Univers et personnages de J.K. Rowling, fic de testingt, traduction de moi.

L'enfant est le père de l'adulte

« L'enfant est le père de l'adulte », William Wordsworth.

« Le clou qui dépasse se fait taper dessus », proverbe moldu.

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Chapitre premier : Bébé. Dans lequel Sevvie fait connaissance avec le Statut du Secret

« Les idiots qui portent fièrement leur cœur en bandoulière, qui sont incapables de contrôler leurs émotions … – les gens faibles, en d'autres termes – n'ont aucune chance … ! » Professeur Rogue.

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Quand le temps commençait à se réchauffer, Mrs Bray s'asseyait parfois sur son perron, son bébé à côté d'elle dans le landau. Elle s'endormait parfois comme ça ; c'était drôle qu'une dame s'endorme en plein jour. Il se mit à s'approcher en catimini pour regarder le bébé pendant qu'elle dormait. Il remarqua qu'elle avait une drôle d'odeur les jours où elle s'endormait, comme son Pa' certains soirs, ou les hommes qui sortaient du pub. Ce n'était pas une odeur de cigarette, pourtant.

Le bébé était idiot. Il ne pouvait pas croire qu'on puisse être aussi idiot. Le bébé pleurait beaucoup : est-ce qu'il ne savait pas qu'on te donnait de bonnes raisons de pleurer quand tu faisais ça ? En même temps, quand il ne pleurait pas et qu'il ne dormait pas, il riait beaucoup. Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle ?

Il surveillait le bébé. Le bébé mangeait ses mains et riait. Le bébé essayait d'attraper les petits objets suspendus au landau et riait. Le bébé essayait d'attraper un rayon de soleil et riait quand il n'y arrivait pas. N'était-il pas plus malin que ça ? Si tu riais, on te remarquait. Il ne pouvait pas croire que le bébé soit aussi idiot.

Il se pencha au-dessus du landau et le bébé lui fit un sourire. Il lui fit les gros yeux. Pourquoi le bébé souriait-il ? Il agita la main devant le visage du bébé ; celui-ci lui attrapa un doigt de sa petite main grasse et la petite bouche s'ouvrit largement dans un grand sourire édenté de triomphe.

Il jeta un coup d'œil autour de lui pour vérifier que personne ne les regardait. Les bébés, c'était pour les filles, il savait que c'était ce que son Pa' dirait. Personne en vue, sauf Mrs Bray. Elle avait la tête penchée en arrière et la bouche aussi grand ouverte que celle du bébé tandis qu'elle ronflait. La voie était libre.

C'était un bébé idiot. Il devait lui apprendre une leçon. Il prit son bâton et donna un petit coup au bébé. Pas sur la peau, où ça ferait une écorchure, juste sur les côtes, mais fort, très fort. Il allait lui apprendre.

La vie, ce n'était pas drôle, comme le bébé avait l'air de le croire.

Il fit un bond en arrière et s'enfuit en courant quand le bébé commença à crier. Il faisait tellement de bruit ! Est-ce qu'il ne savait que tu n'étais pas censé faire autant de bruit ? Quel bébé bruyant ! Il se cacha derrière les marches du perron de sa maison et regarda Mrs Bray se réveiller. Elle glissa un peu de côté sur les marches quand elle essaya de se lever.

— Là, là, dit-elle au bébé.

Puis, elle le prit et le tint contre elle tandis qu'elle semblait se rendormir à moitié. Le bébé arrêta de crier et dormit un moment, avant de se réveiller en faisant une autre sorte de bruit.

— C'est l'heure du biberon, dit-elle et elle emporta le bébé à l'intérieur.

Il y eut de la pluie les jours suivants, et quand il fit beau ensuite, Mrs Bray n'eut pas sommeil. Mais deux jours plus tard, elle s'endormit et il se glissa sur les marches pour voir le bébé.

Idiot de bébé. Il n'aimait pas quand le bébé faisait du bruit.

Le bébé le regardait d'un air incertain, cette fois, mais il agita à nouveau la main devant son visage. Le bébé lui attrapa un doigt, comme la fois d'avant, et lui fit un grand sourire. Idiot de bébé. Pourquoi était-il aussi content ? Il retira son doigt et le visage du bébé se froissa. Il remit sa main en place : le bébé essaya de l'attraper, rata et gloussa. Puis, le bébé lui attrapa un doigt et tout son visage s'ouvrit dans son rire édenté de triomphe.

Il gloussa aussi, sans le vouloir. Idiot de bébé.

Le bébé était tellement idiot qu'il aimait les jeux idiots. Il joua au jeu idiot avec le bébé, le laissant essayer d'attraper ses doigts. Il devait le laisser réussir à attraper son doigt de temps en temps, ou bien le visage du bébé se froissait à nouveau. Au bout d'un moment, le bébé mit le doigt dans sa bouche et commença à le sucer. Il suçait fort !

Mais après, son visage se froissa à nouveau et il commença à agiter la tête. Il jeta au bébé un regard incertain et lui donna un autre doigt. Le bébé l'essaya, puis se mit à crier. Cet autre cri, le différent, pas le cri de quand on lui donnait un coup.

Il n'aimait pas quand le bébé faisait du bruit : il s'enfuit avant que Mrs Bray ne se réveille complètement. Mais il se cacha derrière son escalier et il l'entendit.

— C'est l'heure du biberon !

Elle ne ressortit pas le bébé.

Quelques jours plus tard, Mrs Bray était à nouveau endormie. Le bébé lui fit un délicieux sourire quand il se pencha au-dessus de lui. Il joua à nouveau au jeu idiot d'attrape-doigt. Mais il devait apprendre une leçon au bébé. C'était dangereux de faire autant de bruit. Il essaya de l'expliquer au bébé.

— Chut, bébé. Tu dois rester silencieux, et alors, ils ne te remarquent pas, murmura-t-il en se penchant vers lui.

Le bébé lui répondit par un gloussement de joie et lui attrapa le nez. Idiot de bébé ! Il joua au jeu d'attrape-doigt pendant un moment, jusqu'à ce que Mrs Bray commence à se réveiller.

Pendant quelque temps, il y eut des jours de pluie, où Mrs Bray ne sortit pas avec le bébé. Puis, il y eut une série de jours ensoleillés avant que Mrs Bray n'ait à nouveau sommeil. Le bébé essaya de l'atteindre quand il se pencha vers lui.

— Est-ce que je t'ai manqué, bébé ? murmura-t-il.

Le bébé fit de drôles de bruits et sourit. Il fallait qu'il apprenne au bébé à bien parler. Il fallait qu'il lui apprenne plein de choses. C'était un bébé idiot.

Il regarda autour de lui. Mrs Bray avait glissé sur le côté, encore une fois. Il attrapa le bébé sous les bras et le hissa vers lui – qu'il était lourd ! Il le prit et le serra contre lui. Les bras du bébé l'entouraient. Il le souleva davantage et le sortit complètement du landau, puis marcha vers le perron de sa maison. C'était dur ! Le bébé était lourd. Il le tint sur lui, comme Mrs Bray l'avait fait. Il devait lui apprendre sa leçon.

Le bébé essayait sans cesse de se tenir debout sur lui : il le tenait sous les bras tandis que le bébé se balançait en avant et en arrière. C'était un bébé vraiment lourd ; est-ce qu'ils étaient tous aussi lourds ? Le bébé attrapa à nouveau son nez et gloussa. Il ne pouvait pas le garder loin de son nez pendant qu'il le tenait debout ! Et il ne pouvait pas le laisser tomber : ça faisait mal de tomber.

Il gloussa un peu, même si les ongles du bébé lui griffaient le visage.

— Idiot de bébé, murmura-t-il, tu dois apprendre à rester silencieux. Tu dois apprendre à ne pas pleurer. Tu dois arrêter de rire autant – ça fait trop de bruit. Ils te remarquent quand tu fais du bruit. Tu dois apprendre, petit bébé. Tu dois arrêter d'être idiot, ou bien ils te feront du mal.

Le bébé n'écoutait pas ce qu'il disait : il essayait de lui mettre le poing dans la bouche. Il fit une grimace et mordit le poing du bébé, et le bébé se mit à glousser vraiment fort. Il n'était pas un très bon professeur. Il joua au jeu d'attrape-doigt avec le bébé, à la place. Il lui apprendrait sa leçon plus tard.

Mrs Bray ronfla bruyamment ; il leva les yeux, effrayé. Est-ce qu'elle se réveillait ? Oui ! Il traîna à nouveau le bébé contre lui et retourna en titubant jusqu'au landau. Le bébé l'agrippa pendant qu'il essayait de le remettre dedans. Quand il le fit lâcher, le bébé recommença à crier. Un cri différent, ni celui de quand on lui donnait un coup, ni celui de l'heure du biberon. Il s'enfuit en courant.

Parfois, après ça, le bébé criait de cette façon les jours où Mrs Bray restait réveillée. Comme si le bébé avait voulu jouer avec lui. Même si ça n'était que des jeux idiots d'attrape-doigt. Idiot de bébé. Il ne pouvait pas jouer avec lui quand Mrs Bray était réveillée, est-ce que le bébé ne savait pas ça ? Mrs Bray n'aimait pas quand le bébé criait. Et pourtant, le bébé ne faisait toujours pas ce qu'on lui disait de faire. Le bébé jouait au lieu d'apprendre. Le bébé continuait à rire et à pleurer et tout. Le bébé n'écoutait pas quand il lui disait d'être silencieux. Le bébé aimait l'attraper et glousser. C'était un bébé idiot. Il ne voulait pas apprendre.

Certains jours, il faisait vraiment chaud, à présent ; si Mrs Bray ne dormait pas, il descendait vers les arbres, à l'ombre. Il avait un endroit spécial, là, où il faisait plus frais. D'habitude, il attendait d'abord de voir si elle s'endormirait, pourtant. Si le bébé criait trop pour le voir, il aurait des ennuis. Il ne voulait pas que ça arrive.

Et puis, pendant deux jours, il y eut du soleil mais Mrs Bray ne sortit pas le bébé. Et puis, quand elle le sortit, le bébé ne riait plus.

Le bébé toussait. Il n'aimait pas entendre ça. Le bébé idiot aurait dû être en train de rire.

Il attendit qu'elle s'endorme. Le bébé aussi s'était endormi, sans l'attendre comme d'habitude. Il se pencha au-dessus de lui : le bébé toussa sans se réveiller. Son visage n'était pas comme il fallait, tout violet au lieu d'être rose.

Il attrapa le bébé sous les bras. Le bébé se réveilla un peu, mais pas complètement. Il le porta jusqu'au perron de sa maison ; le bébé était allongé sur lui, il n'essayait pas de se tenir debout. Il continuait à tousser et la toux le secouait. Le bébé était trop petit pour être secoué comme ça.

La fois où lui n'arrivait pas à s'arrêter de tousser, quand il s'allongeait dans son lit, il avait l'impression de ne pas pouvoir respirer. Alors, il tint le bébé debout contre lui, pour qu'il ne soit pas allongé. Sa maman avait pris sa baguette et avait chanté quelque chose. Il était trop petit pour avoir une baguette, mais il avait le bâton qu'il gardait pour jouer. Et il savait chanter.

Il ne connaissait pas la chanson de sa maman, alors, il en inventa une. Sans paroles, comme ce que disait toujours le bébé. Juste des bruits. Idiot de bébé, il n'apprenait pas. Il essayait sans cesse de lui apprendre. Le bébé ne voulait pas apprendre.

Il faisait des caresses circulaires sur le dos du bébé pendant qu'il lui chantait sa chanson. Sa main était toute drôle, elle faisait comme de la lumière. Au bout d'un moment, la toux arrêta de secouer le bébé. Au bout d'un autre moment, la toux s'arrêta. Le bébé était endormi. Son visage était redevenu rose.

Mrs Bray n'allait pas tarder à se réveiller. Il retransporta le bébé jusqu'au landau. Le bébé ne se réveilla pas quand il le reposa. Il n'avait pas du tout joué avec le bébé, aujourd'hui, mais il se sentait fatigué. Idiot de bébé.

Mrs Bray ne le sortit pas le lendemain, ni le jour suivant.

Il y avait des dames qui entraient dans la maison. Dans certaines maisons, les dames allaient et venaient tout le temps. Pas dans celle de Mrs Bray. Pas dans celle de sa maman. Il se cacha dans l'ombre des escaliers : quand il se cachait de cette façon, d'habitude, il n'y avait que sa maman qui pouvait le trouver. Pas son Pa'. Pas les dames. Il pouvait écouter en restant dans l'ombre.

— … a eu l'air de se remettre, pendant un moment…

— … le docteur a dit…

— … peu de chances…

Les mots que disaient les dames ne voulaient pas dire grand-chose. Mais leurs épaules, si. Leurs épaules disaient que quelque chose n'allait pas. Leurs épaules disaient qu'elles ne voulaient pas aller à l'intérieur. Mais le bébé était à l'intérieur. Elles devaient amener le bébé dehors, pour qu'il puisse lui chanter sa chanson !

Mais elles ne le firent pas. Personne ne le fit.

Finalement, il alla voir sa maman. L'après-midi, comme ça, son Pa' n'était pas là.

— Est-ce que le bébé de Mrs Bray est malade ? lui demanda-t-il.

— C'est ce qu'on dit, répondit-elle, en remuant la cuillère dans le pot qui était sur le fourneau.

Le fourneau était allumé avec des flammes bleues, alors, il savait que c'était un de ses trucs spéciaux. Quelque chose qu'elle lui ferait boire, probablement.

— Maman… est-ce que tu ne peux rien faire pour le bébé ?

— Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse pour lui, Sevvie ? demanda sa maman en le regardant de ses yeux très noirs.

— Ben… si j'étais malade… qu'est-ce que tu ferais ?

— Severus, dit-elle après avoir fermé les yeux une seconde, si tu étais aussi malade, je retournerais les Enfers. Et peut-être serais-je obligée de le faire. Pour le bébé de Mrs Bray… Ils ont des docteurs, ils ont des tas de choses qu'ils peuvent faire. Si elle arrêtait assez longtemps de boire pour essayer. Le bébé va probablement aller très bien.

Elle remua la cuillère dans le pot. Il ne dit rien, resta simplement debout à la regarder.

— Sevvie, dit-elle en lui rendant son regard. Toi et moi, nous sommes magiques. Nous sommes des sorciers. Eux, non. Ce sont des Moldus. Nous n'avons pas le droit d'utiliser la magie sur ou en présence des Moldus, sauf pour nous défendre. C'est la loi.

« Sur ou en présence des Moldus », qu'est-ce que ça veut dire ?

Il a violé la loi en chantant ! Il pourrait être puni !

— Sevvie, le bébé va sûrement aller mieux. Sinon, c'est juste qu'il était faible. Quelquefois, ça arrive, avec les Moldus.

Le bébé mourut parce qu'il était faible. Idiot de bébé. Idiot de bébé moldu.

Le bébé n'aurait pas été obligé de mourir s'il avait été magique. C'est la loi.


Première expérience fondamentale de notre Severus ! Comme quoi, une vocation d'enseignant, ça peut naître de manière étonnante...

Testingt est un auteur de génie. Son petit Sevvie est admirable de vraisemblance psychologique et on imagine très bien ce genre d'enfance pour le personnage de Rowling.

La première manifestation de puissance magique de Rogue est due à son désir de sauver un autre. Tout au fond de lui (tellement au fond qu'il ne s'en doute pas lui-même), c'est un grand philanthrope, ce Severus !

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