toujours les mêmes promesses qui ne seraient pas tenues.

Dix ans que le drame de la Saint Valentin avait eu lieu, et même si la guerre était finie et le conflit entre les Plants et la Terre maîtrisé, les tensions entre Naturels et Coordinateurs existaient toujours.

Cagalli était bien placée pour le savoir. Son pays recevait encore régulièrement des demandes d'asiles de la part des personnes souffrant de discriminations, ou au contraire, des menaces venant des deux camps pour les forcer à choisir.

Orb gardait sa précieuse neutralité, mais pour cela, il fallait en permanence faire attention. Le fait que le propre frère de la souveraine soit un Coordinateur aidait bien à garder l'équilibre, mais ce n'était pas suffisant. Les tensions politiques face à la suprématie technologique d'Orb en faisait toujours un pays puissant et jalousé.

C'était d'ailleurs pour ces raisons que la princesse passait autant de temps à parcourir le monde, affichant son éternel sourire dans les galas de charité, les conférences sur la paix et autres congrès aux fins humanistes.

Dès qu'elle le pouvait, Cagalli faisait passer son message d'ouverture et de tolérance.

Trois ans plus tôt, lors de la grande conférence organisée par Lacus, elle avait fait passer un traité important sur le désarmement, et grâce au soutien d'Athrun, président intérimaire qui avait été élu peu après, elle avait vraiment fait avancer les choses, mais petit à petit, le monde reprenait son ancienne routine de conflits inutiles et dangereux.

La jeune souveraine devait donc encore et toujours convaincre que le pacifisme était la meilleure des solutions et elle se retrouvait systématiquement embarquée dans ce genre d'événement pénible et fastidieux.

Elle détestait ces réunions grotesques.

Jugeant que sa présence n'était plus indispensable et que son rôle de parfaitement représentante de la neutralité était accompli, elle choisit de se retirer discrètement.

Ce fut à ce moment qu'elle sentit une ombre dans son dos et elle retint son souffle.

Une main se posa au creux de ses reins et remonta lentement le long de sa colonne vertébrale, éveillant un frisson sur son passage qu'elle eut du mal à réprimer.

Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir de il s'agissait et elle décida de ne pas y prêter attention, continuant sa route vers le couloir.

« Vous êtes superbe, Princesse. Quel dommage que vous nous quittiez déjà. » Sa voix était aussi suave que dans son souvenir et elle dut se mordre l'intérieur des joues pour ne pas sourire.

Les photographes ne manqueraient pas de faire leur une s'ils le surprenaient ensemble, aussi complices l'un envers l'autre. Cagalli devait donc être prudente et ne rien afficher de ce qu'elle ressentait.

Comme il la suivait toujours, elle finit par se retourner et admira une fois de plus sa silhouette fine et pourtant musclée, ses cheveux noirs tombant nonchalamment sur son front, mettant en valeur ses yeux clairs.

Elle le regarda durement et lui dit d'un ton froid : « Je croyais vous avoir déjà dit, Président, que je n'aimais pas le titre de princesse. »

Il eut un sourire amusé et s'excusa platement en lui offrant une gracieuse révérence avant de lui prendre la main et d'y déposer un baiser. Pour n'importe quel observateur extérieur, ne les connaissant pas et surtout ne sachant rien du lien si particulier qui les unissaient, il s'agissait simplement du président de l'Alliance sudiste, le fils de la dirigeante de l'Union des Etats d'Amérique du Sud qui saluait la Représentante en chef des émirats d'Orb et leader des nations neutres.

Mais dans le microcosme politique où ils gravitaient tous les deux, il était bien connu de tous que le jeune homme, issu d'une importante famille noble du Brésil cherchait à se rapprocher de la princesse, et pas seulement dans un objectif politique.

Maintenant que la jeune femme était en âge de se marier, les pressions se faisaient ressentir de toute part et la presse se régalait des tentatives plus ou moins discrètes ou élégantes de tous les célibataires de la planète qui tentaient leur chance auprès de la jeune souveraine.

Ceux qui la côtoyaient de près savaient qu'elle était hors d'atteinte, parfaitement inabordable et enfermée dans sa tour de glace, mais elle avait une position suffisamment importante et un physique irréprochable qui inspiraient les foules.

Les rumeurs allaient bon train sur les aventures potentielles de la princesse et depuis quelques mois déjà, elle se délectait de voir les journalistes se déchaîner autour de sa prétendue histoire avec ce jeune homme si séduisant, qui plaisait à tous, y compris au conseil des émirs.

Tout comme Orb, l'UEAS était un conglomérat de pays neutres, qui n'avait pas pris part au conflit entre l'Alliance Terrestre et les Plants. C'était un partenaire privilégié, au même titre que le royaume de Scandinavie. A ceci près que leur chef était une femme d'une cinquantaine d'année, veuve et mère de trois garçons, du même âge que Cagalli et que le deuxième, à la tête d'un parti confédérationiste, avait des objectifs humanitaires très attrayants en plus d'une carrière internationale des plus prometteuses.

A plusieurs reprises déjà, il avait fait des propositions très claires à la jeune souveraine, et mis à part les lois très strictes de son pays qui lui interdisaient de flirter trop ouvertement avec lui, Cagalli n'avait trouvé aucun motif valable pour se refuser à cet éphèbe de l'Atlantique.

Il était évident pour tous les observateurs que les deux jeunes gens étaient bien plus que des amis mais personne ne les avaient vraiment surpris à avoir un comportement déplacé. Jusqu'à ce soir.

Cagalli en avait assez de cette soirée qui n'en finissait pas et quand Joaquim lui proposa de la raccompagner à son hôtel, elle saisit l'opportunité, préférant ne pas être seule à partir de façon prématurée.

Evidemment, comme pour chacun de ses déplacements, la princesse était suivie par les journalistes et bien sûr, sa sortie avec le jeune président de l'Alliance sudiste ne passa pas inaperçue.

Les paparazzi attendaient depuis des années que la jeune femme commette un faux pas de la sorte alors ils ne ratèrent pas l'occasion qui leur était offerte de la prendre en flagrant délit.

Certes, chacun des deux avaient sa chambre, mais le fait qu'ils aient tous les deux réserver au même hôtel ne servaient qu'à confirmer la rumeur d'une liaison sérieuse entre eux.

Ils avaient souvent été vus ensemble, à des évènements mondains, entourés d'autres convives, mais aussi à des sorties plus privées et des bruits couraient sur une idylle avancée entre la princesse et le fils de la représentante de l'UEAS.

Les photographes s'en donnèrent à cœur joie en les voyant si proches et Cagalli devait à nouveau se mordre les lèvres pour ne pas sourire trop ouvertement. Elle devait garder une expression neutre pour ne rien laisser paraître de ses émotions, ni dans l'aspect positif d'être avec Joaquim, ni dans le coté négatif d'être toujours harcelée par les photographes.

Toute cette publicité n'était pas pour lui plaire, même si elle servait sa cause.

Joaquim, de son coté, s'amusait franchement de cette situation. Il avait déjà été approché par plusieurs émirs de l'archipel d'Orb pour connaître ses intentions réelles et parfois même, ses sentiments vis à vis de la princesse.

Il avait été ravi de confirmer son admiration pour la jeune femme qui, depuis son adolescence, se dévouait intégralement pour son pays, sans jamais se ménager pour maintenir une paix fragile, même bien au-delà de ses frontières. Pour l'aspect privé, il avait été nettement plus évasif.

Mais ce soir était son soir.

Quand Cagalli avait accepté qu'il la raccompagne, il avait su qu'il avait gagné et que tous ses efforts avaient fini par payer.

Il avait passé un temps fou à essayer de la convaincre de lui accorder sa confiance, il l'avait invitée à dîner dans les plus beaux palaces, l'avait entraînée avec lui lors d'une escapade au cœur de la forêt amazonienne, pour une étude sur l'état des eaux et la pollution chimique qui détruisait de nombreuses espèces animales, profitant du marasme médiatique qui la suivait pour attirer l'attention du monde sur les problèmes écologiques qui gangrenaient encore la planète. Il lui avait aussi offert un magnifique collier en émeraude, la pierre de son pays d'origine et divers autres présents, tous plus somptueux les uns que les autres.

Et il y avait eu aussi les pages de correspondance, par mail ou par lettre, où il lui avait ouvert son cœur, prêt à tout lui avouer pour avoir sa chance.

La tâche n'avait pas été facile, mais enfin, elle avait cédé.

Joaquim la reconduisit jusqu'à sa chambre, évitant de se faire surprendre par un photographe trop zélé alors qu'il la suivait à l'intérieur, mais bien sûr, c'était sans compter les téléobjectifs qui permettaient de deviner à travers la fenêtre tout ce qu'il se passait dans la pièce depuis l'autre coté de l'hôtel.

C'était d'ailleurs là-dessus que tablait le pari de Cagalli.

Elle savait que quoi qu'elle fasse maintenant, elle serait vue, mais la précision manquerait toujours, même avec le meilleur appareil possible.

Elle laissa donc Joaquim rentrer avec elle, puis elle s'installa sur son lit, retira ses escarpins et commença à défaire son chignon sous le regard fasciné du jeune homme.

Lentement il s'approcha d'elle, et s'agenouilla à ses pieds.

Cagalli dénoua sa cravate et avec un sourire franc et sincère, elle se plongea dans ses yeux clairs et elle le laissa passer sa main dans ses cheveux avant qu'il ne l'embrasse doucement dans le cou.

Joaquim s'émerveilla de la texture soyeuse de ses boucles blondes et finissant de libérer sa crignaire de lionne, il fut gratifié d'un regard lourd de promesses.

Il disparut un instant du champ, laissant aux photographes la possibilité d'imaginer beaucoup de choses.

La princesse se leva rapidement et s'approcha de la fenêtre. Elle était en train de fermer les rideaux quand une silhouette se faufila derrière elle, et à nouveau, elle se sentit frissonner alors que ses doigts couraient sur la fermeture de sa robe, défaisant lentement le lacet qui la tenait en place et ses lèvres qui dansaient sur son épaule avant de remonter vers sa joue.

La dernière image que purent capturer les paparazzi fut celle de la représentante d'Orb en train d'embrasser à pleine bouche le jeune diplomate, qui visiblement lui retirait sa tenue.

La photo était prise de trop loin et elle ne permettait de voir que son costume n'était pas bleu marine comme celui du président de l'Alliance sudiste, mais plutôt noir, comme celui du président des Plants, en déplacement officiel sur Terre pour un accord commercial avec l'UEAS.